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Virologie 2010, 14 (3) : 171-84
Origine du VIH, une réussite émergentielle
Lucie Etienne
Martine Peeters
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Institut de recherche
pour le développement (IRD), UMR145,
Université de Montpellier-I,
911, avenue Agropolis, BP 64501,
34394 Montpellier cedex 05,
France
<[email protected]>
Résumé. Les virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont le résultat de
multiples transmissions de lentivirus du singe à l’Homme. Au moins quatre
franchissements de la barrière d’espèce des SIV (simian immunodeficiency
virus) des chimpanzés et gorilles d’Afrique équatoriale de l’Ouest sont à
l’origine du VIH-1, et au moins huit transmissions indépendantes des SIV
des mangabeys enfumés d’Afrique de l’Ouest sont à l’origine du VIH-2.
L’ensemble des VIH n’ont cependant pas tous eu la même histoire virologique
et épidémiologique. Certains sont restés restreints à quelques cas d’infections
humaines, alors que d’autres ont connu une propagation à l’échelle mondiale
comme le VIH-1 groupe M, découvert en 1983, et dont la pandémie touche
aujourd’hui plus de 33 millions de personnes. Le risque de nouvelles émergences zoonotiques de tels lentivirus est à considérer compte tenu des infections
SIV chez de nombreux primates, des prévalences élevées chez certaines espèces,
des contacts hommes-singes toujours fréquents via la chasse et la préparation
de viande de brousse, ainsi que des évolutions sociologiques, économiques,
et démographiques favorisant l’expansion mondiale d’une infection virale.
Mots clés : VIH, SIV, émergence, origine
Abstract. Human immunodeficiency viruses (HIV) are the result of multiple
viral cross-species transmissions from non-human primates to humans. SIVs
from chimpanzees and gorillas from west central Africa have crossed the
species barrier on at least four occasions leading to HIV-1 in humans. HIV-2
viruses result from at least eight independent transmissions of SIVs infecting
sooty mangabeys from West Africa. These HIV variants have different virological and epidemiological histories. Some have remained restricted to a few
cases of human infections, while others have spread worldwide, like HIV-1
group M affecting today more than 33 million people. Zoonotic emergence
of new lentiviruses has to be considered given the prevalence of SIVs in some
primate species, the increased contact between humans and wild primates
through hunting and bushmeat preparation, and the socio-economic and demographic factors predisposing global expansion of viral infections.
Key words: HIV, SIV, emergence, origin
doi: 10.1684/vir.2010.0307
Découverte et histoire du virus du sida
En 1981, le CDC d’Atlanta identifia plusieurs hommes
homosexuels à New York, Los Angeles, ou San Francisco,
atteints de pneumonies à Pneumocystiis carinii et/ou de
sarcomes de Kaposi (CDC 1981) (figure 1). Cette découverte laissait présager l’apparition d’un nouveau type
d’immunodéficience qui fut appelé, en 1982, « syndrome
Tirés à part : M. Peeters
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
d’immunodéficience acquise » (sida) et qui semblait
induit par un agent infectieux encore inconnu (CDC
1982). Ces mêmes symptômes ont ensuite été observés
chez des toxicomanes, des patients hémophiles, des Haïtiens et chez des Africains vivant en Europe. En mai 1983,
Barré-Sinoussi et al. identifièrent l’agent étiologique du
sida [1], qui fut appelé par la suite virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Dès 1984, les premiers cas de
sida en Afrique subsaharienne chez des hommes et des
femmes hétérosexuels furent rapportés [2-4]. À la fin des
171
revue
SIV chez les primates non humains
Transmissions SIV singe-Homme
Co-evolutions virus-hôte
Transmissions inter-espèces
Recombinaisons entre des lignées SIV divergentes
1900
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Début de la divergence des VIH dans la population humaine
≈ 1908
MRCA VIH-1 M
≈ 1920
MRCA VIH-1 O
≈ 1932-35 MRCA VIH-2 A et B
≈ 1963
MRCA VIH-1 N
1959
Plus ancien sérum VIH-1 M positif
19791981
Premiers cas de SIDA identifiés chez des hommes homosexuels
des Etats-Unis d'Amérique
1983
Découverte du VIH-1 M
1984
Identification d'une épidémie hétérosexuelle en Afrique
1986
Découverte du VIH-2 en Afrique de l'Ouest
Suspicion d'une origine simienne du VIH
Identification de
- SIVmac chez des macaques en captivité
- SIV chez des singes sauvages
1990
Découverte du VIH-1 O
1998
Découverte du VIH-1 N
20052006
Identification des réservoirs des ancêtres du VIH-1 M, et des VIH-2
A et B, en Afrique Centrale et Afrique de l'Ouest, respectivement
2009
Découverte du VIH-1 P
33M de personnes infectées par le VIH-1 M
? Nouvelles émergences lentivirales : VIH-3, VIH-1 Q, VIH-2 l, ... ?
Figure 1. Émergence et pandémie de VIH : histoire, découvertes,
et perspectives.
Frise indiquant les étapes majeures dans l’émergence et l’évolution
du VIH, l’épidémie et les découvertes scientifiques. Écrits en violet,
les faits majeurs de l’épidémie de VIH chez l’Homme ; en noir dans
les cadres mauves, les découvertes successives des différents
types et groupes de VIH. Le nombre de personnes vivant avec le
VIH dans le monde augmente au cours du temps, comme schématisé par le triangle violet. Les flèches grises verticales représentent
le temps.
années 1980, on observait une explosion de l’épidémie en
Afrique, où la prévalence chez les femmes enceintes excédait 25 % dans certaines grandes villes d’Afrique de l’Est et
du Sud [5].
Les recherches d’épidémiologie moléculaire ont par la
suite montré que l’épidémie de sida a pour épicentre
la République démocratique du Congo (RDC), région où
la diversité des variants viraux est la plus grande [6, 7], puis
que le virus a circulé en Afrique Centrale [8], et a ensuite
été introduit en Haïti dans les années 1960 (most recent
common ancestor MRCA 1966), avant sa circulation en
Amérique du Nord (MRCA 1969), environ 12 ans avant
la découverte et la description des premiers cas de sida
[9]. Aujourd’hui, plus de 33 millions de personnes sont
infectées par le virus responsable du sida dans le monde
172
(figure 1), parmi lesquelles plus de 70 % vivent en Afrique
subsaharienne (UNAIDS 2008). D’ores et déjà plus de
25 millions de personnes sont mortes du sida, et cette
maladie virale continue au XXIe siècle d’être l’une des
premières causes de mortalité dans les pays du Sud
(UNAIDS/WHO 2009).
Le VIH est proche des virus SIV
retrouvés chez les primates non humains
Le VIH-1 a été identifié pour la première fois en 1983. En
1986, c’est un autre virus proche du VIH-1, appelé le VIH
de type 2, qui fut décrit chez des patients vivant en France
mais originaires d’Afrique de l’Ouest [10].
