Octobre 2012 DANS CETTE ÉDITION : Secteur manufacturier : encore et toujours des défis à surmonter Reprise à saveur canadienne; « Investissez! » : Plus facile à dire qu’à faire…; VMBL Recherche économique Carlos Leitao Économiste en chef 514 350-3000 [email protected] Sébastien Lavoie Économiste en chef adjoint 514 350-2931 [email protected] Marie-Claude Guillotte Économiste 514 350-2925 [email protected] Alexandru Popescu 514 350-2978 [email protected] Abonnement : Martine Bérubé 514 350-3006 [email protected] @vmbleconomie Zoom sur le secteur manufacturier de l’Ontario et du Québec; Des obstacles difficiles à surmonter pour un secteur en reprise. L’Observateur provincial Octobre 2012 Secteur manufacturier : encore et toujours des défis à surmonter L’industrialisation du Canada a facilité son passage d’une économie de production à une économie de services. Ce processus a permis aux Canadiens de s’enrichir et a ainsi façonné la structure de leur consommation. La plupart des économies avancées, partenaires du Canada, ont également subi cette transformation. Puis, l’ouverture des frontières et la levée des barrières tarifaires ont contraint l’industrie manufacturière canadienne à une plus grande compétition internationale. De toute évidence, la mondialisation des marchés a mis l’industrie et ses travailleurs à rude épreuve. Ainsi, le Canada, le Mexique et la Chine ont commencé à se faire compétition dans le commerce avec la plus importante économie mondiale, les ÉtatsUnis. Bien que les produits manufacturés du Canada aient préservé une bonne réputation étant plus sophistiqués et de meilleure qualité comparativement à ceux du Mexique et de la Chine, cela n’a pas empêché les États-Unis d’importer davantage de biens en provenance de la Chine que du Canada à partir de la fin 2008. Canada Mexique Chine Source : United States CENSUS Bureau Depuis le début des années 90, les exportateurs canadiens, dont plus de 50 % sont issus du secteur manufacturier, ont évolué dans un cadre réglementaire et économique en constant changement. Voici certains éléments ayant eu un impact sur la performance générale du secteur manufacturier : Durant la période postérieure à 2000, des capacités excédentaires se sont accumulées en raison des difficultés que l’économie a subies au sud de la frontière, et d’autres facteurs (mentionnés ci-dessus) ayant entraîné la diminution des exportations et brimé la productivité. Pour certaines industries manufacturières telles que les pâtes et papiers et l’imprimerie, l’impact de ces facteurs a causé des changements structurels importants nuisant à leur performance alors que pour d’autres, l’innovation et le développement de connaissances a favorisé l’essor. Le secteur de l’alimentation, des produits chimiques et de la fabrication de machines en sont des exemples. En outre, la prépondérance des ressources au Canada et leur valorisation ont été et demeure favorables au développement des machines spécialisées dans l’extraction minière, pétrolière et gazière. Reprise à saveur canadienne 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 Parts de marché: Proportion des importations américaines (%) Les bouleversements sociaux-économiques de l’industrialisation ont ainsi entraîné le développement et l’expansion de secteurs autres que ceux rattachés à l’industrie manufacturière : au début des années 80, le secteur des services occupait 64 % de l’économie canadienne, alors que depuis 2009, il en occupe 72 %. Actuellement, la part de l’activité manufacturière dans l’économie est de près de 13 % alors qu’elle s’est maintenue entre 16 et 19 % durant les belles années, soit de la mi-1990 à la mi-2000. Depuis le début de la reprise, elle a repris du terrain – 1 point de pourcentage en proportion du PIB – mais il sera difficile d’en reprendre encore plus. En effet, des tendances lourdes pèsent sur le secteur provoquant un ralentissement de la productivité du travail généralisé à partir de 2000. Ces facteurs sont encore présents malgré la reprise, mais il semble que les entreprises s’y sont accoutumées, puisque suite à la récession, le processus de restructuration et d’optimisation du secteur s’est poursuivi et des gains de productivité ont été observés dans plusieurs sous-secteurs (voir tableau page 9). Élimination des barrières tarifaires à la suite de l’implantation de l’Accord de libre-échange avec les États-Unis (ALE) en 1988 et l’ajout du Mexique en 1994 (Alena); Dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain 86 cents US en 1990 à 63 cents en 2002; … Et de retour à la parité en 2011; Éclatement de la bulle technologique en 2000; Accélération du changement technologique; Augmentation des importations de biens non durables en provenance de l’Asie; Événements du 11 septembre 2001 qui ont poussé les coûts du commerce transfrontalier à la hausse; Boom des ressources naturelles au niveau mondial qui a contribué à propulser le dollar canadien à parité avec le dollar américain; Récession mondiale 2008-2009, suivie d’une reprise très lente. Le secteur manufacturier se remet de façon surprenante de la dépression qu’il a subie à la suite de la récession 2008-2009 : sa production réelle se situe à un peu plus de 10 % de ce qu’elle était en 2005, une année où le secteur avait bien performé. Rappelons que la première moitié de la décennie 2000 a été marquée par une bonne performance du secteur manufacturier notamment en raison de la faiblesse du dollar canadien par rapport au billet vert et l’élimination intégrale, à partir du 1er janvier 2003, de presque tous les tarifs s’étant appliqués au commerce des produits d’origine entre le Canada et le Mexique. Plus précisément, la forte reprise dans certains sous-secteurs manufacturiers depuis le creux observé à la mi-2009 résulte entre autres de deux facteurs. Le premier étant la reprise rapide de l’économie domestique en écho à une récession beaucoup moins sévère au Canada qu’aux États-Unis. Le deuxième étant la montée du prix des matières premières, d’un côté les métaux destinés au marché asiatique et de l’autre les cours du pétrole brut, en raison des tensions géopolitiques dans les pays du Moyen-Orient et de l’augmentation de la demande mondiale. Ainsi, la bonne tenue de l’économie domestique, mais également la force persistante de la devise canadienne, aurait incité les manufacturiers à se tourner vers le marché canadien. 