TRANSFORMER LES FRANÇAIS CHAMPIONS DE L’ÉPARGNE EN CHAMPIONS DE L’ACTIONNARIAT 1 2 Transformer les champions de l’épargne en champions de l’actionnariat Synthèse des propositions I. Propositions fiscales........................................................................ 4 1. Favoriser les revenus des investissements en actions, économiquement risqués............................................................ 7 2. Favoriser la détention longue d’investissements à risques......................................................... 8 3. Encourager l’apprentissage du placement à risque en actions auprès des jeunes générations.................................. 9 4. Réduire drastiquement les effets antiéconomiques de certains impots et prélèvements sociaux qui dissuadent d’investir en actions.......................................... 10 5. Encourager les mutations à titre gratuit de valeurs mobilières entre générations par la création d’un plan de transmission générationnelles d’actions.............................. 13 6. Favoriser le création et le développement de PME / ETI en encourageant l’investissement dans leur capital par un compte investisseur....................................................... 15 II.Propositions non fiscales................................................................ 16 1. Améliorer l’éducation et la formation en matière économique et financière.......................................................... 16 2. Favoriser le conseil aux épargnants.......................................... 17 3. Restaurer l’affectio societatis des actionnaires individuels directs...................................................................... 18 4. Développer l’actionnariat salarié............................................... 20 5. Favoriser la liquidité des placements en actions non cotées................................................................ 21 Composition du groupe de travail......................................................... 23 3 I. Propositions fiscales Dans un schéma idéal, les prélèvements sur le patrimoine et les revenus ou gains liés au patrimoine doivent assurer un rendement fiscal suffisant, tout en répartissant la charge des prélèvements en fonction des capacités contributives et en minimisant leurs effets négatifs sur l’économie, ce qui implique un traitement différencié orientant l’épargne vers le financement du développement économique du pays. En France, aujourd’hui, ces objectifs sont loin d’être atteints. Au cours des vingt-cinq dernières années, la fiscalité française sur le capital investi en actions a fortement progressé pour aboutir aujourd’hui à un total de prélèvements très élevé, nettement supérieur à celui en vigueur chez nos partenaires européens. Dividendes : comparatif pays par pays IS 38 30 21 28 IR + PS + Divers 21 18 26 54 Net Actionnaire 41 51 53 54 Source : Étude ANSA «25 ans de hausse des prélèvements sur les actions», 2016 Chiffres arrondis L’alignement affiché de la fiscalité du patrimoine sur celle du travail, qui a été mis en œuvre par la loi de finances pour 2013, et qui a été justifié par l’argument de justice fiscale (« il faut rétablir la justice au cœur du système fiscal en réinstaurant la progressivité de l’imposition des personnes ») et celui d’équité fiscale (« pour rapprocher le niveau de taxation des plus-values de celui des revenus du travail dans un souci d’équité fiscale, il est proposé d’imposer les gains nets de cession de valeurs mobilières au barème progressif de l’impôt sur le revenu »), constitue 4 le point d’orgue de cette évolution. En réalité, si l’on tient compte de tous les prélèvements frappant les revenus ou gains liés à la détention d’actions, on constate que ceux-ci sont maintenant nettement supérieurs à ceux frappant les revenus du travail, sans même tenir compte des prélèvements qui ont frappé en amont les revenus d’activité très majoritairement à l’origine de l’épargne investie en actions. Tableau comparatif du dividende net de tous prélèvements pour un actionnaire français, assujetti ou non à l’ISF, et un actionnaire anglais, tous deux assujettis à l’IR à un taux marginal intermédiaire RÉSULTAT BRUT SOCIÉTÉ 100 100 IS – 38 – 21 DISTRIBUABLE 62 79 TAXE DE DISTRIBUTION –2 PRÉLÈVTS SOCIAUX –9 IR – 10 – 26 NET ACTIONNAIRE 41 53 ISF – 42 NET ACTIONNAIRE APRÈS ISF – 20 53 Source : Étude ANSA «25 ans de hausse des prélèvements sur les actions», 2016 Chiffres arrondis Par hypothèse, la taxe de distribution (si distribution en espèces) est déduite du montant distribuable IR calculé au taux marginal de 30% en France et de 32,5% au Royaume-Uni. En 2015, le taux moyen d’ISF ressort à 1,24% pour un actif de 20M€ Le constat du groupe de travail Investisseurs personnes physiques est qu’une réforme du régime fiscal en vigueur concernant la détention d’actions ou parts sociales est indispensable pour que les contribuables ne soient plus dissuadés de placer leur épargne en actions. Ce nouveau régime doit être simple, compréhensible, efficace pour le développement de l’actionnariat et aussi proche que possible des régimes fiscaux en vigueur dans les autres pays européens. Il doit aussi être stable tant dans son niveau que dans sa structure, contrairement à la situation qui a prévalu surtout ces vingt dernières années. 