Les VIH-1 et VIH-2 sont apparentés aux lentivirus de
primates appelés SIV pour simian immunodeficiency virus.
Peu de temps après la découverte en 1983 du VIH-1, le
premier SIV, SIVmac, fut isolé d’un macaque rhésus
(Macaca mulatta), dans le centre de primatologie du
“New England Regional Primate Research Center”
(NERPRC) aux États-Unis d’Amérique avec des symptômes d’immunodéficience similaires à ceux observés
chez les patients VIH [11, 12]. Des études rétrospectives
montrèrent que, dès la fin des années 1960, une épidémie
d’immunodépression avec apparition d’infections opportunistes avait eu lieu chez d’autres singes rhésus dans un
centre californien, et que le virus de ces animaux avait
été introduit au NERPRC [13]. Une même infection fut
également décrite chez les macaques à face rouge
(Macaca arctoides) [14]. Dans les deux cas, les macaques
infectés avaient été en contact avec des mangabeys
enfumés (Cercocebus atys) non malades, diagnostiqués
rétrospectivement comme porteurs du SIVsmm. Les
relations phylogénétiques proches entre l’ensemble de
ces SIV suggérèrent que le virus de mangabey enfumé
(SIVsmm) était la source de contamination chez les macaques [15]. Ce changement d’hôte avait induit une maladie
semblable au sida chez le macaque. Dès lors, l’origine
simienne du sida chez l’Homme fut suspectée.
D’après la littérature actuelle, une sérologie SIV positive a
pu être mise en évidence chez au moins 40 espèces de
primates non humains (PNH), dont les trois quarts ont été
confirmés par des séquences virales (génomes complets
pour 27 lignées de SIV et partiels pour 11) (tableau 1).
De manière remarquable, seuls les PNH africains sont
naturellement infectés par des SIV. Le nombre d’espèces
infectées pourrait être sous-estimé sachant que des virus
SIV ont été retrouvés dans 90 % des espèces de singes
examinées à ce jour et qu’il y a au total 73 espèces de
PNH en Afrique subsaharienne. La majorité des infections
SIV a été identifiée par des tests de dépistage ou confirmation du VIH, grâce aux réactions croisées avec les antigènes
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
revue
Tableau 1. Infections SIV chez les primates non-humains d’Afrique.
Genre
Espèce sous-espèce
Nom commun
SIV
Pan
troglodytes troglodytes
troglodytes schweinfurthii
gorilla gorilla
guereza
badius badius
badius temminckii
tholloni
rufomitratus tephrosceles
verus
albigena
aterrimus
anubis
cynocephalus
ursinus
atys
torquatus
agilis
sphinx
leucophaeus
nigroviridis
talapoin
ogouensis
patas
sabaeus
aethiops
tantalus
pygerythrus
diana
nictitans
mitis
albogularis
mona
campbelli
pogonias
denti
wolfi
cephus
erythrotis
ascanius
lhoest
solatus
preussi
hamlyni
neglectus
chimpanzé d’Afrique Centrale
chimpanzé d’Afrique de l’Est
gorille de l’ouest
colobe guéréza
colobe bai d’Afrique occidentale
colobe bai de Temminck
colobe bai de Thollon
colobe rouge d’Ouganda
colobe vert
mangabey à joues grises/blanches
mangabey huppé, cercocèbe noir
babouin de Guinée/anubis
babouin cynocéphale/jaune
babouin chacma
mangabey enfumé
mangabey à collier blanc/couronné
mangabey agile
mandrill
drill
singe des marais, cercopithèque noir et vert
talapoin du sud, miopithèque talapoin
talapoin du nord, miopithèque de l’ogooué
singe rouge/patas
singe sabeus
grivet d’Éthiopie
cercopithèque tantale
vervet
cercopithèque diane
singe hocheur
singe bleu
cercopithèque à diadème
cercopitheque mona
singe des palétuviers
cercopithèque pogonias
singe mona de Dent
cercopithèque de Wolf
moustac
moustac à oreilles rousses
cercopithèque ascagne
cercopithèque de l’Hoest
cercopithèque à queue de soleil
cercopithèque de Preuss
cercopithèque de Hamlyn
cercopithèque de Brazza
SIVcpzPtt
SIVcpzPts
SIVgor
SIVcol
SIVwrcPbb
SIVwrcPbt
SIVtrc*
SIVkrc*
SIVolc
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Gorilla
Colobus
Piliocolobus
Procolobus
Lophocebus
Papio
Cercocebus
Mandrillus
Allenopithecus
Miopithecus
Erythrocebus
Chlorocebus
Cercopithecus
SIVbkm*
1
2
2
3
4
5
SIVagm-Ver*
SIVagm-Ver*
SIVsmm
SIVrcm
SIVagi*
SIVmnd-1,-2
SIVdrl
SIVtal*
SIVtal
SIVagm-sab*
SIVagm-Sab
SIVagm-Gri
SIVagm-Tan
SIVagm-Ver
SIVgsn
SIVblu
SIVsyk
SIVmon
SIVden
SIVwol*
SIVmus
SIVery
SIVasc*
SIVlho
SIVsun
SIVpre*
3
6
SIVdeb
Pour chaque espèce de primate infectée sont donnés le genre, l’espèce, la sous-espèce (s’il y a lieu), ainsi que le nom commun français. Les espèces
réservoirs des VIH-1 et 2 sont présentées en gras ; en gris clair sont les espèces dont seule une sérologie positive aux SIV a pu être mise en évidence ;
en noir, les espèces dont l’infection SIV a été confirmée par amplification virale et séquençage, les SIV sont alors notés selon la nomenclature d’usage
(une astérisque indique les SIV dont seules des séquences partielles sont disponibles). Référence pour l’ensemble des données : Bibollet-Ruche et al., J
Virol, 2004 [89] ; 1Van Heuverswyn et al., Nature, 2006 [31] ; 2Liégeois et al., J Virol, 2009 [90] ; 3Ahuka Mundeke et al., Poster #597/92P, Conférence
Francophone VIH/sida, 2010 ; 4Goldberg et al., J Virol, 2009 [80] ; 5Takemura et al., J Gen Virol, 2005 [91] ; 6VandeWoude and Apetrei, Clin Microbiol
Rev, 2006 [92].
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
173
SIV [19-21]. Cependant, quelques cas d’immunodéficience chez des singes en captivité ont pu être mis en
évidence, mais en général à un âge qui dépasse celui en
milieu naturel [22]. De plus, le paradigme généralisant la
non-pathogénicité des SIV chez leurs hôtes naturels sauvages a été remis en question par une étude récente chez les
chimpanzés sauvages d’Afrique de l’Est (Pan troglodytes schweinfurthii). L’infection par un virus SIVcpzPts
aurait un impact négatif sur la santé des animaux infectés
ainsi que sur leur reproduction et leur espérance de vie [23].
