Présentation accueil de longue durée des personnes internées

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Présentation accueil de longue durée des personnes internées
Centre Régional de soins Psychiatriques, Tournai
11 décembre 2015
Exposé de Maggie De Block, ministre des Affaires sociales et de la
Santé publique
Cher collègue de la Justice, Koen,
Monsieur le président,
Monsieur le directeur-médical ,
Mesdames et messieurs,
Je vous souhaite à mon tour la bienvenue et vous remercie pour votre
présence, qui témoigne de votre engagement et de votre intérêt pour le
thème que nous abordons aujourd’hui.
Conjointement avec mon collègue de la Justice, Koen Geens, et la
direction de ce centre, je vous présente aujourd’hui deux nouveaux
projets au Centre Régional de soins Psychiatriques « Les Marronniers »
à Tournai.
Le premier : un service dédié à l’accueil légal de longue durée pour les
personnes internées dans le secteur sécurisé de l’hôpital psychiatrique.
Le second : un service de resocialisation baptisé « La Canopée » dans
le secteur non-sécurisé, où les patients internés seront préparés
intensivement à leur retour dans la société.
Avant de continuer, je voudrais remercier explicitement la direction des
Marronniers. Sans hésiter, elle a réagi positivement à notre demande
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d’organiser en Wallonie un service spécifique et adapté pour l’accueil
légal de longue durée des personnes internées. Ce premier service
wallon est un pas important dans les soins offerts à un groupe de
patients trop souvent oublié jusqu’à présent.
L’accueil légal de longue durée des personnes internées a été un talon
d’Achille de notre pays pendant de longues années. Nous n’avions ni
soins ni accueil adaptés. Les patients internés restaient souvent en
prison. La Cour européenne a condamné notre pays à plusieurs reprises
pour cette situation.
Et à juste titre, car ces personnes n’ont pas leur place dans une cellule.
Elles doivent être soignées et accompagnées. Et elles ont droit à des
conditions de vie décentes, dans de nombreux cas pour le reste de leurs
jours.
Simultanément, les soins qui leur sont donnés doivent pouvoir avoir lieu
dans les conditions les plus sûres.
Pour elles, pour le personnel et pour l’entourage.
Mesdames et messieurs, les soins de santé mentale dans leur ensemble
sont encore beaucoup trop entourés de tabous. Pour les patients euxmêmes et pour leur entourage, il est souvent difficile de parler de la
problématique. Raison de plus pour que les autorités fassent tout ce qui
est en leur pouvoir pour que ces patients puissent aussi se faire
entendre. Pour offrir également à ces patients les soins et l’accueil les
plus adaptés.
Il y a quelques mois, le 16 septembre pour être précise, mon collègue
Koen Geens et moi-même avons présenté le service pour l’accueil légal
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de longue durée de personnes internées au Centre psychiatrique
universitaire (CPU) Sint-Kamillus à Bierbeek. Les premiers patients
pourront être accueillis dans le nouveau service à partir du 1er avril 2016.
Les Marronniers hébergent déjà depuis longtemps des personnes
internées de longue durée, mais sans programme ou approche adaptés.
Le service pour l’accueil légal de longue durée aux Marronniers va y
remédier. Il ouvrira ses portes le 1er janvier 2016. Sa capacité d’accueil
sera de trente personnes et le groupe sera complet d’ici le 1er juin 2016.
Les patients sont des personnes qui séjournent déjà aujourd’hui dans
d’autres services sécurisés de ce centre. Il s’agit de personnes qui
présentent un risque élevé de récidive et un risque pour la société et la
sécurité des victimes. Des projets de resocialisation échouent pour ces
raisons.
Dans les mois à venir, trente de ces patients seront rassemblés dans un
service. De cette manière, le personnel de soins pourra organiser pour
eux des activités adaptées à la situation spécifique des patients, mais
qui, en même temps, leur donnent encore un « horizon », comme
l’exprime si bien le médecin en chef des Marronniers, le docteur
Delaunoit.
