lettre arc 26 - Fondation ARC

publicité
© JM Deguine
Le moteur de nos recherches, c’est vous
| AOÛT 2013 | N° 26 |
ISSN 1958-7961
Zoom sur… COMBATTRE LES MÉTASTASES
Objectif :
prendre de vitesse les
métastases
Édito
La métastase, du grec
« je change de place », est une
tumeur qui s’est formée à partir
d’une cellule cancéreuse.
En quittant la tumeur initiale,
la métastase va coloniser
un tissu sain distant.
Les métastases constituent
la principale menace pour
les patients ; aussi les recherches
qui visent à empêcher
la formation des métastases et
à stopper leur développement
sont un enjeu majeur dans
la lutte contre le cancer.
C’est pour cette raison que
nous avons consacré le temps
fort de cette lettre à ce sujet, pour
partager avec vous les avancées
prometteuses dans ce domaine :
l’arrivée des premières thérapies
ciblées, la recherche sur le rôle
du système immunitaire,
les progrès en chirurgie…
La recherche avance, l’espoir aussi.
Ces recherches sont complexes
mais grâce à votre aide et à la
mobilisation des chercheurs, nous
pourrons lutter plus efficacement
contre les métastases dès le
diagnostic de la maladie.
Vous l’aurez compris, le
financement de ces recherches
est essentiel pour notre objectif
de guérir 2 cancers sur 3 d’ici
une quinzaine d’années.
Merci d’être à nos côtés.
© IStock
Optimus - Crédit Photo : Frédéric Albert
Jacques
Raynaud,
Président de la
Fondation ARC
La lutte contre le cancer passe
aujourd'hui par un effort de recherche
important pour traiter les métastases,
ces foyers secondaires formés par des
cellules cancéreuses détachées de la
tumeur primaire.
L
orsqu'une tumeur se développe au
sein d'un tissu, il peut arriver que
certaines cellules cancéreuses s'en
détachent pour aller former plus loin
d'autres foyers tumoraux : ces tumeurs
dites secondaires sont appelées métastases1.
Elles constituent la principale menace pour
les patients atteints de cancer, la majorité
des décès étant liée à leur apparition. De
nombreuses équipes de recherche tra-
S o m m a i r e
Zoom sur
À savoir
La recherche en action
|
SG_Lettre_ARC_26.indd 1
1
4
À partager
Actualités
6
7
5
La Lettre de l'ARC
|
août 2013
vaillent à mieux comprendre ce phénomène
complexe pour trouver les moyens les plus
efficaces d'empêcher la dissémination des
cellules cancéreuses dans l'organisme.
Démêler des mécanismes
complexes...
Les chercheurs ont aujourd'hui retracé les
grandes étapes de formation des foyers
tumoraux secondaires. Les cellules cancéreuses perdent d'abord leurs capacités d'adhérence pour se détacher de la tumeur, puis
elles pénètrent les vaisseaux des systèmes
sanguin ou lymphatique*. Elles échappent
alors aux cellules du système immunitaire
chargées d'éliminer les « intrus » présents dans
l'organisme et parviennent à quitter cette
circulation pour s'introduire dans un autre
tissu. Elles y retrouvent alors leurs propriétés
adhésives afin de s'ancrer efficacement et
>
1. Par exemple, des cellules cancéreuses issues d'une tumeur primaire de la
prostate peuvent donner naissance à des métastases osseuses, lesquelles sont
différentes d'une tumeur primaire diagnostiquée chez un patient atteint d'un
cancer des os. Il est donc essentiel de développer des traitements adaptés à
chacune de ces tumeurs osseuses.
|
N°26
|
1
23/07/13 15:41
Zoom sur…
du sein métastatiques depuis 2000, le bévacizumab contre
les cancers colorectaux métastatiques (2005), le dénosumab
pour les métastases osseuses (2011) ou encore le vémurafenib contre les mélanomes de la peau métastatiques (2012).
