Banziger Marielle SKETCHES 1. Narration du projet Mon stage « complexité et gestion de projet » s'est déroulé dans une classe de sixième primaire d'une école aux abords de la ville de Genève, du 23 aôut au 3 septembre. Au départ, j'avais dans l'idée de monter une pièce de théâtre avec les élèves. J'ai alors rencontré mon formateur de terrain au mois de juin, et après un entretien avec lui, nous avons décidé de monter le projet de théâtre sous forme de sketches (car deux semaines passent très vite et monter une pièce de théâtre avec la classe entière nous semblait être un projet trop ambitieux compte tenu du temps que nous avions à disposition. Lundi 23 août, je suis arrivée dans la classe en ne sachant pas autour de quel thème allaient se construire les sketches des élèves, puisque nous avions dans l'idée qu'ils le décideraient eux-mêmes. Ainsi, afin qu'ils choisissent leur thème, nous leur avons demandé de se placer par groupes de trois et de chercher des idées pour ensuite faire une mise en commun. Plusieurs thèmes ressortirent. Nous avons alors fait voter les élèves pour voir le(s)quel(s) de ces thèmes emporterai(en)t le plus de voies. Ceux qui ressortirent furent: « le hold-up », « enquête après assassinat » et « pop stars ». A seize heures, après discussion avec mon formateur de terrain, nous avons choisi d'éliminer le thème « enquête après assassinat », nous paraissant un peu trop complexe. Mardi matin, j'ai proposé aux élèves un canevas: ils devaient se mettre par groupes de trois à cinq élèves et réfléchir à des idées pour élaborer leurs sketches selon le shéma suivant: 1) Nos personnages 2) Notre scénario 3) Notre matériel, décor Une fois ces premières idées mises sur papier, ils ont pu commencer l'écriture proprement dite de leur pièce, selon les règles de l'écriture du genre « théâtre » (expliquée préalablement). Mardi après-midi, afin de les aider pour la suite de leur travail et si besoin de les réorienter, nous avons fait tous ensemble un bilan de la matinée. Cette phase permit aux élèves de se rendre compte que le travail effectué le matin avait un réel objectif, qui serait de présenter les sketches à d'autres classes de l'école. Ainsi par exemple, c'est seulement après ce bilan que l'un des cinq groupes a pris conscience que le jeu auquel ils croyaient s'être prêté une matinée entière comportait tout de même une dimension plus sérieuse. Dès la fin de cette phase, les élèves commencèrent à alterner des moments d'essais de leur pièce dans le couloir avec des moments d'écriture. Ce procédé leur permettait de trouver des idées par l'improvisation et de mettre les meilleures sur papier ensuite, ainsi que de remédier aux idées déjà mises sur papier selon l'effet qu'elles produisaient une fois jouées. Jeudi matin, mon formateur de terrain et moi les avons auditionnés dans le couloir afin de leur donner un « challenge », de les motiver à avancer assez vite, étant donné le temps très court dont ils disposaient avant de jouer leurs sketches en public. Dès ce moment-là, la plupart des groupes se sont mobilisés et ont fait de ce projet le leur. Certains ont déjà commencé à bricoler leur matériel avec des morceux de carton, sans que nous ne leur ayons rien demandé, tant en classe que chez eux en-dehors des heures scolaires. Vendredi, toute la matinée, j'ai pu prendre les groupes les uns après les autres dans la salle de rythmique (là où allait se dérouler la représentation une semaine après) afin de les aider le mieux possible pour la suite de leur travail en personnalisant les conseils que je leur donnais. L'après-midi, j'ai pris un groupe de trois élèves ayant du retard dans l'écriture de leur texte dans une salle à part pour les aider à avancer. Lundi 30 août, il a fallu commencer à s'occuper de l'organisation du spectacle. Afin d'accueillir les classes et de présenter les sketches, un élève s'est proposé pour jouer le rôle du présentateur. Les élèves de chaque groupe ont alors préparé un texte de présentation de leur sketches qu'ils lui ont ensuite remis pour qu'il le dise devant les classes lors du spectacle (prévu vendredi après-midi). Un groupe de quatre élèves a commencé à concevoir les invitations. Ceux-ci les ont rédigées à l'aide d'un ordinateur et sont ensuite allésles donner dans les classes des grands degrés pour leur proposer des horaires. Trois représentations de 45 minutes chacune devaient avoir lieu, et deux classes par représentation pouvaient venir à la fois. (Donc en tout, six classes devaient venir les voir.). Lundi et mardi, les élèves ont par ailleurs continué la mise au net de leurs textes et l'entraînement de