Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (Habitat d’intérêt communautaire) C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 ● ● NOMENCLATURES Lo Parvi Code Nom français CORINE Biotope 41.24 Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques Natura 2000 9160-3 Chênaies pédonculées neutroacidiclines à méso-acidiphiles CBNA CS4 Chênaies-charmaies (Châtaigneraies) acidiphiles avec Houx (Ilex aquifolium) et Petite Pervenche (Vinca minor) PHYTOSOCIOLOGIE Classe Querco roboris-Fagetea sylvaticae Forêts caducifoliées de l'Europe tempérée Ordre Fagetalia sylvaticae Forêts collinéennes mésoacidiphiles à calcicoles Alliance Fraxino-Quercion roboris Chênaies pédonculées édaphiques Association Stellario holosteae-Quercetum roboris Chênaies pédonculées acidiclines subatlantiques à Stellaire holostée ● PRESENTATION DE L'HABITAT Boisements de feuillus purs dont la strate arborée est dominée par le Chêne pédonculé (Quercus robur), parfois en mélange avec le Chêne sessile, et le Charme (Carpinus betulus) en sousétage. Pauvreté des essences d’accompagnement sur sol désaturé (Bouleau, Tremble, Erable sp.), apparition du Frêne (Fraxinus excelsior) et du Merisier (Prunus avium) sur sol plus riche. La strate arbustive est composée principalement de Noisetier (Corylus avellana) et de Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum). La strate herbacée possède un cortège typique : la Mercuriale pérenne, la Stellaire holostée, la Petite Pervenche, le Lamier jaune… Cet habitat occupe les terrasses alluviales, les bas de versants, les dépressions de fond de vallon assez bien alimentés en eau et parfois les argiles de décarbonatation. Il est principalement installé dans des zones de faibles pentes sur des moraines (61%) ou des alluvions de fond de vallée (24%). Cette formation se situe essentiellement sur des sols frais, légèrement hydromorphes. Cet habitat occupe généralement de faibles surfaces disséminées sur tout le plateau calcaire, en revanche il est mieux représenté dans les dépressions glaciaires. Les potentialités forestières varient selon la richesse du sol et l’alimentation hydrique. Le traitement sylvicole appliqué le plus couramment est le taillis sous futaie. Cette formation renferme de nombreuses espèces patrimoniales autant au niveau de la flore que de la faune. Elle est donc un atout pour le maintien de la biodiversité. Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (Habitat d’intérêt communautaire) C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 ● Eboulis CARACTERISTIQUES STATIONNELLES Géologie Topographie Calcaires secondaires 100% 80% 60% 40% 20% 0% Moraines ou alluvions fluvioglaciaires 50-100% Paragneiss Sans exposition NordOuest Exposition Nord-Est Est Ouest 10-25% Sud-Est ► Géologie : habitat présent essentiellement sur substrat morainique. ► Sol : sols désaturés et souvent lessivés, limono-argileux et peu hydromorphes ► Topographie : habitat situé exclusivement sur sol plat (0-10%). ► ● 0-10% 100% 80% 60% 40% 20% 0% 25-50% Nord 100% 80% 60% 40% 20% 0% Sud-Ouest Lo Parvi presque Exposition : aucune logique d’exposition. Sud VEGETATION ET ESPECES PATRIMONIALES Strate arborée Bouleau verruqueux - Betula pendula Charme - Carpinus betulus Chêne pédonculé - Quercus robur Chêne sessile - Quercus petraea Erable Champêtre - Acer campestre Erable sycomore - Acer pseudoplatanus Frêne commun - Fraxinus excelsior Strate arbustive Aubépine monogyne - Crataegus monogyna Chèvrefeuille des bois - Lonicera periclymenum Troène - Ligustrum vulgare Noisetier - Corylus avellana Fréquence 7.2% 74.8% 68.9% 22.3% 41.9% 1.2% 59.9% 47.3% 19.2% 62.3% 69.5% Espèces patrimoniales Faune : Castor d’Europe, Circaète Jean-le-Blanc, Busard StMartin, Pic noir, Milan noir, Bondrée apivore, Couleuvre verte et jaune, Couleuvre d’Esculape, Couleuvre à collier, Rainette verte, Grenouille agile, Triton crêté, Lucane cerf-volant, Barbastelle d’Europe, Minioptère de Schreibers, Murin de Bechstein, Murin à oreilles échancrées et Grand rhinolophe. Flore : Fougère des marais, Laîche paradoxale, Laîche