4 A Congruence dans Objectifs du chapitre Nous allons étudier la notion de congruence dans problèmes de codage. B Activité 3 qui sera utilisée dans des Pour débuter Le 1er janvier 2012 était un dimanche. Quel jour de la semaine était-on n jours plus tard pour n = 1, 2, 3, ..., 20 (on regroupera ces résultats dans un tableau, la 1re colonne correspondant au lundi...). Que peut-on dire de deux nombres d’une même colonne ? Quel jour de la semaine sera-t-on 1 000 jours après le 1er janvier 2012 ? Quel jour sera-t-on le 1er janvier 2020 ? C Cours 1. Définition Définition 4 Soit n un entier naturel non nul donné, et soient x et y deux entiers relatifs quelconques. On dit que x est congru à y modulo n si la différence x − y est un multiple de n. Dans ce cas, on note : x ≡ y mod n ou encore x ≡ y [n ] ou encore x ≡ y (n ) et on lit « x congru à y modulo n ». Remarques Si x – y est un multiple de n , y − x est aussi un multiple de n. Donc, si x ≡ y [n ] on a aussi y ≡ x [n ] : la relation de congruence est symétrique. On a toujours x ≡ x [n ] : la relation de congruence est réflexive. On a toujours x ≡ y [1]. (La congruence modulo 1 ne présente donc pas grand intérêt.) Conséquences z Un nombre est congru à 0 modulo n si, et seulement si, c’est un multiple de n. z Tout nombre pair est congru à 0 modulo 2 ; tout nombre impair est congru à 1 modulo 2. z Tout nombre est congru à son chiffre des unités modulo 10. Démonstration Conséquence Soit immédiate de la définition. n un nombre pair. Le nombre n est divisible par 2 donc n ≡ 0 [2]. Soit n un nombre impair. Le nombre n − 1 est donc divisible par 2 ce qui prouve que n ≡ 1 [2]. Soit n un nombre entier. Écrivons n = am am −1...a1a0 où a0 représente le chiffre des unités de n, a1 représente le chiffre des dizaines de n, etc. Ainsi, n = am × 10m + am −1 × 10m −1 + ... + a1 × 10 + a0 . L’entier n − a0 = 10 × am × 10m −1 + am × 10m −2 + ... + a1 est donc divisible par 10 ce qui prouve n ≡ a0 [10]. Remarque La barre dans la notation am am −1...a1a0 sert à différencier l’écriture avec le chiffre des unités, le chiffre des dizaines etc., de l’écriture du produit am × am −1 × ...a1 × a0 . Exemple 14 a) Les nombres –13 et –8 sont-ils congrus modulo 5 ? b) Les nombres 7 et 8 sont-ils congrus modulo 5 ? Solution a) On a : –13 – (–8) = –5. Le nombre –5 est un multiple de 5 donc –13 et –8 sont congrus modulo 5 : −13 ≡ −8 [ 5]. b) On a : 7 – 8 = –1. Le nombre –1 n’est pas un multiple de 5 donc 7 et 8 ne sont pas congrus modulo 5 : −13 ≡/ −8 [ 5]. Exemple 15 Les règles d’un jeu sont les suivantes : Un joueur A propose un nombre entier entre 1 et 4, le joueur B ajoute à ce nombre 1, 2, 3 ou 4 et à tour de rôle, les joueurs A et B ajoutent 1, 2, 3 ou 4 au nombre obtenu. Le 1er qui arrive à 87 a gagné. Déterminer le reste de la division euclidienne de 87 par 5. Comment le joueur A peut-il s’y prendre pour gagner à coup sûr ? Solution On a 87 = 17 × 5 + 2 et 0 ≤ 2 < 5 donc le reste de la division euclidienne de 87 par 5 est 2. Pour être sûr de gagner, A peut commencer par le nombre N = 2 puis, après le coup de