Gastrostomie endoscopique : indications, aspects techniques

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Francophones 2005
Mini-Conférence
GASTROSTOMIE ENDOSCOPIQUE :
INDICATIONS, ASPECTS TECHNIQUES,
PREVENTION DES COMPLICATIONS
Docteur Anne Le Sidaner, CHU Limoges
Introduction
• Description en 1980 par Gauderer et Ponsky
• Méthode de choix pour une alimentation entérale
prolongée, d’une durée supérieure à 4 semaines
• 1er geste thérapeutique : 25 % des 59.954 gastroscopies
interventionnelles réalisées en France en 2001
(enquête SFED « 2 Jours d’Endoscopie en France »)
• Plus de 240.000 GPE réalisées aux Etats-Unis en 2003
• Procédure simple et rapide
• Technique réalisable par toute équipe d’endoscopie
Indications (1)
Sélection des patients complexe
 amélioration de la qualité de vie
• Impact de la GPE  statut fonctionnel
 survie du patient
• Evaluer le rapport bénéfice/risque
• Estimer le pronostic de survie à 1 mois : correct
dans 20 % des cas Christakis et al. BMJ 2000; 320: 469-72
• Décision  réfléchie, au cas par cas, à discuter
avec le patient, son entourage, les soignants
Indications (2)
• Nutrition entérale de plus de 4 semaines :
troubles de la déglutition, pneumopathies d’inhalation,
dysphagies, dénutritions par carence d’apport
ou hypercatabolisme
GPE pas trop tardive +++
• Décompression gastro-intestinale
Contre-indications
• Absolues : troubles de l’hémostase, insuffisance respiratoire,
ascite, survie estimée à moins d’1 mois, inflammation pariétale,
interpositionhépatique oucolique,absencedetransillumination
• ??? : hypertension portale, hernie hiatale, ulcère
• Antécédents de chirurgie abdominale, de gastrectomie
 choix du point de ponction +++, transillumination,
jéjunostomie endoscopique
• GPE non recommandée (absence de bénéfice) :
- sclérose latérale amyotrophique si
capacité vitale forcée < 50 % et indice de masse corporelle < 18
Couratier et al. Rev. Neurol. 2004; 160: 243-50
- démence aggravée
Hébuterne. Gastroenterol. Clin. Biol. 2002; 26: 439-42
Avant la procédure
• Information et accord du patient
• Consultation d’anesthésie (48 h)
• Préparation du patient :
- désinfection abdominale
- désinfection buccale +++
- voie veineuse
- à jeun depuis 8 h
Antibioprophylaxie +++
• Taux d’infection de 4,3 à 16 % : abcès pariétal, cellulite
• Germes oro-pharyngés/cutanés : streptocoques,
staphylocoques
Barthet Hépato-Gastro 2002; 9: 25-30
• Recommandations de la SFED de 2004 :
- céphazoline 1 g IV 30 min avant le geste
- ou, en cas d’allergie aux céphalosporines,
clindamycine 600 mg + gentamycine 2-3 mg/kg
Conditions de réalisation
• Structure :
- bloc opératoire
- ou unité d’endoscopie, lit du patient,
avec observance des règles d’asepsie
• Personnel :
- 2 Gastro-Entérologues dont 1 endoscopiste
- 1 Anesthésiste
- 1-2 infirmières d’endoscopie
• Matériel :
- vidéo-endoscope, naso-fibroscope
- pince à corps étranger, anse diathermique, pince à biopsie
- kit de GPE stérile : polyuréthane > silicone
Blacka et al., Aliment. Pharmacol. Ther. 2004; 20: 875-82
Les procédures (1)
Technique Pull : Gauderer
Les procédures (2)
Technique Push : Sacks - Vine
Les procédures (3)
Technique Introducer : Russell
Résultats
• Taux de succès : 95 - 99,5 %
• Facteurs d’échec :
- absence de transillumination
- fibroscopie œso-gastro-duodénale
- échec de passage de la collerette interne
(cancer ORL, sténose)
- lésion de la paroi gastrique
Jéjunostomie par la
Gastrostomie Endoscopique (PEG-J) (1)
• Intolérance de la nutrition en site gastrique :
reflux gastro-œsophagien, gastroparésie, aspiration
 diminution du risque relatif de 91 %
Mathus-Vliegen et al., Gastrointest. Endosc. 1999; 50: 746-54
• Position au-delà de l’angle de Treitz
• Technique longue et difficile :
- fil-guide, pince à biopsie ou anse, clips
- positionnement de la collerette de GPE contre le pylore
Jéjunostomie par la
Gastrostomie Endoscopique (PEG-J) (2)
• Succès de pose assez élevé (92,5 %)
mais succès fonctionnel faible :
-
migration rétrograde fréquente (6 %)
dysfonction (53 - 84 %) (8-12 French)
durée de fonctionnalité : 42 j
aspiration (17 - 60 %) (peu différent de la GPE)
Di Sario et al. Gastrointest. Endosc. 2002; 55:
Jéjunostomie par
ponction directe (D-PEJ) (1)
• Coloscope ou entéroscope dans le jéjunum
• Transillumination ++++ :
- ponction à l’aiguille fine maintenue par une pince
ou une anse stabilise l’anse intestinale
avant la ponction au trocard
- utilisation d’une collerette « low-profile » (occlusion)
• Techniquement plus difficile : 72 - 88 % de succès
Fan et al., Gastrointest. Endosc. 2002; 56: 890-4
Jéjunostomie par
ponction directe (D-PEJ) (2)
• Complications :
- graves (2 %) : hémorragie, abcès de la paroi,
perforation colique
- mineures : infection (7 %), ulcère (5 %), fuites (8 %)
• Durée de fonctionnalité : 113 j
Complications
• Mortalité immédiate (0,1 - 3 %) : défaillance cardiaque,
laryngospasme, inhalation massive
• Complications majeures (3 %)  traction excessive :
péritonite, fasciite nécrosante, hémorragie gastrique,
perforation œsophagienne ou gastrique,
fistule gastro-colique
• Complications mineures (1,4 - 43 %) :
- infection péristomiale (3 - 30 %), obstruction, expulsion,
enfouissement delacolleretteinterne,douleurabdominale
- iléus, trouble de la vidange gastrique réversible en 48 h
Facteurs prédictifs indépendants
de complications et de mortalité précoce
• Age avancé
• Escarres
• Hypo-albuminémie, dénutrition sévère
• Maladie évolutive
• Infection pulmonaire
• Co-morbidités
• Vie en institution
• Durée d’hospitalisation avant la GPE
Light et al. Gastrointest. Endosc. 1995; 42: 330-5 ; Beau et al. Gastroenterol.
