La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch FODMAP et Cohérence Cardiaque, deux approches complémentaires pour soulager le syndrome du côlon irritable Author : Karine Categories : Blogs, Alimentation, Santé Date : 14 avril 2014 1/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch Le Syndrome du côlon irritable nommé également côlon spastique ou colopathie fonctionnelle désigne un trouble du fonctionnement du côlon qui touche presque 15% de la population en Europe. Aujourd'hui, les causes de la colopathie fonctionnelle ne sont pas très bien connues. Avant d’évoquer ce diagnostic, il faut bien entendu dans un premier temps exclure des pathologies organiques comme les maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn, colite ulcéreuse), la maladie cœliaque ou l’intolérance au lactose. Actuellement, deux hypothèses ont été retenues pouvant expliquer ce syndrome du côlon irritable : l’hypothèse psychosomatique et la perturbation de la flore intestinale. Ces deux hypothèses sont présentées ci-dessous ainsi que des éléments de réponse. Une hypothèse psychosomatique Actuellement, dans le milieu médical, il existe clairement une hypothèse psychosomatique, l’intestin étant considéré comme un organe influencé par les émotions et le stress via une connection cerveau-intestin importante de 100 millions de neurones. Ces influences émotionnelles déclenchent un orage neurologique provoquant une hypersensibilité viscérale expliquant une partie des symptômes. Dès lors, on comprend mieux que des approches psychosomatiques (relaxation, méditation, hypnose, psychothérapie etc..) sont souvent utilisées afin de calmer cette connexion cerveauintestin et permettre de réduire les symptômes gênants. 2/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch Quant à nous, notre choix c’est porté sur la cohérence cardiaque. C’est l’approche que nous avons choisie de développer au sein de notre cabinet médical et qui apporte un grand soulagement aux patients. Cette approche permet entre autre de réguler efficacement nos émotions et notre système nerveux autonome. Dans cet article, nous présenterons cette technique plus en détail et expliquerons son intérêt dans ce type de pathologie. Une flore intestinale perturbée Il existe une deuxième hypothèse médicale qui est également bien documentée scientifiquement expliquant les symptômes du côlon irritable par une perturbation de notre flore intestinale. Une fermentation intestinale anormale des aliments ingérés provoque un excès de gaz de la part de nos bactéries intestinales expliquant des symptômes divers tels que les ballonnements, les douleurs abdominales, les flatulences et les alternances diarrhée et constipation. Par des tests respiratoires analysant la fermentation intestinale, on a pu montrer dans le colôn irritable la présence excessive de certains gaz (hydrogène, méthane etc) et leur rôle sur les symptômes abdominaux. Des études montrent une prolifération bactérienne chez 74 % à 84% des personnes souffrant de côlon irritable contre 20% chez les personnes sans symptôme. De plus, la réduction de ces fermentations est corrélée à la diminution des douleurs abdominales. Actuellement, il existe une approche diététique particulière pauvre en aliments fermentescibles et qui permet de réduire nettement les fermentations intestinales et d’améliorer de façon importante les symptômes du côlon irritable. De nombreuses études ont montré l’efficacité de cette prise en charge alimentaire par rapport à d’autres approches diététiques. Il s’agit de la diète FODMAP bien connue dans les pays anglo-saxons et surtout en Australie où elle a été mise au point. Cette diète est limitée dans le temps et nécessite un accompagnement par un nutritionniste formé. Le déroulement et l’intérêt de cette diète est décrit ci-dessous. Réponses proposées Une bonne prise en charge nécessite obligatoirement la combinaison d’une approche diététique et de la gestion du stress et des émotions. En effet, la fermentation intestinale ne provoque des symptômes que chez les personnes présentant au préalable une hypersensibilité viscérale liée à une perturbation de l’axe cerveau-intestin. Dans notre pratique, nous avons par conséquent choisi d’associer une approche réduisant les fermentations intestinales (diète FODMAP et l’assainissement de l’intestin par des complexes d’HE) associée avec la Cohérence Cardiaque qui permet de réguler nos émotions et notre système nerveux autonome responsable de la communication cerveau-intestin. 