leur pièce, tant seuls dans le couloir qu'en salle de rythmique avec moi. Jeudi après-midi, nous avons fait une répétition générale avec costumes et matériel (pour ceux qui avaient décidé d'en avoir et qu'ils s'étaient procurés seuls ou même construits eux-mêmes), dans la salle de rythmique. Celle-ci s'est très bien déroulée, les sketches étaient plutôt bien prêts, il ne manquait plus que des questions d'organisation (notamment en ce qui concernait le temps de préparation des groupes et de la scène entre les sketches). Vendredi après-midi, les élèves ont effectué les trois représentations, qui se sont très bien déroulées. Les élèves étaient très heureux de présenter le travail qu'ils avaient effectué intensivement pendant deux semaines devant leurs camarades. 2. Réflexion Premier volet: a) Entre interventionnisme et dévolution: qui a le pouvoir? Ma classe de stage étant une sixième primaire, du point de vue de la dévolution, cela n'a pas été trop dur. Le contrat universitaire stipulait qu'il fallait que les élèves fassent de ce projet le leur, qu'ils aient une marge de liberté assez importante. Mais jusqu'à quel point? C'est précisément celui-ci qui me fut difficile à définir. Par exemple, alors que l'élève présentateur avait lui-même décidé de l'ordre dans lequel passeraient les groupes, je lui ai dit qu'il n'y avait pas de problème. J'étais étonnée, car je n'étais absolument pas intervenue dans ce choix et tout semblait convenir à tout le monde. Mais cependant, un problème survint. Le premier groupe ne voulait pas passer en premier... et aucun autre ne le désirait. Que faire? Laisser les élèves se débrouiller entre eux ou m'en mêler et trancher? Comme je n'étais pas intervenue à ce niveau jusque là, j'ai opté pour la première solution. Après la répétition générale, tout s'est arrangé. Rassuré, le tout s'étant bien passé, le premier groupe voulut bien passer en premier. Au moment de choisir le groupe qui allait s'occuper des invitations, plusieurs se proposèrent et nous avons fini, avec mon formateur de terrain, par choisir ceux qui étaient capables de finir vite le travail à effectuer à l'ordinateur. Bon choix? Le but d'une activité comme celleci ne serait-elle pas plutôt de faire progresser les élèves dans toutes les disciplines qu'elle traverse? Et ce que nous avons fait permet aux élèves se débrouillant déjà avec les outils informatiques de se perfectionner mais en aucun cas d'initier des débutants en la matière. Cette décision, nous l'avons prise par manque de temps: les élèves devaient avoir fini cette invitation en un laps de temps très court... dommage. b) La répartition des tâches: qui profite du projet? En voyant ma classe de stage évoluer dans l'activité les deux premiers jours, je me suis demandé si chaque élève entrait dans la tâche. En effet, le premier jour par exemple, alors qu'ils cherchaient des idées de thèmes, j'ai remarqué que certains ont proposé des thèmes qui n'ont plu à personne, et qui se sont donc faits éliminer tout de suite. Quelques élèves sont ainsi partis, pour commencer l'invention de leur pièce, sur une idée qui n'était pas du tout la leur. Je me suis alors demandé s'ils allaient s'approprier ce projet ou non par la suite, car au début, ce n'était pas le cas. Peut-être auraient-ils eu plus de plaisir dans l'activité, s'y seraient-ils plus impliqués, si leurs choix avaient pu être maintenus? Au fur et à mesure de son avancement, et ce jusqu'aux représentations,de plus en plus d'enfants se sont appropriés ce projet. Second volet: l'intégration d'un savoir Ce fut pour moi la première fois que je menais un tel projet en classe. Se déroulant sur deux semaines, de nombreux contretemps s'y immiscèrent. Ce stage m'a donc permis de me rendre compte par moi-même des difficultés rencontrées lors d'un projet comme celui-là quant aux imprévus et à la gestion du temps en général. En effet, j'en avais très souvent entendu parler lors de discussions avec différents enseignants mais je n'avais jamais eu l'occasion de le vivre personnellement. Pour citer un exemple, j'ai trouvé la gestion des différents rythmes des élèves particulièrement délicate. En effet, alors que certains groupes avaient, à la fin de la première semaine, terminé l'invention de leur sketche et s'étaient déjà passablement entraînés à le jouer (ceci tout en ayant commencé la confection de leurs accessoires), d'autres n'avaient pas encore terminé l'écriture de leur pièce... Je me suis demandé à plusieurs reprises si ceux-ci allaient pouvoir être prêts pour les représentations. J'ai donc pu me rendre compte du stress engendré par l'imposition d'un délai.