IL Y A 70 ANS... EN 1943…

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IL Y A 70 ANS... EN 1943…
En février et en août, l’Armée Rouge gagnait 2 batailles décisives.
CES PLUS GRANDES BATAILLES DE L'HISTOIRE
DÉCIDERONT DU SORT DE LA 2ème GUERRE MONDIALE
ET SONNERONT LE GLAS DU NAZISME.
Après la bataille de Stalingrad voici la bataille de Koursk, où s’affronteront
l’Armée Rouge et la Wehrmacht, avec comme issue fatale une armée nazie
de l’Est qui sera décimée et définitivement réduite à la défensive jusqu'à
Berlin en 1945 quand l’Armée Soviétique hissera le drapeau rouge sur les
ruines du Reichstadt.
POUR NE JAMAIS OUBLIER QUE NOTRE LIBERTÉ D’AUJOURD’HUI
FÛT GAGNÉE SUR LE FRONT DE L’EST,
ET PAS UNIQUEMENT SUR LES PLAGES DE NORMANDIE !
GLOIRE ÉTERNELLE
Á LA GRANDE ARMÉE ROUGE,
Á SES SOLDATS ET Á SES CHEFS !
Brochure n°5 de la Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas de Calais
[email protected]
IPNS- août 2013
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Du 5 juillet au 26 août 1943, le front de l'Est vit s’affronter le plus terrible choc de blindés et d’artillerie
de toute la guerre 39-45 et de toutes les guerres : la bataille de Koursk.
Comme pour Moscou puis Stalingrad, cette bataille fût effroyable par son intensité et son ampleur
considérable. Deux armées, fortes de millions d'hommes de chaque côté, dans une lutte à mort qui
allait déterminée le sort de la deuxième guerre mondiale. Jamais personne, au cours de cette guerre,
n'avait imaginé cette immense concentration de troupes et de blindés en action.
Alors que l’Armée Rouge était forte de sa victoire à Stalingrad, la Wehrmacht vaincue dans les faubourgs de la ville soviétique martyre entendait récupérer l'initiative stratégique pour redéfinir le
cours de la guerre. Mais l’espoir machiavélique des armées nazies d’Hitler et de Keitel fût contrarié
par une armée de la liberté et du progrès, l’Armée Rouge de Joseph Staline et du Maréchal Joukov.
De Stalingrad à Koursk.
C’est donc au 1er semestre de 1943 que le changement d'orientation de la stratégie employée sur le front
de l'Est fut décisif pour l’issue de cette guerre. Stalingrad et ses alentours reconquis et libérés, l’armée
nazie en déroute, l'Armée Rouge avait repris l'initiative pour chasser les envahisseurs nazis des territoires
conquis depuis l’invasion de juin 1941, pour encore libérer de nombreuses villes et régions, et des millions
de citoyens soviétiques qui avaient subis la faim, l'oppression et la barbarie nazie.
Après les défaites subies, d’abord à Stalingrad puis suivies de l'offensive d'hiver des troupes soviétiques,
le grand quartier général nazi était face au problème de la stratégie à adopter sur le front de l'Est.
Prévoyant une nouvelle offensive soviétique, les nazis ne pouvaient ni rester sur la défensive afin de ne
pas entacher plus encore le moral déjà bien bas des troupes allemandes et de ses alliés, ni renoncer à reprendre l'initiative, c’était agitait le spectre d'une défaite finale admise par le Reich lui-même.
Ce n'était donc que par la stratégie de l'offensive que les forces de l'Axe pouvaient se préserver de l’idée
de la défaite afin de maintenir la conviction de la victoire finale, mais aussi persévérer l’Allemagne d’une
potentielle nouvelle déconvenue telle que celle de Stalingrad qui eût des répercussions mondiales.
Pour les nazis, il était donc impératif que les peuples du reste du monde et des pays envahis continuent à
se sentir sous la menace perpétuelle ou tenus en laisse par la puissance et l'invincibilité des armées nazies,
et que l’idée d’un « empire pour 1000 ans » promis par Adolph Hitler, se concrétisait.
C’est donc avec cette idée, liée à la propagande, que le haut commandement nazi décida de monter une
puissante offensive à l'Est pour reprendre en main l'initiative stratégique et gommer l’échec de Stalingrad.
Il lui fallait consolider le bloc de l’Axe qui avait été ébranlé en subissant quelques déconvenues, et restaurer
le prestige allemand qui avait subi quelques accrocs. C’est ainsi qu’outre l’effet militaire il fallait un électrochoc politique, c’est ce qu’exprimera le chef d'état-major de l'O.K.W (un organisme nazi qui avait remplacé le
ministère des armées et de la guerre en 1938) le maréchal Keitel, lors d'une conférence tenue à la chancellerie du
Reich « Il nous faut attaquer, c'est une nécessité politique. »
Les militaires et les dirigeants politiques nazis étaient unanimes sur la stratégie à employer et persuadés
qu'un succès minerait la coalition alliée au point de la disloquer. Donc l’idée des idéologues et militaires
du 3ème Reich était de détruire la coalition alliée afin de provoquer le sentiment d’impuissance et le mécontentement du gouvernement soviétique et de toute la population à l'égard des USA et des Britanniques.
Mais en sous-entendu, une victoire nazie contre les communistes, principale force antagonique au capitalisme, avaient pour effet d’annuler l'ouverture du second front en Europe exigé par Staline qui avec le PCbUS (Parti Communiste Bolchévique d’URSS), demeurait le principal ennemi de Roosevelt et Churchill …
Le calcul des nazis était donc qu’une fois le « danger communiste » éloigné du fait de la défaite de l’Armée
Rouge, les alliés n’avaient plus nécessité à ouvrir le front de l’Ouest : ils démontraient ainsi que cette guerre
mondiale avait pour origine la lutte impérieuse contre le communisme, et une des preuves que la guerre
n’a pas été gagnée sur les plages de Normandie mais à la frontière de l’Oural.
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Ce que résume l'historien de l'Allemagne de l'Ouest, Walter Gôrlitz, dans cette phrase « Hitler pensait que plus tôt
un nouveau coup important frapperait la Russie, plus tôt la
coalition entre l'Est et l'Ouest s'effondrerait ».
Pour bien préparer la contre-offensive prévue dès l’été
1943, les dirigeants allemands pouvaient compter sur un
potentiel économique et industriel en constante progression, et sur une main d’œuvre gratuite et corvéables à
souhait qu’étaient les centaines de milliers, voire les millions de prisonniers et de bagnards des camps de concentration.
La production de chars était passée, malgré les intensifs bombardements alliés sur l’Allemagne et les nombreux sabotages des chaînes par la résistance interne, de 5 700 en 1942 à 11 900 en 1943 et celle des
avions durant la même période de 14 700 à 25 200.
Quant à la production de canons et mortiers, elle avait doublé entre 1942 et 1943. Enfin, les munitions,
mines, bombes et obus sortaient des chaînes à une cadence trois fois supérieure à celle de 1940.
Ce début d’été 1943 marquera donc un renforcement incroyable de la production nazie d’armes de guerre
de plus en plus performantes et de plus en plus fiables qui pour la plupart étaient d'un type nouveau.
Dans ces conditions, le haut commandement nazi était en mesure de combler les pertes en armes et en
matériel, subies à Stalingrad mais aussi d'équiper de nouvelles unités pour compenser les centaines de
milliers de morts et de prisonniers allemands et alliés des nazis, tombés sur le Front de Stalingrad grâce à
la détermination de l’héroïque Armée Rouge.
C’est donc sur un nouveau matériel beaucoup plus performant et plus fiable, que les hauts dirigeants du
commandement nazi fondaient leurs nouveaux espoirs d’une victoire de la Wehrmacht sur le Front de l’Est
et pensait donc tenir leur revanche sur l’Armée Rouge de Joukov et surtout sur Staline, ceux qui les avaient
humiliés quelques mois plus tôt en contraignant Von Paulus à la reddition.
Il s’appuyait en particulier sur les chars lourds tel que le Panzer-VI communément appelé le « Tigre », une
bête de guerre de 56 tonnes, armé d'un canon de 88 et de deux mitrailleuses, qui bénéficiait d'un blindage
frontal épais de 100 mm et jusqu’à 150 mm pour le « Tigre Royal ».
Quant au nouveau Panzer-5, aussi appelé « le char Panthère », il était entré en production massive comme
d’ailleurs le nouveau canon automoteur « Ferdinand » avec son blindage d’une épaisseur exceptionnelle
de 203 mm et son tube de 88 à tirs rapides.
Les nazis ayant retenu les raisons matériels de leur défaite à Stalingrad, ils avaient accordé une grande
attention au renouvellement du matériel de la Luftwaffe, qui voyaient arriver chaque jours de nouveaux
appareils beaucoup plus efficace, comme l’avion Focke-Wulf-190 A, un chasseur qui dépassait les 680
Km/h, ou le Henschel-129, employé en appui direct des troupes d'infanterie sur le champ de bataille. Tous
deux possédaient un armement important et très destructeur pour les troupes au sol.
