Le Grenadier

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l
Professeur Isabelle Fourasté - Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse
Étude
Étude botanique
Le Grenadier
Punicaceae
s
Fondation d’Entreprise
pour la Protection
et la Bonne Utilisation
du Patrimoine Végétal
sommaire
4
Introduction
5
Description générale de la plante
9
Description de la partie utilisée
14
Dénomination scientifique
2 Dénominations communes
3 Habitat
4 Description de l’espèce Punica Granatum L.
1
Morphologie
2 Anatomie
1
Références bibliographiques
Introduction
C
ultivé dans les jardins de Babylone depuis plus
de 4.000 ans, le grenadier et son fruit tiennent
une place importante dans les civilisations anciennes.
Dans l’Égypte antique le grenadier accompagne les morts dans
l’au-delà.
Son omniprésence, au Moyen-Orient, lui vaut de nombreuses
allusions dans la Bible.
De nombreux lieux de Terre Sainte, comme «Rimmon»,
«Geth-Remmon», «En-Rimmon» ont été dénommés ainsi
en raison de la fréquence du Grenadier «Rimmon»
en hébreux dans ces régions.
La grenade symbolise la fertilité dans plusieurs mythes.
Une jeune mariée turque pouvait connaître le nombre
de ses enfants en comptant les graines échappées
d’une grenade jetée au sol.
Le grenadier a été apporté en Europe par l’invasion
carthaginoise, ce que laisse à penser son nom de genre.
En effet, Punica viendrait de «punique» car le grenadier
aurait été introduit à Rome au temps des Guerres Puniques.
Cependant, pour d’autres étymologistes, Punica dériverait
du latin puniceus, rouge écarlate, en référence à la couleur
de la fleur.
Les graines de Punica granatum, et les cônes de pins,
de par leur forme, étaient associés, selon la théorie
des signatures, pour guérir les maux de dents.
4
Description générale de la plante
1 DÉNOMINATION SCIENTIFIQUE
Le Grenadier a été introduit pour la première fois
sous l’appellation de Punica granatum L.,
dans le «Species plantarum», par Linné, en 1753.
Embranchement ................................................. Spermatophyta
Sous-embranchement ................................... Angiospermae
Classe ........................................................................ Dicotyledonae
Sous-classe ........................................................... Dialypétales
Série . .......................................................................... Caliciflores
Ordre .......................................................................... Myrtales
Famille . ..................................................................... Punicaceae
Genre . ........................................................................ Punica L.
Espèce ....................................................................... Punica granatum L.
2 DÉNOMINATION COMMUNES
• En France : Arosse,Balaustier,Granatier,Grenadier,Migranier.
• En Allemagne : Balluster, Echter, Gemeine grante, Granat,
Granatbaum, Margaretenblum.
• En Angleterre : Carthaginian-apple, Dwarf Pomegranate,
Pome granat, Pome granate, Pome granate
free.
• En Espagne : Granado, Mangrano.
• En Flamand : Granaatboom.
• En Italie : Granata, Granato, Melograno, Me Pagrana.
• Au Japon : Zakuro.
• Au Portugal : Granatbaum, Româ, Romanzeiro,
Romazeira, Romeira de Granada.
5
Description générale de la plante
[suite]
3 HABITAT
Le Grenadier est un très bel arbrisseau de deux à cinq mètres
de hauteur, originaire de Perse ou de Mésopotamie, répandu
dans toute la région méditerranéenne, dans les parcs
ou les jardins dont il constitue un réel ornement.
En Europe méridionale, et notamment en France, il est cultivé,
en pleine terre dans la région méditerranéenne, subspontané
ou naturalisé çà et là dans le Midi.
Hors d’Europe, on le retrouve dans le Sud-Ouest de l’Asie,
en Inde, ou encore dans la région méditerranéenne d’Afrique.
Dans plusieurs contrées tempérées assez chaudes du globe, en
particulier en Amérique, Punica granatum L. est cultivé
et parfois subspontané.
Punica granatum L. est généralement cultivé soit pour
ses fruits comestibles, qui servaient à préparer la grenadine,
soit pour l’aspect ornemental de ses fleurs et de ses fruits.
Punica granatum L.
Aspect général
6
Punica granatum L.
Rameau fleuri
4 DESCRIPTION DE L’ESPÈCE
Punica granatum L. est un sous-arbrisseau ou
un arbrisseau, touffu, très ramifié depuis la
base du tronc.
Le tronc tortueux, à écorce grisâtre, se ramifie
en branches irrégulières, légèrement
épineuses au sommet, portant des feuilles
généralement opposées, luisantes, simples,
entières et non stipulées ; parfois, elles sont isolées
ou groupées en verticilles sur un même pied.
Les fleurs, d’un rouge pourpre à grenat, brièvement pédonculées,
sont axillaires, solitaires ou en petites cymes pauciflores.
