Structuralisme Un article de Wikipédia, l`encyclopédie libre. Le

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Structuralisme
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Le structuralisme est un courant des sciences humaines qui s'inspire du modèle linguistique
et appréhende la réalité sociale comme un ensemble formel de relations.
Sommaire
Origine [modifier]
Le terme de structuralisme trouve son origine dans le Cours de linguistique générale de
Ferdinand de Saussure (1916), qui propose d'appréhender toute langue comme un système
dans lequel chacun des éléments n'est définissable que par les relations d'équivalence ou
d'opposition qu'il entretient avec les autres, cet ensemble de relations formant la structure.
Définitions premières [modifier]
Définition de la structure [modifier]
Une structure est « une entité de dépendances internes » (Hjelmslev[1]). La structure s'oppose
ainsi à l'atome (au sens linguistique), qui n'entre dans aucune relation de dépendance avec un
autre atome.
Le terme apparaît dans les Travaux du Cercle linguistique de Prague, I, Prague, 1929 :
Roman Jakobson, S. Karcevsky et N. Troubetzkoy y préconisent pour la linguistique « une
méthode propre à permettre de découvrir les lois de structure des systèmes linguistiques et de
l'évolution de ceux-ci ».
Définition du structuralisme [modifier]
D'après Émile Benveniste s'appuyant sur les travaux de Saussure et du Cercle de Prague
auxquels il fait largement référence[2], le structuralisme est l'hypothèse selon laquelle on peut
étudier une langue en tant que structure.
Cette hypothèse est justifiée par le fait que le système de la langue est « relatif » et
« oppositif » (Saussure). Chaque élément n'existe que par sa relation et son opposition à
d'autres éléments.
Par exemple, [bu] et [vu] (bout et vous) sont deux mots différents en français parce que [v]
s'oppose à [b]. Mais en espagnol, cette opposition n'existe pas, [v] et [b] étant un seul et
même phonème. On voit dès lors que « le contenu sensoriel de tels éléments phonologiques
est moins essentiel que leur relation réciproque au sein du système »[3].
Fondateurs du structuralisme en linguistique [modifier]
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Ferdinand de Saussure (précurseur)
Jan Niecisław Baudouin de Courtenay (précurseur)
Le Cercle de Prague (inventeurs du mot) :
o Roman Jakobson en phonologie
o S. Karcevsky
o Nicolaï Troubetzkoy
o Mathesius
o Havranek
Louis Hjelmslev et Algirdas Julien Greimas en sémiotique ;
Extensions ultérieures de la définition du structuralisme
[modifier]
Le structuralisme, à l'origine hypothèse linguistique, a donné son nom à plusieurs courants de
pensées dans des disciplines qui n'ont rien à voir avec la linguistique. Aujourd'hui le terme est
très répandu et sa définition varie d'une discipline à l'autre.
D'une manière générale, la structure possède une organisation logique mais implicite, un
fondement objectif en deçà de la conscience et de la pensée. En effet, tout structuralisme
repose sur un double statut des structures, à la fois irréel (comme forme abstraite
d'organisation) et réel (comme réalisation concrète). Par conséquent, le structuralisme vise à
mettre en évidence ces structures inconscientes par la compréhension et l'explication de leurs
réalisations sensibles.
Hors de la linguistique, les principaux auteurs et penseurs structuralistes sont :
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Claude Lévi-Strauss en anthropologie ;
Jean-Pierre Vernant en histoire des religions;
Brentano dès le début du XXe siècle dans le structuralisme phénoménologique et
gestaltiste (suivi de Stumpf, Meinong, Ehrenfels, Husserl, Wertheimer...) ;
René Thom en théorie des catastrophes ;
Roland Barthes pour la sémiologie française;
Louis Althusser, un philosophe marxiste qui reprend le problème de l'interprétation du
marxisme ;
le psychanalyste Jacques Lacan.
Les principaux auteurs et penseurs post-structuralistes sont : Michel Foucault, un philosophe
qui renouvelle l'épistémologie, le philosophe Jacques Derrida et le sociologue Pierre
Bourdieu.
Théorie [modifier]
Pour les structuralistes, les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui sont
le plus souvent inconscientes. Ainsi, l'organisation sociale génère certaines pratiques et
certaines croyances propres aux individus qui en dépendent.
Cette théorie s'appuie sur la linguistique, Ferdinand de Saussure ayant montré que toute
langue constitue un système au sein duquel les signes se combinent et évoluent d'une façon
qui s'impose à ceux qui la manient.
S'inspirant de cette méthode, le structuralisme cherche à expliquer un phénomène à partir de
la place qu'il occupe dans un système, suivant des lois d'association et de dissociation
(supposées immuables) :
« Si l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces
formes sont fondamentalement les mêmes pour tous les esprits, anciens et modernes, primitifs
et civilisés, comme l'étude de la fonction symbolique, il faut et il suffit d'atteindre la structure
inconsciente, sous jacente à chaque institution et à chaque coutume, pour obtenir un principe
d'interprétation valide pour d'autres institutions et d'autres coutumes. »
— (Claude Lévi-Strauss)
Critiques [modifier]
Après avoir joui d'une position institutionnellement dominante et d'une presque unanimité
dans le milieu universitaire français, le prestige de l'anthropologie structurale s'effrite
régulièrement depuis la fin des années 80 et, avec elle, l'ethnologie et l'anthropologie
françaises, coupées de leur héritage maussien (voir Marcel Mauss) ainsi que des importants
développements qu'ont connu ces disciplines ailleurs et notamment en Angleterre et aux
États-Unis depuis le milieu des années 80.
Selon ses critiques, le structuralisme se serait depuis le début dérobé aux règles les plus
élémentaires de la pratique scientifique en érigeant ses hypothèses de départ (la généralisation
du modèle linguistique saussurien à l'ensemble des domaines de l'existence sociale,
l'inconscient structural, son universalité) en dogmes que la recherche structuraliste ultérieure
ne mettrait plus en question.
Plus gravement encore, la théorie structuraliste de Lévi-Strauss serait, selon Robert Jaulin,
entachée d'un ethnocentrisme élémentaire car elle reproduirait le schème prophétique du
monothéisme : ce ne serait plus un Dieu unique qui régirait le destin de l'humanité mais bien
plutôt un "Inconscient Structural", toujours le même derrière la diversité apparente mais, pour
l'essentiel, illusoire des cultures. Celles-ci, ainsi que les personnes et les groupes humains, ne
seraient que des pantins, et leurs mythes et leurs systèmes de parenté, des gloses cryptées du
Verbe Immuable des Structures de l'Inconscient dont seule l'illumination structuraliste
détiendrait les clés.
Pour Jean Piaget[4], le structuralisme "est bien une méthode et non pas une doctrine" et "le
danger permanent qui menace le structuralisme (...) est le réalisme de la structure sur lequel
on débouche sitôt que l'on oublie ses attaches avec les opérations dont elle est issue". Car
pour lui "il n'existe pas de structure sans une construction, ou abstraite ou génétique", ce qui
est d'ailleurs le point de vue constructiviste.
Ouverture [modifier]
Le structuralisme est l'une des sources de la systémique, une science apparue dans les années
1950 qui considère ces objets d'études selon un approche globale (ou holiste). C'est
historiquement la plus ancienne de ces composantes directes, parmi lesquels on peut citer la
cybernétique ou encore la Théorie du système général.
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