Ce syndrome d’immunodéficience serait semblable à celui
retrouvé chez l’Homme affecté par le sida, bien que le
SIVcpzPts apparaisse comme moins virulent. Des études
supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces
résultats, mais surtout pour savoir si les chimpanzés de la
sous-espèce P. t. troglodytes sont aussi atteints d’immunodéficience lors d’une infection par SIVcpzPtt.
Question de la pathogénicité
des SIV chez leurs hôtes naturels
Les SIV n’induisent pas d’immunodéficience chez leurs
hôtes naturels [18], ce qui suggère une évolution virushôte depuis de nombreuses années. Cette absence de pathogénicité a été particulièrement étudiée chez les mangabeys
enfumés et les singes verts, dont l’espérance de vie et l’état
immunitaire ne sont pas affectés lors d’infections aux
L’évolution des lentivirus SIV/VIH est
particulièrement complexe
L’évolution des SIV et des différentes lignées est très
complexe et n’est toujours pas résolue. Il y a de nombreux
exemples de coévolution entre ces virus et leurs hôtes, mais
également des exemples de recombinaisons entre des SIV
relativement distants, puisqu’une même espèce de primate
peut aussi être porteuse de deux SIV différents. Bien qu’il
semble aujourd’hui clair, au vu des phylogénies des SIV et
de leurs hôtes, qu’une simple codivergence n’ait pu avoir
lieu [24, 25], certaines associations SIV-hôte suggèrent une
coévolution sur de très longues périodes, comme les SIV
chez les quatre espèces de singes verts (Chlorocebus sp)
ou chez les espèces de Cercopithèques arboricoles
(Cercopithecus sp). Cependant, les multiples transmissions
interespèces entre des singes qui sont génétiquement
proches peuvent donner une impression erronée de la
coévolution, surtout lorsque les chances de succès de transmission interespèces sont plus élevées chez les espèces
génétiquement proches [24]. Il y a en effet de nombreuses
évidences de transmissions interespèces de SIV chez les
primates vivant dans les mêmes régions géographiques ou
en association polyspécifique. Par exemple, les SIVagm
des singes verts ont été transmis aux singes patas en
Afrique de l’Ouest [26] ou aux babouins jaune et chacma
en Afrique du Sud [27, 28]. Il y a aussi des exemples plus
complexes comme les transmissions interespèces des SIV
entre les singes hocheurs (SIVgsn) et moustacs (SIVmus),
suivies de recombinaisons retrouvées chez SIVmus-2 chez
les moustacs [29] (tableau 1). L’exemple le plus marquant
de transmission interespèces suivie de recombinaison est
celui des SIV infectant les chimpanzés. En effet, les SIVcpz
sont le résultat d’une recombinaison entre deux virus : les
ancêtres des SIVrcm (partie 5’) des mangabeys à collier
blanc et des SIVgsn (partie 3’) des singes hocheurs [30].
Vc
SI
yk
Vs
mo
SI
n
SIVm
n
y
SIVdeb
Ve
r
SIVde
SI
SIV
ol
du rétrovirus humain. Des tests « faits maison » spécifiques
de SIV ont par ailleurs été mis au point afin d’augmenter la
sensibilité de détection de certains variants viraux. Cependant, on ne peut exclure que des infections SIV restent
indétectables dans l’ensemble de ces tests, en particulier
les infections par des SIV encore inconnus [16, 17].
Les virus SIV présentent une grande diversité génétique.
Cependant, chaque espèce de PNH est généralement infectée par des variants spécifiques qui forment une lignée
monophylétique dans la radiation des SIV (figure 2). Pour
chaque espèce infectée, le virus est indiqué par SIV suivi de
trois lettres en minuscule référant au nom commun anglais
de l’espèce infectée (exemple : SIVcpz pour les SIV infectant les chimpanzés), et les initiales du nom latin de la
sous-espèce peuvent être ajoutées si nécessaire (exemple :
SIVcpzPtt pour les SIV infectant les chimpanzés de la
sous-espèce Pan troglodytes troglodytes) (tableau 1).
tal
SIV
m
bk
SIV sc
Va
SI
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revue
SIV
SIVgsn
sun
SIVwrc
SIVolc
SIVmnd-1
SIVagm-Sab
SIVdrl
nd-2
SIVm
ho
Vl
SI
us
SIVsmm/VIH-2
rcm
SIV
er
-V
gm Tan
Va
SI agm
i
Gr
V
mSI
ag
SIV
SIVcpz/SIVgor/VIH-1
0.1
pol
Figure 2. Diversité génétique et évolution des différentes lignées
SIV/VIH.
Analyse phylogénétique par neighbor-joining d’un alignement
de séquences partielles du gène pol (512 pb) de SIV infectant
diverses espèces de primates non-humains et de VIH infectant
l’Homme. Les longueurs de branche sont à l’échelle (la barre
d’échelle représente 0,1 substitution par site). Les nuances de
gris permettent une meilleure lecture de la figure en différenciant
les SIV d’espèces distinctes. Les lignées VIH-1/-2 sont présentées
en violet. Les différentes lignées SIV et leur hôte peuvent être
retrouvés dans le Tableau 1.
174
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
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Cette recombinaison virale a pu avoir lieu lors d’une surinfection probablement chez le chimpanzé, carnivore de
petits singes, et a donné lieu à l’actuelle lignée de SIVcpz.
Les chimpanzés ont ensuite pu transmettre leur virus à
des gorilles [31, 32].
Les coévolutions virus-hôtes, les transmissions interespèces,
les surinfections, ou les recombinaisons virales sont parmi
les nombreuses caractéristiques évolutives des SIV qui
rendent leur histoire si complexe à résoudre.
Des contacts avec du sang, des sécrétions ou des tissus
infectés entre les PNH de différentes espèces peuvent
avoir lieu lors de combats, d’infanticides, d’associations
polyspécifiques, ou pendant la chasse et la consommation
de petits singes comme pour les chimpanzés. Les transmissions interespèces présentées précédemment seraient donc
possibles lors de tels contacts avec un animal infecté. Si des
transmissions interespèces ont pu être observées entre les
PNH, les virus SIVont aussi pu franchir à plusieurs reprises
la barrière d’espèce lors de transmissions virales de singes à
l’Homme, comme détaillées dans les prochaines sections.
Le sida, dont l’agent étiologique est le VIH, peut donc être
considéré comme une zoonose [33]. Les SIV les plus
proches du VIH-1 sont le SIVcpz et le SIVgor qui infectent
naturellement les chimpanzés (P. t. troglodytes) et les
gorilles (Gorilla gorilla gorilla) d’Afrique équatoriale de
l’Ouest. Les SIVsmm retrouvés chez les mangabeys
enfumés (Cercocebus atys) d’Afrique de l’Ouest sont les
plus proches du VIH-2.
