Mythes autour du bruit articulaire par cavitation - chu

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Kinesither Rev 2014;14(148):31–50
Références
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http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.005
Congrès
Figure 1. Luc Guillarme, masseur-kinésithérapeute libéral, D.U.
d'uro-gynéco-andro-colo-proctologie, D.U. de kinésithérapie
cardiovasculaire, directeur scientifique des Éditions Frison-Roche.
C5
Conséquences de l'incompétence
abdominale et proposition rééducative
Luc Guillarme
Chalon-sur-saône, France
Adresse e-mail : [email protected]
Mots clés : Abdominaux ; Rééducation uro-génito-anale
Introduction.– « Les abdominaux », rééducation de base pour tout
kinésithérapeute dans les années 1970, inspirée des mouvements
effectués en gymnastique sportive, a montré ses limites 10 ans plus
tard avec les études effectuées par Bourcier dans le cadre de la
rééducation uro-génito-anale.
La cessation des « abdominaux classiques » a permis de favoriser le
travail de recherche instrumentale (feed-back et électrostimulation) en
rééducation spécifique périnéale mais a pénalisé la rééducation fonctionnelle globale en occultant la place hégémonique que représente
physiologiquement la musculature abdominale, moteur du souffle vital.
Il restait à rependre les bases anatomo-physiologiques décrites par
nos maîtres, les anciens, qui ont décrit une anatomie fonctionnelle
incontestable (Fig. 1).
Réflexions.– Quel que soit le muscle sollicité par une stimulation (corticale ou externe), la réponse est un rapprochement des structures
d'insertions appelé : contraction concentrique. Dans le cadre de la musculature abdominale stimulée, la réponse est également un raccourcissement qui génère une augmentation de pression (enceinte abdominopelvienne flexible, déformable et compressible) et une gestion des
pressions pouvant être dirigées accessoirement et ponctuellement vers
le bas (expulsion et défécation) mais surtout vers le haut dans la majorité
des efforts quotidiens (toux, mouchage, cri, éternuement, vomissement,
sifflement. . .). La capacité de la sangle abdominale à gérer la bonne
transmission des pressions (en force et en direction) répond à la notion
de « compétence abdominale » assurant énergie et protection.
L'incompétence abdominale pouvant encore être dénommée « inversion de commande abdominale » représente un dysfonctionnement
majeur, responsable de troubles divers : respiratoires, digestifs, vasculaires, lombaires, posturaux, uro-génitaux, ano-rectaux, pudendalgiques, morpho-esthétiques. . .
La proposition thérapeutique.– Le Concept ABDO-PÉRINÉO-MG®,
breveté en 1991, répond à la perfection à la technique intitulée
« Augmentation du Flux Expiratoire » validée en kinésithérapie respiratoire en 1994.
Il s'agit dans ce concept respectant la physiologie de permettre
d'acquérir puis intégrer dans les gestes d'efforts quotidiens les réflexes
de protection du complexe viscéro-myo-fascial-pelvi-périnéal.
Différents tests (stabilométrique, manométrique et spirométrique)
apprécient en début puis en fin de traitement la réalité des incompétences périnéales, abdominales et posturales et évaluent objectivement les résultats probants.
La méthode s'intéresse à traiter en première intention la cause abdominale des pathologies respiratoires, pelvi-périnéales mais également
lombopelviennes avant de traiter les conséquences spécifiques.
Conclusion.– Le souffle reconnu vital reste le leitmotiv constant de cette
approche thérapeutique mais il bénéficie de l'apport des technologies
modernes permettant d'associer la stimulation à différents feedbacks :
visuel, auditif, sensitif, proprioceptif, chez le thérapeute et à domicile.
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.006
C6
Mythes autour du bruit articulaire par
cavitation
Pierre Trudelle
Paris, France
Adresse e-mail : [email protected]
Mots clés : Bruit articulaire ; Cavitation ; Craquement articulaire ;
Manipulation
Il existe différents types de bruits tissulaires sur le corps humain.
