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Méningites à entérovirus : une zoonose ?
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Mots clés :
méningite, entérovirus, zoonose
Dans les pays tempérés à haut niveau sanitaire, nous assistons chaque année à des
épidémies à entérovirus non poliomyélitiques. Entre les mois de juin et de septembre,
des épidémies, d’ampleur variable, se manifestent principalement sous forme de méningites à liquide clair chez l’enfant et l’adolescent. Plusieurs sérotypes d’entérovirus en
sont responsables, notamment des échovirus et des coxsackievirus.
La transmission des entérovirus est strictement interhumaine et généralement fécoorale, parfois respiratoire en cas de maladie respiratoire associée. Pendant les saisons
plus chaudes, la transmission féco-orale, favorisée par l’habillement plus léger, rend la
contamination interhumaine plus facile, ce qui explique les épidémies saisonnières à
entérovirus. On ne connaît pas à ce jour de vecteur biologique capable de transmettre à
l’homme les entérovirus. Le travail de Freundt et al. [1] explore cette alternative de
transmission des entérovirus chez l’homme. En effet, les méningites à liquide clair
pourraient se développer après piqûre d’un arthropode hématophage comme la tique.
En 1999, au Tennessee, aux États-Unis, une épidémie de méningite à entérovirus s’est
déclarée. Les malades originaires de cette région présentaient des symptômes similaires : fièvre, myalgies, nausées, céphalées. Après 7 jours, ces symptômes se sont résolus
sans séquelle. Les patients avaient en commun une piqûre de tique. Pour l’un d’eux,
différents examens ont été effectués afin de déterminer l’agent responsable de la
méningite ; seul un titre élevé d’anticorps contre le coxsackievirus A9 a été trouvé. Afin
de déterminer si les tiques pouvaient être impliquées dans la survenue de ces cas, une
collecte de tiques a été réalisée et la recherche des génomes d’entérovirus effectuée. Au
total, 192 tiques ont été collectées, parmi lesquelles 40 appartenaient à l’espèce Dermacentor variabilis et 152 à l’espèce Amblyomma americanum. Le contenu de leurs
intestins a été digéré avec la protéinase K, suivi d’une extraction phénol chloroforme.
Les ARN isolés ont été ensuite rétrotranscrits et amplifiés à l’aide d’amorces spécifiques
de la région 5’ non codante des entérovirus. Aucun des extraits provenant de l’espèce
Dermacentor variabilis n’a été amplifié. En revanche, à partir des extraits provenant de
l’espèce Amblyomma americanum, des fragments d’environ 400 pb ont été amplifiés.
Ces fragments ont été séquencés et alignés afin de démontrer leur origine virale. Les
résultats des alignements indiquent qu’ils possédaient une homologie de 91 % avec le
poliovirus de type 2, de 90 % avec les poliovirus des types 1 et 3, de 90 % avec le
coxsackievirus A11 et de 89 % avec les coxsackievirus A17 et A15. Ces séquences ont
aussi été alignées avec celles trouvées chez un patient habitant la même région, ayant eu
une méningite à entérovirus en 2001 après une piqûre de tique et présentant des
anticorps anti-coxsackievirus. L’alignement montre une homologie de 100 % entre ces
séquences.
La preuve de l’implication des entérovirus dans ces cas de méningite n’est pas directe.
Néanmoins, les résultats présentés sont suffisamment consistants pour nous montrer que
la transmission des entérovirus par piqûre de tique est tout à fait possible. Ce travail nous
ouvre une nouvelle voie à explorer{
N. Cuervo
Laboratoire de virologie
Hôpital Saint Vincent-de-Paul
Paris
Virologie, Vol. 9, n° 5, septembre-octobre 2005
Référence
1. Freundt EC, Beatty DC, Stegall-Faulk T, Wright SM. Possible tick-borne human enterovirus resulting in
aseptic meningitis. J Clin Microbiol 2005 ; 43 :3471-3.
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