CHAPITRE 1. ALGÈBRE 9 Chapitre 1 Algèbre 1.1 Exercice 1 Question de cours : Donner une condition nécessaire et susante pour qu'une suite réelle décroissante soit convergente. Soit n un entier de N∗ et Mn la matrice de ⎛ 1 1 ⎜1 0 ⎜ ⎜ Mn = ⎜ ⎜0 1 ⎜. . .. ⎝ .. 0 ... Mn (R) dénie par : ⎞ ... ... 1 . . . . . . 0⎟ ⎟ ⎟ .. . 0⎟ ⎟ .⎟ .. .. . . .. ⎠ 0 1 0 1. (a) Montrer que le réel λ est valeur propre de Mn si et seulement si le polynôme Pn (X) = X n − X n−1 − X n−2 − · · · − 1 admet λ comme racine. (b) Déterminer alors le sous-espace propre associé à λ. 2. (a) Montrer que pour tout entier k supérieur ou égal à 2, le polynôme Pk admet une unique racine dans l'intervalle ]1, +∞[, racine notée ak . (b) Établir la convergence de la suite (ak )k2 . (c) Déterminer sa limite 3. (a) Montrer que pour tout entier p de N∗ , le polynôme P2p admet une unique racine dans ] − ∞, 0[, racine notée bp . (b) Établir la décroissance, puis la convergence de la suite (bp )p1 . Déterminer sa limite . (c) Déterminer un équivalent simple de bp − . 4. (a) Déterminer les valeurs de n de N∗ pour lesquelles la matrice Mn est diagonalisable dans Mn (R). (b) Déterminer les valeurs de n de N∗ pour lesquelles la matrice Mn est diagonalisable dans Mn (C). 10 Réussir l'oral d'entrée à HEC-Mathématiques Corrigé ⎛ ⎞ x1 ⎜ x2 ⎟ ⎜ ⎟ 1. (a) Soit λ une valeur propre de Mn et V = ⎜ . ⎟ un vecteur propre associé. ⎝ .. ⎠ xn La relation Mn V = λV entraîne alors les systèmes suivants : ⎧ n ⎪ ⎨ x = λx i 1 i=1 ⎪ ⎩ xi−1 = λxi (2 i n) ⎧ n ⎪ ⎨ x = λx i 1 ⇒ ⎪ ⎩ i=1 n−i xi = λ xn (1 i n) ⎧ n ⎪ ⎨ n−i λ xn = λn xn ⇒ ⎪ ⎩ i=1 n−i xi = λ xn (1 i n) Ce dernier système admet des solutions si et seulement si l'équation : n λ − (1 + λ + · · · + λn−1 ) xn = 0 est vériée. Comme V est vecteur propre, il est non nul et on a donc nécessairement xn = 0. En eet, si xn était nul, les équations précédentes fourniraient x1 = x2 = · · · = xn = 0, ce qui est donc impossible. Finalement, si le système Mn V = λV possède des solutions non nulles alors Pn (λ) = 0. Réciproquement supposons que Pn (λ) = 0, nous avons donc : λn − λn−1 − λn−2 − · · · − 1 = 0 Au regard des coecients de la matrice Mn si l'on pose : ⎡ n−1 ⎤ λ ⎢ λn−2 ⎥ ⎢ ⎥ X=⎢ . ⎥ ⎣ .. ⎦ 1 colonne non nulle puisque son dernier élément vaut 1, nous constatons que : ⎡ n−1 ⎤ ⎡ ⎤ λn λ + λn−2 + · · · + 1 ⎢ ⎥ ⎢ λn−1 ⎥ λn−1 ⎥ ⎢ n−2 ⎥ ⎢ n−2 ⎢ ⎥ ⎢ λ ⎥ λ Mn X = ⎢ ⎥=⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ .. ⎥ .. ⎣ ⎣ ⎦ . . ⎦ λ λ CHAPITRE 1. ALGÈBRE 11 et puisque Pn (λ) = 0 ⎡ ⎢ ⎢ ⎢ Mn X = ⎢ ⎢ ⎣ ⎤ λn λn−1 λn−2 .. . ⎡ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥ = λ⎢ ⎢ ⎥ ⎣ ⎦ λ λn−1 λn−2 λn−3 .. . ⎤ ⎥ ⎥ ⎥ ⎥ ⎥ ⎦ 1 En conclusion Mn X = λX et X est donc un vecteur propre de Mn de valeur propre associée λ. (b) On constate alors que le sous-espace propre associé à la valeur propre λ est la droite vectorielle engendrée par le vecteur Vλ , où : ⎛ ⎞ λn−1 ⎜λn−2 ⎟ ⎜ ⎟ ⎟ ⎜ Vλ = ⎜ ... ⎟ ⎟ ⎜ ⎝ λ ⎠ 1 2. (a) Pour chercher les racines de Pk , on remarque que : Pk (X) = X k − k−1 Xj j=0 donc, en utilisant la classique identité remarquable (X − 1)( k−1 Xj = Xk − 1 j=0 on obtient : (X − 1)Pk (X) = X k+1 − X k − (X k − 1) = X k+1 − 2X k + 1 = Qk (X) Comme X − 1 ne possède pas de racine sur l'intervalle ]1, +∞[, chercher les racines de Pk sur l'intervalle considéré revient à chercher celle de Qk . On étudie donc ce polynôme sur cet intervalle. Sa dérivée est : Qk (X) = (k + 1)X k − 2kX k−1 soit Qk = X k−1 ((k + 1)X − 2k) 2k , valeur qui, comme k est supérieur ou égal k+1 à 2, est bien strictement plus grande que 1. On obtient donc le tableau de variation suivant : Cette dérivée s'annule en 12 Réussir l'oral d'entrée à HEC-Mathématiques x 2k k+1 1 Qk (x) − 0 +∞ + +∞ 0 Qk (x) −m où m est un réel strictement positif. 