Mettre en garde contre les dangers du tabac Les fumeurs et les non-fumeurs sont peu nombreux à appréhender pleinement les risques sanitaires découlant du tabac La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac dispose que : Les mises en garde figurant sur les emballages et les campagnes médiatiques percutantes donnent des informations essentielles sur les dangers du tabagisme. Article 11 Chaque Partie […] [fait] en sorte que le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac ne contribuent pas à la promotion d’un produit du tabac par des moyens fallacieux, tendancieux ou trompeurs. […] Chaque Partie […] [fait] en sorte que […] [les] produits du tabac […] portent […] des mises en garde sanitaires décrivant les effets nocifs de la consommation de tabac […] Article 12 Chaque Partie s’efforce de promouvoir et de renforcer la sensibilisation du public aux questions ayant trait à la lutte antitabac, en utilisant […] tous les outils de communication disponibles. […] Cette publication a pu voir le jour grâce à la contribution et à l’assistance technique de l’Union internationale contre la Tuberculose et les Maladies respiratoires (L’Union), avec l’aide financière de Bloomberg Philanthropies et le soutien de la World Lung Foundation. Malgré des preuves irréfutables sur les dangers du tabac, les consommateurs de tabac sont relativement peu nombreux dans le monde à mesurer pleinement les risques pour leur santé. Bon nombre de fumeurs croient qu’ils peuvent réduire leur consommation ou arrêter de fumer avant que n’apparaissent des problèmes de santé. Tant les fumeurs que les non-fumeurs sous-estiment le pouvoir addictif du tabac et le risque qu’il présente pour la santé. Ils sous-estiment aussi le danger de l’exposition à la fumée passive. Ces menaces n’ont pas été correctement expliquées au public. La nécessité d’une éducation du public est encore plus prononcée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où la consommation de tabac est en hausse et la lutte antitabac à ses balbutiements. Les mises en garde efficaces sur les paquets, la publicité antitabac et l’utilisation active des médias pour influencer le public et les décideurs sont les trois volets fondamentaux pour communiquer sur les risques sanitaires liés au tabac. Les mises en garde changent l’image du tabac Des mises en garde contre tous les dangers du tabac sont indispensables pour en changer l’image, surtout auprès des adolescents et des jeunes adultes. Le tabac doit être associé dans les esprits à son impact humain réel, à son pouvoir addictif extrême et à ses conséquences dangereuses sur la santé ; il doit être perçu sous un jour négatif et jugé indésirable par la société. Les mises en garde sanitaires et la publicité antitabac encouragent les fumeurs à s’arrêter et incitent les jeunes à ne pas commencer. Les mises en garde et la publicité antitabac permettent aussi de mieux faire accepter au public d’autres mesures de lutte antitabac, comme la mise en place d’espaces non fumeurs. LES FUMEURS APPROUVENT LES MISES EN GARDE ILLUSTRÉES Protect Protéger la population contre la fumée du tabac Offer Offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac Warn Mettre en garde contre les dangers du tabagisme Enforce Faire respecter l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage Raise Augmenter les taxes sur le tabac La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est 80 % le principal instrument de lutte antitabac juridiquement contraignant pour ses Parties et qui propose une orientation globale de la politique antitabac à tous les niveaux. L’OMS a introduit le Programme MPOWER pour aider les pays à mettre 60 % en œuvre des mesures efficaces pour réduire la demande de tabac, conformément à la Convention-cadre. D’autres documents sur ce sujet sont disponibles à l’adresse www.who.int/tobacco/mpower/publications 40 % Les mises en garde respectant les meilleures pratiques, lesquelles sont conformes aux Directives pour l’application de l’article 11 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, s’adressent à tous les consommateurs, développent leur prise de conscience des risques sanitaires, sont bien acceptées par le grand public et ont un coût quasiment nul pour les pouvoirs publics. Surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention Impact des mises en garde illustrées sur les fumeurs au Brésil Les mises en garde sensibilisent aux risques sanitaires Des mises en garde bien visibles sur les paquets de tabac sont la façon la plus directe de communiquer sur les risques sanitaires encourus par les consommateurs. Des mises en garde explicites sur les paquets de cigarettes incitent les fumeurs à arrêter et dissuadent les non-fumeurs de commencer. Monitor 20 % 0 % 56 % ont changé d’opinion au sujet des conséquences du tabagisme sur la santé Source : Datafolha Instituto de Pesquisas. Opinião pública, 2002. 67 % veulent désormais arrêter de fumer 76 % approuvent les mises en garde sanitaires Il faut maximiser les effets des mises en garde portées sur les paquets La contre-publicité sensibilise davantage aux risques sanitaires Les stratégies de couverture médiatique gratuite sont efficaces Des mises en garde efficaces respectant les meilleures pratiques doivent : ●● décrire les effets nocifs de la consommation de tabac sur la santé ; ●● être de grande dimension, claires, visibles et lisibles et couvrir 50 % ou plus des faces principales (à l’avant et à l’arrière) mais pas moins de 30 % ; ●● être utilisées tour à tour de façon à continuer de capter l’attention du public ; ●● être rédigées dans la (les) langue(s) principale(s) du pays ; ●● comporter des illustrations ; ●● être approuvées par l’autorité nationale compétente. Il y a plusieurs façons de procéder pour maximiser l’efficacité des mises en garde : ●● Utiliser des images assorties de représentations graphiques des maladies et autres images négatives en couleur, culturellement adaptées à la situation. La plupart des fumeurs sont