Les SIV chez les grands singes d’Afrique
sont à l’origine du VIH-1
Le VIH-1 infectant l’Homme est maintenant connu pour
être composé de quatre groupes : le groupe M pour
« Major », découvert en 1983 [1] et responsable de la
pandémie actuelle de sida ; le groupe O ou « Outlier »
découvert en 1990 [34] ; le groupe N, pour « Non-M
Non-O », identifié en 1998 [35] ; et depuis août 2009,
un virus d’un nouveau groupe a été caractérisé chez
deux personnes d’origine camerounaise, en France et au
Cameroun, et ce groupe a été appelé VIH-1 groupe P [36]
(Brennan et al., Oral #25, CROI 2010) (figure 1). Chaque
groupe du VIH-1 résulte d’une transmission interespèces
de SIV de grands singes à l’Homme.
Les questions sur l’origine du VIH-1 sont de plusieurs
ordres : quels sont les réservoirs à l’origine du VIH-1
retrouvé chez l’Homme ? Combien d’événements de transmission sont impliqués ? Où ces transmissions interespèces
se sont-elles déroulées ? Quand et comment ont-elles
eu lieu ?
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
Les SIV des chimpanzés et des gorilles sont
à l’origine du VIH-1 chez l’Homme
L’hypothèse selon laquelle les chimpanzés puissent être
les réservoirs du VIH-1 fut établie en 1989 lorsque des
infections lentivirales par des SIV isogéniques et proches
phylogénétiquement du VIH-1 furent caractérisées chez
deux chimpanzés nés dans la nature et captifs au Gabon
(Gab1 et Gab2) [37, 38]. La caractérisation d’un troisième
SIVcpz (SIVcpzANT) infectant un chimpanzé de RDC et
saisi en Belgique par les douanes révéla une très grande
et inattendue diversité génétique entre l’ensemble des souches SIVcpz caractérisées [39]. Néanmoins, cette grande
diversité a pu être expliquée lorsque la phylogénie des
SIVcpz fut analysée en prenant en compte les différentes
sous-espèces de chimpanzés [40]. Ainsi, il a pu être mis en
évidence que les chimpanzés P. t. troglodytes dans la partie
ouest d’Afrique équatoriale et les P. t. schweinfurthii en
Afrique équatoriale de l’Est étaient chacun infectés
par des SIVcpz spécifiques des sous-espèces, et que
les SIVcpzPtt étaient les plus proches virus du VIH-1
(figure 3). Si ces données suggéraient fortement que les
chimpanzés d’Afrique équatoriale de l’Ouest étaient la
source du VIH-1, la mise en évidence du réservoir de
façon définitive imposait de pouvoir étudier un nombre
plus important de chimpanzés vivant dans la nature. C’est
la mise au point, en 2002, de méthodes non invasives pour
ces espèces protégées qui a permis la caractérisation
des SIV infectant les grands singes sauvages à partir
d’échantillons fécaux [41, 42]. Par cette méthode, de
nouvelles souches de SIVcpz provenant de chimpanzés
sauvages vivant en Tanzanie et en RDC, et appartenant
à la sous-espèce P. t. schweinfurthii ont été caractérisées
[43] (Li et al., Poster #440, CROI 2010). Toutes ces
nouvelles souches SIVcpzPts forment une lignée proche
du SIVcpzANT et distincte de celle du VIH-1, confirmant
que ces variants ne sont pas à l’origine des virus infectant
l’Homme [44]. En revanche, les études d’épidémiologie
moléculaire des SIVcpz infectant les chimpanzés du
Cameroun ont permis d’identifier en 2006 les réservoirs
des virus humains pandémiques (VIH-1 M) et non pandémiques (VIH-1 N) [45]. En effet, cette étude montre que les
souches virales ancêtres du VIH-1 M appartiennent à une
lignée de SIVcpzPtt qui persiste aujourd’hui chez des
groupes de chimpanzés sauvages, de la sous-espèce
troglodytes, vivant dans l’extrême sud-est du Cameroun
(figure 3). De plus, il est apparu que le VIH-1 groupe N
a pour origine une autre lignée de SIVcpzPtt infectant
des animaux du centre du Cameroun (figure 3). Au total,
la distribution des SIVcpzPtt chez les chimpanzés
d’Afrique équatoriale de l’Ouest est étendue mais
inégale [46]. Aussi, dans l’arbre évolutif, ces virus se
regroupent selon leur site d’origine de collecte, phénomène
appelé regroupement phylogéographique. Depuis 2003,
175
SIVgorGgg
H-
Republic on the
congo
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Central African R
Nigeria
VIH-1 O
Benue R.
ANT70
revue
Figure 3. Les SIV des chimpanzés et des gorilles dans l’ouest de l’Afrique centrale sont à l’origine du VIH-1.
L’arbre phylogénétique représente les relations d’évolution entre les différentes lignées : les VIH-1 groupes M, N, O, P (en gris), les
SIVcpzPts des Pan troglodytes schweinfurthii (en bleu), les SIVcpzPtt des P. t. troglodytes (en rouge), et les SIVgor des Gorilla gorilla gorilla
(en jaune). L’arbre a été construit avec la méthode du maximum de vraisemblance à partir d’un alignement protéique de séquences SIV/VIH
dans Env et les longueurs de branche sont à l’échelle (la barre d’échelle représente 0,2 substitution par site). Les cartes représentent les
répartitions géographiques des espèces concernées : les G. g. gorilla (en haut) et les quatre sous-espèces de chimpanzés (en bas).
Les flèches reliant l’arbre phylogénétique aux cartes indiquent les réservoirs des ancêtres des différents groupes du VIH-1 (les flèches en
pointillés montrent que les études n’ont pas encore permis d’identifier les réservoirs directs des VIH-1 groupes O et P).
des enquêtes épidémiologiques de terrain dans le Sud
du Cameroun ont permis de collecter plus de 1 200
échantillons fécaux de chimpanzés sur 25 sites différents.
L’ensemble de ces données a permis d’estimer la prévalence
globale du SIVcpzPtt dans cette région à 5,9 % (variant de
0 à 32 % selon les sites) [47]. À ce jour, après de nombreuses
recherches, les deux autres sous-espèces de chimpanzés,
P. t. vellerosus et P. t. verus, ne semblent pas être infectées
par des SIV [46, 48].
En 2006, les réservoirs du VIH-1 M et du VIH-1 N ont
donc pu être caractérisés, mais les ancêtres du VIH-1
groupe O restaient inconnus. C’est dans ce contexte
qu’il a été découvert que les gorilles de la sous-espèce
G. g. gorilla vivant au Cameroun étaient aussi infectés
par des SIV, qui ont été nommés SIVgor [31]. Les SIVgor
sont très proches du VIH-1 groupe O, et cela sur
l’ensemble du génome [32]. Néanmoins, il semble que
les SIVgor caractérisés à ce jour ne soient pas les ancêtres
directs du VIH-1 O retrouvé chez l’Homme, étant donné
la distance génétique entre ces deux lignées virales
176
relativement importante. Les variants viraux infectant
les gorilles forment un clade monophylétique inséré
dans la radiation des SIVcpz dans l’arbre phylogénétique
(figure 3) suggérant ainsi que les gorilles ont pu être
infectés suite à une transmission interespèces de SIV des
chimpanzés. Des enquêtes d’épidémiologie moléculaire
de grande envergure ont permis la collecte de plus
de 2 200 échantillons fécaux de gorilles dans 21 sites au
Sud du Cameroun [47]. La distribution du SIVgor chez
ces populations sauvages est aussi apparue inégale
(présence de gorilles infectés sur seulement quatre sites),
et la prévalence globale du SIVgor de 1,6 % (de 0 à 4,6 %
selon les sites) est trois fois plus faible que celle observée
chez les chimpanzés dans cette même région [47].