2 L’Observateur provincial Octobre 2012 Source : Statistique Canada, VMBL Recherche économique Secteur manufacturier Métallurgie Matériel de transport 110 Aliments Machines 100 90 80 70 2012 2011 2010 2009 2008 2007 60 2006 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 2011 2010 2009 2008 2007 2006 Fabrication de produits du pétrole et du charbon Métallurgie* Fabrication de produits chimiques *Première transformation des métaux et fabrication de produits métalliques. Source : Statistique Canada, VMBL Recherche économique PIB du secteur manufacturier et des principaux sous-secteurs (base 100 de l'indice : 2000-2006) 120 Sous-secteurs ayant attiré le plus d'investissements directs étrangers au Canada (en milliards de $CAN) 2005 Néanmoins, malgré la reprise entamée dans l’industrie manufacturière, elle n’est pas généralisée. Les sous-secteurs ayant le plus contribué à la reprise sont la fabrication de machines et la fabrication d’équipements de transport. Le premier ayant même dépassé son sommet observé avant la récession en raison de la forte performance des investissements dans les secteurs de la construction, minier, pétrolier et gazier. Quant au secteur des transports, il a pu compter sur le fort rebond de l’industrie automobile et plus récemment sur une plus forte demande en Amérique du Nord. La métallurgie, englobant la première transformation de métaux et la fabrication de produits métalliques, a aussi repris du poil de la bête. Enfin, bien qu’il n’ait pas contribué significativement à la reprise, il est intéressant de souligner la bonne performance, et surtout stable, du secteur de la fabrication d’aliments, un secteur qu’on oublie souvent de mentionner, dû à sa nature moins cyclique. Il est le seul à ne pas avoir enregistré de repli durant la dernière récession. À environ 220 000 travailleurs, c’est le sous-secteur manufacturier le plus important. Il a récolté le cinquième des gains d’emplois depuis le début de la reprise, soit la mi-2009, comme quoi des gains constants de productivité sont bénéfiques. 2004 Source : Statistique Canada Il n’est donc pas surprenant de constater que malgré l’augmentation de la production, cela ne s’est pas encore traduit pas une augmentation nette significative du nombre de travailleurs chez les sous-secteurs ayant le plus contribué à la reprise. Par exemple, les fabricants de machines ont bénéficié entre autres de l’essor de l’extraction des ressources naturelles et des investissements étrangers. Leur production s’est donc accrue, même au-delà de ce qu’elle était durant la période 2000 à 2006, mais l’emploi n’a pas suivi la même tangente. Par contre, il faut voir cela d’un autre œil; d’importants gains de productivité se sont créés. En fait, la faible croissance de l’emploi est essentiellement le résultat des progrès technologiques et de l’automatisation des procédés à travers le temps. 2003 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 35 2002 Ontario 2001 Québec 2000 Canada 1999 40 2012 45 2011 2006 50 2010 55 100 95 90 85 80 75 70 65 Aliments Machines 2009 60 Secteur manufacturier Métallurgie Matériel de transport 2008 Intensité des exportations dans le secteur manufacturier (%) 65 Emploi du secteur manufacturier et des principaux sous-secteurs (base 100 de l'indice : 2000-2006) 2007 De ce fait, une plus grande partie des ventes manufacturières est demeurée en territoire canadien. En effet, les exportations exprimées en pourcentage des ventes manufacturières, soit l’intensité des exportations, ont diminué au Canada par rapport à 2008 : elles se maintiennent à 50 % actuellement. Également, la reprise d’activité manufacturière s’observe par une plus grande utilisation des capacités de production, soit une utilisation plus efficace des ressources en place; à 81,3 % au premier trimestre de 2012 de la production potentielle estimée en fonction notamment des dépenses en immobilisations et réparations. Plus précisément, les championnes sont les entreprises canadiennes produisant des machines et celles produisant des matériaux liés au transport, elles utilisent leurs capacités à des taux frôlant les records, leur production réelle par rapport à leur stock de capital étant élevé. Source : Statistique Canada, VMBL Recherche écoonomique 3 L’Observateur provincial Octobre 2012 Portrait de la situation financières des entreprises dans le secteur manufacturier Taux d'utilisation de la capacité industrielle Secteur manufacturier Matériel de transport* Machines* Ratio de liquidité relative Ratio des emprunts aux capitaux propres Marge bénéficiaire % (droite) 1,1 1,0 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 0,9 0,8 0,7 0,6 « Investissez! » : Plus facile à dire qu’à faire… Maintenant que la reprise