Analyse du contexte de la pauvreté au Sénégal

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Oxfam International au Sénégal
Unis nous avons plus d’impact.
Analyse du contexte de la pauvreté au
Sénégal
Rapport Provisoire
Juillet 2009
SOMMAIRE
RESUME
3
INTRODUCTION
7
I- EVOLUTION ECONOMIQUE, SOCIALE ET VULNERABILITES
10
II- PAUVRETE ET POLITIQUES SOCIALES
20
III- LES MESURES, PROFILS ET AMPLEUR DE LA PAUVRETE
24
IV- LES ACTEURS CLES, INSTRUMENTS ET STRATEGIES REPONSES
42
V/ LES DYNAMIQUES DE CHANGEMENT
56
VI/ LE SENEGAL ET SES VOISINS
62
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
64
2
RESUME
Le présent rapport analyse le contexte sociopolitique et économique du
Sénégal. Il sert de préalable à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre la
pauvreté pour Oxfam International au Sénégal. Il est structuré autour de six
points : l’analyse de l’évolution socioéconomique et des vulnérabilités au
Sénégal, l’analyse des mesures et des profils de la pauvreté, l’identification
des acteurs de le lutte contre la pauvreté ainsi que les stratégies de lutte,
l’analyse des dynamiques de changements, l’approche comparative entre
le Sénégal et ses voisins. Une dernière partie est consacrée aux
recommandations.
La première partie met en évidence le passage d’une longue phase
d’ajustement structurel qui a duré presque deux décennies (1980-2000), à
une phase de lutte contre la pauvreté. Cette préoccupation montre bien sûr
l’ampleur du phénomène et mobilise une pluralité d’acteurs, d’instruments et
mécanismes. Les principales conséquences de la dégradation de la situation
au niveau économique et social demeurent l’élargissement et
l’approfondissement de la pauvreté (52.2% des ménages situés en dessous du
seuil de pauvreté), mais également la forte baisse du secteur primaire et la
tertiarisation de l’économie.
Il est vrai qu’en dépit d’une croissance soutenue au cours des dernières
années, le niveau de vie des Sénégalais reste très bas. Une production
agricole insuffisante, la faible capacité de l'économie à créer des emplois
durables et l'insuffisance des ressources affectées aux services sociaux
contribuent à aggraver la pauvreté qui touche déjà près de 54% de la
population. Avec un revenu national brut (RNB) de 540 dollars par habitant,
une espérance de vie d'à peine 56 ans et un taux d'alphabétisation qui ne
dépasse pas 40% de la population adulte dont 20% pour les femmes, Le
Sénégal se situe donc au 159ième rang en 2008 et perd trois places par
rapport à l’année 2006/2007 selon l’IDH du PNUD.
La deuxième partie s’articule autour des politiques sociales mises en œuvre. Il
montre notamment les échecs des politiques d’ajustement structurel (PAS)
dans le cadre du développement. De ce fait, l’avènement du DSRP annonce
un nouvel tournant dans la perspective de développement du Sénégal, et
de la lutte contre la pauvreté en l’occurrence. Ainsi dans plusieurs domaines
3
et secteurs, des progrès ont été notés : le taux brut de scolarisation
élémentaire est passé de 71,6% à plus de 86% entre 2002 et 2007 ; Le taux de
couverture vaccinale est passé de 56% en 2001à 80% en 2005 et la proportion
d’accouchements assistés de 40% à 62% sur la même période ; En milieu
urbain, le taux d'accès à l'eau potable est passé de 78% en 2000 à 85% en
2005 et de 56% en 2000 à 61% en 2005 en milieu rural.
La troisième section offre une vision synthétique des mesures et des profils de
la pauvreté au Sénégal. Il en ressort principalement que la majorité des
pauvres, vit en milieu rural. Ils représentent 65% des individus et 57,5% des
ménages de cette population. Ainsi, le milieu rural contribue à hauteur de
65% à la pauvreté. En revanche, Dakar qui compte près d’un quart de la
population y contribue pour moins de 18% de la population.
Les données observées sur plusieurs années montrent que la pauvreté est loin
d’être uniforme d’une région à une autre. Avec moins d’un ménage pauvre
sur trois en 2005/06, globalement, les régions de l’intérieur peuvent être
regroupées en trois grandes catégories homogènes selon l’incidence de la
pauvreté observée en 2005/06 :
• très forte (plus de 60%) à Tambacounda, Ziguinchor, Fatick, Louga et
Kolda
• forte (entre 40 et 60%) à Kaolack, Diourbel, Matam, et Thiès
• moyennement forte (entre 33 et 40%) à Dakar et Saint Louis.
La quatrième partie de l’étude met en exergue les principaux programmes
mis en œuvre par l’Etat du Sénégal et ses différents partenaires, notamment
dans le cadre du DSRP dont les quatre piliers fondamentaux demeurent (i) la
création de richesses, (ii) le renforcement des capacités et promotion des
services de base, (iii) l’amélioration des conditions de vie des groupes
vulnérables et (iv) le suivi de la mise en œuvre et évaluation. Il convient
toutefois de mentionner à ce niveau que les
enjeux de pouvoir et les
interactions entre les acteurs constituent des sources d’instabilité du cadre de
lutte contre la pauvreté du fait notamment des logiques de concurrence ou
de contrôle des espaces de pouvoir entre les acteurs impliqués.
4
Plusieurs dynamiques de changements sont ainsi analysées dans le
cinquième point du rapport. Il s’agit en l’occurrence de stratégies
d’ajustement adoptées par les acteurs à travers la migration (2 à 2,5 millions
de sénégalais sont en situation migratoire), le recours à la médiation, les autoajustements des ménages (taudification de l’habitat, occupation des terrains
non aédificandi ; recul de l’âge au premier mariage ; effritement des liens
verticaux au profit des solidarités horizontales ; apparition des aliments pour
pauvres tels que le « ndambe », « aloo-aloo », pain rassis ; les gargottes
supplantent les restaurants cèdent la place aux gargottes ; disparition des
repas du soir et du petit déjeuner ne sont plus sur l’agenda des ménages ;
privatisation des services domestiques tels que le linge et la coiffure), le
développement de l’entreprenariat populaire ou encore le changement du
modèle de réussite sociale.
Le sixième point du rapport rend compte de la place du Sénégal dans la
région et des relations avec les états voisins. Le Sénégal apparaît en effet
comme ayant de bonnes performances par rapport à bon nombre d’états
de l’Afrique ; ce fait est corroboré par l’amélioration de son IDH qui est passé
de 0,342 en 1975 à 0,499 en 2005, soit une progression relative de 46% sur la
même période. Cependant, la progression annuelle, en termes de
développement humain, reste encore faible (0,5% par an).
Il est vrai qu’il faut reconnaître la volonté de structurer les interventions
sectorielles et de leur donner une cohérence d’ensemble. Cependant, le
bilan de juillet 2009 comme celui de 2008 révèle des décalages importants
des politiques sectorielles notamment pour le renseignement des indicateurs.
Les résultats mitigés de la stratégie de lutte contre la pauvreté montrent que
des efforts considérables restent à faire pour briser les inégalités fortes entre
les différentes régions du pays et entre les différents groupes de population.
SIGLES ET ABREVIATIONS
5
ANSD
BAD
CFAA
CPAR
CREA
CSS
DSRP
ESAM
ESPS
FMI
FNR
GOANA
IPM
MP
NEPAD
OMD
PADELU
PAMLT
PAREP
PAOS
PDEF
PELCP
PEPAM
PFDS
PLCP
PLCP
PLP
PNDL
PNDS
PNIR
PPTE
PREF
Agence nationale de la statistique et de la démographie
Banque africaine de développement
Country financial Accountability assessment
Country program Assessment review
Centre de Recherche en Economie Appliquée
Caisse de sécurité sociale
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
Enquête sénégalaise auprès des ménages
Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal
Fond monétaire international
Fond national de retraite
Grande offensive nationale pour l’agriculture et l’abondance
institut de prévoyance maladie
Millenium project
Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
Objectifs du Millénaire pour le Développement
Programme d’appui aux Initiatives de Développement Local Urbain
Programme d’ajustement à moyen et long terme
Programme d’Appui à la Réduction de la Pauvreté
Plan d’affectation et d’occupation des sols
Plan Décennal de l’Education et de la Formation Professionnelle
Programme Elargi de Lutte Contre la Pauvreté
Programme eau potable et assainissement pour le millénaire
Projet du Fonds de Développement Social
Programme de Lutte Contre la Pauvreté
Programme de Lutte Contre la Pauvreté
Plan de Lutte contre la Pauvreté
Le Programme National de Développement Local
Programme National de Développement Sanitaire et Social
Programme National d’Infrastructures Rurales
Pays Pauvres Très Endettés
Programme de redressement économique et financier
Projet de Gestion Durable et Participative des Energies Traditionnelles et de
PROGEDE Substitution
PSAOP
Le Programme des Services Agricoles et des Organisations des Producteurs
PSIDEL
Programme de Soutien aux Initiatives de Développement Local
RGP
Recensement général de la population
RGPH
Recensement général de la population et de l'habitat
SCA
Stratégie de croissance accélérée
SMIG
Salaire minimum interprofessionnel garanti
UEMOA
Union économique et monétaire ouest-africaine
6
Introduction
Le Sénégal a une population estimée à environ 12 millions d'habitants en 2008
et une économie marquée par la prépondérance de trois secteurs
stratégiques, incluant l'arachide, la pêche et les services. En outre sa grande
ouverture sur l’océan Atlantique (700 km de côtes) lui confère une position
stratégique, notamment dans le cadre du transport maritime et des
échanges économiques entre l’Afrique et les autres continents.
Au cours des dernières décennies, bénéficiant d'un climat politique
favorable, le pays est resté à l'abri de l'instabilité régionale qui caractérise
l’Afrique de l’Ouest. Cette stabilité est renforcée par l’organisation des
processus électoraux en 2000, 2007 et 2009.
Malgré ces atouts, le Sénégal connaît de nombreuses difficultés notamment
sur le plan socio-économique et une grande frange de la population
sénégalaise souffre de la pauvreté. Cela s’est manifesté par une baisse
drastique du poids du secteur agricole au fil du temps passant de près de
15% du PIB en 1960 à 7% en 2004 et des déséquilibres notoires entre zones
éco-géographiques puisque la moitié de la population est concentrée dans 3
régions (Dakar, Thiès et Diourbel) non sans conséquence sur la production et
la distribution des ressources.
Il faut rappeler que les politiques d’ajustement structurel (PAS) depuis les
années 80, ainsi que les sécheresses et la baisse de la pluviométrie ont
contribué à la paupérisation et à la précarisation de nombreuses couches
sociales dont les populations rurales qui représentent selon l’Enquête de Suivi
de la Pauvreté au Sénégal 2005-2006 (ESPS)1 ,58% de la population
(République du Sénégal 2007).
Au total, il apparaît dans le suivant une incidence de pauvreté assez forte au
sénégal.
Tableau 1 Principales statistiques nationales
Population (totale) a
10,6 millions
42%
Urbaine b
58%
Rurale b
Taux de pauvreté (total) a
50,6%
Population en situation d’extrême 15,9%
pauvreté
RNB par habitant c
US$820 (US$1,640 PPA)
1
Hereafter referred to as the 2005–2006 ESPS
7
Indice de Développement Humain 156/177 (0,499)
(IDH) d
Indice de Développement de Genre 134
(IDG) d
Sources: a République du Sénégal, 2006b; ESPS 2005-2006 b, c de la Banque Mondiale, World
Development Indicators, 2007; d 2005 IDH du PNUD).
Les performances enregistrées au cours des dernières décennies (avant
2000) ont été insuffisantes en raison de certains facteurs exogènes, mais aussi
endogènes. Les facteurs exogènes sont liés aux aléas climatiques qui ont
fortement marqué un secteur productif dépendant de l’agriculture, et, aux
chocs exogènes avec principalement la détérioration des termes de
l’échange. On peut aussi noter dans les facteurs internes la stratégie de l’Etat
caractérisée par un fort interventionnisme dans l’activité économique.
Les principales politiques économiques mises en œuvre au Sénégal depuis
1980 l’ont été dans le cadre de programmes élaborés avec les partenaires
au développement notamment le FMI et la Banque mondiale.
Les programmes de stabilisation et d’ajustement mis en œuvre depuis les
années 1970 jusqu’en 2000 avaient d’abord pour principal objectif de
stabiliser le tendance à la détérioration des principaux agrégats macroéconomiques, de redresser la situation macro-économique et financière
(PREF : Programme de redressement économique et financier) et d’introduire
des réformes structurelles d’envergure pour adapter le système productif aux
contraintes de développement (PAMLT : Programme d’ajustement à moyen
et long termes) et ensuite de consolider les gains tirés de l’ajustement
extérieur intervenus en 1994.
Ces différentes politiques ont certes permis une évolution relativement
positive du taux de croissance. Cependant, celle-ci n’a pas été assez forte
pour permettre un rétablissement rapide des déséquilibres. De plus l’Etat a
mis en place des politiques de diminution des charges publiques avec des
compressions massives sur les emplois publics matérialisées par la fermeture
de plusieurs sociétés nationales et des mesures d’incitation au départ de la
fonction publique et du parapublic contribuant du coup au relèvement du
taux de chômage. Cette augmentation du taux de chômage s’est
accompagnée d’une baisse sensible sur les dépenses de types sociaux dans
le domaine de la santé, mais surtout de l’éducation.
8
Les politiques nationales mises en place dans la même période (nouvelle
politique agricole, nouvelle politique industrielle, libéralisation du commerce
intérieur et extérieur…) n’ont pas donné les résultats escomptés du fait d’un
retrait trop hâtif de l’Etat dans l’accompagnement du secteur agricole, mais
aussi de la forte dépendance de ce dernier des sociétés nationales pour la
commercialisation de ses produits. Le secteur industriel n’a pas échappé au
traumatisme né du démantèlement du circuit de production et de
commercialisation des produits.
La dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994, accompagnée
d’une tenue assez rigoureuse des finances publiques a permis de rétablir
progressivement les déficits macro-économiques de l’économie et
d’envisager un retour au soutien aux secteurs sociaux à partir de 1996.
C’est dans ce contexte international et national que le Sénégal a élaboré et
engagé la mise en œuvre d’un Plan de Lutte contre la Pauvreté (PLP) en
1997. Les premiers programmes spécifiques de lutte contre la pauvreté sont
conçus, avec notamment le Programme Elargi de Lutte Contre la Pauvreté
(PELCP SEN 97/03), grâce au concours financier du PNUD (Programme des
Nations Unis pour le Développement), suivi d’autres actions en partenariat
avec différents acteurs multilatéraux et bilatéraux.
Bénéficiant de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), le Sénégal a
élaboré, de manière participative, un Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP), adopté en 2001, créant ainsi, un cadre référentiel
unique de toutes les interventions de développement de l’ensemble des
acteurs, d’une part et pour l’élaboration de politiques sectorielles, d’autre
part. Il a favorisé le recentrage des projets et programmes sur les objectifs et
axes prioritaires retenus, pour une meilleure harmonie des interventions et une
répartition plus juste et plus efficiente des ressources mobilisées.
Le présent rapport se structure autour 6 grandes parties qui traitent des
aspects suivants : l’évolution économique, sociale et des vulnérabilités, les
politiques sociales et la pauvreté, les mesures de la pauvreté et
l’identification des pauvres, les acteurs et les stratégies réponses dans le
cadre de la lutte contre la pauvreté, les dynamiques de changements
actuels et les transformations sociales induites et enfin la place du Sénégal
dans l’espace UEMOA et à l’échelle internationale.
9
I- Evolution économique, sociale et vulnérabilités
L'économie du Sénégal a connu une croissance relativement stable depuis
plus de 10 ans de l’ordre 4 % avec un fléchissement en 2006. Ces résultats ont
été facilités par la bonne performance des services fiscaux et une hausse
limitée des dépenses publiques. En effet, le renforcement du système fiscal a
contribué à une augmentation des recettes fiscales de plus de 9% en
moyenne annuelle sur la période 2000-05, portant le taux de pression fiscale à
plus de 18,5% en 2005, contre 16% en 2000. Dans le même temps, la hausse
des dépenses publiques a été maîtrisée et a visé principalement les dépenses
en capital qui ont cru de plus de 4% du PIB entre 2000 et 2005. Les dépenses
d’éducation et de santé ont aussi augmenté au cours de la période (de 1,7
et 0,7% du PIB respectivement), suivi d’une diminution en 2006.
Un contexte de récession très marqué
Cette croissance soutenue accompagnée d’un degré élevé de stabilité
macroéconomique sur la période 2000-05 n’a pas profité à la grande
majorité de la population dont les revenus proviennent de secteurs peu
productifs ou avec des performances (FMI, 2008).
Néanmoins, la performance macroéconomique s’est détériorée au cours des
deux dernières années. Le scénario de croissance faible du DSRPII 2006-2011
prévoyait un taux de croissance à moyen terme de 5%, qui n’est pas en
passe de se réaliser car la croissance économique a été en deçà des
attentes au cours des deux dernières années (2,3% en 2006 et 4,8% en 2007).
Il est admis que même si la croissance est toujours restée positive, elle reste
encore très en deçà des 7% nécessaires pour réduire la pauvreté (DSRPII) et
atteindre les OMD malgré l’engagement ferme du gouvernement du
Sénégal à préserver la stabilité macroéconomique, avec au moins 5% de
croissance annuelle, à contrôler les niveaux d'inflation et maintenir à un
niveau raisonnable le déficit budgétaire et la dette publique, afin de créer
une base solide pour la réduction de la pauvreté (République du Sénégal,
2008). La revue annuelle du DSRP (2009) est très explicite sur les résultats
mitigés obtenus en rapport avec les actions prioritaires, les ressources allouées
et les faibles niveaux d’exécution.
10
Ce sont donc des chocs exogènes d’après la revue du DSRP 2009, qui sont à
l’origine du renchérissement des prix intérieurs et de la dégradation de la
balance de paiements courants compte tenu des efforts de subvention du
gouvernement des prix du pétrole et de certaines denrées.