5 Méthodologie (1) Calcul des PS sur salaires intégrant CSG + CRDS. (2) Prélèvements fiscaux et sociaux sur 100 euros de bénéfice intégrant l’IS de 33,33 % et, le cas échéant, les contributions sociales, la taxe de distribution et les prélèvements sociaux. Règles particulières (3) Assiette IR sur dividendes : Pour 2015, prise en compte de l’abattement de 40%. En 1995 l’avoir fiscal existe : il est remboursé si exonération d’IR ou imputé sur l’IR dû. (4) Pour 2015, l’abattement de 10 % a été réduit à 5 % pour la tranche IR à 45% du fait de son plafonnement. En 1995, l’abattement de 10 % n’est pas plafonné. (5) En 2015, le taux moyen d’ISF d’un actif taxable de 3 M€ ressort à 0,52%, celui d’un actif taxable de 20 M€ à 1,24%. Le premier correspond à 19,74 fois le seuil d’entrée à la tranche marginale la plus élevée de l’IR, le second à 131,6 fois ce même seuil. Pour 1995, ce sont les mêmes proportions qui ont été retenues, soit des actifs de 5 482 390F et 13 859 268F correspondant respectivement à des taux moyens d’ISF de 0,09% et 0,69%. (6) La comparaison s’effectuant au niveau du taux marginal de l’IR, il ne peut être tenu compte des effets du plafonnement ISF + IR + PS à 75% des revenus mondiaux, nets de frais professionnels, du foyer fiscal. 6 1 Favoriser les revenus des investissements en actions, économiquement risqués Le régime d’imposition actuel des dividendes constitue un puissant frein à l’investissement en fonds propres d’entreprises, pour deux raisons essentielles : - au moment de leur distribution, les dividendes ont déjà supporté une charge fiscale qui se trouve être en France plus élevée qu’ailleurs : le taux de l’impôt sur les sociétés français est de 33,3%, auquel s’ajoutent plusieurs contributions additionnelles, alors que la moyenne de l’Union européenne s’établit autour de 22%. - depuis la réforme de 2013, les dividendes sont agrégés aux autres revenus, notamment les revenus d’activité, pour être soumis à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif par tranches d’imposition de droit commun, là encore, contrairement à la situation qui prévaut dans les autres pays européens et de l’OCDE. Proposition N°1 Traiter de manière différenciée, en matière d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, les revenus issus de placements en actions et parts sociales, utiles à l’économie et risqués PLUS PRÉCISÉMENT • Le régime d’imposition actuel des dividendes constitue un puissant frein à l’investissement en fonds propres d’entreprises et ne correspond pas à celui retenu par la quasi-totalité des pays de l’OCDE. • Pour inciter les personnes physiques à investir dans les entreprises et accompagner leur développement, soumettre les dividendes, dès leur inscription en compte et sur option du bénéficiaire, à un prélèvement global de 25%, libératoire de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux. Le taux global proposé de 25% est proche des standards internationaux. Il simplifie les opérations de liquidation des prélèvements obligatoires et la gestion des portefeuilles Titres et correspond à un niveau de prélèvements fiscaux et sociaux acceptable pour les particuliers, compte tenu des autres prélèvements subis en amont par les bénéfices des sociétés. 7 2 Favoriser la détention longue d’investissements à risques Le régime d’imposition actuel des plus-values mobilières est complexe et ne favorise pas suffisamment la détention longue d’actions. Depuis 2013, les plus-values sont imposées au barème progressif de droit commun de l’impôt sur le revenu, après application d’un abattement de 50% pour durée de détention, au-delà de deux ans, et de 65% au-delà de huit ans, susceptible d’être accru dans certains cas. Elles sont passibles des prélèvements sociaux au taux global de 15,5%, sans pouvoir bénéficier d’un abattement pour durée de détention. Proposition N°2 Alléger et simplifier le régime de taxation des plus-values de cession de valeurs mobilières