DOSSIER DE PRESSE

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Que Vlo-Ve? Série 2 No 14 avril-juin 1985 pages 21-27
Dossier de presse: Calligrammes (suite) JACQUET
© DRESAT
DOSSIER DE PRESSE
CALLIGRAMMES
(Suite)
LA VIE FEMININE
26 août 1917, n. 79.
«Au fil des heures. Tableaux de Paris ».
(. . .) Calligrammes - Guillaume Apollinaire qui cherche du nouveau, n'en fût-il plus au
monde, est en train de mettre à la mode le calligramme qui est une forme typographique bien
curieuse. S'agit-il de dépeindre la joie d'un voyageur qui roule en wagon vers les plaisirs
champêtres, la prose qui décrit cette joie sera composée en forme de train, avec la locomotive, la
cheminée et même le panache de fumée. Il y a des calligrammes en oiseaux, en cravates, en
montres, en coeurs, en couronnes, etc. Je vois là une sorte de renaissance de l'art typographique,
tombé en désuétude depuis l'invention de la linotype ou machine à composer. Collaboration de
l'artisan et du poète ! Victor Hugo aurait écrit là-dessus de bien beaux vers. Mais n'oublions pas
que la Fontaine, Baudelaire et bien d'autres ont réclamé ce «nouveau» que Guillaume Apollinaire
et ses amis cherchent avec tant de persévérance. D'autre part, Stéphane Mallarmé déplorait que
les recueils de poèmes se présentassent comme les autres livres. Que dirait-il s'il voyait les livres
de vers publiés actuellement ! Un peu de recherche, de goût, de science typographique s'impose.
Si les calligrammes contiennent des images poétiques et des phrases fortement frappées, tout
sera pour le mieux.
MELICERTE
[21]
J'ai vu
n. 182,15 juillet 1918
« Livres reçus »
(. . .) Calligrammes par Guillaume Apollinaire (Mercure de France) (. . .)
Les Cahiers de juillet
n. 2, (juillet) 1918
«Ouvrages récents »
Guillaume APOLLINAIRE : Calligrammes; Poèmes de la Paix et la Guerre (sic), avec un
portrait de l'auteur (Mercure de France).
(...)
1
Que Vlo-Ve? Série 2 No 14 avril-juin 1985 pages 21-27
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Le Canard enchaîné
3è année, n. 112, 21 août 1918.
«Les Livres »
CALLIGRAMMES par Guillaume Apollinaire
Trois volumes qui portent le nom de l'auteur du délicieux Poète assassiné ont paru en
moins d'un an, aussi dissemblables qu'il est possible, et qui montrent bien le talent à facettes de
ce multiple écrivain : les Mamelles de Tirésias, dont j'ai fort goûté l'avant-propos gentiment
paradoxal, mais de laquelle pièce j'avoue et je proclame que je n'ai rien saisi (ce en quoi je crois
que, précisément, je l'ai bien comprise); la charmante Hystoire de Perceval le Galloys, roman de
la chevalerie dans une langue archaïque, colorée et précieuse, et ces Calligrammes poèmes de la
paix et de la guerre, qui viennent de paraître au « Mercure de France ». Je n'aime pas le méchant
portrait qui orne ce curieux volume, mais j'aime bien quelques-uns des poèmes dont il est fait. Il
y en a qui déconcerteront, mais il en est d'originaux, imprévus, fort jolis, qui montrent que
l'auteur d'Alcools n'a rien perdu - même en la forçant - de son originalité.
Puisque Erik Satie compose des pièces de musique en forme de poires, pourquoi
Apollinaire, si cela l'amuse et peut nous amuser, ne composerait-il
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pas des poèmes en forme typographique de pipe, de miroir, de harpe, de coeur, ou même de rien
du tout ? Ça n'a pas d'intérêt, diront certains. Sans doute : mais où donc Apollinaire a-t-il affirmé
que cela en a ? Il dessine des poèmes en formes diverses parce que ça l'amuse ainsi, et c'est cela
des «calligrammes », à l'instar de ce qu'on faisait aux temps jadis de l'imprimerie héroïque . . .
Cela vous déplaît, et vous paraît puéril ? Soit, tournez la page, et vous trouverez une pièce
sérieuse, bistournée de forme, mais délicate de sentiment.
Et puis, comme la raison et la vérité doivent toujours l'emporter, le livre se termine sur un
très beau poème : « la Jolie Rousse », dans laquelle l'auteur s'explique ...«Il y a tant de choses
que je n'ose vous dire », écrit-il. Et cela suffit pour qu'on lui pardonne - d'autant plus facilement
qu'il n'a pas à être pardonné.
