Psychoses chroniques: les schizophrénies Dr A. HASSAЇNE CHI Clermont de l’oise Plan Histoire Épidémiologie Clinique Formes cliniques Etiopathogénie Diagnostic différentiel Traitement Histoire du Concept de schizophrénie : 1 • E. Kraepelin , fut le premier à établir entre 1896 et 1899 une entité pathologique unique : la démence précoce • Caractérisée par l’atteinte profonde de la vie affective et de la volonté; • et une évolution progressive vers un affaiblissement de la personnalité d’aspect déficit décrit trois variations: -hébéphrénie -catatonie -paranoïde Histoire du Concept de scz : 2 • E. Bleuler ,attribue la dénomination définitive de « schizophrénie » ,pour désigner en 1911 dans son traité « les démences précoces ou le groupe des schizophrénies » : • Évolution démentielle avec trouble de l ’association des idées ,de l’affectivité ,perte de contact avec le réel ,et le refuge dans une vie imaginaire • Dissociation • Déségrégation de la personnalité. skhizein Phren séparé, fendre esprit, pensée • E. Bleuler : spaltung • Caractérisé par La dissociation ;cad la perte de cohésion ,(d’harmonie )et d’unité entre les différentes composantes de la vie psychique ,ainsi qu’a l’intérieur de chacune d’entre elles ( la pensée ,l’action et de l’affectivité ) Au niveau clinique : discordance = inadéquation ,bizarrerie, ambivalence Concept de schizophrénie • CIM 10 : F 20- F29 schizophrénie ,troubles schizotypiques et troubles délirants F 20.0:schizophrénie paranoïde F 20.1:schizophrénie hébéphrénique F 20.2: schizophrénie catatonique F 20.5: schizophrénie résiduelle • DSM IV : schizophrénie et autres troubles psychotiques Epidémiologie : • • • La sx existe depuis que l’homme existe et la description des symptômes est retrouvée dans des anciens textes … Rencontrée dans toutes les civilisations ,toutes races ,toutes cultures ; Prévalence : 1 % ; / 600 000 personnes en France (3M +familles); 45.M dans le monde; • • • Touche l’adulte jeune (débute entre 15 et 35 ans) + précoce chez l’homme que chez la femme ; Sex-ratio : 1 • Le mot « sx » fait peur ,il évoque le fou ,le criminel ,la violence ,l’incapacité , la honte ,…catégorie qui stigmatise les gens • Au japon terme remplacé par « trouble de l’intégration neurocognitive et émotionnelle » (2004) (-trouble intégré- ) Étude clinique 1 Mode de début : • 1- Aigu : le diagnostic est souvent rétrospectif il faut + 6 mois d’évolution pour poser le diagnostic: . BDA : aucun élément sémiologique ne permet d’établir sur le dgc de sx au début de l’épisode délirant aigu; .troubles thymiques atypiques : existence d’hallucination ,d’idée délirante ,de bizarrerie , non congruent à l’humeur ,d’une froideur des affects avec détachement ,ou d’une excitation sans réelle euphorie .état confusionnel : .trouble des conduites : surtout chez l’ados ,automutilations ,fugues ,actes médicolégaux Étude clinique 2 Mode de début : • 2 -Début insidieux : rupture avec le fonctionnement antérieur , la symptomatologie s’installe progressivement sur au - 6 mois. -un fléchissement scolaire inexpliqué ,un engouement récent pour les phénomènes paranormaux , thèmes philosophiques ,spirituels .. -un retrait social ,une modification de l’affectivité ,une froideur du contact ou une Indifférence; -des troubles du comportement inhabituels ou bizarre (négligence corporelle ,fugue ,marginalisation ,modification du comportement alimentaire ,sexuel..) -apparition de conduites addictives -apparition de symptômes pseudo-névrotiques -sentiment de dépersonnalisation (dysmorphophobie , angoisse de morcellement avec peur de perte de l’intégrité corporelle ),ou de façon moins importante ,de déréalisation (impression d’étrangeté et parfois d’hostilité du monde environnant) Étude Clinique 3: • • il faut souvent du temps avant de porter le dgc de sx . Les symptômes peuvent être difficiles à déceler jusqu’à une phase avancée de la maladie, d’autant plus que le mode d’apparition des symptômes peut varier d’un patient à un autre. - Rechercher une altération significative