Nombres complexes Algèbre linéaire I — MATH 1057 F Julien Dompierre Département de mathématiques et d’informatique Université Laurentienne Sudbury, 1er avril 2011 L’algèbre et les racines Une préoccupation majeure de l’algèbre est de résoudre des équations. 2x = 1 n’a pas de solution dans les entiers (Z). On a inventé les nombres rationnels (Q). La solution est x = 1/2. x 2 = 2 n’a pas de solution dans les rationnels (Q). On √a inventé les nombres réels (IR). La solution est x = ± 2. x 2 + 1 = 0 n’a pas de solution dans les réels (IR). On a inventé les nombres complexes (C). La solution est x = ±i . L’unité imaginaire Définition Par définition, l’unité imaginaire i est une solution de l’équation quadratique x2 + 1 = 0 ou de façon équivalente x 2 = −1. Ça signifie que i 2 = −1. Comme il n’y a pas de nombre réel tel que son carré soit un nombre réel négatif, ce nombre est imaginaire et on lui attribue le symbole i . Le terme ”imaginaire” pour ces valeurs est dû à René Descartes en 1637. L’unité imaginaire et √ −1 √ L’unité imaginaire i est parfois écrit −1, mais on doit faire bien attention quand on manipule des équations avec des radicaux. On peut obtenir de faux résultats : √ √ √ √ −1 = i · i = −1 · −1 = −1 · −1 = 1 = 1 La règle de calcul √ √ √ a· b = a·b n’est valide que dans le cas de valeurs réelles positives de a et de b. Pour éviter de faire de telles erreurs en manipulant les nombres complexes, on s’interdit de mettre un nombre négatif sous un symbole de racine carrée. √ √ Cela signifie qu’on n’écrit pas d’expressions comme −7, mais à la place on écrit i 7. C’est à cela que sert le nombre imaginaire i . Les nombres complexes (p. 495) Définition Un nombre complexe z est un nombre de la forme z = a + bi où a et b sont des nombres réels, et i est l’unité imaginaire, ayant la propriété i 2 = −1. Le nombre réel a est appelé la partie réelle du nombre complexe z et est noté Re(z) = a. Le nombre réel b est appelé la partie imaginaire du nombre complexe z et est noté Im(z) = b. L’ensemble des nombres complexes (p. 495) L’ensemble de tous les nombres complexes est habituellement noté C . L’ensemble des nombres réels, IR, peut être considéré comme inclus dans C en écrivant chaque nombre réel a comme un nombre complexe avec une partie imaginaire nulle : a = a + 0i . Opérations sur les nombres complexes (p. 495) Définition Soient z1 = a + bi et z2 = c + di deux nombres complexes. Addition : z1 + z2 = (a + c) + (b + d)i Soustraction : z1 − z2 = (a − c) + (b − d)i . Multiplication : z1 z2 = (a + bi )(c + di ) = a(c + di ) + bi (c + di ) = ac + adi + bci + bdii = ac + bdi 2 + (ad + bc)i = (ac − bd) + (ad + bc)i Exemples Soient les nombres complexes z = 2 − 3i et w = −1 + i . z +w = (2 − 3i ) + (−1 + i ) = (2 − 1) + (−3 + 1)i = 1 − 2i 1 z 3 = zw = (2 − 3i )(−1 + i ) 1 2 (2 − 3i ) = − i 3 3 = 2(−1 + i ) − 3i (−1 + i ) = −2 + 2i + 3i − 3i 2 = (−2 − 3i 2 ) + (2 + 3)i = 1 + 5i Égalité de nombres complexes (p. 495) Définition Deux nombres complexes sont égaux si et seulement si leurs parties réelles et leurs parties imaginaires sont égales entre elles. Ainsi, a + bi = c + di si et seulement si a = c et b = d. Le plan complexe (p. 497) Puisqu’un nombre complexe z = a + bi est déterminé de manière unique par un couple (a, b) de nombres réels, il existe une bijection de l’ensemble des nombres complexes vers les points du plan, appelé alors le plan complexe. Le nombre complexe z est représenté par un point du plan complexe. Les coordonnées cartésiennes d’un nombre complexe sont sa partie réelle a = Re(z) et sa partie imaginaire b = Im(z). La représentation d’un nombre