pneumothorax (item 276) - objectifs pour l`enseignement

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PNEUMOTHORAX (ITEM 276) - OBJECTIFS POUR L'ENSEIGNEMENT
L'étudiant doit être capable de:
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
exposer les principales notions d’anatomie concernant la plèvre
décrire la principale fonction de la plèvre dans la mécanique ventilatoire
exposer les principales fonctions des cellules pleurales
exposer les caractéristiques physiopathologiques et épidémiologiques des pneumothorax
exposer les éléments du diagnostic positif d’un pneumothorax
exposer les éléments intervenant dans la gravité potentielle des pneumothorax
exposer les principes thérapeutiques et leurs principales justifications
exposer les éléments du bilan para-clinique d’un pneumothorax et leurs justifications
RESUME
Le pneumothorax représente une pathologie fréquente en médecine d’urgence. Les lésions emphysémateuses
participent à la physiopathologie des pneumothorax spontanés idiopathiques (PSP) et le tabagisme est
clairement un facteur de risque. La nécessité d’évacuer l’air de la cavité pleurale dépend de l’importance du
pneumothorax et de sa tolérance clinique. Le drainage systématique avec mise du drain en aspiration peut
efficacement être remplacée par une approche moins traumatique (exsufflation à l’aiguille et en cas d’échec
drain de tout petit calibre connecté à une valve anti-retour) conduisant moins de la moitié des patients souffrant
de PSP à être hospitalisés. A l’inverse des PSP l’évacuation de l’air dans les pneumothorax survenant sur
poumon pathologique repose sur la mise en place d’un drain thoracique car l’exsufflation simple à l’aiguille a un
taux de succès beaucoup plus faible. La pleurodèse a pour but de prévenir les récidives (environ 30% des PSP)
et fait appel au poudrage au talc à l’abrasion pleurale ou à la pleurectomie.
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE
La plèvre est un fin feuillet tapissant le poumon (plèvre viscérale), la paroi thoracique, le diaphragme et le
médiastin (plèvre pariétale). La cavité pleurale (cavité virtuelle) a pour principale fonction de distribuer de façon
homogène les forces mécaniques à la surface du poumon. Elle transmet et répartit les pressions négatives intrathoraciques au cours de l’inspiration et s’oppose au collapsus alvéolaire et bronchiolaire.
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Les cellules de la cavité pleurale (cellules mésothéliales: couche mono-cellulaire à la surface des feuillets
pleuraux pariétaux et viscéraux):
•
assurent une fonction de glissement entre le poumon et la paroi thoracique
•
participent à la réponse aux agressions infectieuses, inflammatoires et/ou tumorales et à la réponse à des
particules inhalées
•
recrutent des cellules immuno-compétentes ;
•
régulent l’équilibre coagulation, fibrinolyse intra-pleurale et participent au drainage des produits de
dégradation lors des processus de réparation de la plèvre (pleurésie purulente par exemple).
A l'état physiologique, le liquide pleural (production de 5-20 cc/j) permet le glissement des deux feuillets
pleuraux l’un sur l’autre. Il est essentiellement sécrété par la plèvre pariétale et il est en permanence résorbé par
les “stomas” lymphatiques situés entre les cellules mésothéliales de la plèvre pariétale et médiastinale.
C’est le déséquilibre sécrétion/réabsorption du liquide qui donne naissance à la pleurésie.
DEFINITION ET EPIDEMIOLOGIE
Le pneumothorax est défini par l’entrée d’air dans l’espace pleural soit au travers d’une brèche dans la plèvre
viscérale, soit au travers d’une brèche dans la plèvre pariétale. L’entrée d’air dans l’espace pleural via la plèvre
viscérale résulte soit de la rupture d’alvéoles périphériques, de blebs, ou de bulles d’emphysème. Plus
rarement, il peut s’agir de la rupture de processus nécrosant du parenchyme pulmonaire. Le pneumothorax
représente une pathologie fréquente en médecine d’urgence. L’incidence du pneumothorax spontané primaire
par exemple est estimée à 7.4 - 18 .105 / an pour les homes et à 1.2 - 6 .105 / an pour les femmes. L’incidence du
pneumothorax secondaire quant à elle, est de l’ordre de 26/100000. Malgré la grande prévalence de cette
pathologie d’urgence, les grandes études randomisées sont rares. Même si des recommandations
internationales ont été publiées on constate en pratique de larges variations de prise en charge d’un centre à
l’autre (1-3). Les principales options thérapeutiques et les controverses actuelles sont discutées ici.