se solidifie dans le secteur manufacturier, des nuages gris se pointent à l’horizon. Les perspectives de croissance économique autant en Amérique du Nord qu’ailleurs ont été révisées à la baisse cet été par la plupart des prévisionnistes. La montée des incertitudes a même entraîné les prix du pétrole à la baisse au début de l’été. Chez nous, cela se traduira sans doute par une diminution des dépenses en capital en 2013 pour l’industrie pétrolière et gazière. Une contraction à ce niveau pourrait mettre un frein à la reprise du secteur manufacturier, cela n’est pas souhaitable, mais le contexte actuel peut amener les entreprises à redoubler de prudence dans leur décision d’investissement. Il demeure que « couper » à ce niveau peut nuire à la compétitivité… Sachant qu’il existe une relation positive très forte entre les investissements en machines et équipements et la productivité du travail et que selon les recherches effectuées, les entreprises qui s’ouvrent vers de nouveaux marchés jouissent de meilleurs rendements au niveau de la productivité et que la productivité crée de la richesse, alors pourquoi s’en passer. En misant sur les moteurs clés de la croissance de la productivité, l’investissement, l’innovation et la formation de la main-d’œuvre, les entreprises augmentent leur chance d’en « avoir plus pour leur argent ». Des entreprises plus compétitives sont avant tout plus productives et miser sur la réduction des coûts de main-d'œuvre pour accroître la compétitivité n’est pas nécessairement l’unique voie à emprunter. Malgré la hausse des salaires en Chine ces dernières années, les fabricants canadiens n’arriveront jamais à concurrencer les Chinois sur la seule base des coûts de production Ainsi, pour s’assurer que le rebond cyclique se poursuive, il faut que les manufacturiers investissent dans de nouvelles technologies et ainsi contenir la hausse des coûts unitaires de production. Cela devrait aider à accroître leur compétitivité. Par conséquent, ils rejoindront de nouveaux marchés plus facilement et pourront jouir en retour d’une croissance de leur productivité. Il suffit de mettre le doigt dans l’engrenage pour que tout s’enchaîne. 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 *Sous-secteurs ayant le plus contribué à la hausse du taux d'utilisation de la capacité industrielle. Source : Statistique Canada 0,5 2000 1989 1991 1992 1993 1994 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2006 2007 2008 2009 2011 2012 % 95 90 85 80 75 70 65 60 55 50 Source : Statistique Canada, VMBL Recherche économique Zoom sur le secteur manufacturier de l’Ontario et du Québec Avant de passer aux obstacles qui pourraient freiner l’élan du secteur manufacturier canadien à long terme, il est intéressant de se pencher plus en détail sur la performance de l’industrie au sein des deux plus grandes provinces. En 2011, le secteur manufacturier en Ontario a produit 47 % des biens fabriqués au Canada alors que le Québec en a produit 26 %. L’importance relative de l’industrie dans l’économie réelle en Ontario et au Québec est sensiblement la même, soit de 15-16 % en 2011, en recul par rapport à 23 % dix ans auparavant. Cependant, les fabricants ontariens se concentrent essentiellement dans le secteur de l’automobile qui a durement été touché par la dernière récession alors qu’au Québec ils sont plus dispersés (aérospatial, transformation alimentaire, métallurgie). Répartition provinciale de l'industrie manufacturière en 2011 (%) PIB Emploi Ontario 47.3 45.2 Québec 25.9 27.7 Alberta 9.9 8.0 Colombie-Britanique 8.5 9.3 Manitoba 2.9 3.7 Saskatchewan 1.8 1.5 Nouv eau-Brunswick 1.6 1.8 Nouv elle-Écosse 1.6 1.9 Terre-Neuv e-et-Labrador 0.5 0.6 Île-du-Prince-Édouard 0.2 0.3 Source : Stastique C anada, VM BL R echerche économ ique Et, dans l’ensemble, la situation financière des entreprises canadiennes, très similaire à ce qu’elle était durant la période 20002006, devrait favoriser l’accroissement des dépenses en capital. Elles ont de plus en plus de liquidités pour couvrir leurs engagements à court terme. Leur marge bénéficiaire est encore relativement élevée, même après avoir reculé récemment. Enfin, leur endettement continue de s’améliorer. 4 L’Observateur provincial Octobre 2012 Conséquemment, le secteur manufacturier en Ontario a chuté de 28 % du sommet au creux, alors qu’il s’est contracté deux fois moins au Québec, surtout que le secteur de l’alimentation, relativement important dans la belle province, n’a pas reculé durant la récession comme mentionné ci-dessus. Ainsi, il n’est pas étonnant que la reprise ait été plus forte en Ontario qu’au Québec. Emploi et PIB du secteur manufacturier en Ontario (base 100 de l'indice : 2000-2006) 110 105 100 95 90 85 80 75 70 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 Emploi PIB En ce qui concerne le secteur de l’automobile, son volume de production de véhicules et de pièces a presque doublé depuis le creux observé à la mi-2009. Pour les six premiers mois de l’année, sa production est en hausse de 16 % par rapport à la même période en 2011, elle a rejoint un rythme de 2,5 millions d’unités, soit un niveau comparable à la moyenne de la période 1991 à 2005. Même si les ventes, excluant les importations, comblent environ 50 à 60 % de la production, leur croissance a sans doute stimulé la production. En effet, depuis le début de l’année les ventes de véhicules légers performent très bien en Amérique du Nord : en hausse de plus de 7 % au Canada et 10 % aux États-Unis. Les consommateurs au sud de la frontière ont accru leurs achats