EXPOSITION « LA NUIT TOMBE SUR l`EUROPE »

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EXPOSITION
« LA NUIT TOMBE
SUR l’EUROPE »
Canopée des Halles
Activités pédagogiques – collège-lycée (histoire)
Activité n° 1 : fiche de contextualisation – Histoire de la Syrie
LA SYRIE ANTIQUE
INTRODUCTION
L’exposition traite notamment du drame des réfugiés syriens
qui, devant affronter une guerre civile aux multiples dimensions, la terreur et le terrorisme, ont décidé de quitter leur
pays et de gagner l’Europe dans des conditions abominables.
Afin de favoriser la compréhension générale de la situation,
de saisir les raisons profondes de cette migration de grande
ampleur, il a paru nécessaire, hors des programmes scolaires,
de replacer ce drame dans un contexte plus large et pour
cela de revenir sur l’histoire de la Syrie.
L’HISTOIRE DE LA SYRIE
La Syrie est un État indépendant depuis 1946 mais l’étendue de la région géographique à laquelle on a donné le nom
de Syrie, « pays de la main gauche » (par rapport à La Mecque),
a beaucoup varié au fil du temps.
Proche des lieux de passage entre l’Afrique et l’Eurasie, la
Syrie a été très tôt occupée. Au tout début, le pays ne correspondait qu’à une région réduite. Après la conquête du
pays par les Perses, les Grecs étendirent le nom de Syrie à la
Phénicie, à la Judée, ainsi qu’à la Mésopotamie. Alexandre
traversa le pays en 333 avant J.-C. et, après la destruction de
l’Empire perse, la Syrie devint un royaume comprenant,
outre la Syrie propre, presque toute l’Asie Mineure et la
haute Asie. Mais, ce trop vaste empire se démembra.
Antiochus II tenta de le reconstituer avant de se heurter à
la puissance romaine. Battu aux Thermopyles en 191, il perdit l’Asie Mineure. La Syrie fut alors réduite en province
romaine. Un moment séparée de Rome, car Antoine l’avait
donnée à un fils qu’il avait eu de Cléopâtre, elle fut de nouveau rattachée à l’Empire par Auguste. Remaniée plusieurs
fois sous les règnes de Vespasien et d’Hadrien, la Syrie
devint une région prospère qui donna à Rome la famille des
empereurs dits syriens, depuis Septime-Sévère jusqu’à
Alexandre Sévère. Mais la fondation du second Empire perse
et l’essor de l’Islam furent sources de périls et c’est à grandpeine qu’Aurélien, Dioclétien, puis les Byzantins repoussèrent les invasions.
LA SYRIE ARABE, BYZANTINE ET TURQUE
En 638, la Syrie tomba sous l’égide des Arabes. Le calife Omar
vint lui-même en Syrie pour superviser la conquête et surtout fixer le sort des populations non musulmanes. Ces dernières furent soumises à un impôt par tête mais les cultes
étaient tolérés avec certaines restrictions, en particulier ne
pas édifier de nouveaux sanctuaires. Les Omeyyades firent de
Damas le siège de leur califat mais les Abbassides transportèrent à Bagdad le centre de l’Empire en 726. Ainsi la Syrie
retomba dans ses éternelles divisions en petits États rivaux
dont les empires voisins se disputèrent la suzeraineté.
À part du temps des succès passagers des Byzantins et de la
domination franque, battue en brèche par Saladin à la fin du
xiie siècle, la Syrie se retrouva disputée par les seigneurs de
Mésopotamie et d’Égypte. Certaines régions montagneuses
restant indépendantes et redoutables. Cela étant, en 1291,
les Francs de Syrie sont définitivement chassés du pays.
