20 JUIN 2015-Séance Académique MC _Maggie De Block Séance académique « Innovons ensemble » - Marc Justaert Samedi 20 juin 2015, 16h, Square Brussels Meeting Center, Mont des Arts, 1000 Bruxelles -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Mesdames et messieurs, Voici venu mon tour de vous souhaiter la bienvenue à cette séance académique dédiée à l’avenir des mutualités. Nous ne pouvons pas l’ignorer : le rôle des mutualités est en pleine évolution. De caisses de paiement administratives essentiellement, elles se muent de plus en plus en centres de services aux membres, mais aussi en partenaires de la politique. Les mutualités disposent en effet d’une énorme expertise concernant notre assurance maladie complexe et elles coréfléchissent à la promotion de la santé et à l’accompagnement du patient. En tant que ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, je souhaite poursuivre dans cette voie dans les années à venir. Mon objectif n’est certainement pas de déclencher une révolution, mais de renforcer intelligemment ces nouveaux rôles des mutualités, dans l’intérêt de nos patients et de la santé publique. Une réforme peut être durable uniquement si elle est alimentée et soutenue par les acteurs concernés. C’est pourquoi, au début du mois prochain, je lancerai les négociations avec les mutualités pour dégager un pacte pluriannuel solide de manière concertée. Quelles en seront les lignes principales? 1) Une modernisation plus poussée du rôle des mutualités Comme indiqué, leur rôle de prestataire de services envers les membres et les patients deviendra de plus en plus important. Les mutualités sont proches de leurs membres et sont, de ce fait, correctement positionnées pour améliorer leur health literacy. Et ceci n’est rien de moins que l’un des objectifs de l’accord de gouvernement. Une meilleure connaissance de la santé et de notre système de soins de santé permet aux patients de mieux exploiter les informations relatives à la maladie et la santé, de trouver plus aisément les soins adéquats, de poser les bonnes questions, … De cette manière, les gens prennent en main les décisions concernant leur propre santé. La MC est assurément un précurseur dans ce domaine. L’idée de faire des mutualités des « mutualités de santé », misant fortement sur la prévention et la promotion de la santé, provient par exemple de cette maison. La MC fait également 1 20 JUIN 2015-Séance Académique MC _Maggie De Block intervenir des conseillers pour accompagner activement ses membres et les aiguiller au sein de notre assurance maladie complexe. Et les membres en incapacité de travail peuvent compter, via certains départements de la MC, sur un accompagnement par des paramédicaux, une approche multidisciplinaire innovante que je reprends dans mon plan de réintégration pour les patients en incapacité de travail. Ce sont là à chaque fois de beaux exemples de la manière dont une mutualité peut jouer un rôle actif dans notre paysage de soins. 2) Une transparence renforcée Dans tous les secteurs, on constate aujourd’hui un appel à la bonne gouvernance, également dans le secteur des mutualités. Et ce souhait s’accompagne d’une demande croissante de justification et de transparence : la population veut savoir comment les institutions sont organisées, gérées et administrées. Au début du mois, nous avons fait un premier pas important dans cette voie : bientôt, les mutualités devront déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale. Cette règle est inscrite dans la loi portant des dispositions diverses qui a été approuvée le 5 juin en Conseil des ministres. Un groupe de travail va maintenant développer ce principe. Naturellement, la transparence, ce n’est pas uniquement une question de comptes annuels. Dans le cadre du débat sur la bonne gouvernance, nous devrons certainement aborder plusieurs thèmes difficiles et sensibles. Par exemple, il faut avoir suffisamment de garanties pour que la concertation, la prise de décision et la mise en œuvre de l’assurance maladie soient organisées de manière à éviter les conflits d’intérêts éventuels. C’est aussi inscrit dans l’accord de gouvernement. Dans cette optique, nous devons aussi oser aborder sous un angle critique la combinaison des différents rôles que les mutualités jouent dans l’assurance maladie. Les mutualités ne sont pas seulement un défenseur des intérêts des membres, elles sont aussi un cogestionnaire et un contrôleur de l’assurance maladie. Et parfois, elles assument aussi un rôle direct ou indirect dans l’exécution de l’assurance maladie et dans l’offre de soins. Je souhaite inviter la MC, en tant que leader du marché, à avancer elle-même des propositions concrètes pour cette matière complexe et sensible. 