3/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch La Diète FODMAP Cette diète, sur une période plus ou moins longue, consiste à éliminer certains aliments qui vont fermenter dans l’intestin pour permettre au système digestif de se reposer. Les aliments évités seront ensuite réintroduits progressivement. Que sont les FODMAP ? Les FODMAP désignent un ensemble de sucres à courtes chaines qui sont contenus dans certains aliments. Ces sucres qui ne sont pas absorbés fournissent une excellente nourriture pour les bactéries qui vivent dans notre intestin. Souvent ces sucres à courtes chaines sont décrits comme bon pour la santé. Ils sont en effet de véritables prébiotiques favorisant le développement d’une flore intestinale saine. Toutefois, chez un certain nombre de personne ayant un dérèglement de leur flore intestinale, ces sucres fermentescibles provoquent un excès de gaz responsables de nombreux symptômes. L’importance des symptômes varie en fonction de la quantité et du type de gaz produit qui lui-même dépend des espèces de bactéries et de leur quantité vivant dans notre intestin. Les différents groupes de sucres fermentescibles Les FODMAP sont divisés en plusieurs groupes de sucres dont les principales sources sont reprises dans le tableau ci-dessous. Pour vous aider à constituer vos menus, vous pouvez vous référer à des listes d’aliments riches et pauvres en FODMAP qui vous sont données lors d’une prise en charge par un nutritionniste 4/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch FODMAP Fructo-Oligosaccharides (FOS)* Galacto-Oligosaccharides (GOS)* Lactose Fructose Polyols (dont le Sorbitol) Polyols dont le Mannitol* Principales sources Céréales contenant du Gluten, oignon, ail, artic Légumineuses (pois chiches, lentilles…) Lait, yaourts et fromages à pâte molle Miel, pomme, poire, mangue… Pomme, poire, prune, chewing-gum et bonbons sucres » Champignons, chou-fleur, chewing-gum et bon A quoi sert le test respiratoire ? Le test respiratoire mesure la quantité de gaz émise lors du processus de fermentation de nos aliments par la flore intestinale. Le test respiratoire permet donc de savoir si la consommation des aliments riches en FODMAP entraine une fermentation ou non au niveau intestinal et pour quels sucres en particulier. De manière générale, si vous souffrez du syndrome de côlon irritable, la diète de base pauvre en FODMAP consiste à éliminer sur une période donnée les FOS, les GOS et le Mannitol. Le test respiratoire va permettre de préciser si les autres groupes de sucres doivent être éliminés ou non de votre alimentation à savoir le fructose, le lactose et/ou le sorbitol. La restriction alimentaire pourra donc varier en fonction du résultat de ces tests. Comment se déroule la diète ? La diète sans FODMAP se déroule en trois étapes. La première étape étant d’éliminer de son alimentation les aliments riches en sucres fermentescibles (FODMAP). La deuxième phase consiste à les réintroduire progressivement. Et la troisième phase permet de retrouver une alimentation équilibrée en connaissant votre seuil de tolérance pour les groupes d’aliments fermentescibles. Phase 1 : une alimentation sans FODMAP Pour pouvoir constater une nette amélioration des symptômes il est nécessaire de suivre une restriction alimentaire sur plusieurs semaines variant de minimum 2 à maximum 6 semaines en fonction de l’importance des symptômes. Passée cette première phase, la deuxième phase consiste à réintroduire progressivement les aliments en fonction d’un protocole strict. Pour vous aider à composer vos menus, vous pouvez vous référer à des listes d’aliments afin de distinguer ceux que vous devez éviter de ceux que vous pouvez consommer. Parmi les aliments qui sont riches en FODMAP il faut retenir l’ail, l’oignon, le miel, la majorité des fruits, le lactose, les céréales contenant du gluten et les légumineuses. Toutefois, il est important de noter qu’une telle alimentation est déséquilibrée, raison pour laquelle elle ne doit pas être prolongée au-delà de 6 semaines sans avis médical. En outre, avec le manque de fibres, les patients rapportent une modification de leur transit avec des selles assez compactes. Il est nécessaire de contrôler que l’alimentation contienne un apport suffisant de fibres soit 25 à 30g par jour. Certains aliments tolérés tels que le kiwi, les fruits de la passion, 5/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch les framboises, les oranges et les amandes entre autres sont riches en fibres. Phase 2 : la réintroduction progressive Cette deuxième phase