B, il s’arrange pour que le nombre obtenu soit congru à 2 modulo 5 (en fait, si B ajoute x, il ajoute ensuite 5 – x). À tout moment, A proposera ainsi un nombre congru à 2 modulo 5 et B un nombre congru à 3, 4, 0 ou 1 modulo 5. En théorie des jeux, on dit que, pour ce jeu, les nombres congrus à 2 modulo 5 constituent un ensemble de situations gagnantes : t le nombre 87 est une situation gagnante ; t à partir d’une situation qui n’est pas gagnante, on peut toujours jouer de telle sorte d’être à la suite du coup en situation gagnante ; t à partir d’une situation gagnante, on se retrouve, après avoir joué, forcément en situation perdante. La situation initiale (N = 0) n’est pas gagnante donc le joueur A a une stratégie gagnante (toujours proposer un nombre congru à 2 modulo 5). 2. Lien entre congruence et division euclidienne Propriété 3 Tout nombre est congru modulo n au reste de sa division euclidienne par n. Démonstration Si on effectue la division euclidienne de x par n , on sait qu’il existe q appartenant à et r appartenant à tels que x = qn + r avec 0 ≤ r < n. On a alors x − r = qn donc x − r est un multiple de n et ainsi x est congru à r modulo n. Conséquences zModulo n, tout nombre est congru à un nombre r tel que 0 ≤ r ≤ n − 1. zSi a ≡ r [n ] et 0 ≤ r <n alors r est le reste de la division euclidienne de a par n. Exemple 16 À quel entier naturel inférieur à 27 le nombre 523 est-il congru modulo 27 ? Solution Par division euclidienne de 523 par 27, on obtient : 523 = 19 × 27 + 10 donc 523 ≡ 10 [27]. 3. Propriétés Propriété 4 Transitivité La relation de congruence modulo n est transitive c’est-à-dire que si on a : x ≡ y [n ] et y ≡ z [n ] alors on a : x ≡ z [n ]. Démonstration La congruence x ≡ y [n ] se traduit par : il existe un entier k tel que x − y = kn ; la congruence y ≡ z [n ] se traduit par : il existe un entier k’ tel que y − z = k ′n. Or, x − z = x − y + y − z = kn + k’n = (k+k’ )n donc x ≡ z [n ]. Propriété 5 Addition et soustraction de congruences de même module La relation de congruence modulo n est compatible avec l’addition et avec la soustraction dans ; c’est-à-dire que si on a : x ≡ y [n ] et x ′ ≡ y ′ [n ] alors on a aussi : x + x ′ ≡ y + y ′ [n ] et : x − x ′ ≡ y − y ′ [n ]. Cela veut dire que si on a deux congruences modulo n, on peut les ajouter membre à membre ou les retrancher membre à membre et on obtient encore une congruence modulo n. Démonstration La congruence x ≡ y [n ] se traduit par x − y multiple de n. La congruence x ′ ≡ y ′ [n ] se traduit par x ′ − y ′ multiple de n. On en déduit que la « somme » ( x − y ) + ( x ′ − y ′ ) est encore un multiple de n, c’est-à-dire ( x + x ′ ) − ( y + y ′ ) est multiple de n ; ceci veut dire que x + x ′ ≡ y + y ′ [n ] . On raisonne comme précédemment en remplaçant la somme par la différence pour obtenir x − x ′ ≡ y − y ′ [n ]. Exemple On a −13 ≡ −8 [5] et 46 ≡ 21[5]. En utilisant la propriété 5, on obtient : 33 ≡ 13 [5] et –59 ≡ −29 [5]. Propriété 6 Multiplication de congruences de même module La relation de congruence modulo n est compatible avec la multiplication