Certains sont liés à des frictions entre les structures, d'autres sont
liés à des ruptures tissulaires et certains sont spécifiques aux articulations ou environnements liquidiens. Il s'agit du bruit par cavitation.
Ce bruit, qui dure moins d'un dixième de seconde, est considéré par
certaines personnes et certains patients comme le signe d'un replacement articulaire et produit un effet « magique » lorsqu'il apparaît.
Ce bruit de cavitation a été étudié par de nombreux auteurs. Nous nous
proposons de démystifier son apparition afin de faire évoluer les
explications thérapeutiques que peuvent proposer les thérapeutes
manuels (Fig. 1).
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Congrès
Figure 1. Pierre Trudelle, masseur-kinésithérapeute cadre de santé,
DEA de biomécanique, directeur de Kpten.
La cavitation est un phénomène physique. Le bruit correspond au
changement d'état de gaz présent à l'état dissous dans le liquide
synovial (80 % de CO2).
Ce changement d'état s'accompagne de 2 bruits et d'une chute légère
de la tension des parois de l'articulation conférant un rôle léger de
« soupape de décompression » à l'articulation.
La « carte d'identité » d'un bruit articulaire de cavitation de l'articulation
métacarpo-phalangienne a été étudiée par différents auteurs [1–4]. En
voici une compilation :
– après bruit : écartement inter-articulaire de 1,5 à 2,7 mm ;
– traction nécessaire pour déclencher : 3 à 23 kg (chute de traction de
0,5 à 2 kg, « effet soupape ») ;
– durée du craquement : 0,025 à 0,075 secondes ;
– période réfractaire pendant laquelle aucun bruit ne peut être recréé :
17 à 22 minutes ;
– gaz à nouveau dissout en 30 minutes ;
– énergie libérée évaluée à : 0,07 mJ/mm3 ;
– apparition des bulles d'air en moins de 8,3 ms ;
– vibrations : fréquence de la plus grande amplitude 110 Hz ;
– température élevée : moins de tension pour déclencher.
Au niveau rachidien, Cramer [5] a montré un écartement plus important
de l'interligne articulaire des zygapophyses lombales lors de l'apparition d'un bruit de cavitation (0,56 mm vs 0,22 mm. p = 0,01).
Lors de la manipulation des vertèbres lombales ou thoraciques la
recherche d'un bruit sur un étage précis est difficile à obtenir [6–8].
Lors de la manipulation des vertèbres cervicales hautes, c'est également difficile de provoquer un bruit articulaire localisé [9]. Alors que
pour les vertèbres cervicales basses, il est plus facile à localiser [7,10]
mais plus risqué pour les artères vertébrales du patient ! (Fig. 2).
Les bruits obtenus après manipulations vertébrales lombales pour des
patients lombalgiques n'apportent pas de bénéfice supplémentaire
pour l'efficacité de ce traitement [11].
Les bruits obtenus après manipulations vertébrales thoraciques pour
des patients cervicalgiques ne semblent pas avoir un impact significatif, avec une tendance inversement professionnel du nombre de
bruits obtenus et de l'efficacité sur la douleur [12].
Le bruit articulaire obtenu au niveau lombal semble diminuer le réflexe
d'étirement des muscles spinaux [13].
Pour conclure, le bruit semble avoir un impact mécanique dans l'augmentation de l'espace de l'interligne articulaire et ainsi contribuer à la
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Figure 2. Modèle « explicatif » versus modèle « pragmatique ».
sensation de décompression articulaire. Le changement de réflexe
d'étirement des muscles paravertébraux va également dans le même
sens. Ces effets cumulés peuvent expliquer l'effet de relaxation obtenu
après obtention d'un bruit articulaire. Il n'influence pas le résultat de
traitement des lombalgiques.