consiste à réintégrer un aliment pour chaque groupe de sucre concerné. C’est une phase très importante puisqu’elle permet de constater quels sont les aliments qui provoquent encore des symptômes de ceux qui sont bien tolérés par le patient. Il est donc capital durant cette deuxième phase que le patient tienne un journal de bord des nouveaux aliments introduits et des symptômes ressentis. Il est également essentiel de comprendre que les notions de quantité et de fréquence sont très importantes durant cette phase de réintroduction. Si après l’introduction d’un aliment, les symptômes apparaissent de nouveau, il sera alors nécessaire de suspendre sa consommation encore pendant quelques temps avant de le réintroduire à une dose plus faible que la première fois puis d’augmenter progressivement. Généralement la phase de réintroduction se fait sur 5 semaines selon un protocole bien précis. Aussi est-il important d’être suivi par un professionnel de la santé. Phase 3 : Vers une alimentation équilibrée Une fois que vous avez clairement déterminé quel groupe de sucres fermentescibles vos intestins peuvent tolérer et en quelle quantité suite à la phase 2, vous allez pouvoir réintroduire tous les aliments de ce groupe. Il est important pour vous de connaître la quantité qui ne provoque pas de symptômes. Vous devenez également tenir compte de l’effet cumulatif. Par exemple si au cours de la phase 2, vous avez constaté que la consommation d’aliments riches en polyols ne provoque pas de symptôme, vous pouvez choisir de consommer un aliment de cette catégorie au cours du même repas. Cependant, évitez de les manger tous au cours du même repas ! En outre, l’absence de symptôme dépend à la fois de la quantité consommée mais également de la fréquence La Cohérence Cardiaque Si nous l’avons inclus dans notre pratique de la prise en charge du côlon irritable en association avec la diète FODMAP c’est parce que sa pratique apporte une réelle amélioration des symptômes digestifs. Chez certains patients si l’on constate 70% d’amélioration de leurs troubles digestifs grâce à la mise en place de la diète FODMAP, on peut presque dire que les 30% restant seront assurés par la pratique conjointe de la cohérence cardiaque. La cohérence cardiaque c’est en tout premier lieu un outil simple et puissant de gestion du stress. Mais en réalité la pratique régulière de la cohérence cardiaque apporte bien plus que cela à tout point de vue. C’est une approche nouvelle qui s’inscrit parmi les techniques cognitivo-comportementales et qui connaît depuis plusieurs années une expansion sur le Continent européen. 6/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch Qu’est-ce que c’est ? C’est une forme de méditation dont la respiration est induite selon un rythme bien précis de 6 respirations par minute. Ce rythme imposé permet au système cardiaque et au système respiratoire d’entrer en résonnance à une fréquence de 0,10 Hz. Comment ça marche ? En temps normal, les sollicitations permanentes de notre environnement nous mettent en « chaos cardiaque » c’est à dire que nos battements cardiaques ont une variabilité aléatoire due à l’influence des deux branches de notre système nerveux autonomes que sont le système sympathique et parasympathique. Lorsque notre respiration suit un certain rythme de 6 respirations par minutes (soit 5 secondes à l’inspire et 5 secondes à l’expire) il se produit une mise en résonnance de notre respiration et de notre cœur. Comme si ces deux instruments jouaient la même musique dans une totale harmonie ! Cette harmonisation du système cardiaque et du système respiratoire provoque un équilibre au niveau de notre système nerveux autonome entre le système sympathique (action, stress) et parasympathique (récupération, détente). Cet équilibre de notre système autonome entraine une amélioration de beaucoup de fonctions physiologiques (baisse de la tension artérielle, des hormones de stress etc..) ainsi qu’une meilleure gestion de nos émotions. Le système nerveux autonome se comporte un peu comme un chef d’orchestre qui d’un seul coup agite sa baguette en tout sens pour activer le système sympathique car la musique s’accélère ou bien lorsque la musique ralentie il active le système parasympathique. C’est cette alternance entre le système sympathique et le système parasympathique qui fait que nous sommes capables de nous adapter à l’environnement dans lequel nous évoluons. 