les médecins d`ARèS92

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L’AP-HP, il y a 18 ans, a fait preuve d’un grand sens de l’innovation et de l’adaptation
lorsque l’épidémie de SIDA menaçait de mettre en péril l’équilibre de l’hôpital.
Pour la première fois, l’hôpital découvrait l’intérêt de travailler en synergie avec les
médecins généralistes. Plutôt que d’opposer le secteur « public » (c'est-à-dire l’hôpital) au
secteur libéral (c'est-à-dire les soins de premiers recours), Les réseaux inventaient de
nouvelles coopérations entre les médecins hospitaliers et les médecins généralistes qui
apprirent ensemble à respecter les spécificités et les compétences de chacun. Les
hospitaliers apportaient leurs connaissances de la maladie, les généralistes apportaient leur
expérience du suivi au long cours des maladies chroniques, les hospitaliers disposaient d’un
plateau technique, les généralistes assuraient la continuité des soins au plus proche des
patients. Les soins primaires et secondaires inventaient une nouvelle organisation en réseau
de santé centré sur le patient.
Considérant à juste titre que ce travail de coordination méritait un salaire, l’AP-HP offrit des
vacations aux médecins généralistes et aux médecins hospitaliers qui s’impliquaient dans ce
travail.
Les usagers saluèrent les progrès dans la prise en charge coordonnée et le succès de ses
nouvelles pratiques entraina au fil des ans, la création d’autres réseaux de santé sur de
nouvelles thématiques.
Dans ces nouveaux réseaux, le temps de coordination (rencontre formelle ou informelle) est
généralement indemnisé pour les praticiens libéraux mais malgré des conventions, l’AP-HP
comme les autres institutions hospitalières rechignent à laisser leurs salariés participer aux
activités du réseau sur leur temps de travail. Ce temps d’échange et de coordination ayant
été oublié lors de l’introduction de la T2A comme grille d’évaluation de l’activité
hospitalière, cette participation des hospitaliers au travail en réseau n’est plus valorisée et
est donc considérée comme « non rentable ».
Paradoxalement, tous les textes officiels depuis 2002 font état de l’importance pour l’hôpital
de travailler en réseau avec «la ville ».
Dans ce contexte, que les médecins généralistes ne soient plus rémunérer par l’AP-HP pour
ce travail de coordination ne me choque pas pourvu qu’il soit indemnisé par les tutelles des
réseaux de santé. Le paiement à l’acte des médecins généralistes qu’ils exercent en centre
de santé ou en libéral, ne permet pas en effet de rémunérer ce travail. La suppression
soudaine des vacations pour les généralistes, sans concertation avec les autorités de tutelle
des réseaux de santé (et donc sans substitution d’une quelconque rémunération), risque de
mettre un coup d’arrêt à la participation des médecins généralistes au travail en réseau.
De plus, si les vacations des généralistes sont supprimées puisque non valorisées par la T2A,
il est probable qu’à court terme toutes les vacations hospitalières, consacrées au travail en
réseau, disparaissent elles aussi.
C’est près de 20 ans de travail d’échange et de coordination qui risquent de disparaitre.
Il est dommage qu’à l’heure où la prise en charge coordonnée autour du patient devient le
maitre mot des politiques de santé, on supprime des crédits à l’hôpital, destinés justement à
financer cette coordination.
Les tutelles seraient bien inspirées de considérer que si elles souhaitent plus de cohérence et
de coordination dans le parcours de soins des patients dans un but d’efficience, il est
indispensable de consacrer des crédits à ce travail de coordination tant à l’hôpital qu’en
soins primaires.
Thierry Mazars
Vice président d'ARES
Président d'AGEKANONIX
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