FORMES ETIOLOGIQUES
Pneumothorax spontané primaire (PSP)
Le PSP, encore appelé pneumothorax idiopathique concerne le plus souvent le plus souvent des sujets jeunes
(20 à 40 ans) et longilignes. Le tabagisme est clairement un facteur de risque (dose dépendant), multipliant le
risque de PSP par un facteur 9 chez la femme et un facteur 22 chez l’homme. D’autres facteurs de risque sont
évoqués : importantes variations de la pression atmosphérique, temps orageux, cycle lunaire et l’exposition à
des sons intenses répétés et à basses fréquences (musique techno). Certaines formes familiales de
pneumothorax spontanés sont décrites et associés à des mutations génétiques identifiées. Des lésions de type
emphysème, appelées « emphysema like changes » (ELC) par les anglosaxons, en pratique des blebs ou des
bulles d’emphysème, prédominant aux sommets, bilatérales sont très souvent retrouvées. L’inflammation des
petites voies aériennes distales provoquées par le tabagisme participe selon toute probabilité à la genèse de
ces lésions et à la physiopathologie des PSP. Plus récemment on a aussi pu impliquer des anomalies de
porosité de la plèvre viscérale dans la physiopathologie des PSP.
Le PSP est associe à un important taux de récidive d’environ 30 %. Ce risque atteint 62% au deuxième épisode
et 83% au troisième. La majorité des récidives survient entre 6 mois et 2 ans après le premier épisode.
Contrairement à des notions communément admises, il est maintenant clair que les ELC ipsi ou controlatérales
ainsi que les efforts ne sont pas des facteurs de récidives de PSP.
Pneumothorax spontané secondaire (PSS)
On appelle PSS les pneumothorax associés à une pathologie pulmonaire sous jacente, le plus souvent la
bronchopathie chronique obstructive (BPCO). Plus rarement les PSS sont compliquent l’asthme ou la
mucoviscidose (8-20% des patients). Exceptionnellement le PSS est une complication de maladies infiltratives
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pulmonaires (fibroses pulmonaires, pneumoconiose, histiocytose, lymphango-leio-myomatose), d’un cancer
pulmonaire, d’infections parenchymateuses nécrosantes (pyo-pneumothorax staphylococcique, rupture de
caverne tuberculeuse) ou d’autres pathologies plus rares (endométriose pleurale). Le taux de récidive des PSS
est élevé (40-80%) probablement en raison de la pathologie sous jacente.
Pneumothorax traumatique ou iatrogène
Ce type de pneumothorax est la conséquence d’un traumatisme de la plèvre viscérale. Il peut s’agit d’une plaie
pénétrante de dehors en dedans (ex. plaie par arme blanche ou par balle), d’une fracture de côte déplacée,
d’une ponction pleurale, ponction à visée diagnostique d’une passe pulmonaire, ou de la pose d’une voie
veineuse profonde. Il peut s’agir aussi d’un barotraumatisme du parenchyme pulmonaire lié soit à un blast
(traumatisme à thorax fermé) soit à la pression positive de la ventilation mécanique sur un poumon peu
compliant.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic du pneumothorax repose sur les signes cliniques et sur la radiographie du thorax de face (Tableau
1). La radiographie réalisée en expiration sont intéressantes uniquement dans les pneumothorax suspects mais
non diagnostiqués sur le cliché de face ou quand on recherche des bulles d’emphysème. Il ne faut plus y avoir
recours de façon systématique. La taille du pneumothorax telle qu’appréciée sur la radiographie de face va
directement guider la thérapeutique. Il existe une corrélation significative entre la taille radiologique du
pneumothorax et le volume de l’épanchement aérique pleural. En pratique on parle de pneumothorax important
quand il est supérieur à 20%; ce qui correspond grossièrement à un décollement à l’apex supérieur à 3cm ou en
latéral (ligne axillaire) supérieur à 2 cm. Le scanner du thorax et les explorations fonctionnelles respiratoires sont
indiqués à distance, dans le cadre d’un bilan fonctionnel et anatomique à la recherche d’ELC ou de lésions
pulmonaires sous jacentes.