Les perturbations dans les opérations des Industries Chimiques du Sénégal
(ICS), de la Société Nationale d’Électricité (SENELEC) et de la Société
Africaine de Raffinage (SAR) ont exacerbé ces développements et ont
conduit à des vulnérabilités accrues dans le système bancaire.
La politique budgétaire est également devenue plus expansive, puisque le
déficit budgétaire s’est situé à environ 6% du PIB en 2006, en dépit d’une
poursuite de la hausse des recettes budgétaires. Cette évolution s’explique
notamment par une hausse des subventions énergétiques et un
accroissement de la masse salariale. En conséquence, des problèmes de
trésorerie ont conduit à l’accumulation d’arriérés et autres retards de
paiements envers des fournisseurs. A cela s’ajoute les dépassements
budgétaires devenus récurrents en dépit de la surveillance du FMI.
En matière de réformes structurelles, des avancées ont été réalisées dans
divers secteurs. Des mesures importantes sont prises, visant l’amélioration du
recouvrement des recettes fiscales, le développement du secteur privé et du
secteur financier. Des tentatives de relance du secteur agricole sont aussi
effectuées, malgré l’absence d’une politique affirmée et cohérente.
Ces performances économiques n’ont pas eu un impact significatif sur les
tendances du marché du travail, la croissance étant portée par des secteurs
d’activité peu intensifs en main d’œuvre comme l’huilerie, les phosphates,
l’agro alimentaire, etc., face à une faiblesse de l’investissement et à une
atonie de l’agriculture et de l’industrie. Le nombre d’emplois dans le secteur
industriel moderne aurait chuté de 30% entre 1994 et 1999 (Banque mondiale,
2003), contrairement au segment des services qui compterait 727 000 actifs
occupés et qui est marqué par un développement significatif des emplois,
particulièrement dans les villes, avec une prépondérance du secteur informel
11
dans lequel on trouve plus de 80% de cet effectif, avec un faible soutien à
l’amélioration des qualifications.
Cela s’explique par le fait que la croissance du PIB a été très peu créatrice
d’emplois, en laissant entière la problématique de l’absorption d’une
population active en forte expansion et accentue l’enjeu de la stabilité
politique et sociale dans un pays marqué par un niveau de pauvreté élevé.
L’économie informelle contribue fortement à la formation du PIB. Selon
l’étude sur l’emploi (BM, 2007), 97 % des nouveaux emplois nets entre 1995 à
2004 dans le secteur informel. De même, selon diverses sources
concordantes, l’économie informelle apporte 20% des investissements mais
selon la même étude, la productivité dans le secteur informel est de 3 à 10
fois inférieures au secteur formel. Quant au secteur rural qui occupe 60% de
la population active et qui offre le plus important potentiel de création
d’emplois indispensable à une résorption du chômage, il reste caractérisé par
une faible productivité du travail et un sous-emploi élevé.
Il convient de rappeler que l’importance des transferts d’argent des
sénégalais vivant à l’étranger qui peuvent représenter selon certains entre
30% à 70% du revenu dans les ménages ruraux (Van Vlaenderen et al 2004),
ont été estimés à environ US $ 633 millions en 2006 (soit 7,6% du PIB selon la
Banque Mondiale 2008)2. La crise financière internationale n’épargne pas les
flux financiers des migrants en direction de leur pays d’origine car la BM
annonce une baisse considérable de ces envois durant le premier trimestre
de 2009 de l’ordre de 100 milliards de F CFA pour le Sénégal.
L’économie sénégalaise continue de faire face à des défis importants. Cette
situation est d’autant plus préoccupante que le processus de mondialisation
se consolide avec ses exigences de compétitivité. Or, au cours de la période
récente, l’insertion dans les circuits d’échanges mondiaux est restée très
faible car les exportations du Sénégal ont progressé à un rythme très modeste
contribuant faiblement à la croissance du PIB et n’assurant pas les besoins en
importations, renforçant ainsi le déficit structurel de la balance commerciale.
L’ampleur de la correction apportée au taux de change en 1994 a
certainement amélioré la compétitivité-prix des exportations sénégalaises,
2
Ce montant représente les sommes officiellement enregistrées. Le volume réel de ces transferts, y compris les montants non
enregistres qui utilisent les canaux formels et informels, est probablement plus important.
12
mais n’a pas suffi pour autant à assurer de bonnes performances du
commerce extérieur, avec des exportations demeurant encore largement
composées de produits en déclin sur le marché mondial. La faiblesse des
exportations résulte également de contraintes pesant sur l’accès aux
marchés des pays développés.
Pourtant, de plus en plus, le lien entre croissance économique et réduction
de la pauvreté est remis en cause par plusieurs auteurs dont Ndione (2008),
qui souligne que la croissance économique au Sénégal non seulement n’est
pas en faveur des pauvres, mais au contraire est un facteur d’aggravation
des inégalités. Ce qui risque même d'entraver la croissance économique
durable, d’affecter la stabilité sociale à moyen terme, et d’accroître la
vulnérabilité des groupes marginalisés.
Selon cet auteur, ce sont les changements climatiques et la concentration
des secteurs productifs dans le tertiaire, sont à l’origine de ce décalage entre
la croissance et pauvreté. En 2008, le taux de croissance a connu une forte
chute car il a été de 2.5% en dépit d’une production agricole relativement
améliorée. Ce déclin économique se poursuit selon la division des prévisions
économiques du Ministère de l’Economie et des Finances qui prévoit pour
2009 un taux de croissance en dessous de la barre de 2%. Cette situation est
le reflet d’une forte vulnérabilité de l’économie sénégalaise face aux
dérégulations internationales (crise financière, crise agricole, renchérissement
des prix du pétrole, etc.). Elle montre également des errements en matière de
gouvernance.
La dette intérieure restée élevée a grugé les capacités productives des
entreprises privées à la fois les grandes entreprises mais aussi les PME obligés
de mettre les travailleurs au chômage technique. Les instabilités
institutionnelles chroniques depuis toute la durée de l’alternance de 2000 à
2009 ont rendu la gouvernabilité faible. C’est ainsi que la confiance dans le
milieu des affaires s’est érodée. Les réseaux informels d’influence ont
supplanté les institutions et les solutions improvisées et les politiques ad hoc
ont contribué à marginaliser les cadres habituels de prise de décisions
publiques.
Par ailleurs, la médiocrité de l’organisation des filières retenues renseigne sur
leur niveau de compétitivité. En 2007, l’étude de la Banque Mondiale révèle
que le taux de productivité des entreprises sénégalaises du secteur formel est
2.5 fois moins qu’au Chili, et 2 fois moins qu’en Chine. La SCA s’est vue
13
plombée par les instabilités des performances des produits d’exportation. Elle
n’a pas misé sur l’élargissement du marché intérieur notamment la
transformation des produits agricoles locaux, une meilleure valorisation du
potentiel de production (60% des besoins céréaliers sont importés selon le
CNCR 2008), une amélioration de la qualité des services, une meilleure
qualification de la formation pour réduire le sous emploi et le chômage dans
un environnement marquée par une forte précarisation des emplois car plus
de la moitié des travailleurs gagne moins que le Smig (salaire minimum légal
(120 $ us/mois) (BM, 2007).
Le taux de croissance atteint sur la période, reste en deçà de l’objectif d’au
moins 7% nécessaire pour créer suffisamment d’emplois sur le marché du
travail, d’améliorer significativement les conditions de vie des ménages et de
réduire la pauvreté de moitié en 2015.
A l’heure actuelle, les perspectives macro-économiques sont fondées sur le
DSRPII, en tant que stratégie de réduction de la pauvreté pour relever le
stock de capital humain, social et naturel. La Stratégie de croissance
accélérée (SCA) compte sur des filières porteuses pour booster l’exportation
et rééquilibrer la balance commerciale. La crise financière internationale
montre les limites de cette vision car les exportations sont faiblement
rémunérées.
Des opportunités économiques faiblement exploitées
La position géographique du Sénégal, ainsi que la relative stabilité politique,
l’ouverture du pays sur le monde sont autant d’attraits qui représentent des
opportunités économiques de taille.
Les ressources hydrauliques très importantes mais très faiblement valorisées
Le réseau hydrographique est représenté essentiellement par le fleuve
Sénégal (1 700 km), la Gambie (850 km), le Sine-Saloum (bras de mer de 130
km) et la Casamance, vaste estuaire marin avec de nombreux affluents.
Le fleuve Sénégal constitue la principale ressource hydraulique du pays et
alimente les nappes phréatiques ainsi que le lac de Guiers. Ce dernier est la
plus importante réserve d'eau douce permanente du pays. D'importantes
ressources souterraines sont disponibles pour la mise en œuvre d'un vaste
programme hydraulique.
14
Le lac de Guiers est la plus importante réserve d'eau douce permanente.
Alimenté par le fleuve Sénégal à partir de la Taouey et situé dans la zone
sylvo-pastorale, il constitue un écosystème particulièrement vital et la
principale source d’approvisionnement en eau potable de Dakar. La mise en
eau du barrage de Diama a permis de porter son volume moyen à 680
millions de m3.
Les ressources en terre sagricoles inondables demeurent fortes : vallée du
fleuve, Casamance, Louga (lac de Guiers), Tambacounda, Kédougou,
L’agriculture et l’élevage qui présentent un réel potentiel si elle
s’accompagne d’une petite et moyenne industrie pour la transformation des
produits agricoles. Les tentatives de modernisation des modes de production
avec le croisement de races et les nouvelles méthodes d’insémination
démontrent le fort potentiel du secteur de l’élevage. La faiblesse majeure
réside ici sur l’absence de jonction la petite industrie et l’agriculture et
l’élevage.
L’existence d’un marché intérieur structuré par l’existence de marchés
hebdomadaires sur toute l’étendue du territoire national favorise l’utilisation
des sous-produits agricoles.
Les ressources halieutiques
Elles oscillent entre 400.000 tonnes à 450.000 tonnes. Cependant, la majeure
partie des sources avance le chiffre de 450.000 tonnes. Par contre, ce
potentiel place le Sénégal loin devant ses autres voisins (Gambie, Cap-Vert,
les deux Guinées) et d'autres pays très portés sur la pêche (Ghana). Le
tableau donne les potentiels halieutiques de ces différents pays.
Cependant, en plus de ce potentiel, le Sénégal dispose d'un potentiel
halieutique au niveau de ses eaux continentales constituées essentiellement
par les fleuves Sénégal, Gambie, Casamance, Sine et Saloum. Ce potentiel
est estimé à environ 50.000 tonnes.
-
Les ressources forestières
On estime environ à 65 % la superficie de l'espace forestier du pays.
L'ensemble "forêts denses/claires et savanes boisées/arborées" couvre 38 %, le
reste étant classé dans la catégorie des "autres terres boisées", avec un faible
potentiel ligneux par ha. Le volume de bois sur pied atteignait 331,3 millions
de m3 dont 50 % sont situés dans la région de Tambacounda et 40 % dans
celles de Kolda et de Ziguinchor (PAFS, 1993). La productivité serait de l'ordre
de 8,6 millions de m3/an.
Le Sénégal se caractérise par une relative diversité de ses écosystèmes
naturels. Ces derniers
15
jouent un rôle d'habitat à une faune assez diversifiée puisque comptant 169
espèces
de mammifères et près de 540 espèces ornithologiques. Les oiseaux
migrateurs paléarctiques sont attirés périodiquement par les plans d'eau au
niveau du delta du fleuve Sénégal et au niveau des estuaires du Saloum et
de la Casamance. Il y’a également des parcs et des d'aires protégées qui
sont de trois types à savoir :les parcs nationaux qui sont au nombre de 6, les
réserves de faunes au nombre de 8, les zones d'intérêt cynégétique, qui
couvrent 2337000 ha.
- Les ressources minières
Le nouveau code minier dote le Sénégal d’une législation moderne et
conforme à l’orientation générale du droit minier de l’UEMOA. Il a prévu des
innovations majeures aptes à drainer vers le Sénégal les flux d’investissement
nécessaires au développement des activités d’exploration et d’exploitation
des importantes ressources minières que recèlent son sol et son sous-sol.
800 millions de tonnes de minerais de fer de bonne qualité situés dans les 3
principaux massifs de Koudékourou, de Kouroudiako et de Karakaène,
- 50 tonnes d’or au niveau des sites de Sabodala et de Kérékounda.
Quant au marbre plus 348545 tonnes sont prouvées et 1067148 tonnes
estimées à IBel Ndébu et Bandafassi.
L’exploitation artisanale de l’or alluvionnaire constitue une activité
traditionnelle et permet des productions annuelles d’environs 500kg et
occupe plus de 6.000 personnes principalement les femmes. Différents dioura
3sont
dispersées un peu partout dans le département : Tenkoto,
Kérékonko…Le secteur minier connaît aujourd’hui une expansion
remarquable par la mobilisation importante de flux de capitaux dans la
recherche et l'exploitation semi industrielle et industrielle dans la région. Ces
efforts sont marqués par la présence d'un certain nombre de multinationales
et de compagnies et/ou sociétés juniors sénégalaises. Malgré le dynamisme
de ce secteur, on note encore une faible prise en charge de la demande
sociale dans les zones d’exploitation bien qu’on ait pu noter des interventions
encore estimées faibles de l’Etat et de ses partenaires.
-
L’artisanat local
Très dynamique avec plus de 450 000 artisans, plus de 78 000 entreprises
artisanales, plus de 160 000 apprentis, 129 Corps de Métiers et 8 Villages
artisanaux, mériterait d’être soutenu et structuré afin de pouvoir garantir une
offre de produits de qualité et au bénéficie de toutes les catégories sociales.
La faiblesse du design, des produits qui ne peuvent supporter la concurrence
avec ceux de la sous-région de meilleure qualité celle des produits made in
3
Site d’orpaillage en malinké
16
Sénégal dans le domaine de la teinture). La faiblesse de la qualité et des
capacités d’innovation pose aussi problème.
-
le tourisme écologique et culturel
Le Sénégal présente ici un potentiel incontestable, mais le tourisme de
découverte n'est pas encore un produit à part entière. Les professionnels
l'utilisent d'avantage comme un complément pour rendre plus attractive la
destination. Aujourd'hui, le Sénégal cherche à développer cette forme de
tourisme. Saint Louis (dont l'île a été classée en novembre 2000 au patrimoine
mondial de l'UNESCO), l'île de Gorée (également classée) et le Lac Rose sont
quelques exemples de sites fréquentés.
- Les services
Avec des percées importantes dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Le
secteur des télécommunications offre un environnement propice au
partenariat et présente de réelles opportunités d’investissements dans divers
services : l’implantation de Centre d’Appels, la télé-saisie, l’externalisation de
Processus d’Affaires (Business Process Outsourcing), la gestion de bases de
données, l’e-commerce, la développement de logiciels, la fabrication et
montage d’ordinateurs, l’Internet sans fil, etc. Le Sénégal a su très tôt qu’il
fallait s’appesantir sur le secteur des télé- services comme objectif première.
En effet le gouvernement du Sénégal est en train de développer une
stratégie nationale pour le développement durable de la population à
travers les télé- services.
- L’ingéniosité des acteurs qui marque un intérêt marqué pour les nouvelles
technologies en tant qu’opportunité d’accès aux fruits de la modernité.
17
Des vulnérabilités fortes dans un contexte de délitement institutionnel
Si l’on considère les vulnérabilités comme étant risques particuliers
d’exposition des populations à subir une perte significative de bien être suite
à un changement de situation, il faut relever cinq types de vulnérabilités.
D’abord, (i) les risques naturels au chapitre desquels les effets des
changements climatiques, les invasions acridiennes (2004 avec perte de 7
milliards filière arachide4) mais également les inondations qui ont touché
fortement la vallée du fleuve Sénégal en 1999 et de façon récurrente les
grandes villes : Dakar et sa banlieue (Pikine et Guédiawaye), Rufisque, SaintLouis, Thiès, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor, etc.
Ensuite, (ii), les risques sur le cycle de vie : la mortalité maternelle (de 434 pour
mille en 2007/ 127 décès pcm naissances vivantes en 2015)5 et infantile (le
taux de mortalité infantile est de 61 pour mille en 2007/objectif OMD en 2015 :
45 pour mille) connaissent de faibles avancées qui compromettent l’atteinte
des OMD. Il faut y ajouter les risques d’éclatement de la famille avec le taux
de prévalence national du VIH/SIDA de 0,76.
Le troisième type de vulnérabilité (iii) est constitué des risques sociaux et
économiques comme en témoigne la précarisation des couches moyennes
avec un taux de chômage : 13 %, le sous-emploi de 30 % au niveau national
pendant que 1/5 travaille à plein temps et le revenu moyen secteur informel :
68 dollars/mois7. En 2007 : 51,2 % des ménages sont en situation d’insécurité
alimentaire sévère tandis que 41,3 % en insécurité alimentaire modérée8. Le
risque d’accaparement des terres les plus importantes par des lobbies et des
investisseurs au détriment des petits producteurs, est favorisé par des
politiques ad hoc notamment par la GOANA qui demandent explicitement
aux collectivités locales d’attribuer les terres aux gros investisseurs. Ceci en
dépit de plans d’affectation et d’occupation des sols (PAOS) qui définissent
des seuils modérés d’utilisation pour préserver les intérêts des générations
actuelles et futures.
4
République du Sénégal, Evaluation sur la sécurité alimentaire au Sénégal, 2008, 57 p ;
2008, PNUD Sénégal.
6
Idem.
7
Banque Mondiale : Sénégal. A la recherche de l’emploi. Le Chemin vers la prospérité, septembre 2007, 122 p.
8
République du Sénégal, Evaluation sur la sécurité alimentaire au Sénégal, 2008, 57 p.