appauvrie. Strate herbacée Ail des ours - Allium ursinum Anémone Sylvie - Anemone nemorosa Canche flexueuse - Deschampsia flexuosa Fougère aigle - Pteridium aquilinum Fougère des Chartreux - Dryopteris carthusiana Gouet tacheté - Arum maculatum Lamier jaune - Lamium galeobdolon Mercuriale pérenne - Mercurialis perennis Millet diffus - Millium effusum Petite pervenche - Vinca minor Potentille faux fraisier - Potentilla sterilis Ronce commune - Rubus fruticosus aggr. Stellaire holostée - Stellaria holostea Fréquence 4.2% 16.2% 0.6% 5.4% 1.8% 15.6% 13.2% 10.8% 0.6% 23.4% 2.4% 54.5% 6% En gras : espèces indicatrices de l’habitat. Fréquence : pourcentage de présence de l’espèce sur la totalité des placettes. Nombre de placettes pour cet habitat : 167 ► Strate arborée : chênaie-charmaie, accompagnée par des essences pionnières. ► Strate arbustive : composée uniquement de Noisetiers et d’espèces mésophiles. ► Strate herbacée : composée d’un cortège d’espèces remarquables. Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (Habitat d’intérêt communautaire) C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 Lo Parvi ● - - ● LES DIFFERENTS SYLVOFACIES EN ISLE CREMIEU La chênaie-charmaie à Stellaire subatlantique présente plusieurs sylvofaciès en lien avec les associations d’espèces ou la dominance d’une seule d’entre elles. Les principaux sylvofaciès observés en Isle Crémieu sont : le faciès à:Petite Pervenche. Dans cette formation forte présence de la Petite pervenche dans la strate herbacée. le faciès à Bouleau verruqueux, Tremble ou Erable. Cette formation est issue d’une phase pionnière directe, ces essences se développent après abandon des activités agricoles sur des sols désaturés. le faciès à Frênes et Merisiers. Formation qui se développe après abandon des activités agricoles sur les sols les plus riches. RISQUES DE CONFUSIONS EN ISLE CREMIEU L’identification peut parfois poser des problèmes, il est possible de le confondre avec d’autres habitats forestiers souvent assez proches dans leur forme et leur composition. Certains caractères que nous énumèrerons par la suite permettent de trancher entre les différentes possibilités. Il est possible de confondre notre habitat avec : 41.27). Présence d’espèces calciphiles en grande quantité dans les strates arbustives et herbacées. Cette formation se trouvera sur substrat calcaire et sur sol moins hydromorphe. la chênaie acidiphile médio-européenne (C.B. 41.57). Cette formation sera composée essentiellement d’espèces acidiphiles, la présence de Châtaigniers, Luzules et Fougère aigle sont de bons indicateurs de cet habitat. la chênaie blanche occidentale et communautés apparentées (C.B. 41.71). L’absence du Charme et la forte présence de Chêne pubescent sont un très bon moyen pour différencier les deux habitats. - la chênaie-charmaie et frênaie-charmaie calciphile (C.B. - - ● HABITATS ASSOCIES EN ISLE CREMIEU Deux types d’habitats peuvent être associés ou en contact avec les chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques : 1> les milieux herbacés : ▪ Prairie à fourrage des plaines (6510 - C.B. 38.22). ▪ Lisières humides à grandes herbes (C.B. 37.7). 2> les milieux forestiers : ▪ Hêtraies collinéennes à Luzules (9110-1 - C.B. 41.11). ▪ Forêts de Frênes et d’Aulnes des ruisselets et des sources (91E0-10 - C.B. 44.31). ▪ Grandes forêts fluviales médio-européennes (91F0-2 - C.B. 44.41). ▪ Forêts fluviales médio-européennes résiduelles (91F0-2 - C.B. 44.42). ▪ Bois marécageux d’Aulnes (C.B. 44.91). Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (Habitat d’intérêt communautaire) C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 Lo Parvi ● DYNAMIQUE DE L’HABITAT EN ISLE CREMIEU Schéma d’évolution de la chênaie-charmaie à Stellaire subatlantique Déforestation ancienne Prairie de fauche ou pâturée, plus ou moins fertilisée Arrêt des activités agricoles et Développement de ligneux Sols riches à hydromorphie marquée Phase pionnière directe Sols riches (Bouleau, Chênes pédonculé) Sols très riches (Frêne, Erables) Maturation Chênaie-charmaie à Stellaire subatlantique Bois marécageux d’Aulnes Plantations Futaie Taillis sous Futaie Chênaie Pédonculée Chênaie pédonculée + Charme Taillis Populiculture dans les zones basses Taillis de Charme Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 (Habitat d’intérêt communautaire) ● REPARTITION GEOGRAPHIQUE Lo Parvi ► Répartition nationale : Rhône-Alpes, Franche-Comté, Lorraine et ChampagneArdennes. ► Répartition régionale : assez fréquent en plaine et à l’étage collinéen. ► Répartition départementale : habitat présent mais couvre de faibles superficies. ► Répartition en Isle Crémieu : ■ Présence dans 33 communes sur 37. ■ Surface : 779.71 hectares. ■ Cet habitat représente environ 5,4% de la totalité de la surface forestière étudiée dans le cadre du réseau Natura 2000. Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (Habitat d’intérêt communautaire) C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 Lo Parvi ● ETAT DE CONSERVATION ET MENACES EN ISLE CREMIEU Cette formation est présente sur presque toutes les communes de notre territoire mais avec des surfaces inégales. De nombreuses espèces patrimoniales de faune et de flore ont été observées dans cet habitat (cf. Tableau : végétation et espèces patrimoniales). La flore naturelle est en compétition avec plusieurs espèces introduites envahissantes : l’Impatiente de l’Himalaya, le Solidage géant et le Robinier faux-acacia. Ces espèces sont assez peu présentes. Petit bois mort (ø 10-35cm) Nombre de placettes où le petit bois mort est présent 37 130 Nombre de placettes où le petit bois mort est absent Nombre de placettes pour cet habitat : 167 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 Données écologiques sur les placettes 167 28 4 Nombre de placettes 9 GBM sur GBM couché pied Arbres à cavités GBM = Gros bois mort (ø >35cm) La régénération dans cette formation se fait en faveur du Frêne commun (32%) et ensuite du Chêne pédonculé (22%). Le traitement sylvicole appliqué en majorité est le taillis sous futaie. Ce traitement est bien adapté pour le maintien de cet habitat. Le petit bois mort est présent dans les trois quarts des placettes inventoriées (carré de 20x20m), ceci leur confère une naturalité importante qui va augmenter le potentiel biologique en favorisant le maintien de la faune, notamment pour le Lucane cerf-volant, et de la flore en place. Plusieurs gros bois morts sur pied et couchés ont été répertoriés, ces deux éléments vont encore être favorables à l’installation d’espèces remarquables ou au maintien, voire au développement des populations existantes. Une quantité relativement importante d’arbres à cavités a été localisée, ils sont un refuge pour de nombreuses espèces animales (oiseaux, chiroptères…). Tout ceci fait de cette formation un habitat ayant une très forte valeur écologique de par sa diversité floristique et les espèces animales qu’elle accueille. Un autre élément joue un rôle important dans la diversité biologique de ce milieu, il s’agit de la présence de plusieurs mares forestières (14). En effet, la mosaïque d’habitat offre une multitude de niches écologiques potentielles et par conséquent une très grande diversité. Cette formation est menacée principalement par les actions de l’Homme pour la mobilisation de la ressource. Le débardage sans précaution peut endommager certains sols fragiles. Des actions comme la suppression trop précoce du sous-étage (notamment la strate herbacée), pour favoriser la régénération, la conversion en peupleraie ou l’enrésinement peuvent être à l’origine de la perte de niches écologiques et d’espèces patrimoniales. Le drainage des sols humides peut également impacter cette formation. Représentation de l’habitat en Isle Crémieu par rapport à ma surface boisée étudiée Surface de l’habitat compris dans le site d’intérêt communautaire par rapport à la surface totale Natura 2000 Surface forestière (ha) Interprétation 779,71 ha 5,4 % Habitat assez présent en Isle Crémieu, habitat communautaire. 