de véhicules neufs après avoir mis sur la glace leur projet le temps que leur situation budgétaire se redresse. En 2011, l’emploi s’est également redressé (lentement, mais sûrement!), favorisant les ventes de véhicules. Une bonne partie de la hausse provient aussi des entreprises américaines qui ont renouvelé leur flotte de véhicules. Il n’y a pas que le redressement de l’emploi qui a favorisé les ventes, mais bien la diminution des taux d’intérêt consentis sur les prêts à l’achat et les rabais des manufacturiers octroyés aux consommateurs. Source : Statistique Canada, VMBL Recherche économique 10 Emploi et PIB du secteur manufacturier au Québec (base 100 de l'indice : 2000-2006) 110 105 9 8 Emploi PIB 100 7 95 6 90 85 Vente de camions légers Le secteur de la fabrication de matériel de transport, surtout le soussecteur des automobiles et pièces a fortement contribué à l’essor du l’industrie manufacturière au pays depuis le début de la reprise; près de la moitié de la croissance de 12 % entre le creux de la mi-2009 et mai 2012, soit les dernières données disponibles. Cette industrie est la plus importante en termes de PIB et regroupe deux sous-secteurs majeurs : l’automobile et l’aérospatial. Le premier se situe environ à 80 % du niveau de production moyen enregistré avant la récession. Le deuxième, ne s’étant pas replié autant durant la récession, est à 90 % de son sommet de 2008. 90 85 2,6 80 2,1 75 1,6 70 1,1 65 Production de voitures et camions légers (en millions d'unités) Intensité des exportations (%, droite) 60 55 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 0,1 Sources : Autonews, Statistique Canada, VMBL Recherche Économique 2011 2009 2008 2006 2005 2003 2002 2000 1999 1997 1996 1994 1993 1991 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 2012 Source : Bureau of Economic Analysis Source : Statistique Canada, VMBL Recherche économique Nombre de véhicules automobiles produits au Canada 1990 4 75 0,6 Vente d'automobiles 5 80 3,1 Ventes de véhicules légers aux États-Unis (en millions d'unités désaisonnalisées et annualisées) Au Canada, les véhicules sont demeurés abordables en 2012 en raison des nombreux rabais octroyés et aux prêts sans intérêt des fabricants. Les prix de véhicules neufs sont encore presque 10 % plus faibles qu’avant la récession. Ainsi, l’abordabilité de même que la situation économique s’améliorant ont propulsé les ventes qui pourraient dépasser les niveaux records en 2012. Cette poussée des achats provient davantage des entreprises canadiennes dont les investissements en voitures et en camions ont rebondi durant la moitié de l’année après avoir reculé à partir de juin 2011. Cependant, dans les prochaines années, il sera difficile de retrouver (et de maintenir) les niveaux de production observés avant la récession. D’abord, l’assemblage de véhicules légers et la fabrication de pièces requièrent des coûts de production parmi les plus élevés du secteur manufacturier. Cette industrie se heurte à une pression continuelle sur les coûts en vue d’accroître ou de maintenir sa compétitivité. C’est pourquoi, les usines d’assemblage des grands constructeurs automobiles sont installées à proximité de leur marché, les coûts de transport et l’exposition au risque de taux change se trouvent grandement réduits. Malheureusement, dans cette lutte à la compétitivité, le Canada se retrouve souvent perdant au détriment du Mexique et des États-Unis. Les constructeurs japonais et allemands préfèrent installer leurs plans d’assemblage dans ces pays où les coûts de production sont moindres. 5 L’Observateur provincial Octobre 2012 De plus, même les constructeurs américains, Ford, General Motors et Chrysler (aussi surnommés les Big Three) sont confrontés à des coûts de production plus élevés au Canada. En effet, les coûts unitaires de main-d'œuvre au nord de la frontière lorsque exprimés en dollar américain sont largement plus élevés au Canada. Coûts unitaires de main-d'oeuvre (base 100 de l'indice : 2002) Canada États-Unis Canada en devise É.-U. (droite) 150 130 110 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2012 Source : Statistique Canada, Bureau of Labor Statistics 1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 Total États-Unis Source : Statistique Canada Autres pays (droite) Autre situation qui pèsera sur la production en Amérique du Nord à plus long terme est le vieillissement de la population, faisant en sorte que la consommation de véhicules per capita diminuera. Elle a d’ailleurs commencé à se contracter aux États-Unis. D’autre part, non seulement, on observe une réduction du nombre de détenteurs de permis chez nos voisins du sud, mais la possession d’un permis de conduire semble être un besoin de moins en moins nécessaire. France Canada Consommation de véhicules automobiles aux É.