dans ; c’est-à-dire que si on a : x ≡ y [n ] et x ′ ≡ y ′ [n ] alors on a aussi : xx ′ ≡ yy ′ [n ]. Cela veut dire que si on a deux congruences modulo n, on peut les multiplier membre à membre et on obtient encore une congruence modulo n. !!!! Remarque On ne peut pas diviser par un même nombre les deux membres d’une congruence. Par exemple, 15 ≡ 5 [10] mais 3 ≡/ 1 [10]. Démonstration On a x ≡ y [n ] donc il existe k de tel que x − y = kn d’où x = y + kn. On a x ′ ≡ y ′ [n ] donc il existe k ′ de tel que x ′ − y ′ = k ′n d’où x ′ = y ′ + k ′ n. On a donc : xx ′ = ( y + kn )( y ′ + k ′n ) = yy ′ + n (ky ′ + k ′y + kk ′n ). Posons K = (ky ′ + k ′y + kk ′n ) ; K appartient à et xx ′ − yy ′ = Kn. Ainsi, xx ' ≡ yy ' [n ]. Propriété 7 Multiplication par un entier Si x ≡ y [n ] alors, pour tout k appartenant à , on a : kx ≡ ky [n ]. Démonstration Exemple 17 On applique la propriété 7 à x ≡ y [n ] et k ≡ k [n ]. Dresser la table de multiplication modulo 7. Déterminer un entier n tel que 52n congru à 1 modulo 7. Solution Soient a et b deux entiers naturels inférieurs ou égaux à 6. On calcule le reste dans la division euclidienne de ab par 7. Par exemple, 3 × 4 = 12 et 12 ≡ 5 [7]. À l’aide de la fonction MOD du tableur, en saisissant en B2 la formule =MOD($A2*B$1;7) puis en la « copiant-glissant », on obtient la table suivante : On a 52 ≡ 3 [7]. En utilisant la table ci-dessus, on voit que 3 × 5 ≡ 1 [7] et ainsi n = 5 convient. Propriété 8 Élévation à une puissance Si x ≡ y [ p ] alors, pour tout entier naturel n non nul, on a : x n ≡ y n [ p ]. Démonstration Cette propriété est une conséquence de la propriété 6 ; on l’établit en faisant un raisonnement par récurrence. Considérons la proposition définie pour tout entier naturel n non nul, « si x ≡ y [ p ] alors x n ≡ y n [ p ] ». Initialisation : au rang n = 1, la proposition s’écrit x 1 ≡y 1 [p ]. Cette proposition est vraie par hypothèse. Ainsi la propriété est vraie au rang n = 1. Hérédité : on suppose que la proposition « si x ≡ y [ p ] alors x n ≡ y n [ p ] » est vraie pour un certain rang n = k, autrement dit, on suppose que « si x ≡ y [ p ] alors x k ≡ y k [ p ] ». Regardons la propriété au rang k + 1. Comme x ≡ y [ p ] et x k ≡ y k [ p ], appliquons leur la propriété 6 : xx k ≡ yy k [p ] soit x k +1 ≡ y k +1 [ p ]. Donc, la proposition « si x ≡ y [ p ] alors on a : x n ≡ y n [ p ] » est vraie au rang n = k +1: la proposition est héréditaire. Conclusion : la propriété « si x ≡ y [ p ] alors on a : x p ≡ y p [n ] » est vraie pour n = 1 et elle est héréditaire donc, pour tout entier naturel n non nul, si x ≡ y [ p ] alors x n ≡ y n [ p ]. Exemple 18 a) Montrer que 74 ≡ 1[5]. b) En déduire que le reste de la division euclidienne de 72012 et 72013 par 5. Solution a) On sait que 7 ≡ 2 [5]. Donc 72 ≡ 22 [5] c’est-à-dire 72 ≡ 4 [5] ou encore 72 ≡ −1[5]. De même, 73 ≡ 23 [5] c’est-à-dire 73 ≡ 8 [5] ou encore 73 ≡ 3 [5]. Et 74 ≡ 24 [5] c’est-à-dire 74 ≡ 16 [5] ou encore 74 ≡1 [5]. Pour cette dernière ligne, on peut aussi procéder de la façon suivante : 4 de 72 ≡ −1[5], on déduit (72 )2 ≡ ( −1)2 [5] c’est-à-dire 7 ≡ 1[5]. ( ) 503 et ainsi 72012 ≡ 1 [5]. b) Comme 2012 = 503 × 4 , 72012 = 74 2012 ≡ 1 [5] et 0 ≤ 1 < 5, 1 est le reste de la division euclidienne de Comme 7 2012 par 5. 