En 2009, la découverte du VIH-1 groupe P et sa forte proximité avec les virus SIVgor dans l’arbre phylogénétique
suggèrent que ces nouveaux virus humains sont dérivés
d’un lentivirus de gorille [36]. Néanmoins, à ce jour,
aucun SIVgor n’a été identifié comme étant l’ancêtre direct
du groupe P retrouvé chez l’Homme (figure 3).
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revue
La question du réservoir à l’origine du VIH-1 chez
l’Homme est donc partiellement résolue. Les quatre
groupes du VIH-1 sont le résultat de quatre transmissions
interespèces indépendantes. Les chimpanzés P. t. troglodytes
sont les réservoirs du VIH-1 M pandémique chez l’Homme
ainsi que du VIH-1 groupe N. En ce qui concerne les groupes O et P, il n’y a actuellement pas de réponse définitive.
Les SIVgor sont bien les virus simiens les plus proches
phylogénétiquement des VIH-1 O et P [47]. Cependant, de
plus amples recherches sont nécessaires pour identifier les
ancêtres directs des variants O et P, en particulier dans les
pays limitrophes au Cameroun jamais prospectés, mais situés
dans les aires géographiques des chimpanzés et gorilles de
l’Ouest africain. Ces recherches supplémentaires aideront
aussi à élucider l’origine du SIVgor chez les gorilles, et
à savoir si ce sont les gorilles qui ont transmis les virus O
et/ou P à l’Homme, ou s’il existe toujours un réservoir des
ancêtres O et P chez les chimpanzés.
Les franchissements de la barrière d’espèce menant
au VIH-1 ont eu lieu dans l’ouest de l’Afrique centrale
Ces recherches sur les réservoirs montrent aussi où ont eu
lieu les transmissions interespèces à l’origine du VIH-1.
Les franchissements de la barrière d’espèce pour les
groupes M et N ont certainement eu lieu dans le Sud du
Cameroun où les réservoirs de ces deux variants viraux
ont été retrouvés (figure 3). Cette découverte coïncide
avec les cas d’infection chez l’Homme par les souches du
VIH-1 N qui ont tous été décrits chez des personnes vivant
au Cameroun. Pour le groupe O, circulant dans les populations humaines du Cameroun, du Gabon et des pays
limitrophes (environ 1 % des personnes vivant avec le
VIH) [49, 50], la localisation de l’origine virale n’a pas
encore été identifiée. Cependant, la répartition géographique des hôtes du SIVgor, souche proche du VIH-1 O,
correspond à la zone épidémique retrouvée aujourd’hui
chez l’Homme. Le VIH-1 groupe P n’a été identifié que
chez deux personnes d’origine camerounaise, or ce variant
humain est très proche des SIVgor infectant les gorilles
du Sud du Cameroun. La localisation de la transmission
interespèces à l’origine du groupe P n’a pas encore été
identifiée, mais pourrait se situer dans le Sud du Cameroun
ou proche région. Au total, on peut conclure que les quatre
transmissions interespèces ont eu lieu dans la partie ouest
d’Afrique centrale, correspondant aux aires de répartition
des gorilles de plaine de l’ouest (G. g. gorilla) et des
chimpanzés de centre-ouest (P. t. troglodytes).
Néanmoins, pour ce qui est du groupe M, il a été montré
que l’épicentre de la pandémie est situé en RDC à plusieurs
centaines de kilomètres du Sud-Est du Cameroun [6, 7].
Diverses hypothèses pour expliquer cette différence de
localisation entre l’origine du virus et l’origine de l’épidémie ont été exposées, et une combinaison de plusieurs
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
facteurs (viraux, humains, socio-économiques, démographiques, etc.) semble impliquée dans cette origine épidémique. Aussi, il est à noter qu’actuellement les chimpanzés
sauvages vivant entre le sud-est du Cameroun et près de
Kinshasa en RDC n’ont pas encore été étudiés, et il ne
peut être exclu qu’il existe d’autres populations de grands
singes sauvages infectés avec les ancêtres du VIH-1 M.
Parmi les quatre groupes du VIH-1, soit quatre transmissions
interespèces, seul le groupe M a connu une expansion rapide
et mondiale.
L’émergence du VIH-1 a eu lieu
au début du XXe siècle
Des études ont montré qu’une grande diversité génétique
du VIH-1 était déjà observée à Kinshasa (RDC), épicentre
de l’épidémie, 20 ans avant que l’épidémie de sida
soit reconnue ; une souche VIH-1 M sous-type D a été
identifiée dans un sérum de 1959 [51] et une souche
VIH-1 M sous-type A dans une biopsie de 1960 [7].
Grâce aux analyses phylogénétiques, il est possible de
dater l’ancêtre le plus récent commun à un ensemble de
souches virales (MRCA). Différentes techniques de datation moléculaire ont ainsi été utilisées dans le but d’estimer
les ancêtres communs à certains SIVou VIH. Ainsi, les plus
récentes données estiment que le MRCA du groupe M
(1908, 1884-1924) au début du XXe siècle est plus ancien
que celui du groupe O (1920, 1890-1940) et du groupe N
(1963, 1948-1977) (figure 1) [52]. Les calculs de MRCA
des SIVcpz varient selon les études en fonction des modèles utilisés et/ou des séquences SIV disponibles. Il est
cependant remarquable que l’ensemble des études récentes
s’accorde sur le fait que la phylogénie des SIV est relativement jeune, seulement de quelques centaines ou milliers
d’années. Ces estimations sont donc contraires aux théories
de codivergence virale spécifique de l’espèce, et semblent
privilégier la théorie du changement d’hôte [24]. Pour
les SIVcpz en particulier, le MRCA est estimé à 1492
(1266-1685) [52]. Les problèmes de datation rencontrés
pour calculer le MRCA des SIVcpz sont en partie dus
au faible nombre de séquences SIVcpz disponibles et
échantillonnées sur une courte période. Dans le cas du
SIVgor, cette problématique est d’autant plus importante,
puisque très peu de SIVgor ont été caractérisés. Le MRCA
des SIVgor a été estimé à 1864 (1818-1906) [32].
