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Les voies des immunités innée et
adaptative vers la tolérance
Catherine A. Thornton et Gareth Morgan
L’identification des facteurs contribuant au développement de
la capacité de réponse Th2 au cours des premiers mois de la vie est
fondamentale pour comprendre que l’origine des maladies allergiques
remonte à cette période de la vie. L’apparition d’une sensibilisation allergique reflète essentiellement l’échec de l’hôte à établir une
tolérance immunitaire efficace à un pneumallergène ou un antigène
alimentaire non pathogène; il est donc important d’identifier les voies
induisant la tolérance ainsi que les mécanismes qui la perturbent et
vont permettre l’apparition d’une sensibilisation allergique et sa persistance. Il existe une importante littérature scientifique sur la façon
dont les réponses immunitaires innées et adaptatives contribuent
à l’apparition d’une tolérance. De plus, l’interaction entre ces deux
branches majeures du système immunitaire humain est de plus en plus
reconnue, et il en est de même de l’interdépendance des immunités
innée et adaptative.
Les voies de l’immunité innée identifiées ces dernières années qui
nous intéressent sont celles qui font intervenir des récepteurs de reconnaissance de motifs (PRR) tels les récepteurs Toll-like (TLR), et plus particulièrement leur expression par des cellules épithéliales et des cellules
dendritiques à la surface des muqueuses. L’étude des voies de l’immunité
adaptative a été traditionnellement centrée sur les IgA spécifiques et le
développement de populations de lymphocytes T effecteurs: le concept
Th1/Th2 a évolué et englobe désormais les cellules Th17. Ces dernières
années ont vu une vague spectaculaire d’études sur les populations de
lymphocytes T régulateurs (Treg) capables de modifier des activités immunologiques très variées associées à des maladies inflammatoires et infectieuses très diverses, au cancer et à la transplantation. Des anomalies de
l’activité de ces cellules ont été impliquées dans la sensibilité à de nombreuses affections d’étiologie immunitaire sous-jacente, dont l’allergie.
Les cellules dendritiques jouent un rôle-clé dans la mesure où
elles constituent le trait-d’union entre l’immunité innée et l’immunité
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adaptative. Des réseaux contigus de cellules dendritiques sont présents
dans l’épithélium à la surface des muqueuses, où elles sont prêtes à
détecter des antigènes environnementaux. Le micro-environnement de la
cellule dendritique au moment de sa rencontre avec un antigène (typiquement une interaction entre la microflore prévalente et les PRR situés sur
les cellules dendritiques) module l’expression de molécules costimulantes et la production de cytokines. Les variations de cette expression et
de cette production orchestrent l’activité des lymphocytes T spécifique
à l’antigène, particulièrement le développement des différentes populations de lymphocytes T effecteurs (Th1/Th2/Th17) ou des lymphocytes
Treg . Des cascades de cytokines/chimiokines jouent un rôle central dans
de nombreux types de réponses immunitaires. Malgré les difficultés
rencontrées dans la compréhension du rôle de chacune des cytokines,
certaines semblent revêtir une importance capitale pour le développement d’une tolérance: 1) le facteur transformant de croissance ␤ (TGF␤), qui intervient dans l’homéostasie des lymphocytes T périphériques et
la différenciation des lymphocytes T ; 2) l’interleukine-10 (IL-10), douée
d’importants effets immunorégulateurs sur diverses populations de lymphocytes T et B et 3) la lymphopoïétine stromale thymique, décisive pour
la production et l’expansion des lymphocytes Treg et qui semble être un
médiateur clé de la faculté de réponse Th2. L’interaction entre les cellules
dendritiques muqueuses, le TGF-␤ et les lymphocytes Treg montre également l’existence d’un lien entre nutrition/régime alimentaire et tolérance.
Les cellules dendritiques muqueuses expriment des taux élevés de déshydrogénase rétinienne qui convertit la vitamine A en acide rétinoïque.
L’inhibition de cette enzyme ou la neutralisation du TGF-␤ atténue le
développement des lymphocytes Treg, tandis que l’adjonction d’acide
rétinoïque amplifie la différenciation de ces cellules induite par le TGF-␤.
Cette voie pourrait être centrale pour le mécanisme de l’induction d’une
tolérance à des antigènes inoffensifs parvenant à la muqueuse, dont ceux
provenant de la flore commensale et d’origine alimentaire.
Les concepts actuels visant à expliquer l’influence de l’exposition à
des micro-organismes, particulièrement au début de la vie, sur la survenue ultérieure d’allergies les attribuent à l’interaction entre les mécanismes innés et les mécanismes immunorégulateurs. Pour la prévention
des maladies allergiques et d’autres affections à médiation immunitaire et le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques, il est
capital de comprendre comment les réponses immunitaires innées et
adaptatives interagissent au cours de la période périnatale, comment
cette activité aboutit à la tolérance immunitaire et comment les immunités innée et adaptative pourraient être perturbées lors de la survenue
de ces maladies.
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