Victor SNELL
L'Action nord-africaine
n. 64, 1er septembre 1918
«Les Livres »
(…)
M. Guillaume Apollinaire a déjà construit un admirable édifice d'art. Sa dernière oeuvre
CALLIGRAMMES ajoute, s'il était besoin, un nouveau prestige à ce poète qui est le chef
incontesté d'un large mouvement esthétique. Le plus éblouissant joyau des calligrammes est la
pièce intitulée : « Collines », où la plus grande sagesse humaine se fiance à un lyrisme
d'expression.
(...)
Louis de GONZAGUE-FRICK
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J'ai vu
n. 185, 1er septembre 1918
« Ce qu'il faut lire pendant la guerre »
(...)
CALLIGRAMMES, par GUILLAUME APOLLINAIRE . - (Un volume
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de vers. - (Mercure de France).
Un cavalier va dans la plaine
La jeune fille pense à lui
Et cette flotte à Mitylène
Le fil de fer est là qui luit
Comme ils cueillaient la rose ardente
Leurs yeux tout à coup ont fleuri
Mais quel soleil la bouche errante
A qui la bouche avait souri
Guillaume Apollinaire est en vérité un grand poète, d'une personnalité si j'ose dire
tentaculaire. Curieux écrivain dont l'imagination accueillante est ainsi qu'une boutique
d'antiquaire où l'on trouve, pêle-mêle, de vieux livres inconnus au grand public, des armes déjà
rares pour leur temps, la rosé de Jéricho que le poète fait refleurir à son gré, des étoffes somptueuses et des vieux maillots de cirque d'un rosé violacé. Mais toujours, par une magie qui lui est
propre, le maître de ces trésors sait ouvrir dans un coin quelconque de son domaine, une petite
fenêtre à tabatière comme celle que l'on retrouve dans les mansardes des contes fantastiques
d'Erck-mann-Chatrian. Et par cette fenêtre le ciel pénètre d'un jet, lave la boutique, disperse les
objets précieux et fait refleurir la rosé à laquelle, il prête, cette fois, les fraîches couleurs de la vie
comme nous l'aimons tous.
( Pierre MAC ORLAN )
L'Instant
n. 3, septembre 1918
«Les Livres »
«Calligrammes», poèmes de la paix et de la guerre, (1913-1916), par Guillaume
Apollinaire. Mercure de France Paris, 1918.
Voici un livre grâce auquel la poésie d'avant-garde atteint les plus hautes cimes de
l'inspiration modem;. On pourrait se hasarder même à dire que son lyrisme est marqué d'un sceau
d'ultra-modernité. L'élan juvénile d' « Alcools », ouvrage dont les lettres françaises s'honorent,
est ici dépassé dans le fol émerveillement de la course vers les régions
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méconnues de la beauté. Guillaume Apollinaire est un véritable, un grand poète qui n'obéit qu'à
la force de son rayonnement intérieur et dont la voix — ô privilège sacré — pénètre au plus
profond du lecteur. La poésie vivement l'illumine d'une lumière rare, fait fleurir sur ses lèvres des
mots nouveaux et donne à ses vers des accents nouveaux. Y avait-il donc encore quelque chose
d'inédit sous le soleil ? Cet art de sorcellerie qu'est l'art d'Apollinaire semble vouloir nous le faire
croire. Croyons-le donc. N'a-t-il d'ailleurs pas réussi à prêter de la dignité poétique à des
expressions essentiellement prosaïques ? Voilà qui est audacieux et voilà qui est merveilleux.
Rien ne saurait nous faire aimer autant la poésie d'Apollinaire que son aspect de
vigoureuse santé. D'où la puissance de son souffle lyrique. Rien de maladif, rien de vénéneux,
rien de déprimant chez elle, même lorsqu'elle s'égare dans les bosquets perdus où le poète chante
les joies défendues de l'amour avec des mots crus. C'est cette santé florissante qui lui permet de
s'adonner à bien des fantaisies, celles-là plutôt apparentes que réelles. Elles servent en tout cas à
former chez lui un lien invisible mais sensible entre la poésie et la réalité. Apollinaire ne cherche
pas d'ailleurs les images inédites pour le plaisir de faire systématiquement du nouveau. Ses
images répondent presque toujours à une observation aiguë de ce qui l'entoure ou à l'irradiation
de son soleil intérieur. Souvent il nous mène par des sentiers de détour au domaine de l'art
descriptif. Ce n'est pas pour longtemps. Il n'aime pas comme les rhétoriciens recourir à la pelote
de ficelle au dévidement facile et s'y attarder.
