Intervention débats philo animation pédagogique le 19 février

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Intervention débats philo animation pédagogique le 19 février
1) Préambule : (Denis) 5mn
Ce type d'intervention ne doit pas être utilisé systématiquement pour faire face à d'importantes
situations de conflits dans la classe
- il est avant tout un outil de prévention de la violence qui va permettre aux enfants :
- d'écouter et d'accepter un autre point de vue que le sien,
- d'être dans une situation de réflexion et y prendre plaisir,
- de mettre sa pensée en mots (maîtrise de la langue orale),
- devenir une communauté de recherche sur un thème (éducation à la citoyenneté),
- penser par soi-même et se rendre compte que certains exemples se retrouvent et aboutissent à la
même idée (exemple : des exemples successifs amenant au concept du sentiment),
- se rendre compte qu'on a été capable d'émettre une idée gagner en confiance en soi,
Si l'enseignant est présent, il peut changer son regard sur ses élèves.
2) Présentation des courants sur la philosophie à l'école : Joëlle (20mn)
A Les trois courants sur la philosophie à l’école
1) Premier courant Matthew LIPMAN1, philosophe américain a l’idée d’introduire la
philosophie dans les écoles à la fin des années soixante. Il a élaboré un programme complet pour les
enfants de la maternelle au lycée en écrivant spécialement des romans adaptés pour chaque
catégorie d’âge et de nature à susciter des questions chez les enfants et les adolescents. Beaucoup
d’enseignants s’inspirent de ce programme sans le suivre à la lettre. Ils partent d’un extrait d’un
roman de Lipman, et appliquent le protocole suivant :
− lecture silencieuse puis lecture à haute voix du texte par les élèves ;
− phase de réflexion ;
− proposition de questions qui répondent à deux consignes :
♦ pas de personnages du texte mentionné dans les questions ;
♦ pour répondre aux questions, on ne doit pas avoir besoin du texte.
− vote pour le choix de la question ;
− discussion proprement dite.
2) Deuxième courant Cette idée de la philosophie à l’école vient plus tard en France.
Une autre pratique, les ateliers philosophie, est née en 1997, de la rencontre de Jaques LEVINE2,
psychanalyste et fondateur de l’Association des Groupes de Soutien Au Soutien (AGSAS), et
d’Agnès PAUTARD, enseignante. Cette pratique n’est pas un enseignement, elle introduit du
« non-scolaire » dans le scolaire et est fondée sur le respect de la personne. Le protocole est le
suivant :
2 temps distincts, réguliers, ritualisés, en classe.
− Temps 1 : « expérience d’être à la source de sa pensée », 10 mn enregistrées de dialogues, entre
pairs. Séances régulières dans le long terme, pendant lesquelles le maître est garant du cadre. Il est
présent mais reste absolument silencieux. Il n’intervient pas. Cette posture neutre est spécifique à
1
2
LIPMAN M. A l’école de la pensée. Pédagogies en développement.. Pratiques méthodologiques, Bruxelles, De
Boek. 1995
L’atelier philosophique AGSA – AGSAS (coord. J. LEVINE) – in « Je est un autre » hors série, fév.2001
Joëlle ZGUIDA rééducatrice RASED d' HETTANGE GRANDE et Denis MEYER rééducateur
RASED de YUTZ
l’Atelier-Philosophie, le protocole est expliqué aux élèves.
−Temps 2 : « réécoute, 10 mn pour réagir ; le maître accompagne très discrètement.
Un troisième temps, vivement conseillé, regroupe les enseignants autour d’un praticien
expérimenté, afin de partager observations, difficultés, etc., et aider à la formation à cette pratique.
(ce protocole n’est pas complètement figé voir le travail de Denis)
3) Troisième courant Michel TOZZI3, philosophe, a une approche plus didactique de cette
initiation à la philosophie.
Dans un article des « Cahiers pédagogiques », intitulé : « La philosophie à l’école primaire », il
écrit, je cite : « La discussion à vision philosophique en amont de la classe terminale est une
innovation récente majeure du système éducatif, très controversée. (…) »4
Il explicite ensuite quelques-uns de ses aspects contradictoires dans le but bien sûr de faire réfléchir
le lecteur sur l’utilité véritable de cette pratique.