en leur appliquant un prélèvement forfaitaire à taux modéré et dégressif dans le temps, libératoire de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux PLUS PRÉCISÉMENT • Soumettre les plus-values mobilières à un prélèvement global, libératoire tant de l’impôt sur le revenu que des prélèvements sociaux, dont le taux serait fonction de la durée de détention (définie sur la base du premier entré, premier sorti) des actions, parts sociales ou droits y afférents. • Ce prélèvement libératoire tant de l’impôt sur le revenu que des prélèvements sociaux serait établi sur déclaration du contribuable et perçu par voie de rôle, parallèlement à l’impôt sur le revenu dû sur les autres revenus catégoriels, à un taux variant en fonction de la durée de détention. • Lorsque la durée de détention des actions, parts sociales ou droits y afférents, objet de la cession, serait inférieure à cinq ans, le taux du prélèvement global serait de 25%. • Lorsque la durée de détention des actions, parts sociales ou droits y afférents serait comprise entre cinq ans et dix ans, le taux du prélèvement serait réduit à 15%, prélèvements sociaux inclus. • Au-delà d’une durée de détention de dix ans, la plus-value réalisée serait exonérée d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. • Un abattement de 5 000 € sur la plus-value nette imposable (après compensation des plus-values et des moins-values de l’année ou des moins-values non imputées des années précédentes) éviterait d’imposer des plus-values modestes. 8 3 Encourager l’apprentissage du placement à risque en actions auprès des jeunes générations Aujourd’hui, la possibilité d’ouvrir un PEA est réservée à chaque contribuable ou chacun des conjoints soumis à une imposition commune. Les enfants du contribuable, même majeurs, ne peuvent pas être titulaires d’un PEA tant qu’ils ne sont pas contribuables. En revanche les jeunes âgés de 12 à 25 ans peuvent jusqu’à 25 ans ouvrir un Livret Jeunes, dont les intérêts servis sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Proposition N°3 Créer un PEA Jeunes, afin de les inciter à s’intéresser à la vie des entreprises, à parfaire leurs connaissances économiques et à découvrir le placement en actions PLUS PRÉCISÉMENT Créer un PEA Jeunes qui fonctionnerait sous les mêmes règles que le PEA ou le PEA PME-ETI, sous réserve des aménagements suivants : • Le PEA Jeunes serait ouvert aux jeunes ayant 16 ans révolus, âge auquel ils peuvent être émancipés • Le plafond de versements serait limité à 25 000€ • Le basculement sur le PEA classique, ou sur le PEA PME-ETI si les titres inscrits respectent les conditions d’éligibilité à ce plan, s’effectuerait au choix du titulaire dès qu’il devient contribuable, les versements effectués dans le PEA Jeunes étant alors pris en compte pour apprécier la limite des versements. 9 4 Réduire drastiquement les effets antiéconomiques de certains impôts et prélèvements sociaux qui dissuadent d’investir en actions L’ISF, impôt annuel sur le capital détenu, constitue l’équivalent économique d’un impôt sur les revenus de ce capital, dont le taux est déterminé par le rapport entre l’impôt sur le capital payé et le revenu tiré de ce même capital. Le taux de l’ISF étant progressif, son effet est d’autant plus important que le rendement du capital est bas. Il a donc fortement progressé ces dernières années sur les actifs financiers, dont les taux de rendement sont devenus très bas, voire proches de zéro pour les intérêts. Actuellement, l’ISF épargne d’une manière générale les œuvres d’art ou les antiquités, et frappe essentiellement les actifs immobiliers et financiers. Parmi ces derniers, il n’exonère que certains investissements en fonds propres d’entreprises, créateurs de valeurs et d’emplois, dans des limites et sous des conditions très strictes (exonération des titres qualifiés de biens professionnels, ou exonération des ¾ de leur valeur pour les titres détenus par les salariés et les mandataires sociaux, ou exonération de ¾ de leur valeur pour les titres faisant l’objet d’un pacte Dutreil). Par ailleurs, pour les actionnaires significatifs qui ne peuvent pas, ou ne peuvent plus, bénéficier d’une exonération d’ISF liée à la qualification de biens professionnels des actions qu’ils possèdent, la distribution de dividendes est indispensable pour leur permettre de régler leur ISF, après impôt sur le revenu, ce qui les conduit à exercer une pression en ce sens sur l’entreprise dont ils sont actionnaires et peut affecter sa politique de distribution pour des motifs sans rapport avec l’entreprise. Lorsque la distribution de dividendes s’avère