du fonctionnement social et des occupations L’analyse sémiologique s’organise autour de trois entités cliniques : le syndrome dissociatif ,, délirant ,, autistique Étude clinique 4 • Caractéristiques du trouble : -A-dissociation: rupture des processus assurant la cohérence du psychisme; 1 - intellectuelle 2- affective 3- comportementale ---- il en résulte des pensées , des sentiments ou des actions : - incohérentes - contradictoires -exprimées au même moment. Étude Clinique 5 • 1-Dissociation intellectuelle : -dans le cas de la sx non compliquée ,les opérations intellectuelles de base :attention ,mémoire ,..ne sont pas déficitaires ,mais sont mal exploitées. - Troubles du cours de la pensée et du raisonnement logique : -altération du débit idéique et des associations -pensée abstraite ,vague ,flou ,(les idées semblent partir dans tous les sens) -persévération -rationalisme morbide (raisonnement pseudo logique ) -pensée magique :prendre une idée pour une réalité -incapacité de répondre correctement à une question précise (réponse à coté) Étude Clinique 6 • Trouble du langage : -Mutisme ,conversation impossible ,ou entrecoupé d’impulsions verbales : injures ,blasphèmes -Monologue :soliloquie -Néologisme ,schizophasie , -Fading :ralentissement du débit verbal qui devient presque inaudible -Barrage (quasi pathognomonique) : arrêt du discours sans raison apparente , le patient est indifférent au trouble et reprend sur le même sujet (ou sur un autre sujet) -Tachyphémie ,persévération verbale ;,, -écritures ,,,dessins ,productions graphiques altérées,,, Étude Clinique 7 • Diffluence :lorsque le discours zigzague entre des sujets sans connexion apparente ( pensée tangentielle) , discours dissocié • « je n’ai pas de nom, j’ai tous les ages,le fluide éternel qui coule dans mes veines ;le l’or; je vois ce que vous pensez ,j’ai un troisième œil qui tourne dans mon cerveau,, Je sais que vous voulez m’appauvrir ,comme les totems qui hurlent ,mais vous ne m’aurez pas car je sais me liquéfier » Étude Clinique 8: • Le syndrome dissociatif est un syndrome exprimant une forme de désorganisation psychique . • Troubles dissociatifs transitoires: • Dissociation anxieuse : se voit par exemple fréquemment après une catastrophe naturelle, accident de voiture ,moins tragiquement cet état est voisin de celui de l’amoureux qui au moment de déclarer sa flamme à l’élu(e) de son cœur ,se met à dire n’importe quoi puis s’en va en courant,, Étude Clinique 9 • 2-Dissociation affective : 2 niveaux d’atteinte affective : - Altération des relations affectives : - athymormie :indifférence et émoussement affectif (perte de l’élan vital) - ambivalence affective - rires immotivés - Régression instinctivo affective : -masturbation compulsive -conduites perverses :zoophilie ,sadomasochisme ,.. -automutilation -absence de vie sexuelle (froide) Étude Clinique 10 • 3-Dissociation comportementale : -bizarrerie du comportement :parasitisme mimique ,bizarrerie posturale ; ,.. -Echomimie ;écho praxie actes absurdes -hyper kinésie : impulsivité gestuelle ,stéréotypie ,gestes médico légaux -apragmatisme :absence d’activité efficace ,pouvant aller jusqu’à la clinophilie ,la négligence corporelle ou le refus de s’alimenter -syndrome catatonique : -inertie motrice :tableau de stupeur -négativisme psycho moteur : refus actif ,oppositionisme -catalepsie: absence de mouvement spontané , maintien « cireux » des attitudes imposées Étude Clinique 11 -B-production délirante: délire paranoïde • Pas de particularités spécifiques en ce qui concerne thèmes et mécanismes des manifestations délirantes des schizophrénies; • Fréquent ,pas toujours manifeste ( sujet réticent à exprimer son délire) Étude Clinique 12 : production délirante • Ancienneté : chronique ; > 6 mois • Thèmes polymorphes ; syndrome d’influence (++), persécution ,mégalo ,mystiques - dit paranoïde : bizarre ,flou ,incohérent, • Habituellement syndrome d’automatisme mental : (intrusion dans la pensée) la pensée est entravée ,volée ,contrariée ,répétée en écho ou parasitée par des commentaires méprisants; les actes sont commentés ou imposés par des ordres émanant de tiers connus ou inconnus. • hallucinations psychosensorielles :auditives verbales surtout ,mais aussi olfactives ,visuelles et fréquemment cénesthésiques ;sensation étrange de courant électrique ,de douleur ,d’attouchement … -non systématisé : flou ,incohérent -participation affective :angoisse majeure réactionnelle ,idées dépressives , -adhésion totale Étude Clinique 13 délire paranoïde • Ne pas confondre avec le délire paranoïaque : - systématisé en réseau -thème souvent unique : persécution -mécanisme souvent unique : interprétation -participation affective intense -adhésion totale. Étude Clinique 14: • -C- Syndrome autistique : Survient à un stade + ou – avancé de la maladie; • • • • Repli sur soi ( évolution déficitaire) Perte de contact vital avec la réalité Indifférence au monde Impénétrabilité ,,,,hermétisme , source d’isolement social, Schizophrénie •Dissociation : -sphère intellectuelle Activité délirante -sphère affective -sphère comportementale Repli autistique Schizophrénie Symptômes( + ): « productifs » -activité délirante(distorsion) • Symptômes ( – ): »déficitaires » {Dissociation affective Repli autistique} - Désorganisation : (intellectuelle) -trouble de la pensée,idéation,langage -bizarreries (comportementales) - Athymormie Pauvreté du discours Incapacité à éprouver des émotions retrait Apathie ,perte d’énergie Formes cliniques : • Sx paranoïde: forme la plus fréquente -Où prédomine le délire paranoïde la dissociation est au 2eme plan • Sx hébéphrénique ou désorganisée; -syndrome dissociatif majeur ,éléments délirant pauvres ou pas productif • Sx catatonique : -prédomine le syndrome catatonique ,rare ,,,forte indication ECT • Sx indifférenciée: -forme type de la scz ,sans qu’un champs symptomatique prédomine sur l’autre. Formes cliniques : • Héboïdophrénie : -caractérisée par l’importance des troubles du comportement type (impulsivité ,hétéro agressivité ..) . Sx résiduelle : (simple) -pauci symptomatique ,évolution naturelle du trouble, ou sous ttt disparition des éléments délirants et persistance des symptômes (–) .Trouble schizo-affectif ou schizophrénie dysthymique : Eléments thymiques associés ,(maniaque ,dépressif ou mixte) ,parfois au 1er plan de la symptomatologie Étiopathogénie : probablement multifactorielle • Hypothèses biologiques : -facteurs génétiques :famille ,mutation génétique. -altération de la neurotransmission - neurodéveloppementale -neurocognitives . Socio-démographique: -statut familial, urbanicité, migration, stress maternel et stress en période infantile évolution : • Très hétérogène • Certains sujets présentent des exacerbations et des rémissions (50%),alors que d’autres restent malades de façon chronique( 25% Forme déficitaire) , • Les facteurs reconnus comme étant de meilleur pronostic sont: Le début tardif des troubles ,le sexe féminin ,une bonne adaptation sociale et professionnelle pré morbide ,une durée brève du 1er épisode psychotique ,le recours rapide au soins et une bonne observance thérapeutique • Rôle de l’environnement socioculturel : solidarité du groupe familial ,tolérance vis-à-vis de la maladie ,moindre exigence de rendement et d’efficacité * évolution :pronostic À noter : • les Effets délétères connus de l’ institutionnalisation hypo stimulante et sans projet d’avenir ; • le rôle joué dans les rechutes par un milieu familial pathogène . • • • • • Des complications : Etats dépressifs ,symptômes négatifs ;risque suicidaire important (10%) Conduites addictives Co morbidité somatique ;lié aux addictions ,iatrogénie ,effets métaboliques Mauvaise qualité d’adaptation sociale ,handicap fonctionnel, désocialisation Dgc différentiel - Délire chronique - Troubles bipolaires - PHC - Psychopathie - Trouble de la personnalité. - Pharmaco-psychoses - TED orientations thérapeutiques : - moyens :( bio psychosocial ) les structures de soins ,les thérapeutiques biologiques ,psychologiques et prise en charge social 1.L’hospitalisation est parfois nécessaire: diagnostic positif ,mise en route d’un ttt ,risque suicidaire ,contrainte ,….réajustement d’un ttt médicamenteux .. Mesure de protection judiciaire. 