Les mycoses Les mycoses

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Les mycoses
Sur plus de 200 000 espèces de champignons, seule une petite centaine est impliquée dans des maladies
humaines. On distingue les mycoses (infections fongiques) des mycotoxicoses (intoxications liées à des
toxines produites par les champignons, les aflatoxines produites par les Aspergillus par exemple).
1. Classification des mycoses
1.1. Les mycoses superficielles
Les mycoses superficielles concernent la peau (dermatophyties) et les phanères (cheveux et poils :
teignes ; ongles : onyxis). Les champignons impliqués sont des dermatophytes (Trichophyton,
Microsporum, Epidermophyton)ou des levures (Candida, Malassezia furfur, Trichosporon).
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Dermatophytoses
Les dermatophytes s’attaquent à la kératine. Leur installation est favorisée par la chaleur et l’humidité,
un manque d’hygiène, l’immuno-dépression…
L’herpès circiné, transmis par les animaux (Microsporum canis), par l’homme (Trichophyton rubrum),
ou par la terre (Trichophyton mentagrophytes) forme des taches circulaires avec une croûte en bordure.
L’eczéma marginé de Hébra concerne les replis de la peau tandis que l’intertrigo des espaces
interdigitaux sont des mycoses des mains et des pieds (« pied d’athlète »). Les espèces en cause sont
Trichophyton rubrum et Epidermophyton floccosum.
Les dermatophytes infectant le cuir chevelu entraînent la formation de squames et de plaques d’alopécie :
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type tondante microsporique : une grande plaque d'alopécie, fluorescence verte sous UV, le cheveu est entouré de
microspores (Microsporum audouinii, M. langeroni, M. canis) ;
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type tondante trichophytique : nombreuses petites plaques d'alopécie, pas de fluorescence sous UV, sporulation
dans le cheveu (Trichophyton tonsurans, T. violaceum, T. soudanense) ;
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type favique avec attaque du follicule pileux conduisant à de grandes plaques d'alopécie définitive et des croûtes
friables jaunâtres sur le cuir chevelu. (Trichophyton schoenleinii) ;
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type inflammatoire (ou kérions) avec suppuration, pus et croûtes. (Trichophyton mentagrophytes, T. verrucosum…)
atteignant particulièrement barbe, moustache et sourcils.
Trichophyton rubrum et T. interdigitale peuvent envahir les ongles (onychomycose).
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Candidoses
Le genre Candida comprend des espèces saprophytes du milieu extérieur ou commensales des muqueuses
et de la peau chez l'homme et l'animal. Une vingtaine d’espèces appartenant au genre Candida sont
régulièrement isolées chez l'homme. C. albicans est l'espèce la plus fréquente : c'est une levure de la flore
digestive normalement absente de la flore cutanée. Parmi les autres espèces, on trouve : C. glabrata, C.
tropicalis, C. parapsilosis, C. krusei. Les Candida sont des levures opportunistes, ne devenant pathogènes
qu’en présence de facteurs favorisants. Les atteintes superficielles sont les suivantes :
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intertrigo ;
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périonyxis (tuméfaction rouge douloureuse entourant la base de l'ongle) et onyxis ;
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candidoses génitales (vulvo-vaginites, balanite) ;
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érythème fessier du nourrisson ;
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candidoses buccales (« muguet ») et oesophagiennes.
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Pityriasis versicolor
Malassezia furfur est une levure lipophile, faisant partie de la flore cutanée normale. Elle peut provoquer,
à la faveur de circonstances favorisantes (chaleur, humidité, grossesse, SIDA…), la pityriasis versicolor,
mycose caractérisée par des taches de couleur jaune à brun sur le tronc, les membres, le cou…
1.2. Les mycoses sous-cutanées
Les mycoses sous-cutanées sont dues à des champignons saprophytes du sol, incapables de traverser la
peau. Ils pénètrent dans le tissu cutané au niveau d’une plaie souillée par de la terre, du bois…
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Chromomycose (ou chromoblastomycose)
C’est une mycose tropicale caractérisée par un aspect verruqueux au niveau des membres. Quelques
espèces en sont responsables :
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Phialophora verrucosa
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Fonsecaea pedrosoi
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Cladosporium (Cladophialophora) carrionii
La dissémination de ces micro-organismes par voie lymphatique est possible.