L’exposition aux PNH infectés expliquerait
les transmissions interespèces
Bien que les circonstances des transmissions interespèces
des grands singes à l’Homme soient inconnues, l’hypothèse
la plus probable pour ces transmissions reste l’exposition
sanguine de l’Homme à des animaux infectés. Ces contacts
sanguins, mais aussi potentiellement le contact avec
177
revue
l’épicentre de l’épidémie de VIH-2 et l’aire de répartition
des mangabeys enfumés [53, 54]. Par ailleurs, ces singes
sont régulièrement chassés ou domestiqués. Par la suite,
plusieurs études ont montré que les mangabeys enfumés
sauvages sont infectés par des SIVsmm dans leur milieu
naturel, et une grande diversité virale a été observée chez
ces animaux sauvages au Libéria, en Sierra Léone et en
Côte-d’Ivoire. Les virus infectant ces mangabeys enfumés
d’Afrique de l’Ouest sont donc les ancêtres du VIH-2
présent aujourd’hui chez l’Homme (figure 4).
Contrairement au VIH-1, l’épidémie de VIH-2 s’est moins
propagée, restant essentiellement limitée à l’Afrique de
l’Ouest (figure 4). De plus, les prévalences sont restées
faibles en allant en décroissance, le VIH-1 prenant le
dessus [55, 56]. Les prévalences les plus élevées ont
été observées au sud du Sénégal (Casamance) et en
Guinée-Bissau. Le VIH-2 est moins pathogène et moins
Origine du VIH-2 :
une autre émergence, une autre épidémie
En 1989 et 1992, des études ont confirmé les homologies
entre le VIH-2 et le SIVsmm infectant les mangabeys
enfumés en Afrique de l’Ouest, notamment les similarités
d’organisation de leurs génomes avec la présence du
gène accessoire vpx, la coïncidence géographique entre
Vs
m
SL
TM
22
92
92
B
92C
SL
mSL
sm
_F
SIV
SIVs
V2
F
92
SL
HI
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S7
9
_S
MM
SIVs
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SIV
F
SM
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_
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m
Vs
SI
H
mS
C
Vs
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H
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SIVsmm
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HIV
SI
SIVsmSL93_119
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C
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HIV
s
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sm
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A
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HIV
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m
I3
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sm
SIV
5
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SIVsmTAI3
SIVsm
0.02
1
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HI
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AI
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sm
TAI
1
SIVsm
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D
HIV-2
_D
HIV-2
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sm
SIV
I29
TA
7
m
I3
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TA
SI
m
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SI
205
CD
EF
B_
SI
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d’autres tissus ou sécrétions infectés, ont pu avoir lieu lors
de la chasse ou la préparation de viande de brousse,
ou même lors de blessures infligées par des singes domestiqués. Ces facteurs à l’origine de l’émergence du virus
chez l’Homme sont à différencier de ceux qui ont favorisé
sa diffusion épidémique, ceux-ci étant multifactoriels
(comportementaux, environnementaux, etc.).
UC
1
B
HI
V2
GH
B
300 km
_B
_E
200 ml
HO
A
VIH-2
G
Figure 4. Les SIV des mangabeys enfumés d’Afrique de l’Ouest sont à l’origine du VIH-2.
L’arbre phylogénétique représente les relations d’évolution entre les différentes lignées : les VIH-2 groupes A à H (en noir), les SIVsmm des
mangabeys enfumés (en bleu, vert et rose selon les pays d’origine). La méthode de neighbor-joining a été utilisée à partir d’un alignement
nucléotidique de séquences SIV/VIH dans env (741 pb). Les longueurs de branche sont à l’échelle (la barre d’échelle représente 0,02
substitution par site). La carte géographique représente la distribution du VIH-2 chez l’Homme (en gris) avec les lettres correspondant aux
localisations des différents groupes du VIH-2 (grande lettre pour une épidémie, petite lettre lorsque quelques cas uniquement ont été
caractérisés) ; l’habitat des mangabeys enfumés, Cercocebus atys, (en rayures noires) est aussi indiqué. Les codes couleurs pour les
différents SIVsmm dans l’arbre phylogénétique et la carte sont : vert pour la Côte-d’Ivoire, rose pour le Libéria, bleu pour la Sierra Léone.
178
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revue
transmissible que le virus pandémique : on observe une
quasi-absence de transmission mère-enfant [57] et une
transmission sexuelle moins efficace, certainement liée
aux faibles charges virales [58, 59]. Néanmoins, une très
grande diversité génétique est observée, puisque le VIH-2
est constitué de huit groupes viraux (notés de A à H),
correspondant à huit transmissions interespèces indépendantes [60] (figure 4). La plupart des groupes (C à H)
n’infectent que peu d’individus et ont été décrits essentiellement dans les zones rurales, où les habitants vivent
au contact de ces animaux par la chasse ou par leur domestication. Seuls les groupes A et B ont connu une diffusion
épidémique en Afrique de l’Ouest, le groupe A circulant
principalement en Guinée-Bissau et au Sénégal, tandis
que le groupe B est retrouvé en Côte-d’Ivoire. Les ancêtres
de ces deux groupes viraux ont été identifiés chez
des mangabeys enfumés sauvages de la forêt de Taï, en
Côte-d’Ivoire, proche de la frontière avec le Liberia (figure 4)
[61]. Les études de datation estiment que l’émergence du
VIH-2 a eu lieu vers 1932 pour le groupe A (1906-1955) et
1935 pour le groupe B (1907-1961) [52] (figure 1).
Ces dates coïncident avec une phase instable en GuinéeBissau, et il a été suggéré que les guerres civiles de cette
période ont été un facteur amplificateur de la propagation
du VIH-2 dans la population humaine [62].
Évaluation des risques de transmissions
rétrovirales du singe à l’Homme
Les virus VIH infectant l’Homme sont le résultat de
transmissions virales interespèces suite à des contacts
entre les Hommes et les primates infectés avec un SIV.
Importante exposition de l’Homme aux primates
non humains
La chasse et la consommation de viande de brousse sont
communes en Afrique subsaharienne. Elles ont toujours
été pratiquées, et sont une source de protéines et de
revenus. Cependant, depuis plusieurs années, les industries
forestières et minières sont en pleine expansion en Afrique
centrale [63] et impliquent une augmentation de la population humaine directement au contact des forêts, inaccessibles au grand nombre auparavant. Avec le développement
de ces exploitations, la commercialisation de viande de
brousse a augmenté significativement, entraînant ainsi
une augmentation de l’exposition des chasseurs aux
animaux sauvages. En effet, une étude récente au Nord
Congo fait état d’une augmentation de 64 % des ventes
de viande de brousse parallèlement à l’accroissement des
concessions forestières [64]. Des études sur la consommation de viande de brousse ont montré que de nombreuses
espèces de singes sont chassées par l’Homme, et nous
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
avons pu montrer que la population humaine dans ces
régions était en contact avec une diversité considérable de
SIV [65, 66]. De plus, il est notable que les grands singes ne
sont pas seulement chassés pour la consommation de leur
viande, mais aussi pour la pratique de rites et de médecine
traditionnelle [67]. Le risque d’émergence de nouvelles
zoonoses est d’autant plus important que les prévalences
VIH, estimées chez les jeunes femmes dans les villages
proches des exploitations forestières, sont particulièrement
élevées [68]. Cette donnée confirme que les comportements à risque, qui induiraient une propagation rapide
d’un éventuel nouveau lentivirus, existent dans ces zones
rurales. Un nombre important de personnes immunodéprimées sont donc potentiellement exposées à une nouvelle
zoonose [69], mais aussi à l’émergence de nouveaux
virus recombinants SIV/VIH, puisque les relations
phylogénétiques entre les lentivirus de primates et leur
évolution attestent que ces événements de recombinaisons
sont relativement fréquents.