359,1 ha 46,04 % Habitat assez bien pris en compte par le zonage Natura 2000. Bilan de l’état de conservation Favorable Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 ● - (Habitat d’intérêt communautaire) Lo Parvi ETAT DE CONSERVATION DE L’HABITAT EN ISERE SELON LE C.B.N.A. (J.C. VILLARET, 2007) Extension de l’habitat en Isère : assez rare et assez peu étendu. Originalité biogéographique : habitat commun et représentatif sur le domaine médio-européen (partie Bas Dauphiné). Originalité phytocénotique et écologique : assemblage classique d’espèces. Présence d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale : flore ordinaire ou assez ordinaire. Fragilité et sensibilité : habitat peu fragile aux activités humaines. Contexte et menaces potentielles : habitat situé dans un contexte moyennement concerné par les activités humaines. Evolution spatiale depuis un demi-siècle : habitat stable. ► Statut liste rouge des habitats de l’Isère : Non menacé ◄ ● ORIENTATION DE GESTION Cette formation accueille de nombreuses espèces patrimoniales et communautaires autant au niveau de la faune que de la flore. Elle est donc un atout en ce qui concerne le maintien de la biodiversité forestière en Isle Crémieu. Cet habitat est dans un bon état de conservation bien qu’il s’étende sur une faible superficie totale du fait de sa localisation sur les terrasses alluviales La mosaïque de milieu présent dans cet habitat, ainsi que la stratification complexe, contribuent à augmenter la biodiversité des secteurs concernés par ces boisements. De plus il apporte une certaine diversité paysagère. Afin de maintenir la biodiversité il est primordial de laisser vieillir cette formation et de conserver des arbres morts ou dépérissants dans les boisements. Dans la mesure du possible il faudrait arriver à en garder 1 à 5 par hectare. Cette mesure permettra notamment le maintien d’espèces saproxylophages, notamment le Lucane cerf-volant qui est très présent, mais aussi de certains oiseaux ou chiroptères qui trouvent refuge dans les cavités des arbres. Il serait intéressant d’y créer des îlots de vieillissement. Cette formation est souvent concernée par l’exploitation sylvicole pour la production de bois de chauffage. Les travaux de récolte dans ces espaces forestiers, où les sols sont fragiles, doivent être réalisés en prenant beaucoup de précaution et particulièrement quand les sols sont très hydromorphes. Il faut limiter le passage des engins. Compte tenu de la productivité des essences autochtones feuillues et de l’intérêt patrimonial, la transformation de ces peuplements en essences autres que celles du cortège de l’habitat est vivement déconseillée. Il faut également éviter les coupes trop importantes, c’est-à-dire les coupes à blanc ou celles réalisées sur de grandes surfaces. Une telle intervention aurait des impacts très négatifs sur le milieu et la biodiversité qu’il contient. En effet, les zones de coupes pourraient être envahies par les ronces qui menaceront la régénération naturelle. La mosaïque de milieux est favorable pour l’augmentation de la biodiversité animale et végétale. La création de mares forestières permettrait l’accueil dans ces formations de nouvelles espèces. Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques C.B. – 41.24 N 2000 – 9160-3 ● (Habitat d’intérêt communautaire) Lo Parvi BIBLIOGRAPHIE BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GEHU J.M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.C., ROYER J.M., ROUX G., TOUFFET J. 2004. Prodrome des végétations de France. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 171 p. (Patrimoines naturels, 61). BESSARD S. 2007. Les habitats forestiers du site Natura 2000 du Massif de la Serre. ONF Agence du Jura, DIREN Franche-Comté. 54 p. BISSARDON M., GUIBAL L., RAMEAU J.C. 1997. Nomenclature CORINE Biotopes, types d’habitats français. ENGREF. 217 p. COLLECTIF. 2001. Cahiers d'habitats Natura 2000, Connaissance et gestion des habitats et des espèces d'intérêt communautaire. Tome 1 Habitats forestiers Volume 1. 337 p. Centre régional de la propriété forestière Rhône-Alpes. 2006. 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