« Le psychologue scolaire

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« Le psychologue scolaire
et la scolarisation de l’élève ayant des troubles du comportement »
Atelier de l’après-midi, Journée départementale
« Rôle du psychologue de l’Education Nationale » 21/06/11
Marion Michaud Conseillère pédagogique ASH sud
Animatrice de l’atelier
Introduction : questions, questionnement, émergence d’une problématique
Évolution de la société ? Question d’éducation ?
Écart entre les pratiques éducatives des parents et les exigences de comportement à l’école ?
Délimitation entre conduite normée, perturbations, troubles, pathologie, handicap ?
Que ces élèves portent-ils en eux de si dangereux pour semer le trouble ou le désordre autour d'eux ?
Sont-ils porteurs ou « fauteurs » de troubles ?
Par quoi sont-ils troublés ? Et sont-ils vraiment troublés ? Ou est-ce nous qui le sommes ?
Un discours par trop scientifique pourrait nous laisser croire qu'il s'agit d'un ensemble homogène, au nom des
statistiques et des chiffres qui semblent nous révéler qu'ils sont de plus en plus nombreux.
C'est probablement exact mais ces enfants sont différents, variés, le plus souvent attachants dans leur
singularité, sensibles à plein de choses, observateurs ...mais surtout ces enfants sont vulnérables et
vulnérables plus que d'autres.
A quoi sont-ils vulnérables ? Ils sont vulnérables à la relation à l'autre, au semblable, avec qui d'ailleurs ils se
confrontent volontiers
Sont-ils pour autant « porteurs » d'un mal étrange qui les rende pour nous si incompréhensibles ?
Ils peuvent exprimer des émotions – que ce soit la colère, jusqu'à la rage, ou l'attachement jusqu'à la haine,
... - dont nous avons tous une certaine expérience vécue, tous autant que nous sommes, adultes bien élevés,
retenus, bien sous tous rapports, inscrits dignement dans nos relations sociales.
Pour leur part, dans certaines conditions et circonstances, les voilà débordés par leurs affects et par l'énergie
de leurs pulsions.
Les psychologues scolaires sont souvent sollicités autour de la « souffrance » : celle de l’élève, celle de ses
pairs, celle de l’enseignant, celle de la famille…
> Problèmes de comportement, troubles de la conduite, de quoi parle-t-on ?
> Des troubles du comportement, pourquoi et pour quoi dire ?
> Des troubles du comportement, comment faire ?
Déroulement de l’atelier
A) Apports conceptuels
B) Quel rôle pour le psychologue scolaire (échanges aboutissant à une synthèse autour de 3 pôles : les
points de vigilance du psychologue scolaire, ce qui continue à faire question, des propositions)
1. Distinguer problèmes de comportement et pathologies comportementales
Il est nécessaire de pouvoir distinguer les difficultés comportementales normales liées aux aléas du
développement de l’enfant ou à certains événements extérieurs ayant une incidence ponctuelle sur la vie
scolaire.
1
Les difficultés comportementales peuvent être régulées par une gestion pédagogique de classe appropriée
et par certains aménagements spécifiques.
Les troubles du comportement nécessitent une gestion de classe adaptée, un accompagnement
individualisé spécifique, un travail en équipe pluridisciplinaire élargi.
1.1 On distingue deux types de difficultés ou troubles du comportement :
. Comportement sur-réactif en regard des stimuli de l’environnement :
L’élève réagit de manière extravertie, inadaptée et exacerbée à l’environnement : aux relations aux adultes
et/ou aux pairs, au groupe, aux règles et lois, aux changements, aux obligations, à la nécessité de devoir
partager, différer son désir, distancer, attendre etc.…
Ses difficultés de comportement gênent le bon déroulement de la classe et peuvent mettre l’enfant et son
entourage en danger.
. Comportements sous-réactifs en regard des stimuli de l’environnement :
L’élève réagit de manière introvertie et inadaptée à l’environnement.
Ce type d’élève passe souvent inaperçu malgré l’importance de ses difficultés d’adaptation dans la mesure où
son comportement n’entrave pas le bon déroulement des activités scolaires.
Ces difficultés sont considérées comme significatives lorsqu’elles nuisent au développement de
l’élève ou à celui des autres en dépit des actions pédagogiques habituelles et particulières mises
en place.
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
Indices généraux permettant de distinguer difficulté et troubles :
Durée : un comportement inadéquat peut être considéré comme persistant quand il se manifeste
depuis 3 mois.

Constance : la perturbation doit être observée dans des situations scolaires et sociales. Il est
important de recueillir des données en classe, en récréation, dans l’école, à la maison….

Fréquence : on considère que l’indice de fréquence est significatif à partir de 3 ou 4 incidents
critiques par semaine. Le trouble peut être qualifié de continu lorsqu’il se manifeste plusieurs fois par
jour.

