F NO R S Fédération nationale des observatoires régionaux de la santé 62 bd Garibaldi 75015 PARIS Tél 01 56 58 52 40 La santé observée dans les régions de France Chapitre 2.4 Les urgences Ce chapitre est l’un de ceux du document intitulé «La santé observée dans les régions de France», dont la première édition a été publiée par la FNORS en 1997. Il s’agit ici de la première mise à jour de ce chapitre. Ce fascicule peut être intégré dans le classeur diffusé lors de la première édition ou rester indépendant. Mise à jour N° 1 (2000) 2.4 Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) La santé observée dans les régions de France Quelques références bibliographiques • CHANTELOUP M., GADEL G., «Les appels d’urgence au centre 15 en 1997» , Etudes et résultats, N° 55, mars 2000, 8 p. • BAUBEAU D., DEVILLE A., JOUBERT M. et al., « Les passages aux urgences de 1990 à 1998 : une demande croissante de soins non programmés», Etudes et résultats, N° 72, juillet 2000, 8 p. 2 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) Contexte L’urgence en matière de santé est généralement définie comme «un phénomène qui survient de façon brutale et inattendue, qui surprend et inquiète – à tort ou à raison – l’intéressé et/ou son entourage». Alors que l’urgence est souvent associée à une détresse vitale, cette définition souligne la nécessité de répondre à toute demande dont la prise en charge n’a pas été programmée quelle que soit la gravité du problème. L’organisation de la prise en charge médicale des urgences en France repose sur un réseau d’intervenants publics et privés, régulée par les services d’aide médicale d’urgence (SAMU) – centre 15. Dans le secteur public, la prise en charge des urgences ressenties est assurée par les SAMU et les services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR), les services d’accueil et de traitement des urgences des hôpitaux publics, les sapeurs pompiers, les centres antipoison, la police et la gendarmerie. Dans le secteur privé, il s’agit des médecins libéraux, des ambulanciers, des établissements privés de soins et des associations humanitaires. Afin d’améliorer l’accès de la population aux services d’urgence et de faire la jonction entre les différents partenaires, les SAMU se sont dotés peu à peu d’un centre de réception et de régulation des appels (CRRA), encore appelé «centre 15». Cette centralisation des appels existe désormais dans tous les départements et offre à la population un accès facile à un médecin régulateur, libéral ou hospitalier, par l’utilisation d’un numéro aisément mémorisable et gratuit pour l’appelant, le 15 ou le 112. Cette organisation permet une meilleure orientation des réponses en fonction de la demande exprimée par le patient ou son entourage : choix du mode d’intervention et du mode d’acheminement du patient, recherche d’une place d’hospitalisation, conseils médicaux. L’acheminement médicalisé vers les unités d’accueil et de traitement des urgences des hôpitaux est essentiellement du ressort des SMUR et des sapeurs pompiers. En 1997, 347 SMUR sont répartis sur le territoire français. Les sapeurs pompiers quant à eux, comptent un effectif important de volontaires et de professionnels mobilisables selon les besoins. Le nombre et la répartition des centres de secours (plus de 7900 en 1996) donnent aux sapeurs pompiers les atouts de la proximité et de la rapidité. Il jouent un rôle important dans le domaine des premiers secours, notamment en cas d’accidents de la circulation, pour lesquels ils sont les seuls à disposer de moyens de désincarcération. Les médecins libéraux et les associations de médecins urgentistes (SOS médecins, Association de soins et urgences médicales : ASUM…) participent dans la plupart des régions au fonctionnement des CRRA, qu’il s’agisse des réponses aux appels téléphoniques ou d’interventions sur les lieux de détresse. En 1996, on dénombrait en France 678 unités d’accueil et de traitement des urgences dans les hôpitaux, ayant enregistré plus de 10 millions de passages, suivis dans 30 % des cas par une hospitalisation. Il faut cependant considérer avec prudence ces statistiques car certaines urgences ne transitent pas par ces services d’accueil en urgence. De plus, une forte proportion des passages correspond à des patients qui présentant des affections qui auraient pu être traitées en dehors du contexte des urgences. Depuis le début des années 1990, le Conseil économique et social et la Commission