Guillaume Apollinaire a certainement dans son âme une mandoline toujours prête à
laisser entendre sa voix mélodieuse, La valeur intrinsèque de ses poèmes gît précisément dans la
mélodie qui se déroule au dedans d'eux-mêmes avec la fluidité des ondes d'un fleuve. Ce n'est
pas le résultat de combinaisons verbales où excellent les rimailleurs habiles. La poésie
d'Apollinaire a le don de savoir marier, en mettant à profit un sens réel de l'originalité, les
exemples d'enchantement imprécis de l'âme avec le contour le plus simple des faits quotidiens.
Elle établit de temps à autre un entrelacs d'images célestes avec des éléments anti-poétiques. Le
résultat en est féerique. Ne voyons-nous pas de ses poèmes jaillir des sentiments purs et des
émotions naïves conjointement avec des intentions pécheresses et des rires érotiques ? Le plus
remarquable de cette poésie c'est le penchant très prononcé qu'elle montre pour les suspensions
logiques de la pensée. D'où le culte un peu fugace que l'auteur professe pour l'illogique et
l'invraisemblable. Le lecteur de sens rassis en perd la tête et reçoit l'impression d'un art
invertébré. Par contre, rien ne
[25]
saurait être intimement plus vertébré que l'art poétique d'Apollinaire. Ce poète ne nous a-t-il pas
déclaré son amour pour la représentation des sons, des gestes, des bruits et des détails sans un
lien apparent entre eux comme dans la vie ? Les invraisemblances ne les emploie-t-il pas de la
façon la plus raisonnable du monde ? N'éprouve-t-il pas dans sa poésie un certain plaisir à
concilier les contraires ? Ne le voyons-nous pas joindre l'argot cuivreux de Panam ou des
tranchées à la joaillerie d'un langage savant ? Apollinaire, et c'est là encore un mérite à porter à
son actif, fait tout ce qui dépend de lui pour que la liberté rythmique règne dans ses vers comme
le sang règne, sous les impulsions affectives, dans les mouvements du coeur.
« Calligrammes » a réellement une tout autre valeur que «Alcools »: la voix du poète y
est plus forte, plus profonde et plus humaine.
L'âme à lire ses poèmes est toute soulevée par l'émotion esthétique. Rien de plus
émouvant sous ce rapport que la chant dédié à «l'Italie» : là, Walt Whitman est dépassé en
hauteur ou peu s'en faut. Nous pourrions citer d'autres pièces de ce recueil dont la beauté est
extrême. Le lecteur ne tardera pas avec son esprit fin à les découvrir.
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LITUS ( J. Ferez Jorba )
Les Cahiers idéalistes français
n. 21 - 22, octobre - novembre 1918
«Livres nouveaux »
Guillaume Apollinaire : Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre, Mercure de
France. L'auteur de ces poèmes est, non seulement un hardi et puissant novateur, mais, ce qui
(est) mieux, est encore un grand poète.
Le Verbe
n. 7 - 8, octobre - novembre 1918
«Les Livres »
Calligrammes, par Guillaume Apollinaire.
Il y a en Apollinaire un vrai poète. Maintes pièces, d'ailleurs assez
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régulières, et la dernière, en vers libres, de son volume, en témoignent. Ayez pitié de ceux qui
cherchent la beauté, dit-il humblement dans le poème terminal. Car humble est le vrai poète
devant l'infini de l'art. Mais il y a aussi en Apollinaire un habile exploiteur des snobismes artistes
et de la badauderie publique. Et celui-là, qui met les mots en lozanges (sic) et incite le poète à
employer les onomatopées les plus incongrues, fait un sérieux tort à l'autre dans notre esprit.
Cependant il cherche, il tente des routes qui sont souvent des culs-de-sac mais au moins ne
peuvent être confondues avec la grand'route banale. Et puis, il aime les lettres; il vit, on le sent,
pour elles. Bref, nous lui ouvrons ici un crédit étendu. Mais nous surveillons notre débiteur (1).
(…)
(1) Hélas ! - Voir la note à la dernière page de la Revue.
(Note annoncée p. 183) ( p. 192)
Notre numéro était déjà sous presse quand la littérature a éprouvé un nouveau deuil.
Guillaume Apollinaire a été emporté par la grippe ! Il nous disait, cet été, se savoir à la merci
d'un nouveau rhume ; sa grave blessure, les fatigues, et la guerre laissaient fragile ce grand érudit
et ce véritable poète, cet ami charmant, pour lequel nous nous faisions difficiles parce
que nous attendions beaucoup de lui.
Quelques jours après Apollinaire, et de la même maladie, meurt
Edmond Rostand, (. ..)
Ch. HENRY
Dossier établi par Christine Jacquet (C. N. R. S. ).
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