Moyens de Diagnostic en Pneumologie 1) ANAMNESE : Il s’agit de l’interrogatoire du patient. Elle doit être d’abord générale, ensuite spécifique et tout à la fois complète. - Antécédents personnels - Antécédents familiaux - Histoire récente - plaintes 2) EXAMEN CLINIQUE : consiste en - Inspection - Palpation - Percussion -Auscultation : se fait à l’aide d’un stéthoscope. Elle permet d’entendre les murmures vésiculaires (le bruit du passage de l’air dans les bronches et bronchioles) et des éventuels bruits surajoutés. 3) EXAMENS COMPLEMENTAIRES (para cliniques) : Ces examens sont prévus en fonction de l’orientation diagnostic obtenue par l’anamnèse et l’examen clinique. a) Epreuves fonctionnelles respiratoire Les tests fonctionnels respiratoires constituent un important outil d’orientation diagnostic en pneumologie. En mesurant les différents volumes pulmonaires, la capacité de diffusion alvéolo-capillaire, et la capacité de muscles respiratoire à générer de la force, ils permettent une évaluation de la capacité fonctionnelle de l’appareil respiratoire. Les principaux volumes pulmonaires sont définis comme suit : V.C. (Volume courant): c’est le volume d’air déplacé lors d’une inspiration normale. C.V. (capacité vitale): c’est le volume d’air déplacé lors du passage de L’inspiration maximale à l’expiration maximale ou inverse C.P.T. (capacité pulmonaire totale): c’est le volume total d’air présent dans les poumons et les voies respiratoires lors d’une inspiration maximale V.R. (volume résiduel):c’est le volume d’air présent dans les poumons et les voies respiratoires lors d’une expiration maximale C.R.F. (capacité résiduelle fonctionnelle):c’est le volume d’air présent dans les poumons et les voies respiratoires lors d’une expiration normale V.E.Ms (volume expiratoire maximale): c’est le volume d’air expiré durant la première seconde d’une expiration forcée à partir d’une inspiration maximale. Les VC, CV et VEMs appelés aussi les volumes déplaçable sont mesurés par un spiromètre. La forme traditionnelle est un spiromètre à cloche. Il est constitué d’une cloche entourée d’une colonne d’eau distillée. L’espace sous la cloche communique avec la bouche du patient via un conduit souple et une valve. La respiration du patient modifie le volume d’air sous la cloche, modifiant à son tour la hauteur de cette dernière dans la colonne d’eau. Cette variation de la hauteur inscrit sur rouleau de papier gradué défilant est traduite en volume. Les spiromètres modernes utilisent des Pneumotacographe pour mesurer les débits et recourent à l’informatique pour calculer ces volumes. Le principe du pneumotachographe repose sur la loi de POISEUILLE selon laquelle, lorsque le flue d’air est laminaire, le débit à travers une grille est directement proportionnel à la différence de pression entre deux points du tube. La courbe différentielle ainsi obtenu est traduit en débit soit le volume d’air par unité de temps. Le VR et la CRF contiennent du volume non déplaçable et sont donc mesurés de façon indirecte par deux méthodes : 1) La méthode de dilution d’Hélium à l’aide d’un spiromètre : Dans le schéma du spiromètre traditionnel, une quantité connue d’air est introduite dans le circuit ventilatoire du spiromètre. Ensuite, la valve reliant l’embout buccal au circuit ventilatoire est fermée et une quantité connue d’hélium est introduite dans le circuit. On demande au patient de respirer dans l’embout alors que les narines sont fermées à l’aide d’un pince-nez. La valve est ensuite ouverte quand le patient se trouve à la fin d’une expiration normale (au niveau de la C.R.F). Le patient ainsi continue à respirer dans le circuit ventilatoire jusqu’ à ce que l’hélium se repartît façon homogène dans le circuit ainsi que le poumon du patient. Le spiromètre mesure ensuite la concentration d’hélium dans le circuit et calcule le volume pulmonaire à l’aide de la formule de Boyls : V1 x C1 = (V1 + V2) x C2 2) Par un pléthysmographe : Il est constitué d’une chambre hermétique à volume constant, d’un pneumotacographe et d’un shutter. Le patient assis sur une chaise dans la chambre hermétique respire dans le pneumotacographe via un embout buccal. Le shutter se ferme instantanément et en même temps un capteur de pression mesure la pression