7 2013 = 7 × 72012 d’où 72013 ≡ 7 × 1 [5] soit 72013 ≡ 2 [5]. On a 7 Comme 72013 ≡ 2 [5] et 0 ≤ 2 < 5, 2 est le reste de la division euclidienne de 72012 par 5. Remarque Cette dernière idée est importante : si a ≡ −1 [n ] alors a p ≡ ( −1)p [n ]. Exemple 19 Solution Déterminer le reste de la division euclidienne de 62013 par 7. Comme 6 ≡ −1 [7], 62003 ≡ ( −1)2003 [7] soit 62003 ≡ −1 [7] ou encore 62003 ≡ 6 [7]. Comme 0 ≤ 6 < 7, le reste de la division euclidienne de 62013 par 7 est 6. 3. Exemples d’utilisations des congruences Exemple 20 a) Déterminer le reste de la division euclidienne de 2012 × 2011× 2010 par 7. b) Déterminer le reste de la division euclidienne de 2012104 par 7. c) Quel est le chiffre des unités de 2013104 ? Solution a) On a : 2012 ≡ 3 [7] ; 2011 ≡ 2 [7] ; 2010 ≡ 1[7]. Par compatibilité avec la multiplication, on a 2012 × 2011× 2010 ≡ 3 × 2 × 1[7] ≡ 6 [7]. Comme 0 ≤ 6 < 7, le reste de la division euclidienne de 2012 × 2011× 2010 par 7 est 6. b) 2012 ≡ 3 [7] donc, par compatibilité des puissances, 2012104 ≡ 3104 [7]. k Cherchons alors k tel que 3 soit congru à 1 ou –1 modulo 7. Comme 3 ≡ 3 [7], on a : 32 ≡ 9 [7] soit 32 ≡ 2 [7] ; 3 × 32 ≡ 3 × 2 [7] soit 33 ≡ −1 [7]. Ainsi, ( 33 )2 ≡ ( −1)2 [7] soit 36 ≡ 1[7]. Ce résultat a des conséquences importantes : (36 )2 ≡ 12 ≡ 1[7] (36 )3 ≡ 13 ≡ 1[7] (36 )k ≡ 1k ≡ 1[7] pour tout k ∈ On effectue la division euclidienne de 104 par 6 : 104 = 17 × 6 + 2 donc 2012104 = 201217× 6+ 2 donc 2012104 ≡ 317× 6+ 2 ≡ ( 36 )17 × 32 [7]. Ainsi, 2012104 ≡ 117 × 32 ≡ 2 [7]. Comme 0 ≤ 2 < 7, le reste de la division euclidienne de 2012104 par 7 est 2. c) Déterminons à quel nombre compris entre 0 et 9 est congru 2013104 modulo 10. Le nombre 2013 est congru à son chiffre des unités modulo 10 donc 2013 ≡ 3 [10] et 2013104 ≡ 3104 [10]. Comme 32 = 9, 32 ≡ −1 [10]. Ainsi, ( ) 3104 = 32 52 ≡ ( −1)52 [10] ≡ 1 [10]. Ainsi 2013104 est congru à 1 modulo 10 et le chiffre des unités de 2013104 est 1. Exemple 21 Critère de divisibilité par 11 On note abcd = 1000a + 100b + 10c + d dix) dont les chiffres sont a, b, c et d. l’écriture d’un nombre (en base Par exemple, 5432 = 1000 × 5+100 × 4+10 × 3+2. a) Déterminer le reste de la division euclidienne de 100 par 11, puis de 1000 par 11. b) Montrer que si un nombre entier n vérifie n = 10 [11] alors on peut aussi écrire n = −1 [11]. c) En déduire que abcd est divisible par 11 si, et seulement si, −a +b −c +d est divisible par 11. Solution a) On a 100 = 9 × 11+ 1 donc 100 ≡ 1[11] ; 1000 = 90 × 11+ 10 donc 1000 ≡ 10 [11]. b) Si n ≡ 10 [11] alors comme 10 ≡ −1 [11], on a par transitivité n ≡ −1 [11]. Ainsi, 1000 ≡ −1[11]. c) Comme abcd = 1000a + 100b + 10c + d et 1000 ≡ −1[11] ; 100 ≡ 1[11] ; 10 ≡ −1[11] on a : abcd ≡ 1000a + 100b + 10c + d [11] ≡ −1a + 1b − 1c + d [11] ≡ −a + b − c + d [11]. Donc, abcd est divisible par 11 si, et seulement si, −a +b −c +d est aussi