Ces nouvelles thérapies ont permis d'augmenter l’espérance
de vie des patients concernés mais ne permettent pas de
répondre à tous les cas.
D’autres pistes de recherche doivent être explorées : les travaux portant sur la biologie métastatique ont par exemple
mis en évidence le rôle essentiel du microenvironnement
tumoral (cf. encadré). Une autre piste de recherche prometteuse concerne les modifications du système immunitaire,
qui semble entrer dans un état dit d'« épuisement » semblable à celui observé lors d'infections chroniques (hépatite,
VIH, etc.). En comprenant comment les métastases affaiblissent la surveillance immunitaire des globules blancs, les
chercheurs pourront développer de nouveaux traitements.
Ces immunothérapies visent à mobiliser les cellules du système immunitaire pour qu'elles bloquent plus efficacement
la dissémination des cellules cancéreuses par la circulation
sanguine et/ou lymphatique, ce qui permettrait de réduire
le risque de métastases.
Enfin, la lutte contre les métastases constitue également
l’un des axes prioritaires de la recherche en chirurgie oncologique. Grâce aux progrès de l'imagerie, il est aujourd'hui
possible de localiser des tumeurs de petite taille disséminées
dans l'organisme. En combinant la chirurgie à des protocoles
médicamenteux qui stoppent la prolifération tumorale, il est
dès lors possible d’intervenir pour retirer ces foyers tumoraux naissants, quand l’action des chirurgiens se limitait il y
a encore une dizaine d'années aux seules tumeurs primaires
localisées.
Toutes ces avancées n’ont été possibles que grâce à la recherche
et à l’engagement des chercheurs de toutes les disciplines
pour sauver toujours plus de vies. La tumeur primaire
se développe grâce à l'oxygène
et aux nutriments apportés par
les vaisseaux sanguins qui se
forment autour d'elle.
Certaines cellules de la
tumeur n'adhèrent plus à leur
voisine. Elles se détachent de la
masse tumorale et pénètrent les
vaisseaux en traversant leur paroi.
Le flot sanguin transporte alors
les cellules cancéreuses dans l'organisme.
Certaines seront détectées et détruites par
le système de défense de l'organisme. D'autres
continueront leur chemin jusqu'à un organe cible
(ici les poumons).
© Sophiejacopin.com
Dans le nouvel
organe les cellules
tumorales peuvent
rester dormantes
pendant plusieurs
années ou bien elles
peuvent immédiatement proliférer et
former une tumeur
secondaire,
la métastase.
> de proliférer de nouveau pour former in fine une métastase.
Cette nouvelle tumeur induit enfin la naissance de nouveaux
vaisseaux sanguins pour se développer.
Les chercheurs travaillent à améliorer la compréhension de
chacune de ces étapes. Cela passe par l'identification des
protéines impliquées dans ces mécanismes cellulaires et
les modifications génétiques qui y sont associées. L'objectif est de repérer de nouvelles cibles thérapeutiques pour
empêcher l'apparition de métastases. Ces travaux pourront
répondre à d'autres questions que se posent les chercheurs :
quels facteurs favorisent l'entrée des cellules cancéreuses
dans le processus métastatique ? Pourquoi des cancers
semblent « préférer » certains tissus pour y disséminer leurs
métastases (on sait par exemple que le cancer de la prostate forme principalement des métastases osseuses alors
que le cancer colorectal donne plutôt des métastases dans
le foie) ? Pourquoi certains cancers semblent plus à risque
de former de multiples tumeurs ?
Pour en savoir plus, vous pouvez commander la fiche
« Combattre les métastases » auprès de notre service Relations Donateurs
Chiffres clés
62 projets
portant sur les métastases ont reçu le soutien de la
Fondation ARC en 2012 pour un montant global de
plus de 5,9 millions d'euros.
… pour mieux bloquer les métastases.