au niveau de la bouche. Un autre capteur de pression mesure les variations de pression dans la chambre. La CPT est ensuite calculé selon la même formule de Boyls : P1V1 = P2V2 Pat X CPT = (Pat + Palv) X (CPT + DV) CPT = DV/ (Pat/ (Pat + Palv) - 1) b) Imagerie Radiographie de thorax : visualise le contenu de la cage thoracique Radioscopie : utilisée pour vérifier la mobilité du diaphragme Tomodensitométrie thoracique : permet un examen détaillé du thorax Echographie : recherche d’épanchement pleural et/ou pneumothorax Angiopneumographie : étudie les artères pulmonaires souvent à la recherche d’embolie pulmonaire ou malformation vasculaire Examens scintigraphiques : Utilisé principalement pour rechercher une embolie pulmonaire. Pour cela la scintigraphie de perfusion pulmonaire (Technétium) et la scintigraphie de ventilation pulmonaire (Krypton) sont souvent associées PET (Positron emission tomography) scan : Visualisation de lésions tumorales utilisé principalement dans les bilans d’extension. c) Analyse des expectorations I) Examen de l’aspect: peut déjà être étudié au lit du malade : - Volume - Couleur - Odeur 2) L’Analyse microscopique: se fait au laboratoire - La qualité du prélèvement est évaluée par le rapport globules blanc/cellules épithéliales. - Recherches de cellules cancéreuses (par coloration Papanicolaou) - Recherches d’infections par l’examen direct au microscope et la mise en culture. On y recherche des : - Bactéries : - Mycobactéries: Tuberculosis, Atypiques Matin, à jeun, à répéter -Mycose: - L’antibiogramme : Il s’agit de tester divers antibiotiques pour évaluer leur efficacité sur l’agent infectieux mis en culture. Les expectorations doivent être produites de préférence au matin à jeun, dans un pot stérile, qui est aussitôt fermé et envoyé au laboratoire pour analyse. d) Gazométrie artérielle : Ce test est effectué très fréquemment en pneumologie et aux soins intensifs. Il s’agit d’un prélèvement effectué souvent au niveau de l’artère radiale, parfois fémorale. Elle permet d’obtenir principalement une mesure dans le sang artériel du pH, PaO2, PaCO2, Bicarbonate et la SaO2 (Saturation d’hémoglobine en O2) dans le sang : - pH (Le potentiel Hydrogène) : Est une mesure logarithmique, (et donc par définition sans unité) de l’acidité ou de l’alcalinité. Les mécanismes compensateurs physiologiques tendent à maintenir le pH sanguin dans une marge assez étroite. On parle d’acidité lorsque le pH est inférieur à 7.35 et d’alcalose lorsque celui-ci est supérieur à 7.45. - PO2 : Est une mesure de la pression partielle en oxygène dissout dans le sang. - PCO2 : Est une mesure de la pression partielle en dioxyde de carbone dissout dans le sang. - SaO2 : est une mesure de la saturation en oxygène. Elle exprime le pourcentage d’hémoglobine porteur d’oxygène (Oxyhémoglobine) par rapport au total d’hémoglobine. - Bicarbonate (HCO3-) : est une mesure de la concentration du bicarbonate dissout dans le sang. Il est régi par l’équation de dissociation de CO2 : CO2 + H2O ↔ H+ + HCO 3 – La norme se trouve entre 23 et 25 mEq/l. L’équilibre de cette équation et des lors le taux de HCO3- sont modifié lorsque les systèmes de compensation se mettent en route pour maintenir le pH dans les limites de la normale. Cette équation sert ainsi comme un système de tampon. Les valeurs gazométrique peuvent être révélatrices d’un certain nombre d’anomalies de la chaine respiratoire : 1) Hypoxémie : On parle d’hypoxémie lorsque la PaO2 < 60mmHg. Elle est l’anomalie gazométrique le plus fréquemment rencontré dans l’insuffisance respiratoire. Une hypoxémie peut être accompagnée d’une hypocapnie, d’une normocapnie ou encore d’une hypercapnie. Exemple d’une hypoxémie : Patient BPCOemphysémateux sévère en exacerbation peux être hypoxémique. 