Les nazis se hâtaient à compléter leurs divisions, qui avaient subi de lourdes pertes et à en créer d’autres.
En juillet 1943, les effectifs des forces armées nazies s'élevaient au total à 10 300 000 hommes, la Wehrmacht restait donc une armée puissante, bien équipée et capable d'affronter de durs combats.
Il est évident que la situation était facilitée puisque qu'aucun second front n'avait encore été ouvert en
Europe de l’Ouest et du Sud. Le haut commandement nazi profita donc de cet avantage offert pour transférer des centaines d’unités de combat sur le front de l'Est.
C'est ainsi que 196 des meilleures divisions nazies (infanterie-artillerie-char-aviation) qui représentaient
les deux tiers de l'armée allemande, auxquelles s’ajoutaient 32 divisions et 8 brigades fournies par les alliés
du Reich. 6 millions de nazis à l’assaut de l’Armée Rouge, et dotés d’un équipement quasiment neuf composé de 56 200 canons et mortiers, 5 800 chars et canons d'assaut et 3 000 avions… le choc s’annonçait
terrible, et il le fût !
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Ce front germano-soviétique était le plus important de la guerre puisque sept divisions et deux brigades
soit 2,7 %, des forces nazies, étaient engagés face aux Américains et aux Britanniques, quand 91 divisions
et 3 brigades était cantonnées à la surveillance les territoires occupés.
Le haut commandement nazi pris la décision de porter leur effort sur un étroit secteur appelé le « saillant
de Koursk ». Cette bande avait été créée au cours de l'offensive soviétique post Stalingrad. La forme géographique de ce secteur favorisait cette décision qui concentrait les forces nazies concernées dans les
zones d'Orel et de Bielgorod et menaçaient les flancs et les arrières des troupes soviétiques placées à l'intérieur même du saillant.
De même, ce saillant enfoncé profondément au cœur des défenses nazies, était de la plus grande importance pour les soviétiques puisqu’ils pouvaient l'utiliser pour frapper sur les flancs troupes nazies d'Orel
et de Bielgorod.
Durant la fin de l’hiver et le début du printemps 1943 que chacun connaît pour les conditions climatiques
et météorologiques, le commandement nazi avait préparé le plan dans ses moindres détails. C’est le 15
avril qu’Hitler donna l'ordre d'attaquer le saillant de Koursk, le nom de code était « Opération Citadelle ».
Hitler s’exprima ainsi : « Cette offensive revêt une importance capitale. Elle doit se conclure par un succès
décisif et rapide [...]. Dans la direction de l'effort principal, seront utilisés le meilleur matériel, les meilleures
troupes, les meilleurs chefs et les plus grandes quantités de munitions. A chaque échelon, tous les chefs, tous
les soldats devront avoir été convaincus à fond de l'importance primordiale de cette offensive. La victoire de
Koursk doit être un phare que le monde entier verra s'illuminer »
Les plans de l'opération consistaient à porter l'effort principal sur les forces soviétiques concentrées au
sud d'Orel, avec la 9ème Armée nazie et au nord de Kharkov, avec la 4ème Armée blindée et le groupement
tactique « Kempff », du groupe d'armées Sud. En dirigeant l'action sur Koursk, le haut commandement nazi
comptait ainsi encercler et détruire les forces des fronts de Voronej et du Centre qui défendaient le saillant.
L’ambition de l’état-major nazi était de raccourcir le front, et si l'opération fonctionnait selon les plans, de
développer leur offensive sur les arrières du front du Sud-Ouest, nom de code « opération Panthère », pour
tourner vers Moscou et encercler la totalité des forces soviétiques au centre du front : une leçon de stratégie militaire retenue de Stalingrad.
Les nazis avaient concentré d'énormes forces : 50 divisions, dont 16 étaient blindées ou motorisées, soit
près de 900 000 hommes avec quelque 10 000 canons et mortiers et 2 700 chars. Une force additionnelle
de 20 divisions se trouvait sur l'aile de la force principale, prête à intervenir pour appuyer les troupes
d'assaut, soit 1.5 million d’hommes.
C’est donc avec 70 divisions soit 30 % de toutes les forces allemandes engagées sur le front de l'Est (près
de 6 millions de combattants), que la bataille allait être engagée, dont 25% était constitué de chars Panzer6 et de divisions motorisées équipées du « Ferdinand ». 2 000 appareils pour l'appui aérien, avec l’élite de
la Luftwaffe dont le groupe de chasse 51 des « SS Môlders » et la légion « Condor » (celle qui avait bombardait Guernica en 1936).
Vu l'importance d’une telle opération, l’O.K.H. et l’état-major général de l'armée de terre, avaient réétudié
et modifié plusieurs fois ce plan « Citadelle », par stratégie et doute de fuites possibles, mais surtout par
crainte d’Hitler qui avait dit : « il ne fallait absolument pas échouer, je vous l’interdis ».
Les divisions qui allaient prendre part à l'offensive furent mises au repos et complétées en hommes et en
matériel. On peut facilement comprendre les inquiétudes du haut commandement nazi qui avait porté une
attention particulière sur le système défensif soviétique à l'intérieur du saillant de Koursk.
Un des généraux allemands, le général Mellenthin affirmait après la guerre dans son livre « Batailles de
panzers, 1939-1945 » que : « grâce au service de renseignements, chaque mètre carré avait été photographié
d'avion » et « aucune offensive n'avait jamais été préparée avec plus de soin que celle-là ».
Quant à l'entraînement, il avait semble-t-il été rendu aussi réaliste que possible : tirs pratiques et exercices
tactiques s'étaient succédés régulièrement en arrière du front.
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En avril, le général Guderian surnommé « Schneller Heinz » (Heinz le rapide pour son efficacité à enfoncer
les lignes ennemies), qui fût commandant en chef des forces blindées jusqu’à l’échec devant Moscou en
1941, avait même été rappelé malgré sa disgrâce aux yeux d’Hitler, pour inspecter les unités de panzers et
motiver des troupes qui le respectaient plus que tout. Un des membres de l'état-major, le général Erfurth
a écrit après-guerre « tout le potentiel offensif que l'Allemagne avait pu rassembler, fut jeté dans l'opération
Citadelle ».
Et personne ne peut nier que l’Allemagne nazie avait mis tous les moyens possibles et exceptionnels pour
gagner la bataille de Koursk et vaincre l’Armée Rouge, ceci est à retenir car malheureusement si peu évoqué par nos historiens, nos intellectuels ou nos journalistes.
L'armée Rouge de son côté, se préparait à faire face à la grande contre-offensive, les services de renseignements soviétiques ayant appris une opération décisive sur le front de l'Est. Aussi, grâce à l’excellence des
services secrets, l’état-major soviétique fut en mesure de reconstituer l'ensemble du plan des forces allemandes, mais aussi son exacte composition en hommes et matériels, les positions, les ressources et la date
et le moment où l'offensive serait déclenchée.
Après avoir analysé toutes les possibilités de la stratégie
nazie, les généraux soviétiques prirent la décision de se tenir sur la défensive et d'épuiser l'ennemi par une succession de combats sur des positions préparées.
Avec cette tactique ils ambitionnaient la destruction des
forces de choc nazies dans les zones d'Orel et de Bielgorod,
qui pouvait, en cas de victoire, se transformer en une offensive soviétique générale sur un immense front destinée à
bousculer le « rempart oriental » des forces de l'Axe.
Les armées de défense de Koursk furent confiées aux héros de Stalingrad, le général Rokossovski et le
général Vatoutine, celles de réserve (destinées à renforcer les secteurs menacés) au Général Koniev.
Les soviétiques ayant bien compris que l'ennemi préparait une offensive de grande envergure et lourde de
conséquences quant à ses prolongements possibles, la coordination des fronts était sur place et prise en
charge par les plus hauts commandants de la STAVKA (le commandement général) en la personne du Maréchal Joukov et du chef d'état-major général, le maréchal Vassilevski, mais aussi afin d’anticiper à la
contre-offensive une fois l'ennemi nazi repoussé et saigné à blanc.
Des mesures très strictes furent prises pour écarter toute possibilité d'une percée ennemie du Front :
lignes renforcées par de nombreux canons, chars et avions, les plus grandes concentrations étant effectuées sur les endroits qui semblaient les plus probables pour l'attaque.
Dans le secteur tenu par la 13ème Armée, l'axe le plus exposé situé le long de la voie ferrée reliant Orel à
Koursk, des régiments supplémentaires d'artillerie venus de la réserve furent affectés à ce front pour parer
à tout risque d’enfoncement. Avec ce supplément du 4ème corps d'artillerie d'assaut composé de 484 canons, 216 mortiers et 432 lance-roquettes de campagne, il avait été constituée une défense d'artillerie jamais réalisée auparavant : 96 canons d'un calibre supérieur à 76 mm, par kilomètre de front, soit un canon
tous les 10 mètres , près de deux plus que la possibilité des nazis pour l'offensive qu'ils avaient préparés.