Gravité : le trouble est grave lorsqu’il est entraîne des conséquences graves pour l’enfant ou son
entourage.

Complexité : l’enfant présente souvent une association de symptômes (plusieurs comportements
inadaptés). Certaines combinaisons sont plus inquiétantes que d’autres.
Plus le comportement de l’élève correspond aux dimensions que l’on vient de citer, plus le risque
est grand d’être en présence d’un trouble comportemental.
2. Etiologie des troubles du comportement (survol rapide)
Différentes origines possibles, la difficulté comportementale peut être un symptôme de :
. Pathologies (handicaps//classifications internationales)
-
un TDAH
-
un trouble oppositionnel avec provocation (TOP)
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-
un trouble de la conduite
-
Un TED
-
Des TIFC
-
Haut potentiel intellectuel (enfants précoces)
. Troubles psycho affectifs
. Troubles associés à une maladie mentale
3. Le trouble des conduites (zoom sur cette pathologie spécifique)
> Le trouble des conduites se caractérise par la manifestation de comportements agressifs : bagarres,
menaces, intimidations, cruautés envers les personnes et les animaux, destructions de bien
matériels, et ce dans différents contextes de vie.
Des comportements moins violents s’ajoutent : mensonges, vols, fraudes, fugues.
Selon le DSM IV, la caractéristique essentielle du trouble des conduites consiste en « un ensemble de
conduites répétitives et persistantes, dans lequel sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou
les normes et règles sociales correspondant à l’âge du sujet »
> Définition des troubles de la conduite et du comportement (selon le décret 2005-11 du 6 janvier 2005,
« les conditions techniques d’organisation et de fonctionnement des Instituts Thérapeutiques, Educatifs et
Pédagogiques (ITEP) » :
Ce sont des enfants « qui présentent des difficultés psychologiques dont l’expression, notamment l’intensité
des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. Ces
enfants (…) se trouvent, malgré des potentialités intellectuelles et cognitives préservées, engagés dans un
processus handicapant qui nécessite le recours à des actions conjuguées et un accompagnement
personnalisé… ».
4. Comment fonctionne l’élève présentant des TCC
Les troubles du comportement sont liés :
. à un sentiment de sécurité interne insuffisant pour gérer une situation de stress, de conflit, de tension
insupportable
-
Pas de ressources psychiques suffisantes pour différer une réponse ou avoir le choix de la nature
de la réponse
-
Fonctionnement en « circuit court » : la perception d’une frustration ou d’une intrusion entraîne une
réaction violente
-
Le passage à l’acte est la seule possibilité pour mettre fin à la tension
-
L’élève agit dans l’impulsivité et l’immédiateté
. à un mode de pensée « primaire » :
-
égocentrique
-
généralement inconscient
-
peu objectif : pensées immuables, non vérifiées, non modifiables
-
focalisé sur une cause externe (« j’ai une mauvaise note car le maître ne m’aime pas »)
-
La déstabilisation cognitive (très difficile) entraîne une déstabilisation affective et des signes
d’échec personnel
-
Echec scolaire, faible estime de soi, culpabilité….ou au contraire toute-puissance
3
. à une difficulté (voire impossibilité) à se confronter à la situation d’apprentissage
-
évitement de la rencontre avec le manque
-
évitement de la soumission à la règle
-
évitement de la confrontation avec l’incertitude
-
évitement de penser
-
Réactivation de sentiments excessifs : auto-dévalorisation, peurs, remise en cause, atteinte
personnelle, préoccupations identitaires… (cf. Serge Boimare)
Perturbation, endommagement de la mémoire, des repères spatio-temporels, du maniement du langage,
de la concentration
Conséquence fréquente de ce fonctionnement
Les TC affectent particulièrement :
-
les liens (le rapport à l’autre, notamment l’enseignant)
-
les passages (passage d’une activité à une autre, changement de cadre
-
les changements (regards, attitudes ou ambiance différents)
-
la socialisation (le rapport à la communauté, à l’institution et à la loi)
5. La gestion de crise
Agir en équipe pour prévenir et gérer une crise
- Observer et noter (avoir un petit carnet sur soi) les moments de déclenchement de la crise : Quand ?
A quelle heure ? Avec qui ? Quel bénéfice ?
- Gérer l’après-crise : Comment s’effectue la réintégration dans le groupe ? Quelle place pour la parole ?
Quelle verbalisation ou dessin pour sortir du « viscéral » ? Comment passer du circuit « court » au
circuit « long » ?
- Anticiper pour éviter le déclenchement (lien avec les besoins) : Quel est le rôle de l’équipe
pédagogique, le psychologue scolaire, le rôle de l’enseignant, de la famille, de l’élève ?
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