-U. % des 19 ans et moins détenant un permis de conduire Nombre d'automobiles* par personne (droite) 0,9 58 56 54 52 50 48 46 44 42 0,8 0,7 0,6 2008 2005 2002 1999 1996 1993 1990 1987 1984 0,5 1981 2 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 95 85 75 65 55 45 35 25 Exportations de véhicules automobiles et pièces provenant de l'Ontario (en milliards de dollars) Italie Royaume-Uni *Ratio de dépendance des personnes âgées correspondant au nombre de personnes de 65 ans et plus divisé par le nombre de personnes de 15 à 24 ans. Source : Nations Unies 1966 Ford par exemple, a indiqué que le coût horaire total d'un de ses employés, incluant les avantages sociaux, était de 79 $ l'heure au Canada, comparativement à 64 $ l'heure aux États-Unis. Ce n’est donc pas surprenant qu’une usine d’assemblage ait été fermée l’an dernier dans la région de London en Ontario. Les salaires des travailleurs canadiens sont constamment mis sous pression. Le syndicat représentant les trois constructeurs américains a tout récemment renouvelé son contrat avec Ford pour quatre ans incluant un salaire horaire plus faible pour les nouveaux employés, mais qui rejoindra le salaire maximal actuel après 10 ans de service. Ainsi, cela favorise l’embauche de nouveaux travailleurs pour remplacer les départs à la retraite, réduisant par le fait même les coûts pour Ford, ne serait-ce que temporairement. Japon Allemagne 1978 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 90 1975 170 Vieillissement de la population dans les pays du G-7* 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 1972 190 1969 210 Les données les plus récentes indiquent que 44 % des jeunes âgés de 19 ans et moins détenaient un permis de conduire en 2010, des proportions considérablement plus faibles qu’il y a 30 ans, étant jadis 58 %. Des tendances similaires seraient observées dans les autres pays industrialisés où le transport en commun gagne également en popularité. Par ailleurs au Japon, le nombre d’acheteurs potentiels diminue d’un point de pourcentage par année. *Nombre total de véhicules et camions légers divisé par la population. Sources : Federal Highway Administration, U.S. Census Bureau, VMBL Recherche économique Évidemment, la population mondiale continuera de croître, mais moins rapidement dans les pays industrialisés. Et les fabricants automobiles préféreront se rapprocher des acheteurs potentiels, ce qui ne sera pas à l’avantage de l’industrie canadienne. Enfin, les enjeux environnementaux étant de plus en plus préoccupants, les constructeurs développent de plus en plus de modèles de voitures et de camions légers, hybrides et électriques. Pour attirer les usines d’assemblage de ce type de modèle au Canada, il faut que les pièces nécessaires soient accessibles et produites au Canada. Sur ce front, l’industrie semble être en mesure de s’adapter, puisque certains modèles comme la Lexus RX (version hybride et électrique) de Toyota et la Volt de Chevrolet seront (ou sont déjà) assemblés en Ontario. En somme, autant que l’un des plus gros enjeux du Québec, le vieillissement de sa population, représente un défi colossal pour l’ensemble de l’économie et la croissance potentielle à long terme, l’Ontario n’y échappera pas. L’augmentation de la proportion de personnes âgées dans la population en Amérique du Nord, jumelée à la baisse de popularité de posséder un véhicule, représentent des risques pouvant freiner l’expansion du secteur automobile ontarien à long terme. 6 L’Observateur provincial Octobre 2012 12 10 8 Exportations de produits aérospatiaux et autres provenant du Québec (en milliards de dollars) Total États-Unis Autre pays 6 4 2 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 0 Source : Statistique Canada Alors que les perspectives sont plus grises à long terme pour le secteur clé de l’Ontario, le Québec jouit d’une meilleure répartition de l’activité manufacturière. Le sous-secteur le plus important, la métallurgie, produit actuellement 17 % du total des biens manufacturés. Malgré cela, il regroupe un peu moins du tiers de la production métallurgique canadienne. Or, le Québec se spécialise davantage dans la fabrication de produits aérospatiaux et de leurs pièces : 60 % de la production canadienne est concentrée dans la belle province. Au sein de son secteur manufacturier, l’industrie aérospatiale occupe environ 10 %. La croissance de la production dans le secteur aérospatial a été plus faible ces dernières années. Bien que la valeur des exportations n’ait pas retrouvé les sommets du début des années 2000, ce qu’il faut retenir est qu’elle observe une tendance à la hausse vers les pays autres que les États-Unis. En fait, le Québec exporte autant de produits de l’aérospatial aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde. Dans un avenir rapproché, la demande en provenance des pays en développement de même que la reprise s’accentuant au sud de la frontière devraient stimuler les commandes et productions d’avions, de moteurs et de pièces. En effet, les déplacements par avion gagnent en popularité au sein de la population chinoise de plus en plus riche. Toutefois, il ne faut pas passer sous le silence l’impact négatif qu’aura la réduction du budget américain alloué aux dépenses militaires. Ainsi, à court terme, les perspectives demeurent faiblement positives. La croissance économique mondiale au ralenti limitera l’accroissement du trafic aérien. Toutefois, à plus long terme, le développement de moteurs moins énergivores devrait favoriser l’industrie québécoise. Effectivement, face à une hausse de coûts de carburant, le recours au transport aérien est moins populaire auprès des entreprises. Or, le développement de moteurs et de pièces possédant une meilleure efficacité énergétique pourra soutenir l’industrie. Au Québec, le développement et la mise en valeur de tels produits sont fortement encouragés de sorte que les entreprises québécoises se positionnent très bien face à la concurrence mondiale. Des obstacles difficiles à surmonter pour un secteur en reprise Alors que les perspectives sont teintées de positivisme pour le secteur manufacturier au Québec particulièrement en raison d’une bonne diversification, il en est autrement pour l’Ontario. Certes, il y a encore place à l’amélioration à court terme et le secteur manufacturier canadien devrait continuer de récupérer dans les prochaines années, mais le tout s’effectuera à un rythme modéré. Il reste qu’il est soumis aux mêmes défis qu’avant la récession en de partenaires commerciaux affichant une croissance économique moins vigoureuse. Comme pour la plupart des pays industrialisés, il sera difficile d’empêcher que le déclin du secteur manufacturier se poursuive à long terme au Canada. De sorte que dorénavant la production manufacturière ne devrait plus dépasser le septième de l’économie canadienne totale. Conséquemment, il est difficile d’envisager que l’activité manufacturière et l’emploi en proportion du niveau national rejoignent les sommets de la décennie mi-1990 à mi2000. 