2.Réseau de soins : sectorisation suivi médico psychologique sur le CMP ,HDJ, médecin traitant ,infirmière ,ergothérapeute ,psychomotricien ,psychologue, structures d’aide à l’insertion : CATTP ,ESAT ,UPSR organismes sociaux ,médico sociaux , l’entourage familial ,,,les associations Traitement : • 1-Médicamenteux: débuté en milieu hospitalier ,le plus précocement possible , prévoir examen somatique et bilan complémentaire complet : recherche étiologique ,de pathologie somatique ,éliminer les ci aux psychotropes. a -en première intention : les antipsychotiques atypiques bon profil de tolérance neurologique ex: quetiapine (xeroquel),risperidone (risperdal ) ,aripiprazole (abilify) ,olanzapine (zyprexa) surveillance clinique et biologique de la tolérance et de l’efficacité -en cas de mauvaise observance : voie parentérale IM ( NAP ,APLP) traitements adjuvent :anxiolytique ,hypnotique ,thym régulateur ,antidépresseur , Traitement : b-ttt non pharmacologique: Le recours à l’isolement La contention ECT rTMS 2. Psychothérapie : complément du ttt médicamenteux Psychothérapie de soutien TCC , psychoéducation , réhabilitation psychosociale Thérapie familiale 3. Mesures de resocialisation: Pour faciliter la réinsertion sociale ,familiale et professionnelle Intégration du patient dans le dispositif du secteur (rôle du CMP ,HDJ ,CATTP , CPC ,MTC, ART) Aides financières : ALD , AAH Insertion professionnelle :CDAPH ,ESAT ,.. Logement ,appartement relais ,foyer occupationnels,,, Cas clinique : Kévin C., 18 ans, inquiète ses parents qui l’amènent en consultation : il triple sa seconde, lui qui était auparavant un élève brillant ; du reste depuis quelques mois il va de moins en moins souvent au collège, préférant passer ses journées reclus dans sa chambre, il semble ne plus s’intéresser à rien si ce n’est à sa collection de kleenex usagés. Il est dans l’ensemble passif et indifférent, avec parfois des accès de colère inexplicables mais très violents. Il n’a pas d’autre antécédent extra-psychiatrique que des crises convulsives hyperthermiques dans l’enfance. A l’examen, le contact et le discours sont pauvres, Kévin exprime toutefois la conviction qu’un de ses sinus est bouché par un nerf, lui-même irrité du fait de son alimentation trop riche en acides gras Ω-3 : c’est cette théorie qu’il essaie de vérifier en examinant minutieusement ses mouchoirs en papier. Cas clinique : 1ère question : Quels sont les éléments sémiologiques présents dans cette observation ? Jeune homme de 18 ans ; fléchissement scolaire ; apragmatisme , apathie, indifférence ; bizarreries (collections incongrues) ; isolement, retrait ; irritabilité ; affect inadapté , appauvrissement idéique, du contact et du discours ; éléments délirants a priori intuitifs et/ou imaginatifs et/ou interprétatifs, de thème hypocondriaque ; rationalisme morbide . 2ème question : Un diagnostic semble probable, lequel ? Quels sont les trois axes sémiologiques essentiels au diagnostic à la phase d’état ? Schizophrénie ( ), de type hébéphrénique ( ). Rechercher à la phase d’état : syndrome dissociatif ( ), syndrome délirant ( ), autisme ( ) [même notation si « symptômes positifs, symptômes négatifs, désorganisation »]. Cas clinique : • 3ème question : • Relevez les éléments pronostiques défavorables dans cette observation, et indiquez quels sont ceux qu’il faudrait rechercher. • Début précoce et insidieux ( ), • absence de facteur déclenchant ( ), • prédominance des signes négatifs (froideur, isolement, autisme) ( ), • prise en charge tardive ( ) ; • rechercher en outre ( ) antécédents familiaux ( ), isolement familial ( ), niveau socioculturel défavorisé ( ) ;et ultérieurement ( ) évolution ( ), réponse au traitement ( ), qualité de la relation thérapeutique ( ). .Merci de votre attention .