Des progrès ont été enregistrés ces dernières années avec les
premières thérapies ciblées* visant des cancers métastatiques.
Parmi elles : le trastuzumab, prescrit contre certains cancers
19 essais cliniques
portant sur de nouveaux traitements contre les
métastases sont actuellement en cours en France.
Glossaire
* Système lymphatique
* Thérapie ciblée
Ensemble des structures qui participent à la formation et à
la circulation de la lymphe, un liquide intervenant dans la
défense de l'organisme.
2
SG_Lettre_ARC_26.indd 2
|
La Lettre de l'ARC
Traitement qui s’attaque spécifiquement aux cellules
cancéreuses en ciblant une caractéristique biologique qui les
distingue des cellules saines, lesquelles sont ainsi épargnées.
|
août 2013
|
N°26
|
23/07/13 15:41
Zoom sur…
LE RÔLE DE L'ENVIRONNEMENT TUMORAL
© Inserm
L'étude des interactions
entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement constitue
un champ de recherche
prometteur.
L'une des grandes avancées
de ces dernières années
concerne la mise en évidence
du rôle essentiel du
microenvironnement tumoral
dans la progression des
cancers. Les chercheurs
désignent par ce terme
l'ensemble des constituants
biologiques qui entourent la
tumeur. Dans le cadre du
Plan cancer 2009-2013, la
Fondation ARC a publié en
avril 2013, avec l'Institut
national du cancer (INCa),
un rapport sur l'état actuel
des connaissances dans ce
domaine. Il est notamment
établi que la propension d'un
cancer à former des
métastases dépend des
interactions entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement. Par exemple,
des cellules cancéreuses
peuvent sécréter des
m o l é c u l e s ( h o r m o n e s,
facteurs de croissance, etc.)
qui vont agir sur d’autres
cellules saines, situées à
proximité, et modifier leur
comportement. Entre 2001
et 2010, l'investissement de
la Fondation ARC en soutien
aux projets de recherche
p o r t a n t s u r l e m i c ro environnement tumoral s'est
porté à près de 21,4 millions
d'euros. Au Centre de recherche en
biochimie macromoléculaire
(Montpellier), le Dr Serge Roche et
son équipe évaluent une nouvelle
stratégie pour stopper la formation
de métastases chez les patients
atteints d'un cancer colorectal.
N
otre projet vise à bloquer
l'une des premières étapes
de la formation de métastases : la dissémination des cellules
cancéreuses dans tout l'organisme. Afin
de s'échapper de la tumeur primaire, les
cellules doivent tout d'abord dégrader
leur environnement. Nous avons donc
étudié en laboratoire ce processus chez
«
|
SG_Lettre_ARC_26.indd 3
les cellules cancéreuses colorectales et
comparé différentes molécules censées
le perturber. Le nilotinib, une thérapie
ciblée aujourd'hui utilisée contre les leucémies myéloïdes chroniques, s'est avéré
très efficace pour empêcher ces cellules
de dégrader leur environnement.
Par des techniques innovantes de biologie moléculaire, nous sommes parvenus
à identifier chez des cellules cancéreuses
colorectales la protéine visée par le
nilotinib : il s'agit d'un récepteur, le
DDR1, connu pour son rôle actif dans
la migration des cellules. Ce récepteur
nous est donc apparu comme une piste
prometteuse pour développer une thérapie ciblant les propriétés invasives
des tumeurs colorectales.
Le soutien de la Fondation ARC va nous
aider à confirmer l'intérêt du nilotinib
comme nouvelle thérapie contre le
cancer colorectal avant d'envisager
la mise en place d'un essai clinique.