nationale de restructuration des urgences (présidée par le Professeur Steg) ont souligné certains dysfonctionnements et proposé de restructurer l’accueil des urgences dans les hôpitaux. En mai 1997, est paru le décret relatif à l’accueil 3 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) et au traitement des urgences dans les établissements de santé, qui prévoit la révision et l’élaboration des schémas régionaux d’organisation sanitaire des urgences afin d’indiquer les orientations en vue d’assurer une répartition géographique homogène des installations. Les textes précisent notamment la gradation de l’offre de soins en matière d’accueil et de traitement des urgences dans les établissements : • les unités de proximité d’accueil, d’orientation et de traitement des urgences (UPATU). • les services d’accueil et de traitement des urgences (SAU). • les pôles spécialisés d’accueil et de traitement des urgences (POSU). Ils définissent les conditions techniques de fonctionnement auxquelles doivent satisfaire les établissements de santé pour être autorisés à mettre en œuvre l’activité de soins «accueil et traitement des urgences». Le décret réglemente aussi l’organisation des SMUR, ainsi que leur conditions techniques de fonctionnement. Les schémas régionaux d’organisation des urgences devaient être finalisés dans les 18 mois après la parution du décret en mai 1997. Enfin, lors de situation d’urgence impliquant de nombreuses victimes, le Préfet de région peut déclencher un Plan rouge qui mobilise tous les partenaires précédemment cités, auquel se rajoute la Croix-Rouge française. Définitions Le SAMU (service d'aide médicale urgente) est appelé plus officiellement Centre de réception et de régulation des appels (CRAA). La circulaire en date du 6 février 1979 officialise la création des centres 15, c’est-à-dire de structures chargées de recevoir, à un numéro unique, l’ensemble des appels médicaux urgents. Le rôle des SAMU consiste en une écoute médicale permanente, le déclenchement de la réponse la mieux adaptée à l’état du patient dans le délai le plus rapide possible, la préparation de l’accueil hospitalier, l’organisation éventuelle du transport dans l’établissement hospitalier par le recours au service public ou à une entreprise privée, la surveillance de l’admission du patient à l’hôpital. Abréviations concernant les régions : 4 PACA DOM Le SMUR (service mobile d'urgence et de réanimation) est un service hospitalier mobile et spécialisé dans l’urgence et la réanimation. Il assure une délivrance de soins sur place ou le transport médicalisé des patients entre le domicile et le lieu de l’accident et l’établissement de soins en coordination avec le SAMU. Une affaire est l’ensemble de mesures consécutives à une demande d'aide médicale urgente, à l'exclusion des faux appels et des erreurs. Une affaire peut concerner plusieurs personnes mais correspond toujours à un seul événement. Provence-Alpes-Côte d’Azur Départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) SAMU Plus de 11 400 affaires traitées par jour par les SAMU Taux d’affaires traitées par les SAMU en 1997 Exploitation FNORS 54 61 96 81 82 74 69 50 79 61 Nombre d'affaires traitées pour 1000 habitants DOM 82 83 48 60 57 67 99 91 92 moins de 60 Sources : Drees, Insee estimations 45 92 59 60 à 79 80 et plus 55 61 83 52 France métropol. : 69 Evolution du taux d’affaires traitées entre 1991 et 1997 (Nombre d’affaires pour 1000 habitants) Réunion Nord-PdC PACA Bretagne 1991 1997 Guadeloupe Pays de la Loire Picardie Exploitation FNORS Martinique Aquitaine Bse-Normandie Midi-Pyrénées Poitou-Char. Centre Sources : Drees, Insee estimations Lorraine Champagne-A. Languedoc-R. Alsace Ile-de-France Bourgogne Limousin Corse Plus de 4,1 millions d'affaires ont été traitées par les 105 SAMU en France entière en 1997, soit 39 638 affaires traitées par chaque SAMU. Ainsi, en moyenne, en 1997, les SAMU français ont traité 69 affaires pour 1000 habitants. Les disparités régionales des taux d’affaires traitées sont importantes, allant de 45 affaires pour 1000 habitants en Pays de la Loire, à 99 pour 1000 habitants en Auvergne. Depuis 1991, le nombre d’affaires traitées par les SAMU a presque doublé alors que l’on ne compte que 6 SAMU supplémentaires. Le taux d’affaires traitées est passé de 36 à 69 pour 1000 habitants. Toutes les régions ont connu une augmentation. Elle est en partie due à la généralisation des centres de réception et de régulation des appels (CRRA) ainsi qu’à l’interconnexion des numéros 15 et 18 (sapeurs-pompiers) qui permet aux services concernés de se tenir informés réciproquement de leurs interventions. Cette augmentation est aussi liée à l’évolution des modes de vie : manque de disponibilité des médecins le soir et en fin de semaine, développement des sports à risque, multiplication des postes téléphoniques et augmentation du nombre de personnes en situation de précarité. Franche-Comté Rhône-Alpes Guyane Hte-Normandie Auvergne 0 10 20 France métropol. 