Sur les secteurs tenus par les 6ème et 7ème Armées de la Garde se trouvaient 67% des canons et mortiers du
front et 70% de l'artillerie de réserve du haut commandement. Ce système de défense mis en place par le
commandement soviétique était puissamment articulé en profondeur, et doté d'armes solidement installés
dans des tranchées bien organisées qui bénéficiaient d'un grand nombre d'obstacles artificiels (barbelés,
mines, croix antichars…).
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Informés par les services de renseignements que les nazis avaient acheminé des milliers de chars et qu’ils s’appuieraient sur leur emploi massif
pour enlever la décision, une attention particulière fut accordée aux défenses antichars, sous la forme de solides nids de résistance complétés
par un réseau de champs de mines et de pièges de tous genres. Comme
les réserves d'artillerie avaient été entraînées puis affectées en conséquence, tous les détachements de résistance étaient prêts dans le temps
voulu. Ainsi, ces nids de résistance disposaient chacun de 3 à 5 canons et
jusqu'à 5 armes antichars, de 2 à 5 mortiers et d’un nombre conséquent
de combattants équipés de mitraillettes et mitrailleuses.
Aux endroits les plus importants, la résistance antichar avaient jusqu'à 12 canons pour repousser toutes
les attaques. On n'avait pas lésiné sur le personnel, pas plus que sur le matériel.
La profondeur des deux fronts sur les axes probables d'attaque atteignait 150 à 180 kilomètres. En y ajoutant les lignes de défense des fronts de la Steppe et du Don, cela fait 250 voire 300 kilomètres, sur huit
lignes successives de positions renforcées qui attendaient l'ennemi de pied ferme.
Ainsi les travaux effectués pendant cette période préparatoire furent titanesques, les archives font apparaître que dans le secteur du seul front du Centre situé comme il est dit au milieu du saillant de Koursk, 4
000 kilomètres de tranchées et de boyaux de communication furent creusés, et 400 000 mines et bombes
incendiaires posées. La densité moyenne des champs de mines atteignait 1500 mines antichars et 1680
mines antipersonnel, soit six fois plus que pour la défense de Moscou et quatre fois plus que pour celle de
Stalingrad.
Toujours grâce aux informations des services de renseignements, concernant les nouveaux avions nazis,
les défenses antiaériennes avaient été préparées pour « accueillir » les aviateurs des divisions d’élite SS.
9 divisions d'artillerie antiaérienne composées de 40 régiments, 17 batteries et 10 trains blindés, accompagnées par 2 divisions de chasseurs de la « défense aérienne du territoire » avaient été rassemblées dans
le saillant, soit un quart des mitrailleuses lourdes et légères et des armes antichars affectées à la principale
ligne fortifiée et la moitié affectée à la D.C.A.
La maîtrise du ciel faisait peser une lourde responsabilité aux forces aériennes tactiques, qui avaient reçu
les consignes de coopérer avec les unités à terre pour repousser l'attaque nazie au sol et s’assurer de la
supériorité aérienne.
Aussi, même si la préparation n'était pas complétement achevée, les avions soviétiques avaient anticipé en
lançant une série d'attaques contre l'ennemi, sur ses aérodromes, ses nœuds ferroviaires, ses dépôts de
carburants et ses concentrations de troupes.
Toutes les troupes avaient subi un entraînement intensif en vue de la grande bataille qui se préparait et
priorité avait été donnée aux exercices visant à répondre aux attaques des chars et de l'aviation, mais aussi
aux contre-attaques à mener contre des ennemis qui auraient percé les défenses.
Les conseils militaires des groupes d'armées, le commandement aux différents échelons, les organes politiques, le parti communiste, les travailleurs des usines et les organisations de jeunesse avaient entrepris
un effort intensif et considérable pour soutenir le moral des troupes et leur apporter de meilleures conditions matérielles.
La population civile des régions de Koursk, Orel, Voronej et Kharkov apporta son active contribution aux forces armées dans la préparation de
la bataille.
Dès avril 1943, 105 000 personnes volontaires et réquisitionnées se mirent à construire les défenses. Au mois de juin, elles étaient 300 000 venues des régions libérées à fournir une aide inestimable, notamment en
construisant une voie ferrée, de Stary Oskol à Rjava, qui était d’une nécessité vitale pour le ravitaillement du front.
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Il faut se rendre compte qu’au cours des 3 mois que dura la préparation jusqu’au début juillet, les travailleurs et travailleuses soviétiques creusèrent des milliers de kilomètres de tranchées et remirent en état
250 ponts et plus de 2 500 kilomètres de routes et de pistes.
Au moment du déclenchement de la grande offensive nazie, une imposante force soviétique était donc en
place sur un secteur long de 550 kilomètres où le commandement de l'Armée Rouge avait concentré plus
de 20 % de ses forces d’infanterie, 20 % de son artillerie, 27 % de ses avions et environ 36 % de ses chars
et canons automoteurs.
Contrairement à ce qui s'était passé à Stalingrad et à Moscou, les forces soviétiques positionnées dans le
saillant de Koursk, avaient une supériorité numérique globale de 7 contre 5 pour les hommes, de presque
2 contre 1 pour les canons et les mortiers et de 4 contre 3 pour les chars et canons automoteurs, quant aux
avions, le rapport était de 6 contre 5.
Néanmoins, comme le but des nazis était d’opérer par une rapide percée, la plus grande partie de leurs
panzers et de leurs divisions motorisées était concentrées sur les premières lignes, ils étaient donc un peu
plus nombreux que les Soviétiques : plus de 2 contre 1 en chars, presque autant en hommes. Sur le secteur
de la 6ème Armée de la Garde, la supériorité allemande était plus forte, 2 contre 1 en hommes et de 6 contre
1 en chars. Le haut commandement allemand s’attendait donc à enfoncer facilement la défense soviétique
dès le premier coup porté par les panzers dotés d’un puissant appui aérien.
Quelques heures avant de recevoir l’ordre d’attaque, une déclaration d’Hitler fut lue aux troupes : « Demain,
disait-il, vous allez participer à de grandes batailles offensives dont l'issue doit décider du sort de la guerre.
Par votre victoire, vous prouverez au reste du monde que, plus que jamais, toute résistance aux armées allemandes est vouée, inévitablement, à l'échec. »
Mais l'offensive allemande ne s'est pas déroulée de la façon dont les dirigeants du Reich l'avaient imaginé
depuis des mois, ils avaient été loin de surprendre les soviétiques.
Quelques jours avant la grande attaque, les services de renseignements soviétiques avaient été en mesure
d'avertir que l'offensive ennemie serait vraisemblablement lancée entre le 3 et le 6 juillet. Les soviétiques
étaient donc déjà en alerte et prêt pour la riposte. De plus, des prisonniers faits le 4 juillet avaient dévoilé
que l'offensive des groupes de choc nazis avait été fixée à l'aube du 5 et que ces unités de combat étaient
déjà positionnées sur leurs lignes de départ, attendant l’ordre du haut quartier général allemand.
Le commandement soviétique, fort de ces informations secrète, pris la décision de lancer une puissante
contre-préparation d'artillerie et d'aviation. Le principal objectif était de détruire le maximum de batteries
ennemies et contre les chars et l'infanterie qui se préparaient à l'attaque.
Le 5 juillet, à 2 h 20, des centaines de canons soviétiques lancèrent une tempête de feu sur les positions
ennemies. Le calme des premiers jours de juillet était maintenant bien fini.
Ce contre bombardement provoqua de nombreuses pertes en hommes et en matériel, et le moral des Allemands était déjà affecté, comprenant que leurs plans étaient connus et que l’effet de surprise voulu était
compromis, que les soviétiques les attendaient de pied ferme.
Les nazis durent retarder de deux heures l’ordre d’attaque afin de réorganiser leurs unités, voici donc
comment les événements se sont succédés ce 5 juillet 1943 dans le saillant de Koursk :
Sur la ligne Orel-Koursk, la 9ème armée nazie commandée par le général Model commença sa préparation
d'artillerie à 4 h 30, avec 90 minutes de retard sur l'horaire prévu, puis de nombreux bombardiers décollèrent à 5 h 10.
Sous cette couverture d'artillerie et d'aviation, à 5 h 30 les chars et l'infanterie passèrent à l'attaque sur un
front de 40 kilomètres. L'action principale des nazis était dirigée contre la 13ème Armée soviétique du général Poukhov et les 48ème et 70ème Armées positionnées à sa droite et à sa gauche. 3 divisions de panzers
et 5 d'infanterie nazies furent étaient engagées dans la bataille contre le flanc gauche de la 13ème Armée
soviétique, vers Olkhovatka où la défense était assurée par la 15ème division du colonel Djangava et la 81ème
division du général Barinov, des divisions de fusiliers rompus au combat.