5
18
Le quatrième type de vulnérabilité demeure les risques politiques. En effet, la
décentralisation reste stagnante : de l’Etat central aux Collectivités Locales,
tous fonds de dotation confondus (FDD et EFCL), seulement 1,3 % du budget
de l’Etat leurs sont destinés. Pareillement, moins de 1 % du budget national
pour l’ensemble des programmes concernant l’emploi9. Le conflit
casamançais persiste et le bilan continue à s’alourdir : 60 000 déplacées, 500
blessés mines10. Par ailleurs, la dernière législature est marquée par un faible
pluralisme dans les chambres parlementaires. L’opposition était quasiment
hors des circuits institutionnels même si les élections locales de mars 2009
marque un meilleur équilibre de la représentation des forces politiques et
sociales dans la gouvernance des collectivités locales.
Enfin, le cinquième type de vulnérabilité reste les risques sur le capital
humain notamment avec la crise scolaire cyclique. La qualité de
l’enseignement se dégrade de plus en plus. Les écoles publiques ne sont plus
attrayantes en dépit de l’amélioration de leur nombre et donc de
l’accessibilité. Le niveau de formation reste en deçà des standards de
productivité convenable : 5 % de la population active ont fait des études
après le Bac ; 50 % des travailleurs de l’informel n’ont pas été à l’école11. Le
dispositif de formation professionnelle est faible. Les handicapés sont
également faiblement pris en compte.
Conclusion partielle : Massification de la pauvreté au moment où les
institutions publiques sont fragilisées.
Les conséquences touchent à des aspects structurels. C’est l’élargissement et
l’approfondissement de la pauvreté : 52.2 % des ménages sont situés en
dessous du seuil de pauvreté12. La précarisation qui en résulte oblige les
classes moyennes à basculer dans la pauvreté tandis que les classes
populaires sont prises à l’étau de la pauvreté chronique à cause des facteurs
structurels d’inégalités persistantes. De même, la paupérisation massive
entraîne une pression forte sur les ressources naturelles en raison des impératifs
9
Sénégal, Rapport sur la performance de la gestion des finances publiques, juillet 2007.
Programme de Relance des Activités Economiques et Sociales en Casamance, MEF, Direction de la
Coopération Economique et Financière, 2001.
10
11
Banque Mondiale : Sénégal. A la recherche de l’emploi. Le Chemin vers la prospérité, septembre 2007, 122 p.
12
ESPS (2007)
19
à courts termes, de l’accès libre aux ressources naturelles en l’absence d’une
régulation négociée et appliquée.
Le secteur primaire est en forte baisse, l’agriculture ne participe au PIB qu’à
hauteur de 10%. L’économie s’est tertiarisée dans un environnement où les
services ne se sont pas automatisés en l’absence d’une petite industrie
créatrice de technologie adaptée. La crise s’approfondie au moment où les
amortisseurs sont insuffisants comme en témoigne la protection sociale qui ne
couvre que 15%13 de la population.
Les institutions sont fragilisées par la prévalence des pratiques corruptives et
les stratégies informelles. Les pratiques illicites s’accroissent en se durcissant :
blanchiment d’argent, réseaux de stupéfiants, circulation des armes légères,
milices au grand jour entretenus par des marginaux mais aussi des leaders
d’opinion, des marabouts véreux, etc.
II- Pauvreté et politiques sociales
A partir des années 90, on assiste une multiplication des études sur les
conditions de vie des sénégalais qui faisait suite aux au recensement général
de 1988 et de l’enquête sur migration et urbanisation (EMUS) de 1993. Ces
données ont amélioré la connaissance des populations sénégalaises et des
comportements. Parallèlement, afin de mieux prendre en compte les
dimensions sociales des PAS, la Banque Mondiale a mis en place un système
d’informations pour le suivi de l’impact de ces politiques sur les populations.
Ces informations ont servi à la réalisation de l’enquête sur les priorités au
Sénégal, et l’enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM).
Des PAS à la centralité des DSRP dans la lutte contre la pauvreté
Dans cette même dynamique, une série d’études commanditées par le
Ministère des Finances, ont conduit à l’élaboration d’un programme de lutte
contre la pauvreté en 1997. Depuis cette date, jusqu’à ce jour, avec les DSRP
en 2006 et l’adhésion à l’initiative 20/20, la déclaration du millénaire pour le
13
Document Ministère de la Famille et de l’Entreprenariat Féminin, Rapport sur la protection 2008.
20
développement, les programmes se succèdent avec
stratégique d’intervention la réduction de la pauvreté.
comme
axe
Il s’agit pour la première fois, pour les institutions financières internationales, de
reconnaître que les politiques d’ajustement se sont soldées par un échec en
termes de développement durable et équitable. Néanmoins, cette
approche, qui tend à promouvoir la participation des populations dans
l’élaboration des politiques publiques, dans le but d’améliorer l’appropriation
des dispositifs de l’aide, suffira t-elle à résoudre les problèmes de pauvreté ?
L’accès aux nécessités de base et tendances à l’horizon 2015
Certes, les indicateurs de suivi des objectifs de lutte contre la pauvreté ont
connu d’importants progrès depuis 2000. Ainsi, comme en témoigne la liste
restreinte des indicateurs de suivi du DSRP, le secteur de l’éducation a
enregistré des performances notables.
Par exemple, même si des efforts restent à faire pour amener le Sénégal
parmi les pays à niveau d’éducation scolaire élevé, le taux brut de
scolarisation élémentaire est passé de 71,6% à plus de 86% entre 2002 et 2007.
Ce qui atteste d’un bon rythme d’évolution vers les objectifs de la
scolarisation universelle d’ici à 2015. Quant au taux d’achèvement de l’école
primaire, il se situe à 53,2% en 2005 contre 48,4% en 2004. Ce taux reste tout
de même toujours comme une performance en dessus de la moyenne (de
66%) des pays accédant au guichet de l’IDA. Comme le montre les résultats
de l’ESPS, l’offre d’infrastructures est en progression entre 2002 et 2005. Le taux
d’accès à une école primaire au niveau national est passé de 62,6% en 2002
à 68,2% en 2005. Le secteur de l’éducation a bénéficié au cours de la
période 2002-2005 de la part des dépenses publiques la plus importante, qui
est d’ailleurs supérieure à la moyenne de l’Afrique au sud du Sahara.
En ce qui concerne le secteur de la santé, il a constitué l’une des
thématiques clés au cours de la mise en œuvre du DSRP. Le domaine de la
santé a enregistré durant la période de mise en œuvre des performances
considérables. En effet, la part des dépenses budgétaires allouée au secteur
de la santé n’a cessé de progresser depuis 2003. Le taux de consultation
primaire curative a évolué positivement, mais lentement, passant de 33% en
2002, à 52% en 2005. Une plus grande performance a été réalisée dans la
21
couverture vaccinale des enfants et l’assistance à l’accouchement. Le taux
de couverture vaccinale est passé de 56% en 2001à 80% en 2005 et la
proportion d’accouchements assistés, de 40% à 62% sur la même période.
Par ailleurs, le Sénégal enregistre l’un des taux de prévalence du VIH le plus
faible en Afrique subsaharienne estimé à 0,7% de la population, avec 0,9%
chez les femmes et 0,4% chez les hommes, selon la dernière enquête EDS14,
reflétant ainsi l’efficacité des politiques mises en œuvre pour lutter contre la
pandémie mais aussi la féminisation de l’épidémie. Malgré ces résultats, le
nombre de personnes infectées par le VIH/SIDA demeure important, se
situant autour de 75 000 adultes et de 5000 enfants infectés (CNLS 2004),
constituant ainsi une menace sérieuse.
L’accès aux services de santé reste difficile au Sénégal, surtout en cas
d’urgence, même si les résultats de l’ESPS montrent que les taux d’accès sont
en nette progression. Le taux d’accès à moins de 15 minutes à un service de
santé qui était de 40% en 2002 est passé à 43% en 2005. Ce qui correspond à
une progression de 3 points en pourcentage. En milieu rural, ce taux a connu
une progression de plus de 5 points (passant de 27,4% en 2002 à 33,5% en
2005).
Les prévalences de la malnutrition sont encore élevées, à l’échelle nationale.
Une récente enquête nutritionnelle SMART (2008) dans les régions de Matam,
Gossas, Sédhiou, Rufisque, Louga, Kébemer et Bakel, montre une situation
préoccupante due à la flambée des prix des denrées alimentaires : la
malnutrition aigue a dépassé le seuil de crise nutritionnelle de 10 % dans les 10
districts sur les 13.
Les deux dernières saisons agricoles se sont avérées déficitaires et les stocks
céréaliers sont actuellement au plus bas niveau (de 140.000 tonnes en 2007 à
80.000 tonnes en 2008). L’accessibilité des denrées en termes de prix devient
de plus en plus difficile pour les ménages pauvres au cours des 3 dernières
années, d’ailleurs cette dynamique se poursuit dans la mesure où, 62 à 77 %
de l’augmentation de tous les prix depuis 5 ans s’est produite uniquement
pendant la dernière année.
Dans le domaine de la santé, les résultats outrepassent les objectifs visés dans
le cadre de la Stratégie de réduction de la pauvreté. Il importe cependant
14
EDS-IV, Enquête démographique et de santé, quatrième du genre réalisée en 2005.
22
de noter qu’en dépit des performances réalisées, les interventions en matière
de lutte contre la mortalité infantile et d’amélioration de l’accès des
populations rurales aux services de santé ne sont pas encore satisfaisantes.
Concernant l’accès à l’eau potable, les résultats comparatifs des deux
enquêtes (ESAM-2 et ESPS) montrent que le taux d’accès à l’eau potable
s’est amélioré entre 2002 et 2005. Ainsi, il ressort qu’en milieu urbain, le taux
d'accès à l'eau potable a connu des progrès sensibles, passant de 78% en
2000 à 85% en 2005. Cette progression est notamment due à l'exécution de
programmes ambitieux de branchements sociaux par la SONES. Malgré ces
importants acquis, il subsiste encore de sérieuses disparités d'accès selon les
usagers et les régions. En milieu rural, le taux d'accès raisonnable à l'eau
potable a connu une progression de 56% en 2000 à 61% en 2005.
En matière d’assainissement, le taux d'accès en milieu urbain a connu une
progression limitée sur la période 2000-2005, passant de 56 % à 59%. En 2004,
le taux d'accès était à Dakar, où 64% des ménages disposaient d'un système
adéquat d'assainissement. Par contre, l'accès était faible dans les autres
centres urbains, où seulement 39% des ménages disposaient d'un système
d'assainissement. En milieu rural, et selon les dernières évaluations en 2004,
28% des ménages ne disposent d'aucun système d'évacuation des excréta,
alors que la plupart des ménages sont équipés de latrines traditionnelles qui
ne répondent pas aux normes internationales15. Par ailleurs, beaucoup de
ménages restent encore sans système d’évacuation adéquate. Les
branchements à l’égout touchent 12,6% de ménages en 2005 contre 9,7% en
2002. Ce taux est passé de 18,5% à 24,3% et de 0,2% à 3% respectivement en
milieu urbain et en milieu rural sur la période 2002-2005.
Le système de protection sociale est trop restreint au Sénégal, comme dans
tous les pays africains au sud du Sahara. Le diagnostic fait sur la protection
sociale au Sénégal a montré l’existence de dispositifs formels de protection
sociale basés sur la couverture des fonctionnaires et autres salariés contre les
risques (CSS, IPM, IPRES, FNR), les assurances privées, les mutuelles
professionnelles complémentaires. Ces systèmes connaissent de sérieux
problèmes de performance et des limites dans leurs capacités de réponses
aux divers besoins de protection sociale et de gestion des risques.
15
UNICEF/OMS
23
Bien que la croissance économique ait, dans les dernières années, réduit la
pauvreté au Sénégal, ces gains ont été moindres pour les populations rurales
représentant 6 millions sur une population totale de 10 millions d'habitants.
L'économie rurale demeure essentiellement agraire et soixante cinq pour
cent de la population rurale est au dessous du seuil de pauvreté. En dépit de
la plus grande pauvreté dans les zones rurales, certains ménages ont trouvé
des stratégies efficaces de croissance économique dans cet environnement.
La plupart des indicateurs montre, que le Sénégal a enregistré d’importantes
performances au cours de la période de mise en œuvre des OMD.
Cependant des efforts restent à faire quant à l’amélioration de l’accès des
populations pauvres aux services sociaux de base.
III- Les mesures, profils et ampleur de la pauvreté
Le Sénégal est en effet passé d’une longue phase de politiques d’ajustement
structurel (PAS) avant 2000 à une phase de politiques de réduction de la
pauvreté à partir des années 2000. Les performances enregistrées au cours
des dernières décennies (avant 2000) ont été insuffisantes en raison de
certains facteurs exogènes, mais aussi endogènes. Les facteurs exogènes sont
liés aux aléas climatiques qui ont fortement marqué un secteur productif
dépendant de l’agriculture, et, aux chocs exogènes avec principalement la
détérioration des termes de l’échange. On peut aussi noter dans les facteurs
internes la stratégie de l’Etat caractérisée par un fort interventionnisme dans
l’activité économique.
Les principales politiques économiques mises en œuvre au Sénégal depuis
1980 l’ont été dans le cadre de programmes élaborés avec les partenaires
au développement notamment le FMI et la Banque mondiale.
Les programmes de stabilisation et d’ajustement mis en œuvre depuis les
années 1970 jusqu’en 2000 avaient d’abord pour principal objectif de
stabiliser la tendance à la détérioration des principaux agrégats macroéconomiques, de redresser la situation macro-économique et financière
(PREF : Programme de redressement économique et financier) et d’introduire
des réformes structurelles d’envergure pour adapter le système productif aux
contraintes de développement (PAMLT : Programme d’ajustement à moyen
24
et long termes) et ensuite de consolider les gains tirés de l’ajustement
extérieur intervenus en 1994.
Ces différentes politiques ont certes permis une évolution relativement
positive du taux de croissance. Cependant, celle-ci n’a pas été assez forte
pour permettre un rétablissement rapide des déséquilibres. De plus l’Etat a
été contraint de mettre en place des politiques de diminution des charges
publiques avec des compressions massives sur les emplois publics
matérialisées par la fermeture de plusieurs sociétés nationales et des mesures
d’incitation au départ de la fonction publique et du parapublic contribuant
du coup au relèvement du taux de chômage. Cette augmentation du taux
de chômage s’est accompagnée d’une baisse sensible sur les dépenses de
types sociaux dans le domaine de la santé, mais surtout de l’éducation.
Les politiques nationales mises en place dans la même période (Nouvelle
politique agricole, nouvelle politique industrielle, libéralisation du commerce
intérieur et extérieur…) n’ont pas donné les résultats escomptés du fait d’un
retrait trop hâtif de l’Etat dans l’accompagnement du secteur agricole, mais
aussi de la forte dépendance de ce dernier des sociétés nationales pour la
commercialisation de ses produits. Le secteur industriel n’a pas échappé au
traumatisme né du démantèlement du circuit de production et de
commercialisation des produits.
La dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994, accompagnée
d’une tenue assez rigoureuse des finances publiques a permis de rétablir
progressivement les déficits macro-économiques de l’économie et
d’envisager un retour au soutien aux secteurs sociaux à partir de 1996.
C’est dans ce contexte international et national que le Sénégal a élaboré et
engagé la mise en œuvre d’un Plan de Lutte contre la Pauvreté (PLP) en
1997. Les premiers programmes spécifiques de lutte contre la pauvreté sont
conçus, avec notamment le Programme Elargi de Lutte Contre la Pauvreté
(PELCP SEN 97/03), grâce au concours financier du PNUD (Programme des
Nations Unis pour le Développement), suivi d’autres actions en partenariat
avec différents acteurs multilatéraux et bilatéraux.
Bénéficiant de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), le Sénégal a
élaboré, de manière participative, un Document de Stratégie de Réduction
25
de la Pauvreté (DSRP), adopté en 2001, créant ainsi, un cadre référentiel
unique de toutes les interventions de développement de l’ensemble des
acteurs, d’une part et pour l’élaboration de politiques sectorielles, d’autre
part. Il a favorisé le recentrage des projets et programmes sur les objectifs et
axes prioritaires retenus, pour une meilleure harmonisation des interventions et
une répartition plus juste et plus efficiente des ressources mobilisées.
La deuxième génération de document de stratégie de réduction de la
pauvreté (DSRP II) a permis la mise en œuvre d’une Stratégie nationale de
protection sociale (SNPS), pour lutter de manière plus efficace contre la
vulnérabilité des populations sénégalaises.
L’objectif de ces initiatives est de réduire de façon significative la pauvreté
qui affecte une bonne partie de la population sénégalaise. Elle est soutenue
par la Banque Mondiale, BAD, Fonds Nordique de Développement, PNUD,
FENU, FAD, Union Européenne, etc., et vise principalement les objectifs
suivants :
• Doubler le revenu par tête d’ici 2015 dans le cadre d’une croissance
forte, équilibrée et mieux répartie
•
•
Généraliser l’accès aux services sociaux essentiels pour réaliser les OMD
Mettre en place des infrastructures de base pour renforcer le capital
humain avant 2010.
Pour ce qui est de l’évolution récente de la situation économique et
financière du Sénégal, celle-ci a été marquée par une croissance soutenue
et un degré élevé de stabilité macroéconomique sur la période 2000-05. En
effet, la croissance réelle du PIB s’est située en moyenne à environ 4,5 %. Sur
la période, l’inflation, mesurée par l’évolution de l’Indice Harmonisé des Prix à
la Consommation (IHPC), a été en moyenne de 1,5 % et le déficit du compte
courant de 6 % du PIB. La soutenabilité de la dette a été consolidée grâce à
des allègements de dette substantiels dans le cadre des initiatives PPTE.
La politique budgétaire est restée prudente sur cette période, avec une
hausse maîtrisée du déficit budgétaire, qui a atteint 1,5% du PIB en moyenne
sur la période 2000-05. Ces résultats ont été facilités par la bonne
performance des services fiscaux et une hausse limitée des dépenses
publiques. En effet, le renforcement du système fiscal a contribué à une
augmentation des recettes fiscales de plus de 9% en moyenne annuelle sur la
26
période 2000-05, portant le taux de pression fiscale à plus de 18,5% en 2005,
contre 16% en 2000. Dans le même temps, la hausse des dépenses publiques
a été maîtrisée et a visé principalement les dépenses en capital qui ont cru
de plus de 4% du PIB entre 2000 et 2005. Les dépenses d’éducation et de
santé ont aussi augmenté au cours de la période (de 1,7 et 0,7% du PIB
respectivement), suivie d’une diminution en 2006.