Ce qui caractérise sa méthode n’est pas tant le choix de la question mais plutôt le dispositif mis en
place pour discuter :
− parmi les élèves, des animateurs de séance sont désignés (si les élèves sont trop jeunes, ce sont
les adultes qui prennent ces fonctions) :
♦ un président : il distribue la parole en donnant priorité à ceux qui n’avaient pas encore
parlé.
♦ un reformulateur : on ne reformule pas systématiquement, mais l’intérêt de la
reformulation c’est que l’enfant s’approprie des formules, des structures.
♦ un ou plusieurs secrétaires de séances. Dans certains cas, les débats peuvent être
enregistrés pour faire l’objet d’une analyse ultérieure..
− le reste de la classe forme l’ensemble des discutants mais il peut aussi y avoir des observateurs.
Michel Tozzi qui préfère le terme de « discussion à visée philosophique » à celui « d’atelier » ou de
« discussion philosophique » insiste sur les trois objectifs essentiels : problématiser, argumenter,
conceptualiser.
Voir également le document intitulé Lipman, Lévine, Tozzi : différences et complémentarités de
Michel Tozzi.
4) Un quatrième courant : le courant Brénifier Oscar (docteur en philosophie) où le rôle de
l’animateur est beaucoup plus présent.
B. Ma pratique
Lors d’une de ses interventions au CRDP de Paris, Jean Pierre Bianchi a dit je cite :
« Il existe une très grande diversité d’approches dans la façon de proposer et d’animer des ateliers
philo avec des enfants, …et on peut retenir trois facteurs pour caractériser ces diverses
démarches :
- le degré de guidance de l’animateur
- Le support utilisé
- le mode de choix de la question »
Avant de parler de ma pratique, j’aimerais citer une idée clé de Serge Tisseron qui a proposé un
travail de prévention de la violence en maternelle à partir d’un jeu de rôles intitulé le jeu des trois
figures, je vais citer ses mots lors d’une intervention filmée avant la présentation du jeu des trois
figures :
« Le problème (la violence chez les jeunes) est très mal posé parce que le plus souvent on se
3
4
L’éveil de la pensée réflexive à l’école primaire. Ouvrage collectif coordonné par M. TOZZI Hachette Education
2001
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3 ?id_article=2784
Joëlle ZGUIDA rééducatrice RASED d' HETTANGE GRANDE et Denis MEYER rééducateur
RASED de YUTZ
demande comment réduire la violence. Eventuellement en repérant les enfants agressifs, en les
punissant mieux. C’est mal poser le problème. Il faut savoir comment augmenter l’empathie,
augmenter quelque chose qui s’oppose à la violence. »
Pour moi les débats à visée philosophiques entrent dans ce concept : augmenter l’empathie,
augmenter quelque chose qui s’oppose à la violence. Ce n’est pas Le moyen pour réduire la
violence, mais le moyen pour augmenter quelque chose qui s’y oppose. Je trouve cette idée
d’empathie intéressante elle rejoint le travail du mieux vivre ensemble.
Je suis dans une pratique proche du courant Tozzi, la seule chose que je ne fais pas lorsque je
pratique cette activité avec toute une classe , c’est de mettre les enfants en cercle.
-Inconvénients : cette dispostion a une grande importance, les enfants voient les intervenants, la
communication est également visuelle, on sera mieux disposé à écouter.
- Avantage : on ne sort pas du cadre scolaire proprement dit, pour les plus « frileux » de ce genre
d’activité, c’est rassurant. D’un point de vue pragmatique, pas de « déménagement de chaises »,
puisque toute la classe est présente, le maître peut y assister et aura un regard plus distancié sur sa
classe.
Je vais citer pour ma pratique :
- le degré de guidance de l’animateur
- Le support utilisé
- le mode de choix de la question
Pour cette explication , je me sers d’un projet fait avec une classe cette année.