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Quelques 500 chars nazis attaquèrent : des chars
lourds de type « Tigre » et des canons automoteurs de
type « Ferdinand », attaqués par groupe de dix à
quinze en première ligne, suivis des chars moyens en
deuxième ligne, qui attaquaient par groupes de cinquante à cent au côté de l'infanterie. Dans les airs, les
bombardiers et des chasseurs en groupes de cinquante à cent appareils, s'acharnaient sur la 13ème Armée en larguant des bombes de 500 kg et mitraillés les
défenses soviétiques.
Le commandement soviétique envoya le gros de la 16ème Armée aérienne du général Roudenko en appui
de la 13ème Armée.
Les combats au sol et dans les airs étaient d’une intensité incroyable et inégalée depuis le début de la
guerre, c’était le début d’une terrible bataille.
Au cours de 1ère journée, par quatre fois les nazis tentèrent de percer, et par quatre fois ils échouèrent.
Les soviétiques se battaient avec une farouche détermination et s'accrochaient à chaque parcelle de terrain, la tenaient le plus longtemps possible puis passaient à la contre-attaque.
Au prix d'efforts démesurés et de très lourdes pertes, les nazis parvinrent à enfoncer la ligne de défense
principale de la 13ème Armée le 6 juillet et s’ils avaient réussi à avancer de plusieurs kilomètres, ils avaient
eu 2500 tués et blessés et perdu 200 chars et canons automoteurs, plus de 200 avions et une bonne partie
de leur artillerie et de leur matériel, mais aussi un grande nombre d’officiers. Par exemple, le 195ème régiment de la 78ème division d'infanterie du 23ème corps nazi eut tous ses commandants de compagnie tués
en deux jours.
Le 7 juillet, devant la résistance soviétique, le haut commandement nazi pris la décision de concentrer les
combats vers leur objectif principal qui était la jonction des voies ferrées de Koursk et d'Orel, de durs combats ensanglantèrent ce secteur.
Les troupes soviétiques tenaient cette zone et portaient de rudes coups à l'ennemi qui par cinq fois est
monté à l'assaut et par 5 fois fut repoussé par les troupes du général Yenchine de la 307ème division de
fusiliers qui firent preuve d’un héroïsme comparable à des équipages de chars, des artilleurs et des sapeurs
qui minaient les routes au fur et à mesure de l'avance des blindés allemands.
Au matin du 8 juillet, 300 chars ennemis appuyés par des fantassins armés de mitraillettes, attaquèrent les
positions tenues par le colonel Roukossouiev de la 3ème brigade antichars soviétique qui n'ouvrira le feu
que lorsque les blindés ennemis furent à 700 mètres pour en détruire dix-sept.
Mais après cette attaque, il ne restait plus qu'un seul canon et trois servants, les nazis accentuaient leur
pression mais deux chars de plus furent perdus contraignant les nazis à se retirer momentanément
puisque 3 heures plus tard, les Allemands revenaient à l'assaut, il n'y avait plus de batterie, les derniers
hommes de la 3ème brigade antichars avaient tous été tués.
La situation était critique et le commandant de la brigade envoya ce message désespéré mais conscient : «
1ère et 7ème batterie anéanties. Demande instamment munitions. Nous tiendrons ou nous mourrons »
Lors de cet engagement, tout un régiment fut détruit, mais les chars nazis n'étaient pas passés !
Après 5 jours de combats acharnés, le 10 juillet les nazis avaient engagé la quasi-totalité de leur force d'attaque mais ils avaient échoué dans leur mission d'enfoncer le front soviétique et d'anéantir l'armée Rouge
au nord de Koursk.
Les chars et l'infanterie ennemis marquaient le pas et subissaient des pertes considérables. La 9ème armée
nazie, ayant perdu deux tiers de ses chars et des milliers de fantassins, fut contrainte de passer à la défensive. Ceci permit au front soviétique du Centre, une fois l'assaut ennemi brisé et Koursk dégagé par le nord,
de préparer la contre-attaque.
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Au sud, les armées nazies n’avaient pas eu plus de succès même si dès le 1er jour elles avaient lancé l'attaque avec d'importantes forces composées de 14 divisions : 5 d'infanterie, 8 de panzers et une motorisée,
commandées par le Maréchal Von Manstein, commandant en chef du groupe d'armées nazies du Sud.
Von Manstein avait dirigé ses attaques contre le secteur tenu
par la 6ème Armée de la Garde commandée par le général
Tchistiakov, avec la 6ème armée blindée nazie commandée
par le général Hoth et composée de 700 chars au moment de
l’attaque principale, il visait Oboïan.
Quant au 3ème corps blindé du groupe « Kempff » il avait pour
mission de mener une attaque secondaire en direction de
Korotcha où se trouvait la 7ème Armée de la Garde sous les
ordres du général Choumilov.
Les 52ème et 67ème divisions de Fusiliers de la 6ème Armée de la Garde Soviétique ont enduré une attaque
choc d'une violence inouïe, et leur résistance héroïque, tout comme celle de toute la 7ème Armée de la Garde,
fut si déterminée que le commandement nazi dû se résoudre à engager dès le premier jour pour ne pas
perdre la face, toutes les réserves de la 6ème armée blindée et du groupe tactique Kempff ».
Le commandement soviétique du front Sud protégeait au maximum Oboïan et dans la nuit du 5 au 6 juillet,
des unités de la 1ère Armée blindée du général Katoukov, du 2ème et du 5ème Corps blindés de la Garde venus
du front de réserve se mettaient en position sur la deuxième ligne de défense, pendant que la 6ème Armée
de la Garde était renforcée en artillerie antichar.
Au matin de ce 6 juillet 1943, une nouvelle attaque nazie déclencha des combats très meurtriers. Le général
Popel, commandant de la 1ère Armée de la Garde Soviétique, avait décrit ce moment dans son livre de Mémoires : « Je pense que ni moi ni aucun des autres officiers de l’Armée Rouge présents, n'avions vu tant de chars
ennemis réunis pour une seule action. On aurait dit une charge de cavalerie sur laquelle Hoth aurait tout misé.
Pour chacune de nos compagnies, forte de 10 chars, les Allemands alignaient 30 à 40 blindés. Hoth savait bien
que rien n'était trop cher, quels que fussent les pertes et les sacrifices, pour s'ouvrir la route de Koursk. »
Au soir de la deuxième journée, l'attaque ennemie en direction d'Oboïan avait enfoncé la 1ère ligne de défense au centre du front tenu par la 6ème Armée de la Garde, ainsi les nazis s’étaient approchés de la 2ème
ligne où les divisions soviétiques s'étaient repliées.
Mais les nazis furent arrêtés par les corps blindés dont les chars avaient été enterrés pour constituer une
multitude de nids, ceux-ci protégeaient les fantassins et les artilleurs qui s’en servaient comme des remparts pour déclencher une impressionnante barrière de feu qui empêcha les nazis de poursuivre leur offensive.
Quant aux avions soviétiques, ils furent un soutien efficace en détruisant de nombreux chars nazis et soldats de l’infanterie ennemie et ceci grâce à la maîtrise du ciel prise sur la Luftwaffe. Le héros lieutenant
Gorovets établira un exploit en abattant neuf avions ennemis au cours du même engagement, mais il fût
lui-même abattu alors qu’il regagnait son terrain d’atterrissage.
N'ayant pas réussi à emporter la décision dans le secteur d'Oboïan, les nazis tentèrent de porter leurs attaques en direction de Prokhorovka, afin la ferme intention de contourner Koursk par le sud-est.
Pour cette nouvelle tentative de trouver une victoire, le haut commandement nazi pris la décision d’engager les unités de Panzer-Waffen SS conduite par les généraux les plus expérimentés.
Pour ce secteur, 700 chars et canons d'assaut avaient été rassemblés, dont une centaine de « Tigre », avec
le soutien du groupe tactique « Kempff », et ses 300 chars en charge d’une attaque secondaire également
sur Prokhorovka, mais venant du sud. 1000 engins blindés nazis des corps d’élite étaient donc en marche
contre Prokhorovka.
Le commandant du front Sud de Voronej, en accord avec la STAVKA, décide alors de procéder à une contreoffensive d'envergure contre le coin enfoncé par les nazis.
9
Cette opération fut confiée aux deux armées qui provenaient de la réserve de la STAVKA, la 5ème Armée de
la Garde commandée par le général Jadov et la 5ème Armée blindée de la Garde du général Rotmistrov,
appuyées par la 2ème Armée aérienne du général Krassovski et une partie de la 17ème Armée du général
Soudets, ainsi que des unités de la force aérienne de bombardement à long rayon d'action.
C’est ainsi que le 12 juillet1943 dans la plaine de Prokhorovka, se déroula la plus grande bataille de chars de la
guerre mais aussi de tous les temps.