28 26 24 22 20 18 16 14 12 10 Production manufacturière en proportion du PIB total (%) Canada Moyenne des économies avancées* 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Entre temps, ce secteur devrait continuer à nourrir la croissance économique de la province qui sera plus forte que celle du Québec en 2012, 2 % comparativement à 0,9 %, et sensiblement la même en 2013 (1,9 %). *La moyenne des économies avancées correspond à celle des pays membres de l'OCDE en 1973. . Source : United Nations National Accounts Database, VMBL Rech. économique Tel qu’illustré précédemment, la situation financière des entreprises manufacturières reste favorable à la hausse des investissements et à des gains de productivité qui en découleront. La période prolongée de taux bas et le dollar canadien à parité avec le dollar américain devraient également favoriser le tout. Mais il demeure que 50 % des ventes des entreprises manufacturières sont exportées et la faiblesse des exportations dans le cycle actuel de reprise est marquante. Les perspectives de croissance économique sont modestes autant pour l’économie domestique (2 %) que pour l’ensemble des pays avec lesquels les fabricants font du commerce. Au sud, l’économie devrait difficilement croître au-delà des 3 % par année à l’avenir, même que la reprise économique actuelle est très lente comparativement aux phases de reprise ayant suivi les quatre dernières récessions. En plus, les ÉtatsUnis se sont dotés de plusieurs accords de libre-échange avec d’autres partenaires accroissant ainsi la compétition des produits canadiens. 7 L’Observateur provincial Octobre 2012 Évolution de la reprise aux États-Unis Écart entre les niveaux de croissance avant et après les quatre dernières récessions Crise financière de 2008-2009 Bref, bien que l’industrie manufacturière prenne du mieux, il ne faut pas croire qu’elle se soit débarrassée de son virus. En fait, à long terme, elle continuera de faire face aux mêmes défis qu’elle vivait avant la récession. La concentration des exportations vers les pays à croissance économique modeste (85 % des exportations) ou même en récession est un obstacle difficile à surmonter, mais il peut être contourné en développant de nouveaux marchés. Des progrès ont été faits sur ce plan : les exportations vers l’Asie et le Vieux Continent ont gagné en importance ces dernières années et un accord de libre échange est sur le point d’être conclu avec l’Europe. Prévisions Trimestres avant Trimestres après la récession la récession 8 10 12 14 16 18 20 22 Sources : Bureau of Economic Analysis, VMBL Recherche économique Importations de véhicules aux États-Unis (en millions d'unités) Croissance économique des principaux pays partenaires du Canada (%) 2012 2011 2010 2009 2007 Mexique 2006 2004 2003 2002 2001 2005 Canada 0,025 2008 0,225 Source : Bureau of Economic Analysis En juillet dernier, le déficit commercial s’est creusé à 2,3 milliards de dollars au Canada, essentiellement le fruit d’une réduction des exportations à destination des États-Unis. Bien que ce soit surtout la demande pour les produits énergétiques canadiens et un prix payé aux producteurs de l’Ouest moindre, qui a mené à une telle détérioration de la balance commerciale, son pire niveau en deux ans, c’est un signe clair que la force du dollar canadien et le ralentissement de la croissance mondiale posent des sérieux maux de tête aux exportateurs canadiens dont une part importante est issue du secteur manufacturier. Toutefois, il faut souligner que la force du dollar n’est pas entièrement liée au prix des ressources que le Canada exporte. Or, jeter le blâme sur le secteur pétrolier albertain serait inapproprié en ces temps incertains, où les investisseurs sont en quête d’actifs de bonne qualité. En fait, la dette canadienne, assortie d’une note parfaite AAA, gagne en popularité et contribue à renforcer le huard. De ce fait, la force du dollar n’est plus nécessairement le reflet des cours du pétrole brut élevés. Elle continue néanmoins à exercer des pressions sur la compétitivité relative du secteur manufacturier et de ses produits. Chine 0,425 85% des exportations Inde 0,625 Korée 0,825 Taux moyen de croissance entre 2000 et 2011 8% des exportations Hong Kong 12 10 8 6 4 2 0 1,025 Brésil 1,225 Mexique 1,425 R.-U. 6 É.