Intérêts des légumineuses en alimentation animale : vaches laitières et monogastriques Decruyenaere Virginie, Rondia Pierre, Wavreille José CRA-W, Département Productions et Filières Les légumineuses sont une catégorie d’aliments importante. Elles contribuent à l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevages. Ces plantes naturellement riches en protéines améliorent également l’autonomie protéique de la ferme. Deux types de légumineuses peuvent être introduits dans les rations des animaux d’élevage : les légumineuses fourragères et les légumineuses à graines. Les légumineuses fourragères comme la luzerne, les trèfles blanc et violet, le lotier, la vesce sont plutôt destinées aux ruminants. Les légumineuses fourragères sont caractérisées par leur richesse en protéines, une digestibilité et une teneur en calcium élevée (supérieure à celles des graminées). Par rapport aux graminées, la valeur alimentaire des légumineuses comme le trèfle diminue moins rapidement avec l’âge des plantes, ce qui permet une souplesse d’exploitation et l’obtention d’un fourrage de qualité plus stable. Les légumineuses fourragères sont généralement bien appétées par le bétail, leur ingestibilité est supérieure à celles des graminées. Les protéines des légumineuses fourragères sont cependant très dégradables dans le rumen et certaines légumineuses peuvent être météorisantes. Certaines précautions doivent dès lors être prises lors de leur utilisation : limiter leur proportion et veiller à bien équilibrer les rations. Les principales légumineuses à graines cultivées dans nos régions sont le pois, la féverole, le lupin. Elles peuvent être valorisées aussi bien par des ruminants que par des monogastriques. Les vaches laitières sont par exemple de bonnes valorisatrices de ces légumineuses. Ce sont des compléments protéiques intéressants. Leur dégradabilité ruminale est cependant élevée et supérieure à 80 %. Notons que les pois et féveroles contiennent à la fois des protéines et de l’amidon alors que le lupin est dépourvu de ce dernier mais riche en matière grasse, leur valeur nutritive se situe dès lors entre celle des céréales et des tourteaux. Le mode de présentation des grains est important pour une bonne valorisation. Pour ce qui est des monogastriques, le principal objectif de l’alimentation est d’apporter les nutriments nécessaires pour couvrir au mieux les besoins de l’animal, eux-mêmes variables selon les objectifs de productions. Les principaux nutriments considérés dans l’alimentation, ou du moins, les mieux connus sont l’énergie, les acides aminés et le phosphore. En effet, l’énergie est le premier déterminant du coût de l’aliment. Les acides aminés, dont la lysine ou la méthionine, premier acide aminé respectivement chez le porc ou la volaille, limitent les performances dès qu’une carence apparaît, alors qu’un excès est à l’origine de rejets dans le milieu avec la possibilité d’un impact environnemental négatif. Le phosphore est essentiel au fonctionnement énergétique de l’animal et à son ossature, et est rejeté s’il est apporté en excès. Hormis les sources minérales, les huiles et les graisses, la majorité des matières premières apportent à la fois ces trois nutriments. L’intérêt des légumineuses à graines pour les monogastriques est double puisqu’elles présentent un taux élevé de protéines (dont de lysine) et une valeur énergétique intéressante. Elles sont qualifiées ainsi de matières premières mixtes, car classées entre les sources énergétiques telles les céréales, huiles, graisses, mélasse et manioc, et les sources de protéines tels les tourteaux (dont le tourteau de soja), farines de poisson et poudres de lait. Reste que les facteurs antinutritionnels comme les tanins, facteurs antitrypsiques, glucosides (vicine et convicine), hémaglutines (lectines) ou alpha-galactosides attisent encore les réticences des nutritionnistes en porcs et volailles malgré des progrès phytotechniques importants accomplis pour diminuer leurs teneurs. De même, dans la logique d’optimisation industrielle de la formulation des aliments, le nutritionniste est confronté à l’acheteur des matières premières plus connecté au marché et aux conditions de disponibilité. Et là, le caractère mixte des légumineuses les rend encore plus substituables dans les formulations, ce qui accentue le problème d’attractivité. À défaut d’un prix agricole bas, la valorisation des légumineuses à graines doit trouver des voies de différentiation spécifique. Quelle place d’avenir pour les légumineuses en Wallonie ? – Gembloux- 2016