Pelvi-périnéologie : glossaire à l`usage des débutants

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PROCTOLOGIE
Pelvi-périnéologie : glossaire
à l’usage des débutants
(ou le b.a.-ba pour les nuls…)
Agnès Senéjoux*
L
a pelvi-périnéologie n’est pas une discipline
nouvelle. Elle est née de la volonté de rassembler les pathologies des trois étages pelviens :
antérieur, médian et postérieur. En effet, l’anatomie
et le fonctionnement des différentes structures pelvipérinéales sont intimement liés.
Le gastroentérologue peut être confronté à la
demande de prise en charge de troubles tels que la
dyschésie, l’incontinence anale ou l’extériorisation
d’un prolapsus de l’étage postérieur. Cependant,
compte tenu de l’intrication des pathologies affectant les trois étages pelviens, il ne saurait ignorer
complètement les étages antérieur et médian traditionnellement pris en charge par les urologues et
les gynécologues.
Le vocabulaire même de la pelvi-périnéologie
pouvant lui aussi être source de confusion ou d’incompréhension, il fera ici l’objet de ce glossaire.
* Hôpital Léopold-Bellan, Paris.
Utérus
Cervico-cystoptose
Le col vésical et le col utérin, à l’état basal aussi
bien qu’en poussée, se situent de façon physiologique à peu près à la même hauteur, au-dessus de
l’horizontale tracée entre le bord inférieur du pubis
et le coccyx. La cervico-cystoptose se définit par
l’abaissement du col vésical et utérin sous la ligne
pubo-coccygienne au repos ou à la poussée.
Colpocèle
On distingue les colpocèles antérieures et postérieures correspondant à un déroulement des parois
antérieure ou postérieure du vagin (figure 1). Elles
peuvent être plus ou moins importantes suivant
qu’elles existent au repos ou à la poussée.
Une colpocèle antérieure est en règle générale
habitée par la vessie (cystocèle) et se manifeste à
l’examen clinique par la saillie de la partie antérieure, haute, non striée du vagin. L’urètre étant
plus solidement amarré à la symphyse pubienne,
le prolapsus de la partie inférieure et striée du vagin
est beaucoup plus rare.
Une colpocèle postérieure peut, quant à elle, être
habitée par une rectocèle ou une élytrocèle.
Cystocèle
Vessie
Vagin
Rectum
Figure 1. Cystocèle réalisant une colpocèle antérieure.
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Une cystocèle est une saillie anormale de la portion
inférieure de la vessie dans la paroi vaginale antérieure.
Selon son importance par rapport à l’orifice vulvaire,
la cystocèle peut être classée en trois degrés :
➤ degré 1 : cystocèle non extériorisée ;
PROCTOLOGIE
➤ degré 2 : cystocèle atteignant la vulve ;
➤ degré 3 : cystocèle extériorisée.
Utérus
Une cystocèle est exceptionnellement isolée.
Les colpocèles antérieure et postérieure pouvant
entrer en compétition l’une avec l’autre, le refoulement successif des parois vaginales antérieure et
postérieure à l’aide d’une hémivalve de spéculum
permet de mieux mettre en évidence l’importance
respective de ces deux éléments.
Vessie
Élytrocèle
Une élytrocèle est une hernie du cul-de-sac de
Douglas dans la cloison rectovaginale (figure 2) ;
elle refoule la paroi vaginale postérieure vers l’avant
(colpocèle postérieure).
Vagin
Cul-de-sac de Douglas
Rectum
Figure 2. Élytrocèle au sein d’une colpocèle postérieure.
Entérocèle
Une entérocèle est une hernie du péritoine douglassien contenant une anse grêle dans la paroi rectovaginale. Le diagnostic clinique d’entérocèle, et
a fortiori d’élytrocèle, est difficile à poser, ce qui
nécessite un toucher bidigital vaginal et rectal qui
peut retrouver une interposition molle entre les deux
doigts, avec parfois à la pression un bruit hydroaérique, signant la présence d’une anse intestinale,
ou encore une sensation d’expansion entre les deux
doigts à la toux.
Utérus
Vessie
Vagin
Rectum
Hystérocèle
Figure 3. Hystérocèle.