Les prévalences SIV chez les singes soulignent
le risque de nouvelles zoonoses
Les risques de transmissions interespèces des SIV dépendent aussi de la prévalence virale chez les populations
simiennes. Une étude chez les animaux de compagnie
dans le Sud du Cameroun montre que la prévalence SIV
chez des mandrills domestiqués peut s’élever à 23 % [70].
Concernant les espèces sauvages chassées, une étude de
2009 à partir de plus de 2 500 prélèvements de viande de
brousse au Cameroun révèle une séroprévalence globale de
SIV chez les PNH d’environ 3 %, variant de 0 à 10 % selon
les localités au Cameroun, et de 0 à plus de 40 % selon les
espèces [66]. Les prévalences les plus faibles (0 à 1 %)
étaient observées chez les espèces simiennes les plus fréquemment chassées au Cameroun, limitant dans cette région
les risques de transmission interespèces. Néanmoins, une
étude pilote au centre de la RDC montre qu’environ
20 % des primates chassés sont infectés par un SIV, et
que pour cette région les plus forts taux d’infection sont
observés chez les espèces les plus souvent chassées (Ahuka
Mundeke et al., Poster #597/92P, Conférence francophone
VIH/sida 2010). Nos études d’épidémiologie moléculaire
chez les grands singes sauvages au Cameroun montrent
des prévalences globales relativement faibles de 1,6 et
5,9 % chez les gorilles et les chimpanzés respectivement
[47]. Néanmoins, il est important de noter que les ancêtres
des VIH-1 groupes M et N ont été identifiés chez des
populations de chimpanzés fortement infectées, avec des
prévalences SIV d’environ 30 % [45, 46]. En Afrique de
l’Ouest, la situation est aussi préoccupante : la prévalence
SIV est très élevée chez les mangabeys sauvages (environ
50 %), or cette espèce est particulièrement chassée, et les
SIVsmm ont déjà été transmis à l’Homme à au moins
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revue
huit occasions. Dans cette même région, environ 50 % des
colobes rouges sont infectés par SIVwrc [71], or ces singes
sont aussi très chassés par les Hommes, mais aucune transmission interespèces à l’Homme n’a encore été observée.
Les colobes rouges sont aussi chassés par les chimpanzés et
représentent 80 % des apports en protéines animales chez
ces derniers, mais de même, aucune infection SIV avec un
virus proche de SIVwrc n’a été identifiée à ce jour chez les
chimpanzés vivant dans cette région.
Ces prévalences chez l’ensemble des primates illustrent la
possibilité et le risque de contamination aux virus d’immunodéficience par transmission interespèces du singe à
l’Homme, mais suggèrent aussi que d’autres facteurs sont
impliqués, comme l’adaptation du virus à un nouvel hôte.
Adaptation virale et réussite émergentielle
L’ensemble des virus infectant les animaux sauvages ne
sont pas transmis à l’Homme, car incapables de franchir
la barrière d’espèce et d’effectuer l’adaptation virale nécessaire à l’infection dans ce nouvel hôte, mais aussi à la
diffusion dans la nouvelle population. Les caractéristiques
moléculaires qui ont permis le franchissement de la barrière
d’espèce aux ancêtres du VIH-1 ou VIH-2 restent encore
inconnus, et des recherches sont nécessaires afin de savoir
pourquoi les SIV infectant les chimpanzés ou les mangabeys ont pu être transmis à l’Homme à plusieurs reprises, et
pas les SIV des colobes rouges par exemple, ou d’autres
espèces de PNH infectées. Par ailleurs, la transmission
virale à une nouvelle espèce n’induit pas nécessairement
sa diffusion dans la population. Cette observation est
particulièrement remarquable dans le cas des infections à
VIH où les différences entre les épidémies de VIH-1 et -2
ou celles des différents groupes du VIH-1 sont très importantes. Cette étape de diffusion (où le taux de reproduction
de base, Ro, est supérieur à 1) est indispensable à une
vraie réussite émergentielle [72] et dépend de nombreux
facteurs liés au virus, à l’hôte, et à l’environnement [73].
L’adaptation des virus SIV/VIH à une nouvelle espèce n’a
pu être mise en évidence que dans peu d’études. Par exemple, les SIVcpz et SIVgor possèdent un site très conservé,
Gag-30 dans la région p17, avec une méthionine ou une
leucine sur l’ensemble des souches virales caractérisées,
alors que les virus VIH-1 chez l’Homme présentent tous
une arginine [74]. Cette modification d’acide aminé très
conservé pourrait être une illustration de l’adaptation virale
du VIH-1 à son hôte humain. Dans une étude récente,
Sauter et ces collègues montrent que le VIH-1 groupe M
pandémique a adapté sa protéine vpu afin de bloquer le
facteur de restriction humain tétherine, contrairement
aux virus du groupe O qui n’ont pas sélectionné cette
modification [75]. Or, il semble que cette dernière permette
une meilleure réplication virale chez l’Homme ainsi qu’une
transmission interhumaine plus efficace suggérant que
180
cette adaptation a pu être un facteur majeur dans l’établissement de la pandémie de VIH-1 M chez l’Homme [76].
Une étude sur l’évolution virale des lignées SIV a mis en
évidence que certaines fonctions de Nef ont été perdues au
cours de l’évolution chez les virus de la lignée ancêtre du
VIH-1. Nef est en partie responsable de la persistance des
SIV chez leur hôte, et prévient, dans le même temps, de la
suractivation de leur système immunitaire. Néanmoins,
cette dernière fonction est perdue chez certaines lignées
SIV, et en particulier dans celle des SIVcpz/VIH-1. Cette
perte de fonction au cours de l’évolution a pu prédisposer
les précurseurs simiens du VIH-1 à une pathogénicité
particulièrement élevée chez l’Homme, adaptation qui n’a
pas été réalisée dans la lignée SIVsmm/VIH-2 moins
pathogène [77]. Dans une autre étude, il a pu être mis en
évidence que les variants O du VIH-1 et les virus VIH-2
ont des aptitudes de réplication et de transmission plus
faibles que celles du groupe M, ce qui pourrait contribuer
à expliquer leur faible prévalence et leur diffusion limitée
[78]. Cependant, toutes ces données sont encore préliminaires et de plus amples études sont donc nécessaires.