Références de textes et livres :
Michel Piquemal les philo fables
Tête à tête 15 histoires pas comme les autres Geert De KooKere, Klaas Verplancke
Romans philosophiques de M. Lipman
Les albums philozenfants
Autre
Animer une discussion à visée philosophique en classe philotozzi-http://www.philotozzi.com
3) Vivre un Atelier de Réflexion su la Condition Humaine (ARCH) Denis
(35mn)
A) Présentation de l'AGSAS et des ARCH 5mn
L'AGSAS (Association des Groupes de Soutien au Soutien) est une association dont le but est
d'organiser des réunions qui consistent à échanger autour de situations difficiles à gérer dans leur
classe (ou établissement scolaire) et pour lesquelles le groupe, aidé par un animateur formé,
cherchent des solutions aux difficultés traitées. On pourrait appeler cela de l'analyse professionnelle
de pratique. Jaques Lévine (un psychanalyste décédé en 2011) est à l'origine de cette association.
Des enseignants se sont appuyés sur les travaux de J. Lévine pour créer des ateliers de philosophie
dans leur classe (de la GS à la 3ème de collège).
B) Déroulement d'un ARCH
a) Intervention des adultes dans l'atelier : il pose le cadre (règles de fonctionnement), présente
les différents temps de la séance, tient le cadre temporel.
Il reste en dehors du groupe et ne participe pas aux échanges lors de la discussion sur le thème (il ne
Joëlle ZGUIDA rééducatrice RASED d' HETTANGE GRANDE et Denis MEYER rééducateur
RASED de YUTZ
donne pas son avis). Il n'intervient que pour rappeler les règles ou pour aider un élève à formuler ce
qu'il veut dire.
Si il y a deux adultes : l'un prend des notes des échanges sur le thème, l'autre peut faire une
synthèse de ce qui se dit (optionnel)
b) Disposition du groupe : en cercle dans un lieu si possible hors classe:
c) Présentation du cadre :
les règles :
- on ne parle que lorsqu'on a le bâton de parole,
- on écoute silencieusement ce qui se dit et on en profite pour réfléchir dans sa tête à ce qu'on
pourra dire
- on ne fait pas de bruit pour ne pas gêner l'écoute de ce qui se dit et la réflexion du groupe
- on ne se moque pas (non jugement de l'autre)
- on n'est pas obligé de parler et on peut simplement écouter les autres
- l'atelier durera 10 minutes (avec 2 tours de parole minimum)
- l'enseignant interviendra au minima
d) Présentation des différents temps de la séance
Temps 1 : qu'est-ce que la philosophie pour vous? 5mn
Les élèves disent ce qu'ils en pensent à main levée.
Proposition de définition donnée aux élèves : « La philosophie, ce sont des questions que se posent
n'importe qui dans le monde (depuis « tout temps ») et pour lesquelles il n'y a ni bonne ni mauvaise
réponse »
« Nous allons parler de philosophie en temps que personne du monde (comme n'importe qui dans le
monde). On peut donner des exemples de statut en fonction du contexte où l'on se trouve : si on est
dans un magasin, on est un client, dans un stade, on est un sportif, dans une école, on est un
écolier...et là nous serons personne du monde ».
Temps 2 : temps de l'échange sur un thème 10 mn
- les élèves réfléchissent durant une minute silencieusement sur ce thème
- chacun son tour peut dire ce qu'il pense sur le thème choisi lorsqu'il a le bâton de parole
Temps 3 : les ressentis
« Comment ça s'est passé, qu'avez-vous ressenti durant ces échanges ? » 10 mn
Les élèves sont invités à exprimer ce qu'ils ont ressenti durant la discussion. Ils peuvent également
en profiter pour réagir sur certaines idées qu'ils ont entendues.
Dans ce cas là, l'animateur distribue la parole et intervient davantage en aidant les élèves à formuler
leurs idées ou opinions ou en proposant de traduire avec ses mots ce qu'ils ont voulu dire.
Temps 4 : relecture des idées du groupe, proposition d'analyse 5mn
L'animateur (ou le secrétaire) relit les idées du groupe. Il demande si :
- il manque des idées dans ses notes ou si elles ont été mal transcrites
- les élèves qui n'ont pas parlé veulent bien dire pourquoi ou si ils veulent à présent rajouter quelque
chose
L'animateur peut également proposer une analyse de la discussion (il regroupe les idées du groupe
par thèmes et propose ainsi une conceptualisation de ces idées)
Joëlle ZGUIDA rééducatrice RASED d' HETTANGE GRANDE et Denis MEYER rééducateur
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