30 40 50 1991 : 36 60 70 80 90 100 1997 : 69 5 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) Traitement des affaires par les SAMU Les médecins libéraux sont très impliqués dans la prise en charge des urgences En France entière, les affaires traitées par les SAMU émanent dans 60 % des cas des particuliers et dans 26 % des cas des sapeurs pompiers. Ensuite, viennent les médecins libéraux (4 %) et les hôpitaux publics et privés (4 %) puis les autres structures (ambulanciers, secouristes…). Pour l’Aquitaine, les affaires traitées émanent légèrement plus des sapeurs-pompiers que des particuliers. Dans les départements de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion, les affaires proviennent plus fréquemment des sapeurs pompiers que des particuliers. Sur l’ensemble des affaires prises en charge par les SAMU en France, 31 % donnent lieu uniquement à des informations et des conseils médicaux. Ce type de réponse est en augmentation progressive : en 1988, il représentait 18 % des réponses, et 25 % en 1994. Les autres affaires prises en charge, le sont par les médecins libéraux (19 % des affaires), les sapeurspompiers (25 %), et les SMUR (14 %). Le reste des affaires est pris en charge par les ambulanciers et les secouristes. Selon les régions, le traitement des affaires est plutôt pris en compte par l’un ou l’autre des partenaires. SMUR De fortes disparités de taux de sorties primaires des SMUR En 1997, les 347 SMUR ont effectué près de 611 000 sorties, soit 10 sorties primaires et secondaires pour 1000 habitants. Ce chiffre est en légère baisse par rapport à 1994 où les SMUR avaient effectué 11,4 sorties pour 1000 habitants. En 1997, 81 % des sorties étaient des sorties primaires (transport médicalisé d'un lieu de détresse vers un établissement de soins). Les sorties secondaires (transport médicalisé d'un établissement de soins à un autre) ne représentent qu'une minorité des sorties. Le taux de sorties primaires en France métropolitaine est de 8,2 pour 1000 habitants. Les disparités de ce taux sont importantes selon les régions, variant de 3,2 sorties pour 1000 habitants en Guyane à 12,3 en Alsace et 34,1 en Corse. Les SMUR interviennent sur demande des SAMU pour répondre à des «urgences lourdes». Le nombre de leurs interventions varie selon les choix faits par la régulation effectuée dans les centres15. Taux de sorties primaires des SMUR en 1997 11,8 8,8 5,5 6,6 5,7 5,9 11,9 10,5 8,0 8,5 9,0 9,3 3,2 6,6 7,3 9,0 11,6 9,0 34,1 France métropolitaine : 8,2 6 6,1 Sources : Drees, Insee estimations 9,5 et plus DOM 7,2 moins de 7,5 7,5 à 9,4 8,5 12,3 4,4 Nombre de sorties primaires des SMUR pour 1000 habitants 10,7 Exploitation FNORS 10,9 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) Urgences hospitalières Plus de 30 000 passages par jour aux urgences des établissements publics et privés 205 193 137 Exploitation Fnors Taux de passages dans les unités d’accueil et de traitement des urgences des établissements publics en 1997 201 145 188 192 175 162 Nombre de passages aux urgences hôpitaux publics pour 1000 hab. 181 DOM 203 176 Sources : Drees, Insee estimations 133 161 172 169 160 159 169 170 112 146 160 à 179 180 et plus 124 153 179 221 France métropol. : 165 En 1997, les établissement de santé publics et privés en France entière ont enregistré plus de 11 millions de passages dans les unités d'accueil et de traitement des urgences, dont 10 millions dans les hôpitaux publics. Selon les régions, les taux de passages dans les unités d'accueil du secteur public pour 1000 habitants varient de 112 pour 1000 habitants à la Réunion à 221 pour 1000 habitants en Corse. Les régions où le taux de passage est le plus élevé (supérieur à 200 passages pour 1000 habitants) sont la Corse, la Haute-Normandie, la Franche-Comté et la Picardie. Environ 30 % des passages en urgences en France dans les hôpitaux publics donnent lieu à une hospitalisation. Selon