Télécharger le poster

publicité
Obstacle biliaire
pédiatrique :
15 cas inhabituels
H. Moumou et R. Dafiri
HÔPITAL D’ENFANTS-MATERNITE
RABAT-MAROC
INTRODUCTION

Contrairement à l’adulte les obstructions biliaires sont peu
fréquentes parmi la population pédiatrique. Leurs causes restent
dominées par les étiologies malformatives.

Certains obstacles sont inhabituels et méritent d’être connus .

L’objectif de notre travail est de rapporter des étiologies rares
d’obstacle biliaire chez l’enfant en insistant sur l’apport de
l’imagerie pour établir le diagnostic d’obstruction, préciser le
siège, évoquer la nature et évaluer l’extension
MATERIELS ET PATIENTS





Étude rétrospective étendue sur une période de 5 ans [2005,
2010].
15 cas: 9 F / 6G.
Age moyen des patients : 7 ans.
Symptomatologie clinique : dominée par l’ictère et les
douleurs épigastriques.
Imagerie :
 Échographie et TDM abdominales : 15 cas
 Bili-IRM : 3 cas
ETIOLOGIE
NOMBRE DE CAS
Lymphome duodénal
4
Sarcome histiocytique duodénal
1
Tumeur pancréatique pseudopapillaire et solide
1
Rhabdomyosarcome des voies biliaires
1
Hémobilie sur maladie de Caroli
1
kyste hydatique rompu dans les voies biliaires
2
Ascaridiose biliaire
1
granulome inflammatoire postopératoire chez un
drépanocytaire
1
Cholangite sclérosante
2
Cholangite et sida
1

Les cholestases obstructives sont peu fréquentes chez l’enfant.

Leurs causes sont variées mais restent dominées par les étiologies
malformatives.

Les obstructions parasitaires, par cholangite sclérosante ,ou par
lésion tumorale biliaire, pancréatique ou digestive restent
inhabituelles et font état de peu publications.

Le lymphome digestif touche préférentiellement l’iléon terminal .

L’atteinte duodénale est extrêmement rare en raison de la pauvreté
de ce segment digestif en tissu lymphoïde.

L’atteinte est souvent secondaire, rarement primitive .

L’âge de survenue : six et sept ans.

Type histologique dominant : lymphome de Burkitt.
Imagerie:
 Le développement de la masse tumorale lymphomateuse peut être endoou exoluminal. La présence d’une atteinte ganglionnaire ou d’une
localisation viscérale notamment rénale, hépatique ou splénique associée
est très évocatrice.
 A l’échographie, on retrouve un épaississement digestif généralement
régulier, circonférentiel, hypoéchogène, homogène et vascularisé au
Doppler.
 Au scanner, la lésion apparaît légèrement hypodense, sans infiltration de
la graisse péri-duodénale. Elle est centrée par la lumière digestive ce qui
permet d’écarter les autres pathologies pouvant se développer au niveau
de la région et qui entraine un aspect plutôt refoulé de la lumière
digestive: ADPs péri-pancréatiques, rhabdomyosarcome des voies
biliaires, tumeur de la tête du pancréas. La TDM précise mieux que
l’échographie la topographie et l’extension lésionnelle et permet de
réaliser des ponctions biopsies à but diagnostic en l’absence
d’adénopathies périphériques facilement accessibles.
 À l’IRM, la lésion est hypo-intense en pondération T1 et légèrement
hyperintense en pondération T2.
 Le rehaussement après injection de produit de contraste est le plus
souvent modéré tant en IRM qu'en TDM.
Fille de 7 ans
Volumineux processus tumoral du carrefour duodénopancréatique responsable d’une dilatation de l’ensemble
des VB et du Wirsung avec ascite associée.
wirsung
LMNH primitif de type
Burkit
Fille de 10 ans
Épaississement pariétal duodénal tissulaire centré par la lumière digestive responsable de
dilatation des VBIH et VBEH
LMNH primitif de type Burkitt
Fille de six ans

Il s’agit d’une tumeur hématologique maligne rare (moins de 1% des
lymphomes non-hodgkiniens) intéressant souvent les chaines
ganglionnaires, le tissu cutané et moins fréquemment le tractus gastrointestinal.

Au niveau de l’intestin grêle, il siège préférentiellement au niveau de
l’iléon terminal. La localisation duodénale est exceptionnelle.