2k ] tandis k + 1 2k , +∞ que le théorème de la bijection appliqué à Qk sur l'intervalle k+1 2k permet d'armer qu'il existe un unique réel ak de ] , +∞[ tel que k+1 Qk (ak ) = 0 et donc tel que Pk (ak ) = 0. 2k On constate de plus que, d'une part < 2 et que d'autre part, k+1 Qk (2) = 1 est strictement positif. Le théorème de la bijection permet alors, en revenant aux antécédents, d'armer que que ak est strictement inférieur à 2. On a donc même plus précisément le tableau suivant : La fonction Qk reste strictement négative sur l'intervalle ]1, x 2k k+1 1 Qk (x) − 0 1 2 +∞ + +∞ 0 Qk (x) 0 1 −m Ceci permet d'aner l'étude de ak : 1 < ak < 2. (b) La suite (ak ) étant bornée, on étudie son éventuelle monotonie an de montrer sa convergence. Pour cela, on s'intéresse à l'expression Qk+1 (X) − Qk (X). On a successivement : Qk+1 (X) − Qk (X) = [X k+2 − 2X k+1 + 1] − [X k+1 − 2X k + 1] Qk+1 (X) − Qk (X) = X k+2 − 3X k+1 + 2X k = X k (X − 1)(X − 2) Comme Qk+1 (ak+1 ) = 0, en évaluant cette dernière égalité en ak+1 , on obtient : −Qk (ak+1 ) = akk+1 (ak+1 − 1)(ak+1 − 2) Or, on vient de voir que le réel ak était strictement compris entre 1 et 2. CHAPITRE 1. ALGÈBRE 13 Cela, combiné à la dernière égalité obtenue, permet d'armer que, pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 2, Qk (ak+1 ) est strictement positif, c'est-à-dire que l'on a l'inégalité Qk (ak+1 ) > Qk (ak ) Comme, sur l'intervalle considéré, la fonction Qk est une bijection strictement croissante, on en déduit en revenant aux antécédents que, pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 2, on a : ak < ak+1 Ainsi, la suite (ak )k2 est croissante et majorée, elle est donc convergente. (c) On sait que la suite (ak )k2 est convergente et que sa limite appartient à [1, 2]. La relation Qk (ak ) = 0 donne ak+1 − 2akk + 1 = 0, soit encore : k ∀k 2 akk (ak − 2) = −1 Comme, pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 2, ak est strictement positif, on peut écrire cette dernière égalité sous la forme : ∀k 2 ek ln(ak ) (ak − 2) = −1 Si appartenait à ]1, 2[, on obtiendrait, par continuité lim ek ln(ak ) = +∞ k→+∞ et donc lim ek ln(ak ) (ak − 2) = −∞ k→+∞ Or ek ln(ak ) (ak − 2) = −1, donc ek ln(ak ) (ak − 2) ne peut pas tendre vers −∞. Reste donc comme possibilités = 1 ou = 2. Or la suite est croissante et a2 , qui est la solution positive de l'équation X 2 − X − 1, est strictement plus grand que 1. Le passage à la limite dans l'inégalité a2 ak prouve donc que la valeur = 1 est impossible. Conclusion : = 2. 3. (a) On procède comme précédemment : (X − 1)P2p (X) = X 2p+1 − 2X 2p + 1 d'où, en posant Q2p (X) = X 2p+1 − 2X 2p + 1 (X − 1)P2p (X) = Q2p (X) On obtient Q2p (X) = (2p + 1)X 2p − 4pX 2p−1 soit Q2p (X) = X 2p−1 (2p + 1)X − 4p 14 Réussir l'oral d'entrée à HEC-Mathématiques Lorsque X est négatif, X 2p−1 et (2p + 1)X − 4p sont négatifs. On en déduit que Q2p réalise une bijection strictement croissante de ]−∞, 0] sur ] − ∞, 1]. Le théorème de la bijection permet d'armer qu'il existe bien un unique réel bp appartenant à ] − ∞, 0] tel que P2p (bp ) = 0. (b) Le calcul de Q2p (−1) donne Q2p (−1) = −2. On a donc le tableau de variation suivant : x −∞ bp −1 Q2p (x) 0 + 1 Q2p (x) −∞ −2 0 On constate donc que la suite (bp ) est bornée. Pour étudier sa monotonie, on procède comme d'habitude : En posant Rp (X) = Q2p+2 (X) − Q2p (X), on a successivement : Rp (X) = (X 2p+3 − 2X 2p+2 + 1) − (X 2p+1 − 2X 2p + 1) Rp (X) = X 2p+3 − 2X 2p+2 − X 2p+1 + 2X 2p Rp (X) = X 2p (X 3 − 2X 2 − X + 2) Soit nalement Q2p+2 (X) − Q2p (X) = X 2p (X − 1)(X + 1)(X − 2) On évalue cette égalité en bp+1 : Q2p+2 (bp+1 ) − Q2p (bp+1 ) = b2p p+1 (bp+1 − 1)(bp+1 + 1)(bp+1 − 2) Or, d'une part, Q2p+2 (bp+1 ) = 0 et d'autre part le tableau de variation précédent permet d'obtenir : b2p p+1 > 0, bp+1 − 1 < 0, bp+1 + 1 > 0, bp+1 − 2 < 0. Tout cela fait que Q2p (bp+1 ) < 0. L'étude du tableau de variation de Q2p montre alors, toujours en revenant aux antécedents, que bp+1 < bp , puisque Q2p (b2p ) = 0. Comme cette inégalité est vraie pour tout entier p non nul, on en déduit que la suite (bp )p∈N∗ est décroissante. Le tableau de variation de Q2p montre que la suite (bp )p∈N∗ est minorée par −1. La suite est décroissante et minorée, elle est donc convergente. CHAPITRE 1. ALGÈBRE 15 D'après l'étude précédente, le réel appartient à l'intervalle [−1, 0]. La relation Q2p (|bp |) = 0 donne successivement : −|bp |2p+1 − 2|bp |2p + 1 = 0 −|bp |2p [|bp | + 2] = −1 −e2p ln(|bp |) [|bp | + 2] = −1 Une analyse semblable à celle faite pour la suite (an ), permet de conclure que l'hypothèse −1 < < 0 conduit à une impossibilité. Il reste donc = 0 ou = −1. La suite est décroissante. Un calcul simple montre que b2 est strictement négatif. On en déduit donc que la seule possibilité est = −1. Conclusion : = −1. (c) On cherche donc un équivalent de 1 + bp . Posons αp = 1 + bp donc (αp ) est une suite qui tend vers 0. On a (αp − 1)2p+1 − 2(αp − 1)2p + 1 = 0 soit ou encore : (αp − 1)2p (αp − 1 − 2) + 1 = 0 (αp − 1)2p (αp − 3) + 1 = 0 et (αp − 1)2p = 1 . 3 − αp 1 . 3 − αp Comme la suite (αp ) tend vers 0, la quantité 1 − αp est positive à partir d'un certain rang. On a donc, à partir d'un certain rang, : En appliquant la fonction ln : 2p ln |1 − αp | = ln 2p ln (1 − αp ) = ln 1 3 − αp Toujours en utilisant le fait que (αp ) tende vers 0, on a l'équivalent classique : ln (1 − αp ) ∼ −αp 0 En prenant un équivalent des chaque membre de l'égalité, on obtient donc : 1 −2pαp ∼ ln . 0 3 soit : (bp − ) ∼ 0 ln(3) 2p 16 Réussir l'oral d'entrée à HEC-Mathématiques 4. (a) Si n est pair, en posant n = 2p on obtient pour Qn le tableau de variation suivant : x −∞ Qn (x) bp 0 1 2n 2n + 1 a2p + 0 − 0 + +∞ +∞ 1 Qn (x) 0 0 −∞ 0 −m Comme 1 n'est pas racine de Pn , on en déduit que Pn possède deux racines distinctes a2p et bp . Mn possède donc deux valeurs propres distinctes associées à des sous-espace de dimension 1. On en déduit que si n est pair, Mn n'est diagonalisable dans R que dans le cas n = 2. Si n est impair on obtient le tableau suivant : x −∞ Qn (x) 1 2n n+1 an − 0 + +∞ Qn (x) +∞ +∞ 0 0 −m Comme précédemment, 1 n'est pas racine de Pn . Le tableau précédent montre donc que Mn possède une seule valeur propre réelle. Mn n'est donc pas diagonalisable dans R. On le montre classiquement à l'aide d'une démonstration par l'absurde : Si Mn était diagonalisable, on aurait Mn = P DP −1 avec D = an I , c'està-dire qu'on aurait Mn = an I , ce qui est faux. En conclusion : si n est impair, diérent de 1, Mn n'est pas diagonalisable dans R. (b) On a vu dans la première question que le complexe a est valeur propre de Mn si et seulement si a est racine de Pn et qu'alors le sous- espace propre associé est de dimension 1. On a également vu que (X − 1)Pn (X) = Qn (X) = X n+1 − 2X n − 1 et que 1 n'est pas valeur propre de Mn . Montrons que les racines complexes de Pn sont simples, c'est-à-dire qu'on ne peut avoir Pn (λ) = Pn (λ) = 0.