Ce matin du 12 juillet, dans un espace relativement restreint et au milieu de la poussière et de la fumée, deux
masses impressionnantes de blindés - au total 1500 engins
blindés s'avançaient les uns vers les autres pour s'affronter.
Le général Rotmistrov, en rappelant l'histoire de cette bataille, a fait remarquer que c'est l'avant-garde de la 5ème Armée blindée de la Garde Soviétique, qui enfonça les lignes
allemandes à toute vitesse.
Au milieu de cette mêlée et de cet enchevêtrement de chars, les canonniers des engins soviétiques tiraient
à bout portant sur les « Tigre » nazis.
Du champ de bataille s'élevait un fracas assourdissant de moteurs rugissants,
de métal s'entrechoquant et de canons qui crachaient le feu, cette scène effroyable se trouvait éclairée par les flammes qui dévoraient chars et canons
automoteurs. L'affrontement se poursuivit, impitoyable jusque tard dans la soirée.
Les soviétiques avaient une nouvelle fois fait preuve d'un courage extraordinaire
et une fois de plus, l'ennemi nazi, malgré ses troupes d’élite aguerries, n'avait pas
pu s'ouvrir la route de Koursk.
Au cours de cette journée du 12 juillet, les armées nazies avaient perdu 400
chars et plus de 10 000 officiers et soldats, pour une progression de 30 kms.
Cette journée marque d'ailleurs un tournant dans la guerre, puisque le même
jour les armées des fronts soviétiques de Briansk et de l'Ouest déclenchèrent
leur offensive contre les troupes ennemies de la région d'Orel.
Surprise par ces offensives alors que la bataille faisait rage à quelques kilomètres de Koursk, les forces
nazies connaissaient alors des heures critiques car contraintes de passer à la défensive au sud de Koursk
pour commencer à décrocher vers leurs positions de départ.
Le 16 juillet, des unités de la Wehrmacht entamèrent une retraite sous la protection d’une puissante arrière-garde, car les troupes du front Sud de Voronej étaient déjà à leur poursuite, suivies le 19 par celles
du front de la Steppe.
Le 23 juillet, soit 18 jours après le déclenchement de leur offensive sous le nom de code « citadelle » une
grande partie des troupes nazies se retrouvait au point de départ qu'ils avaient quittées le 4 juillet.
La troisième grande offensive nazie sur le Front de l’Est se soldait une nouvelle fois par un échec.
Ce qu’il est possible d’affirmer d’un point de vue historique est que les troupes soviétiques de l’Armée Rouge
ont rempli une mission importante en écrasant, en épuisant, et en saignant à blanc les armées nazies, grâce à
une détermination à abattre le fascisme, et en imposant une revers cuisant à cette opération « Citadelle »,
préparée avec tant de minutie et de patience, et sur laquelle les nazis comptaient pour reprendre l'initiative.
Mais continuons le développement de la bataille de Koursk, une des deux batailles décisives qui mirent les
armées fascistes au tapis pour permettre la chute de l’empire nazi et de la croix gammée.
10
En pleine bataille, les généraux Soviétiques s'étaient penchés sur le problème du déroulement de la contreoffensive qui allait suivre. L'idée générale de l'opération d'Orel avait été arrêtée pour désarticuler les défenses ennemies au moyen d'un certain nombre d'actions convergentes, puis les anéantir, une par une en
isolant les unités. Ainsi des actions étaient envisagées :
• Par le front de l'Ouest du général Sokolovski, en direction de Bolkhov et de Khotinetz, de façon à couper
l'ennemi dans le saillant d'Orel,
• Par le front du Centre, en direction de Kromy, afin d'opérer la jonction avec le front de l'Ouest,
• Par le front de Briansk du général Popov), double action en direction de la région de Novossil, pour déborder Orel à la fois par le nord et par le sud.
Sur la tête de pont d'Orel, les forces nazies avaient positionné 27 divisions d'infanterie, 8 de panzers et
deux divisions motorisées soit au total 600 000 hommes, 6 000 canons et mortiers, 1000 chars et canons
automoteurs. Enfin, plus de 1000 avions de combat étaient disponibles pour les appuyer.
Ce secteur était bien fortifié et c'est seulement le long de l'étroite bande de terrain par où leur attaque avait
pénétré les lignes soviétiques que les forces de première ligne nazies n'avaient pas préparé de position.
Sur le secteur face à l'aile gauche du front de l'Ouest et à la droite du centre du front de Briansk, jusqu'à la
région de Novossil, la construction de positions défensives avait été commencée un an auparavant, en mars
1942, en partie grâce aux prisonniers de guerre transformés en bagnards. Plus au sud, en face de l'aile
gauche du front de Briansk et du front du Centre, les travaux avaient commencé fin de mars 1943.
En raison de l'importance qu'ils accordaient à Orel, les nazis avaient fortifié cette ville d’un solide réseau
de défenses avec un système très développé de blockhaus protégées par des obstacles. En profondeur se
trouvaient de nombreuses lignes successives et secteurs fortifiés, principalement le long des cours d'eau.
C'était la première fois que les troupes soviétiques se trouvaient face à une organisation défensive aussi
perfectionnée et aussi puissante et la prise de la région et de la ville d’Orel allait exiger une grande habileté,
un moral solide et beaucoup de détermination.
C’est pour ces raisons que le commandement soviétique opta d'attaquer ce secteur sur la profondeur en
fournissant aux troupes chargées de cette mission, de puissants moyens en artillerie.
II faut donc souligner que pour la première fois depuis le début de la guerre, une densité d'artillerie inégalée a été mise en place. 260 canons et mortiers au kilomètre, soit un canon tous les quatre mètres installés
dans le secteur de la 11ème Armée de la Garde du front de l'Ouest commandée par le général Bagramian.
Même avec le manque de temps, la préparation militaire de la contre-offensive exigea
la plus grande attention pour ce qui est du ravitaillement en munitions et en carburant,
et de l'entraînement des troupes en vue d'enfoncer des positions défensives permanentes installées et imaginées par les ingénieurs militaires allemands venus spécialement de la ligne de front du Mur de l’Atlantique.
Les chefs d'unité et les cadres politiques avaient ainsi pris le temps afin que chaque
soldat et chaque officier fût bien conscient de la mission particulière dont était chargée
son unité. Au sein des batteries, dans les compagnies et sur l’ensemble du front, de très
nombreuses réunions avaient été organisées à cet effet par le Parti Bolchévique et les
Komsomols (les jeunesses communistes soviétiques)
Au début de cette contre-offensive sur le secteur d'Orel, la supériorité soviétique était de l'ordre de 2
contre 1 pour les hommes, de 3 contre 1 pour les canons, de 7 contre 3 pour les chars et de 3 contre I pour
les avions, et cette supériorité fut encore accrue au moment de la percée.
Le 12 juillet, à la suite d'une intense préparation d'artillerie et de bombardement aérien, l'aile gauche du
front de l'Ouest et ta totalité des forces du front de Briansk se mirent en marche tandis que les nazis dans
le secteur Bielgorod-Kharkov, tentaient une fois de plus, de percer la face sud du saillant et que la 9ème
Armée soviétique se préparait à reprendre son offensive sur Koursk par le nord.
11
Au soir du 13 juillet, la 11ème Armée de la Garde était déjà entrée profondément dans les positions ennemies, à la suite d'un combat acharné sur un front de 20 kilomètres. De leur côté, les troupes d'assaut du
front de Briansk, avec la 61ème Armée du général Belov, avaient avancé sur un front de 10 kilomètres.
Quant à la 99ème Armée du général Gorbatov et à la 63ème Armée du général
Kolpaktchi, elles s'étaient enfoncées d’une quinzaine de kilomètres dans les
lignes nazies. Mais les troupes soviétiques se trouvaient toujours face à une
défense organisée, ce qui augurait de durs combats pour venir à bout des innombrables poches de résistance cachées dans la profondeur du système défensif ennemi.
L'offensive de la 2ème Armée blindée avait forcé les troupes nazies à déployer leurs réserves vers les secteurs menacés, et le commandement de la 51ème de la 9ème armée nazies avait été placé entre les mains d'un
seul responsable, le général Model, connu dans l'armée allemande sous le nom de « Lion de la défense ».
En prenant son commandement, le 14 juillet, il envoya aussitôt une instruction à la 52ème armée blindée,
dans laquelle il disait : « L'armée Rouge vient de lancer une offensive sur l'ensemble du saillant d'Orel. Nous
allons engager une bataille qui peut décider de tout. A cette heure, qui exige de chacun le plus grand des efforts,
je viens de prendre le commandement de votre armée qui a fait ses preuves au combat. »
D'autres ordres suivirent dont celui-ci très impératif : « ceci est un ordre, nos troupes doivent absolument
arrêter les formations soviétiques et tenir jusqu'au dernier homme, quoi qu'il arrive »
Mais les instructions d'un général ne suffisaient pas pour enrayer l'offensive victorieuse de l'armée Rouge,
pas plus que des ordres aussi belliqueux n'étaient capables de maintenir le moral de ces soldats allemands
dont la foi en la victoire du IIIème Reich s’était estompée après la défaite de Stalingrad.
