Invitation au "Jeudis de l’Université" du 12 juin 2014 à 18h30 Le phénomène des migrations a des racines très profondes que de nombreux auteurs ont tenté d’expliquer. L’histoire a été marquée par un peuplement exogène qui se prolonge encore actuellement alors que les anciennes métropoles coloniales sont devenues des eldorados. Depuis, les flux migratoires, qui s’étaient inversés, principalement en direction de l’Amérique du Nord et de l’Europe, sont devenus de plus en plus difficile et présentent un aspect irrégulier et illégal. Pour certains auteurs, les mutations démographiques et économiques contemporaines qui affectent les sociétés sont généralement, à l’origine d’une émigration massive. La Caraïbe n’est pas en reste, puisque considérée comme une des régions du monde ayant les plus forts taux de flux migratoires. Selon Cédric Audebert1, « les mouvements de population ont eu une fonction déterminante dans la prise de conscience régionale, qu’il s’agisse des logiques institutionnelles d’intégration proprement dite ou plus largement de l’émergence d’un sentiment d’appartenance au bassin caribéen ». Dans ce contexte, les migrations intra-régionales sont aussi anciennes que la genèse de ces sociétés caribéennes elles-mêmes. Ce qui a fait dire « qu’elles ont façonnées, ces sociétés, au gré des transferts culturels et d’échange de toutes sortes favorisant une dynamique régionaliste qui a rapproché les peuples au moins autant que les entités politiques et économiques » 2. Ce lourd héritage colonial qui a longtemps pesé sur la vision que les caribéens avaient d’euxmêmes et sur celle que les autres avaient de la région nous conduit à vous inviter à venir nombreux au prochain « Jeudi de l’université » qui se tiendra : Le jeudi 12 juin 2014 à 18h30 Amphithéâtre « Frantz Fanon », Faculté de Droit et d’Economie, Campus de Schœlcher sur le thème : La migration haïtienne dans les Antilles françaises : histoire et enjeux sociaux contemporains Présenté par Dimitri Béchacq Anthropologue, chargé de recherche CNRS (CRPLC/UMR 8053 du CNRS) - AUDEBERT Cédric, Régionalisme et migrations dans la Caraïbe, http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/8 0/57/71/pdf/audebert_2011_Regionalisme_et_migrations_dans_la_Caraibe.pdf, URL consulté le 24.05.2014. 2 - Idem AUDEBERT Cédric ; 1 NOTES SUR LE THEME Cette communication portera sur une histoire et une anthropologie des situations migratoires entre Haïti et les Antilles françaises. Après avoir brièvement rappelé les interrelations existant entre ces territoires depuis la fin du XVIIIème siècle, il s’agira d’indiquer des éléments factuels, notamment chronologiques, statistiques et sociologiques, permettant de situer la présence haïtienne dans les Antilles françaises. La plupart des études consacrées à cette présence souligne la situation particulière des Haïtiens dans les Antilles françaises, notamment liée, d’une part, aux politiques migratoires européennes et à leur mise en œuvre locale, et d’autre part, aux pratiques discriminatoires qu’ils subissent quotidiennement. Il est cependant plus rarement abordé l’impact de telles pratiques sur les relations entre les Haïtiens mais également avec les Antillais et les institutions françaises. Seront ainsi présentés les premiers résultats d’une recherche en cours menés conjointement en Haïti, en Martinique et en Guadeloupe, résultats qui seront comparés avec ceux d’une enquête menée sur le champ associatif et les pratiques du vodou dans le cadre de la migration haïtienne en Ile-de-France. BIOGRAPHIE DU CONFERENCIER Notre conférencier s’est très tôt intéressé aux problématiques des migrations puisque ses précédents thèmes de recherche portent sur l’Anthropologie et l’histoire sociale des migrations et des religions afro-américaines (2001-2002). Ainsi que sur la Construction et les usages sociaux et politiques des registres d’appartenance et des faits culturels et historiques et sur les Rapports de pouvoir, réseaux sociaux et modes d’organisation collective. Actuellement il étudie : Les situations, stratégies et réseaux migratoires entre Haïti et les Antilles françaises, les Procédés et registres de la différenciation et de l’identification sociale et ethnique et la Production et gestion de la citoyenneté et de la nationalité Après un DEA analysant en 2002, La pratique du vodou haïtien en terre d’exil : cadres, modalités et enjeux d’un fait religieux déterritorialisé. Il soutient brillamment sa. Thèse de Doctorat d’anthropologie sociale et ethnologie en 2010 et obtient une Mention très honorable avec félicitations sur le sujet « Pratiques migratoires entre Haïti et la France. Des élites d’hier aux diasporas d’aujourd’hui » préparée à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales/Centre d’Etudes Africaines (EHESS/CEAf.), sous la direction de M.-J. JOLIVET. BIBLIOGRAPHIE «Le vodou haïtien en migration : commerce ou croyance ?», Africultures, n° 58, 1er trimestre 2004, l’Harmattan, Paris 2003, Pp. 131-137. «Commerce, pouvoir et compétences dans le vodou haïtien», Cahier des Anneaux de la Mémoire, n° 7, 2004, Pp. 41-69. D. B avec G. Bonacci, P. Berloquin-Chassany & N. Rey (dir.), La Révolution haïtienne au-delà de ses frontières, Coll. Tropiques, Thématiques Histoire, Karthala, Paris 2006, 264 pages. «Les parcours du marronnage dans l’histoire haïtienne. Entre instrumentalisation politique et réinterprétations sociales», Ethnologies, vol. 28, n° 1, 2006, Pp. 203-240. «La diaspora haïtienne à Paris. Significations, visibilité et appartenances», in M. Burac, R. Calmont et C. Audebert (dir.), Dynamiques migratoires de la Caraïbe, Karthala/Géode, Paris 2007, Pp. 253-271. «La construction d’un vodou haïtien savant. Courants de pensée, réseaux d’acteurs et productions littéraires», Tabou/Infolio 2008, n° 5, Pp. 27-69. Avec Berloquin-Chassany, P., « Le menuisier, la Teutonne et le sourd », in M. Hector & M. Dorigny (dir.), Revue de la Société haïtienne d’histoire et de géographie , vol. 83, n° 236 (Hommages à Gérard Barthelémy), janv.-juin 2009, Pp. 185-189. «Los recorridos del cimarronaje en la historia haitiana. Entre la instrumentalización politica y la reinterpretación social», Caminos, n° 58, 2011, Pp. 10-25. «Histoire(s) et actualités du vodou à Paris. Hiérarchies sociales et relations de pouvoir dans un culte haïtien transnational», Studies in Religion / Sciences Religieuses, vol. 41, 2012, n° 2, Pp. 257-279. «Distance, intimité et pouvoir. Dans les coulisses d’une ethnographie multi-située du vodou haïtien (Port-au-Prince, Gonaïves, Paris, Brooklyn)», in J.P. Santiago et M. Rougeon (dir), Pratiques religieuses afro-américaines. Terrains et expériences sensibles, Coll. Academia L’Harmattan, Paris 2013, Pp. 213- 249. «Le vodou haïtien : un marqueur identitaire et national ?», Religions et Histoire, hors-série n° 10 déc.- fév.2013-2014, Pp. 24-29. «Le secteur vodou en Haïti. Esthétique politique d’un militantisme religieux (1986-2010)», Histoire, Monde et Cultures Religieuses, n° 29, 2014, Pp. 105-122. «Pratiques sociales et culturelles d’une élite postcoloniale : mobilité, parenté et éducation de l’élite haïtienne», in D. Rogers (dir.), Les affranchis et descendants d’affranchis du monde atlantiques (XVeXIXe siècles), Karthala, Paris 2014, (sous presse). « L’ethnologie et les troupes folkloriques haïtiennes : politique culturelle, tourisme et émigration (1941- 1986) », in J. P. Byron & B. Jewsiewicki (dir.), L’ethnologie et la construction de la nation politique, du peuple et du citoyen, Presses Universitaires de Laval, Laval-Québec 2014, (sous presse).