-U. 4 Norvège 2 Belgique 0 Pays-Bas 2 France 4 Allemagne 6 Japon 8 Italie 190 180 170 160 150 140 130 120 110 100 90 Dans leurs efforts de balancer les livres, ils pourraient même être tentés de hausser le taux d’imposition des entreprises, plus faible qu’aux ÉtatsUnis, ainsi l’écart favorable du Canada et de ses provinces pourrait bien se resserrer surtout si le parti républicain passe au pouvoir chez nos voisins du sud. Note: Les données concernent les parts des exportations enregistrées en 2011. Sources : Perspectives de l'économie mondiale du FMI, Industrie Can., VMBL Rech. économique En terminant, la fabrication est un secteur indispensable à l’économie qu’il faut empêcher de se détériorer; les salaires sont plus élevés du tiers que la moyenne des autres secteurs de l’économie et contribuent ainsi à renforcer la classe moyenne. Les défis liés à la compétitivité et le manque de diversification des marchés d’exportations seront vraisemblablement les principaux problèmes limitant l’expansion des exportations canadiennes à moyen terme. Sans oublier, le repêchage et la rétention d’une main-d'œuvre qualifiée qui dans une économie où la population est vieillissante et que le secteur manufacturier a moins bonne réputation, représente tout un défi. Marie-Claude Guillotte Économiste Un autre obstacle à venir est le mode restrictif dans lequel les gouvernements se trouvent, visant l’atteinte du déficit zéro. Ils pourraient réduire leur aide financière et ne pas prolonger les programmes mis en place durant la récession. Par exemple, le Fonds d’innovation pour le secteur de l’automobile présenté dans le budget de 2008, visant à accorder 250 millions de $ sur cinq ans aux entreprises qui valorisaient la R et D pour le développement de véhicules moins énergivores, était une belle initiative, mais pourrait ne pas être prolongé au-delà de 2012. 8 L’Observateur provincial Octobre 2012 Productivité du travail Canada 1991-99 2000-06 2007-09T2 États-Unis 2009T3-12T2 1991-99 2000-06 2007-09T2 2009T3-12T2 Var. trimestrielle moyenne (% ) Aliments 0,4 0,6 0,8 0,1 0,3 0,4 -0,2 0,2 Produits en bois 0,7 0,9 -0,3 1,6 0,3 0,5 -0,5 1,8 Produits chimiques 1,1 0,6 -0,6 0,2 0,7 1,0 -0,9 0,5 Produits en caoutchouc et en plastique 1,8 0,3 -0,4 1,5 0,9 0,7 -1,1 1,6 Métallurgie1 1,3 0,7 -0,6 1,1 0,8 0,4 -1,2 2,2 Machines 0,8 0,3 0,1 2,2 0,7 0,9 -1,3 2,2 S.O. Prod. aérospatiaux et autres prod. de transp.2 0,9 1,0 1,0 1,1 S.O. S.O. S.O. Véhicules automobiles -0,2 -0,2 -0,2 -0,1 1,5 1,4 1,2 0,9 Secteur manufacturier 1,1 1,1 1,0 1,0 1,3 1,3 1,3 1,3 Inclut la première transformation des métaux et fabrication de produits métalliques. 2Ex clut la fabrication de matériel férrov iaire roulant. Note: Productiv ité = PIB réel par employ é. 1 Sources : Statistique Canada, Bureau of Labor Statistics (BLS), Federal Reserv e Board (FRB), VMBL Recherche économique Intensité des exportations1 1992-99 2000-06 2007-09 Investissement en M&E (milliards de dollars) 20010-11 2012* 1992-99 2000-06 2007-09 2010-11 Moyennes annuelles Aliments 19,6 25,8 24,5 25,8 26,1 1,7 1,8 2,1 2,4 Produits en bois 64,8 57,8 46,8 45,1 46,5 1,1 1,2 0,8 0,6 Produits chimiques 42,5 51,9 66,0 65,0 63,9 1,7 1,5 1,6 1,8 43,0 43,4 61,0 59,9 46,8 2,4 2,4 2,4 1,0 Métallurgie 2 Machines 73,2 80,6 82,7 72,4 70,1 0,5 0,6 0,7 0,7 Prod. aérospatiaux et autres prod. de transp.3 83,6 79,3 73,8 77,0 61,4 S.O. S.O. S.O. S.O. Véhicules automobiles 64,4 68,2 64,5 63,8 73,5 S.O. S.O. S.O. S.O. Secteur manufacturier 52,9 53,8 50,8 49,0 49,6 17,2 18,0 19,1 17,0 1 Ex portations des principaux produits de l'industrie div isées par les v entes totales de l'industrie. 2Inclut première transformation des métaux et fabrication de produits métalliques. 3Inclut produits aérospatiaux et pièces, matériel ferrov iaire roulant, construction de nav ires et embarcations, autre matériel de transport. *Cumul de l'année. Source : Statistique Canada, VMBL Rech. économique 9 L’Observateur provincial Octobre 2012 Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. 2001 2002 1,8 1,6 -1,1 3,2 1,7 1,5 1,8 0,8 -1,0 1,7 0,6 2,9 15,6 4,8 4,0 4,5 2,4 3,1 1,6 -0,4 2,2 3,6 Croissance du PIB réel au Canada et dans les provinces 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011p 1,9 5,8 2,1 1,4 2,8 1,2 1,4 1,4 4,6 3,2 2,3 3,1 -1,2 2,6 0,9 2,8 2,7 2,6 2,2 5,1 5,3 3,6 3,0 2,2 1,1 1,1 1,2 1,8 2,8 2,6 3,1 4,5 4,7 2,8 3,0 4,0 0,6 2,4 1,8 2,4 3,4 -1,6 5,8 4,1 2,2 9,2 1,8 1,6 1,1 2,7 2,0 2,7 3,6 1,7 3,0 0,7 -0,4 0,7 2,7 0,6 1,3 -0,6 3,8 4,6 0,9 0,7 -2,8 -9,0 0,2 0,0 -0,4 -0,7 -3,2 -0,3 -3,8 -4,5 -2,1 2012 2013 3,2 6,1 2,6 1,9 3,1 2,5 3,0 2,4 4,0 3,3 3,0 2,4 2,8 1,1 0,3 0,1 1,7 2,0 1,1 4,8 5,2 2,9 2,0 1,0 1,5 1,9 1,3 1,0 2,0 2,1 3,0 3,2 2,3 2,0 3,8 1,7 2,5 1,5 1,7 1,9 2,2 2,7 3,0 2,1 2001 Taux de chômage au Canada et dans les provinces (%) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 7,3 15,9 12,0 9,8 11,1 8,8 6,4 5,1 5,8 4,7 7,8 7,7 16,5 11,8 9,6 10,1 8,7 7,1 5,1 5,7 5,3 8,5 8,0 14,3 11,3 9,3 9,3 7,9 8,7 5,4 5,2 6,5 7,6 7,5 12,6 11,4 8,8 9,6 7,7 7,8 5,4 5,0 5,5 7,5 7,3 12,8 11,9 8,9 9,9 7,9 7,9 5,3 4,8 4,8 6,9 7,2 12,5 12,0 8,2 9,9 7,6 7,8 5,3 4,7 4,8 6,7 Croissance de l'emploi au Canada et dans les provinces (%) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 1,5 2,7 1,8 0,0 -1,2 1,0 1,8 0,7 0,3 3,8 0,8 1,0 1,5 0,5 1,0 0,1 0,4 0,7 0,9 2,0 2,7 1,5 1,0 1,0 0,3 1,8 0,3 0,9 0,8 0,8 1,4 1,7 1,2 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. 7,6 16,5 10,9 9,1 10,2 9,2 6,9 5,0 5,7 5,1 8,1 7,2 15,6 11,2 8,8 9,7 8,5 6,8 5,3 5,3 4,7 7,1 6,8 15,1 11,0 8,4 9,7 8,2 6,6 4,7 5,1 4,0 5,8 6,3 14,7 11,1 7,9 8,7 8,0 6,3 4,4 4,7 3,4 4,7 6,1 13,5 10,3 8,0 7,6 7,2 6,4 4,5 4,2 3,6 4,3 6,2 13,3 10,7 7,6 8,5 7,3 6,6 4,1 4,1 3,6 4,7 8,3 15,6 12,0 9,1 8,8 8,5 9,0 5,3 4,8 6,6 7,7 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique 2001 Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. 