Signes fonctionnels
Signes physiques
Signes de gravité
Douleur thoracique
brutale, homolatérale,
latérothoracique ou
postérieure (90-100%)
qui peut s’estomper
rapidement
Dyspnée d’intensité
variable (60-90%),
inconstante
Toux sèche irritative
aucun symptôme
Hemithorax normal ou distendu et
moins mobile
Diminution du murmure vésiculaire
Abolition de vibrations vocales
Tympanisme
Epanchement liquidienne associée
(<20%)
Orientation étiologique
(traumatisme)
Dyspnée
Polypnée ≥ 25/min
Cyanose
Malaise
Hypotension
Tachycardie 120/min
Bradycardie ≤ 60/min
Forme bilatérale
Bilan Complémentaire
Radiographie de thorax
cliché de face et inspiration
estimation de la taille : poumon décollé sur
toute la hauteur de la ligne axillaire =
pneumothorax à drainer
recherchez: pneumopathie sous jacente,
pneumomediastin,
pneumopericarde,
niveau hydro-aerique, brides pleurales,
Scanner Thoracique
pas systématique; doive être réservé aux
formes traumatiques, secondaires, bilan
lésionnel, pathologie sous jacente
PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
Il n’existe pas actuellement de consensus sur la prise en charge d’un pneumothorax. Cependant, l’American
College of Chest Physicians en 2001 et la British Thoracic Society en 2003 ont proposé des recommandations,
et une avancée dans les approches thérapeutiques a été constatée ces dernières années. Il convient de
distinguer le traitement du pneumothorax proprement dit (évacuation de l’épanchement pleurale aérique) de la
prévention des récidives.
MOYENS THERAPEUTIQUES POUR RAMENER LE POUMON A LA PAROI THORACIQUE
L’abstention est le traitement le plus simple. Il faut se rappeler que le taux de ré-expansion spontané d’un
pneumothorax est de 2 % par jour. L’administration d’oxygène peut multiplier par 4 la vitesse de résorption à
condition d’administrer un débit élevé (O2 ≥10 L/min). Par conséquent cette méthode n’est à considérer que pour
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des pneumothorax asymptomatiques, de petite taille, bien tolérés. Elle est assez coûteuse (hospitalisation et
haut débit d’O2) et son intérêt réel est discuté.
PSP : on recommande d’évacuer l’air de la cavité pleurale
en cas de PSP symptomatique (dyspnée) ou de grande
taille ; en pratique décollement sur toute la hauteur de la
ligne axillaire (5). Si l’évacuation n’est pas retenue, et qu’il
est en état stable, le patient fait l’objet d’une surveillance
clinique en ambulatoire. L’exsufflation simple à l’aiguille
est recommandée en 1ère intention (1,6,7). Elle a un taux
de succès ≥ 50% dans les PSP. Cette exsufflation peut se
pratiquer en ambulatoire (service d’accueil et d’urgences
ou hôpital de jour). En cas d’échec de l’exsufflation à
l’aiguille, on recommande d’hospitaliser le patient et de
poser d’un drain thoracique de petit calibre (1,2). Le
drainage thoracique des PSP a un taux de succès
immédiat de l’ordre de 60-80% et un taux de récidive de
l’ordre de 18-36%. L’exsufflation à l’aiguille s’effectue sur
un patient en position semi-assise, par voie antérieure, via
les 2ème ou 3ème espaces intercostaux sur la ligne médio
claviculaire. La pose d’un drain thoracique s’effectue de la
même manière, par voie antérieure ou sur la ligne axillaire
moyenne, entre le 3ème et le 5ème espace intercostal
(Figure 1). Le drainage sur la ligne médio claviculaire doit
être > 2 cm en dehors du sternum pour éviter l'artère
mammaire interne. Le praticien dispose d’un panel de
drains étendu en termes de techniques de poses et de
tailles pour obtenir la ré-expansion (Tableau 2). Une fois
le drain pleural en place plusieurs stratégies permettent
d’obtenir une ré-expansion du poumon sans fuite
aérique : mise du drain en siphonage simple par valve
anti-retour (valve de Heimlich) ou par connection à un
système à bouteilles multichambres ou mise du drain en
aspiration. Malgré l’absence de consensus concernant la
stratégie la plus efficace, des points importants et récents
de la bibliographie internationale doive être soulignés.
L’utilisation d’un drain de petit calibre n’est pas moins
efficace que d’un drain de grand diamètre pour la prise en
charge d’un pneumothorax idiopathique. En
pratique des drains de diamètre 14 Fr (1 Fr =
0,33 mm) sont largement suffisants (Figure 2).