plus réceptifs à des images qu’à des mots. Les images sont d’ailleurs indispensables pour s’adresser à tous ceux qui, dans le monde, ne savent pas lire. ●● Associer le tabagisme à des émotions négatives en faisant valoir ses effets nocifs sur la santé, son pouvoir addictif et ses conséquences sociales et économiques indésirables. ●● Adopter un langage musclé et clair qui décrit les maladies spécifiquement liées à la consommation de tabac et à l’exposition à la fumée passive. ●● Les autres indications requises en matière de conditionnement, d’étiquetage ou de marquage ne doivent pas occulter les mises en garde. ●● Il y aurait lieu d’envisager des mesures prescrivant un conditionnement générique qui interdit l’emploi de logos, images de marque ou information promotionnelle. La contre-publicité dans tous les médias peut aider à faire pleinement connaître les dangers du tabac. Des opérations de relations publiques peuvent contribuer à sensibiliser la population aux méfaits du tabac et contrecarrer la diffusion d’informations erronées par l’industrie du tabac. À ce titre, les campagnes d’éducation antitabac doivent s’efforcer d’obtenir une couverture médiatique en faisant appel à des journalistes pour rédiger des articles ou écrire des courriers à la rédaction. Le conditionnement suggérant à tort que le produit est moins nocif que d’autres formes de tabac doit être interdit. Le conditionnement des produits du tabac doit renseigner sur les émissions et constituants pertinents des produits du tabac. Or les indications en la matière ne signifient pas qu’un produit est moins nocif que d’autres. À Singapour, où l’on recourt essentiellement aux mises en garde graphiques, 71 % des fumeurs ont déclaré être mieux informés sur les effets nocifs du tabac sur la santé grâce aux mises en garde figurant sur les paquets. Contre-publicité sur les effets nocifs pour la santé de la fumée passive. Sao Paulo, Brésil. Il est réaliste d’envisager une publicité de qualité Les campagnes de contre-publicité de longue durée, à la fois visibles et efficaces, peuvent coûter cher. Or, un message publicitaire dont le contenu à fait ses preuves dans d’autres pays peut être facilement adapté à moindre coût. « Les cigarettes provoquent le cancer du poumon » : l’une des neuf mises en garde portées sur les paquets, Thaïlande. L’obtention d’un temps d’antenne gratuit ou bon marché à la télévision et à la radio peut aussi réduire les dépenses. En Turquie, toutes les chaînes de télévision et les stations de radio sont tenues de consacrer chaque mois, gratuitement, 90 minutes de temps d’antenne à la lutte antitabac et à la dépendance à l’égard du tabac, dont 30 minutes à des heures de grande écoute. Les coûts restants peuvent être couverts par les taxes sur le tabac ou autres recettes gouvernementales. On parle parfois de « couverture médiatique gratuite » car, contrairement à la publicité, il n’y a pas d’achat d’espace publicitaire, ni de temps d’antenne à payer, d’où un coût relativement faible. Les opérations de relations publiques doivent intervenir en amont et faire participer les médias à chaque fois qu’un fait nouveau se produit dans la lutte antitabac. Les médias ont l’habitude de couvrir les événements suivants en les présentant comme une information : ●● L’adoption ou le vote de nouveaux textes conformes à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac ●● La mise en œuvre de mesures « MPOWER » telles que la création d’espaces non-fumeurs, la contre‑publicité et les mises en garde sur les paquets de cigarettes ●● Le lancement d’une campagne de contre-publicité antitabac ●● La diffusion de nouveaux résultats de la recherche. Warn : Mettre en garde contre les dangers du tabac Les défenseurs doivent s’assurer que les messages événementiels figurent bien dans tous les reportages antitabac. Les médias peuvent aussi être invités à divulguer les tactiques de pression et de marketing auxquelles a recours l’industrie du tabac, exposer les méfaits sanitaires et économiques du tabac, souligner les progrès de la lutte antitabac dans les communautés locales ou présenter les activités extrainstitutionnelles conduites par les jeunes. Les reportages qui ont le plus de chances de retenir l’attention des médias et de leur public sont ceux qui abordent des sujets d’intérêt local dans leur dimension humaine en s’appuyant sur des faits. Les organismes professionnels, dont les agences de publicité, doivent être sollicités pour élaborer des matériels créatifs, notamment destinés à la télévision. La contre-publicité doit avoir la même qualité intrinsèque et le même pouvoir de persuasion que la propagande relayée par l’industrie du tabac. La contre-publicité doit être systématiquement testée auprès de groupes témoins avant son lancement afin de veiller à ce que le message antitabac ait bien l’effet souhaité. Une publicité télévisée diffusée en Chine met en garde contre les dangers du tabac et dissuade d’offrir des cigarettes. © World Lung Foundation/2010 Des études montrent que plus de la moitié des fumeurs pensent à tort que les termes « légères » et « ultra‑légères » font référence à des cigarettes qui sont moins nocives pour leur santé. Les indications trompeuses – comme « à faible teneur en goudrons », « légères » ou « douces » – de même que tout conditionnement donnant faussement l’impression que le produit est moins nocif doivent être interdits. Les campagnes faisant appel à des images graphiques qui montrent les dégâts causés par le tabagisme sur le plan physique sont particulièrement efficaces pour convaincre les consommateurs d’arrêter de fumer. © World Lung Foundation/2010 Indications trompeuses Lorsqu’ils sont exposés à des messages graphiques qui passent à la télévision, les fumeurs sont plus enclins à s’arrêter. © ASH Tailande/2006 L’une des dix mises en garde graphiques portées au Brésil sur les paquets de cigarettes. © Ministère de la Santé du Brésil, 2008 Caractéristiques des mises en garde efficaces portées sur les paquets