2LP0401B0121 B-4 MARDI 2LP0401B0121 ZALLCALL 67 20:06:26 01/20/03 B B4 LA PRESSE MO NTRÉAL MARDI 2 1 JANV IER 2 003 JEUX VIDÉO Hommage à St-Hubert ou plagiat de son logo? TRISTAN PÉLOQUIN Le coq du jeu vidéo Splinter Cell, créé dans les studios d’Ubi Soft à Montréal: entre St-Hubert et St-Ubi... Entièrement créé dans les studios montréalais d’Ubi Soft, le jeu vidéo Splinter Cell, mettant en vedette un agent secret inspiré d’un livre de Tom Clancy, a créé un certain émoi dans les bureaux administratifs des Rôtisseries St-Hubert... et ce n’est pas parce que les employés y jouaient pendant les heures de bureau. La surprise de St-Hubert vient plutôt d’un dessin fortement inspiré de son propre logo, qu’on retrouve sur une camionnette qui vient sauver le héros à la fin d’une mission quelque peu violente. « Nous avons tellement fait livrer de St-Hubert pendant que nous programmions le jeu, que nous avons voulu le souligner à notre manière. C’est un peu une sorte d’hommage aux livreurs qui nous ont servis des centaines de fois », explique Antoine Dodens, programmeur en chef du jeu. Selon lui, des tonnes de joueurs ont écrit à Ubi Soft pour dire à quel point ils étaient contents de voir un clin d’oeil typiquement québécois dans un jeu vendu un peu partout dans le monde. N’empêche, malgré la publicité gratuite, St-Hubert n’a pas apprécié le geste, que ses administrateurs jugent parfaitement déplacé. « Comme nous sommes une entreprise à vocation familiale, nous faisons énormément d’efforts pour nous dissocier de toute violence. Nous trouvons donc très regrettable qu’Ubi Soft n’ait jamais demandé notre permission avant d’utiliser notre logo », commente Solange Heiss, porte-parole de l’entreprise. Même si le célèbre coq à crête rouge dessiné par les graphistes d’Ubi Soft n’est pas tout à fait identique à celui de St-Hubert (il porte notamment une cravate plutôt qu’un noeud papillon et n’a pas les mêmes yeux), la ressemblance est telle que personne ne peut s’y méprendre. Pour Nathalie Chalifour, avocate spécialisée en droit d’auteur et du divertissement, cette similitude porte un grave préjudice à l’entreprise. « Je n’en reviens tout simplement pas qu’Ubi Soft ait fait une chose semblable, commente-t-elle. Ce n’est rien de moins qu’une atteinte à l’image corporative de l’entreprise. » En conséquence, croit l’avocate, St-Hubert pourrait exiger une part des profits du jeu en dommage et intérêts, ou encore déposer une demande en injonction pour faire retirer le jeu du marché. Au Royaume-Uni, une histoire semblable impliquant British Telecom vient de forcer Sony PlayStation à modifier sa superproduction The Getaway. Le jeu raconte l’histoire de Mark Hammond, un homme tout juste sorti de prison pour vol à main armée qui, par une manoeuvre de la pègre londonienne, devient le principal suspect du meurtre de sa femme. Cherchant par tous les moyens à trouver des preuves de son innocence, le héros tente, au cours d’une scène, d’échapper à la police en volant un camion de British Telecom et en revêtant l’uniforme de son employé, avant de se livrer à un véritable massacre dans les rues de Londres. Ici au Québec, St-Hubert n’a pas l’intention d’aller aussi loin. « Notre comité de direction s’est penché sur la possibilité d’intenter un recours, mais nous avons écarté cette idée, dit Solange Heiss. Nous espérons seulement qu’à l’avenir, Ubi Soft demandera la permission avant d’utiliser notre logo. » 3106447 3104116 3110387 Aucune permission n’a été demandée au préalable et, à la demande de British Telecom, Sony aurait accepté de retirer cette scène du jeu, une mesure coûteuse mais plus avantageuse qu’un long et pénible procès.