Tout d'abord, nous allons vérifier si le
récepteur DDR1, la cible du nilotinib,
est présent en quantité anormale dans
des échantillons de métastases prélevés
chez des patients. Nous voulons ensuite
déterminer à quel stade le nilotinib agit :
bloque-t-il la capacité des cellules cancéreuses à s’échapper de la tumeur
pour disséminer au sein de l’organisme
La Lettre de l'ARC
|
août 2013
et former des métastases ? Pourrait-il
également diminuer la croissance des
métastases existantes ? Si c’est le cas,
on pourrait alors envisager une intervention chirurgicale pour retirer ces
tumeurs rendues plus petites. Enfin,
nous souhaitons étudier les mécanismes impliquant le nilotinib et le
DDR1 dans la formation des métastases
pour mieux comprendre l’action de la
thérapie ciblée et améliorer encore son
efficacité.
© DR
© DR
COMMENT EMPÊCHER LES CELLULES
DE S'ÉCHAPPER DE LA TUMEUR ?
|
N°26
|
3
23/07/13 15:41
À savoir
Info+
Le mot du chercheur
Dr Paule Latino-Martel,
Directrice de recherche à l’INRA
Un lieu pour lutter
contre la dénutrition
des malades
L
© Fotolia
a consommation de
boissons alcoolisées
augmente le risque de
cancers des voies aérodigestives supérieures, du côlon,
du sein (chez les femmes)
à partir de plus de 29 000
sujets de la cohorte NutriNet-Santé, la consommation
de plus de 10 g d’alcool par
jour est associée à un plus
grand nombre de facteurs
de risque de cancer (tabagisme, surcharge pondérale,
sédentarité et déséquilibres
alimentaires…) que chez
les personnes qui en
consomment moins.
Ainsi, une consommation importante
d'alcool constitue
un contexte aggravant pour la santé,
en raison des facteurs de risques qui y
sont associés. La part
des cancers attribuables à l’alcool en
France est d’environ
10,8 % chez l’homme
et 4,5 % chez la
femme (estimation
pour l’année 2000).
et du foie. Le risque de cancer est significatif dès une
consommation moyenne de
10 g d’alcool par jour (environ un verre standard par
jour) et il augmente avec la
quantité d’alcool consommée. De plus, d’après les
résultats récents obtenus
Quelles actions
mener pour limiter cet
impact ?
De toute évidence, la prévention doit être renforcée. Il s’agit par exemple
de mieux informer sur ce
facteur de risque et faire
connaître l’importance de
réduire la consommation
de boissons alcoolisées (en
réduisant la fréquence de
consommation et/ou les
quantités par occasion) ;
de développer des actions
en faveur des groupes à
risque avec des modalités
différenciées selon que l’on
s’adresse aux jeunes ou aux
plus âgés, aux hommes ou
aux femmes… ; d'encourager les professionnels de
santé à évaluer la consommation d'alcool chez les
patients atteints d'un cancer lié à l'alcool et envisager un accompagnement
ou une prise en charge.
Que peut apporter
aujourd'hui la recherche ?
De nouvelles recherches
s o n t n é c e s s a i re s p o u r
identifier les synergies
entre l’alcool et d’autres
facteurs de risque, pour
mieux connaître le profil et les motivations des
consommateurs et identifier les leviers individuels de changement des
comportements, pour tester différentes modalités
d’intervention menées à
différents niveaux (individus, familles, écoles,
entreprises…) et évaluer leur efficacité. Entre un tiers et la moitié
des patients atteints de
cancer commencent leur
traitement dans un état de
dénutrition, c'est-à-dire
avec un déséquilibre
durable entre les apports
énergétiques de l'alimentation et les dépenses.
Les conséquences sur le
traitement peuvent être
multiples : complications
postopératoires (infections,
fractures...), problèmes
de cicatrisation ou encore
toxicité accrue de la chimiothérapie. Pour lutter contre
ces troubles, des unités
transversales de nutrition
clinique ont été créées au
sein des hôpitaux. Une
quarantaine d’unités
existent aujourd’hui, dont
un grand nombre est
intégré aux services de
cancérologie. Une équipe
pluridisciplinaire (médecins,
infirmiers, diététiciens…)
est à la disposition des
patients pour mieux dépister et traiter les troubles
nutritionnels pouvant
survenir pendant la prise en
charge mais aussi après la
maladie. Pour vous
informer, n’hésitez pas à en
parler avec votre médecin.