Comment pouvaient-ils s'empêcher d'évoquer la mémoire de leurs compatriotes faits prisonniers ou tombés à Moscou, à Stalingrad, à Ponyri, à Prokhorovka… qui furent des enfers. Et en dépit des efforts considérables qui avaient été imposés aux troupes allemandes pour venir renforcer ce front du saillant d'Orel,
la contre-offensive soviétique se poursuivait jour après jour, casemate après casemate, mètre par mètre.
Ainsi, le 19 juillet, la 11ème Armée de la Garde avait percé le front sur une profondeur de 70 kilomètres et
poussait au sud en direction de Khotinetz. Quant aux forces du front de Briansk, elles avaient triomphé de
la résistance allemande, puis enfoncé plusieurs lignes de défense intermédiaires pour ouvrir une brèche
de 30 kilomètres de large et de 20 kilomètres de profondeur.
L'escadrille française « Normandie Niémen » combattait au coude à coude avec les aviateurs soviétiques.
Ses pilotes montraient du courage, de l'adresse et de la détermination dans la lutte qui les opposait à une
Luftwaffe qui redoublait d'activité pour arrêter l'Armée Rouge, mais les pilotes soviétiques et leurs camarades français leur rendaient la pareille.
Avec le plan mis en place pour attirer les forces nazies de la région d'Orel loin du saillant de Koursk, l'offensive des fronts de Briansk et de l'Ouest avait créé une situation des plus favorables pour le front du
Centre, qui après avoir terminé ses concentrations de troupes le 14 juillet, passa à l'attaque le 15 juillet.
Le 18 juillet, les forces allemandes enfoncées dans les défenses soviétiques en direction de Koursk avaient
été anéanti, les unités soviétiques étaient maintenant prêtes à attaquer Kromy.
Les combats devenant de plus en plus rugueux, la STAVKA accentuait la supériorité des forces soviétiques,
et lança dans la bataille la 5ème Armée blindée du général Badanov, 11ème Armée du général Fediouninski
puis le 2ème Corps de Cavalerie de la Garde, qui étaient en réserve, et enfin la 99ème Armée blindée de la
Garde du général Ribalko.
Ces réserves se trouvant loin des lieux des combats, il fallut surmonter de nombreux obstacles auxquels
vint encore s'ajouter une pluie torrentielle qui inonda les routes.
Le 29 juillet, la 61ème Armée du front de Briansk et les 11ème Armée de la Garde et 4ème Armée blindée du
front de l'Ouest libérèrent Bolkhov puis continuèrent leur avance vers Orel par le nord, menaçant ainsi
toutes les communications de l'ennemi entre Orel et Briansk.
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Au même moment, les forces du front de Briansk débordèrent largement le flanc ennemi dans la région de
Mtsensk, forçant ainsi les troupes nazies à se replier. Les autres armées du front de Briansk n'avaient pas
interrompu leur progression sur Orel, qu'il abordait de l'Est.
De jour en jour, la situation de l'ennemi s'aggravait et le général Model demanda à Hitler la permission de
se retirer de la tête de pont d'Orel, lui annonçant qu'il fallait éviter « un autre Stalingrad ».
En raison de la gravité de la situation sur l'ensemble du front de l'Est et en particulier du danger mortel
menaçant ses forces de l’Axe à Orel, le haut commandement nazi s'est résigné le 26 juillet, à abandonner
toute la zone d'Orel pour ramener ses troupes sur la « ligne Hagen » (positions défensives allemandes
installées à l'est de Briansk) au cours d'une retraite organisée, en utilisant toutes les positions intermédiaires entre le 31 juillet et le 17 août.
C'est sur une profondeur de près de 100 kilomètres que le terrain avait été dégagé, permettant ainsi à plus
de vingt divisions allemandes de venir renforcer le front au niveau de la nouvelle ligne de défense réduite
à son minimum, mais l’ordre était de continuer à s'opposer aux offensives soviétiques. Le maréchal Von
Kluge fit une estimation des forces en présence dans ce secteur et écrivait : « L'état-major du groupe d'armées est pleinement conscient du fait que ses intentions premières de harceler l'ennemi le plus souvent possible au cours du repli sont aujourd'hui irréalisables en raison de l'état d'extrême fatigue de nos troupes et de
la réduction sensible de leur potentiel de combat. Le problème, maintenant, c'est de décrocher vite du saillant
d'Orel, le plus vite possible »
Bien que les généraux nazis étaient soucieux d'assurer un repli méthodique et aient pris toutes les précautions voulues pour en protéger les flancs, leurs plans furent déjoués par les attaques soviétiques.
Dans la nuit du 3 au 4 août, les unités de tête des 3ème et 62ème armées soviétiques s'étaient ruées sur Orel
et, le 5, la ville d’Orel avait été complètement débarrassée des Allemands.
Les 5ème, 129ème et 380ème divisions de Fusiliers, la 17ème Brigade blindée de la Garde et un certain nombre
d'unités des forces aériennes se sont distinguées au cours des combats pour Orel, ils furent autorisés à
porter le nom de la bataille à titre de récompense.
A Moscou, le 5 août au soir, des salves d'honneur furent tirées pour célébrer les libérateurs d’Orel et Bielgorod. Depuis cette date jusqu’à nos jours, malgré le changement de système, il est de tradition de saluer
les victoires de l'armée Rouge par des salves.
Au soir du 5 août, les forces soviétiques s’approchaient de l'important nœud routier de Kromy où se trouvait la base de ravitaillement de l'ennemi. Au 18 août, elles étaient arrivées au contact de la ligne de défense
nazie où l'ennemi s'était retranché.
Le saillant était complétement nettoyé et toutes les forces de l’Axe qui s'y trouvaient et qui étaient destinées à la conquête de Koursk avaient subi une défaite totale.
Outre l’hommage à rendre aux forces armées soviétiques, il ne faut pas oublier et surtout saluer l'activité
des Partisans qui avaient aussi contribué au succès de cette bataille gigantesque, car entre le 21 juin et le
3 août ils avaient fait sauter plus de 10 000 rails, paralysé tous les embranchements et les gares remplis
de trains nazis qui devenaient des proies de choix que les bombardiers soviétiques qui les avaient détruit
systématiquement.
Le « choc en retour » des Soviétiques dura trente-sept jours, au cours desquels la vaillante Armée Rouge
progressa vers l'ouest sur 150 kilomètres, brisant ainsi tous les plans d'attaque des Allemands sur Koursk
et anéantissant complétement une quinzaine de divisions allemandes, créant ainsi des conditions favorables pour la poursuite de l'offensive vers l'ouest, vers Berlin.
Les forces des fronts avaient dû commencer la contre-offensive dans une situation difficile, d’abord dans
des combats défensifs, puis avec la poursuite de l'ennemi, ce qui leur avait coûté de lourdes pertes en
hommes et en matériel, aussi désormais elles avaient en face d'elles des forces nazies solidement installées
sur ses positions défensives dans les régions de Bielgorod et de Kharkov.
13
Les Allemands furent abusés par le calme relatif qui régna sur la face sud du saillant de Koursk du 24 juillet
au 2 août. Comme ils restaient dans l'ignorance de ce que les Soviétiques préparaient, le haut commandement nazi avait commencé à transférer ses troupes de la zone relativement tranquille de Bielgorod-Kharkov vers les régions d'Orel et du Donbass pour renforcer ses positions. Ainsi, ce stratagème du haut commandement soviétique avait réuni toutes les conditions favorables pour une contre-attaque en direction
de Bielgorod et de Kharkov.
Les forces principales soviétiques se trouvaient donc maintenant rassemblées au nord de Bielgorod, bien
placées pour déclencher l’assaut frontal sur le point de suture de la 5ème armée blindée et du groupement
tactique « Kempff », et un ennemi épuisé et démoralisé par l'échec de son offensive sur Koursk.
Tous les éléments ont été analysés pour réduire au minimum les délais de préparation de l'opération. Donc
c’est avec simplicité que le haut commandement soviétique prit la décision de frapper immédiatement par
un grand coup avec les forces rassemblées des deux fronts en direction de Bogodoukhov, Balka et Novaia
Vodolaga, de façon à couper en deux la 4ème armée blindée du groupement tactique nazie « Kempff » et de
la détruire.
La tactique était que l’Armée du Sud soviétique affronte la 5ème armée blindée en l'attaquant par l'Est sur
Akhtyrka, pendant que les armées du front de la Steppe obliqueraient vers le sud et la ville de Kharkov,
pour bousculer les défenses allemandes de la rive droite du Donetz septentrional. Puis, au moment où le
les Armées du front de la Steppe s’approcheraient de Kharkov, la 57ème Armée du général Malinovski venue
du front du Sud-Ouest frapperait à l'ouest, de façon à tourner Kharkov par le sud.