TDM et IRM sont les examens de choix pour le diagnostic et le bilan
d'extension du sarcome histiocytaire. Cette tumeur se présente comme
une processus solide polypoïde, bien limité, hypodense homogène, se
rehaussant modérément après injection de produit de contraste. On ne
retrouve pas d’infiltration de la graisse périlésionnelle ni d’
envahissement des organes de voisinage à la différence de
l’adénocarcinome. L’absence de volumineuses adénopathies ou d’autres
localisations écarte le diagnostic de lymphome. Parfois la tumeur est
ulcérante et peut entraîner des perforations fatales.
Échographie abdominale:
Dilatation en patte d’araignée des VBIH associée à une
importante dilatation du Wirsung en amont d’un processus
tissulaire duodénal hétérogène (flèche)
Wirsung
VBIH
Bili-IRM: dilatation
bicanalaire et des VBIH
TDM C+:Processus tissulaire du
confluent duodéno-pancréatique
avec dilatation du wirsung (flèche)

Les tumeurs solides et pseudo papillaires (TSPP) constituent une entité
anatomo-clinique rare représentant uniquement 0,3 à 2,7% des tumeurs
pancréatiques.

Ce sont des tumeurs bénignes qui peuvent cependant dégénérer dans 15 %
des cas.

Elles concernent principalement la femme jeune entre 25 à 30 ans; les
observations pédiatriques sont exceptionnelles.

La symptomatologie clinique est aspécifique.

Les examens biologiques standards sont normaux.

Le pronostic est réputé bon après exérèse chirurgicale
Imagerie:

Echographie:


Forme classique: masse pancréatique souvent volumineuse (5 à 15 cm), à contour bien
circonscrit, d’échostructure mixte (solide et liquide).
Dans certains cas la masse apparaît purement solide ou liquidienne cloisonnée.

Scanner:
 Masse intra- pancréatique, hypodense, parfois hétérogène (hémorragie intra
lésionnelle) à limites nettes.

La présence de calcifications généralement périphérique est observée dans un 1/3 des
cas.
 Après injection de PC , Le rehaussement est habituellement faible et hétérogène au
centre de la lésion et tardif au niveau de la capsule fibreuse

IRM et Bili-IRM :



Masse tissulaire de signal intermédiare en T1,en hypersignalT2 ,bien délimitée par une
capsule fibreuse en hyposignal sur toutes les séquences.
Le rehaussement lésionnel est habituellement peu intense.
La Bili-IRM permet de mieux étudier le retentissement bilio-pancréatique.
Fille de 13 ans
TDM C+: Processus
tissulaire de la tête
Pancréatique hétérogène.
Écho: Masse de la tête
pancréatique bien limitée
échogène hétérogène peu
vascularisée au doppler
couleur.
IRM: processus tumoral de
la tête du pancréas bien
limité par une capsule, de
signal intermédiaire en T1,
et T2, se rehaussant
modérément après
injection du gadolinium,
dilatant les voies biliaires
et le canal de Wirsung.
bili-IRM
T1
T2
T1 après injection
Tumeur pseudopapillaire et solide du pancréas

Les rhabdomyosarcomes (RMS) sont les tumeurs les plus fréquentes
des sarcomes des tissus mous chez l’enfant.

La localisation biliaire est extrêmement rare. Elle représente 1 % de
l’ensemble des RMS de l’enfant et 0,04 % des cancers pédiatriques .

Les anti-corps anti-desmine et anti-actine musculaires (HHF35) sont
les marqueurs tumoraux les plus sensibles pour l’étude immunohistochimique.

L’âge moyen de survenu est de 3 ans avec une discrète prédominance
masculine

la plupart des RMS biliaire sont de type botryoïde .

Le pronostic reste très mauvais.

Imagerie :
 le RMS peut être intra ou extra hépatique .
 Quand il est à point de départ hilaire la présentation est évocatrice
avec dilatation des voies biliaires intrahépatiques en amont d’une
masse intra-luminale
irrégulière hypoéchogène et hypodense,
hétérogène, se rehaussant faiblement après injection de PC.
 L’imagerie participe au bilan d’opérabilité en étudiant l’état des
éléments vasculaires et la présence d’éventuelles
lésions
métastatiques.