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Sporotrichose
La sporotrichose est causée par le champignon dimorphique Sporothrix schenckii. L’inoculation est
généralement d’origine traumatique. Les nodules produits peuvent s’ulcérer, permettant ainsi aux germes
de disséminer dans l’organisme.
1.3. Les mycoses profondes (ou systémiques)
Les champignons responsables de mycoses profondes sont souvent dimorphiques : la phase saprophyte
est mycélienne tandis que la phase parasitaire est de type levure (Histoplasma, Blastomyces,
Coccidioides, Sporothrix). La contamination s’effectue généralement par voie respiratoire (inhalation de
spores). Après le stade pulmonaire, l’infection peut se propager dans le sang (mycose septicémique) et/ou
les organes profonds (mycose viscérale, mycose disséminée).
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Candidose
La candidose disséminée peut être causée par les lésions des muqueuses, les injections de stupéfiants non
stériles, les cathéters… La dissémination hématogène des Candida peut entraîner des lésions des reins, de
la rate, des poumons, du foie… Si C. albicans est impliqué dans 95 % des mycoses superficielles, il n’est
isolé que dans la moitié des candidoses profondes. C. glabrata, C. tropicalis et C. parapsilosis sont les
autres espèces en cause. Les candidémies peuvent être fatales (mortalité élevée), leur diagnostic doit donc
être précoce chez les patients à risque. Les Candida sont des agents pathogènes nosocomiaux importants.
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Cryptococcose
Cryptococcus neoformans est une levure capsulée responsable de méningites. Il s’agit d’une mycose
fréquente chez les patients atteints du SIDA. Il existe trois variants. En Europe, C. neoformans var.
neoformans est retrouvée dans les fientes des pigeons.
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Aspergillose
Les Aspergillus sont des moisissures omniprésentes dans l’environnement, se développant sur des débris
organiques (dans le sol, les céréales…). Leurs conidiospores se retrouvent facilement dans l’air et
peuvent donc être inhalées. Les infections pulmonaires sont les plus fréquentes mais d’autres localisations
sont possibles (otites, sinusites). A partir du foyer pulmonaire, le mycète peut se répandre et entraîner une
aspergillose disséminée. Aspergillus fumigatus et A. flavus sont les espèces les plus fréquemment en
cause.
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Zygomycoses
Les Mucorales (Mucor, Absidia, Rhizopus, Rhizomucor) et les Entomophtorales sont des Zygomycètes
pouvant être responsables d’affections cutanées, pulmonaires ou cérébrales. Les Mucorales, cosmopolites,
sont impliquées dans des infections opportunistes chez les transplantés, les diabétiques, les leucémiques,
les grands brûlés…
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Histoplasmose
On distingue l’histoplasmose américaine (Histoplasma capsulatum) et l’histoplasmose africaine
(Histoplasma duboisii). Seule la première est une infection opportuniste au cours du SIDA. Le
champignon est retrouvé dans les excréments des oiseaux et des chauves-souris. La primo-infection
pulmonaire peut évoluer vers la forme disséminée.
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Blastomycose
Blastomyces dermatitidis est un mycète dimorphe du sol. La primo-infection touche les poumons ou la
peau. L’évolution vers les atteintes secondaires (viscérales, osseuses) est lente.
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Coccidioidomycose
Coccidioides immitis est un mycète dimorphe des régions désertiques américaines produisant des
arthrospores, qui peuvent être inhalées. La forme pulmonaire est quasiment asymptomatique (type
grippal), mais la forme disséminée secondaire peut s’avérer fatale.
2. Diagnostic
L’examen clinique du patient doit être mis en relation avec les analyses réalisées au laboratoire.
L’identification d’un champignon repose principalement sur sa morphologie, observée directement à
partir du prélèvement ou après culture sur un milieu approprié. Des galeries miniaturisées permettent
l’identification des levures, grâce à leurs caractères biochimiques. Des techniques immunologiques sont
également utilisées.