Il serait temps pour la profession de faire évoluer la représentation de
« replacement articulaire » lié à l'obtention d'un bruit lors de manipulation articulaire. Nous sommes plutôt face à un réétalonnage de la
pression articulaire (temporaire) et musculaire (tonicité).
La recherche de localisation d'un étage spécifique pour obtenir un bruit
est illusoire excepté au niveau cervical bas.
Penser résoudre un problème du patient par l'obtention d'un bruit
articulaire est aussi faible d'un point de vue thérapeutique. C'est
l'option simple en comparaison avec une approche multimodale.
L'environnement clinique et les croyances et addiction des patients
sont à étudier pour mieux comprendre la taille de l'effet thérapeutique
du bruit articulaire (Fig. 3).
Figure 3. La diapositive du lundi.
Kinesither Rev 2014;14(148):31–50
Références
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Pour en savoir plus
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http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.007
C7
Lombalgie et thérapie manuelle : une
approche étiologique
Matthieu Loubiere
Dole, France
Adresse e-mail : http://www.gem-k.com/
Mots clés : Étiologie ; Lombalgie ; Thérapie manuelle
La lombalgie reste un problème de santé publique dont le traitement
n'est pas encore bien codifié, aucun traitement ne semblant montrer sa
supériorité par rapport aux autres. Une des hypothèses expliquant ce
constat serait que la lombalgie n'est qu'un symptôme expliqué par
Congrès
Figure 1. Matthieu Loubière, MKDE, thérapeute manuel ITMP,
ostéopathe DO, libéral.
différentes étiologies, nécessitant des prises en charges spécifiques
(Fig. 1).
On peut regrouper la plupart des pathologies en trois grandes familles
pouvant aider le rééducateur dans sa prise en charge :
– les pathologies organiques : discopathies, canal lombaire étroit et
anomalies transitionnelles (spondylo-lysthésis. . .). Nous entendons
par pathologie organique, une modification de la structure ou de la
forme même de l'organe ;
– les pathologies fonctionnelles : raideurs, dérangements articulaires,
hypo-extensibilités musculaires, troubles posturaux et déséquilibres
musculaires. Par opposition au groupe précédent, ces étiologies ne
présentent aucune modification réelle de la structure des éléments
anatomiques. Il existe en revanche des troubles fonctionnels qui
altèrent la physiologie mécanique du sujet à travers une raideur ou
une majoration des contraintes, à mettre en lien avec l'apparition des
douleurs, c'est ce que l'on appelle le syndrome rachidien ;
– les contre-indications ou exclusions : les pathologies inflammatoires, les fractures, les tumeurs, les infections.
Ces étiologies correspondent à des contre-indications relatives à la
rééducation, au moins dans les premiers temps suite au diagnostic
initial. Une prise en charge spécifique par un rhumatologue, un orthopédiste, un neurochirurgien ou un onco-hématologue paraît indispensable avant toute intervention possible d'un kinésithérapeute.
L'action du rééducateur s'applique essentiellement aux pathologies
fonctionnelles, même s'il garde une efficacité dans les pathologies
organiques peu évoluées car elles s'accompagnent aussi de troubles
fonctionnels.
Le diagnostic masso-kinésithérapique fait partie de nos compétences
mais plusieurs notions peuvent être assimilées, il en est une qui paraît
être incontournable, non négociable, déterminer la structure qui souffre, responsable des symptômes du patient. Pour cela l'utilisation de
techniques simples basées sur l'interrogatoire, l'examen de la mobilité
globale et segmentaire complété par l'examen palpatoire, le but étant
de reproduire la douleur habituelle du sujet en contraignant les différentes structures les unes après les autres. Des tests spécifiques
peuvent être rajoutés en fonction des différents symptômes comme
les tests neuro-méningées, les tests d'endurance (Shirado et Sorensen), les tests sacro-iliaques (Fig. 2).
En fonction des résultats du bilan, le traitement se déroulera en trois
phases successives, « libérer, maintenir, entretenir » le passage à la
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