Le diagnostic est histologique .
Garçon de 4 ans
Masse tissulaire de la plaque hilaire
obstructive échogène et isodense fortement
rehaussé par le PC
Rhabdomyosarcome biliaire



La rupture du KH dans les voies biliaires est la complication la
plus fréquente (25 à75%) et la plus grave de l’hydatidose
hépatique.
Ce sont surtout les KH du foie droit qui exposent à ce type de
complications.
La rupture du KH et l’écoulement de son contenu dans les voies
biliaires évolue en plusieurs stades:
 stade de compression : par augmentation du volume du kyste
 stade de fissuration
 stade d’ouverture et de rupture dans les voies biliaires

Intérêt de l’imagerie:
Reconnaître le KH qui devient flasque par perte de tonicité et
dont le contenu apparaît remanié et hétérogène. La TDM
permet de retrouver parfois un niveau graisse-liquide dans le
kyste hydatique avec image de membrane flottante.
 Visualiser la communication kysto-biliaire sous forme d’une
interruption de la paroi kystique à proximité d’un canal biliaire
dilaté.
 Mettre en évidence la présence de débris hydatiques en intra
luminal à l’origine d’une dilatation des voies biliaires intra et/
ou extra hépatique d’ amont.
 L’IRM permet en cas de doute diagnostic d’identifier le matériel
biliaire endoluminal par bili-IRM.

Présence au niveau de la VBP dilatée d’un matériel endoluminal echogène sans cône d’ombre et
individualisation d’une communication entre la VBP et le KHF dont l’aspect est non tendu.
Kyste hydatique
rompu dans les
voies biliaires
KHF à paroi calcifiée et flasque présentant une communication kysto-biliaire avec
dilatation du canal biliaire ( flèche)

L’ascaridiose bilio-pancréatique est la plus fréquente des
localisations extra intestinales .

Elle est secondaire à la migration de l’ascaris dans les canaux
bilio-pancréatiques au travers de la papille .

La migration du parasite peut se faire en intra-cholédocien,au
niveau des voies biliaires intra hépatiques, dans le canal
pancréatique ou dans la vésicule biliaire .

La pathologie à une prédominance féminine.

L’imagerie permet:
 la visualisation directe du parasite qui réalise une image
caractéristique intra-luminale mobile prenant un aspect en rail
ou en rouleau selon que le plan de coupe échographique est
longitudinal ou axial. Le parasite est
hyperéchogène,
spontanément hyperdense, en iso ou hyposignal sur les
séquences pondérées T1 et en hyposignal T2. Il peut être unique
ou multiple aboutissant parfois à un véritable empierrement
canalaire .
 La localisation du parasite qui constitue un élément essentiel
pour le choix thérapeutique notamment pour prévoir
l’accessibilité au traitement endoscopique
 Rechercher d’autres complications : abcès hépatiques,
pancréatite acaridienne biliaires, angiocholite, cholécystite.
Matériel hyperéchogène au sein de la
VBP qui est dilatée associé à un
épaississement de la paroi de la
vésicule biliaire.
Ascaridiose biliaire avec
cholécystite associée

La sténose post-opératoire de la voie biliaire principale a augmenté depuis
l’introduction des techniques endoscopiques qui exposent à un risque accru de
plaie des canaux excréteurs.

L'intervalle entre l'intervention chirurgicale initiale et le développement des
sténoses post-opératoires est très variable selon les séries, pouvant aller de
quelques jours ou quelques mois à une vingtaine d'années.

La sténose est souvent asymptomatique. Rarement responsable du syndrome
post-cholécystectomie associant des douleurs abdominales mimant des crises
de colique hépatique et un ictère choléstatique plus ou moins fluctuant.

Les données de l'échographie hépato-bilio-pancréatique à la recherche d'une
dilatation des voies biliaires intra et/ou extra-hépatiques sont complétées par
la bili-IRM qui constitue l’examen de référence le diagnostic du siège et du
type de la sténose.
Coupe
coronale Bili
IRM
Coupe
sagittale
Les sténoses biliaires post-cholécystectomie sont classées
en 5 types selon la classification de Bismuth:
 Type 1 : sténose basse pédiculaire sur la voie biliaire
principale située à plus de 2 cm de la convergence biliaire.
Type 2 : sténose moyenne sous- hilaire à moins de 2 cm
de la convergence
Type 3 : sténose haute, hilaire au niveau de la
convergence
Type 4 est une sténose entreprenant la convergence
biliaire supérieure à canaux rapprochés ou séparés
Type 5 est une sténose entreprenant la voie biliaire
principale et une convergence biliaire droite étagée.
Sténose biliaire post-opératoire type 1 (selon Bismuth)
avec discréte dilatation d’amont des voies bilaires chez un
patient drépanocytaire cholécystectomisé.