À lire sur ce sujet un dossier
spécial sur notre site
www.fondation-arc.org
rubrique Face au cancer
© Fotolia
Quel est le poids de la
consommation d'alcool
sur les cas de cancers en
France ?
DR
CONSOMMATION
DE BOISSONS ALCOOLISEES
ET RISQUE DE CANCER
La Lettre de l’ARC – Fondation ARC pour la recherche sur le cancer – BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex – Tél. : 01 45 59 59 09 - www.fondation-arc.org – Directeur
de la publication : Jacques Raynaud – Comité éditorial : Axelle Davezac, Sylvie Droubay Luneau, Chantal Le Gouis, Claude Soto – Rédaction : Laurence André, Swan
Bargue, Guillaume Frasca, Gwendoline de Piedoue, Nicolas Reymes – Réalisation : Studio Goustard – Commission paritaire : 1014H85509 – Dépôt légal : août 2013
Impression : Vincent Imprimerie – Tirage : 223 500 exemplaires. La Lettre de l'ARC n°26 est accompagnée d'un supplément L’essentiel des comptes 2012.
4
SG_Lettre_ARC_26.indd 4
|
La Lettre de l'ARC
|
août 2013
|
N°26
|
23/07/13 15:41
La recherche en action
Mieux
comprendre
UNE DECOUVERTE
MAJEURE SUR LA BIOLOGIE
DES CANCERS
QU’EST-CE QU’UNE
GREFFE DE MOELLE
OSSEUSE ?
© DR
Chercheur
au CNRS et directeur
de l’Institut de
Génétique Humaine
à Montpellier,
le Docteur
Giacomo Cavalli
est lauréat du Prix
Fondation ARC Équipe
à l’Honneur 2012.
C’est dans la moelle osseuse que sont fabriquées
l’ensemble des cellules du sang. Elle est en effet constituée de cellules dites « souches hématopoïétiques »,
capables de se différencier pour donner naissance
aux plaquettes, aux globules rouges et blancs (les
cellules immunitaires).
Les cancers du sang, appelés également leucémies,
se caractérisent par un surnombre de globules blancs
anormaux. Le traitement consiste le plus souvent à
soumettre l’organisme à une chimiothérapie qui
détruit les globules blancs cancéreux. C’est après avoir
été soumis à ce protocole que certains patients peuvent
bénéficier d’une greffe de moelle osseuse, ou plus
précisément de cellules souches hématopoïétiques
saines. L’objectif est de permettre au patient de fabriquer à nouveau des cellules sanguines saines.
Pour y parvenir, deux techniques sont possibles. Première option : les cellules souches, prélevées chez le
patient, sont soumises à une chimiothérapie puis
réinjectées par transfusion. Le donneur et le receveur
étant alors une même et unique personne, il n’existe
pas de risque de rejet. Dans d’autres cas, le donneur
est une autre personne, compatible avec le patient,
c'est-à-dire que leurs cellules sanguines doivent présenter de fortes similitudes. Les cellules souches
hématopoïétiques saines peuvent alors directement
être greffées du donneur au patient, sans traitement
par chimiothérapie. Pour que la réaction de rejet soit
la moins forte, le système immunitaire du patient doit
être détruit avant de recevoir le greffon : le patient
doit alors rester dans une chambre stérile, afin de
réduire le risque d’infection. C
réé en 2008, le prix « Équipe à l’Honneur », d’un
montant de 10 000 €, récompense une équipe
ayant obtenu des avancées majeures dans la
recherche sur le cancer, dans le cadre d’un financement
important attribué par la Fondation ARC.