7/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch De nos jours, avec la vie trépidante que nous menons, notre chef d’orchestre est très occupé à diriger des morceaux de rock n’ roll qui ne font que s’enchaîner… Vous l’aurez compris, nous vivons dans l’air ou l’ère de la sur-activation du sympathique, l’air ou l’ère du stress omniprésent. Pourquoi la cohérence cardiaque aide à soulager les troubles digestifs ? La raison est simple. En pratiquant régulièrement la cohérence cardiaque, la balance du système nerveux autonome se rééquilibre en alternant autant dans le sympathique que le parasympathique. A votre avis, la digestion fait-elle partie d’une fonction gérée par le sympathique ou le parasympathique ? C’est le parasympathique qui s’active pour permettre à la digestion de se faire. Et le parasympathique c’est la musique douce que vous écoutez lorsque vous vous reposez. Etant donné que la majorité des gens ont une prédominance du sympathique alors devinez ce qui se passe lors de la digestion ? La digestion ne se fait pas dans de bonnes conditions puisque la priorité est donnée pour gérer le stress. Cette activation permanente du système sympathique et des neurotransmetteurs du stress va entrainer une hypersensibilité viscérale et des spasmes peu efficaces et douloureux de notre intestin. Comment s’y prendre ? La méthode est très simple. La seule difficulté réside dans la pratique régulière quotidienne. Cette méthode mise au point par le Dr David O’hare s’appelle le 365 et consiste à respirer - 3 fois par jour - avec 6 respirations par minute - pendant 5 minutes, - le tout sur 365 jours ! La première séance doit se faire au lever et c’est la plus importante. La deuxième séance doit être pratiquée environ 4 heures plus tard et surtout avant votre repas de midi pour que la digestion soit ainsi facilitée. Et la 3ème séance encore 4 heures plus tard. Cette dernière séance est très importante car elle détermine la qualité de votre sommeil. Au départ, il existe des guides respiratoires pour vous aider à engrammer ce rythme respiratoire particulier. Le livre du Dr O’hare intitulé « Cohérence Cardiaque 365 » est une mine d’or et constitue la base de la Cohérence Cardiaque, raison pour laquelle nous vous encourageons à le lire. Néanmoins, il est important de pouvoir bénéficier d’un accompagnement sérieux, surtout pour la mise en place de cet outil dans votre vie et aussi pour pouvoir constater vos progrès. Généralement, en séance un capteur de pouls est placé sur le lobe de votre oreille afin 8/9 La Nutrition Santé Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament » http://www.lanutrition-sante.ch d’enregistrer votre variabilité cardiaque et de voir votre capacité à vous mettre en cohérence cardiaque. Dans le cadre de la prise en charge du syndrome du côlon irritable, les séances de cohérence cardiaque sont très vite mises en place environ deux ou trois semaines après de début de la diète FODMAP. Après environ dix jours de pratique sérieuse et régulière les patients ressentent tous un bénéfice tangible tant sur leur digestion que sur la qualité de leur sommeil, leur état de fatigue, leur concentration, etc… Bien d’autres aspects de leur vie se trouvent également améliorés. En conclusion : Si vous souffrez du syndrome du côlon irritable, adopter une diète FODMAP pendant quelques temps associé à la pratique régulière de la cohérence cardiaque sont de vraies armes pour retrouver un réel confort. Ne négligez pas votre stress. Généralement nous avons de la peine à ressentir notre stress. C’est souvent lors de vacances ou de temps de pause que l’on commence à ressentir ces effets. Souvenez-vous que le stress est très pernicieux et nous ne mesurons jamais assez sont impact sur notre santé… Karine D’Oro Bibliographie : 1 « Bacterial concepts in irritable bowel syndrome », Rev Gastroenterol Disord. 2005;5 Suppl 3:S3-9. Review 2 « Abnormal breath testing in IBS: a meta-analysis » Dig Dis Sci 2010 Sep;55(9):2441-9. 3 « Eradication of small intestinal bacterial overgrowth reduces symptoms of irritable bowel syndrome » Am J Gastroenterol. 2000 Dec 4 « Normalization of lactulose breath testing correlates with symptom improvement in irritable bowel syndrome. a double-blind, randomized, placebo-controlled study » Am J Gastroenterol. 2003 Feb;98(2):412-9 5 « A Diet Low in FODMAPs Reduces Symptoms of Irritable Bowel Syndrome » Gastroenterology. 2013 Sep 24 6 « The low FODMAP diet improves gastrointestinal symptoms in patients with irritable bowel syndrome: a prospective study. » J Clin Pract. 2013 Sep;67(9):895-903. 9/9 Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)