Cours d’Algèbre I Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 3 21 novembre 2011 Corrigé du Test 1 Exercice 1. (15 points) Déterminer tous les sous-groupes de Z/12Z. Solution. D’après le théorème de Lagrange, un sous-groupe de Z/12Z est de cardinal 1, 2, 3, 4, 6, ou 12. En calculant les ordres des éléments de Z/12Z, et en comparant des cardinaux on peut vérifier à la main que les sous-groupes de Z/12Z sont les ensembles nZ/12Z avec n ∈ N tel que n|12. On va donner une preuve plus générale et demandant moins de calculs. On considère la surjection canonique π : Z −→ Z/12Z. L’application H 7−→ π −1 (H) est une bijection entre les sous-groupes de Z contenant 12Z et les sous-groupes de Z/12Z. On va montrer que les sous-groupes de Z contenant 12Z sont de la forme nZ avec n|12. Ceci implique que les sous-groupes de Z/12Z sont les ensembles nZ/12Z avec n ∈ N tel que n|12. Soit H un sous-groupe non nul de Z. Soit a > 0 le plus petit élement strictement positif de H. Soient b ∈ H un entier positif et r le reste de la division euclidienne de b par a i.e. 0≤r<a et b = qa + r pour un certain q ∈ N. Alors r = b − qa ∈ H et 0 ≤ r < a, donc r = 0 (par définition de a). Ainsi H = aZ. En particulier si 12Z ⊂ H, on a 12 ∈ aZ i.e. a|12. Exercice 2. (25 points) Soit p un nombre premier. (1) Montrer que l’ensemble SL2 (Z/pZ) := M ∈ GL2 (Z/pZ) : det(M ) = 1Z/pZ est un sous-groupe normal de GL2 (Z/pZ). (2) Identifier le quotient GL2 (Z/pZ)/SL2 (Z/pZ). (3) Quel est le cardinal de SL2 (Z/pZ) ? Solution. 2 (1) Le déterminant det : GL2 (Z/pZ) −→ (Z/pZ)× est un homomorphisme de groupe dont le noyau est SL2 (Z/pZ). Par conséquent, SL2 (Z/pZ) est un sous-groupe normal de GL2 (Z/pZ). (2) Le déterminant det : GL2 (Z/pZ) −→ (Z/pZ)× est un homomorphisme surjectif de groupe dont le noyau est SL2 (Z/pZ). D’après le premier théorème d’isomorphisme, on a donc GL2 (Z/pZ)/SL2 (Z/pZ) ' (Z/pZ)× . (3) On commence par rappeler le calcul du cardinal de GL2 (Z/pZ). Une maa b a trice ∈ M2 (Z/pZ) est inversible si et seulement si est un c d c b vecteur colonne non nul et est un vecteur colonne non colinéaire d a a à . S’il est non nul, le vecteur colonne admet exactement p c c vecteurs colonne colinéaires, et donc p2 − p vecteurs non colinéaires. On vient ainsi de montrer que |GL2 (Z/pZ)| = (p2 − 1)(p2 − p) = p(p + 1)(p − 1)2 . D’après la question précédente, on a GL2 (Z/pZ)/SL2 (Z/pZ) ' (Z/pZ)× . On en déduit que |SL2 (Z/pZ)| = p(p + 1)(p − 1)2 |GL2 (Z/pZ)| = = p(p + 1)(p − 1). |(Z/pZ)× | p−1 Exercice 3. (15 points) Soient m, n ≥ 1 deux entiers, et f : (Qm , +) −→ (Qn , +) un homomorphisme de groupe. (1) Montrer que f est une application Q-linéaire. (2) À quelle condition deux espace vectoriels sur Q de dimensions finies sont ils isomorphes ? (3) Montrer que les groupes (Qm , +) et (Qn , +) sont isomorphes en tant que groupes si et seulement si m = n. Solution. (1) On sait que f est compatible aux lois d’additions de Qm et Qn . Soient x ∈ Qm et λ ∈ Q. Soient a, b ∈ Z avec b 6= 0 et λ = a/b. Comme f est un homomorphisme de groupe, une récurrence immédiate montre que, pour tout k ∈ Z et tout y ∈ Qm , on a f (ky) = kf (y). En particulier on a a a bf .x = f b .x = f (ax) = af (x), b b d’où f ab .x = ab .f (x). Ainsi f est compatible avec les lois de multiplication par un scalaire sur Qm et Qn . 