Cette opération coup de poing avait été préparée très rapidement et avait demandé de gros efforts de la
part du commandement, des états-majors et des organismes politiques soviétiques.
Les forces nazies se composaient de 18 divisions, dont 4 de panzers, soit plus de 300 000 hommes équipés
de 3 500 canons et mortiers, de 600 chars, et appuyés par les 900 avions de la 4ème flotte aérienne. Elles
occupaient des positions bien installées comportant un grand nombre d'ouvrages défensifs.
La défense tactique de la zone était constituée par deux ceintures qui s'étendaient en profondeur sur une
vingtaine de kilomètres. La ligne principale de défense s’articulait articulée en deux positions, chacune
d'elles comportant une série de points d'appui, reliés entre eux par de profondes tranchées et des boyaux
de communication.
Tous les villages étaient des nids de résistance nazies et avaient été équipés pour assurer une défense
prolongée et tous azimuts; quant aux villes de Kharkov et de Bielgorod, elles avaient été entourées d'efficaces ouvrages en bois ou en béton puissamment armés. Le dispositif nazi pouvait paraitre infranchissable
car il était pensé pour une efficacité maximum.
Quant aux forces soviétiques, elles disposaient d'une supériorité numérique, 3 contre 1 en effectifs, 4
contre 1 en chars et en artillerie et 3 contre 2 en aviation. L'habileté du commandement avait encore accru
cette supériorité dans les secteurs où devaient s'effectuer les percées.
La force de frappe principale du front du Sud était constituée des 5ème et 6ème armées ainsi que de la 1ère
Armée blindée et la 5ème Armée blindée de la Garde. L'artillerie et les chars assuraient d’une pénétration
rapide des défenses nazies malgré qu’elles soient échelonnées en profondeur. A titre d'exemple, le secteur
de la 5ème Armée de la Garde comptait 230 canons plus 70 chars au kilomètre. Le plan avait prévu que les
armées du front du Sud lanceraient ses deux corps de blindés dans la brèche faite par les deux armées
d'infanterie, de façon à réaliser une pénétration profonde et rapide.
Le 3 août, après trois heures de bombardement intensif de l'artillerie et de l'aviation, la contre-offensive
fut déclenchée en cours de matinée. A 13 heures, les fantassins de la 5ème Armée de la Garde avaient déjà
percé les positions principales des nazis, et les blindés entrèrent en action. Les brigades de tête se ruèrent
dans les trouées pratiquées dans les lignes défensives nazies et poussèrent en profondeur.
14
Le 4 août, les troupes de choc du 5ème et 270ème Régiment de la 89ème Brigade de
Fusiliers de la Garde Soviétique, corps d’élite de l’Armée Rouge, livrèrent de durs
combats avant de poursuivre leur progression au sud sans s'occuper des nids de
résistance, ils avancèrent ainsi de vingt kilomètres jusqu’à Bielgorod. Ce coup puissant et inattendu des Soviétiques avait considérablement détérioré la situation des
nazis dans le Sud, malgré les divisions de panzers, fraîchement arrivées d'Izioum, de
Barvenkovo et du Mious, qui furent dans l’obligation de battre retraite après avoir
été malmenées par l’artillerie et une série d'attaques aériennes.
A ceci, il faut rappeler encore une fois
l'action des partisans contre les voies
ferrées à l'arrière des lignes nazies qui,
malgré les dangers encourus et les terribles répressions des SS contre les civils, avaient fait dérailler plus de 1000
trains de ravitaillement et de renforts au
cours de la fin juillet et de ce début du mois d'août.
Le système défensif ébranlé, des pertes énormes, des soldats soviétiques impitoyables et marqués par les
horreurs commises par les SS… avaient complètement démoralisé les nazis. Une lettre adressée à son frère
par le sous-officier Otto Richter montre bien l’état des troupes allemandes devant le déferlement de l’Armée Rouge et de ses forces d’élite :
« Mon cher Kürchen.
Tu me connais. Je ne suis pas de ceux gui perdent la tête et qui s'affolent. J'ai toujours cru en notre mission et
en la victoire. Mais aujourd'hui, ce seront mes adieux. Que cela ne te surprenne pas, je dis bien mes adieux. A
jamais.
Il y a peu de temps, nous partions à l'attaque. Tu ne peux pas te faire une idée de l'horreur et de l'accablement
qui nous attendait. Nos soldats s'avançaient bravement, mais les Russes, de vrais démons, ne voulaient pas
céder d'une semelle : chaque mètre nous coûtait la vie de plusieurs camarades. Et quand, à leur tour, ces excités
nous foncèrent dessus, nous autres qui essayions de nous sauver, on peut dire qu'ils nous ont sonné les cloches!
Nous avons abandonné Bielgorod hier. Nous ne sommes plus beaucoup... Dix-huit seulement, sur toute la compagnie. Et encore, nous n'avons pas trop à nous plaindre : à la 1e, ils ne sont plus que neuf!... Mon Dieu! Comment tout cela va-t-il finir ?»
Les troupes soviétiques poursuivaient l'ennemi et après avoir progressé 100 kilomètres en 5 jours de combats ininterrompus.
Le 8 août, les premiers éléments de la 1ère Armée blindée et de la 6ème Armée de la Garde s'étaient emparés
de la ville de Bogodoukhov, une poche de résistance importante pour les nazis, coupant ainsi une partie
des forces allemandes de la zone de Bielgorod-Kharkov, et les prenant ainsi au piège.
Le 11 août au soir, les troupes du front du Sud avaient encore plus avancé vers l'ouest et le sud-ouest, leur
aile droite avait atteint les villes de Boromlia, Akhtyrka et Kotelva, tandis que leur aile gauche avait coupé
la voie ferrée Kharkov-Poltava au sud de Bogodoukhov. Kharkov dépassé par l'ouest, le sort de troupes
nazies qui s'acharnaient encore à défendre la région de Kharkov était presque scellé.
De son côté, les troupes du front de la Steppe avaient de leur côté également progressé du 8 au 11 août
pour atteindre les faubourgs et les défenses nazies de Kharkov. La 57ème Armée soviétique commandée
par le général Gagen avait franchi le Donetz septentrional pour s’emparer de Tchougouiev, elle s'approchait elle aussi, de Kharkov, mais par l'est et le sud-est… le piège se refermait petit à petit sur les nazis.
Les nazis, malgré tout le sacrifice humain que cela représentait pour entraver la progression de l’Armée
Rouge, essayaient de conserver leur position à Kharkov, dont ils savaient que la perte ouvrirait aux Soviétique la porte de l’Ouest et de l'Ukraine.
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Les unités de choc soviétiques qui s'avançaient au sud de Bogodoukhov, inquiétaient le haut commandement nazi qui craignait un encerclement de la région industrielle de Kharkov par l'ouest et le sud, décision
fût alors prise avec l’accord d’Hitler de jeter le gros des forces, venues du Donbass, dans la bataille.
Le 11 août, trois divisions de panzers des Waffen SS, reconstituées après terriblement souffertes, se trouvaient rassemblées. Les divisions SS « Das Reich » (celle des massacres d’Oradour sur Glane), « Totenkopf »
(celle des massacres dans le Ternois-Artois sud de 1940- voir notre brochure n°1) et « Viking » furent lancées
contre la 2ème Armée blindée soviétique et sur une partie du flanc gauche de la 6ème Armée de la Garde.
Entre le 11 et le 17 août, de sanglants combats se déroulèrent au sud de Bogodoukhov. Les nazis avaient
réussi à reprendre la supériorité grâce à l'appui des divisions de Waffen SS qui un temps réussirent à repousser l’Armée Rouge de 20 kilomètres vers le nord.
Toutefois, cette percée nazie fût éphémère puisqu’immédiatement le commandement soviétique envoya
sur ce point critique la 5ème Armée blindée de la Garde. Le 13 août, la ceinture extérieure des défenses
ennemies disposées autour de Kharkov était enfoncée. Le 17 août, les pertes subies les nazis étaient telles
qui furent contraints à se positionner en défensive.
Mais, malgré les échecs et les nombreuses pertes en hommes et en matériel, le haut commandement nazi
restait tenace et Von Manstein avait reçu des ordres. Il prépara une nouvelle offensive contre Bogodoukhov, prévue pour le milieu du mois d'août à partir de l'ouest. Son intention de pousser ses troupes sur cette
ville avait pour but de freiner les Armées Soviétiques du front du Sud. Mais ce fût un nouvel échec car le
haut commandement soviétique, qui avait compris la manœuvre, concentra des forces fraîches pour faire
face à cette offensive. Les 3 jours de combats intenses du 18 au 20 août, feront échouer cette tentative
ennemie, d'abord en arrêtant l'avance des nazis puis en les repoussant vers leur ligne de départ.