Néanmoins, la performance macroéconomique s’est détériorée au cours des
deux dernières années. La hausse des prix internationaux du pétrole et la
baisse de la production agricole ont contribué à un ralentissement de la
croissance à environ 2% et un creusement du déficit des comptes courants
aux alentours de 10 pour cent du PIB en 2006.
Les perturbations dans les opérations des Industries Chimiques du Sénégal
(ICS), de la Société Nationale d’Électricité (SENELEC) et de la Société
Africaine de Raffinage (SAR) ont exacerbé ces développements et ont
conduit à des vulnérabilités accrues dans le système bancaire. Si le problème
de la SAR a été en partie résorbé, il demeure que pour les ICS et la SENELEC,
les problèmes persistent même si des solutions de sortie de crise sont
proposées.
La politique budgétaire est également devenue plus expansive, puisque le
déficit budgétaire s’est situé à environ 6% du PIB en 2006, en dépit d’une
poursuite de la hausse des recettes budgétaires. Cette évolution s’explique
notamment par une hausse des subventions énergétiques et un
accroissement de la masse salariale. En conséquence, des problèmes de
trésorerie ont conduit à l’accumulation d’arriérés et autres retards de
paiements envers des fournisseurs. A cela s’ajoute le dépassement
budgétaire évoqué récemment par les partenaires financiers du Sénégal et
principalement par le FMI.
En matière de réformes structurelles, des avancées ont été réalisées dans
divers secteurs. Des mesures importantes sont prises, visant l’amélioration du
recouvrement des recettes fiscales, le développement du secteur privé et du
secteur financier. Des tentatives de relance du secteur agricole sont aussi
lancée, malgré l’absence d’une politique affirmée et cohérente.
27
Malgré les avancées réalisées dans ces domaines, l’économie sénégalaise
continue de faire face à des défis importants.
Ces performances économiques n’ont pas eu un impact significatif sur les
tendances du marché du travail, la croissance étant portée par des secteurs
d’activité peu intensifs en main d’œuvre comme l’huilerie, les phosphates,
l’agro alimentaire, etc., face à une faiblesse de l’investissement et à une
atonie de l’agriculture et de l’industrie.
Le nombre d’emplois dans le secteur industriel moderne aurait chuté de 30%
entre 1994 et 1999 (Banque mondiale, 2003), contrairement au segment des
services qui compterait 727 000 actifs occupés et qui est marqué par un
développement significatif des emplois, particulièrement dans les villes, avec
une prépondérance du secteur informel dans lequel on trouve plus de 80%
de cet effectif, avec un faible soutien à l’amélioration des qualifications.
Le secteur informel contribue fortement à la formation du PIB, pour environ
90% des nouvelles créations d’emplois et 20% des investissements. Quant au
secteur rural qui occupe 60% de la population active et qui offre le plus
important potentiel de création d’emplois indispensable à une résorption du
chômage, il reste caractérisé par une faible productivité du travail et un sousemploi élevé.
Ces caractéristiques de l’économie sénégalaise expliquent le fait que la
croissance du PIB a été très peu créatrice d’emplois. Cela laisse entière la
problématique de l’absorption d’une population active en forte expansion et
accentue l’enjeu de la stabilité politique et sociale dans un pays marqué par
un niveau de pauvreté élevé.
D’où la
stratégie de réduction de la pauvreté vise une réduction
substantielle de la pauvreté et constitue le cadre de référence et de
coordination de toutes les interventions en matière économique et sociale au
Sénégal.
Qui est pauvre au Sénégal ?
28
Face à la pauvreté, et avant toute intervention visant à la réduire, on se
pose généralement deux grandes questions. La première, de source
conceptuelle, consiste à déterminer ce qu’est la pauvreté, ce qui, en termes
opérationnels, peut se traduire par : à partir de quand peut-on considérer
que l’on est pauvre ?
Les populations s’auto désignent pauvres ou non pauvres selon des critères
qui leur sont propres. À cet égard, un proverbe recueilli lors du processus
participatif qui a abouti à l’élaboration du DSRP définit la pauvreté comme «
l’absence d’avoir, de savoir et de pouvoir». L’absence d’avoir peut
s’interpréter comme une insuffisance de revenus et de patrimoines physiques,
tandis que l’absence de savoir et de pouvoir peut s’interpréter
respectivement comme une insuffisance de capital humain et de capital
social. Cette définition qui fixe les déterminants de la pauvreté est finalement
plus large que celle des économistes. C’est elle qui fonde la stratégie du
Sénégal. Elle découle de la culture qui renvoie à la nature des formes
d’organisation sociale et politique des communautés locales et aux stratégies
sous-jacentes. Aussi, importe-t-il d’investir dans la culture qui détermine la
manière de vivre des populations et qui subséquemment influence la
méthode à utiliser pour combattre la pauvreté.
Selon les populations interrogées dans ce cadre, les principaux signes de la
pauvreté sont, dans l’ordre : la difficulté à se nourrir, le manque de travail, le
manque de soins, le manque de logement décent. Aussi, considèrent – elles
que les priorités de l’État devraient être dans l’ordre : (i) l’emploi des jeunes
(20,1%); (ii) la réduction des prix des denrées de première nécessité (18,9 %);
(iii) l’accès aux soins de santé de base (17,7%); (iv) l’éducation des enfants
(11,3%).
L’analyse de la perception de la pauvreté au Sénégal peut se lire également
à travers les langues nationales et s’articuler autour de quelques indicateurs
dont les plus saillants se retrouvent dans la définition suivante : « Est pauvre
celui qui n’a rien, qui ne peut régler ses besoins sociaux primaires, qui vit sans
pouvoir accéder à des opportunités. Ce type extrême de pauvreté est
généralement appelé « ndool, miskiin, walaakaana (wolof), Baasdo (pulaar)
karaxan (Malinké), Xonditoone (Djallonké), Ajobo (Bassari), Tampinté
(Soninké), Seetan (bambara), Konkoo (mandingue) coitadessa (créole) »,
29
traduit dans l’expression populaire en ces termes : « nit kuy taxaw rek te
yorewul dara » (quelqu’un qui vit mais qui est dépourvu de tout).
Pour expliquer la pauvreté, les populations évoquent les responsabilités
individuelles exprimées à travers le proverbe «le paresseux est responsable de
son état d’indigence» mais aussi par le manque de relations sociales. Le
travail devient ainsi la première valeur à promouvoir pour s’affranchir de la
pauvreté « Nax jerinu ». Le tissu relationnel est ici une référence centrale. Plus
on élargit l’horizon de ses relations familiales, confrériques, ethniques, etc, plus
on développe des capacités de s’échapper de la pauvreté, du dénuement
et de la vulnérabilité. En d’autres termes, les liens sociaux représentent le
fondement de la sécurisation de l’acteur du fait des solidarités (Enquête de
perception de la pauvreté au Sénégal et Focus group pour le DSRP I, 2001).
Toutefois, certaines valeurs culturelles : le kersa (pudeur), le jom (courage), le
muñ (patience et persévérance) n’incitent pas les gens à exposer leur état
de pauvreté, et les encouragent dans la persévérance dans l’effort et
l’humilité qui doivent guider les actions de tous les jours.
La notion de pauvre est donc très usuelle et très présente dans les discours
populaires, scientifiques ou étatiques, paradoxalement les représentations
sociales qui la sous-tendent sont loin d’être simples, car en fait la figure du
pauvre n’est qu’une réalité parmi d’autres et peut apparaît différente en
fonction des contextes dans lesquels on parle de lui. La notion de figure du
pauvre, fait référence aux formes de déclinaisons structurantes ou des
modalités de vécu stables vécues de la pauvreté (Fall, 2007).
Plusieurs visions de la pauvreté existent dans les travaux plus ou moins récents.
La vision dominante est sans doute celle de la statistique officielle où la
pauvreté apparaît comme le bas de l’échelle des revenus, cette dimension
monétaire est sans aucun doute, importante mais insuffisante pour illustrer les
différentes figures du pauvre dans une société comme la nôtre.
Le pauvre stigmatisé plus ou moins contraint de vivre leur situation dans
l’isolement. Ils cherchent à dissimuler l’infériorité de leur statut dans
entourage et entretiennent des relations distantes avec ceux qui
proches de leur condition. L’humiliation les empêche de développer
sentiment d’appartenance à une classe sociale. Il se distingue donc
leur
sont
tout
une
30
identité sociale virtuelle et une identité sociale réelle, le stigmate étant au
centre de cet écart (Fall, 2007).
L’assisté avec un statut social dévalorisé mais qui reste malgré tout
pleinement membres de la société dont il constitue pour ainsi dire la dernière
strate. Ou encore, le désaffilié, qui établit un lien explicite entre la perte de
liens et la pauvreté. Le pauvre vit dans un dénuement total, économique et
social ; il est sans soutien et ne compte que sur l’aide que lui apporte son
entourage pour survivre. Il est souvent qualifié de déclassé social et plongé
dans un état de misère quasi–permanent. Son trait dominant est qu’il s’auto
exclue lui-même du tissu social, préférant ainsi évoluer dans l’anonymat le
plus total. Quant aux ménages pauvres (new ji doole, baadoolo, faxiir, (wolof)
Ma teugniam, Wu bone (diola) Tampube (pulaar), Semeexo (Djallonké)
Fangantan (Malinké), Fasonteñaani (Soninké) Fantan (en Bambara), ils
disposent de sources de revenus assez précaires qui ne permettent pas de
couvrir entièrement les besoins en alimentation.
Le relégué, vit dans les zones périphériques urbaines confrontées à leur
relégation sociale. Le processus d’urbanisation est marqué par la relégation
sociale des populations de la périphérie des grandes villes notamment à
Pikine, Guédiawaye à Dakar où l’habitat en taudis est dominant. L’absence
d’investissements structurants fait de la précarité du cadre de vie un facteur
majeur de ghettoïsation et de négation des droits. Ceci traduit ce que les
historiens ont fort justement nommé la « décharge de l’État » en particulier
l’autonomisation des Communes d’Arrondissement sans possibilité de
recouvrement des moyens fiscaux (délégation sans les moyens) et sa
conséquence de générer une citoyenneté étriquée.
Le précarisé, marqué à la suite de chocs et d’événements qui plongent dans
une sorte d’incertitude stabilisée. La précarité en tant que qu’antichambre
de la pauvreté, et réside dans ces situations aléatoires sans continuité, les
menaces permanentes et l’exposition aux risques renouvelés (Fall, 2007).
Le misérable qui correspond ici au stade ultime de la pauvreté, il reste et
demeure en marge de tous les cadres qui organisent la vie en société.
L’ensemble de ces figures témoigne de la diversité des situations de
pauvreté, issus de toutes catégories sociales confondues, à faire l’expérience
31
de la précarité et du chômage qui les refoulent, peu à peu, dans la sphère
de l’inactivité et de la dépendance où ils sont assimilés à d’autres pauvres
ayant connu des trajectoires différentes.
L’ampleur de ce phénomène affecte l’ensemble de la société et la relation
d’interdépendance entre les « pauvres » et le reste de la société qui génère
une angoisse collective, car de plus en plus de personnes sont considérées
comme appartenant à la catégorie des « pauvres » et beaucoup, craignent
de le devenir dans un contexte de transformations sociales et économiques
aussi marquées.
Les travaux sur la pauvreté au Sénégal sont assez nombreux et sont
caractérisés par la divergence des résultats selon les méthodes, profils et
approches appliquées. Cependant, la démarche privilégiée a été la mesure
monétaire (BM, 1995 ; MEF, 1997 et 2001b ; Ndiaye, 1999 ; Cissé, 1997, 2003a et
2003b ; Badji et Daffé, 2003 ; MEF et BM, 2004 ; Azam et Dia, 2004).
Même si quelques convergences sont à noter sur la forte prégnance de la
pauvreté de façon générale et les grands déséquilibres géographiques, il
faut noter la variabilité des classements par région et le ciblage des groupes
les plus pauvres. La contradiction de certains résultats semble être liée,
hormis la qualité des données, à la diversité des méthodes utilisées pour
mesurer la pauvreté, qui souffrent chacune d’insuffisances avec des
incidences sur les résultats.
Si l’on prend l’exemple du seuil de pauvreté, plusieurs approches sont
possibles partant de l’énergie nutritive et celle du coût des besoins de base
(Ravallion, 1996). La première fixe comme seuil de pauvreté le niveau de
revenu ou de dépense permettant d’accéder à un apport calorifique
minimal. Cette méthode expérimentée au Sénégal donne des résultats très
variables même à l’intérieur de groupes homogènes. De même pour la
méthode du coût du panier de biens de consommation qui permet de
distinguer les ménages riches des ménages pauvres qui évacue toute
stratégie d’adaptation et de substitution du consommateur.
Les indicateurs composites qui sont supposés mieux refléter
la
multidimensionnalité de la pauvreté n’échappent pas à la sévérité des
critères qui ont pour effet de produire des informations d’ordre générale sur
32
les pauvres mais ne facilitent pas des interventions spécifiques sur des groupes
précis. Le choix de la ligne de partage entre pauvres et riches (Coudouel et
al., 2002). L’étude MEF (2000) fournit un indice multidimensionnel et, ainsi,
occulte totalement les disparités individuelles dans le vécu de la pauvreté.
Les approches subjectives qui ont révélé des taux de pauvreté plus
importants ne sont pas exemptes de critiques sur le bien-fondé de l’autoévaluation des pauvres. Les tendances au misérabilisme ou au contraire à la
minimisation de la situation de pauvreté dans le recueil du discours sont
souvent évoquées.
Toujours est-il qu’au-delà de ces divergences théoriques et méthodologiques,
les déterminants des inégalités se situent à plusieurs niveaux : ils peuvent être
d’ordre économique, social, sanitaire, démographique, politique, et
géographique. D’ailleurs, l’une des hypothèses fortes des études sur la
pauvreté chronique, montre que le basculement et le maintien dans la
pauvreté résulte d’un processus cumulatif dans lequel les facteurs de se
renforcent mutuellement.
Or, l’évolution macroéconomique du Sénégal s’est détériorée depuis un an
et, la croissance économique ne s’est élevée qu’à 2,5% du PIB en 2008 (FMI,
2009). En outre, malgré des progrès réalisés en termes de réduction de la
pauvreté au cours des dernières années établis dans le DSRP II, une grande
partie de la population sénégalaise reste encore pauvre. La forte croissance
de la décennie passée ne s’est pas accompagnée d’une réduction de la
pauvreté aussi élevée qu’on aurait pu l’espérer. Une enquête réalisée en
2006 montrait d’ailleurs que 44% des chefs de ménage pensaient que la
pauvreté s’était aggravée au cours des cinq années précédentes
(MEF/ANSD, 2007). La situation a été aggravée par les chocs induits par les
crises alimentaires et énergétiques en 2008 et par la crise financière mondiale
de 2009. Cette situation compromet les chances du pays d’atteindre les
Objectifs du Millénaire.
Le début des années 80 a coïncidé avec une récession économique
occasionnant pour la première fois la mise en situation du Sénégal sous
redressement économique et financier suivi plus tard de l’ajustement
structurel avec tout le corollaire qu’on lui connaît en terme de pertes
d’emplois, de réduction drastique des dépenses publiques même pour les
équipements essentiels, mais surtout, des transferts de l’état vers le monde
33
rural. Toutes les mesures d’accompagnement, ainsi les politiques et
programmes de l’Etat dans cette période (nouvelle politique agricole,
nouvelle politique industrielle, les programmes aidés d’insertion des diplômés
de l’enseignement supérieur…) ont connu des échecs.
Devant l’incapacité des politiques mises en œuvre à redresser la situation, il
est apparu nécessaire de procéder à une dévaluation du franc CFA en 1994,
laquelle a semblé donner de meilleurs résultats que ceux de l’ajustement
structurel. La situation actuelle de persistance de la pauvreté doit être perçue
dans le sillage des politiques mises en œuvre dans les années 70 et 80. En
effet, le retrait trop hâtif des soutiens de l’Etat du secteur agricole a entraîné
du coup un pan entier de la population rurale dans une situation de
paupérisation. A cela s’ajoute, le recul net de la fertilité des terres, et la
réduction des capacités de production des sociétés publiques et
parapubliques qui achetaient la production des ruraux. De même, une
bonne partie de la population a trouvé refuge dans le secteur informel pour
trouver minimum de survie.
Un fait établi au niveau mondial et qui est apparu dans les opinions des
personnes enquêtées au niveau Sénégal est que la meilleure manière de
lutter contre la pauvreté est de disposer d’un emploi décent. La pauvreté
actuelle est souvent mise en lien avec la faiblesse et la qualité encore
insuffisante de la croissance économique au Sénégal
Une étude récente de la Banque mondiale (Septembre 2007) fait apparaître
que depuis la dévaluation du franc CFA en 1994, l’économie du Sénégal a
réalisé des performances. Le taux de croissance réelle tourne autour de 5%.
Seulement, il convient de noter que cette croissance est très fragile, voire
volatile, du fait qu’elle n’est portée que par quelques secteurs (commerce,
les postes et télécommunications, l’agriculture, la construction et les activités
immobilières). Ces secteurs sont intensifs en main d’œuvre (sauf les
télécommunications), mais peu portés vers l’exportation. La politique
budgétaire appliquée juste après la dévaluation, permet certes d’augmenter
la demande globale de l’Etat, mais aussi crée un phénomène d’éviction qui
se manifeste par une tension au niveau des prix de certains produits
(Matériaux de construction, essence, le gaz, électricité...). Les grands travaux
qu’elle occasionne permettent de booster le secteur des BTP et les secteurs
34
connexes, mais l’impact global dans l’économie est limité tant en création
d’emplois qu’en redistribution des revenus.
Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de la croissance économique
dans un pays donné comme résultante de la création de richesses globale
au niveau de la nation, il apparaît de plus en plus clair qu’elle ne permet pas
une redistribution adéquate des revenus. Pour être efficace, la croissance
doit être dirigée ou massive pour permettre à une bonne frange de la
population de bénéficier de ces retombées. Le DSRP qui est le document de
référence en matière de lutte contre la pauvreté au Sénégal s’est fixé
comme objectif de doubler le revenu par tête d’habitant à l’horizon 2015
avec un instrument appelée stratégie de croissance accélérée qui
ambitionne de porter la croissance de 7 à 8 chiffres, mais aussi en utilisant des
secteurs qui emploient beaucoup de pauvres (agriculture), à haute valeur
ajoutée (télécommunication) ou fort potentiel de main d’œuvre (textile). De
plus, l’option d’une croissance pro pauvre reste encore hypothétique au
Sénégal, le ciblage des pauvres n’étant pas systématique et le niveau de
transfert vers les populations pauvres reste faible.
En résumé, la croissance économique du Sénégal est une contrainte par : son
niveau encore faible, sa fragilité, sa forte dépendance de la politique
budgétaire et de l’aide, sa forte concentration sur un réduit de secteurs, la
faible orientation vers l’exportation des secteurs porteurs de la croissance, la
faiblesse de l’investissement privé. La faiblesse du capital humain est aussi
souvent évoquée dans les causes profondes des inégalités et pauvreté. Pour
renforcer le stock de capital humain et apporter des solutions viables à la
demande sociale des investissements conséquents devront être faits dans les
services sociaux (éducation, santé, hydraulique, transports,…).
Le Gouvernement affiche depuis 2000 une volonté manifeste de prendre en
charge le secteur social par une revue régulière du budget qui lui est alloué.
La majorité des travailleurs sénégalais sont mal payés parce que faiblement
productifs (Banque mondiale, op.cit) d’où vient l’incapacité des entreprises
sénégalaises à gagner des parts de marché sur le plan international. En dépit
des efforts faits par les autorités, le temps passé par un élève sénégalais en
moyenne à l’école est largement inférieur au standard des pays émergents.
35
L’on peut aussi faire référence à la capacité insuffisante de création
d’emplois et de productivité du secteur moderne la non représentativité des
grandes entreprises dans le tissu industriel avec moins de 5% mais créent plus
de la moitié des emplois.
Les PME représentent l’essentiel du tissu industriel du Sénégal avec près de
90% des entreprises. Mais elles sont caractérisées par :
- Leur faiblesse en création d’emplois (42% de l’emploi). Plus de la moitié
de l’emploi, est ainsi offerte par les grandes entreprises qui
représentent, moins de 5% de l’ensemble des entreprises
-
Leur concentration dans le secteur du commerce, des BTP et des
services
Leur chiffre d’affaire décroît progressivement allant de 41,4% en 1998 à
31,7% en 2003 dans celui du secteur moderne
Leur faible part dans la création de richesse (28% et 29%
respectivement en 2002 et 2003)
Leur faible productivité du travail sauf pour les services
Leur faible taux de rentabilité économique (taux de rentabilité
légèrement supérieure à zéro) et leur rentabilité reste nettement
inférieure à celle de l’ensemble des entreprises. La rentabilité
économique la plus importante a été observée en 1999 (3,11% pour les
PME et 7,02% pour l’ensemble).
Une opportunité de taille pourrait être trouvée dans le fort potentiel de
création d’emplois du secteur. En effet, pendant les 10 dernières années
l’absorption de l’offre de travail par l’économie sénégalaise s’est effectuée
par le biais du secteur informel qui a réalisé 97% de la croissance de l’emploi.
A coté de ce potentiel de créations d’emploi, il a été constaté que les gains
globaux de productivité ont été modestes au cours de la dernière décennie.
La productivité du secteur comparativement à celui du secteur formel peut
se résumer ainsi selon le document de la Banque mondiale citée ci dessus:
Le secteur formel a enregistré une augmentation de sa productivité à un
rythme annuel de 2,2% entre 1980 et 2004, alors que celle du secteur informel
a quasiment stagné autour de 0,2% par an. Dans le secteur informel, presque
toutes les activités ont reporté des gains annuels de productivité inférieurs à
3% pendant la période 1995-2004. En termes de valeurs absolues, un
travailleur du secteur formel est environ 10 fois plus productif que celui dans le
36
secteur informel avec des écarts variant toutefois suivant les secteurs
d’activités puisque un nombre restreint de secteurs informels sont apparus
presque aussi productifs que ceux du secteur formel, notamment la pêche, la
fabrication de mobilier, la santé, et surtout la transformation des produits de
la pêche.
Les disparités entre les groupes sociaux ont également été interrogées dans
l’analyse de la persistance de la pauvreté. Généralement, les questions de
genre se fondent sur une forme de discrimination sociale qui se traduit, d’une
certaine manière par une marginalisation de la femme qui ne peut jouir des
mêmes opportunités que les hommes (accès à l’éducation, à la formation et
à l’emploi hors du foyer) parce que confinée aux tâches domestiques et
absente du processus de prise de décision, entre autres. Le manque de
moyens et d’accès aux ressources qui naît de cette situation compromet
l’épanouissement des femmes en tant qu’agents économiques pouvant se
prendre en charge, ce qui les rend plus vulnérables à la pauvreté. La mesure
de la pauvreté quantitative au Sénégal ne permet pas encore de déterminer
de manière individuelle les femmes pauvres et les hommes pauvres. En effet,
la mesure de pauvreté est encore globale à l’échelle du ménage. Autrement
dit, dans la classification, si un ménage est pauvre, tous ses membres sont
considérés comme pauvres. C’est ainsi qu’on notera que le niveau de
pauvreté global est de 50,6% pour les femmes comme pour les hommes
(ESPS, 2005/2006).
Environ 17% de la population vit dans un ménage dirigé par une femme
(ESPS, 2005/2006). Malgré leur poids relativement important, les ménages
dirigés par une femme contribuent pour 12,2% seulement à la pauvreté
totale. Comme cela avait déjà été observé en 2001/02, les résultats montrent
aussi que la pauvreté est moins répandue dans les foyers dirigés par des
femmes que dans les ménages dirigés par des hommes : alors que 37,3%
seulement de la population vivant dans un ménage dirigé par une femme est
pauvre, un peu plus de la moitié de la population vivant dans un ménage
dirigé par un homme vit en dessous du seuil de pauvreté. La dépense par
tête au niveau national est de 320 216 FCFA, elle est de 298 151 FCFA pour les
femmes dirigés par un homme et 410 058 FCFA pour les ménages dirigés par
une femme (ESPS, 2005/2006). Il semble donc que dans une certaine mesure,
les ménages dirigés par des femmes soient mieux lotis que ceux dirigés par un
homme. Ce constat est validé par les analystes de la Banque mondiale, dans
37
la mesure où l’incidence de la pauvreté selon l’activité habituelle, la
profession et le statut dans la profession semble être plus favorable aux
ménages dirigés par une femme que ceux dirigés par un homme.
À Dakar où le statut de la femme semble plus favorable (autonomie,
participation, capital humain et social), la différence de niveau de pauvreté
entre les ménages dirigés par des femmes et ceux dirigés par des hommes est
très négligeable (33,7% contre 32,1%). Cet avantage apparent peut être dû à
une différence dans la composition des ménages des deux catégories, à la
taille et à l’importance des transferts plus favorables aux ménages dirigés par
des femmes. Par ailleurs, les femmes chefs de ménages ont tendance à
mobiliser les ressources disponibles du ménage pour le bien être de tous, ce
qui n’est pas souvent le cas des hommes.
Comment la pauvreté a été étudiée au Sénégal ?
Les approches de la pauvreté sont diverses du fait notamment du caractère
à la fois multidimensionnel, multiforme, complexe et diffus du phénomène.
Outre les critères de revenu, de conditions de vie, de potentialités des
individus et des groupes, interviennent également dans les approches de la
pauvreté les perceptions et les représentations. Pour ce qui est du Sénégal,
l’approche monétaire de la pauvreté a longtemps prévalu.
Ce n’est qu’à partir de 2000 dans l’élan de l’élaboration du DSRP que le
couplage des enquêtes quantitatives
et qualitatives
a été expérimenté
(Cling J.P et al 2002). L’enquête sur la Perception de la Pauvreté au Sénégal
(EPPS) réalisée en 2001 a porté sur le même échantillon que celui de l’ESAM II
et a permis de collecter des données sur les perceptions subjectives des
ménages par rapport à la pauvreté, sur la qualité (ou plutôt le degré de
satisfaction) des services publics, et sur les priorités des ménages pour réduire
la pauvreté.
Les résultats ont montré une pauvreté plus accentuée et plus dynamique
deux-tiers des ménages ont estimé qu'ils étaient pauvres, et la pauvreté a
augmenté dans leur communauté durant les cinq dernières années.
38
Figure 1 Perception de la pauvreté dans les ménages et les communautés
(%)
64.7
70
60
50
61.6
51.4
42.5
56.1
52.1
43.4
39.9
40
30
20
10
0
Dakar
Other cities
Poor community
Rural
Average
Poor household
Source: ESPS 2005–2006
La combinaison de ces méthodes a eu des effets considérables dans la
compréhension du phénomène. En effet, la pauvreté n’est plus donc
considérée comme un état mais comme le reflet des dynamiques, mutations
et trajectoires
qui induisent des gradations, elles-mêmes régulées par les
perceptions des acteurs de leur propre condition et des perceptions des
contemporains (FALL, A.S , 2007).
Les profils de la pauvreté au Sénégal
Partant des données publiées par les différentes institutions publiques et
privées, plusieurs profils de pauvres peuvent ainsi être dégagés au Sénégal.
Le tableau suivant permet de dresser le tableau global de l’incidence de la
pauvreté au Sénégal.
Tableau 4 : Taux de pauvreté et intensité de pauvreté au Sénégal
Taux de pauvreté (recensement)
Ecart de pauvreté
(comme % du seuil de pauvreté)
En
En dessous En
En
En
En dessous
dessous
du
seuil dessous
dessous
dessous
du Seuil de
du seuil des
du Seuil du Seuil du Seuil pauvreté de
de
besoins
de
de
des
US$1/jour
pauvreté élémentair pauvreté pauvreté besoins
alimentair es
de
alimentair élémenta
e
US$1/jour e
ires
Ensemble de 19.7
65.0
34.4
4.5
22.5
9.6
la population
Enfants (de 0 20.9
66.7
38.5
4.7
23.1
10.9
à 14 ans)
Adultes
en 18.4
63.3
30.7
4.2
21.9
8.5
âge
de
39
travailler (de
15 à 59 ans)
Personnes du 20.8
3ème Age (+
de 60 ans)
Hommes
20.1
Femmes
19.4
66.5
35.2
4.6
23.1
9.4
65.4
64.7
35.0
33.9
4.6
4.4
22.8
22.3
9.8
9.5
Source: Gassmann and Behrendt (2006).
•
La pauvreté touche plus les ruraux que les urbains ;
Cette situation s’explique en partie par le fait que les ruraux ont un moindre
accès aux infrastructures de production, équipements, services sociaux de
base et aux structures de financement. En général, les ruraux ont un accès au
capital physique assez limité, ce qui fait qu’ils ne bénéficient par des effets
directs ou indirects de leurs externalités (accès aux infrastructures scolaires, de
santé, de transport…).Les résultats des enquêtes confirment que les taux de
pauvreté sont significativement plus élevés en zones rurales qu’en zones
urbaines. De plus, étant donné la baisse plus rapide de la pauvreté en milieu
urbain, la contribution des zones rurales à la pauvreté va en s’accroissant.
Alors que 68% des pauvres vivaient en zones rurales en 2001/02, cette
proportion atteint 71% en 2005/06 (ESAM II, 2002 et ESPS, 2005).
Outre le milieu d’appartenance (urbain ou rural), les données observées
montrent que la pauvreté est loin d’être uniforme d’une région à une autre.
Avec moins d’un ménage pauvre sur trois en 2005/06, la région de Dakar jouit
d’une situation nettement plus favorable que les autres régions du pays,
même si elle contribue de facon importante à la pauvreté du fait qu’elle
concentre un quart de la population (Dakar représente 15,4% de l’ensemble
des ménages pauvres en 2005/06). A l’opposé, c’est dans les régions de
Tambacounda, Ziguinchor, Fatick, Louga et Kolda que la pauvreté est la plus
répandue (deux personnes sur trois sont pauvres, voir plus). Le niveau de
pauvreté a même augmenté entre 2002 et 2005 dans les régions de
Tambacounda, Fatick et louga. Globalement, les régions peuvent être
40
regroupées en trois grandes catégories homogènes selon l’incidence de la
pauvreté observée en 2005/06 :
•
très forte (plus de 60%) à Tambacounda, Ziguinchor, Fatick, Louga et
Kolda
•
forte (entre 40 et 60%) à , Kaolack, Diourbel, Matam, et Thiès
•
moyennement forte (entre 33 et 40%) à Dakar et Saint Louis.
Certaines régions très pauvres (par exemple Ziguinchor et Kolda) sont à la
périphérie du pays et d’accès relativement difficile. L’immensité des
ressources pour ces deux régions tranche d’avec leur niveau de pauvreté. La
raison de leur pauvreté pourrait être trouvée dans le fait que leurs populations
respectives sont essentiellement rurales (59,1% et 89,2%), donc rejoignent les
autres régions en terme de faiblesse de leur productivité et de leurs capacités
de création de richesse. La capacité de transformation des produits agricoles
de ces régions est très faible et le tissu industriel secondaire y est quasiinexistant. Le cas de Ziguinchor est assez particulier en raison de la guerre qui
a ralenti considérablement le décollage de la région.
Dakar, la région la moins pauvre, jouit des avantages d’un développement
longtemps inégal aux dépens des autres régions, privilège que lui confère son
statut de capitale de la nation. La région de Louga qui connait un
investissement par tête parmi les plus faibles du pays, est aujourd’hui le lieu
d’importants flux migratoires vers l’étranger, mais il faut noter des estimations
divergentes de la pauvreté à Louga selon les deux dernières enquêtes, peutêtre dues à des différences d’échantillonage statistique. Si les transferts
d’argent effectués par les ressortissants de la région sont à prendre en
compte comme un apport substantiel dans le relèvement significatif du
niveau de vie de ses populations, il apparaît que ces transferts ne sont pas
suffisants.
•
•
La pauvreté touche davantage les moins instruits ;
Les ménages de grande taille sont les plus pauvres ;
41
•
•
La pauvreté touche plus les travailleurs du secteur informel plus que
ceux du secteur formel (privé ou public) ;
La pauvreté est plus répandue parmi les ménages dont le chef est un
travailleur pour son compte propre (56,8%), que pour ceux dans le
secteur privé formel (33,5%) ou dans l’administration (22,1%). Ces
résultats ne surprennent guère si on sait que les entreprises individuelles
constituent l’essentiel du secteur informel qui se caractérise par une
faiblesse des moyens, des conditions de travail précaires, d’où une
certaine vulnérabilité et une instabilité liées à la faiblesse et à
•
l’irrégularité des revenus ;
Les ménages avec des chefs âgés (60 ans et plus) sont plus pauvres.
IV- Les acteurs clés, instruments et stratégies réponses
Face à la dégradation de la situation sociale depuis les années 80, la réponse
dominante du gouvernement et de ses partenaires est « lutter contre la
pauvreté » au détriment de la notion de développement économique et
sociale absente du discours des décideurs. Elle s’appuie principalement sur le
DSRP qui est le document central à partir duquel toutes les actions doivent
s’élaborer et se mettre en œuvre.
Le Gouvernement a réalisé la plupart des mesures d’accompagnement du
pilier « création de richesses » et inscrit l’économie nationale dans une
dynamique
d’accélération
de
la
croissance
par
des
politiques
macroéconomiques rationnelles, l’amélioration du climat de l’investissement
et des avancées dans les réformes structurelles notamment dans les secteurs
de l’arachide et de l’électricité. Les investissements dans les services sociaux
de base ont permis d’améliorer sensiblement les indicateurs sociaux tendant
ainsi vers l’atteinte des OMD même si des efforts importants sont encore à
faire. Des investissements dans le capital humain de manière générale ont fait
l’objet d’une attention particulière avec l’allocation de 50% du budget de
fonctionnement aux secteurs sociaux (éducation, santé).
Une analyse approfondie des approches, profils et mesures de la pauvreté
montre que l’extrême pauvreté n’est pas seulement une absence de
42
ressources monétaires, mais qu’elle est avant tout un manque de capacités
et d’opportunités de se mettre en valeur. Ces résultats apportent ainsi de
riches enseignements pour la politique nationale de lutte contre la pauvreté.
D’ailleurs,
la mise en place d’une liste d’indicateurs pour le suivi des
grandeurs macro-économiques, permet aujourd’hui de faire l’état des lieux
des performances réalisées et éventuellement du gap par rapport à la cible
fixée par le Gouvernement. Au niveau budgétaire, les réformes issues des
plans CFAA-CPAR ont conduit à la réalisation du CDMT (2006-2008) et à la
mise en place des CDSMT des ministères dépensiers (éducation, santé,
environnement et justice). Au niveau de la politique éducative, le défi du
taux d’achèvement et de la qualité de l’enseignement, surtout pour les filles
est relevé à travers les programmes ciblés pour les groupes vulnérables et le
milieu rural (Cantines scolaires, bourses, etc.). Entre 2007 et 2008, le budget
d’investissement du secteur est passé de 250 milliards à 288 milliards de francs
CFA, accusant une hausse relative de plus de 15%.
Dans le domaine de la Santé, le Gouvernement poursuit la politique de
prévention des risques sanitaires et de renforcement des programmes de lutte
contre les maladies transmissibles. Il s’agira ainsi de disposer d’un système de
soins de santé répondant aux besoins. En 2008, le montant du budget total
alloué au secteur est de 80,6 milliards de FCFA contre 75,2 en 2007.