divisible par 11. Exemple 22 Clé de RIB Le R.I.B. (Relevé d’Identité Bancaire) est un nombre N constitué de gauche à droite de la façon suivante : Code de la banque Code du guichet Numéro du compte Clé 5 chiffres 5 chiffres 11 chiffres 2 chiffres Pour calculer la clé de contrôle d’un RIB, on considère le nombre a formé par les 21 premiers chiffres ; on calcule le reste r de la division euclidienne de N = 100 × a par 97 ; la clé RIB est 97 − r. Calculer à l’aide de la calculatrice la clé du RIB suivant (l’écriture décimale de N comportant « trop de chiffres » pour la calculatrice, on pourra se demander comment les congruences peuvent nous aider à mener ce calcul) : Solution Code de la banque Code du guichet Numéro du compte Clé 12345 25896 35715942681 ? On a : N = 100 × 123 452 589 635 715 942 681 =12 345 2588 963 571 594 268 100. Le nombre N est trop grand (23 chiffres alors que l’affichage de la calculatrice en montre entre 9 et 12) pour que l’on puisse utiliser la calculatrice ; on peut, par exemple, utiliser les puissances de 10 et leur congruence modulo 97. On a : 100 = 1 donc 100 ≡ 1 mod 97 ; 101 = 10 donc 101 ≡ 10 mod 97 ; 102 =100=1 × 97+3 donc 102 ≡ 3 mod 97. Utilisons la compatibilité des congruences avec la multiplication : 103 =101 × 102 donc 103 ≡ 10 × 3 mod 97 soit 103 ≡ 30 mod o 97. 104 =102 × 102 donc 104 ≡ 3 × 3 mod 97 soit 104 ≡ 9 mod 97 ; on obtient ainsi le tableau suivant : Puissance de 10 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010 10n ≡ ...mod 97 1 10 3 30 9 90 27 76 81 34 49 Puissance de 10 1011 1012 1013 1014 1015 1016 1017 1018 1019 1020 1021 1022 10n ≡ ...mod 97 5 50 15 53 45 62 38 89 17 73 51 25 Écrivons par exemple : N = 1234 × 1019 + 525896 × 1013 + 357159426 × 104 + 81× 102. On obtient alors par compatibilité des congruences avec l’addition N ≡ 1234 × 17 + 525896 × 15 + 357159426 × 9 + 81× 3 mod 97 soit N ≡ 3222344495 mod 97. Comme 3222344495 ≡ 97 × 33220046 + 33, on en déduit que N ≡ 33 mod 97 et que la clé du RIB est 64 car 97 − 33 = 64. 4. Application : écriture des nombres en base b (résultats non exigibles) a) Introduction Notre système de numération est de base 10. Cela tient à la façon de compter les éléments. Supposons que l’on dispose d’une certaine collection d’objets. On les regroupe par 10. On obtient q1 groupes de 10 objets et u objets que l’on n’a pas pu inclure dans un groupe (u < 10). On appelle groupement du 1er ordre ces groupes de 10 objets. Supposons, par exemple, que pour notre collection, u = 3. On regroupe alors par 10 ces q1 groupements du 1er ordre. On obtient alors q 2 groupements du 2e ordre (c’est-à-dire un groupe de 10 groupements du 1er ordre) et il reste d groupements du 1er ordre isolés. Supposons, par exemple, que d = 7. On regroupe alors ces groupements du 2e ordre par 10. Supposons qu’il reste c = 6 groupements du 2e ordre et que l’on ait obtenu m = 5 groupements du 3e ordre (on ne peut donc pas faire de « groupement du 4e ordre »). Notons N le nombre d’objets de la collection. On peut décrire les regroupements précédents par les divisions euclidiennes