Du 18 au 22 août, les combats continuèrent à être très violents mais finalement le 22, la 5ème Armée de la
Garde et la 53ème Armée avaient dépassé Kharkov à l'ouest et au sud-ouest, et la 7ème Armée de la Garde et
la 57ème Armée au sud-est et à l'est. Les nazis étaient donc presque complètement encerclés et ne contrôlaient plus que la route et la voie ferrée entre Kharkov à Merefa et cet étroit couloir était constamment
attaqué par les avions soviétiques.
Aussi incroyable que cela puisse l’être, le Maréchal Koniev écrit:
« Quelle solution adopter, tel était le problème. Nous pouvions, bien sûr, engager la totalité des moyens qui
nous étaient nécessaires pour couper ce couloir et encercler l'ennemi dans la ville pour l'y achever. Mais détruire une force aussi importante dans une ville aussi fortifiée nous aurait pris beaucoup de temps et causé
beaucoup de pertes. Il y avait une autre solution que de prendre la ville d'assaut, il fallait chasser l'ennemi en
rase campagne, et réduire à néant ce qui lui restait comme forces. »
Le 22 août, les nazis débutèrent leur évacuation. Afin de leur interdire une retraite en bon ordre avec ce
qu’ils avaient pillé et pour éviter la destruction de la ville, le haut commandement soviétique ordonna un
assaut de nuit pour s'emparer de la ville, cet assaut fût confié au corps d’élite de la 7ème Armée de la Garde.
Des combats de nuit et de rue extrêmement violents opposèrent les soldats soviétiques aux nazis qui
avaient transformé les immeubles en blockhaus avec des pièces d’artillerie de moyen calibre aux étages
inférieurs et des tireurs munis d'armes automatiques aux étages supérieurs. Toutes les voies menants à la
ville étaient minées et barricadées. Mais les troupes soviétiques, aguerris aux combats dans les ruines de
Stalingrad réussirent à contourner les fortifications pour s'infiltrer au cœur même des défenses et attaquer les garnisons ennemies quasiment au corps à corps et rue par rue.
A midi, le 23, la ville de Kharkov, ville martyrisée par les nazis était enfin débarrassée de leur présence, car
la plupart des unités hitlériennes avaient été écrasées même si quelques survivants s’en étaient sortis et
avaient tout abandonné pour s'enfuir, mais déjà ils avaient l'Armée Rouge aux basques. Les forces soviétiques avaient détruit environ 15 divisions ennemies.
La bataille de Koursk s'était terminée par une brillante victoire des Soviétiques sur un ennemi habile et
dangereux. C'est, avec Stalingrad, l’événement le plus important de toute la guerre et l'un des plus décisifs.
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Elle avait commencé au moment où l'équilibre des forces penchait en
faveur de l'Armée Rouge qui a fût capable grâce à des soldats, ses officiers, ses commandants en chef, de repousser la dernière tentative
d'offensive des nazis qui comptaient sur une victoire pour retourner
la situation afin de préserver l'Axe d’une dislocation et de réduire les
conséquences politiques de la défaite de Stalingrad.
Par cette bataille victorieuse pour les soviétiques, qui dura 52 jours
et 50 nuits, le prestige militaire de l'Allemagne nazie venait de subir
un irréparable revers.
La « dernière bataille de l'Allemagne pour la victoire » avaient dit les nazis, mais désormais le Reich nazi
« de 1000 ans » et la Wehrmacht voyaient se dresser devant eux le spectre redoutable de la défaite.
Le Feld-Maréchal Keitel, le chef d'état-major du haut commandement nazi pour l’Est, devait plus tard déclarer avant qu’il ne soit pendu en octobre 1946, pour crimes contre l’humanité, pour crimes de guerre et
complot contre la Paix : « après la défaite subie par les forces allemandes au cours de l'été de 1943 le haut
commandement allemand savait que la guerre ne pouvait plus être gagnée par les armes »
Sur les 70 divisions nazies de la zone de Koursk, 30 ont été détruites, dont sept de panzers. En 52 jours de
combats, les nazis ont perdu 500 000 hommes, tués, grièvement blessés ou disparus. L'Armée Rouge avait
repris l'initiative stratégique et le fil politique qu’elle allait conserver jusqu’à la fin de la guerre et au-delà.
En un mot, la bataille de Koursk fût véritablement « le tournant décisif » qui avait été amorcé avec la victoire à Stalingrad.
L'échec allemand de Koursk porta le coup de grâce à toute la propagande nazi antisoviétique qui avait été
bâtie autour du vieux mythe issu des guerres napoléoniennes sur la « nature saisonnière des armées
russes ».
Cette apologie de la supériorité nazie voulait dire que l'Armée Rouge n’était capable d'attaquer que durant
les mois d'hiver, mais les faits sont têtus, et ces années terribles 1942-1943 avaient démontré que la grande
Armée Rouge de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes était capable, au printemps, en été, en
automne et en hiver, de se battre et de gagner face à la plus puissante armée du monde du moment.
Le haut commandement allemand avait sous-estimé la puissance de l'Armée Rouge et surestimé sa propre
puissance et ses moyens, ainsi parlant des batailles autour de Koursk, Churchill, le lion anglais radicalement anticommuniste a écrit dans ses mémoires : « Les trois immenses batailles de Koursk, d’Orel et de Kharkov, qui se sont toutes trois déroulées dans l'espace de deux mois, avaient sonné le glas de l'armée allemande
sur le front de l'Est » Roosevelt, lui-même dans un discours aux Américains, le 28 juillet 1943 s'est exprimé
ainsi : « L'offensive allemande , qui maintenant a vécu , lancée au début de juillet n'était que la dernière tentative désespérée du Reich pour relever le moral de son peuple. Mais les Russes ne se sont pas laissé surprendre...
Jamais il n'a été donné au monde entier d'assister à la démonstration de tant de dévouement, de tant de détermination, de tant d'esprit de sacrifice, que ceux manifestés par le peuple et les armées russes »
Donc, les dirigeants nazis avaient compris qu’il leurs fallait désormais imaginer une autre guerre. Ils prirent la décision de rester sur la défensive sur la grande largeur du front germano-soviétique afin d’imposer
une guerre de positions à l'Armée Rouge.
Les nazis pensaient ainsi gagner du temps nécessaire pour convaincre les « alliés » que le rempart mis en
place par l'Allemagne hitlérienne pouvait préserver l'Europe du « péril rouge ».
Mais, Staline et son état-major ayant compris la manœuvre, ils imposèrent à l'Armée Rouge de ne laisser
aucun répit et de continuer à frapper sans interruption les nazis pendant que le gouvernement soviétique
s’appliquait à conclure des accords avec les Alliés.
L’URSS avait un argument de choc : celui des nombreuses formations de chasseurs et de bombardiers et
des grandes quantités d'unités nazies de tout acabit, qui avaient été prélevées sur le front Méditerranéen
pour compenser les pertes du front de l’Est, ce qui avait facilité le débarquement des Alliés en Italie.
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Pour l'Allemagne nazie, la fin n’était plus qu’une question de temps et les relations avec les autres pays de
l'Axe devinrent plus délicates à l'annonce de la défaite de Koursk. Les dirigeants de Finlande, de Hongrie
et de Roumanie multiplièrent les efforts diplomatiques pour trouver une solution à leur propre situation
qui devenait de plus en plus difficile depuis que la victoire de Stalingrad avait redonné du courage à ceux
qui dans l'ombre, combattaient contre l' « ordre nouveau pour 1000 ans » qu’Hitler et sa clique fasciste
entendait instaurer dans leurs pays.
L’Armée Rouge a vaincu un empire au prix du sang et du sacrifice, mais aussi grâce à sa politique
socialiste qui mettait l’être humain au centre de la civilisation et au cœur de ses préoccupations.
Nous affirmons contre l’avis des révisionnistes et des nihilistes qui refusent de voir en face cette vérité
historique, que si Joseph Staline et le gouvernement soviétique n’avaient pas autorisé Viatcheslav Molotov à ratifier le Traité de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, le 23 août
1939, soit 4 années avant la victoire soviétique de Koursk, l’Allemagne nazie d’Hitler et son empire de
1000 ans aurait gagné cette 2ème guerre mondiale et mis les travailleurs à genou.
Le 23 août 1939, Staline et le camp communiste ont gagné - Hitler et le camp du capital ont perdu,
ceci sera matérialisé à Stalingrad, à Koursk puis à Berlin. Aujourd’hui, le rêve d’une grande Europe
capitaliste et impérialiste se concrétise mais n’est pas achevé. Alors, comme les bolchéviques l’ont fait,
levons-nous contre cette construction réactionnaire qui jamais ne sera social comme l’avait analysé
le camarade Lénine.
Carte détaillant l'offensive allemande "Zitadelle" :
5 juillet 1943
Carte de la contre-offensive soviétique :
du 12 juillet au 23 août 1943.
Brochure documentée par les écrits de : Boris Soloviev, Gueorgui Joukov, Ivan Koniev, Winston Churchill, Roland de la Poype, la Pravda…
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