les régions, la proportion de personnes Proportion de personnes hospitalisées en 1997 (sur l’ensemble des passages dans les unités d’urgence des établissements publics) Ile-de-France Guadeloupe Alsace PACA Hte-Normandie Rhône-Alpes Guyane Corse Exploitation Fnors Languedoc-R. 30 % France métropol. Franche-Comté Midi-Pyrénées Auvergne Source : Drees Lorraine Bourgogne Aquitaine Champagne-A. Centre Picardie Martinique Poitou-Char. Bse-Normandie Bretagne Pays-de-Loire Nord-P-d-C. Réunion Limousin 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 L'enquête annuelle auprès des hôpitaux publics (SAE) permet de mesurer l'activité des unités d'accueil et de traitement des urgences à partir du nombre de passages dans ces unités. Mais ces données ne reflètent qu'imparfaitement la prise en charge hospitalière publique des urgences médicales. En effet, de nombreuses urgences médicales ne transitent pas par l'accueil des urgences et sont admises directement dans les services (cardiologie par exemple). Ce phénomène est plus marqué dans les centres hospitaliers universitaires que dans les centres hospitaliers. 7 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) Sapeurs-pompiers L’activité sanitaire des sapeurs-pompiers représente 55 % de leur activité En 1997, on comptait en France plus de 200 000 sapeurs-pompiers volontaires, 28 700 professionnels et 9 000 militaires qui prennent en charge toutes les activités des sapeurs-pompiers, parmi lesquelles les activités sanitaires. En France, l’activité sanitaire représente 55 % de l’ensemble de l’activité des sapeurs pompiers. En 1997 les sapeurs-pompiers en France entière ont réalisé près de 1,7 million de sorties sanitaires dont 73 % étaient motivées par des secours à victimes, 23 % par des accidents de la circulation et 4 % par des secours à personnes en péril. La proportion se sorties sanitaires sur l’ensemble des sorties des sapeurs pompiers varie de 24 % en Martinique (puis 30 % pour la Corse et 39 % en Guadeloupe) à 62 % en Ile-de-France. Taux de sorties sanitaires des sapeurs-pompiers en 1997 26 31 20 21 40 21 26 22 16 22 18 Nombre de sorties sanitaires des sapeurs-pompiers pour 1000 habitants 8 20 21 17 27 moins de 25 25 à 34 35 et plus France métropolitaine : 29 DOM 22 23 29 35 32 26 28 50 25 20 Sources : Direction de la sécurité civile, Insee Exploitation FNORS (secours à victimes, accidents de la circulation et secours pour personnes en péril) Les secours à victimes comprennent les interventions de secours aux personnes (blessées ou victimes d'un malaise) et les interventions pour dégager une personne d'une position menaçante (sauvetage). Les secours pour personnes en péril correspondent aux interventions pour une suspicion de risque (personnes sur un toit, enfermée, tombée dans une excavation...). 8 2.4 La santé observée dans les régions de France Les urgences - Mise à jour N°1 (2000) Centres anti-poisons Plus de 500 appels téléphoniques par jour dans les centres anti-poisons En 1997, les 13 Centres anti-poison (situés dans 12 régions) ont reçu plus de 217 500 appels ce qui, rapporté à la population pour la France entière, donne un taux de 3,6 appels pour 1000 habitants. Le nombre total d’appel pour l’année 1997, par centre anti-poison (CAP) varie selon les sites passant d’un peu plus de 4 000 appels pour le CAP de Reims à plus de 43 000 à Paris. Les appels proviennent en majorité (54 %) du public qui contacte directement les CAP pour des problèmes de toxicologie. Les professionnels de la santé et des secours publics représentent 44 % des appels : ce sont le corps médical, les personnels de santé ou les sapeurspompiers. Les appels les plus fréquents concernent les intoxications par une substance pharmaceutique, au domicile du patient. Nombre d’appels reçus par les centres anti-poisons selon le type de personnes ayant appelé les centres en 1997 Particuliers Professionnels de santé et des secours publics Autres et inconnus Total 5 956 7 909 295 14 160 Bordeaux 11 331 3 482 Grenoble 4 870 1 979 761 7 610 Lille 7 794 16 693 528 25 015 Lyon 12 054 12 188 339 24 581 Marseille 16 181 14 222 510 30 913 4 290 4 423 Paris 25 444 17 223 338 43 005 Reims 2 491 950 614 4 055 Rennes 8 686 6 158 106 14 950 Rouen 4 012 2 751 358 7 121 Strasbourg 3 722 1 889 275 5 886 10 910 5 632 149 16 691 117 741 95 499 4 273 217 513 Nancy Toulouse Total Pourcentage 54 44 14 813 8 713 2 Source : DGS, rapport annuel d’activité des centres anti-poison Angers 100 9