Pour mener leur projet de recherche, le Docteur
Giacomo Cavalli et son équipe ont reçu en 2007 une
subvention de 360 000 € sur trois ans. Ce projet avait
pour objectif de comprendre le rôle de deux groupes
de protéines, appelés Trithorax et Polycomb, dans le
contrôle de l’activité de certains gènes. Ils ont découvert que des modifications des protéines Polycomb
provoquent une prolifération des cellules, qui peut
conduire à la formation d’un cancer.
Ils ont également pour la première fois mis en évidence
que dans les noyaux de cellules, ces mêmes protéines
ordonnent les chromosomes suivant une organisation
très spécifique en 3 dimensions, dont la perturbation
peut aussi provoquer la transformation de cellules
saines en cellules cancéreuses.
Ces avancées très importantes sur la biologie des cancers ouvrent la voie au développement de nouveaux
médicaments anticancéreux. Elles ont fait l’objet de
publications dans une dizaine de revues, dont les
célèbres Nature Genetics en 2009 et Cell en 2011.
|
SG_Lettre_ARC_26.indd 5
La Lettre de l'ARC
© Thinkstock
Sur proposition du Conseil scientifique, le Conseil
d’administration de la Fondation ARC a désigné
Giacomo Cavalli en tant que lauréat du prix Équipe
à l’Honneur 2012. |
août 2013
|
N°26
|
5
23/07/13 15:41
Àp
partager
g
Témoignage
Questions | Réponses
© DR
Qu’est-ce qu’un myélome ?
L
orsque j’ai eu mon premier cancer, c’était en 1994.
Dès que j’ai vu qu’il y avait du sang dans mes urines,
j’ai consulté mon médecin. On m’a annoncé que
j’avais un cancer de la vessie et je me suis fait opérer sans
attendre. Peu de temps après, on m’a diagnostiqué un autre
cancer, à l’estomac, qu’on m’a retiré. J’avais 47 ans, j’étais
marié, j’avais deux jeunes enfants, une vie très active et des
engagements dans le milieu associatif. J’ai dû tout arrêter
pour m’occuper de moi.
«
Après cette période difficile, j’ai repris le travail. Je pensais
être guéri, mais lors d’un contrôle médical en 2004, on m’apprend la récidive de mon cancer de la vessie. De nouveau, j’ai
dû subir une opération et suivre des traitements.
Puis en 2007, à la suite d’examens pour opérer une hernie,
mes médecins découvrent par hasard que j’ai une leucémie…
et quatre ans plus tard, une récidive ! La chimiothérapie ne
fonctionnait pas, j’avais besoin d’une greffe de moelle osseuse,
sinon j’allais mourir. Heureusement, j’avais une sœur compatible qui m’a sauvé, mais j’ai dû passer plus de 5 semaines
en chambre stérile. Cela a été très dur, encore plus que mes
autres cancers. J’ai beaucoup souffer t des effets
secondaires.
Aujourd’hui je vais bien et je sais que j’ai eu de la chance. Bien
entouré par ma famille et suivi psychologiquement, j’ai réussi
à toujours garder le moral face à la maladie. C’est comme
cela qu’il faut se battre : au moindre doute, faire des examens,
consulter un bon médecin, lui poser des questions et lui faire
confiance.
Le myélome est une tumeur
qui se développe au sein de la
moelle osseuse, localisée dans le
crâne, les os du bassin, les côtes,
le sternum et la colonne vertébrale. La maladie se développe
à partir des plasmocytes, des
cellules du système immunitaire appartenant à la famille des
globules blancs et plus particulièrement des lymphocytes B.
Lorsque les plasmocytes se
divisent de manière incontrôlée et deviennent cancéreux, ils
envahissent la moelle osseuse et
s’attaquent aux os.
Qu’est-ce que
la scintigraphie ?
