Interculturalité et Urgences

publicité
Interculturalité et {
Soins Urgents Spécialisés
La culture est un ensemble de
structures
sociales
et
de
manifestations
intellectuelles,
artistiques, religieuses, incluant une
langue commune, des valeurs, des
traditions et des habitudes de vie
qui définissent une civilisation, une
société par rapport à une autre.
L’immigration est une réalité avec laquelle nous devons et devrons de plus en plus composer
Multiculturalisme ou interculturalisme?
« Nous avons dʹabord assisté à lʹémergence du modèle
multiculturel en vue de parvenir à lʹétablissement de
relations plus justes entre les groupes. Le multiculturalisme
est cependant critiqué en raison du fait quʹil entraînerait le
repli sur soi et la ghettoïsation des groupes culturels. Nous
assistons aujourdʹhui à un véritable ressac à lʹendroit de ce
terme »
Charles‐Antoine Sévigny
Ghettoïsation : isolation d’une communauté
culturelle qui se replie sur elle‐même, sur ses
valeurs, sa culture et se tient à l’écart de la
civilisation d’accueil.
« La compétence interculturelle se définit comme
le développement d’une prise de conscience de
notre propre existence, de nos sensations, de nos
pensées et de notre environnement sans influence
indue sur les personnes d’une autre origine tout
en
démontrant
la
connaissance
et
la
compréhension de leur culture, en acceptant et en
respectant leurs différences culturelles et en
adoptant des soins congruents avec leur culture. »
La réalité de terrain
Service des Urgences =
 H24/7
 > 25000 admissions/an
 Aucune programmation
 Urgences: vraies, ressenties et fausses
 Plusieurs patients à la fois
 Pas (ou peu) d’intimité relationnelle (locaux…
turn‐over…)
 Gestion des accompagnants/famille
La réalité de terrain
 Obligation de « faire tourner » (flux IN et OUT)
 Population: locale, gens du voyage, Europe de l’Est, réfugiés (Afghans, Irakiens, Syriens, Maghreb, Ethiopie…)
 Peu ou pas de ressource externe disponible (p.ex traducteur)
 Aucune formation en interne à l’approche de l’interculturalité
La réalité de terrain
En Belgique, tout patient a le droit de choisir le médecin par lequel il veut être soigné
AMU et donc service d’Urgences =
Le seul endroit où le patient n’a pas le choix de son médecin
Principe de l’égalité des soins
« Les soins infirmiers et médicaux ne font
pas de distinction entre couleur de peau et
appartenance culturelle, ils sont ouverts à
tous, dans la diversité de chacun!»
Principe de l’égalité des soins

> < Ethno‐centrisme: tendance à prendre pour modèle le groupe ethnique auquel on appartient, et à en faire le seul modèle de référence

> < Xénophobie: peur et hostilité envers les étrangers (peut être favorisée par le ressenti d’insécurité par rapport à l’étranger)
Obstacles et difficultés: pour « l’étranger »









Suspicion par rapport au personnel et aux soins dispensés
Contact visuel soutenu
Tenue vestimentaire de l’infirmier(e)
Contact physique (tenir la main…)
Soignant de sexe différent de celui de la personne soignée
Autorité de l’infirmier(e)/de la doctoresse, en opposition au rôle de la femme dans sa culture
Langue utilisée
Protocoles thérapeutiques
Dimension familiale/Clanique, peu compatible avec un SUS
Obstacles et difficultés: pour « nous »









Valeurs ou demandes qui nous « heurtent »
Rites religieux, pratiques sociales et thérapeutiques en conflit avec notre logique de soins
Hommes dominants sur leurs conjoints et enfants
Violence faite aux femmes (et enfants…)
Pudeur +++ de certaines femmes
Port du voile, de la burkha
Mutilations sexuelles
Présence de la famille, du clan
Superstitions
Quelques réflexions…





Le chemin est à parcourir dans les DEUX sens
Changer les us et coutumes prend du temps!!!
Adaptation ≠ abandon et déperdition
La culture est un bien PRECIEUX
Culture = ICEBERG
Questions à se poser ÷ à la culture
Quels sont les facteurs qui interfèrent avec les soins?
 Limites linguistiques?
 Différences de normes d’hygiène
 Méfiance vis‐à‐vis des soignants
 Interdits et incitatifs religieux ou liés à la tradition

Méconnaissance et peur de nos moyens diagnostiques et thérapeutiques
 Domination de l’homme  femme(s) et enfants
 Rôle effacé, voire « inexistant » de la femme
 Croyances concernant la maladie et son origine
 Croyances en des moyens traditionnels de soins
 L’expression de l’inquiétude ou du chagrin varie selon les cultures  déstabilisant pour nous

Les soins interculturels se situent dans un
processus dynamique de respect, dʹinteraction et
dʹéchanges avec les immigrants où les
intervenants de la santé doivent être sensibles aux
différences
dʹordre
culturel,
linguistique,
d’organisation familiale et sociale, de leurs codes
de conduite (reconnaissance de l’autorité, respect
des parents, politesse, honneur, dignité, pudicité
des
femmes),
de
leurs
perceptions
et
interprétations traditionnelles des problèmes de santé et de leurs traitements.
Imposer des soins à une
personne qui ne les comprend
pas est une forme de violence
contraire à l’éthique
MAITRES‐MOTS

RESPECT

ECOUTE 
NEGOCIATION
Comment entrer en relation/communiquer? Ecoute attentive et observation  body langage
 Evaluer la capacité linguistique
 Se placer au niveau du soigné
 Parler lentement, articuler, mots simples, pas de jargon médical, langage gestuel révélateur
 Prendre le temps …???