Pour le secteur de l’eau potable et de l’assainissement, le gouvernement
continue la mise en œuvre du PEPAM avec plus d’attention, en vue
d’accroître le taux d’accès à l’eau potable et promouvoir une gestion
durable des ouvrages. D’ici à 2010, il s’agira de réaliser, en milieu rural, 200
nouvelles adductions d’eau, 70 constructions de châteaux d'eau, 200 puits
modernes, et la consolidation des infrastructures existantes d’une part, et,
d’autre part, d’augmenter l’extension des réseaux et les branchements
sociaux
en
milieu
urbain
et
péri-urbain.
Ces
investissements
ont
significativement impacté l’évolution du budget en 2008 et des efforts
considérables ont été faits pour augmenter le budget de fonctionnement du
secteur d’environ 12% entre 2007 et 2008, pour davantage renforcer les
43
entretiens des ouvrages. Ces efforts se traduisent par une augmentation de 7
à 16 milliards, entre 2005 et 2008.
En matière d’assainissement, il est poursuivi la réalisation de systèmes
individuels ou publics d’évacuation en milieu rural. Pour le milieu urbain, il a
été retenu la réalisation de branchements sociaux sur réseau collectif ou
réseau semi-collectif et l’installation de systèmes autonomes. Pour la collecte
et le traitement des eaux usées, il est prévu de porter les capacités STEP à plus
de 34000 m3/jour à Dakar. L’État prendra les mesures d’accompagnement
pour le renforcement des capacités des acteurs des services de l’État, des
consommateurs, des collectivités locales et du secteur privé, l’intermédiation
sociale et le suivi évaluation (impacts, suivi environnemental, gestion des
ressources).
Dans le domaine de l’environnement, le Sénégal a pris diverses initiatives
dont l’élaboration d’une stratégie de développement durable et une lettre
de politique sectorielle de l’environnement (LPSE), en vue du renversement
des tendances et de l’atteinte des OMD. Entre 2005 et 2008, le budget a
considérablement évolué en passant de 6 à 15 milliards.
En matière d’Urbanisme et d’Habitat, le Sénégal poursuit les objectifs
d’amélioration des conditions d’accès aux parcelles viabilisées et à des
logements adéquats en produisant des logements décents. Les leçons tirées
du premier DSRP ont amené le gouvernement à inscrire un axe consacré à la
protection sociale et la prévention et la gestion des risques et catastrophes.
Les programmes prioritaires de la Stratégie Nationale de Protection Sociale et
prévention des risques majeurs seront mis en œuvre.
Dans le cadre de l’amélioration de la décentralisation et de la gouvernance
locale, le Gouvernement poursuit les actions et réformes en cours, pour (i)
améliorer le cadre institutionnel et renforcer les capacités des collectivités
locales, (ii) accroître les ressources et poursuivre les réformes budgétaires et
44
financières relatives aux collectivités locales en vue d’assurer le financement
des infrastructures et des équipements.
Les grands Projets/programmes de lutte contre la pauvreté au Sénégal
•
Le Programme National d’Infrastructures Rurales (PNIR) : Les interventions
du PNIR ont couvert les 11 Régions administratives du Sénégal ; elles ont
touché 110/320 Communautés Rurales, 4659 villages, pour une population
estimée à 2 200 000 personnes.
•
Le Programme des Services Agricoles et des Organisations des
Producteurs (PSAOP) : Ce programme a permis d’activer plusieurs leviers
pour encourager les activités agricoles : réformes institutionnelle,
recherche agricoles, conseil agricole et rural, organisation des
producteurs. De façon plus précise, le PSAOP a pris en charge
l’établissement des bases institutionnelles (entre autre l’élaboration et
l’adoption d’une LOASP) pour une intervention plus efficace dans le
secteur agricole et a établi un réseau d’organisations de producteurs et
de services de conseil agricole et rural dans 144 des 320 communautés
rurales du Sénégal. Le PSAOP1 a piloté des expériences remarquables sur
la production d’arachides de qualité et l’amélioration du niveau et de la
qualité des stocks de semences au niveau communautaire. Ces activités,
qui ont permis d’améliorer la productivité et d’augmenter les prix de vente
pour les producteurs.
•
Le Projet du Fond de Développement Social (PFDS) : Le programme de
l’Agence du Fonds de Développement Social (AFDS) est financé par la
Banque Mondiale. Le PFDS couvre pour sa première phase les régions
suivantes : Dakar, Fatick et Louga ; depuis juillet 2004 le programme
couvre également les régions de Kaolack et Ziguinchor. Au-delà du
niveau régional, les cibles prioritaires sont le Département de Kolda, les
communes de Dakar (Yeumbeul Nord et Yeumbeul Sud), Foundioungne,
Koungheul, Linguère et Vélingara. De façon plus spécifique, les
bénéficiaires sont recensés dans les poches de pauvreté des régions
Diourbel et Matam.
•
Le Programme de Lutte Contre la Pauvreté (PLCP) : Il est financé par la
Banque Africaine de Développement, le Fonds Nordique de
Développement et l’Etat du Sénégal pour un montant de 18 millions unités
de compte, soit 15 milliards F CFA pour une durée de 5 ans. Il intervient
dans cinq régions du Sénégal : Dakar, Diourbel, Kolda, Tambacounda et
Thiès.
•
Le Programme d’Appui à la Réduction de la Pauvreté (PAREP) devenu PRP
: Il s’inscrit dans le prolongement de l’ancien Programme Elargi de Lutte
Contre la Pauvreté (PELCP). Il est le fruit de la coopération entre le
gouvernement du Sénégal et le PNUD qui ont financé à hauteur de 4,5
45
millions de dollars US, soit 2,5 milliards F CFA, pour une durée de 33 mois. Il a
été remplacé par le Programme de Réduction de la Pauvreté (PNUD/Lux
Développement) 2008-2012.
•
Programme de Soutien aux Initiatives de Développement Local (PSIDEL) :
Mis en œuvre dans le cadre du 8ème FED, le PSIDEL a permis le
renforcement du capital infrastructurel de nombreuses communautés
rurales dans cinq régions et six départements. Ses interventions dans le
cadre de l’axe création des richesses a porté pour l’essentiel sur
l’agriculture, l’élevage et le commerce (marchand).
•
Le Plan Décennal de l’Education et de la Formation Professionnelle (PDEF) :
Le PDEF aura permis la réalisation des objectifs recherchés dans le cadre
du DSRP, en ce qui concerne l’accès à l’éducation et à l’amélioration de
la qualité des services d’enseignement. Du point de vue de l’appréciation
de l’impact des réalisations du PDEF, on peut noter les aspects suivants :
(1) Le rythme croissant des effectifs de tous les niveaux d’enseignement
est observé depuis 2000 ; (2) L’écart entre les filles et garçons a diminué en
2004 par rapport à 2003 Le TBS des garçons est de 82,4%, celui des filles de
77,30%, soit une différence de 5,1 points. Celle-ci était de 7 points en 2003;
(3) L’objectif de 75% d’élèves inscrits dans des écoles à cycle complet a
été presque atteint avec un taux de 74,26% ; (4) Les taux bruts d’admission
ont dans l’ensemble progressé dans les régions les plus scolarisées; (5)
Alphabétisation des adultes : Les actions de formation ont touché plus de
500 000 personnes pour une prévision de 120 000 adultes (personnes âgées
de 15 à 49 ans) ; (6) Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) est passé de 75,8%
en 2003 à 79,9% en 2004, soit une augmentation de 4 points..
•
Le Programme National de Développement Sanitaire et Social (PNDS) : Le
mécanisme de financement du PNDS est le PDIS. Le PNDS formulé avant le
DSRP a fait l’objet de révision et de réadaptation. Globalement les
réalisations du PNDS, contribuant à la mise en œuvre du DSRP se
présentent comme suit : (i) Composante Infrastructures d’accès aux
services de santé, (ii) composante Accès à l’eau potable et
assainissement et, (iii) composante « Accès aux soins.
•
Le Projet du Fond de développement Social (PFDS) : Les réalisations du
PFDS par domaine, sur l’amélioration de l’accès aux services sociaux de
base, sont de deux natures. D’une part, on note des infrastructures de
premier plan, il s’agit respectivement de la création de : (i) salles de
classe, dans le domaine de l’éducation ; (ii) de cases et postes de santé
ainsi que de maternités dans le domaine de la santé ; (iii) de puits, forages
et adductions d’eau accompagnée de bornes-fontaines dans le domaine
de l’accès à l’eau potable ; (iv) et de halls de marché, différentes formes
de boutiques et magasins dans le domaine du commerce. D’autre part,
le PFDS a réalisé des infrastructures dites de second plan mais améliorant
sensiblement la qualité des différents services.
•
Le Programme de Lutte Contre la Pauvreté (PLCP) : Du point de vue de
l’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de base, le
46
PLCP a touché les domaines suivants : Santé, Education, Hydraulique
(accès à l’eau potable) et assainissement (construction de latrines), mais
également l’allègement des travaux des femmes (installation de moulins à
mil), également la construction et l’équipement de cases foyers ou
centres polyvalents pour le bénéfice des femmes.
•
Le Programme d’appui aux Initiatives de Développement Local Urbain
(PADELU) : Mis en œuvre dans le cadre du 8ème FED, le PADELU a contribué
à renforcer les infrastructures au niveau de dix sept communes. Il n’a pas
fait l’objet d’évaluation et ne dispose pas de documents récapitulant, à
l’étape actuelle, l’ensemble de ses réalisations. Toutefois, une note de
synthèse permet de relever les réalisations du Programme sur la période
2003-2005.
•
Projet « village du millénaire » de Potou dans la communauté rurale de
Léona/PNUD, C’est un projet régional qui couvre 10 pays africains dont le
Sénégal en site pilote de l’initiative. Les autorités du Sénégal ont voulu ainsi
marquer le démarrage d’un important programme de développement
local dans la région de Louga. En effet, il s’agit d’une stratégie de
réduction de la pauvreté fondée sur les Omd qui ciblent particulièrement
des domaines comme l’éducation primaire pour tous, la réduction de la
mortalité infantile, la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, la
lutte contre le sida, le paludisme .Le choix de cette communauté rurale,
est lié au fait que c’est une zone qui présente la combinaison de deux
système de production, pêche et agriculture, avec plusieurs contraintes
dont l’avancée des dunes de sable, la pollution de la nappe phréatique,
la salinisation des sols, entre autres.
•
Le Programme National de Développement Local (PNDL) prendra en
compte les différents acquis des programmes suivants: (i) Programme
National d’Infrastructures Rurales (PNIR); (ii) Agence du Fonds de
Développement Social (AFDS); et (iii) le Projet de Gestion Durable et
Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE) en
les regroupant en un seul programme. Le PNDL qui entend donner aux
populations les moyens d’une participation effective au processus de
développement, se définit donc comme étant un des cadres
opérationnels de la stratégie du développement rural. Ce programme
sera chargé d’impulser et de soutenir des actions fortes, concertées,
diversifiées et inscrites dans la durée. Le Gouvernement a ainsi opté pour
une responsabilisation des Collectivités locales (CL) décentralisées dans le
cadre du processus progressif de décentralisation, consacré par la loi No
96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales. Pour une
participation effective des populations, les CL élaborent leur plan de
développement local, les plans annuels d’investissement et élaborent leur
budget en fonction de leurs recettes.
47
Dans ce contexte de foisonnement de projets/programmes étatiques, le
DSRP reste l’outil de référence pour la coordination pour impulser le
partenariat entre les différents acteurs, notamment en tant qu’un instrument
de mobilisation des ressources et de recentrage des actions de lutte contre la
pauvreté. Il faut rappeler ici les principes de base qui ont sous-tendu
l’élaboration des DSRP dans la plupart des pays éligibles à l’initiative PPTE :
la participation de la société civile et du secteur privé dans toutes les
étapes opérationnelles et orientées et la recherche de partenariats
avec les acteurs de l’aide au développement (aide bilatérale,
multilatérale et ONG), selon un objectif de coordination de leurs
interventions ;
l’atteinte de résultats englobants qui sont susceptibles de bénéficier
aux pauvres dans le sens où la nature multi-dimensionnelle de la
pauvreté est prise en compte et selon une perspective de long terme
pour la réduction de la pauvreté.
A coté des principes fondateurs, la réalité fut tout autre puisque le processus
n’a véritablement démarré qu’au début de l’année 2001. Cependant les
perspectives d’allègement de la dette étaient suffisamment alléchantes pour
bousculer le processus d’élaboration. La représentativité des acteurs divers
(élus locaux, des ONG, des syndicats, associations de producteurs ruraux,
organisations confessionnelles, groupements féminins, jeunes…) n’a pas
empêché les acteurs non étatiques de souligner le déficit de participation.
D’ailleurs d’un point de vue purement idéologique, l’arrimage de la stratégie
de lutte contre la pauvreté à la réduction de la dette ne milite pas en faveur
d’une participation et appropriation spontanée. De plus, la définition
d’actions prioritaires réparties entre plusieurs ministères sans une recherche
explicite de complémentarité entame de façon significative, les exigences
de cohérence et d’articulation nécessaires à l’émergence de politiques
publiques efficaces. La revue annuelle du DRSP 2009, admet que les
difficultés rencontrées relèvent de l’insuffisance des discussions sectorielles en
raison de la nouveauté de la démarche, les difficultés de renseignement des
indicateurs multiples.
Les enjeux de pouvoirs et interactions entre les différents acteurs
48
Dans ce contexte de recherche d’arbitrages, de consensus et de répartition
des pouvoirs entre acteurs, il est évident que les intérêts divergents inscrivent
les différentes parties prenantes dans des logiques de concurrence ou de
contrôle des espaces de pouvoirs qui ne sont pas de nature à garantir la
stabilité du cadre de la lutte contre la pauvreté. Au Sénégal, tous les acteurs
ont été placés sur un pied d’égalité, qu’il s’agisse des directions de l’État, du
secteur privé ou des organisations de la société civile.
Les acteurs étatiques
L’objectif était de faire travailler ensemble des groupes avec des approches
et intérêts divergents. Par contre, la faible capacité institutionnelle de certains
acteurs sont des obstacles non prévus qui freinent leur participation au profit
d’acteurs plus préparés à interagir avec les décideurs étatiques et bailleurs
de fonds, que sont les grandes ONGs et les experts. Pour l’Etat l’on pourrait
conclure rapidement à une sorte de réhabilitation du fait du rôle central joué
dans la conduite des politiques de lutte contre la pauvreté. Toutefois, il est
nécessaire de rappeler les épisodes de l’ajustement structurel qui ont
largement contribué à affaiblir voire décrédibiliser l’Etat. Il pourrait s’avérer
difficile quelques décennies plus tard de conférer à l’Etat, la responsabilité de
mener à bien un processus consultatif à large échelle. Les faiblesses des
compétences organisationnelles, et les coûts élevés apparaissent dès les
premiers stades de consultation et d’élaboration des politiques (Dahou et
Ndiaye 2004).
Une autre contrainte de taille est que même au sein de l’appareil étatique, le
Ministère de l’Economie et des Finances qui joue une place centrale dans la
coordination de la stratégie de lutte contre la pauvreté, n’a pas une culture
de développement suffisante pour impulser une dynamique synergique.
Les bailleurs de fonds
Du côté des bailleurs de fonds, la stratégie de lutte contre la pauvreté semble
induire des relations de type nouveau avec le gouvernement. Cependant,
dans la pratique, l’approche prescriptive est toujours de mise, la seule
différence étant que les conditionnalités sont « internalisées » dans le DSRP, en
tant que condition imposée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international pour l’obtention d’une aide financière (Dahou et Ndiaye 2004).
49
Le pouvoir d’entériner la stratégie reste entre les mains des bailleurs de fonds.
Quant à l’exigence de participation de la société civile, elle reste
conditionnée par des critères de légitimité, de représentativité et de
capacité. L’exigence de cohérence pour capter les ressources n’est pas
forcément à même de faciliter les processus de participation des acteurs
généralement marginalisés lors de la définition des politiques publiques.
Les acteurs non étatiques
Quant aux ONGs, les sécheresses des années 72 et 73, constitue un repère
important pur situer l’intervention des ONGs au Sénégal. En effet, des ONGs
internationales dans le domaine de l’humanitaire ont non seulement assisté
les populations prise par l’étau de la sécheresse mais en plus elles ont tenté
de susciter l’intérêt chez des organisations locales et nationales a organiser
une réponse consciente en effet que on venait d’entrer dans un cycle au
long court. Le bilan de ces interventions d’urgence considéré comme positif
a tout de même révélé les limites de l’action d’urgence qui apporte des
solutions ponctuelles mais ne traite pas des problèmes structurels liés au
développement des populations concernées. C’est ainsi donc que plusieurs
initiatives associatives ont émergé sous le sceau de l’engagement pour le
développement communautaire dans un contexte qui s’y prêtait fort bien.
En effet, le gouvernement Mamadou Dia, au début des indépendances
avait mis en place un ensemble de dispositifs qui visait à asseoir les bases
d’un socialisme auto gestionnaire dont les coopératives agricoles, l’animation
rurale, la gestion communautaire des ressources naturelles, les sociétés
régionales d’encadrement du milieu rural mais aussi l’école des cadres ruraux
de Bambey ainsi que l’ENEA, constituait les socles les plus importants. Ce
choix communautaires a fortement influencé les ONG nationales qui ont
émergé à la fin des années 70 et au début des années 80 -90.
Les ONG nationales et internationales ont orienté leur action dans le monde
rural pour tester des innovations dans le domaine de l’hydraulique, des
activités agricoles autres que les cultures de rente comme le coton et
l’arachide ainsi que l’accompagnement à l’organisation des producteurs et
des associations de jeunes agriculteurs et des femmes. C’est seulement avec
les PAS des années 80 à 90 que l’on, observe un intérêt pour l’économie
populaire urbaine, domaine dans lequel ENDA a servi de fer de lance en
50
développant une approche ciblant les acteurs jeunes marginaux et les
populations déshéritées comme les domestiques, les enfants de la rue, les
populations dans les bidons villes et les taudis et les populations flottantes.
