Université Claude Bernard LYON 1 Préparation à l'agrégation de Mathématiques Racines de polynômes modulo p Michel CRETIN Lemme 1 Soit f ∈ Z[X] un polynôme non constant de degré n ; il existe une innité de nombres premiers p tels que f ∈ Fp [X] ait une racine dans Fp O On peut supposer que a0 = f (0) 6= 0. Si f = an X n + · · · = a1 X + a0 on a f (a0 X) = an0 X n + · · · + a0 a1 X + a0 = a0 (a0n−1 X n + · · · + a1 X + 1) de sorte que l'on peut supposer que f (0) = 1. Supposons qu'il n'existe qu'un nombre ni d'entiers premiers ayant la propriété voulue et soit M leur produit. Le polynôme g = f (M X) ∈ Z[X] étant non constant, il existe x ∈ Z tel que g(x) 6∈ {0, 1, −1}. (l'ensemble des k ∈ Z tels que g(k) = 0, g(k) = 1 ou g(k) = −1 est ni puisque chacun des polynômes g , g − 1 et g + 1 n'a qu'un nombre ni de racines). Il existe donc un entier premier l tel que l|g(x) de sorte que M x est une racine de f modulo l. On a donc l|M mais alors f (M x) = M n xn + · · · + M x + 1 ≡ 1 mod l ce qui est contradictoire. M. Corollaire 1 Considérons le polynôme cyclotomique Φn . Il existe une innité d'entiers premiers p tels que Φn ∈ Fp [X] soit scindé. Soit n ≥ 2 un entier ; la progression arithmétique {kn + 1 / k ∈ N} contient une innité d'entiers premiers (théorème de Dirichlet faible) O Or Φn se décompose en un produit de ϕ(n) de facteurs irréductibles de degré m où m est m l'ordre de p dans le groupe (Z/Zn)× . Ainsi Φn est scindé si et seulement si m = 1. Comme tous les facteurs irréductibles ont le même degré m, cela équivaut à ce que Φn ait une racine dans mathbbFp . Enn, la condition m = 1 est équivalente à p ≡ 1 mod n. M. La propriété précédente des polynômes cyclotomique s'étend à tous les polynômes unitaires et irréductibles à coecients entiers. Proposition 1 Soit f ∈ Z[X] un polynôme unitaire, irréductible de degré n ; il existe une innité de nombres premiers p tels que f ∈ Fp [X] soit scindé dans Fp [X]. O Soit K = Q[x1 , · · · , xn ] un corps de décomposition de f et considérons le sous-anneau A = Z[x1 , · · · , xn ] de K . Il existe alors z ∈ A tel que K = Q[z] et il existe un entier d ≥ 1 tel que dxi ∈ Z[z] pour 1 ≤ i ≤ n. Enn soit P = pz,Q le polynôme minimal de z ; on a P ∈ Z[X]. Soit S l'ensemble des entiers premiers p > d tels que f ∈ Fp [X] soit séparable et que P ∈ Fp [X] ait une racine dans Fp . L'ensemble S est inni. Soient p ∈ S et ζ ∈ Fp une racine de P ; il existe alors un unique homomorphisme d'anneaux : ϕ : Z[z] −→ Fp tel que ϕ(z) = ζ Puisque d 6= 0 dans Fp , ϕ se prolonge de manière unique en un morphisme : 1 ϕ : Z[ ][z] −→ Fp d On a ainsi le diagramme commutatif : ϕ Z[z] j / Fp = ϕ 1 Z[ ][z] d 1 d Pour 1 ≤ i ≤ n, on a xi ∈ Z[ ][z] ⊂ K et f (xi ) = 0 de sorte que : ϕ(f (xi )) = f (ϕ(xi )) = 0 Ainsi les ϕ(xi ) pour 1 ≤ i ≤ n sont des racines de f dans Fp . Supposons que l'on ait ϕ(xi ) = ϕ(xj ) ie. ϕ(xi − xj ) = 0 avec i 6= j ; on a ainsi xi − xj ∈ Ker(ϕ) de sorte que : discrimX (f ) ∈ Z ∩ Ker(ϕ) = Zp Alors p|discrimX (f ) ce qui contredit la séparabilité de f ∈ Fp [X]. Ainsi les ϕ(xi ) pour 1 ≤ i ≤ n sont les racines de f dans Fp de sorte que f est scindé. M.