suivantes : N = 10q1 + u , q1 = 10q 2 + d et q 2 = 10m + c . On en déduit : ) ( ) N = 10q1 + u = 10 × (10q 2 + d + u = 10 × 10 × (10m + c ) + d + u = m × 103 + c × 102 + d × 10 + u = 5673. On dit que m, c, d et u sont les chiffres composant l’écriture en base 10 du nombre N (u : chiffre des unités, d des dizaines, c des centaines et m des milliers). On regroupe maintenant les objets par 8, on obtient q1′ 8-groupements du 1er ordre et e objets isolés. Comme 5 673 = 8 × 709 + 1, on a q1′= 709 et e = 1. On regroupe alors les q1′ 8-groupements du 1er ordre par 8. On obtient q 2′ 8-groupements du 2e ordre et d 8-groupements du 1er ordre isolés. Comme 709 = 8 × 88 + 5, on a q 2′ = 88 et d = 5. On regroupe alors les q 2′ 8-groupements du 2e ordre par 8. On obtient q 3′ 8-groupements du 3e ordre et c 8-groupements du 2e ordre isolés. Comme 88 = 8 × 11+ 0, on a q 3′ = 11 et c = 0. On regroupe alors les q 3′ 8-groupements du 3e ordre en q 4′ 8-groupements du 4e ordre et b 8-groupements du 3e ordre isolés. Comme 11 = 8 × 1+ 3, on a q 4′ = 1 et b = 3. On ne peut pas effectuer de regroupement d’ordre supérieur avec le groupement du 4e ordre restant (a = 1). On déduit des précédentes divisions euclidiennes : N = 8 × 8 × 8 × ( 8a + b ) + c + d + e = a × 84 + b × 83 + c × 82 + d × 8 + e. q 3′ q 2′ q1′ 8 8 On dit que abcde est l’écriture en base 8 de N. Ici : 5673 = 13051 . b) Définition Propriété 9 admise Soit b élément de N \ {0 ; 1}. Tout entier naturel n peut s’écrire d’une manière unique : n = np b p + np − 1b p − 1 + ... + n1b1 + n0 b 0 avec np ≠ 0 et pour tout i de {0 ; 1 ; ... ; p } , 0 ≤ ni < b. Définition 5 Soit b élément de N \ {0 ; 1}. Si l’entier naturel n s’écrit n = np b p + np − 1b p − 1 + ... + n1b1 + n0 b 0 , avec np ≠ 0 et pour tout i de {0 ; 1 ; ... ; p } , 0 ≤ ni < b , alors : b tl’écriture en base b de n est np np −1...n1n0 ; tles nombres np , np −1, ..., n1 et n0 sont les chiffres de l’écriture en base b de n. Remarque La barre que l’on met au-dessus n’a qu’un seul rôle : c’est celui de faire comprendre que les chiffres sont écrits côte à côte dans l’ordre donné. Sans la barre, on pourrait croire que les x i se multiplient entre eux, et ici ce n’est pas le cas. ; Exemple 23 Solution 7 Écrire x = 402 en base 10. 7 x = 402 = 4 × 72 + 0 × 71 + 2 × 70 = 4 × 49 + 2 1 10 = 198 (=198 ). Remarques Dans le système décimal (base dix) les chiffres sont : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Dans le système binaire (base deux) les chiffres sont : 0, 1. Au-delà de la base 10, on complète par d’autres symboles pour avoir le nombre de « chiffres » voulus. Dans le système de base onze, les onze chiffres sont : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, α . Dans le système de base douze (duodécimal), les douze chiffres sont : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, α , β. Exemple 24 Solution Écrire 534 en base 8. Méthode 1 On cherche la plus grande puissance de 8 inférieure ou égale à 534. On a : 83 ≤ 534 < 84 (soit 512 ≤ 534 < 4096 ). On cherche maintenant la plus grande puissance de 8 inférieure ou égale à 534 − 83 = 22. On a : 81 ≤ 22 < 82. On cherche maintenant la plus grande puissance de 8 inférieure ou égale à 22 − 81 = 14. On a : 81 ≤ 14 < 82. On cherche maintenant la plus grande puissance de 8 inférieure ou égale à 14 − 81 = 6. On a 6 < 8, on s’arrête alors et on a : 14 = 81 + 6, 22 = 81 + 14 = 81 + 81 + 6, 534 = 83 + 22 = 83 + 81 + 81 + 6 = 83 + 2 × 81 + 6 donc 534 = 1× 83 + 0 × 82 + 2 × 81 + 6. 