Il s’agit d’une technique d’imagerie médicale qui permet d’observer l’activité d’un organe,
notamment les os, les poumons,
le cœur ou la thyroïde. Une scintigraphie peut être prescrite
pour confirmer et affiner un
diagnostic de cancer.
Pour ce faire, un produit contenant un marqueur radioactif est injecté au patient par
voie intraveineuse. Lorsque le
« traceur » s’est fixé sur l’organe
à étudier, le patient est placé sur
une table autour de laquelle se
déplace une caméra. Celle-ci
enregistre les rayonnements
émis par le traceur et permet
ainsi d’obtenir des informations
très précises sur l’organe et son
activité.
Les particules diesel sont-elles
cancérigènes ?
Le Centre international de
recherche sur le cancer (CIRC)
a classé en juin 2012 les particules fines retrouvées dans les
gaz d’échappement des moteurs
diesel parmi les agents cancérigènes avérés.
Une étude conduite sur plus
de 12 000 personnes a mis en
évidence que les sujets les plus
exposés aux émanations des
moteurs diesel présentent un
risque de cancer du poumon
trois fois plus important que les
sujets les moins exposés. Ces
travaux ont également indiqué
une augmentation possible du
risque de cancer de la vessie,
sans pouvoir établir à ce stade
un lien définitif.
L’Institut national du cancer
(INCa) estime que 1 000 à 1 500
cancers du poumon seraient
dus à une exposition aux particules fines diesel sur les 39 500
nouveaux cas diagnostiqués en
France en 2011 (soit entre 2,5 et
4 % des cas). La Fondation ARC à votre écoute
En vingt ans, j’ai pu constater les incroyables progrès de la
médecine. C’est fabuleux, ce qu’on peut faire aujourd’hui ! Les
traitements sont de plus en plus personnalisés et on peut
mieux atténuer les effets secondaires.
Fondation ARC - BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex
J’ai envie de dire merci aux chercheurs. Il faut continuer à
chercher. Il faut qu’ils se bagarrent comme moi je l’ai fait, car
c’est grâce à eux que je suis encore en vie ! . Lucien Sautreuil
www.fondation-arc.org
6
SG_Lettre_ARC_26.indd 6
|
La Lettre de l'ARC
Téléphone : 01 45 59 59 09
E-mail : [email protected]
www.facebook.com/ARCcancer
https://twitter.com/ARCcancer
|
août 2013
|
N°26
|
23/07/13 15:41
Actualités
Agir ensemble
FIL ACTUS CANCER
> Mieux comprendre
le syndrome du « gros bras »
L'apparition d'un lymphœdème, ou « gros
bras », est un effet secondaire connu du
traitement du cancer du
sein. Une étude américaine
a montré que ce syndrome
était favorisé par certaines
prédispositions génétiques ;
il est aussi plus fréquent
chez les patientes en
surpoids ou lorsque le cancer est avancé. Cette étude
devrait aider les médecins
à identifier les patientes à
risque pour leur proposer des mesures
préventives adaptées.
RENCONTREZ LES CHERCHEURS QUE VOUS SOUTENEZ
En juin dernier, à l’université de Rennes, la Fondation ARC a remis une subvention d’un montant de 50 000 euros à l’équipe du Docteur Oscar Acosta pour son
projet de recherche sur le cancer de la prostate. À cette occasion, des donateurs
ont visité le laboratoire de recherche rennais puis assisté à la présentation par
le Dr Acosta de son projet, dont l’objectif est de mieux visualiser les tumeurs de
la prostate afin d’augmenter l’efficacité des traitements actuels tout en épargnant davantage la partie saine de la prostate.
© iStockphoto
Chaque année, la Fondation ARC organise des remises de subventions aux chercheurs dans plusieurs grandes villes françaises. Votre présence lors de ces rencontres vous offre l’occasion de découvrir les laboratoires de recherche et d’être
au plus près des projets que vous soutenez !