Clin. Biol. 2001; 25: 891-5 ; Kobayashi et al. Gastrointest. Endosc. 2002; 55: 500-6 ;
Paillaud et al. Gastroenterol. Clin. Biol. 2002; 26: 443-7 ; Abitbol et al.
Gastroenterol. Clin. Biol. 2002; 26: 448-53 ; Lang et al. Endoscopy 2004; 36: 522-6.
La survie après GPE
reflète les co-morbidités
Mortalité
immédiate 1 mois
1 an
3 ans
0 - 2 % 22 - 24 % 50 - 63 % 77 - 81 %
Rabeneck et al. J. Gen. Intern. Med. 1996; 11: 287-93 ;
Callahan et al. J. Am. Geriatr. Soc. 2000; 48: 1048-54.
Prévention des complications
Fréquence
Causes
Propositions
Infection
3 - 30 %
majeures < 1,6 %
mineures > 70 %
Diabète, dénutrition
Corticothérapie
MRSA naso-pharyngée
Traction excessive
Antibioprophylaxie
Soins locaux
Introducer
Fuites péristomiales
1-2%
(complic. tardives)
Soins locaux corrosifs
Acidité gastrique
Mycose, infection bourgeon charnu
Ulcération du trajet
Buried bumper
IPP
Positionnement
Crème antifongique
Oxyde de zinc
Nitratage
Traction excessive
Collerette rigide
Prise de poids
Nombreuses techniques
endoscopiques
Hématogène
Migration directe
Voie nasale, overtube
Introducer
0,6 - 1,2 %
Ponction vasculaire
Ulcère gastrique
Pas de traction
IPP
Plusieurs cas
rapportés
Transillumination
Insufflation gastrique
Chirurgie antérieure
Extraction manuelle
Dénutrition
Arrachage
Remplacement (6 - 8 h)
Obstruction, porosité
Fracture
Surveillance, remplacement
Buried bumper
Métastase cutanée
Saignement
Fistule gastro-colique
Extubation
Détérioration
21,8 %
22 cas (8 mois)
1,6 - 4,4 %
34 %
Après la
Gastrostomie Percutanée Endoscopique
• Nettoyage et pansement antiseptique pendant 8 j
• Utilisation précoce de la GPE (3 - 6 h)  sérum salé
• IPP  diminue les fuites péristomiales
Surveillance à long terme de la
Gastrostomie Percutanée Endoscopique
• Soins cutanés journaliers : lavage à l’eau savonneuse,
séchage délicat, soins de bouche, douche autorisée
• Rougeurs  soins antiseptiques, crème antifongique,
oxyde de zinc
• Bourgeon charnu  nitrater
• Surveillance journalière de la GPE :
application, mobilisation
Comment utiliser la
Gastrostomie Percutanée Endoscopique ?
• Rincer à l’eau tiède avant et après utilisation
• Ne pas injecter les médicaments avec l’alimentation
• Obstruction  injection d’eau à 40°C
avec une seringue de 10 ou 20 ml
Livret de recommandations
Matériel de remplacement (1)
• Durée de vie moyenne d’une sonde de GPE : 730 j
(180 - 1.305)
Beau, Nutr. Clin. Metab. 2000
• Organisation du trajet stomial en 2 - 3 mois
• Remplacement de la sonde dans les 6 - 8 h
• Observance des règles d’asepsie
• Urgence posedesonde gastrique oudesonde deFoley
• Risque de dissociation pariéto-gastrique
• Dégonflement ou rupture du ballonnet dans 10 % des cas,
au bout de 3 - 4 mois
Matériel de remplacement (2)
Gastrostomie Percutanée Endoscopique
et autres techniques (1)
• Sonde naso-gastrique :
- en silicone ou polyuréthane, calibre
- inconfortable : reflux gastro-œsophagien, gêne ORL
- la GPE est supérieure en terme d’efficacité nutritionnelle
• Gastrostomie chirurgicale :
- sous anesthésie locale ou générale
- abord par laparoscopie - cœlioscopie
- la GPE est préférable en terme de durée d’hospitalisation,
de mortalité, de morbidité, de coût
Gastrostomie Percutanée Endoscopique
et autres techniques (2)
• Gastrostomie radiologique :
-
pas d’anesthésie
sous échographie
technique Introducer
indiquée si sténose, pathologie ORL
risque infectieux moindre
technique complémentaire de la GPE
CONCLUSION
• La gastrostomie percutanée endoscopique
est la méthode de référence pour la nutrition entérale
de longue durée.
• La GPE est fiable, économique, simple à pratiquer,
bien tolérée.
• L’observance stricte des contre-indications
et des exigences de la procédure est la clé de la réussite
du geste endoscopique.
• Les soins locaux, la surveillance des patients,
les directives pour une utilisation optimale de la GPE
sont les garants de sa bonne tolérance.
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