8 On déduit de la dernière égalité : 534 = 1026 . Méthode 2 On s’inspire des calculs effectués dans l’introduction. On a : 534 = 8 × 66 + 6 (donc 6 éléments isolés) ; 66 = 8 × 8 + 2 (donc 2 groupements du 1er ordre isoléss) ; 8 = 8 × 1+ 0 (donc 0 groupements du 2e ordre isolé) 1 groupement du 3e ordre. 8 Cela nous donne bien 534 = 1026 . On peut présenter les calculs précédents de la façon suivante : 534 8 6 66 8 2 8 0 8 1 1 8 0 Condition d’arrêt c) Critères de divisibilité Soit le nombre n = x p x p −1...x 1x 0 10 (il s’agit de l’écriture avec les chiffres écrits les uns à côté des autres). Critère de divisibilité par 2 On a n = x p x p −1...x 1 × 10 + x 0 or 10 ≡ 0 [2] donc n ≡ x 0 [2]. Il en résulte que n est divisible par 2 si, et seulement si, son chiffre des unités est divisible par 2, c’est-à-dire s’il se termine par 0, 2, 4, 6 ou 8. Critère de divisibilité par 3 On a n = x p 10p + x p −110p −1 + ... + x 1101 + x 0 or 10 ≡ 1 [3] donc, pour tout k ∈ , 10k ≡1 [ 3]. Ainsi, n ≡ x p + x p −1 + ... + x 1 + x 0 [ 3]. Il en résulte que n est divisible par 3 si, et seulement si, la somme de ses chiffres est divisible par 3. Critère de divisibilité par 5 On a n = x p x p −1...x 1 × 10 + x 0 or 10 ≡ 0 [5] donc n ≡ x 0 [5]. Il en résulte que n est divisible par 5 si, et seulement si, son chiffre des unités est divisible par 5, c’est-à-dire s’il se termine par 0 ou 5. Critère de divisibilité par 9 et « preuve par 9 » On a n = x p 10p + x p −110p −1 + ... + x 1101 + x 0 or 10 ≡ 1 [9] donc, pour tout entier k, 10k ≡ 1k [9] soit 10k ≡ 1 [9]. Ainsi, n ≡ x p + x p −1 + ... + x 1 + x 0 [9]. Il en résulte que n est divisible par 9 si, et seulement si, la somme de ses chiffres est divisible par 9. Le fait qu’un nombre soit congru modulo 9 à la somme des chiffres de son écriture décimale permet d’obtenir facilement et « de tête » le reste de la division euclidienne d’un entier naturel par 9. C’est cette idée qui est à l’origine de la preuve par 9 qui permet aux jeunes élèves apprenant la multiplication de « vérifier un calcul ». Exemple 456 238 w 795 613 4 w 4 = 362 998 884 894 6 1 On a : 456 238 ≡ 4+5+6+2+3+8 ≡ 28 ≡ 2+8 ≡ 10 ≡ 1 [9] donc 456 238 a pour reste 1 dans la division euclidienne par 9 ; 795 613 ≡ 7+9+5+6+1+3 ≡ 31 ≡ 3+1 ≡ 4 [9] donc 795 613 a pour reste 4 ; 456 238 × 795 613 ≡ 1× 4 ≡ 4 [9] donc le produit a pour reste 4 dans la division euclidienne par 9. 