La descente du col utérin à la vulve avec retournement du vagin en doigt de gant est nommée
hystérocèle (figure 3). L’hystérocèle s’accompagne
fréquemment d’un allongement du col utérin.
Hystéroptose
L’hystéroptose est une descente de l’ensemble de
l’utérus. Le prolapsus utérin isolé sans rectocèle ou
cystocèle est rare.
Intussusception rectale
Le prolapsus interne du rectum, ou intussusception
rectale, se définit par la descente de la totalité de la
paroi rectale sans extériorisation au-delà du canal
anal. Cette anomalie est fréquemment observée
chez le volontaire sain en l’absence de toute symptomatologie anorectale (deux tiers des cas chez les
femmes dans la série de Shorvon et al. [1]). Dans ce
cas, l’intussusception reste cependant de bas grade,
c’est-à-dire qu’elle n’atteint pas le canal anal. L’intussusception rectale peut être circonférentielle ou
peut souvent prédominer en avant, zone de plus
grande laxité. Le toucher rectal peut percevoir le
boudin d’invagination, et en demandant au malade de
pousser, l’anuscopie et la rectoscopie au tube rigide
peuvent également la mettre en évidence. La position accroupie, en demandant au malade de pousser,
permet de mieux apprécier la descente rectale, et
notamment de démasquer un prolapsus extériorisé
du rectum lorsque celui-ci est de petite taille.
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XII - n° 4 - juillet-août 2009 |
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Référence
bibliographique
1. Shorvon PJ, Mc Hugh S,
Diamant NE et al. Defecography in normal volunteers:
results and implication. Gut
1989;30(12):1737-49.
Périnée descendant/descendu
Rectocèle
Le périnée postérieur est normalement situé, au
repos, au niveau des ischions. À la poussée, il descend
de 3 à 4 cm. Au-delà, on parle de périnée descendant. Dans le périnée descendant, la descente anormale survient lors de la poussée. Le périnée vient
alors bomber largement au-dessous des ischions,
en se “ballonisant”, ce qui efface le sillon interfessier. L’effort de retenue ramène le périnée dans sa
position de repos. Le périnée descendu correspond
à une descente périnéale spontanée, majorée par
la poussée.
Une rectocèle est une protrusion de la paroi rectale
antérieure refoulant la paroi vaginale postérieure
(figure 4). Une rectocèle de petite taille, inférieure
à 20 ou 30 millimètres de profondeur, est le plus
souvent physiologique, en rapport avec l’élasticité
naturelle de la paroi rectovaginale. La rectocèle doit
être recherchée en position gynécologique, la position genu-pectorale pouvant la réduire. Le toucher
rectal poussé vers l’avant, avec l’index en crochet,
peut, quant à lui, majorer la profondeur de la rectocèle du fait de l’élasticité des tissus.
Sigmoïdocèle
La sigmoïdocèle correspond à une hernie du péritoine contenant la boucle sigmoïdienne dans la
paroi rectovaginale. Cette anomalie est plus rare
que l’entérocèle.
Utérus
Trachéloptose
Après hystérectomie subtotale, la trachéloptose
désigne la descente isolée du col utérin restant. Si
celle-ci dépasse la vulve, on parle de trachélocèle.
Vessie
Vagin
Rectum
Figure 4. Rectocèle réalisant une colpocèle postérieure.
Le vocabulaire périnéologique pourra paraître
évident aux uns, alors qu’il rebute encore les autres
lorsqu’il est mal connu ou qu’il a été non ou mal
enseigné. En effet, la région anopérinéale reste pour
certains une zone obscure, sinon tabou, et le cloisonnement des trois spécialités qui composent la
périnéologie est au moins en partie responsable de
cette méconnaissance.
■
Bloc-notes
Hôpital Saint-Antoine – Hépato-gastro-entérologie
13 et 14 novembre 2009 – Maison de la Chimie, 28 rue Saint-Dominique, 75007 Paris
Secrétariat d’organisation :
BCA – 38, rue Anatole-France – 92594 Levallois-Perret
Contact : A. Lamoidan
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Tél. : 01 70 94 65 05
Fax : 01 70 94 65 01
http://www.b-c-a.fr/hgsa09
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