Mais il faut noter que dés les années 80 des ONGs comme l’OFADEC, ont
initié une concentration de l’intervention dans des zones à grand potentiel
hydro agricole en articulant t une organisation communautaire des
périmètres agricoles mais aussi une parcellisation qui permettait de stimuler la
production.
En introduisant une production de masse en banane et une activité de
contre-saison maraîchère dans la zone de Tambacounda caractérisée par
une pauvreté extrême, cette ONG avait donné le signal d’un renouvellement
du modèle coopératif et d’une intégration des volets sociaux
alphabétisation, santé communautaire dans l’activité&é de production
agricole. Dans la même période d’autres ONG, ont initié des actions comme
les banques céréalières, les activités de contre-saison maraîchères, la petite
hydraulique villageoise, l’introduction de moulins a mil, l’accompagnement
en nutrition communautaire qui ont contribué à soulager les populations
rurales.
On peut multiplier les exemples de succès mais force est de reconnaître que
les ONGs sont restées dans le test des innovations mais n’ont pas toujours
réussi le passage à l’échelle large. Il est vrai qu’elles ont renouvelé leur offre
d’assistance à la fois en milieu rural qu’en urbain avec notamment un intérêt
pour l’énergie muais aussi les technologies de l’information et de la
communication en milieu urbain.
Les années 90 à 2000 marque une volonté des ONG de passer de leurs
expériences pilotes à l’influence des politiques publiques dans le domaine de
la lutte contre la pauvreté. Leur relation conflictuelle avec l’Etat a contribué à
infléchir les institutions étatiques à s’intéresser davantage à la pauvreté car
l’Etat était aussi confronté à la raréfaction des ressources et à manifester de
l’intérêt à engranger d’autres types de ressources ciblant la lutte contre la
pauvreté. Les ONG ont eu une diversité de champ d’intérêt comme le
montre l’intérêt pour les droits humains avec l’existence de différentes ONG s
dans le domaine et plus tard sur les questions de gouvernance et lutte contre
la corruption. L’existence de la mise en place dès le milieu des années 80
d’un consortium des ONG, le CONGAD a facilité l’affirmation des ONGs
51
comme acteurs à part entière du développement. Ce dispositif a permis le
dialogue avec l’Etat et les bailleurs de fonds. Un cadre institutionnel négocié
avec l’Etat a été mis au place et la participation ou la consultation des
acteurs des ONGs s’est réalisée via ce réseau qui est maintenant connecté à
un ensemble de plate forme d’ONGS dans la sous-région et avec d’autres
continents dont le Brésil et l’Europe, etc.
Le consortium continue à organiser le cadre d’intervention et les plans
quinquennaux d’investissement des ONGs au sein d’une commission
interministérielle qui valident ces plans et organisent l’agrément des ONGs.
Mais il faut reconnaître que les ONGs ont révélé beaucoup de difficultés dans
la coproduction des politiques publiques avec l’Etat et leur participation.
Dans la mouvance, une ébullition du mouvement associatif et la diversité des
besoins à la base avait consacré la mise ne place dés les années 70-80 des
foyers des jeunes ruraux qui se sont intéressés à l’accès de cette catégories à
la terre et aux investissement pour l’activité agricole, ces foyers avait réussi à
installer des périmètres communautaires et ce type de d’organisations a
essaimé dans d’autres secteurs comme la pêche, l’artisanat, et les services.
Ces foyers de jeunes se sont essoufflés d’abord du fait des masses financières
importantes gérées et du fait de la faible gouvernance de ces entités
émergentes qui ‘n’ont pas réussi à prendre le relais des coopératives
insufflées par l’Etat des le lendemain des indépendances. En milieu urbain les
OCB se sont multipliées, tandis que partout les GIE ont tenté de prendre en
main l’entreprenariat. Mais à la fois les OCB et les GIE ont apporté des
réponses efficaces assez localisé touchant seulement quelques groupes
socioprofessionnels. Leur échelle d’intervention limitée ne leur a pas permis de
s’intéresser aux enjeux stratégiques de la lutte contre la pauvreté mais plutôt
à des réponses ponctuelles a des situations de petits groupes.
Ces OCB renouvellent leur offre de services et c’est ainsi que dans les
périphéries urbaines, elles ont réussi à organiser une nouvelle citoyenneté
active et dans le cas de Pikine et Guédiawaye, elles ont pris en main l’autoorganisation des populations pour faire face aux inondations et aux liées au
cadre de vie. En s’intégrant à la plate forme des acteurs non étatiques, les
OCB ont franchi un pas important pour adresser les questions stratégiques qui
passent par un dialogue avec les autres catégories d’acteurs. De même les
52
GIE, ont mis à profit les services de micro finance pour organiser le secteur
privé local et tenté de créer des richesses à la marge.
Les mouvements sociaux, notamment les syndicats, les organisations de
femmes, de jeunes pour la préservation de l’environnement, ont aussi été
des lieux de l’auto organisation des populations et de prise en charge des
revendications sectorielles dans un environnement marqué par une
précarisation des conditions de vie des classes moyennes.
Dans un
environnement de compétition sur des ressources rares, les syndicats n’ont
pas manqué de privilégié des approches corporatistes qui ont permis
d’engranger des victoires importantes mais en limitant leur intérêt pour des
initiatives d’économie sociale et solidaire. En effet, les coopératives d’habitat,
les mutuelles, les incubateurs d’entreprises n’ont pas été très marquants dans
l’action syndicale.
La presse, qui détient un pouvoir important, se retrouve dans une situation de
gouvernance étriquée, à exercer un rôle de contre pouvoir. Cela se traduit
par certains dossiers d’investigation qui ont abouti à des révélations et qui
obligent le pouvoir à se surveiller un peu plus.
Même si l’édifice a été par moment quelque peu ébranlé, la presse reste peu
autonome et vulnérable, faute de moyens propres de sa propre politique. En
effet, plusieurs lobbies exercent un contrôle avéré sur les lignes éditoriales des
supports de presse écrite et audiovisuelle pour servir leurs intérêts.
La faiblesse des moyens humains est aussi à signaler, car la plupart des
pigistes sont dotés d’une formation professionnelle faible et sont vulnérables à
toute sorte de tentations et manipulations.
Cependant, ces lacunes sont quelque peu résorbées par la pluralité et la
diversité des intérêts et supports médiatiques ainsi que l’ouverture sur sousrégionale et sur le monde, qui participent d’une vision critique et d’une mise
à jour au quotidien.
Les marabouts sont d’autres acteurs de la société civile non moins importants
au regard de l’intérêt et des sollicitations dont il font l’objet. Ils jouent le rôle
de véritables recours sociaux, de médiateurs à coté des fonctions spirituelles
et d’éducation. Dans un contexte de ressources rares, ils servent d’échelle
pour accéder à des positions ou des services, cela d’autant plus qu’ils sont
habiles dans le clientélisme et craints par le pouvoir. Ce rôle se trouve
renforcé par certaines catégories de marabouts, actifs dans les lobbies et qui
53
détiennent des milices avec un niveau d’organisation élevé et un maillage
territorial national. Cette influence se poursuit dans la sphère économique,
car ces marabouts sont dotés de fortes capacités entreprenariales ainsi que
de « talibés » présents dans tous les secteurs de l’économie.
Par contre, on assiste aujourd’hui à l’affirmation de certains marabouts
progressistes qui se démarquent de ces pratiques et veulent jouer leur rôle
spirituel et éthique tout en s’engageant dans les luttes sociales (imams de
Guédiawaye, Présence chrétienne). Ces groupes en tant force de progrès
ont fortement participé au processus des assises nationales.
A coté de ces marabouts progressistes, il faut noter la segmentation des
confréries et le règne des petits fils qui renvoie à un minimum d’effets des
pouvoirs centraux confrériques.
Cette segmentation va se poursuivre et les conditions de renouvellement et
les modèles de renégociation de dévolution du pouvoir seront de plus en plus
ouverts.
Les associations de femmes n’ont pas réussi non plus à se déconnecter de
l’influence de la détermination de l’agenda international et cette situation à
contribuer à limiter leurs capacités à prendre en charge les besoins
spécifiques des femmes même si leur capacité de mobilisation n’a pas fait
défaut par exemple sur le champ politique leur propre bilan de se soutirer de
toute instrumentalisation et inversement de servir de fer de lance pour une
meilleure prise en compte des inégalités de genre qui continuent à
caractériser le Sénégal.
Il existe une pluralité de cadres fédérateurs (fédérations d’artisans,
confédérations des artisans, plate forme de acteurs non étatiques, CNCR,
consortium des ONG, plusieurs centrale syndicales qui peut favoriser le
dialogue entre ces différents acteurs pour faire face au risque d’émiettement
et au fractionnisme qui a été un frein aux luttes syndicales.
Une implication trop superficielle due à l’impréparation des associations et
organisations non gouvernementales (ONG), accentuée par la rapidité de
l’élaboration des documents, a contribué à limiter leur participation à de
54
simples mécanismes de consultation. Cela a pour effet de restreindre la
participation effective d’une bonne partie de cette catégorie d’acteurs au
profit des organisations non gouvernementales souvent plus visibles sur le
terrain. On peut dés lors se poser la question sur le véritable rôle de la société
civile soit en tant qu’acteur de la mise en œuvre ou en tant que évaluateur
des politiques.
Les rapports de pouvoir sont susceptibles d’évoluer si cette diversité d’acteurs
réussi à développer des capacités d’autodétermination et d’alliances avec
les collectivités locales, le secteur privé pour à la fois peser sur les orientations
de développement et sur le nécessaire renouvellement des modèles de
développement et des actions durables de lutte contre la pauvreté, et
particulier la création de richesse pour le grand nombre. Dans cette
perspective, les expériences des collectivités locales dans l’apprentissage de
la maîtrise d’ouvrage et la coopération décentralisée suscitent de nombreux
espoirs.
Les populations
C’est à travers la dernière catégorie d’acteurs communément appelés les
« bénéficiaires ou les pauvres » que le décalage entre les principes fondateurs
du DSRP et les pratiques est vraiment explicite. Il s’agit de mettre l’accent sur
les groupes dits vulnérables souvent cités tels que :
- Les femmes
Malgré les progrès en terme de scolarisation des filles (taux d’admission des
filles au CI 119% et le TBS à 92,4% en 2008), le maintien des filles à l’école pose
toujours problème. Le confinement dans des filières peu valorisées pousse
également les filles vers des métiers utilitaires et précaires : elles constituent
toujours une réserve de main d’œuvre peu qualifiée destinée à pouvoir les
emplois précaires et les filières professionnelles peu créatrices de richesses et
de valeur ajouté.
Cependant, plusieurs efforts allant dans le sens de la promotion et de la
reconnaissance des droits de la femme, elles restent marginalisées même si
quelques percées méritent d’être signalées.
55
Parmi elles, l’on peut citer la garantie fondamentale de « l’égalité de tous les
citoyens devant la loi » ainsi, la femme a la pleine capacité juridique et peut
aller en justice au même titre que l’homme, l’accès à la terre sans l’assistance
de l’homme, y compris au niveau des communautés rurales avec les PAOS
qui éliminent toute forme de discrimination entre hommes et femmes.
L’adoption de la loi sur le traitement fiscal en 2008 en terme d’allégement de
la pression fiscale sur femmes salariées (mariées ou célibataires) et la
possibilité de prendre en charge médicale ses enfants et du conjoint, sont
autant de mesures qui participent à une réduction des fortes inégalités de
genre. Pourtant, les rôles socioéconomiques des femmes dans l'assurance
des moyens de subsistance des ménages sont entrain de changer avec la
crise actuelle. Les femmes issues des milieux défavorisés sont devenues les
principaux gagne-pain pour leurs ménages grâce au petit commerce. Du fait
de leur place de plus en plus importante dans la génération des revenus du
ménage, et en tant que gestionnaire au quotidien de la crise les femmes ont
tendance à réclamer une place plus importante dans le mécanisme de
décision au sein des foyers.
- Les jeunes
En dépit d’un intérêt accru pour l’entreprenariat et le niveau d’auto
organisation et les jeunes sont souvent des situations plus défavorables que
leurs aînés. D’ailleurs, sur la population potentiellement active de 15 à 24 ans,
près de quatre sur dix (38,5%) travaillent ou sont à la recherche d’un emploi :
32,8% occupent un emploi et 5,7% en cherchent (ESPS, 2005-2006). Au niveau
national, le taux de chômage des jeunes au sens strict du BIT est estimé à
14,8%. Ce qui signifie que sur 100 personnes actives de 15 à 24 ans. Toutefois,
une nouvelle de forme de citoyenneté est en pleine gestation notamment
dans les quartiers périphériques et en zone rurale, quand les jeunes prennent
en charge les problèmes d’inondations ou encore organisent la distribution
du foncier et gèrent des champs collectifs. Le forte dynamique associative et
l’engouement pour les TIC sont autant d’atouts qui favorisent l’accès à la
culture universelle, aux fruits de la modernité ainsi qu’une forte connectivité et
des relations horizontales au sein de la même génération.
Ces synergies positives sont toutefois plombées par les crises scolaires
successives qui entament significativement l’accumulation du capital humain
surtout dans les couches défavorisées et réduisent fortement la mobilité
56
sociale. L’ouverture trop marquée vers l’extérieur, le changement de
modèles et références et les logiques de gains immédiats ne sont pas à
exclure dans l’analyse de la recrudescence des pratiques déviantes. A cela,
l’on peut rajouter la passivité face à l’information que les jeunes s’approprient
certes mais sans aucune analyse critique
catégories sociales les mois élevées.
et cela encore plus dans les
Conclusion partielle
Les rapports de pouvoirs entre ces différents acteurs sont organisés autour de
deux types de légitimité : l’une technocratique et l’autre sociale qui entrave
la pleine participation pour des politiques plus structurantes de lutte contre la
pauvreté.
La prise ne compte du jeu des acteurs devient pour mieux comprendre
l’origine de la pauvreté ainsi que la façon dont les groupes sociaux
s’organisent pour y faire face. La comparaison entre les objectifs prioritaires
de la phase du DSRP (2003-2006) et le résultat de l’enquête sur le suivi de la
pauvreté au Sénégal (2005-2006) témoigne nettement d’un certain
décalage entre les aspirations et stratégies des acteurs et les politiques
publiques.
V/ Les dynamiques de changements
Face à la crise, les acteurs dans leur diversité s’ajustent en mettant en œuvre
des stratégies.
La migration
La migration est l’une de ces réponses qui a mobilisé un nombre
considérable d’actifs à la fois dans les zones rurales et au sein des populations
socialisées dans les villes. Les migrations internationales se sont généralisées
tous profils confondus. Les estimations de 2006 mentionnent entre 2 à 2.5
millions sénégalais. La migration a cessé d’être relativement sélective car les
profils se sont diversifiés. Ce ne sont plus seulement les réseaux migratoires qui
entretiennent la migration, mais en plus les familles et les groupes sociaux de
57
toutes sortes s’impliquent pour organiser le départ et mettre les candidats au
départ dans des conditions psychologiques, relationnelles et matérielles. La
nouveauté réside effectivement dans la manière dont les risques liés au
départ en migration ont été socialisés. Les analystes ont évoqué les suicides
collectifs : 800 morts sur 3000 tentatives de rallier l’Espagne à partir des côtes
sénégalaises16.
En dépit des conditions de travail et de vie insécures dans les pays d’accueil,
les migrants comptent énormément pour les ménages sénégalais. En milieu
rural, sur de nombreuses décennies de crise agricole, ce sont les revenus non
agricoles constitués principalement des flux financiers des migrants qui ont
arbitré la survie des petits agriculteurs. Des villes comme Ourossogui, Louga,
Touba entre entres doivent leur rang de cités au taux d’urbanisation les plus
élevés du Sénégal aux envois de fonds des migrants et à leurs investissements.
Les flux financiers des migrants sont tellement importants qu’ils sont considérés
comme les premiers bailleurs de fonds de leur pays. Il faudra multiplier par
trois l’aide public au développement pour avoir le montant de ces flux en
2008. Par le truchement des technologies de l’information et de la
communication dont on sait combien elles ont un cachet populaire, les
migrants communiquent avec leurs siens au Sénégal et sont assez souvent
sollicités pour toutes sortes de besoins. Ils interviennent de cette façon
quasiment quotidiennement pour donner leur avis, vivre à distance les
événements familiaux, arbitrer les conflits, réguler leurs ménages.
La médiation comme recours
Chaque acteur cherche son ou ses protecteurs car l’anonymat est un facteur
d’exposition aux inégalités et à l’injustice. Les confréries se segmentent : des
entrepreneurs socio-religieux offrent leur intercession, les associations
religieuses initient des modes de protection sociale ; les chefs des branches
confrériques instrumentalisent leurs talibés et l’Etat, ces derniers
instrumentalisent également les religieux. Des entrepreneurs politiques surfent
sur le populisme : le personnel politique se renouvelle en brouillant les repères
élitistes.
16
Les migrations internationales sénégalaises : potentiel financier et changement social, IFRPDSR/FNUAP,
2007.
58
Auto-ajustement des ménages
Les stratégies résidentielles changent. On observe la taudification de
l’habitat, occupation des terrains non aédificandi, recul de l’âge au premier
mariage et au premier emploi : retard de 7 ans 17; taux de divorce : 1/3 des
mariages à Dakar18 ; changement de rôle des femmes de gestionnaires de
l’économie domestique vers pourvoyeuses de ressources du ménage ;
effritement des liens verticaux au profit des solidarités horizontales ; des
aliments pour pauvres émergent : ndambe, aloo-aloo, pain rassis, aliments
bourratifs et déficit nutritionnel, les gargottes supplantent les restaurants, les
repas du soir et le petit déjeuner ne sont plus sur l’agenda des ménages,
chacun se débrouille, les services domestiques sont privatisés : linge, coiffure,
pédicure.