La mise en siphonage simple sur valve antiretour est aussi efficace et beaucoup plus
pratique qu’en système à bouteilles
multichambres. La mise en aspiration douce (10 à - 20 cm d’H2O) est à considérer à 24 à
48 heures si on n’observe pas de réexpansion
suffisante du parenchyme pulmonaire (1,2,8).
ème
Aspiration à l’aiguille (cathéter) par le 3
espace intercostal
sur la ligne médio claviculaire et exsufflation
PSS : à l’inverse des PSP l’évacuation de l’air dans les PSS fait d’emblée appel à la mise en place d’un drain
thoracique car l’exsufflation simple à l’aiguille a un taux de succès beaucoup plus faible que dans les PSP.
Transitoirement face à un PSS responsable d’une détresse respiratoire une décompression à l’aiguille mise en
place par voie antérieure (cf ci-dessus) peut s’envisager en attendant la mise en place du drain pleural. Comme
dans le PSP, le recours à des drains de petit calibre est recommandé (9). L’hospitalisation s’impose donc
d’emblée dans les PSS, en raison du risque de décompensation de la pathologie respiratoire sous jacente mais
aussi pour mette un drain pleural et le cas échéant une aspiration.
Le choix entre la mise du drain en siphonage simple et la mise en aspiration douce d’emblée dépend ici de la
tolérance du pneumothorax. En effet, à l’inverse du PSP, un PSS de petite taille peut suffire à faire
décompenser une pathologie pulmonaire sous jacente (BPCO) et donc justifier la mise en aspiration immédiate
pour réexpandre le poumon. Il faut se rappeler cependant que l’aspiration, si elle peut améliorer l’état clinique du
patient, n’arrête pas par elle même la fuite aérienne.
Pneumothorax traumatique ou iatrogène : En
être considéré en cas d’hémothorax ou si une
cas de pneumothorax traumatique ou iatrogène
ventilation en pression positive est nécessaire. Dans
le recours à un drain de gros calibre (≥20F) doit
les autres cas, en l’absence de pathologie pulmonaire
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sous-jacente ou de ventilation en pression
positive, la stratégie thérapeutique se calque sur
celle de PSP. Un pneumothorax, bien toléré,
même important, résultant d’une ponction
transthoracique ou d’un accident de pose de
voie veineuse profonde peut parfaitement se
traiter par exsufflation à l’aiguille ou par un drain
de tout petit calibre (< 14 Fr).
Facteurs pronostiques de succès du
drainage : Les données disponibles sont
clairsemées dans ce domaine. La radiographie
thoracique
prise
immédiatement
après
l’aspiration n’a aucune valeur pronostique
significative pour prédire l’évolution du
pneumothorax. La variation de la pression
pleurale peut être utile dans la prévision du
résultat de traitement. Notamment, dans le
cadre du PSP une pression pleurale négative en
fin d’expiration est prédictive de non récidive à
court terme. A l’inverse, la détection d’un
bullage persistant prédit l’échec du drainage.
Une fuite aérienne importante peut enfin être
associé à un risque de majoration du
pneumothorax. Un certain nombre de variables
comme le VEMS (< 79 % pred), VMM (< 75 %),
le sexe masculin, les antécédents de traitement
par corticoïdes et une lobectomie semblent avoir
une valeur pronostique significative pour prédire
la persistance des fuites aériennes
Mise en place d’un cathéter de tout petit calibre (8,5 Fr) par voie de
Seldinger
Différentes techniques de drainage utilisées dans le pneumothorax.