Le réceptacle floral turbiné ou campanulé est surmonté
de quatre à huit sépales rouges, charnus, persistants, d’abord
dressés, puis s’étalant après fécondation ; les pétales en même
nombre sont insérés en dedans des sépales et alternent avec
eux ; ils sont minces et chiffonnés dans le bouton ;
les étamines, en grand nombre, sont insérées sur la face
interne du réceptacle au-dessous de la corolle.
Le gynécée, qui comprend huit à neuf carpelles disposés
sur deux verticilles, ne possède qu’un seul style surmonté d’un
renflement stigmatique ; l’élongation de l’ovaire
et du réceptacle donne au fruit une forme particulière ;
les carpelles externes se trouvent entraînés au-dessus
des autres, ce qui forme deux étages superposés,
plus ou moins définis, de loges ovariennes, renfermant
un nombre élevé et variable de graines par loge.
7
Description générale de la plante
[suite]
Le fruit, globuleux, rouge-brun, de la grosseur d’une orange,
est surmonté des dents du calice desséchées ; c’est une baie
cortiquée à péricarpe dur, divisée en plusieurs loges dont
les graines ont un tégument externe rouge, pulpeux,
succulent, acidulé, sucré et un tégument interne dur ;
elles ne possèdent pas d’albumen mais deux cotylédons
foliacés, enroulés l’un sur l’autre.
Punica granatum L.
Fleur
Punica granatum L.
Rameau avec fruit
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Description de la partie utilisée
La partie utilisée est l’écorce de racine.
1 MORPHOLOGIE
Elle se présente en fragments irréguliers d’un millimètre d’épaisseur environ, plus ou moins enroulés, cintrés ou aplatis ; la surface extérieure est gris jaunâtre ou brun fauve
avec de larges écailles subéreuses, ridées ou même
fissurées ; la face interne est lisse ou finement striée
longitudinalement, dans les gros fragments et de couleur jaune
verdâtre ; parfois des débris de bois y adhèrent.
La cassure est nette, granuleuse, jaune clair ;
avec une ligne brune correspondant au suber ;
la région libérienne de la section laisse apercevoir de fines
stries radiales.
La saveur est âpre, astringente, légèrement amère ;
par mastication, elle colore la salive en jaune et craque
sous la dent ; l’odeur est à peu près nulle.
Remarque : certains échantillons du commerce sont constitués
par un mélange d’écorces de racine et de tige.
9
Description de la partie utilisée [suite]
Face extérieure
Face intérieure
10
2 ANATOMIE
En section transversale
L’écorce de grenadier, monté dans le réactif carmino-vert
aluné, présente un suber plus ou moins développé, constitué par
des assises de cellules superposées, dont la paroi inférieure et les
parois latérales sont colorées en bleu-vert.
Le parenchyme cortical est constitué par des cellules à parois
cellulosiques, plus ou moins ovoïdes, souvent allongées
tangentiellement ; dans ce parenchyme sont incluses
des cellules contenant des prismes d’oxalate de calcium,
de grosses cellules scléreuses, isolées ou groupées par deux
à trois, à parois très épaissies, canaliculées.
Le liber est très développé. Il est constitué par des cellules
de petite taille disposées assez régulièrement en files radiales et
sillonné par des rayons médullaires uni ou bisériés
qui s’élargissent vers la périphérie le divisant ainsi en faisceaux
cunéiformes. Le liber est transversalement partagé par
des lignes concentriques de cellules à macles d’oxalate
de calcium, d’une seule épaisseur d’éléments, alternant
avec des bandes de parenchyme libérien.
De grosses cellules scléreuses, à parois très épaissies
et canaliculées, sont parfois rencontrées dans le liber.
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Description de la partie utilisée [suite]
Examen microscopique
Examinée au microscope, l’écorce de grenadier pulvérisée
(355), gris brun, est caractérisée par la présence de :
• fragments de suber, à cellules polyédriques,
à parois légèrement épaissies,
• cellules de parenchyme, ovoïdes, bourrées d’amidon,
• plages de cellules à macles d’oxalate de calcium,
• grosses cellules scléreuses à parois épaissies
et canaliculées,
• prismes d’oxalate de calcium.
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Suber
Parenchyne
cortial
Cellules
scléreuses
Liber
Punica granatum L.
Section transversale
de l’écorce de racine
Macle d’oxalate
de calcium
1
s
Cellule
scléreuse
3
2
Macle
d’oxalate
de calcium
Rayon
médullaire
Parenchyme
libérien
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Références bibliographiques
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der in der Arzneykunde Gebräuchlichen Gewächse, vie
auch solcher, welche mi ihnen verwechselt werden
können - auf Kosten de Verfassers, Berlin, Vol. X, pl. 35.
- INDEX KEWENSIS - Sous la direction de HOOKER J.D.
et JACKSON B.D. - An enumeration of the genera and species of flowering plant Oxford Clarendon Press, England, 1875 et suppléments.
- KERGUELEN M. - Index synonymique de la Flore de France - Secrétariat de la faune et de la
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Etude botanique “Le Grenadier”
Professeur Isabelle Fourasté
Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse
Juin 2002 - Réalisation et impression : SIA Lavaur
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Pierre Fabre
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