insuffisante et que leurs autres revenus ne leur permettent pas de régler l’ISF, ces actionnaires n’ont en effet d’autre choix que la cession soit de l’actif correspondant, ce qui est néfaste pour l’entreprise, soit d’autres actifs. Le plafonnement de l’ISF et des impôts sur le revenu à 75% des revenus de l’année précédente ne suffit pas à éviter les effets antiéconomiques de cet impôt : il incite les assujettis à limiter leurs revenus, et à renoncer à dégager des 10 plus-values entrant dans l’assiette de calcul du plafond pour éviter de relever le montant du plafond et limiter l’impact de l’ISF, ce qui les empêche de réinvestir ces gains, avec les conséquences en termes de croissance économique ou de maintien de l’emploi qui s’y attachent. Enfin, le cumul de cet impôt élevé récurrent sur le capital, qui n’existe plus ailleurs en Europe (sauf en Espagne, à un taux bien moindre), avec des droits de mutation élevés, incite les Français qui y sont assujettis à y échapper en s’établissant hors de France, privant ainsi l’économie française des investissements qu’ils pourraient y faire. Dès lors, seule la suppression de l’ISF permettra de mettre fin aux conséquences néfastes pour l’économie française de cet impôt. Toutefois, comme cette suppression mettrait fin à l’avantage accordé aux contribuables assujettis à cet impôt qui investissent dans des PME, il conviendrait d’accompagner la suppression d’un renforcement de l’avantage reconnu à de tels investisseurs dans le cadre de l’impôt sur le revenu, aujourd’hui sensiblement inférieur. Une autre contribution spécifique à la France, de création récente, frappe aussi les revenus des actions et influence la politique de distribution des entreprises, sans égard pour leur situation et leur modèle de gestion. Il s’agit de la contribution de 3% sur les revenus distribués dont sont redevables les sociétés ou organismes français ou étrangers passibles de plein droit ou sur option de l’impôt sur les sociétés, sur les bénéfices distribués, autres que ceux distribués en actions ou entre sociétés d’un même groupe fiscalement intégré ou entre sociétés d’un même groupe bancaire mutualiste. Toutefois, les PME au sens de la règlementation européenne ainsi que les organismes de placement collectif (OPC) en sont exonérés. Cette contribution est en effet une charge nette pour la société distributrice, car non déductible pour la détermination de son bénéfice, ni imputable sur son 11 impôt sur les sociétés, et ne peut par ailleurs s’imputer sur les impositions dues par les actionnaires. Sans équivalent dans les autres pays de l’OCDE, qui connaissent en outre des taux d’impôt sur les sociétés moindres, cette contribution pénalise les distributions de bénéfices effectuées en numéraire qui sont tout aussi légitimes et nécessaires que les distributions réalisées par voie d’actions, constitue un frein aux opérations de distribution et pèse sur la rémunération normale d’une prise de risque par l’actionnaire. Proposition N°4 Supprimer les impôts et prélèvements qui dissuadent d’investir en actions et ont ainsi des effets néfastes pour l’économie française PLUS PRÉCISÉMENT Pour rapprocher la France des standards internationaux : • supprimer l’ISF, seule solution pour mettre fin aux conséquences néfastes pour l’économie française de cet impôt ; • alléger les charges pesant sur les entreprises, en supprimant la contribution de 3% sur les revenus distribués. Enfin, l’allègement des charges que supportent les entreprises dans le cadre de la constitution de l’épargne salariale, avec le forfait social ou la contribution sociale, doit être poursuivi. Le forfait social est une contribution versée par l’employeur, prélevée sur les rémunérations ou gains non soumis aux cotisations et contributions sociales, mais assujettis à la CSG. Initialement fixé à 2% lors de son institution en 2008 par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2009, le taux du forfait social n’a cessé de croître pour atteindre, sauf cas particuliers, 20% au 1er juillet 2012. Par ailleurs, l’attribution d’actions gratuites entraîne pour l’employeur le versement d’une contribution patronale. Le forfait social a atteint un niveau dissuasif pour les employeurs, qui les incite en particulier à réduire les avantages qu’ils accordent en matière d’épargne salariale. La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques du 6 août 2015, dite loi Macron, a apporté des aménagements substantiels à cette situation. 