Si vous souhaitez assister à ces rencontres, vous pouvez contacter notre service
Relations Donateurs pour connaître les lieux et dates des prochains
rendez-vous. © DR
> La classification de deux
cancers évolue
Deux études d'envergure viennent
modifier la vision de deux cancers
fréquents : les cancers colorectaux et
de l'endomètre (le corps de l'utérus). Des
analyses génétiques ont permis de classer
ces deux cancers en plusieurs sous-types,
permettant d'adapter le traitement au
profil moléculaire des tumeurs. Ainsi,
les chercheurs ont repéré quatre soustypes de cancers de l'endomètre (contre
seulement deux auparavant), et six soustypes de cancers colorectaux. Un pas de
plus vers la personnalisation de la prise
en charge des patients atteints de cancer.
ENCOURAGER LA PARTICIPATION
DES FEMMES AUX RECHERCHES SUR
LES CANCERS DU SEIN
Agenda
E
n février 2013, le Conseil d’administration de la fondation a choisi de participer au financement du projet « Les Seintinelles » pour un montant de
90 000 euros sur 3 ans. Ce projet très innovant permet aux femmes de
devenir de véritables actrices de leur santé tout en participant à la recherche.
Octobre 2013
Mené par Fabien Reyal, chirurgien spécialiste des cancers du sein, et Guillemette Jacob, ancienne malade, ce projet repose sur une plateforme Internet
(www.seintinelles.com) qui met en relation directe les chercheurs travaillant
sur les cancers du sein avec des femmes qui sont ou se sentent concernées et
qui se déclarent volontaires pour participer à des études. Cette plateforme permettra de multiplier le nombre d’études sur les cancers du sein et favorisera la
diffusion des connaissances, en sensibilisant et en impliquant un grand nombre
de femmes dans la lutte contre les cancers du sein. Cette initiative suit l’exemple
de Army of Women, créée aux États-Unis en 2008 : les données collectées auprès
de 350 000 volontaires ont déjà bénéficié à 48 études. En France, le projet
« Les Seintinelles » qui débute en octobre prochain a pour objectif de recruter
50 000 femmes au cours des deux prochaines années. • Du 16 au 18 octobre à Paris,
|
SG_Lettre_ARC_26.indd 7
La Lettre de l'ARC
|
août 2013
• En octobre, la Fondation ARC
sera partenaire du Ruban de l’espoir,
mobilisation nationale d’information
sur le cancer du sein.
la Fondation ARC sera présente au
Salon infirmier pour rencontrer les
professionnels et mettre à leur
disposition des supports d’information
sur la maladie et la recherche.
• Les 23 et 24 octobre à Paris,
la Fondation ARC vous invite à
rencontrer les jeunes chercheurs lors
des 17ème Journées Fondation ARC
Jeunes Chercheurs.
N’hésitez pas à nous contacter pour
plus d’information.
|
N°26
|
7
23/07/13 15:41
ARC Annonce Matrice ok sans nouvel obs_Mise en page 1 15/10/12 17:26 Page1
GUÉRIR
3
© JM Deguine
T
I
O
R
C
Y
N
NOUS, O
Optimus - Crédit Photo : Frédéric Albert
2
R
U
S
S
R
E
CANC
Pas sans la recherche et pas sans vous.
En 20 ans, les progrès de la recherche ont permis de guérir 1 cancer sur 2. Aujourd’hui, guérir 2 cancers sur 3 est à notre
portée. Mais pas sans la recherche et pas sans vous. Pour atteindre cet objectif d’ici 2025 et sauver encore plus de vies,
la Fondation ARC, 1ère fondation française exclusivement dédiée à la recherche sur le cancer, s’engage à identifier,
sélectionner et mettre en œuvre les programmes les plus prometteurs.
Faites un don à la Fondation ARC.
Rejoignez-nous sur :
www.fondation-arc.org
www.guerir2cancerssur3.org
SG_Lettre_ARC_26.indd 8
23/07/13 15:41
Téléchargement