Type de drain
Cathéter introduit
par une aiguille
Technique
Incision,
passage
de
l’aguille, puis du cathéter
dans l’aguille
Mini Cathéter sur
fil guide
Technique de Seldinger
Drain à mandrin
interne
Drain par trocart
de Monod
Incision, dissection à la
pince, placement du drain
Incision, dissection à la
pince, mise en place du
trocar de Monod et
placement du drain
Incision, dissection à la
pince voir au doigt et
placement du drain
Drain
« chirurgical »
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Avantages
Simple, rapide, cicatrice
minime,
permet
l’exsufflation,
peu
douloureux
Simple, sur, cicatrice
minime, applicable dans
le
pneumothorax
minime, peu douloureux
faible
coût,
tailles
variées
Sûreté, drainage large
faible
coût,
tailles
variées
Inconvénients
risque dans le petits pneumothorax, peut
dilacérer le poumon, peu pratique pour les
drainages au long cours ou les épanchements
liquidiens associées car se bouche facilement
coût
Sûreté, drainage large
faible
coût,
tailles
variées
dissection plus large de la peau et de l’espace
intercostal, douloureux, cicatrice inesthétique,
5
rigide, douloureux, cicatrice inesthétique, risque
de léser le poumon
dissection plus large de la peau et de l’espace
intercostal, trocart à stériliser, douloureux,
cicatrice inesthétique,
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Algorithme de prise en charge du pneumothorax spontané idiopathique
* profession à risque : plongeurs et personnels navigant.
MOYENS THERAPEUTIQUES POUR LA PREVENTION DES RECIDIVES
La prévention de la récidive peut nécessiter un traitement spécifique de la pathologie sous jacente, la lutte
contre les facteurs de risque de récidive et le traitement de la plèvre par pleurodése. Elle est proposé d’emblée
pour les personnels à risque (personnel navigant : pilote, steward, hôtesse de l’air), pour le patients pratiquent
un sport à risque (parachutisme, plongée sous marine) ainsi que pour le PSS après la stabilisation de l’état
clinique (10).
Symphyse pleurale : L’installation des agents chimique dans la cavité pleurale induit une irritation des feuillets
pleuraux et un réaccolement secondaire (pleurodèse). Les produits qui s’utilisent sont en principe le Talc et la
Tétracycline. Le Talc est un produit naturel de magnésium silicique qui agit par le biais d’une activation du
système de coagulation et l’inhibition de la fibrinolyse. Le talc peut s’instiller dans la cavité pleurale, soit en
suspension (Xylocaïne et sérum physiologique) par le drain pleural, soit et de préférence par saupoudrage au
cours d’une thoracoscopie (pleuroscopie) réalisée sous neuroleptanalgésie ou anesthésie locale, en ventilation
spontanée. Le taux de récidive des PSP après talcage est compris entre 5 à 8 %. La Tétracycline est un
antibiotique à pH bas qui entraîne une pleurodèse du poumon persistante dans 80-85 % des cas traité mais
n’est pas utilisé en France du fait de son efficacité nettement inférieure à celle du talc. Une symphyse pleurale
peut être aussi être obtenue chirurgicalement. L’abrasion pleurale ou la pleurectomie apicale réalisée sous
thoracoscopie chirurgicale, avec anesthésie générale et ventilation à poumons séparés induit une symphyse du
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sommet, c’est-à-dire de la zone où siègent le plus fréquemment les lésions responsables d’un pneumothorax
spontané. Le taux de récidive après pleurodèse chirurgicale est de l’ordre de 2 %.
Traitement des lésions causales : L’association d’un pneumothorax aux lésions emphysémateuses
pulmonaires de grande taille (bulles > 2 cm) est considérée par certains comme une indication au traitement
chirurgical. La résection est réalisée en général sous thoracoscopie chirurgicale permettant la coagulation
(électrocoagulation, argon, laser) ou préférentiellement la résection (lasso, pince auto-suture) des bulles
parenchymateuses pulmonaires. Il faut remarquer cependant que le nombre des bulles n’a aucune association
significative avec la récidive du pneumothorax. De même la présence de bulles controlatérales n’est pas
prédictive de récidive controlatérale. Enfin, il faut rappeler que le taux de récidive quand une bullectomie est
effectuée sans talcage associé est de l’ordre de 20%. C’est pourquoi l’intérêt de la bullectomie isolée reste
discuté.
Que recommander pour les voyages en avion ? Pour la plongée ? La pressurisation de la cabine sur les
vols commerciaux est appelée "altitude cabine". Elle correspond pour la majorité des avions modernes à une
altitude comprise entre 1800 et 2438 mètres d'altitude. D’après la loi de Boyle-Mariotte, le volume d’un gaz varie
en proportion inverse de la pression (P x V = constante). Un petit pneumothorax au sol peut donc augmenter de
volume lors de la montée en altitude et se contracter en descente. L’hypobarie d’altitude expose donc à une
majoration de la taille d’un pneumothorax préexistant dans une proportion qui va environ de 20 % entre 3 et 5
000 pieds, à 30 % à 8 000 pieds de d’altitude cabine (2 438 mètres). Les patients ayant un pneumothorax
peuvent être transportés en avion (rapatriement) sous réserve d’un dispositif de drainage associé à une valve
anti-retour, voire un système d’aspiration. Après un épisode de pneumothorax traité avec succès on
recommande un délai de 2 à 3 semaines pour les vols en avion pressurisé. Pour les personnels navigants, il est
recommandé une prévention des récidives (pleurodèse) dès le premier épisode de pneumothorax.
