Corridors Approches méthodologiques et mise en œuvre Louise Gratton, biologiste Consultante en écologie et conservation La biodiversité : une préoccupation planétaire Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70 % des plantes sont menacés d'extinction. Au Sommet de la Terre tenu en 1992 à Rio de Janeiro, la plupart des pays participants à la conférence des Nations Unis sur l’environnement et le développement se sont entendus sur une convention internationale portant sur la diversité biologique. L’un des buts fondamentaux de la convention, repris par le Canada et le Québec, est la conservation de la diversité biologique, soit la variabilité des gènes, des espèces et des écosystèmes. Les pays signataires de la Convention s’engageaient alors à protéger 12 % de leur territoire (un objectif revu à 17 % à Nagoya en 2010). Ce n'est cependant que 8 ans plus tard, que l'approche écosystémique sera plus clairement adoptée impliquant une prise en compte de la connectivité écologique. La fragmentation Bien avant, à la fin des années 60, la théorie de l’îlot géographique ou de l’insularisation était exposée par deux chercheurs américains. La théorie postule que plus une île est isolée du continent et plus elle est petite, moins vite les espèces pourront la coloniser et moins elles auront de chance d'y survivre. Par analogie, elle décrit l’isolement physique ou génétique d’une population ou d’un groupe de populations sur un territoire. Ainsi, lorsqu’un petit fragment de forêt se trouve isolé d’autres parcelles boisées, dans une « mer » de terres agricoles ou de développement résidentiel, les risques sont grands qu’il perde à plus ou moins court terme une bonne partie de sa diversité biologique. En fait, on considère que la fragmentation des habitats est tout aussi responsable de la disparition locale de certaines espèces que la destruction de leurs habitats. On reconnaît aujourd’hui que la connectivité écologique, c’est-à dire des corridors verts qui relient un réseau d’habitats naturels pourrait réduire l’impact de la fragmentation et d’augmenter la stabilité et la résilience des espèces et des écosystèmes. Une illustration schématique de la fragmentation 30 lynx roux ont été capturés et munis de colliers GPS Leurs localisations étaient enregistrées à toutes les 20 minutes. Les lisières boisés Escarpements Ligne Pourquoi se déplacent les animaux? Pour s’alimenter et s’abriter; Pour trouver des partenaires et se reproduire; Entre les habitats d’hiver et d’été; Pour s’adapter aux changements dans leur environnement. Planification de la conservation à l’échelle du paysage Modifié de Vermont Biodiversity Project (2002) Un réseau écologique Corridor Utilisation durable du territoire Corridor Noyau Corridor Zone tampon La connectivité contribue aux services écologiques Services de régulation Services d’approvisionnement Régulation du climat Réduction des maladies, des déprédateurs et des odeurs Purification de l’eau et de l’air Contrôle de l’érosion et des inondations Pollinisation Dispersion des semences Nourriture Eau douce Combustible Fibre Espèces ornementales Animaux de compagnie Éléments biochimiques Ressources génétiques d’approvisionnement Services ontogéniques Services socioculturels Développement du système immunitaire Épanouissement humain Spiritualité Récréation et tourisme Esthétisme Éducation et inspiration Sens d’appartenance Patrimoine culturel Les différentes méthodes Sources : Rudnick et al. 2012; Bernier et Théau, 2013. Chemin de moindre coût Corridors de moindre coût Théorie des graphes Théorie des circuits Noyau de résistance Poids de résistance aux déplacements relatifs associés aux classes d’occupation du sol (Grand Pic) Type de milieu Couvert forestier Couvert arbustif Sans couvert ligneux Classe Poids de résistance aux déplacements Feuillu - dense Mixte - dense Coniférien - dense 1 Feuillu - ouvert Mixte - ouvert Coniférien - ouvert Zone humide - boisée 10 Grands arbustes 30 Petits arbustes Zone humide - arbustive 50 Plantes herbacées Zone humide - herbacée Cultures pérennes et pâturages 70 Cultures annuelles 75 Terrain découvert Eau 80 Zone développée 90 Bernier et Théau, 2013 Poids de résistance aux déplacements relatifs associés au réseau routier (Grand Pic) Catégorie Classes de la BDTQ Poids de résistance aux déplacements Distance d’influence (mètres) Autoroutes Autoroute 110 300 Routes principales Route nationale Route régionale Route collectrice 100 200 Routes secondaires Route locale 95 100 Bernier et Théau, 2013 Bernier et Théau, 2013 Bernier et Théau, 2013 Théorie des graphes Rudnick et al. 2012 Noyaux de résistance Rudnick et al. 2012 2006 2013 Liens prioritaires 2012 Vallée du Haut-Saint-Laurent Lac Saint-Pierre Jobin et al. 2013 Les étapes préalables à l’identification des corridors Identifier les partenaires Créer un comité d’experts Définir les limites de l’aire d’étude Récolte des données existantes Identifier les espèces ou les guildes d’espèces cibles Identifier les noyaux ou les habitats à relier Procéder à des inventaires complémentaires Les étapes d’identification des corridors fauniques Matrice de résistance par espèce ou guilde d’espèces Corridors structuraux de moindre coût Optimisation des corridors Validation sur le terrain Sélection finale Suivi Recherche Jobin et al. 2013 Les outils dont nous disposons La science Le partage des connaissances et l’éducation La conservation du territoire (protection, restauration et utilisation durable) La planification de l’aménagement du territoire Planification du transport Milieu agricole Foresterie durable Plan d’aménagement Certification Servitude de conservation forestière Design de conservation Affectation et zonage Règlementation municipale L’objectif est de maintenir le territoire accessible pour la faune et travailler avec les communautés locales pour assurer la connectivité tout en préservant les valeurs qu’ils attribuent à leur milieu de vie. Staying Connected Initiative Merci.