2 20 JUIN 2015-Séance Académique MC _Maggie De Block 3) Une efficacité accrue Le troisième défi provient du contexte budgétaire. Il est vrai que nous devons faire des économies avec le gouvernement actuel, mais cela ne nous empêche pas de définir pour nos soins de santé un trajet de croissance de 1,5 % au-delà de l’inflation. Nous continuons donc à investir dans ce secteur, dans l’intérêt du patient. D’autre part, nos soins de santé n’évoluent pas dans un vide économique. Nous voulons donc affecter nos ressources le plus efficacement possible, notamment en réformant de façon intelligente, en simplifiant quand c’est possible et en combattant le gaspillage. Nous demandons aux mutualités un effort par rapport aux frais de gestion. Des analyses internationales montrent que leurs frais administratifs ne sont pas forcément plus élevés qu’à l’étranger, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de marge d’amélioration. Où se trouve cette marge ? - En simplifiant et en uniformisant les processus, nous pouvons réduire la charge administrative. Pour les patients et les prestataires de soins, mais aussi pour les mutualités et les autorités. L’informatisation et la numérisation peuvent nous y aider. - Les mutualités peuvent également affecter plus efficacement leurs moyens, en collaborant davantage. Cela peut se traduire par des shared services structurels, songeons par exemple aux plates-formes ICT, mais aussi par des synergies occasionnelles, par exemple pour les campagnes de prévention communes. - Enfin, j’ai l’intention de récompenser les mutualités qui travaillent efficacement. Actuellement, 10 % des moyens de fonctionnement totaux des mutualités – ce que l’on appelle la partie variable – sont alloués sur la base des performances, et cette part doit augmenter à terme. Je veux veiller de la sorte à ce que le « fonctionnement efficace » devienne un automatisme. Mesdames, messieurs, On m’a demandé de ne pas trop parler de votre président sortant. J’ai repoussé longtemps ce moment, mais il est grand temps maintenant de lui adresser quelques mots, car les 10 minutes dont je dispose sont bientôt écoulées. 3 20 JUIN 2015-Séance Académique MC _Maggie De Block En Marc Justaert, nous saluons aujourd’hui un immense capitaine des soins de santé et de l’assurance maladie en Belgique. Durant toute sa carrière, il a jeté des ponts entre tous les acteurs de nos soins de santé – un métier qu’il a appris en tant que chef de cabinet du « plombier », le défunt Jean-Luc Dehaene. Il a réconcilié patients, prestataires de soins, établissements de soins, mutualités et autorités. Quelle que soit sa casquette, qu’il soit président de la MC, président du Collège intermutualiste national ou membre de la Medicomut, son engagement social a toujours primé dans chacun de ses rôles. Récemment, la presse le classait en deuxième position des personnes les plus influentes dans le domaine des soins de santé, après la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique. Mais, tout comme moi, Marc Justaert n’aime pas parler de pouvoir. Je le connaissais depuis longtemps, mais depuis que je suis devenue ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, j’ai appris à connaître votre président sortant comme une personne qui accorde beaucoup d’importance à la concertation. Ces derniers mois, j’ai eu en face de moi quelqu’un de très ouvert. Quelqu’un qui réfléchit de manière critique mais constructive à l’avenir de nos soins de santé, et qui ne perd jamais de vue l’intérêt du patient. Quelqu’un qui attache une grande importance aux evidence-based practices. La meilleure preuve de son attitude pluraliste est peut-être le fait que moi, ministre libérale, je sois aujourd’hui invitée pour son départ en tant que président de la MC. Madame et messieurs, Avec vous, je dis aujourd’hui au revoir à Marc Justaert comme président de la MC. Et je profite de cette occasion pour souhaiter beaucoup de succès à Luc Van Gorp, son successeur. Mais je ne dis pas adieu à Marc Justaert. Comme vous le savez, il deviendra bientôt le président de Welzijnszorg, une asbl qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion en Flandre et à Bruxelles. C’est dans ce cadre qu’il continuera à s’engager pour notre société. Mais, mesdames et messieurs, j’ai encore une primeur à vous annoncer : Marc Justaert restera actif dans les soins de santé dans les prochaines années… Mais non, il ne viendra pas travailler dans mon cabinet. Marc Justaert deviendra bientôt le nouveau président du Conseil général de l’INAMI. Il succèdera ainsi à Edouard Descampe, qui a dirigé avec brio cette assemblée ces 10 dernières années. 4 20 JUIN 2015-Séance Académique MC _Maggie De Block Marc, je suis extrêmement contente que tu souhaites assumer ce rôle. Et je suis convaincue qu’avec ton expérience et ton expertise, tu joueras encore un rôle important pour l’avenir de nos soins de santé. Je vous remercie pour votre attention ! 5