Copie de Mise en page 1

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ILM322_P038_048_FORMATION_SF_Mise en page 1 26/01/2016 18:46 Page47
Les soins infirmiers d’hygiène
Préserver son dos
Les troubles musculo-squelettiques du dos et du rachis (dorsalgies, sciatiques, cruralgies…)
touchent une infirmière sur trois au cours de sa vie professionnelle. Il est donc capital d’adopter
des techniques de manutention permettant de se préserver.
© Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016
Principe
« L’article R.4541-9 du Code du travail interdit de porter
plus de 25 kg pour une femme et 55 pour un homme », rappelle Rachel Valdenaire, ergonome et co-auteur de Manutention de personnes et ergonomie (références page suivante).
Des limites maximum qui semblent très éloignées du quotidien infirmier à domicile, et pourtant : « Il n’y a qu’une
seule manutention qui fait qu’on porte tout le poids d’un
patient, c’est un relevé du sol. Tous les transferts au fauteuil,
les réhaussements au lit ou au fauteuil et les retournements
sont des glissés et non des portés, ce qui demande beaucoup
moins d’efforts », poursuit la spécialiste.
Solliciter le patient
Pour éviter de se faire mal au dos, aux épaules ou aux
genoux, l’une des clés est d’adapter ses techniques de
manutention au degré de handicap de la personne ; en
d’autres termes, s’aider de la force du patient autant que
possible. « Si le malade peut bouger ne serait-ce qu’un bras
ou une jambe, c’est une aide sur laquelle il faut s’appuyer.
Or ce n’est pas du tout évident dans la culture soignante »,
souligne l’ergonome. Responsable de formations initiales
et continues de soignants, elle a développé un exercicetest permettant aux infirmières de prendre conscience
que, bien qu’elles soient persuadées du contraire, elles ne
sollicitent pas assez le patient. La question est simple :
pour faire un transfert lit-fauteuil d’un patient hémiplégique
à gauche, de quel côté du lit vous placez-vous et où mettez-vous le fauteuil ? Dans la majorité des cas, les infirmières
réalisent qu’elles n’en savent rien et qu’elles vont avoir
tendance à s’adapter à l’environnement du patient, sans
modifier par exemple la position du fauteuil. Or l’agencement
des lieux à domicile peut poser de vrais problèmes d’ergonomie. Il faut penser à conseiller aux familles d’enlever
les tapis entre le lit et la salle de bains, d’essayer de faire
en sorte que l’on puisse tourner autour du lit médicalisé…
« Elles ont l’habitude de se dévouer à leurs patients et
s’oublient dans le soin, jusqu’à se casser le dos. Ce n’est pas
spontané de penser à adapter par exemple le sens de la
chambre pour préserver leur santé. D’autant plus que c’est
tout à fait justifié pour la préservation de l’autonomie du
patient, ce n’est pas juste une réclamation pour le confort
des soignants. J’insiste beaucoup sur cet aspect bénéfique
pour le patient en formation car c’est celui qui peut pousser
les infirmières à oser “déranger” les habitudes du patient et
de ses proches », explique Rachel Valdenaire.
En stimulant l’autonomie et les capacités du malade, 90 %
des manutentions sont réalisables par une seule personne
en toute sécurité. En coordonnant son effort à celui du
malade, les manutentions ne sont plus des épreuves de
force. Les difficultés se posent lorsque le malade est grabataire ou en refus de soin. Sur le plan pratique, il faut
considérer un patient en opposition comme un patient
grabataire puisqu’il ne fera aucun geste pour aider l’infirmière
au contraire. « S’il n’est pas possible d’intervenir à deux, il
ne faut pas hésiter à solliciter le généraliste pour qu’il prescrive
le matériel adapté. Un lève-personne, des draps de réhaussement, des draps de glisse, des verticalisateurs, des plateaux-tournants. Il existe plusieurs types d’outils pour que
le soignant préserve sa santé et réalise tous les soins et
manutentions nécessaires », insiste l’ergonome.
Conseils pratiques
✚
Penser à s’économiser au cours de la journée ! Réhausser
les lits si nécessaire, s’asseoir pour écrire ses transmissions
ou pour discuter avec le patient… C’est toujours cinq
minutes de gagnées pour le repos physiologique et la récupération corporelle. C’est ce qui permet ensuite de trouver
la force physique et l’énergie nécessaires pour aider les
patients les plus grabataires.
✚ Pratiquer régulièrement l’activité sportive de son choix
pour entretenir sa forme physique mise à rude épreuve
chaque jour.
✚ Penser à s’étirer la chaîne dorsale cinq minutes chaque
soir. Ces petits exercices de récupération compensent une
journée complète en tension et en raccourcissement musculaire et peuvent suffire à soulager de petites douleurs
et contractures.
✚ Ne pas porter quotidiennement de ceinture lombaire au
risque de se “démuscler” le dos. En phase douloureuse aiguë,
ces ceintures agissent comme un rappel proprioceptif
bénéfique puisqu’elles empêchent l’infirmière de faire des
faux mouvements. Mais il ne faut pas en faire une habitude. ✜
Lire aussi notre numéro 319 de novembre 2015 sur la manutention des sujets immobilisés (p.43).
FÉVRIER 2016 - N° 322 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE
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