12 Elle a, d’une part, modifié le régime de la contribution patronale pour les actions gratuites dont l’attribution a été autorisée par une décision postérieure au 7 août 2015, notamment en ramenant son taux de 30 à 20 %, et, d’autre part, réduit à 16% le taux du forfait social applicable aux abondements de l’employeur aux plans d’épargne pour la retraite collectif (PERCO) s’ils sont versés sur un Perco dont le règlement respecte certaines conditions. Elle a par ailleurs fixé à 8 % le taux du forfait social pour les sommes versées au titre de la participation aux résultats et au titre de l’intéressement, notamment lorsque les entreprises, qui ne sont pas soumises à l’obligation de mettre en place un tel dispositif, concluent pour la première fois un accord de participation ou d’intéressement. Proposition N°5 Unifier à 8% le taux du forfait social et celui de la contribution sociale à la charge des entreprises, applicable aux attributions d’actions gratuites et à épargne salariale 5 PLUS PRÉCISÉMENT Poursuivre le mouvement initié par la loi Macron en unifiant à 8% : • le taux de forfait social applicable aux sommes versées au titre de la participation et de l’intéressement, aux abondements des employeurs aux plans d’épargne d’entreprise (PEE), interentreprises et au plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO), • le taux de la contribution sociale à la charge des entreprises, applicable aux attributions d’actions gratuites. Encourager les mutations à titre gratuit de valeurs mobilières entre générations par la création d’un Plan de transmission générationnelle d’actions La transmission d’actions par voie de succession ou de donation est soumise à des droits souvent élevés, qui conduisent les héritiers ou donataires à céder leurs titres pour payer ces droits, malgré les mesures prises en matière de délais de paiement en cas de succession. Ceci freine le renouvellement des actionnaires et, dans le cas des entreprises à actionnariat familial, peut mettre en cause la pérennité de l’entreprise, ou sa localisation en France. 13 Proposition N°6 Créer un Plan de transmission générationnelle d’actions bénéficiant d’allègements en matière de droits de mutation à titre gratuit PLUS PRÉCISÉMENT • Créer un Plan de transmission générationnelle d’actions dans lequel, en contrepartie du respect d’un engagement individuel de conservation de 10 ans d’une enveloppe représentative de la valeur vénale des titres transmis, les ayants-droit pourraient exclure la valeur des titres ou actions, objets de la transmission, de l’assiette des droits de succession et/ou de donation. • Seraient concernées par le dispositif, toutes les parts ou actions d’une société ayant son siège dans l’espace économique européen, quelle que soit sa forme juridique ou son régime fiscal, cotée ou non cotée, et exerçant une activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, qu’elles soient détenues directement par le contribuable ou via une holding, ou inscrites dans un PEA. Les parts ou actions d’OPC européens remplissant les conditions d’éligibilité au PEA (PEA classique ou PEA PME-ETI) seraient également éligibles au dispositif. • Les titres concernés seraient obligatoirement inscrits dans un compte Titres ad hoc d’un plan, auquel serait associé un compte espèces, fonctionnant selon des règles semblables à celles du PEA, • En revanche, les dividendes attachés aux titres inscrits dans le « Plan Transmission » seraient versés sur un compte ordinaire du contribuable et fiscalisés dans les conditions de droit commun. • Le plan serait clos à l’expiration du délai de 10 ans. • Tout retrait de titres ou d’espèces du « Plan Transmission », au cours de la période de blocage de 10 ans entrainerait la clôture du « Plan transmission », l’imposition des gains et la remise en cause proportionnelle prorata temporis de l’exonération initiale de droits de mutation à titre gratuit. 14 6 Favoriser la création et le développement de PME / ETI en encourageant l’investissement dans leur capital par un compte d’investisseur Afin d’inciter les particuliers à investir dans le capital de PME et ETI, ou à réinvestir dans le cas de ceux qui ont créé une entreprise ou accompagné sa création, il est proposé de créer un compte d’Investisseur permettant de bénéficier d’un sursis d’imposition en cas de cession des titres souscrits ou acquis suivie d’un réinvestissement dans une autre PME ou ETI. Les titres éligibles seraient ceux des PME et ETI, cotées ou non cotées, soumises ou non à l’IS ou à un impôt équivalent, et dont le siège est situé dans un Etat de l’Espace économique européen. Les parts d’OPCVM seraient éligibles à condition d’être investies en titres de ces entreprises à hauteur de 75% au moins de leurs actifs. Proposition