Entreprenariat populaire
La crise libère de l’espace à l’entreprenariat : les acteurs innovent et bricolent
pour survivre ; l’accès au financement et le soutien sous forme d’incubateurs
d’entreprises font défaut aux acteurs populaires. La crise économique érode
les solidarités verticales et les facteurs de vulnérabilité qui font basculer les
couches moyennes dans la précarité et enlève à celles-ci tout potentiel de
soutien aux jeunes. Le capital social étant essentiel dans l’insertion
professionnelle, il ne reste plus aux jeunes que la revitalisation des solidarités
horizontales. C’est sous ce rapport que les stratégies de création de richesses
par les jeunes des secteurs populaires réhabilitent les dynamiques
communautaires et réactivent les liens sociaux.
L’insertion professionnelle des jeunes à partir des stratégies économiques et
culturelles de sortie de crise à des incidences dans la reconnaissance sociale.
Elle se traduit par :
17
2002, Crise, passage à l’âge adulte et devenir de la famille dans les classes moyennes et pauvres à Dakar sous
la direction de Phillipe Antoine et Abdou Salam Fall. (IFAN/IRD.
18
Fatou Binetou Dial, Mariage et divorce à Dakar ; Itinéraires féminins, Editions Karthala et Crepos, 2008.
59
– la prise de rôle dans le vécu communautaire qui fait du jeune un
acteur économique qui compte,
– la prise de position des jeunes qui s’inscrit dans un élan de
cristallisation des aspirations sociales des populations avec les
stratégies culturelles,
– la « démarginalisation » par le transfert du pouvoir de la critique
sociale aux jeunes rappeurs.
L’insertion professionnelle des jeunes, qui se réalise via des occupations
utilitaires à gains immédiats même si c’est peu, est en cause. Le rêve des
enfants ne va pas au-delà de la reproduction des mêmes conditions que
leurs ascendants précarisés. La mobilité sociale devient critique. Les jeunes
veillent sur leurs pairs. Malgré l’érosion des solidarités verticales du fait de la
crise économique et les facteurs de vulnérabilités qui limitent l’horizon du
possible, les jeunes s’engouffrent dans les brèches à coup d’innovations pour
l’affirmation d’une identité propre. Cette identité est faite de flexibilité dans
les arrangements sociaux, de recomposition de certaines valeurs qui fondent
les rapports sociaux et de revendication d’appartenance à une entité propre
faite d’adaptations et de « débrouille ». La forte dynamique interne contre la
faible mobilité vers l’extérieur de la banlieue du fait du jeu des alliances se
traduit par l’attachement au milieu : les gens changent de maison ou de
quartier mais quittent rarement la banlieue. Mais l’entreprenariat populaire
n’est pas sans risque.
Les abus sexuels s’installent au cœur des familles. Cette problématique des
abus sexuels est sous tendue par l’existence de réseaux et de situations socio
économiques qui la favorisent. Les abus sexuels ne sont pas effectifs que
dans les milieux touristiques mais, bien plus souvent, au sein de la population
locale. Le système de coveillance de l’enfant est réalisé par son seul groupe
de pairs. Mais il est parallèlement relayé par un réseau de soutien plus étoffé
notamment par les adolescents et les talibés (liens mixtes forts). Ces liens sont
en revanche plus fréquents avec des acteurs avec lesquels les enfants sont
dans une situation d’évitement, s’ils ne se sentent pas menacés. Autrement
dit, les risques sont élevés dans leurs relations avec les maîtres coraniques,
antiquaires, touristes. La densité relationnelle est observable dans l’espace de
vie de l’enfant dans les quartiers. Les enfants ne sont pas non plus en sécurité
avec les voisins (populations locales), les tuteurs et les parents. Autrement dit,
60
les quartiers sont tout aussi dangereux sinon plus menaçants que les milieux
touristiques.
On observe donc des adultes qui dressent des enfants et abusent de leur rôle.
En effet, la crise identitaire s’accompagne de la stigmatisation qui frappe les
enfants et jeunes des cités urbaines. C’est aussi une situation propice à
l’émergence d’une forme d’exploitation des enfants par le jeu de la
manipulation du pouvoir spirituel. Ce sont des adultes marabouts qui finissent
par transformer leur savoir en une activité économique, conformant leur
pratique spirituelle aux règles du marché. Leur ruse consiste à dresser des
enfants en talibés qui passent leur temps à mendier dans les rues de la ville.
Ainsi la misère devient une position de rente pour une « élite » locale. Le talibé
(disciple-mendiant de l’école coranique) est placé dans un environnement
plein de risques pouvant aller des abus sexuels (risque de plus en plus élevé
d’être infecté par le virus du Sida), aux accidents de la route en passant par
les risques de déviance surtout lorsque celui-ci atteint l’étape de
l’adolescence. Par ailleurs, l’éclatement et la reconfiguration de la famille
combinés aux autres facteurs aggravants de la précarité rendent obsolètes
les barrières érigées à travers les valeurs morales et sociétales proposées par
les objecteurs de conscience. Dés lors que ces valeurs peinent à être
opératoires, la porte reste ouverte aux violences et abus en particulier les
abus sexuels.
Changement du modèle de réussite sociale
Les jeunes renoncent à l’apprentissage normé et aux carrières organisées sur
la durée, la société valorise les exploits et les gains immédiats sans se soucier
des conditions de mobilisation des ressources. Les valeurs de réussite sociale
demeurent inversées car à la place l’apprentissage dans la durée, se
dressent les faiseurs de miracles. En effet, l’école n’est plus vécue comme le
lieu d’affirmation de la créativité des jeunes où la finalité offrirait une vie
meilleure. Cette décrédibilisation du système d’enseignement classique le
rend obsolète. L’accompagnement des enfants pose de nouveaux défis à
travers l’émergence de nouvelles valeurs et figures de réussite sociale. Les
jeunes renoncent au modèle de réussite par les longues études, les carrières
construites dans la durée ou la maîtrise d’un métier par un apprentissage
normé. Ils sont portés aux miracles que sont les jeux de hasard, l’émigration, le
commerce et les rentes de situation ou les réussites spectaculaires par les
sports d’élites (football, basket-ball, lutte) ou par la musique (le showbiz).
61
Alternativement, d’autres résistent et élaborent des stratégies différentielles.
Les contextes d’espace confiné peuvent s’accompagner de quête continue
d’affirmation et de reconnaissance. C’est :
– l’émission d’une parole publique non censurée à travers les
« rappeurs » (chanteurs de rap) en tant que porte voix des
populations,
– le droit à l’expérimentation et à l’innovation des jeunes avec la
création d’espaces de créativité et d’expression culturelle,
– la demande de soutien aux dynamiques associatives et le
développement d’institutions sociales fortes
– le développement de politiques sociales locales,
– le contrôle citoyen effectif sur les affaires de la cité.
Les transformations sociales observées font état d’écarts notoires dans les
rôles sociaux qui indiquent un besoin de médiation autre que celles
habituelles. Pourtant, Il faut noter qu’une dynamique initiative forte portée
par une pluralité d’acteurs, est en pleine gestation (ex : des marabouts
(imams de Guédiawaye) et clergé catholique qui adoptent des positions
avant-gardistes. L’on peut citer également, le processus des assisses
nationales en tant que
dynamique de concertation large autour d’une charte de gouvernance
démocratique ou encore les élections locales comme dynamiques de
changements.
En résumé, un processus de démocratisation avec un intérêt pour des
instruments de régulation et des chartes (ex : charte de l’eau en zone rurale,
plan d’affectation et d’occupation des sols et charte de l’eau ou plan
d’occupation des espaces pastoraux dans d’autres zones.
VI/ le Sénégal et ses voisins
Tenant compte de l’évolution de la situation actuelle et de l’impact de la
politique d’intégration africaine, le Sénégal devrait renforcer son leadership,
cela d’autant plus qu’il a été au premier plan dans la création et l’évolution
des différentes structures sous-régionales (CEDEAO, UEMOA, NEPAD). Les
caractéristiques de la sous-région (en terme d’insécurité, d’instabilité
62
politique, d’interdépendance forte entre Etats avec des ressources
transfrontalières communes et d’incertitudes sur la gouvernance) ne font que
renforcer le rôle prééminent que le Sénégal peut jouer dans la stabilité des
institutions pour le développement sous-régional et régional.
Cependant, de par sa position géographique, les incertitudes dans les
relations avec les voisins restent assez préoccupantes :
- Le risque d’instabilité liée la Casamance reste assez important, appelle
des solutions concertées avec les Etats voisins de la Gambie et de la
-
-
Guinée
De même, des stratégies idoines doivent voir le jour afin d’éviter le
basculement de la Guinée Bissau en un état narco-trafiquant
La gestion des ressources halieutiques avec la Mauritanie commande
une renégociation des accords plus en faveur des pêcheurs pour éviter
les situations de 1989 et éviter des arrangements et autres actes de
corruption entre pêcheurs et gardes cotes.
Quant aux relations avec la Cote d’ivoire, les enjeux relèvent de la
stabilité monétaire régionale, de circulation et de sécurité des biens.
Au niveau des pays membres de l’UEMOA, le Sénégal est l’un des pays les
mieux classés selon cette approche, avec le Togo. Dans une vision ouest
africaine, le Sénégal reste derrière les pays à indice moyen comme le Ghana,
la Mauritanie ou encore la Gambie. Cependant, la progression du Sénégal
est restée constante au cours du temps. En effet, situé à 0,342 en 1975, l’IDH
du Sénégal a atteint 0,499 en 2005, soit une progression relative de 46% sur la
même période. Cependant, la progression annuelle, en termes de
développement humain, reste faible (0,5% par an).
C’est un pays qui est fortement aidé dans le cadre de la coopération
multilatérale comme bilatérale. Il sert souvent de « pays test » pour les
programmes de la banque mondiale et du FMI et de quelques bailleurs
bilatéraux. On peut citer l’initiative Gleaneagles à laquelle le Sénégal est
éligible est une opportunité de taille qui permettra d’engranger des
ressources pour faire face aux changements climatiques et mettre en place
une politique de protection sociale. Plus anciennement, en 2005, le Sénégal
s’est qualifié pour un allégement supplémentaire de la dette au titre de
l'IADM lorsque le Fonds monétaire international (FMI), l'Association
Internationale de Développement (IDA) et le Fonds Africain de
63
Développement (FAD) ont annulé leurs créances, pour un montant d’une
valeur d'environ US $ 1,4 milliard en termes nominaux.
À la suite de ces deux initiatives, la valeur actuelle nette (VAN) de la dette
extérieure publique et publiquement garantie (PPG) a été substantiellement
réduite, passant de 33,1% du PIB à la fin 2005 à environ 18,3% du PIB à la fin
de l’année 2007 (FMI, 2008). Le Sénégal continue de recevoir d'importants
flux d'aide, avec une aide représentant 8,5% du RNB en 2005 (la moyenne
pour l'Afrique sub-saharienne est de 5,5% 19.
Il est évident que les engagements du Sénégal dans le DSRP s’inscrivent dans
les fondements des options partagées sur le plan international de démocratie
et de justice sociale traduites dans les OMD, du plan stratégique de l’Union
africaine, du NEPAD, de la CEDEAO et de l’UEMOA. Pour les autres
organisations spécialisées telles que l’OMVS, l’OMVG et le CILSS qui ont en
charge la réalisation de politiques sectorielles dans les aménagements hydroagricoles, les infrastructures et le transport, il est fortement attendu du Sénégal
de travailler à leur intégration dans des cadres plus élargis. Le Sénégal essaie
d’élargir et de diversifier ses partenaires, marquant ainsi une plus grande
autonomie des Etats dans le choix de leur politique de coopération et de
leurs partenaires dans les domaines économiques, sociaux et culturels. C’est
ainsi que le Sénégal a beaucoup soutenu au cours des dix dernières une
coopération plus poussée avec des pays du Sud relativement avancés
(Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie….) et celui de pays riches qui n’étaient
pas très visibles sur le plan de l’aide (Japon, et Canada).
L’importance de ces apports extérieurs et la volonté politique du Sénégal à
eux seuls ne suffisent pas à briser les inégalités fortes entre les différentes
régions du pays et entre les différents groupes de population ? La
connaissance du phénomène dans son ampleur, sa dynamique et ses
manifestations devrait permettre de mieux comprendre la persistance d’un
tel fléau.
Conclusions et recommandations
En somme, depuis la mise œuvre du DSRP, des reformes considérables ont été
réalisées. Ainsi, sur le plan du suivi, la mise en place d’une liste d’indicateurs
19
World Bank 2007 World Development Indicators: Aid Dependency http://siteresources.worldbank.org/DATASTA
TISTICS/Resources/table6_11.pdf.
64
pour le suivi des grandeurs macro-économico-sociales permet aujourd’hui de
faire l’état des lieux des performances réalisées et éventuellement du gap
par rapport à l’objectif fixé par le Gouvernement. Au niveau budgétaire, les
réformes issues des plans CFAA-CPAR ont conduit à la réalisation du CDMT
(2006-2008) et à la mise en place des CDSMT des ministères dépensiers
(éducation, santé, environnement et justice). La liste des reformes pour le
renforcement du dispositif de mise en œuvre du DSRP n’est pas exhaustive,
mais l’on pourrait y ajouter la mise en place d’un canal d’harmonisation et
d’alignement des partenaires techniques et financiers du Sénégal sur le DSRP
et les autres composantes du processus de développement.
Il est vrai qu’il faut reconnaître la volonté de structurer les interventions
sectorielles et de leur donner une cohérence d’ensemble. Cependant, le
bilan de juillet 2009 comme celui de 2008 révèle des décalages importants
des politiques sectorielles notamment pour le renseignement des indicateurs.
Aussi, dans un contexte où la planification n’est pas le point fort du système
et que la présidence qui concentre le pouvoir ne donne pas des signes
d’adhésion au DRSP, cet instrument reste un levier de mobilisation de
ressources du désendettement dans le cadre de l’initiative PPTE.
Notons aussi qu’en dépit d’une large concertation avec la diversité des
acteurs et des axes stratégiques assez pertinents pour la lutte contre la
pauvreté, la contrainte majeure reste la volonté de faire du DSRP des
stratégies de politiques économiques à part entière. Le cycle
programmatique échappe au contrôle des agendas nationaux, ce sont les
Institutions de Brettons Woods qui décident d’arrêter ou de poursuivre les
politiques. Il apparaît nettement que des difficultés de passer aux réponses
aux actes concrets. Cela se traduit pas une multitude d’actions éparses qui
n’utilisent pas toujours le potentiel des ressources. L’existence d’un cadre
fédérateur ne suffit pas à initier une mutualisation des ressources, la preuve en
est que certains secteurs manquent des ressources alors que d’autres sont
excédentaires.
La rigidité du système pour la lutte contre la pauvreté et la forte dimension
stratégique du document de réduction de la pauvreté, ne favorisent pas
l’absorption, ni l’utilisation optimale des ressources pour les actions sur le
terrain.
65
Toutes ces insuffisances posent la question du ciblage et d’une meilleure
concentration des interventions dans les sens de l’atteinte des objectifs. Pour
cela, le déficit en termes de données sur la dynamique de la pauvreté au
Sénégal, devrait être comblé.
Pour l’heure, au regard du taux actuel de croissance, il faudra attendre 30
ans pour que la pauvreté soit réduite de moitié (Daffé, Diagne 2008).
Cinq ans après la mise en œuvre, une évaluation approfondie des effets sur
la pauvreté n’a pu être réalisée. Les résultats de l’enquête de suivi de la
pauvreté 2007 ne suffisent pas à établir le lien entre l’évolution des indicateurs
de suivi et la croissance ni aux politiques macroéconomiques et sectorielles.
Le Sénégal semble se diriger à nouveau vers de nouveaux programmes
d’ajustement structurel (Diop, 2009) dont les conditions ne seront que plus
dures, l’amélioration de la gestion des ressources nationales attendu en 2000,
ne s’étant pas produite.
Dans un contexte aussi marqué par la crise et la rareté des ressources, les
recommandations s’inscrivent dans le sens de :
-
Mettre l’accent sur la gouvernance par la refondation des institutions
pour des formes de gouvernance plus inclusives. Dans cette
perspective, il faut noter que la force d’un mouvement social qui
émerge avec une volonté de construire la démocratie par le bas
(associations des jeunes, femmes, etc…). L’expression du pluralisme
politique issu des élections locales en influant directement sur l’agenda
local, montre que le renforcement de ce mouvement social est
porteur.
-
Adresser les inégalités structurelles pour éviter des phénomènes
d’accaparement des ressources par les gros investisseurs au détriment
des petits producteurs (accaparement des terres avec la GOANA). Le
ciblage est essentiel afin de distinguer les pauvres chroniques (qui
cumulent plusieurs formes de vulnérabilités, l’insécurité alimentaire, les
positions de marginalité, et la relégation sociale) et la grande masse
des précaires des couches moyennes où on recrute de plus en plus les
nouveaux pauvres.
66
-
Développer plus de prévisibilité par la mise sur pied d’observatoires
permet une visibilité au quotidien et des prévisions stratégiques.
-
Accroître la participation des autres acteurs devant la prépondérance
des acteurs institutionnels dans la lutte contre la pauvreté. Ainsi, en
dépit de la place qui lui est accordée par l’Etat, le secteur privé dont
le rôle est primordial pour l’amélioration de la productivité, n’a été que
faiblement représenté. il conviendrait de penser un appui direct aux
organisations de la société civile et au secteur privé, impliqués dans la
mise en œuvre du DSRP. Cela permettrait que à tous les acteurs de
participer autour de la mobilisation des ressources affectées à la lutte
contre la pauvreté. Cela aura pour effet d’améliorer le cadre
institutionnel des ONG, et de lever les contraintes de compétition
autour de ressources par l’opportunité des plateformes des acteurs
non étatiques à l échelle locale et nationale.
-
Développer des alliances stratégiques entre acteurs non étatiques qui
permettent de passer de l’échelle, de projet pilote, à des actions
intensives et durables de grande envergure, mais également de mettre
en place un dispositif de suivi pour influencer les stratégies et politiques
de lutte contre la pauvreté.
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