Université Pierre & Marie Curie Année 2011-2012 Master de mathématiques 1 Module MM020 Théorie des Nombres - TD8 Entiers algébriques, anneaux d’entiers Exercice 1 : a) Parmi ces nombres algébriques, lesquels sont des entiers algébriques ? √ √ √ √ √ √ √ √ 3+ 5 3 + 7 1 + 3 10 + 3 100 1 + 19 1 + i 3+2 6 √ , , , , , √ . 2 2 3 2 1− 6 2 b) Si a, b ∈ Z\{0; 1} sont des entiers distincts sans facteur carré, et si n ∈ N∗ , trouver une condition √ √ nécessaire et suffisante pour que a+ b n soit un entier algébrique. Exercice 2 : Soit une unité d’un corps quadratique. Montrer que est de norme 1 si et seulement si il existe un entier γ de ce corps quadratique tel que = γγ0 , où γ 0 est le conjugué de γ. Exercice 3 : Soit z ∈ C∗ un entier algébrique. On note f ∈ Q[X] son polynôme minimal. Montrer que z1 est un entier algébrique si et seulement si f (0) = ±1. Montrer également que cela équivaut à z1 ∈ Z[z]. Exercice 4 : Soit α un entier algébrique. a) On suppose que tous les conjugués de α sont de module strictement inférieur à 1. Montrer que α = 0. b) On suppose maintenant que les conjugués de α sont de module inférieur ou égal à 1. Montrer que α est une racine de l’unité. [Indication : on pourra majorer la valeur absolue des coefficients du polynôme minimal de αr , pour tout r ≥ 1.] Exercice 5 : Soit P ∈ Z[X] un polynôme irréductible unitaire de degré n. Soit θ une racine de P , K := Q(θ) et DK le discriminant de K. a) Montrer que le discriminant de (1, θ, . . . , θn−1 ) est égal au discriminant D(P ) de P . Exprimer ce nombre en fonction de la norme NK/Q (P 0 (θ)). b) Si f désigne l’indice de Z[θ] dans ZK , montrer que D(P ) = f 2 DK . Exercice 6 : Montrer que le discriminant du polynôme P (X) = X n + aX + b, avec a, b ∈ Q, vaut n(n−1) D(P ) = (−1) 2 (nn bn−1 + (1 − n)n−1 an ). Vérifier que l’on retrouve les formules usuelles pour n = 2 et n = 3. n(n−1) Q 0 [Indication : on pourra écrire que D(P ) = (−1) 2 i P (xi ), où les xi sont les racines de P , puis −1 utiliser les fonctions symétriques élémentaires en les xi ]. Exercice 7 : Calculer l’anneau des entiers et le discriminant des corps de nombres suivants : √ a) Q( 3 5). √ b) Q( 3 175). √ c) Q(i, 2). √ √ Exercice 8 : Soient m, n ∈ Z \ {0; 1} distincts sans facteur carré. On note K := Q( m, n) et mn k := pgcd(m,n) 2 . L’objectif de cet exercice est de calculer ZK . 1 √ √ √ a) Montrer que (1, m, n, k) est une Q-base de K. b) Soit α ∈ K. Montrer que α ∈ ZK si et seulement si TrK/Q(√m) (α) et NK/Q(√m) (α) sont des √ entiers algébriques dans Q( m). c) On suppose que m ≡ 3 [4] et n ≡ 2 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α = √ √ √ a+b m+c n+d k 2 avec a, b, c, d ∈ Z. Puis montrer que a et b sont pairs, et que c ≡ d [2]. En déduire qu’une Z-base de ZK est donnée par √ ! √ √ √ n+ k 1, m, n, . 2 d) On suppose que m ≡ 1 [4] et n ≡ 2 ou 3 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α = √ √ √ a+b m+c n+d k avec a, b, c, d 2 Z-base de ZK est donnée par ∈ Z. Puis montrer que a ≡ b [2] et c ≡ d [2]. En déduire qu’une √ ! √ √ n+ k 1+ m √ , n, . 1, 2 2 √ e) On suppose que m ≡ n ≡ 1 [4]. Montrer que tout élément α ∈ ZK s’écrit α = a+b avec a, b, c, d ∈ Z de même parité. En déduire qu’une Z-base de ZK est donnée par √ ! √ √ √ 1 + m 1 + n (1 + n)(1 + k) 1, . , , 2 2 4 √ √ m+c n+d k 4 f) Conclure en récapitulant dans tous les cas possibles quel est l’anneau ZK . Exercice 9 : Soient m, n√∈ Z \ {0; 1} distincts sans facteur carré, tels que m ≡ n ≡ 1 [8]. On note √ √ √ 1+ m 1+ n K := Q( m, n), α := 2 et β := 2 . a) Montrer que ZK = Z[α, β]. b) Montrer que l’anneau ZK /2ZK est isomorphe à l’anneau A := F2 [X, Y ]/(X 2 − X, Y 2 − Y ). c) Montrer qu’il existe au moins quatre morphismes d’anneaux distincts A → Z/2. d) Montrer que pour tout polynôme P ∈ F2 [X], A n’est pas isomorphe à F2 [X]/(P ). e) Montrer qu’il n’existe pas d’entier x ∈ ZK tel que ZK = Z[x]. Exercice 10 : Soit K/Q une extension finie de degré n, soit u ∈ ZK tel que K = Q(u). Soit p