En effet, ce sera le grand défi des soins de santé mentale : donner
malgré tout aux personnes qui ne peuvent plus s’intégrer un « sentiment
de lendemain ». Je suis convaincue que ces patients se trouvent entre
les meilleures mains possibles auprès des psychiatres, du personnel
infirmier, des assistants sociaux, des ergothérapeutes, des
kinésithérapeutes et de tous les autres membres du personnel des
Marronniers.
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Et le bâtiment où nous nous trouvons aujourd’hui et où les patients
peuvent pratiquer du sport, de la « soft-gym », de la musique, des
activités culturelles et toutes sortes d’autres activités, aidera très
certainement !
Mesdames et messieurs, vous me connaissez, j’appelle un chat un chat.
Si vous regardez autour de vous, vous vous demanderez sûrement :
combien tout cela ne doit-il pas coûter ?
J’aime préciser que je suis très satisfaite du coût de ce service « longue
durée ». La direction des Marronniers procèdera à une réorganisation au
sein de l’infrastructure sécurisée pour que le nouveau service « longue
durée » puisse être réalisé sans coûts supplémentaires.
La Canopée
Cette solution budgétaire positive nous a donné la possibilité d’investir
ici, sur le terrain des Marronniers, en dehors du périmètre sécurisé, dans
un second projet: La Canopée.
La Santé publique investira annuellement 564.000 euros
supplémentaires dans ce service. Trente places vont être créées pour
des personnes internées qui ne présentent plus que très peu de risques
de récidives, voire aucun, et peuvent s’intégrer dans la société sans
danger.
Les patients de La Canopée sont des personnes internées qui, soit
proviennent d’un autre service des Marronniers, soit peuvent quitter la
prison et entamer à La Canopée un trajet de resocialisation. Dans ce
service, qui ouvrira également ses portes le 1er janvier, le personnel
préparera intensivement les patients à se réinsérer dans la société. Faire
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ses courses, prendre des responsabilités, planifier, rencontrer des
voisins, sortir, etc.
Je me trouvais récemment au Centre psychiatrique légal à Gand où les
patients avaient chacun leur propre histoire, mais ils appréciaient tous le
soutien du personnel de soin, le fait de pouvoir commander eux-mêmes
leurs courses et de préparer leur propre repas. Ils travaillent avec
enthousiasme dans le jardin, soignent les poules et apprennent chaque
jour à travailler plus et mieux à un nouvel avenir.
Un patient interné « libre à l’essai » pourra séjourner un maximum de
deux ans à La Canopée et y être traité. Le personnel collaborera
étroitement avec d’autres acteurs des réseaux de soins de santé
mentale pour adultes ou les réseaux Santé mentale 107. L’objectif in fine
est et reste que tous les prestataires de soins collaborent autour du
patient et avec lui. Le patient lui-même prend aussi ses responsabilités
par rapport à sa santé de manière à avoir le plus de chances possible de
réussite lorsqu’il aura fait le pas vers le monde extérieur.
Mesdames, messieurs,
C’est un début.
Le début de soins de santé mentale meilleurs et plus décents pour les
patients internés.
Au cours des prochaines années, nous – mon collègue Geens et
moi-même – poursuivrons dans cette voie : nous continuerons d’œuvrer
au traitement, à l’accueil et aux soins les plus adéquats pour les
internés.
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Comme vous le savez, le patient est toujours au cœur de ma politique.
Lorsqu’ils sont malades, les personnes internées et les détenus sont
aussi des patients à qui la politique et les établissements de soins
doivent apporter des réponses adaptées. La mesure dans laquelle une
société prête attention à ces personnes les plus vulnérables est un
élément important de notre démocratie et de nos valeurs humanistes.
Je vous remercie et j’ai le plaisir de céder la parole à mon collègue de la
Justice Koen Geens.
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