Utilisation du MEOPA

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Utilisation du MEOPA
(Mélange Equimolaire Oxygène Protoxyde d’Azote)
En Santé Mentale
Mme Sophie VALERO, IDE, Référente Douleur
Dr D. SARAVANE, Chef de Service – Praticien Hospitalier
E.P.S. de Ville-Evrard – 93330 Neuilly-sur-Marne
1. Définition
Le MEOPA (Mélange équimolaire d’Oxygène et de Protoxyde d’Azote) est un gaz
incolore composé d’un mélange d’O2 pour 50 % et de protoxyde pour 50 % agissant
par inhalation. C’est un mélange anxiolytique qui procure une analgésie de surface.
2. Introduction
Depuis 2002 nous utilisons le protoxyde d’azote pour ses effets sédatifs et
analgésiques pour faciliter la coopération des patients enfants et adultes présentant des
troubles cognitifs ou mentaux initialement opposants aux soins à l’état vigil.
Administré par inhalation le Méopa permet ainsi la prise en charge de la douleur
engendrée par des actes douloureux, suture, pansements soins dentaires, ponctions
veineuses… mais aussi pour les patients en état d’agitation ou très anxieux pour la
réalisation d’ECG, ou lors d’un examen gynécologique.
En l’absence d’une prise en charge adaptée ces patients sont traités sous anesthésie
générale ou subissent les conséquences algiques, infectieuses de l’absence de ce
traitement.
Les patients sont référés dans ce service par les médecins généralistes ou psychiatres
pour échec aux soins à l’état vigil.
Nous prévoyons environ une heure pour la séance de soins, pour la négociation,
l’acceptation et la réalisation du soin.
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3. Condition de réalisation de l’inhalation
Sa délivrance est soumise au préalable à une prescription médicale nominative.
Chez les patients sous Benzodiazepine ou psychotropes il y a un risque de
potentialisation de la sédation il doit être associé avec bénéfice à un anesthésique de
surface EMLA, Lidocaïne et autres anesthésiques locaux.
DEROULEMENT DU SOIN
Préparation : le jeûne n’est pas nécessaire avec le MEOPA.
Le patient reste toujours conscient.
Avant
I.
Expliquer le soin
La réalisation du geste douloureux en décrivant les différentes phases du geste ou de
l’examen
-
Prévenir des sensations pouvant être ressenties :
o Distorsion du son c’est pourquoi il est important de parler doucement
o Les fourmillements des membres inférieurs sont les plus fréquents
o Vertiges et sensation de vide
-
La mise en condition du patient peut-être faite lors d’une première consultation à
distance de la séance de soins
II.
Mettre en confiance
-
Privilégier une approche progressive, mais il est parfois nécessaire chez certains
patients agités de les prémédiquer (sur prescription médicale) avec 1 ampoule
d’hypnovel per-os pour favoriser cette approche
-
Toujours se positionner à la hauteur du patient pour présenter le matériel
Chez l’enfant autiste utiliser une approche ludique : sifflet, manipulation du
masque, ballon puis définir avec l’enfant et l’équipe un thème ludique : chanson,
histoire ; lui tenir la main ou expliquer le déroulement du soin avec des mots adaptés
et en tenant compte du degré de compréhension
-
Réunir toutes les conditions avant de commencer l’inhalation :
matériel
disponible et vérifié.
-
Limiter le nombre de personnes dans la salle.
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Pendant
I. Favoriser, si possible l’auto-administration (au moins au début)
-
Réunir des conditions favorables : installation confortable du patient
-
La présence des infirmiers référents est souvent une aide précieuse pour la prise en
charge comportementale : elle permet une influence positive vis-à-vis des soins,
aide à surmonter l’appréhension et diminue les états d’angoisse
-
Veiller au calme dans lequel se déroule l’inhalation
-
Eviter les bruits (distorsion des sons)
-
Parler lentement d’une façon monocorde
-
Faire participer : sans appliquer le masque de force, il faut négocier et rester
patient. Toutefois, pour les plus petits il arrive parfois que l’on insiste un peu.
II. Réaliser l’acte
-
Faire respirer le MEOPA au patient : masque parfaitement étanche, pendant 3 mn,
le temps est souvent augmenté voire doublé (surtout avec les neuroleptiques)
-
Le choix du débit ne dépend pas du poids du patient mais il est déterminé par la
ventilation spontanée (les enfants respirent souvent par la bouche) le ballon ne doit
jamais être ni collabé, ni trop gonflé.
Dans tous les cas c’est la personne qui administre le gaz qui donne le feu vert pour
débuter le soin.
-
Poursuivre l’inhalation pendant toute la durée du geste ou de l’examen (sauf en
dentaire ou la méthode est un peu différente ; administration réitérée, car le travail
avec un masque bucco-nasal permet de travailler sans … pendant 40 secondes,
c’est suffisant pour réaliser le soin qui sera suivi d’une nouvelle administration de
MEOPA pendant une minute).
-
Vérification de façon permanente : absence de fuite entre le visage et le masque
-
Surveiller la pression de la bouteille et moduler l’apport du gaz si besoin car le
débit doit être adapté à la respiration du patient au cours du soin
-
Communiquer avec le patient, lui parler, le rassurer, le toucher, l’encourager,
l’informer.
-
Induire, une suggestion agréable au patient, le détendre
-
Ne pas dépasser 60 mn d’inhalation en continu.
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La surveillance
Pendant l’administration, la surveillance est essentiellement clinique. Garder un
contact verbal avec le patient permet de repérer la survenue d’une sédation excessive
qui si elle apparaît se dissipe au retrait du masque, et permet de maintenir le niveau de
conscience et une bonne coopération du patient.
Après
Dès le retrait du masque, l’effet se dissipe, le patient récupère son état initial en
quelques minutes.
Il peut prendre son repas normalement, il n’y a pas de temps de jeûne à respecter.
Evaluer si possible la satisfaction du patient, l’inciter à exprimer ce qu’il a ressenti.
Critères de jugement :
¾ Effet antalgique observé
… anxiolyse…
¾ Maniabilité du produit
¾ Acceptation par le patient
¾ Acceptation par l’équipe
Conclusion
Le mélange équimolaire oxygène, protoxyde d’azote représente une alternative à
l’anesthésie générale (essentiellement pour les soins dentaires) pour les patients qui ne
coopèrent pas suffisamment
-
Les séances de soins sans sédation par inhalation peuvent être répétées, car on
remarque une amélioration considérable sur le niveau de coopération et sur l’état
d’anxiété de nos patients.
La qualité du résultat final nécessite l’adhésion du personnel soignant et du soutien
médical.
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Bibliographie
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