un nombre premier tel que le polynôme minimal de u sur Q soit d’Eisenstein en p. L’objectif de l’exercice est de montrer que p ne divise pas l’indice de Z[u] dans ZK . a) Montrer que un p ∈ ZK et que p2 ne divise pas N (u). b) Supposons que p|[ZK : Z[u]]. i) Montrer qu’il existe x ∈ ZK \ Z[u] tel que px ∈ Z[u]. En déduire qu’il existe b0 , . . . , bn−1 ∈ Z n−1 non tous divisibles par p tels que x = b0 +···+bpn−1 u . ii) Notons r le plus petit entier tel que br n’est pas divisible par p. Montrer que y := est dans ZK . iii) Montrer que z := br un−1 p br ur +···+bn−1 un−1 p ∈ ZK . iv) Obtenir une contradiction en calculant la norme de z √ √ c) Si q est une puissance de p et K := Q( q p), montrer que ZK = Z[ q p]. Exercice 11 : Soit d ∈ Z, d > 1 sans facteur cubique. Notons θ := déterminer l’anneau des entiers et le discriminant de K sur Q. 2 √ 3 d et K := Q(θ). On cherche à a) Montrer que Z[θ] est de discriminant −27d2 . b) On écrit d = ab2 , avec a, b ∈ N sans facteur carré. On pose θ0 := et calculer discZ (1, θ0 , θ02 ). √ 3 a2 b. Montrer que K = Q(θ0 ) c) Montrer que (1, θ, θ0 ) est une Q-base de K et calculer son discriminant. d) On note f , f 0 et f 00 les indices respectifs de Z[θ], Z[θ0 ] et Z[θ, θ0 ] dans ZK . i) Montrer que (a, f ) = 1. [Indication : on pourra utiliser l’exercice 10.] ii) En déduire que si 3|a, alors DK est divisible par 27a2 , et que sinon, DK est divisible par a2 . iii) Montrer que (b, f 0 ) = 1. iv) En déduire que si 3|b, alors DK est divisible par 27b2 , et que sinon, DK est divisible par b2 . v) Montrer que a2 b2 |DK |27a2 b2 et que DK < 0. e) Montrer que si 3|d, alors DK = −27a2 b2 et (1, θ, θ0 ) est une base de ZK . f) Montrer le même résultat si d 6≡ ±1 [9]. [Indication : on pourra montrer que le polynôme minimal de θ − d est d’Eisenstein en 3.] g) On suppose d ≡ 1 [9]. On pose α := 1+θ+θ2 . 3 i) Montrer que α ∈ ZK et calculer son polynôme minimal. ii) En déduire que 3|f 00 , puis que DK = −3a2 b2 . iii) Montrer que (α, θ, θ0 ) est une Z-base de ZK . h) Si d ≡ −1 [9]. On pose α0 := 1−θ+θ2 . 3 Montrer que (α0 , θ, θ0 ) est une Z-base de ZK . i) Conclure en décrivant tous les cas possibles. Exercice 12 : a) Montrer qu’un anneau factoriel est intégralement clos. b) Soit A un anneau intégralement clos et K son corps des fractions. Soit P ∈ A[X] unitaire. Supposons que P = QR dans K[X], avec Q, R unitaires. Montrer que Q, R ∈ A[X]. [Indication : on pourra considérer les racines de Q et R dans une clôture algébrique de K.] c) Soit A un anneau intégralement clos de corps des fractions K. On souhaite montrer que A[X1 , . . . , Xn ] est intégralement clos. i) Vérifier que K(X) est le corps des fractions de A[X]. Pour la suite, on fixe f ∈ K(X) entier sur A[X]. ii) Montrer que f ∈ K[X]. iii) Soit P (Y ) = Y n + pn−1 (X)Y n−1 + · · · + p0 (X) ∈ A[X][Y ] un polynôme unitaire annulant f . Montrer que pour r ∈ N, le polynôme P1 (Y ) := P (Y + X r ) est dans A[X][Y ], unitaire en Y , et annule f1 := f − X r . iv) Montrer que pour r suffisamment grand, le coefficient constant (en Y ) de P1 (Y ) est unitaire en X et qu’il est égal au produit de −f1 par un polynôme de K[X]. v) En déduire que −f1 ∈ A[X], puis que f ∈ A[X]. En déduire que A[X] est intégralement clos. vi) Montrer que A[X1 , . . . , Xn ] est intégralement clos. Exercice 13 : Soit p un nombre premier impair et K := Q(ζp ), où ζp désigne une racine primitive p-ième de l’unité. a) Calculer la trace d’un élément de K. 3 b) Montrer que la norme de 1 − ζp est égale à p. c) Soit α = a0 + a1 ζp + · · · + ap−2 ζpp−2 ∈ ZK (ai ∈ Q). i) En étudiant αζp−i − αζp , montrer que pour tout i, bi := pai est un entier relatif. ii) Posons λ := 1 − ζp . Montrer que pα s’écrit pα = c0 + c1 λ + · · · + cp−2 λp−2 avec ci ∈ pZ. [Indication : on pourra montrer le résultat par récurrence sur i, en montrant d’abord que p ∈ λp−1 ZK .] iii) Montrer que pour tout i, ai ∈ Z. En déduire que ZK = Z[ζp ]. iv) Montrer que disc(K) = (−1) p−1 2 pp−2 . 4