La Fédération Française d'Études et de Sports Sous-Marins, comme la Marine Nationale française a une
position claire concernant l'aptitude pour un plongeur ayant un antécédent de pneumothorax : la détection de
lésions bulleuses entraîne une contre-indication formelle à la plongée sous-marine du fait du risque de récidive
de barotraumatisme. De même, leur traitement chirurgical ne modifie pas la décision d'inaptitude, car ce
traitement se révèle rarement exhaustif et des lésions bulleuses de petite taille peuvent y échapper. De plus, la
maladie dystrophique est un processus évolutif susceptible d'entraîner l'apparition de nouvelles bulles. La
question de l'aptitude, en cas de découverte de dystrophies bulleuses chez le plongeur qui n'a jamais fait de
barotraumatisme, est plus délicate, mais la FFESSM suit le consensus existant en faveur d'une inaptitude.
CE QUI EST NOUVEAU
La définition des pneumothorax de grande
taille a été simplifiée : on recommandait
d’évacuer l’air dans les PSP > 20%
(décollement à l’apex supérieur à 3cm
et/ou supérieur à 2 cm en latéral). En
pratique, dans les PSP bien tolérés,
propose d’évacuer l’air en cas de
décollement sur toute la hauteur de la ligne
axillaire.
Quand il faut drainer un PSP on
recommande l’exsufflation à l’aiguille en
ère
intention. Dans les pneumothorax
1
secondaires on recommande des drains
de tout petit calibre qui sont tout aussi
efficaces et moins douloureux que les
drains de gros calibre.
Les données expérimentales montrent que
le talc utilisé en Europe pour obtenir une
symphyse pleurale (pleurodèse) est dénué
d’effets
secondaires
sérieux.
C’est
actuellement le meilleur agent disponible
pour obtenir une symphyse pleurale
(pleurodèse).
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POUR LA PRATIQUE ON RETIENDRA
seuls les pneumothorax spontanés primaires (PSP)
symptomatiques (dyspnée) ou de grande taille nécessitent
d’être évacués.
l’exsufflation à l’aguille ou le drainage par un drain de tout petit
ème
ou 3ème espace intercostal sur la
calibre (<14 Fr) par les 2
ligne médio claviculaire (ou entre le 3ème et le 5ème espace
intercostal sur la ligne axillaire moyenne) sont des méthodes
suffisantes pour l’ évacuéation de la majorité des PSP. Le taux
de récidive est de l’ordre de 30 %.
une approche méthodologique par étape (exsufflation à
l’aguille, drainage par un tout petit drain, mise en siphonage
simple sur valve anti-retour puis mise en aspiration le cas
ers
échéant a été prouvée son efficacité dans les 1 épisodes de
PSP (Figure 3).
le tabagisme est clairement un facteur de risque (dose
dépendant) des PSP. Le sevrage tabagique fait donc parti des
mesures thérapeutiques et à entreprendre même s’il n’a pas
été prouvé que ceci diminuait le taux de récidive.
l’hospitalisation est recommandée pour les pneumothorax
secondaires. L’évacuation de l’air est impérative dans les
formes symptomatiques et le drainage est préféré à
l’exsufflation.
la thoracoscopie médicale avec talcage et la thoracoscopie
chirurgicale avec abrasion pleurale ou pleurectomie ont un
taux de récidive de l’ordre de 8 et 2% respectivement. Elles
sont proposées dans les PSP récidivants ou les pneumothorax
secondaires.
7
Pr Marquette ([email protected])
CONCLUSION
Le pneumothorax (spontané ou traumatique, idiopathique ou secondaire) représente une pathologie fréquente
en médecine d’urgence mais ne nécessite pas toujours une hospitalisation. Il est associé à un taux important de
récidives et de réadmission aux urgences. Les choix thérapeutiques doivent être orientés par la taille du
pneumothorax, sa tolérance, son étiologie, et l’existence d’épisodes antérieurs.
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