L’écoute musicale et la remédiation cognitive dans la schizophrénie : la prise en charge infirmière B. Malangin (1,2) D. Willard (1,2) J.Y Masquelier (2), R. Gourévitch (2), P. Vianin (3), N. Franck (4), I. Amado (1,2) 1.Centre Référent Remédiation et Réhabilitation Psychosociale, 2.Service Hospitalo-Universitaire de Santé Mentale et Thérapeutique ; Inserm U894. Hôpital Sainte Anne, Paris, 3.Consultation de Chauderon Avenue d’Echallens 9 1004 Lausanne Suisse, 4. Centre de réhabilitation Centre Hospitalier Le Vinatier 98 Rue Boileau 69006 Lyon [email protected] Introduction Les fonctions cognitives nous permettent de penser, d’apprendre, de communiquer et d’agir de manière adaptée. Les troubles cognitifs touchent 80 % des patients schizophrènes et sont présents avant le premier épisode de la maladie. Ils sont prédictifs des difficultés d’autonomie dans la vie quotidienne et de réinsertion éprouvées par les patients. A travers deux expériences infirmières, nous tenterons d’exposer l’utilisation de techniques basées sur l’écoute musicale en centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (c.a.t.t.p.) et la compréhension d’une biographie musicale en remédiation cognitive. Le rôle infirmier en c.a.t.t.p. s’oriente vers l’amélioration des relations à autrui et la reconstruction de l’autonomie des patients. Le rôle infirmier en remédiation cognitive vise à optimiser les capacités cognitives des patients et à fournir des stratégies pour compenser les fonctions défaillantes grâce à l’entraînement de l’attention, de la mémoire ou des fonctions exécutives. Remédiation cognitive autour d’une biographie musicale (tâche à domicile du programme Recos*) Groupe d’écoute musicale en C.A.T.T.P Objectif : Développer le sens de l’écoute en mobilisant l’attention chez les patients Objectif : L’écoute sélective : sélectionner un instrument afin de se concentrer sur celui-ci pendant l’audition Premières séances : reconnaissance de son d’un instrument Attention sélective : inhiber les informations les moins importantes qui saturent l’attention chez les patients et fournir des stratégies pour sélectionner des informations pertinentes. Lutter contre les difficultés de concentration des patients en les orientant vers une écoute sélective Chaque membre du groupe choisit un instrument , le reconnaît et le nomme. Déroulement de la thérapie Fractionnement de la tâche à partir d’extraits de biographie : Faire une première lecture de l’extrait Faire une deuxième lecture en soulignant les idées importantes Faire un résumé. Séances suivantes : reconnaissance de son d’un instrument parmi d’autres (duo ou trio pour aboutir à une partition orchestrale) Complexification de la tâche Se focaliser sur l’instrument choisi auparavant pendant l’écoute en s’abstrayant des autres instruments dans un duo ou un trio Objectif global : S’approprier l’analyse d’un instrument afin de prendre rapidement une place dans le groupe d’écoute musicale et ainsi favoriser les échanges avec les autres membres Ecoutes musicales répétées afin de mémoriser le timbre de l’instrument choisi Par exemple : Réduire au maximum les informations afin de faciliter la compréhension et la mémorisation du texte Cette tâche peut être réalisée grâce à la sélection de l’information opérée par une analyse de chacune des idées, afin d’aboutir à une certaine clarté et à une réduction de l’information pour un meilleur traitement ultérieur *ReCoS : Programme de Remédiation Cognitive pour patients présentant une Schizophrénie ou un trouble associé (Vianin et al., 2007) Bénéfices communs Améliorations Motivation grâce à un intérêt croissant Stratégies de réduction des informations et de fractionnement de tâche Présence régulière sur 3 mois Progrès cognitifs + Concentration, Attention, Mémoire Estime de soi + Confiance en soi + L’alliance thérapeutique engendrée par ces deux activités permet : Un mieux-être Une meilleure acceptation de la maladie Les réussites chez le patient renforcent le sentiment d’exercer un certain contrôle sur sa maladie et ses aptitudes cognitives d’où une meilleure gestion du stress Conclusion La synergie de ces deux techniques infirmières paraît prometteuse et demande à être évaluée de façon prospective. Impression reprographie Université Paris Descartes Avec le soutien du PHRC Recos 2008, du laboratoire Lilly France et de la fondation Pierre Deniker.