1,2 2,9 1,3 0,9 -0,3 1,1 1,8 0,3 -2,6 2,9 -0,6 2,4 1,5 1,8 1,8 3,6 3,6 1,8 2,6 2,1 2,8 1,7 2,4 1,8 1,9 2,1 -0,1 1,5 3,0 0,6 1,6 3,4 2,3 1,7 1,1 0,7 2,2 1,9 1,6 1,6 1,3 1,0 2,7 1,8 1,3 -0,3 2,0 0,1 -0,6 0,8 1,0 0,4 0,3 2,7 2,9 1,8 0,7 0,6 -0,1 1,0 1,1 1,2 1,2 1,7 5,0 2,6 2,4 0,7 0,8 1,6 1,9 2,4 1,8 1,7 2,4 3,8 3,5 1,7 1,0 1,2 0,9 0,6 1,2 1,5 1,7 1,7 3,1 2,0 -1,6 -2,9 -1,4 -0,1 0,2 -0,8 -2,4 0,0 1,3 -1,3 -2,1 1,4 3,5 3,1 0,2 -0,9 1,8 1,6 1,9 0,9 -0,4 1,7 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique 10 L’Observateur provincial Octobre 2012 2001 Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. Croissance des ventes au détail au Canada et dans les provinces 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 5,6 4,6 5,3 4,5 5,0 6,2 5,4 5,7 3,4 6,0 5,4 4,1 5,1 5,6 3,5 4,8 2,9 3,6 4,3 7,5 6,9 3,1 2,9 4,2 4,1 0,3 0,5 1,3 2,1 2,2 7,2 7,4 3,1 3,4 3,0 2,5 3,6 3,0 4,0 2,5 3,5 4,0 4,5 3,3 2001 Mises en chantier au Canada et dans les provinces (en milliers) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 163,0 1,6 0,6 4,0 4,0 27,5 73,7 2,9 2,4 29,1 17,2 205,2 2,4 0,7 5,0 4,0 42,2 83,7 3,7 2,9 39,0 21,5 4,4 9,3 4,0 3,6 3,0 4,2 2,5 5,8 4,4 8,9 5,9 6,3 4,0 3,4 6,1 3,9 6,1 5,9 7,0 7,6 9,0 6,3 3,6 6,1 1,0 1,8 0,5 4,5 3,4 3,6 5,0 4,4 2,7 4,6 0,4 0,2 2,9 1,8 4,2 3,0 6,6 3,9 10,3 6,3 5,6 1,1 2,7 2,2 4,7 5,1 4,8 5,9 5,4 11,9 4,6 6,4 3,2 6,0 5,8 6,2 4,9 4,0 4,1 7,0 15,4 7,6 5,9 8,6 7,4 4,3 6,2 4,5 3,8 8,9 13,6 9,9 7,1 3,7 7,4 5,1 4,1 6,5 4,9 3,9 6,9 11,7 0,2 1,5 -2,9 1,6 -1,3 0,1 0,8 -1,1 -2,5 -0,4 -0,5 -8,3 -4,4 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. 218,6 2,5 0,8 5,1 5,0 50,3 84,7 4,2 3,3 36,4 26,4 233,1 2,9 0,9 4,6 3,8 58,3 85,2 4,4 3,8 36,3 33,0 225,0 2,5 0,9 4,8 3,9 51,4 78,3 4,7 3,3 40,7 34,4 228,2 2,3 0,7 4,9 4,0 47,6 74,4 5,1 3,6 49,0 36,5 228,7 2,6 0,7 4,7 4,4 49,0 67,8 5,7 5,9 48,4 39,5 211,6 3,2 0,7 4,1 4,4 48,0 75,5 5,5 6,9 29,3 34,2 148,2 3,0 0,9 3,4 3,5 43,9 49,8 4,0 3,8 20,0 16,0 191,3 4,1 0,8 4,4 4,5 51,0 60,8 6,1 6,1 26,9 26,7 193,3 3,5 1,0 4,7 3,2 48,2 67,8 5,9 7,2 25,5 26,4 208,9 3,5 0,9 3,9 2,7 44,7 79,2 7,2 8,5 30,7 27,2 182,5 3,4 0,8 3,8 2,5 40,0 61,8 6,4 8,6 31,7 23,0 Inflation au Canada et dans les provinces (%) 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 1,8 2,4 1,8 2,2 2,1 1,3 2,4 0,8 1,3 1,0 1,4 3,0 3,4 2,9 3,8 3,5 3,0 3,1 2,9 2,8 2,4 2,3 1,7 2,3 1,9 2,1 2,0 2,2 1,6 1,7 1,9 1,2 1,5 1,8 2,1 1,5 2,2 1,8 1,8 1,9 1,9 2,2 2,3 1,1 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique Canada T.-N.-L. Î.-P.-É N.-É. N.-B. Québec Ontario Manitoba Sask. Alberta C.-B. 2001 2002 2,5 1,1 2,6 1,9 1,7 2,4 3,1 2,7 3,1 2,3 1,7 2,3 2,4 2,7 3,0 3,4 2,0 2,0 1,5 2,8 3,4 2,3 2,8 2,9 3,5 3,4 3,4 2,5 2,7 1,8 2,3 4,4 2,2 1,9 1,8 2,2 1,8 1,4 1,9 1,9 1,9 2,2 1,4 2,0 2,2 2,6 3,2 2,8 2,4 2,3 2,2 2,7 2,2 2,1 2,0 2,0 1,8 2,2 2,1 1,7 1,7 1,8 1,9 2,0 3,9 1,7 2,1 1,4 1,8 1,9 1,9 1,6 1,8 2,1 2,9 4,9 1,7 2,4 2,9 3,4 3,0 1,7 2,1 2,3 2,2 3,2 3,2 2,1 0,3 0,3 -0,1 -0,1 0,3 0,6 0,4 0,6 1,1 -0,1 0,0 Source : Statistique Canada; Prévisions - VMBL Recherche économique 11 L’Observateur provincial Octobre 2012 Québec Variation trimestrielle annualisée en % (sauf indication contraire) e 2011T4 2012T1 2012T2 2012T3 2012T4 2013T1 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 0,8 0,6 0,7 2,9 2,5 1,9 2,5 1,7 1,0 1,7 2,0 1,2 1,7 3,9 -6,5 7,5 -12,5 5,9 0,2 11,1 4,4 0,0 11,7 8,0 13,5 -0,6 1,2 -13,2 -4,8 1,2 4,0 2,0 5,0 -3,5 1,7 5,0 3,0 2,1 6,4 3,0 8,0 2,0 2,1 4,5 3,5 1,8 8,4 5,0 10,0 -1,5 2,0 5,0 3,5 2,0 4,0 4,0 4,0 -2,0 1,0 2,5 2,5 3,3 5,9 2,0 7,8 12,9 3,7 0,8 5,3 2,0 10,2 7,9 11,4 1,5 0,4 2,1 4,0 1,6 4,8 4,8 4,8 -0,7 0,7 1,5 1,5 1,8 5,1 3,9 5,6 -3,6 1,3 3,3 2,8 3,7 10,1 1,5 14,5 11,3 3,4 -0,1 5,0 1,6 5,7 9,1 4,1 -1,5 -1,4 3,0 2,8 1,3 7,6 4,5 9,1 -0,9 1,8 0,0 1,2 3,0 1,6 8,1 -3,8 48 2,7 1,9 8,2 -0,1 42 2,1 2,1 7,8 5,8 52 2,0 2,3 7,7 0,5 45 2,0 2,0 7,7 0,2 40 1,8 1,8 7,7 0,6 44 1,3 0,6 7,9 1,8 51 3,0 1,5 7,7 1,0 48 2,2 2,1 7,9 0,4 45 1,8 1,9 7,6 0,9 40 1,4 0,7 2,3 - 3,0 1,6 -0,5 - 2,0 2,0 1,6 - PIB réel (%) Consommation Investissement des entreprises Bâtiments non résidentiels Machines et materiel Construction résidentielle Dépenses gouvernementales Exportations Importations Inflation (%) IPC global (1) IPC ex. aliments et énergie (1) Taux de chômage (%)* Emploi Mises en chantier (milliers) e 4 trim./4 trim. Moyennes annuelles * taux moy en de la période; ** av ant impôts; (1) v ariation annuelle Prévisions en date du 21 septembre 2012 Ontario Variation trimestrielle annualisée en % (sauf indication contraire) e 2011T4 2012T1 2012T2 2012T3 2012T4 2013T1 e 4 trim./4 trim. Moyennes annuelles 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 PIB réel (%) 2,6 2,2 1,4 1,5 1,8 2,2 3,0 2,1 2,0 1,9 2,7 2,2 1,7 Consommation Investissement des entreprises Bâtiments non résidentiels Machines et materiel Construction résidentielle Dépenses gouvernementales Exportations Importations Inflation (%) IPC global (1) IPC ex. aliments et énergie (1) Taux de chômage (%)* Emploi Mises en chantier (milliers) 0,3 -2,0 12,3 -5,3 5,6 -4,0 3,3 -1,9 2,4 3,9 -3,5 5,9 12,7 -1,3 11,6 13,9 1,7 7,0 3,0 8,0 3,0 -0,6 4,0 3,5 1,9 5,6 4,0 6,0 -2,0 -0,3 4,2 3,5 2,1 5,7 4,5 6,0 -5,0 0,5 5,0 4,0 2,0 4,8 4,0 5,0 -6,0 1,3 5,5 4,0 3,6 11,0 -1,6 15,2 8,3 5,5 7,5 13,3 2,3 15,8 5,6 18,7 5,2 -1,0 1,7 2,4 1,6 4,7 4,4 4,8 7,4 -1,8 5,6 4,3 2,0 5,2 4,0 5,5 -5,0 0,3 5,1 3,9 3,5 23,8 -6,8 34,9 -0,2 3,5 3,3 5,7 1,1 8,9 11,8 8,1 11,7 -3,3 2,5 2,0 2,0 5,5 1,9 6,5 2,0 -0,4 6,1 6,1 2,4 1,6 7,9 -0,7 67 2,5 1,7 7,7 1,4 78 1,5 1,6 7,8 1,0 83 1,3 1,7 7,9 0,4 81 1,3 1,6 8,0 0,8 75 1,6 1,7 8,0 0,9 67 2,4 2,0 8,6 1,6 61 3,1 2,0 7,8 1,8 68 1,6 1,7 7,9 0,7 79 1,9 1,9 7,8 0,8 62 3,2 2,5 1,8 - 2,4 1,6 1,3 - 1,3 1,6 0,9 - * taux moy en de la période; ** av ant impôts; (1) v ariation annuelle Prévisions en date du 21 septembre 2012 12