N°7 Favoriser la création et le développement de PME PLUS PRÉCISÉMENT • Créer un compte d’Investisseur permettant de bénéficier d’un sursis d’imposition en cas de cession des titres souscrits ou acquis suivie d’un réinvestissement dans une autre PME ou ETI et de compenser plus et moins-values de cession des titres inscrits dans le compte. • Ce compte comporterait un compte titres et un compte espèces associé dans lesquels seraient inscrits les versements destinés à l’acquisition ou à la souscription de titres de PME ou d’ETI. • En cas de cession des titres inscrits suivie d’un réinvestissement dans une autre PME ou ETI, dans un délai d’un an, la plus-value dégagée bénéficierait d’un régime de sursis d’imposition. • Les dividendes attachés aux titres inscrits seraient versés dans le compte ordinaire et taxés dans les conditions de droit commun. • Le compte d’investisseur serait clos en cas de retrait de titres ou d’espèces ou en cas de non réinvestissement de 10% ou plus du produit d’une cession de titres inscrits dans le délai d’un an de la cession de ces titres. • La plus-value nette à la clôture du compte serait soumise au prélèvement libératoire (voir proposition n°2) au taux applicable selon la durée de vie du compte Investisseur calculée entre la date du premier investissement en titres et la date de clôture 15 II. Propositions non fiscales Les prélèvements fiscaux et sociaux ne sont pas les seuls freins qui empêchent le développement de l’actionnariat des particuliers et nuisent en conséquence à un financement sain et de long terme de l’économie réelle. Le groupe de travail propose diverses autres mesures visant à améliorer l’éducation et la formation économique et financière, favoriser le conseil aux épargnants, renforcer l’affectio societatis de l’actionnaire, développer l’actionnariat salarié et favoriser la liquidité des placements en actions non cotées. 1 Améliorer l’éducation et la formation en matière économique et financière L’insuffisance d’éducation en matière économique et financière des Français est régulièrement mise en cause comme un des facteurs essentiels qui expliquent leur réticence à investir en actions, perçues comme présentant des risques qu’ils ne se sentent pas en mesure de comprendre et de maîtriser, comme le montre le sondage Opinionway réalisé pour le colloque. Il est donc indispensable d’y remédier, d’abord tout au long du cursus scolaire, puis pendant la vie active, notamment pour les salariés. Il faut cependant admettre que de tels efforts ne porteront leurs fruits qu’à long terme. Raison de plus pour s’y atteler sans attendre. Proposition N°1 Développer l’éducation économique et financière dans le cursus scolaire PLUS PRÉCISÉMENT • Inculquer, dès l’école primaire, quelques rudiments de base de l’économie et de la finance, en particulier dans le cadre de l’apprentissage du calcul (prix de revient, marges, intérêts,...) • Introduire dans l’enseignement secondaire commun à tous les élèves l’apprentissage de notions de base sur l’épargne et les placements financiers. 16 Proposition N°2 Orienter l’épargne des adultes vers les placements en actions 2 PLUS PRÉCISÉMENT • Encourager les actions d’information et de formation des salariés qui les incitent à orienter l’épargne salariale dont ils bénéficient vers des investissements en actions, notamment de leur entreprise • Encourager le développement de formations destinées aux adultes en vue de l’acquisition ou de la révision des notions financières, en recourant aux méthodes utilisées avec succès pour l’apprentissage des savoir-faire de la vie courante Favoriser le conseil aux épargnants L’investissement en actions est relativement risqué et suppose à la fois une capacité financière permettant de faire face à ses aléas, une information et une compréhension suffisantes des mécanismes et des risques inhérents aux placements. Les règlementations européennes issues de la crise de 2008, en particulier MIF 2, astreignent les intermédiaires à faire remplir à leurs clients des questionnaires très détaillés, perçus comme intrusifs et fastidieux. Le but légitime de ces questionnaires est de s’assurer que les placements qui peuvent être proposés aux épargnants correspondent bien à leurs objectifs, à leur degré de connaissance des mécanismes financiers concernés, et aux risques inhérents au placement en cause. Mais on peut se demander si le degré de détail des questions posées et la périodicité des questionnaires ne sont pas excessifs, au point de dissuader les épargnants d’envisager des placements en valeurs mobilières afin d’éviter de telles formalités. Proposition N°3 PLUS PRÉCISÉMENT Eviter les questionnaires trop détaillés et trop fréquents Proportionner les questions posées aux épargnants aux exigences de la réglementation et de leurs capacités de placement et privilégier le recours à un questionnaire général couvrant la plupart des catégories de placements courants: des questionnaires particuliers ne seraient alors exigés que pour les catégories de placements non envisagées dans le questionnaire général. 