Les facteurs humains sont aussi largement impliqués dans
ce processus d’expansion d’une épidémie en particulier
lorsqu’elle est virale et transmissible par contacts sanguin
et sexuel, comme c’est le cas pour le VIH. Les différences
de localisations entre l’origine de l’émergence virale
(extrême Sud-Est du Cameroun pour le VIH-1 M) et celle
de l’épidémie (RDC pour ces variants M) témoignent de
l’importance des facteurs humains et environnementaux
dans la diffusion d’une telle épidémie. Les principaux
facteurs humains favorisant l’expansion d’une épidémie
de VIH sont les comportements sexuels à risque, les fortes
prévalences d’infections sexuellement transmissibles,
l’absence de circoncision, les transmissions virales iatrogènes (exemple : transfusions, injections), etc. L’ensemble de
ces facteurs associés à des facteurs sociodémographiques
comme l’augmentation en densité de la population
humaine dans les zones forestières, le décuplement des
moyens de transport entre les zones rurales et urbaines et
donc des migrations et des mouvements de population,
l’urbanisation croissante et l’augmentation du commerce
sexuel ont permis un terrain favorable à la naissance
d’une épidémie suite à une émergence virale au départ
pourtant isolée.
Risque continu de transmissions rétrovirales
interespèces
L’importance du risque de transmission virale des espèces
simiennes à l’Homme est en outre mise en évidence dans
les études sur les spumavirus simiens (SFV pour simian
foamy virus en anglais) et les virus T-lymphotropiques
simiens et humains (STLV et HTLV).
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revue
Les SFV sont des anciens rétrovirus non pathogènes, dont
la prévalence est très élevée chez les PNH ; par exemple,
70 % d’infectés chez des singes captifs [79], 97 % chez des
colobes rouges sauvages [80], entre 44 à 100 % selon
les sites chez les chimpanzés sauvages [81]. Des enquêtes
épidémiologiques chez des personnes en contact avec des
PNH ont rapporté la présence d’infection SFV chez
l’Homme [82, 83], avec des taux d’infections allant jusqu’à
25 % chez les personnes ayant eu des morsures de grands
singes [83]. Néanmoins, il n’y a aujourd’hui aucune
évidence de transmission interhumaine de spumavirus,
d’où l’absence d’une épidémie de SFV chez l’Homme. Ici
le franchissement de la barrière d’espèce est donc possible,
mais l’adaptation virale n’est pas suffisante pour permettre
au virus de se répandre dans la nouvelle population.
L’exposition aux PNH contribue aussi à l’émergence de
virus HTLV chez l’Homme [84, 85]. Des études, chez les
chasseurs d’Afrique équatoriale notamment, ont montré
que des infections zoonotiques par de nouveaux STLV
continuent d’avoir lieu chez les personnes en contact avec
les PNH [86] (Switzer et al., Poster #441, CROI 2010).
Ces virus T-lymphotropiques, présents chez les singes
d’Afrique mais aussi d’Asie ou d’Amérique, sont donc
capables de franchir la barrière d’espèce singe-Homme.
Certains variants comme les HTLV-1 et HTLV-2 ont pu
s’adapter à la population humaine, puisque ces deux types
viraux sont transmis d’Homme à Homme par voie
sanguine, sexuelle, ou par le lait de la mère à l’enfant.
Ces caractéristiques ont donc permis aux virus de se répandre dans la population humaine ; le HTLV-1 est en effet
endémique dans plusieurs régions du monde.
Ces deux exemples de rétrovirus franchissant la barrière
d’espèce soulignent le risque actuel et continu de transmission de virus simiens à l’Homme et donc potentiellement
l’émergence de nouveaux rétrovirus dans la population
humaine, comme de nouveaux variants SIV/VIH. Des
sérologies SIV positives, sans isolation virale, chez
l’Homme ont été mises en évidence dans plusieurs études
[17, 87, 88]. La récente découverte du VIH-1 P
chez l’Homme est une démonstration supplémentaire de
ce risque d’émergence zoonotique. De plus, l’étude
comparative de ces rétrovirus et de leur impact dans la
population humaine montre l’importance de l’adaptation
virale à la transmission interhumaine lors de l’établissement d’une épidémie.
déjà depuis le début du XXe siècle en Afrique centrale
(figure 1). Actuellement, au moins 12 transmissions du
singe à l’Homme ont été décrites, quatre à l’origine du
VIH-1 et huit pour le VIH-2. Cependant, il est très probable
que d’autres ont eu lieu dans le passé mais sont restés
inaperçus, le virus n’ayant pu s’adapter au nouvel hôte
ou n’ayant pas eu l’occasion d’être introduit dans un milieu
favorisant sa dissémination rapide. Dans la mesure où
l’Homme est toujours potentiellement exposé à de
nombreux lentivirus du fait de la chasse de PNH ou de
la préparation de viande de brousse, la possibilité
de nouveaux épisodes de transmissions interespèces est
une éventualité qu’il faut anticiper. On ne peut exclure que
de nouveaux variants, issus d’autres transmissions, circulent
ou ont circulé dans la population humaine, mais qu’ils n’ont
pas été détectés par les tests de dépistage VIH-1/-2 actuels.
De plus, la longue phase asymptomatique caractéristique
des lentivirus permet une large diffusion d’un nouveau
variant dans une population à risque avant qu’il soit effectivement reconnu. Pour cela, il est important de continuer à
caractériser les SIVauxquels les Hommes sont exposés, et de
plus d’améliorer les tests de détection sérologique en
incluant, par exemple, des antigènes SIV lors d’études épidémiologiques chez les populations en contact avec les animaux potentiellement infectés. Comme vus précédemment,
de nombreux éléments sont indispensables pour qu’une simple transmission virale soit à l’origine d’une nouvelle épidémie. Les facteurs de l’hôte associés aux facteurs environnementaux, sociaux, démographiques sont les principaux
acteurs dans la diffusion d’un tel nouveau virus. Il est donc
aussi important de comprendre quels facteurs ont été particulièrement déterminants lors des succès épidémiologiques
passés de certains variants afin de réduire le risque de nouvelles émergences virales.
Conclusion
2. Ellrodt A, Barré-Sinoussi F, Le Bras P, et al. Isolation of human
T-lymphotropic retrovirus (LAV) from Zairian married couple, one with
AIDS, one with prodromes. Lancet 1984 ; 1 : 1383-5.
L’épidémie actuelle de VIH démontre l’extraordinaire
importance que peut avoir un seul épisode de transmission
lentivirale interespèces. Les premiers cas de sida avec le
VIH-1 M ont été observés en 1981, mais le virus circulait
Virologie, Vol. 14, no 3, mai-juin 2010
Remerciements. Nous remercions Matthieu Jung et Eric
Delaporte pour leur lecture critique d’une version antérieure de
ce manuscrit. Lucie Etienne est soutenue par une bourse Jeune
Chercheur de Sidaction.
Conflits d’intérêts : aucuns.
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