Est caractérisée par une atteinte inflammatoire et fibrosante des voies biliares intra et
/ou extra hépatique .

Elle peut être secondaire ou primitive. Elle est souvent associée à des maladies extra
hépatiques notamment les maladies inflammatoires intestinale(RCH) plus rarement des
maladies dysimmunitaires .

La pathogénie de cette affection reste mystérieuse. Des mécanismes immunologiques et
non immunologiques (infectieux, toxique, ischémique, génétique ) ont été avancées .

C’est une maladie du sujet jeune (<40ans) qui peut toucher l’enfant mais sa prévalence
parmi la population pédiatrique n’est pas connue .

L’imagerie de la cholangite sclérosante est basée sur la cholangio-IRM .Les
performances de cet examen varie selon que la maladie est débutante ou évoluée. Selon
certaines études la sensibilité voisine 88%-90% et la spécificité 91%-97% dans les cas
avancées de la maladie.

Évolution:

Elle se fait habituellement vers l’aggravation avec apparition de cirrhose biliaire
secondaire et d’ insuffisance hépatocellulaire.

La survenue d’un cholangiocarcinome est observée dans 10%-15% des cas
Etiologies Cholangites sclérosantes
11

Les éléments suggestifs du diagnostic de la CS sont:
 Les sténoses segmentaires et circonférentielles des voies biliaires intéressant
souvent des voies biliaires intra hépatiques périphériques à distance du hile.
 Les sténoses diffuses , étendues et longues généralement peu marquées
donnant un aspect caractéristique en chapelet par alternance de sténoses et de
dilatations d’amont.
 Irrégularités et épaississements des parois avec rehaussement après injection
de produit de contraste
 Anomalies de signal et de rehaussement du parenchyme hépatique.

Le diagnostic différentiel da la CS se pose avec :
 le cholangiocarcinome : en l’absence de masse tumorale la distinction peu être
impossible
 les anomalies congénitales ou acquises des voies biliaires.
 les infiltrations hépatiques (lymphomateuse, granulomateuse ) en cas de CS
purement intra hépatique

L’ histiocytose langerhansienne est une maladie rare qui touche surtout le jeune enfant.

La cholangite sclérosante est une complication classique observée dans 10 à 25 % des cas
principalement dans les formes multiviscérales. Elle survient préférentiellement chez
des enfants de moins de 3 ans en moyenne et généralement 2 ans après le diagnostic de
l’histiocytose.
Échographie
abdominale
mettant en
évidence un
épaississment
pariétal des voies
biliaires

La cholangite au cours du sida constitue
une entité particulière.

Clinique: douleurs biliaires
intenses avec fébricule.

Cholestase biologique.

Aspect typique à l’imagerie:
souvent

Epaississement irrégulier et crénelé
des voies biliaires.

Cholécystite alithiasique.

Dilatation importante de la VBP en
amont d’une sténose papillaire
(Oddite) contrastant avec une
dilatation modérée des VBIH.
Echographie : coupe dans l’axe de la VBP dont les
parois sont épaissies et échogènes (flèche)
Voies biliaires dilatée à contenu échogène
•
La maladie de Caroli est une entité rare
avec
dilatation
congénitale
non
obstructive des voies biliaires intrahépatique.
•
La survenue d’hémobilie au décours
d’un traumatisme est une complication
exceptionnelle de cette pathologie.
•
A notre connaissance, aucun cas dans la
littérature n’a été rapporté.
•
L’imagerie met en évidence un matériel
intraluminale échogène, spontanément
hyperdense et en hypersignal en T1 et
T2.
Contrôle échographique objectivant le contenu
intraluminal redevenu anéchogène.
CONCLUSION
•
L’ictère obstructif est un motif de consultation fréquent
en pédiatrie.
•
A côté des causes d’obstruction communes de type
malformatif, certaines étiologies sont inhabituelles et
méritent d’être connues afin de pouvoir les évoquer et
orienter ainsi le chirurgien dans sa prise en charge
thérapeutique.
Téléchargement