17 Par ailleurs, le conseil financier personnalisé a été jusqu’à présent en France soit financé par les prestataires offrant les instruments financiers proposés, sous forme de commissions versées aux intermédiaires chargés de conseiller les épargnants (banques ou conseillers en gestion de patrimoine), soit en pratique réservé aux particuliers disposant d’un niveau de patrimoine justifiant une rémunération directe de leurs conseils. Les restrictions imposées par MIF 2 sur la rémunération des conseils risquent de priver les particuliers peu fortunés d’accès à un conseil personnalisé. L’émergence récente d’outils de conseil et de gestion automatisés permet d’espérer de répondre à ce besoin à un prix raisonnable. Proposition N°4 Favoriser le développement d’outils de conseil et de gestion à distance 3 PLUS PRÉCISÉMENT • Mettre à la disposition des investisseurs individuels des outils de conseil ou de gestion automatisés ou robotisés en vue de les éclairer sur un investissement qu’ils envisagent ou qui leur est proposé, de les conseiller sur les choix de placement ou de prendre en charge ces choix pour le compte des intéressés. • Permettre à l’investisseur de compléter son information par un contact avec un conseiller ‘en chair et en os’ par courriel ou téléphone (avec indication du tarif de consultation). Restaurer l’affectio societatis des actionnaires individuels directs Le renforcement du lien entre la société et ses actionnaires individuels constitue un facteur de pérennisation de cet actionnariat, d’autant plus nécessaire que la société est plus grande et les actionnaires plus éloignés des dirigeants. Déjà mis en œuvre par un certain nombre d’émetteurs, les initiatives qui tendent à instaurer un dialogue permanent entre la société et ses actionnaires individuels, ainsi que les dispositifs de communication qui permettent d’améliorer l’information de ces actionnaires sur la société doivent être encouragés. 18 Proposition N°5 Encourager le dialogue permanent entre les sociétés et leurs actionnaires individuels PLUS PRÉCISÉMENT • Faire des assemblées générales des instances de dialogue en veillant notamment à : - améliorer la lisibilité des résolutions présentées - faire participer les administrateurs aux débats de l’assemblée, en particulier lorsqu’ils exercent une mission spécifique au sein du conseil • Généraliser la représentation des actionnaires individuels à travers certaines instances comme les comités consultatifs d’actionnaires individuels. • Veiller à ce que la délégation à un tiers de la gestion du registre nominatif des actionnaires s’accompagne de la mise en place d’un service compétent dédié au dialogue avec les actionnaires nominatifs purs. Par ailleurs, le moyen de communication que constituent les sites internet des sociétés doit devenir le vecteur privilégié de transmission aux actionnaires de l’ensemble des informations qui leur sont destinées. Proposition N°6 Améliorer l’accessibilité des informations sur la société PLUS PRÉCISÉMENT • Mettre systématiquement en ligne pour les actionnaires les informations de toute nature qui les intéressent (communiqués financiers, rapports semestriels et annuels, présentations publiques faites par la société… ). • Faciliter l’accès aux différentes rubriques du site Internet de la société. • Identifier la personne ou le service en charge des relations avec les actionnaires. • Permettre aux actionnaires de s’abonner aux communications financières faites par la société. • Mettre à la disposition des actionnaires un glossaire des termes les plus couramment utilisés dans les informations publiées par la société. • Publier les statuts à jour de la société sur son site Internet. 