3 (2) Deux espaces vectoriels sur Q de dimensions finies sont isomorphes en tant que Q-espaces vectoriels si et seulement si ils ont même dimension. (3) D’après la première question, (Qm , +) et (Qn , +) sont isomorphes en tant que groupes si et seulement si les Q-espaces vectoriels Qm et Qn sont isomorphes. Ainsi, d’après la seconde question, les groupes (Qm , +) et (Qn , +) sont isomorphes en tant que groupes si et seulement si m = n. Attention : Ce résultat est spécifique à Q. Il est faux lorsque l’on remplace Q par un corps quelconque. Un contre exemple s’obtient en considérant R(T ), le sous-groupe du groupe des fonctions réelles engendré par les fractions rationelles (i.e. les quotients de fonctions polynômiales ; la loi de groupe est l’addition des fonctions). On peut montrer que l’application R(T ) × R(T ) −→ R(T ) 2 (P, Q) 7−→ P (T ) + T Q(T 2 ) est un isomorphisme de groupe. La preuve de cette affirmation ne sera pas donné dans ce texte. Elle utilise le fait qu’une fonction à la fois paire et impaire est nulle. Exercice 4. (20 points) Soit H un sous-groupe d’un groupe G. On note \ MH := gHg −1 . g∈G (1) Montrer que MH est un sous-groupe normal dans G. (2) Montrer que tout sous-groupe K de H normal dans G est contenu dans MH . En déduire que MH est le plus grand sous-groupe de H normal dans G. (3) Donner un exemple de sous-groupe H1 d’un groupe G1 tel que MH1 = H1 . (4) Donner un exemple de sous-groupe H2 6= {1G2 } d’un groupe G2 tel que MH2 = {1G2 }. Solution. (1) Soient g ∈ G et h1 , h2 ∈ H. Alors gh1 g −1 gh2 g −1 = g(h1 h2 )g −1 . En particulier, comme H est un sous-groupe de G, l’ensemble gHg −1 est un sous-groupe de G. Une intersection de sous-groupes de G est un sousgroupe de G. Par conséquent, MH est un groupe. Soient h ∈ MH et g ∈ G. Par définition de MH , pour tout g 0 ∈ G, il existe hg0 ∈ H tel que h = g 0 hg0 g 0−1 . En particulier, pour tout g 0 ∈ G, on a ghg −1 = g 0 g 0−1 ghg −1 g 0 g 0−1 = g 0 hg−1 g0 g 0−1 ∈ g 0 Hg 0−1 . 4 Par suite, on a bien ghg −1 ∈ H. Le sous-groupe MH est donc normal. (2) Soit K un sous-groupe de H normal dans G. Pour tout g ∈ G, on a K = gKg −1 ⊂ gHg −1 , d’où K ⊂ MH . D’après la question précédente, MH est lui-même un groupe normal. Le groupe MH est donc bien le plus grand sous-groupe de H normal dans G. (3) Si H1 est normal dans G1 alors MH1 = H1 . On choisit G1 = Z/4Z et H1 = 2Z/4Z. (4) On pose G2 := S3 . Le groupe H2 engendré par (1 2) n’est pas normal. Les seuls sous-groupes de H2 sont {Id} et H2 . On a donc MH2 = {Id}. Exercice 5. (20 points) (1) Donner la liste des homomorphismes de groupes f : Z/45Z −→ S4 ? (2) Donner la liste des homomorphismes de groupes g : S4 −→ Z/45Z ? Indication : Que peut on dire sur les noyaux de tels homomorphismes de groupes f : Z/45Z −→ S4 et g : S4 −→ Z/45Z ? Solution. (1) Soit f : Z/45Z −→ S4 un homomorphisme de groupe. Comme Z/45Z est cyclique (et engendré par la classe 1 mod 45 de 1 modulo 45), l’homomorphisme f est entièrement déterminé par f (1 mod 45). D’après le théorème de lagrange, l’indice de ker(f ) dans Z/45Z divise 45. D’après le premier théorème d’isomorphisme, et le théorème de Lagrange, l’indice de ker(f ) dans Z/45Z est aussi un diviseur de |S4 | = 24. Or pgcd(45, 24) = 3, donc l’indice de ker(f ) dans Z/45Z est 3. Par suite, f (1 mod 45) est d’ordre 1 ou 3. Les homomorphismes f : Z/45Z −→ S4 sont donc soit l’homomorphisme trivial soit fσ : Z/45Z −→ S4 k mod 45 7−→ σ k avec σ ∈ S4 un 3-cycle. (2) Soit g : S4 −→ Z/45Z un homomorphisme de groupe. Une transposition étant d’ordre 2, l’image par g d’une transposition est 1 ou 2. D’après le théorème de Lagrange, Z/45Z n’a aucun élément d’ordre 2. Par conséquent toutes les transpositions appartiennent à ker(g). Or S4 est engendré par les transpositions, donc ker(f ) = S4 . Exercice 6. (5 points) Soit G un groupe. Montrer l’existence d’un homomorphisme injectif de groupe f : G −→ S(G) (où S(G) désigne le groupe des bijections de G). 5 Solution. Il suffit de remarquer que l’application fσ : G −→ S(G) G −→ G g 7−→ h 7−→ gh est un homomorphisme de groupe injectif.