362 998 884 894 ≡ 6 [9] donc 362 998 884 894 a pour reste 6 et ne peut donc pas être égal au produit. Bien sûr, la preuve par 9 ne peut pas nous prouver qu’un calcul est exact. Critère de divisibilité par 10 On a n = x p x p −1...x 1 × 10 + x 0 donc n − x 0 est divisible par 10 donc n ≡ x 0 [10]. Il en résulte que n est divisible par 10 si, et seulement si, son chiffre des unités est divisible par 10, c’est-à-dire s’il se termine par 0. D Exercice 14 Exercices d’apprentissage a) À quel entier naturel inférieur à 11 le nombre 7 654 est-il congru modulo 11 ? b) Les nombres 14 533 et 6 742 sont-ils congrus modulo 7 ? Exercice 15 Sans utiliser la calculatrice, déterminer le reste dans la division euclidienne : a) de 1473 × 1474 × 1475 × 1476 par 7 ; b) de 19328 par 3 ; c) de 7202 par 5. Exercice 16 Démontrer que, pour tout entier naturel n, 7n – 2n est un multiple de 5. Exercice 17 a) Montrer que 1999 est congru à 4 modulo 7. b) Déterminer le plus petit nombre entier naturel congru à 2007 modulo 7. Soit n un nombre entier naturel congru à 5 modulo 7. a) Déterminer un nombre entier naturel congru à n 3 modulo 7. b) En déduire que (n 3 + 1) est divisible par 7. Montrer que si n est un nombre entier naturel congru à 4 modulo 7 alors (n 3 − 1) est divisible par 7. On considère le nombre A = 19993 + 20073 . Sans calculer A, montrer en utilisant les résultats précédents que A est divisible par 7. Exercice 18 Quel est le reste de la division euclidienne de 5 par 8 ? Quel est le reste de la division euclidienne de 52 par 8 ? Quel est le reste de la division euclidienne de 586 par 8 ? Quel est le reste de la division euclidienne de 587 par 8 ? Quel est le reste de la division euclidienne de 96587 par 8 ? Soit n un entier naturel. Montrer que 52n +1 + 52n + 2 est un multiple de 8. Exercice 19 Donner l’écriture de 3210 4 en base 10. 16 Donner l’écriture décimale (en base 10) de AD78 2 Donner l’écriture de 100101 en base 10. Donner l’écriture de 31 427 en base 8. Donner l’écriture de 1 792 en base 2. . Exercice 20 Arthur et Wilson sont deux jumeaux qui ont l’habitude de communiquer à l’aide de messages codés. Ils réalisent toujours leur chiffrement de la façon suivante : Chaque lettre de l’alphabet munie de son numéro d’ordre n est remplacée par la lettre de l’alphabet munie du numéro d’ordre p ( 1 ≤ p ≤ 26 ) obtenu à l’aide de la formule p ≡ 3 × n + 7 [26]. Par exemple, la forme chiffrée de L est Q car 3 × 12 + 7 = 43 et 43 ≡ 17 [26]. Compléter la table de chiffrement donnée ci-dessous. Lettre A B C D E F G H I J K L M n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 p 17 Forme chiffrée Q Lettre N O P Q R S T U V W X Y Z n 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 p Forme chiffrée Arthur a envoyé le message suivant à Wilson : MIJUZ CZRI OJ IVRLLHOV. Retrouver la forme déchiffrée du message. Wilson désire lui répondre : MERCI. Donner la forme chiffrée de ce message. a) Montrer que si p ≡ 3n + 7 [26] alors n ≡ 9p + 15 [26]. b) En déduire une façon de retrouver une lettre à partir de sa forme chiffrée. Exercice 21 Soit a un entier, en étudiant les différents restes possibles dans la division euclidienne par 5, montrer que a 5 − a est divisible par 5. En déduire le chiffre des unités de a 5 − a ? Étudier les différents restes possibles des carrés modulo 4. En déduire que 2015 n’est pas la somme de deux carrés.