2.1. Prélèvements
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Peau et phanères
Les squames (après grattage), les cheveux, les poils et les ongles coupés sont recueillis dans des boites de
Pétri stériles (par exemple). Dans le cas des lésions suintantes, le prélèvement est réalisé par
écouvillonnage ou par ponction.
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Expectorations et lavages bronchoalvéolaires
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Sang
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LCR
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Urines
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Selles
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Biopsies
2.2. Examen microscopique direct
Un état frais sans coloration ou avec (bleu coton, encre de Chine pour la mise en évidence de la capsule
de Cryptococcus neoformans) permet d’établir une orientation du diagnostic et d’estimer le nombre
d’éléments fongiques présents dans le prélèvement. Un éclaircissement à la potasse ou au lactophénol est
nécessaire pour les prélèvements contenant de la kératine (recherche de dermatophytes).
2.3. Culture
Les milieux d’isolement des champignons (gélose à l’extrait de malt, milieu de Sabouraud) conviennent à
la plupart des espèces, mais certaines d’entre-elles sont exigeantes (Histoplasma, Trichophyton
ochraceum). La flore bactérienne peut être éliminée par l’ajout d’antibiotiques (chloramphénicol,
gentamicine), tandis que la flore fongique commensale peut être inhibée par la présence d’actidione
(cycloheximide). Les milieux sont conditionnés en tubes à essais.
La température d’incubation est inférieure à 30°C pour les champignons responsables de mycoses
superficielles, elle est de 37°C pour les champignons des mycose profondes (de nombreuses espèces
saprophytes ne se développent pas à cette température).
Les levures forment des colonies en 24 à 48 heures, les moisissures se développent en 2 à 4 jours, tandis
que la croissance des dermatophytes est généralement plus lente (3 à 15 jours).
2.4. Identification
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Levures
Les champignons levuriformes donnent des colonies ressemblant à des colonies bactériennes
(Rhodotorula produit un pigment orange). Des milieux chromogéniques permettent la caractérisation de
Candida albicans (mise en évidence d’une β-galactosaminidase par libération d’un produit coloré). Les
tests de blastèse et de chlamydosporulation permettent l’observation microscopique de structures
particulières (respectivement tubes germinatifs et chlamydospores) présentes uniquement chez C.
albicans (voir TP). Enfin, des microgaleries d’identification biochimique sont commercialisées (API 20
AUX, API Candida, Fongiscreen 4H, Auxacolor…).
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Moisissures
L’examen macroscopique est beaucoup plus significatif chez les champignons formant des colonies
filamenteuses. Les critères suivants sont à relever :
RECTO
VERSO
→ couleur (varie avec l’âge)
→ couleur
→ forme de la colonie (plate ou
→ incrustation dans la gélose
surélevée, plane ou plissée, glabre,
plumeuse,
granuleuse
→ production de pigment
ou
duveteuse…)
Au cours de l’examen microscopique (objectif x40) d’un petit fragment de mycélium placé au contact du
colorant (bleu coton), les fructifications (appareils sporifères) sont recherchées car elles constituent la
« clé » du diagnostic. Le cloisonnement, le diamètre régulier ou non des filaments, la présence de
ramifications sont aussi pris en considération.
2.5. Diagnostic indirect
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Détection d'antigènes circulants ou de métabolites (cryptococcose, aspergillose, histoplasmose) ;
-
Recherches d’anticorps spécifiques (aspergillose, candidose, histoplasmose, coccidioidomycose)
par immunodiffusion (immunoélectrophorèse, électrosynérèse), hémagglutination indirecte,
immunofluorescence, ELISA…
-
Techniques de biologie moléculaire (PCR)
3. Traitement et antifongigramme
3.1. Traitement
Le traitement des mycoses pose problème car les champignons sont des eucaryotes, comme les cellules
animales.
3.2. Antifongigramme (Voir TP)
Les techniques utilisées pour les bactéries sont applicables aux champignons (technique de diffusion en
gélose). Des techniques de culture en cupules (avec deux concentrations critiques d’antifongiques) sont
aussi disponibles (Fungitest).
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