Evaluer le niveau de compréhension par des questions fréquentes

Utiliser tout support utile (dépliants, photos, tableaux…)

Sourire, toucher la main (si accepté…)

Empathie, être à l’écoute de ce que vit le patient, ses valeurs, sa culture

Repérer les signes verbaux et non verbaux du sens qu’il veut communiquer

S’écouter, s’auto‐évaluer, pour modifier notre comportement, l’adapter selon les besoins et attentes du patient

Gérer ses émotions pour éviter les réactions trop marquées, les risques de malentendu ou de conflit

Connaître son « sujet », pour pouvoir rejoindre l’autre et lui communiquer ce qui est nécessaire

Attitude appropriée: gestes, regard, posture, vêtements, body langage
Quel comportement?

Conserver le leadership des soins

Se rappeler leurs valeurs et croyances ÷ à la santé, la maladie, la mort, la grossesse, la naissance, l’hygiène, le traitement

Identifier la distance physique optimale ( « la bulle d’intimité»)

Contact visuel: OK ou pas OK?

Comment le patient veut‐il être appelé?

Le toucher? OUI/NON? Comment?

Traducteur: un adulte!

Identifier le « dominant » dans le groupe

Respect particulier pour les personnes âgées Effets de la (non)communication

Une meilleure observance du traitement par
la personne immigrante. (Compliance)

L’inattention à ce que vit la personne 
insuffisance de la sensibilité et de la
compassion du soignant.

L’absence de validation des perceptions peut
créer des attentes irréalistes autant de la part
du malade que du soignant
Effets de la (non)communication

Communication déficiente  échec de l’enseignement si important pour l’évolution de la maladie et le cheminement vers la guérison. 
Attitude non favorable à la communication : paternalisme, indifférence à leur vécu, froideur. 
Lʹinsatisfaction, des malades et de leur famille est souvent liée à une communication défaillante. En dépit des difficultés linguistiques, la
qualité de l’accueil peut faire toute la
différence dans la compréhension
soignant/soigné
A chacun sa douleur…
Islamistes: calme, patience, stoïcisme, patience, endurance devant l’adversité ou le mal. La douleur est la volonté de Dieu, mais il ne faut pas la provoquer et il faut tout faire pour la combattre
Pour la religion juive : pour la plupart des Juifs, il n’y a pas de valeur spirituelle dans la souffrance et la douleur. Autrement dit, il n’y pas une ascèse de la mortification comme dans le christianisme. Cette religion autorise la révolte contre le mal et nous avons le devoir de lutter contre cette souffrance par tous les moyens. A chacun sa douleur…
Pour les bouddhistes : La misère de la vie humaine est le fait de
la seule ignorance des hommes. La somme des douleurs affectant
une personne est associée aux conséquences de ses fautes
antérieures et présentes. La douleur purifie les actions mauvaises
accumulées au cours des vies antérieures.
«Toute existence n’est que douleur. Ne vous révoltez pas contre
votre condition actuelle, car elle est punition du passé» (Premier
Sermon du Bouddha).
Cette vision punitive de la douleur conditionne souvent
l’utilisation des narcotiques pour ces personnes (refus). C’est à
nous de faire valoir les bienfaits du soulagement et du repos sur
le processus de guérison.
Prescriptions et interdits alimentaires
Peu d’impact aux urgences… mais

Source de malaises (Ramadan)

Difficultés d’intendance en HP
Le refus de traitement
Si un malade « a la capacité de consentir aux soins, il a
tout autant la capacité de refuser, sinon les règles du
consentement n’auraient aucun sens. Par ailleurs, le
respect de l’intégrité de la personne et son droit à
l’inviolabilité mettent en évidence le fait que l’on ne peut
intervenir sur sa personne si elle le refuse. »

Explications – Compréhension – Ecoute
Si refus: dossier « béton » ‐ document ad hoc‐ témoins
Cas particulier des enfants ordonnance du Parquet
Rituels mortuaires et deuil





La mort touche tous les êtres humains, peu importe leur origine. Elle est généralement moment de souffrance pour le malade et pour ses proches . C’est un moment crucial où les valeurs culturelles et religieuses font surface.
Comprendre ces rituels permet de mieux accompagner les mourants et de soutenir les personnes endeuillées d’une manière appropriée à leur culture et à leurs valeurs religieuses. Chaque culture se caractérise par des rituels particuliers.
Rituels funéraires: finalité

Assister le mourant dans son passage vers…

Dire au‐revoir, exprimer ses sentiments, rendre hommage

Témoignages d’affection et de solidarité envers la famille

Rassembler le « groupe »
Toilette mortuaire

Dans de nombreuses cultures, c’est un acte de respect pour la personne décédée, le corps est une enveloppe sacrée. 
Symbole de séparation : séparation du corps de l’âme ; séparation de l’être de ses racines familiales, sociales, culturelles. 
Rite de passage entre l’ ici et l’ailleurs. CONCLUSIONS ?
Plusieurs
problèmes
éthiques
concernant le respect de la dignité de
la personne, du consentement
éclairé, du droit à lʹinformation
pour le malade, de même que
certains conflits, proviennent des
difficultés de communication de part
et dʹautre.
Reconnaître
l’humain
dans chacun, quelles que
soient sa langue, sa
couleur de peau ou ses
croyances
Il nʹy a pas deux personnes qui ne
sʹentendent pas, il y a seulement
deux personnes qui nʹont pas discuté».
Proverbe wolof, Sénégal. Documents de référence: « L’interculturalité, une nécessité actuelle », Parties 1‐2 et 3, Margot Phaneuf, inf, Ph.D, Québec
Merci ! 
Téléchargement