Émile Jalley La crise de la philosophie en France au 21e siècle Émile Jalley Émile Jalley a produit des travaux en histoire et en épistémologie de la psychanalyse et de la psychologie ; en philosophie. Professeur émérite de psychologie clinique et d’épistémologie à l’université Paris-Nord, il est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie, psychologue diplômé d’État. Il s’est fait d’abord connaître comme chercheur spécialisé dans l’histoire de la psychanalyse et de la psychologie en France (Freud, Wallon, Piaget). Entre 2004 et 2013, il s’est consacré au vaste projet d’une Critique générale de la psychologie scientifique et des neurosciences contemporaines, menée en vue d’une défense argumentée de l’importance de la psychanalyse dans les sciences humaines et la culture françaises et européennes (22 volumes). Il est intervenu dans la confrontation avec l’événement Onfray (5 volumes), en élargissant cette question d’aspect local vers l’analyse d’une configuration de crise plus vaste : opposition d’une contreuniversité à l’université officielle, débat sur le statut de la psychanalyse au sein des sciences humaines et des autres sciences, conflit social et politique larvé. Il continue de s’intéresser sans cesse à d’autres questions d’actualité : la polémique sur la question de l’autisme (2012), notamment. Il a par ailleurs commenté et traduit (2011) les Nouveaux Manifestes parus contre le DSM et la psychiatrie réductionniste (Paris, Italie, Espagne, Argentine, Brésil). Illustration de couverture : Peter Bruegel le Jeune dit d’Enfer (1564-1637), Le massacre des Innocents, avec l’autorisation du Musée de Lons-le-Saunier. ISBN : 978-2-343-01477-7 39 e La crise de la philosophie en France au 21e siècle D’Héraclite et Parménide à Lacan D’Héraclite et Parménide à Lacan Il a existé un paradigme de la démarche dialectique en philosophie, illustré par une succession continue d’auteurs, entre Platon et Lacan. Ce paradigme concerne un noyau rationnel de la contradiction formé de trois temps : une double composante statique (structure) et dynamique (mouvement), ainsi que l’articulation de ces deux versants en un produit. C’est de ce paradigme de la contradiction dialectique que la philosophie en France ne semble plus avoir su faire usage dans la période consécutive à 1968. L’usure de ce paradigme d’origine judaïque, grecque, française et germanique aurait alors cédé la place à l’invasion des variantes d’un hyper-empirisme anglo-américain, scientiste, opportuniste et niveleur. Ce mouvement aurait été servi en France par l’expansion de l’idéologie structuraliste postérieure aux années 60. Lacan semble à peu près le seul parmi ses contemporains à avoir maintenu et enrichi les traits de ce paradigme dialectique par sa démarche de pensée, sous forme d’un hypermodèle transdialectique 2/3/4. Le désenchantement à l’égard de ce paradigme se perçoit de façon signiicative dans le remarquable panorama qui a été produit de la philosophie française entre 1960 et 2000 par Alain Badiou (2008, 2013). Le déclin de ce paradigme comporte le corollaire d’un efacement de l’humanisme européen traditionnel, dont relèvent à la fois la mise en question de la psychanalyse, l’intrusion d’un mode de pensée convenant à l’homme cybermachine, et la nouvelle nosologie biologisante en psychiatrie. Ce livre est écrit en jumelage avec un second, intitulé Althusser et quelques autres, Notes de cours 1958-1959. Hyppolite, Badiou, Lacan, Hegel, Marx, Alain, Wallon. La crise de la philosophie en France au 21e siècle D’Héraclite et Parménide à Lacan