2) Hypercapnie : On parle d’hypercapnie lorsque la PCO2 > 45 mm Hg. Elle est en générale la conséquence d’une hypoventilation. Exemple : Myopathie sévère touchant les muscles respiratoire, intoxication sévère à la benzodiazépine inhibant les centres respiratoires… 3) Hypocapnie : On parle d’hypocapnie lorsque la PCO2 < 35 mm Hg. Elle est en générale la conséquence d’une hyperventilation. Exemple : hypoxémie sévère et aigüe due par exemple à une embolie pulmonaire, crise de tétanie… 4) Acidose : On parle d’acidose lorsque le pH < 7,35. Elle peut être de point de départ respiratoire ou métabolique : a. Acidose respiratoire : Le point de départ est une hypoventilation aigüe ou subaigüe. Elle engendre une rétention de CO2 (Hypercapnie). L’équation de dissociation de CO2 bascule des lors vers la droite avec une production de H+. le pH diminue. afin de maintenir le pH dans les limités de la normale les reins mettent en route un système de compensation métabolique en augmentant l’élimination rénale de H+. b. Acidose métabolique : Le point de départ est une introduction ou production d’acide d’origine non respiratoire dans l’organisme. Exemple : acidose lactique de coureur de marathon mal entrainé, acidocétose diabétique lors d’une hyperglycémie importante et soutenue, ingestion d’une quantité importante d’acide acétylsalicylique (aspirine) etc. afin de maintenir le pH dans les limités de la normale l’organisme met en route un système de compensation respiratoire, par hyperventilation pour éliminer plus de CO2. 5) Alcalose : On parle d’alcalose lorsque le pH>7,45. Une alcalose peut aussi être de point de départ respiratoire ou métabolique. a. Alcalose respiratoire : Le point de départ est une hyperventilation aigüe ou subaigüe. Elle engendre une accélération d’élimination de CO2 (Hypocapnie). L’équation de dissociation de CO2 bascule des lors vers la gauche avec une suppression de H+. Le pH augmente. Afin de maintenir le pH dans les limités de la normale les reins mettent en route un système de compensation métabolique en diminuant l’élimination rénale de H+. des lors le taux de bicarbonate augmente. b. Alcalose métabolique : Le point de départ est une élimination excessive de H+. Exemple : vomissement incoercible, ingestion d’une quantité importante d’une solution alcaline etc. afin de maintenir le pH dans les limités de la normale l’organisme met en route un système de compensation respiratoire, par hypoventilation pour éliminer moins de CO2. Lors d’une modification du pH en raison d’un désordre métabolique, le mécanisme de compensation respiratoire réagit quasi instantanément. Par contre lorsque le pH se modifie en saison d’un désordre ventilatoire, Les mécanisme de compensation rénale ne se mettent pas en marche avant quelques heures. Des lors le caractère aigu ou subaiguë d’un désordre ventilatoire peut ainsi être déterminé. Troubles d’équilibre acido-basique : condition Perturbation de départ Effet immédiat Acidose respiratoire Alcalose respiratoire Acidose métabolique Alcalose métabolique ↑PCO 2 ↓PCO 2 ↓HCO 3 ↑HCO 3 - ↑H+ , ↑HCO 3 ↓H+ , ↓HCO 3 ↑H+ ↓H+ Effet de compensation ↑↑HCO 3 ↓↓HCO 3 ↓PCO 2 ↑PCO 2 (inconstant) la d) mesure de la saturation en oxygène par un appareil oxymétrie Les appareils de la mesure instantanée de la saturation en oxygène se sont, en quelques années fortement répondus dans le milieu médical. Ils ne sont plus limités aux soins intensifs et les services de pneumologie. Les appareils sont de plus en plus simples à utiliser, léger et précis. Ils jouissent d’une meilleur stabilité en mouvement et surtout coutent de moins en moins cher. Certains médecins généralistes, infirmiers ou kinésithérapeutes les utilisent à domicile. Ils donnent une mesure assez précise de la saturation d’hémoglobine en oxygène. Il est aussi possible d’effectuer avec certains appareils un enregistrement nocturne. e) Exploration d’un Epanchement pleural 1) Ponction pleurale 2) Biopsie pleurale 3) Thoracoscopie (Pleuroscopie) 4) Chirurgie I) ponction pleurale : - Indications: - Exploration d’un épanchement pleural - Evacuation d’un épanchement pour soulager le patient. - Technique: - Expliquer l’examen au patient et le rassurer. - Préméditation: Atropine pour éviter un malaise vagal. - Mettre le patient en position appropriée, souvent assis au bord du lit en faisant gros dos. - Préparer un champ à l’endroit de ponction : désinfecter la peau et y mettre un champ stérile. - anesthésie locale par Xylocaine (aiguille IM). - introduction d’un trocart avec cathéter - aspiration à la seringue ou écoulement en continu via Une trousse à perfusion. - Aspect du liquide pleural peut donner une idée de l’étiologie : - Séreux - Séreofibrineux - Hémorragique - Purulent - Chyleux - Analyse: microscopique au laboratoire : - Chimie: - Protéines: exsudat (>30g/l) Transsudat ( <30g/l) - Amylase - Glucose - Eléments figurés: - GR - GB (Neutrophiles, lymphocytes, Eosinophiles) - Recherche de cellules cancéreuses: Papanicolaou - Recherche des germes pathogènes. Une ponction pleurale peut être complétée par une biopsie de la plèvre à l’aide d’une aiguille d’Abrams de biopsie. Les biopsies sont conservées dans du Formol ou liquide de Bouin. Il s’agit bien sûr de biopsies en aveugle. II) Thoracoscopie - Principe: - Un thoracoscope est introduit dans la cavité pleurale via une petite incision souvent dans la région sous axillaire. Il permet l’exploration et la visualisation de la cavité pleurale. D’autres instruments peuvent être introduits via une autre incision pour réaliser des biopsies, cautériser ou talquer. - Cet examen peut être réalisé en salle d ‘opération ou dans une salle technique souvent sous narcose effectuée et surveillée par un anesthésiste sans que le patient soit intubé. - Indications: - Pleurésie d’étiologie indéterminée - Bilan lésionnel d’un pneumothorax à répétition - Réalisation d’une symphyse pleurale par talcage dans le cas d’épanchement pleural intarissable ou un pneumothorax à répétition f) Techniques Endoscopiques 1) Bronchoscopie Souple (Fibroscopie) Rigide 2) Thoracoscopie (Pleuroscopie) Médicale Chirurgicale 3) Mediastinoscopie - Fibroscope: -réalisable grâce au faisceau de fibres optiques souples traversé par de la Lumière froide. -l’endoscope est donc orientable -elle possède un canal pour aspiration, lavage, brossage, biopsie et extraction de corps étrangers. -La salle d’endoscopie doit être munie de : - Valise de réanimation - Oxygène - Oxymètre - Aérosoliseur -Les indications de fibroscopie bronchique : - Mise au point d’un néoplasie - Confirmation et type histologique par biopsie et brossage - Extension locale - Exploration d’hémoptysies - Exploration d’une obstruction bronchique - Néoplasie, bouchon de mucus, tumeur bénigne - recherche ou retrait d’un corps étranger - prélèvement microbien - Evaluation d’une sténose trachéale - Désencombrement bronchique - Préparation à l’endoscopie: - A jeun - ne pas fumer le jour de l’examen - Vérifier le bilan de coagulation, présence du dossier médical Et des radiographies - Bronchodilatateurs si nécessaire - Explication de l’examen - Prémédication: variable - Atropine SC ou IM (0,25 ou 0,5 mg) - Sédatifs (Benzodiazépines, morphiniques) - Antitussif - Antiémétique - Anesthésie locale - spray de Xylocaïne 4% (nez, pharynx) - Xylocaïne 1% via le canal de l’endoscope (Fond du nez Épiglotte, larynx, trachée, bronches) - Aspiration bronchique Examen cytologique et mise en culture Désencombrement - Biopsies bronchiques Analyses histologiques Désobstruction - Biopsies transe bronchiques Prélèvement de parenchyme pulmonaire - Brossage bronchique Analyses cytologiques et mise en culture - Lavage broncho alvéolaire - Pinces à corps étrangers - Techniques de désobstruction (Laser et cryothérapie) Surveillance après l’examen: - A jeun après l’examen pendant 1h1/2 - Surveiller l’état de vigilance - Surveillance des hémoptysies (souvent rassurer le patient) Complications: - Réaction vagale - Hypoxémie (insuffisants respiratoires) - Troubles du rythme (patients cardiaques) - Bronchospasme (BPCO, Asthme) - Larygospasme (fumeur) - Saignement lié aux biopsies -Infection -Lavage broncho alvéolaire Le but: - Recueillir le contenu des alvéoles pulmonaires (cellules inflammatoires, Germes infectieux, poussières). Technique: - placer l’endoscope en cathétérisme bloqué - injecter du LP par aliquot de 50ml (max. 250ml) - Ré-aspiration du liquide d’inondation alvéolaire (rendement: 5070%) Intérêt: - Exploration d’une pneumopathie interstitielle (BBS, AAE, Fibrose pulmonaire - Recherche d’une infection opportuniste Circonstance: SIDA, hémopathies malignes, chimiothérapie Type d’infection: Bactéries (Gram-, gram+) Parasites (pneumosystis carinii Virus (CMV, Herpes) Mycose (Aspergillus, Candida Mycobactéries (BK) - Analyses minéralogiques (l’amiante, métaux lourds) - Recherche d’affections rare: (pneumonie à éosinophiles, histiocytose X) Complications: - Complications de la bronchoscopie - Risque d’hypoxie plus important - Pic thermique plus fréquent