complexe par ses coordonnées cartésiennes est appelée la forme cartésienne, la forme rectangulaire ou la forme algébrique de ce nombre complexe. ℑ z = a + bi b a ℜ Nombre complexe conjugué (p. 496) Définition Le nombre complexe conjugué du nombre complexe z = a + bi est défini par a − bi , et se note z̄. Le nombre complexe conjugué z̄ est l’image de z par la symétrie par rapport à l’axe réel. Théorème z1 + z2 = z̄1 + z̄2 z1 · z2 = z̄1 · z̄2 z̄¯ = z z̄ = z si et seulement si z est réel Module d’un nombre complexe (p. 496) Le module (ou la valeur absolue) d’un nombre complexe z = a + bi est p √ |z| = z · z̄ = a2 + b 2 C’est un nombre réel (et positif). Théorème On vérifie immédiatement ces propriétés importantes du module : |z| = 0 si et seulement si z = 0, |z1 + z2 | ≤ |z1 | + |z2 | (inégalité triangulaire) |z1 · z2 | = |z1 | · |z2 | |z| = |z̄| Division par un nombre complexe (p. 496) Soient z1 et z2 deux nombres complexes. On a z1 z1 z̄2 z1 z̄2 = = z2 z2 z¯2 |z2 |2 En multipliant le dénominateur par son conjugué, il devient réel. On peut alors identifier la partie réelle et la partie imaginaire du quotient. Exemples Soient les nombres complexes z = 2 − 3i et w = −1 + i . w z = = = = = −1 + i 2 − 3i −1 + i 2 + 3i 2 − 3i 2 + 3i −2 + 2i − 3i + 3i 2 4 + 6i − 6i − 9i 2 −5 − i 13 1 5 − − i. 13 13 Racine carrée de l’unité imaginaire On peut penser qu’on aura besoin d’inventer un autre ensemble de nombres imaginaires pour prendre en compte la racine carrée de i . Cependant ce n’est pas nécessaire car elle√peut s’écrire comme l’un ou l’autre des deux nombres complexes : i = ± √12 (1 + i ). On peut le prouver ainsi : 2 1 2 1 = ±√ (1 + i )2 ± √ (1 + i ) 2 2 1 = (±1)2 (1 + i )(1 + i ) 2 1 (1 + 2i + i 2 ) = 2 1 1 = +i − 2 2 = i Calcul avec des matrices complexes Soient A = 2 − 3i 2i 5 −1 + i et B = 1+i 3i 1−i 4 . (2 − 3i ) + (1 + i ) (5) + (1 − i ) A+B = (2i ) + (3i ) (−1 + i ) + (4) 3 − 2i 6−i = 5i 3+i 2 − 3i 5 1+i 1−i AB = 2i −1 + i 3i 4 (2 − 3i )(1 + i ) + (5)(3i ) (2 − 3i )(1 − i ) + (5)(4) = (2i )(1 + i ) + (−1 + i )(3i ) (2i )(1 − i ) + (−1 + i )(4) 2 − i + 3 + 15i 2 − 5i − 3 + 20 = 2i − 2 − 3i − 3 2i + 2 − 4 + 4i 5 + 14i 19 − 5i = −5 − i −2 + 6i Méthode de Cramer Trouvez la solution du système d’équations 3x (1 + 2i )x On pose A = A est donné par 3 1 + 2i + (−2 + i )y − iy −2 + i −i et b = = 4 = 1 4 . Le déterminant de 1 det(A) = (3)(−i ) − (−2 + i )(1 + 2i ) = −3i − (−2 − 4i + i − 2) = −3i − (−4 − 3i ) = 4 Méthode de Cramer (suite) x = = = y = = = 1 4 −2 + i det(A1 (b)) = −i det(A) 4 1 1 1 ((4)(−i ) − (−2 + i )(1)) = (−4i − (−2 + i )) 4 4 1 5 1 (2 − 5i ) = − i 4 2 4 det(A2 (b)) 1 3 4 = det(A) 4 1 + 2i 1 1 1 ((3)(1) − (4)(1 + 2i )) = (3 − (4 + 8i )) 4 4 1 1 (−1 − 8i ) = − − 2i . 4 4 Matrice conjuguée, conjuguée transposée et hermitienne Définition La conjuguée d’une matrice A est notée A et est obtenue en prenant le nombre complexe conjugué de chaque élément de la matrice. Définition La conjugué transposée d’une matrice A est notée A∗ et est obtenue en prenant le nombre complexe conjugué de chaque T élément de la matrice puis en transposant la matrice. A∗ = A . Définition La matrice carrée A est dite Hermitienne si A∗ = A. Propriétés des matrices conjuguées transposées Théorème Soient A et B deux matrices avec des éléments complexes et soit z un nombre complexe. 1. (A + B)∗ = A∗ + B ∗ 2. (zA)∗ = zA∗ 3. (AB)∗ = B ∗ A∗ 4. (A∗ )∗ = A 5. Si A est une matrice carrée, alors det(A∗ ) = det(A) 6. A est inversible si et seulement si A∗ est inversible, et dans ce cas on a (A∗ )−1 = (A−1 )∗ . 7. Les valeurs propres de A∗ sont les conjugués des valeurs propres de A.