19 4 Développer l’actionnariat salarié Le risque financier que représente, pour les salariés, le fait d’investir une part significative de leur épargne dans la détention d’actions de leur entreprise constitue un frein au développement de l’actionnariat salarié. Singulièrement lorsque l’entreprise en question est une société non cotée. Une mutualisation de ce risque permettrait de réduire ce frein. Proposition N°7 Permettre la création d’un mécanisme d’actionnariat multi-entreprise PLUS PRÉCISÉMENT • Création d’un fonds nourricier d’actionnariat au sein du PEE ou du PERCO de chaque entreprise adhérente. • Un fonds maître chapeautant les différents fonds nourriciers permettrait la mutualisation des gains et pertes de valeur enregistrés dans les fonds nourriciers. • Dans chaque entreprise adhérente, les droits d’actionnaire seraient exercés par le conseil de surveillance du fonds nourricier. D’autre part, afin d’apporter des solutions au problème de la faible liquidité des actions non cotées détenues par les fonds d’actionnariat salarié de sociétés non cotées, le législateur a instauré une option entre : • L’octroi d’une garantie bancaire de rachat, • Le rachat par la société de ses propres actions, • Ou le maintien en permanence au sein des actifs du fonds d’un quota de liquidités de 33% (le «tiers liquide») Les deux premiers moyens sont en pratique peu utilisés, mais le respect de la règle du «tiers liquide» constitue un véritable «casse-tête» pour les gestionnaires de fonds. Ceci, d’autant plus que dans l’environnement actuel de taux d’intérêt très faible les liquidités en question ne sont pratiquement pas rémunérées. 20 Proposition N°8 Dans les fonds d’actionnariat salarié en actions non cotées, éviter le recours au mécanisme du «tiers liquide» PLUS PRÉCISÉMENT En simplifiant la procédure applicable aux rachats de leurs propres actions par les sociétés non cotées à la valeur d’expertise lorsque les actions offertes à la vente ne trouvent pas preneur auprès des autres actionnaires, on faciliterait le recours à cette option légale. Enfin, il peut exister un problème de gouvernance dans les entreprises qui pratiquent l’actionnariat salarié, lorsque les salariés actionnaires ont le sentiment d’être représentés dans les instances de leur société par des personnes qu’ils n’ont pas choisies. Proposition N°9 Améliorer la représentation des salariés actionnaires dans les instances de l’entreprise 5 PLUS PRÉCISÉMENT Réserver la représentation des actionnaires salariés dans les instances de l’entreprise à des personnes élues par eux. Favoriser la liquidité des placements en actions non cotées Les souscripteurs d’actions non cotées peuvent avoir des raisons parfaitement légitimes de chercher à vendre leurs titres (monétiser leur avoir pour financer des dépenses personnelles, diversifier leur portefeuille dans une optique de gestion raisonnée…). De leur côté, les dirigeants et les autres actionnaires de ces sociétés « fermées » ont généralement à cœur d’éviter la survenue d’actionnaires «intrus» à la faveur de telles cessions. Les clauses d’agrément que l’on trouve dans la plupart des statuts de sociétés non cotées visent précisément à réguler ce risque, mais elles peuvent être trop restrictives et dissuader l’entrée au capital d’investisseurs dont la société peut avoir besoin. 21 Proposition N°10 Favoriser un usage «raisonnable» des clauses d’agrément statutaires PLUS PRÉCISÉMENT • Recenser les pratiques abusives, et établir un code de déontologie en s’inspirant notamment des pactes que négocient les fonds de capital-risque lors de leur entrée au capital de PME ou ETI. • Attribuer un label de conformité à ce code aux sociétés souhaitant ouvrir leur capital à des actionnaires tiers. Par ailleurs, la plupart des sociétés non cotées n’ont ni la taille, ni les moyens juridiques, financiers et organisationnels, ni même souvent la volonté d’offrir la liquidité d’un marché organisé à leurs actionnaires. Les tentatives successives pour développer des marchés de négociation spontanés (gré à gré, hors cote, etc.) n’ont pas connu le succès espéré. De nouveaux services développés à partir de la technologie Blockchain semblent pouvoir répondre aux contraintes spécifiques des PME en termes de liquidité des titres et il semble opportun pour la place financière de Paris de soutenir les initiatives sur ce segment du secteur FinTech. Proposition N°11 Faciliter les négociations d’actions non cotées de gré à gré en ligne PLUS PRÉCISÉMENT Mettre en place des plateformes multipolaires de négociation d’actions non cotées recourant à la technologie Blockchain et permettant d’éviter d’avoir à passer par les processus lourds de règlement / livraison des chaines pyramidales de traitement traditionnelles. 22 COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL Rapporteur: J. Aschehoug Participants : ANSA AFG AF2I AMF FAS F2iC METI OEE P. Reynier, C. Schricke, I. Trémeau, J.-P. Valuet D. Charles-Péronne J. Eyraud C. Castanet P. Bernheim A. Sicurani A. Montay D. Davydoff 23 #agirpourlacroissance @__ansa JUIN 2016 www.agirpourlacroissance.fr 24