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« LA NUIT TOMBE SUR L’EUROPE », CANOPÉE DES HALLES, LE 20 AVRIL 2017
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En 1517, Sélim Ier, sultan ottoman, s’empare durablement de
la Syrie. Mais l’éloignement de Constantinople exposa la
province, à plusieurs reprises, à des séditions sanglantes,
notamment d’origine druze. Bonaparte en tenta en vain la
conquête et un vice-roi d’Égypte ne l’enleva à la Porte que
durant quelque temps. Au xixe siècle, les Druzes et les
Maronites, qui sont les descendants de l’ancienne population indigène, s’y livrèrent à des hostilités terribles face auxquelles le gouvernement turc joua un rôle ambigu. D’autant
que l’antagonisme de la France et de l’Angleterre avait trouvé
dans la région un nouveau territoire pour s’exprimer.
Les intrusions européennes et le mandat français en Syrie
Depuis leur établissement en Inde, les Anglais ont jalousé
l’influence privilégiée de la France en Syrie. Le pays les attirait en raison de sa situation en Méditerranée qui en faisait
l’entrepôt des marchandises du Levant et l’aboutissement
des routes du désert. Bonaparte avait d’ailleurs tenté de le
libérer et en 1832 Louis-Philippe avait soutenu l’Égypte qui
réussit à s’en emparer mais, sous la pression internationale,
le vice-roi d’Égypte dut évacuer le sol syrien.
Les Maronites, catholiques latins, ont toujours aussi revendiqué la protection de la France. Et les Druzes, voulant
défendre leur indépendance, sont souvent entrés en rivalités avec eux pour des raisons autant religieuses qu’économiques. Les Druzes massacrèrent ainsi les Maronites en
1843 et surtout en 1860. On dénombra près de 8 000 victimes
à Damas. Ils étaient soutenus par la Turquie et escomptaient l’appui de l’Angleterre. L’émir algérien Abd-el-Kader
exilé à Damas intervint lui-même pour mettre fin aux massacres. La France, selon le mot de Napoléon III, mena une
« opération à but humanitaire » en envoyant un corps expéditionnaire, sous les ordres du général d’Hautpoul. Le sultan fit lui-même punir les coupables mais permit aux
Druzes de se réfugier dans le djebel. Sans avenir dans l’Empire ottoman, nombre de Syriens émigrèrent en masse en
Égypte, en Amérique et en Australie. Plus de 500 000 Syriens
débarquèrent ainsi en Amérique du Sud, surtout au Brésil.
Cependant, l’influence française s’implanta dans le pays
grâce à une multitude de structures religieuses et laïques
éduquant la jeunesse syrienne de toutes confessions. En
1914, on comptait, en Syrie plusieurs dizaines d’établissements français que fréquentaient 50 000 élèves. L’université
de Beyrouth, créée en 1875 par les Jésuites, comprenait une
faculté de médecine, une école de droit et une école d’ingénieurs rivalisant avec l’université américaine.
Le nationalisme syrien
La révolution turque de 1908, d’abord saluée avec joie en
Syrie parce qu’elle proclamait l’égalité politique des nationalités, tourna vite à la répression. Un congrès arabo-syrien
se tint alors à Paris en 1913 où s’affirma le nationalisme syrien.
Pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement turc
soumit la Syrie à un régime draconien. En plus de la famine,
de nombreux patriotes syriens, suspects de sympathie pour
la France furent massacrés. Après la rupture du front, la
Syrie et le Liban furent occupés par les Britanniques et les
Français. Georges Picot devint haut-commissaire. Le plébiscite de 1919, tourna à l’avantage de la France : une majorité
de chrétiens, de juifs et même de musulmans, se prononça
en faveur du mandat français. Mais 180 000 personnes étaient
mortes de faim pendant la guerre et les autorités françaises
se trouvèrent vite aux prises avec une double menace : au
nord, les nationalistes turcs qui harcelaient leurs garnisons ;
à l’est, le chérif Fayçal. Fort du soutien d’un parti extrémiste
arabe, Fayçal, voulait à tout prix chasser les Français. En
mars 1920, un congrès réuni à Damas le proclama roi de
Syrie mais la victoire de Khan-Mayssaloun, remportée par le
général Goybet, mit en déroute l’armée chérifienne, et
Fayçal, déposé, fut recueilli par les Anglais qui lui confièrent
le trône d’Irak. Toutefois, contre le mandat français, propagande et révoltes exacerbées se multiplièrent. La Société des
Nations avait missionné la France pour qu’elle procure à la
Syrie une organisation politique et administrative propre à
préparer son indépendance future. C’était pour la France un
véritable défi car elle fit d’emblée face à une grande instabilité : incursions des bandes venues de Turquie ou de
Transjordanie, insurrections alaouite et druze, opposition
systématique du parti révolutionnaire syrien, manœuvres
du comité syro-palestinien installé au Caire. Cela étant, la
Syrie s’achemina peu à peu vers l’unité malgré les divergences de religion et de clans. Faisant face à toutes ces velléités nationalistes ou tribales les autorités françaises firent
alterner organisation fédérale et centralisme autoritaire. La
justice fut réorganisée par la création de juridictions administratives. L’essor économique fut encouragé par le développement de la culture du coton, le reboisement, la
sécurisation des routes, l’ouverture des communications
nouvelles avec l’Irak et la Perse, la signature de conventions
de transit et d’accords douaniers avec la Palestine et avec
l’Irak. Durant la Seconde Guerre mondiale, des combats
opposèrent en Syrie les forces de Vichy aux Britanniques et
aux combattants de la France Libre. La proclamation de l’indépendance a lieu en 1941, mais ce n’est finalement qu’en
1946 que cette dernière devint vraiment effective avec le
départ des dernières troupes françaises.
LA SYRIE DEPUIS 1946
Le nouveau pays manque de stabilité politique et connaît
une série de coups d’État militaires au cours de ses premières décennies. Il entre peu à peu dans l’aire d’influence
de l’Union soviétique car le pouvoir est passé entre les
mains d’un parti socialiste et panarabe, le Baas ou Baath.
Sous sa houlette, la Syrie s’est unie à l’Égypte de Nasser en
1958, pour former la République arabe unie. En 1961, après
un nouveau coup d’État, ces deux entités se sont séparées,
et la République arabe syrienne a été rétablie. Lors de la
guerre israélo-arabe de 1967, la Syrie a perdu le plateau du
Golan au profit d’Israël. En novembre 1970, Hafez el-Assad,
un général membre du parti Baas et issu de la minorité
alaouite, a pris le pouvoir par un coup d’État sans effusion
de sang. Un régime ultra-autoritaire, verrouillé par des
Alaouites, est alors mis en place. Présente au Liban depuis
1976, l’armée syrienne a fortement été impliquée dans la
guerre civile qui s’y est déroulée jusqu’en 1989. De même, la
Syrie continue le combat contre d’Israël, ce qui ne l’empêche pas, au cours des années 1990, d’entamer des
pourparlers de paix ponctuels sur la restitution du Golan.
Après la mort du président Hafez el-Assad, son fils, Bachar
el-Assad, a pris sa succession. Un passage de relais approuvé
pour la forme par un référendum populaire en juillet 2000.
Les troupes syriennes encore stationnées au Liban ont été
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retirées en avril 2005. Au cours de l’été 2006, au moment du
conflit entre Israël et le Hezbollah, la Syrie a placé ses forces
militaires en état d’alerte, mais elles ne sont pas intervenues directement pour le compte de leur allié chiite. En mai
2007, Bahar el-Assad a été élu à un deuxième mandat en
tant que président.
Dans le contexte des soulèvements qui ont agité le monde
arabe à partir de la fin 2010, des manifestations antigouvernementales ont éclaté dans la province méridionale de
Deera, en mars 2011, pour appeler à la légalisation des partis
politiques, à l’élimination de la corruption des fonctionnaires locaux et à l’abrogation de la loi d’urgence permettant des arrestations sans inculpation. Puis des manifestations
et des troubles se sont étendus à presque toutes les villes
de Syrie avec une ampleur et une intensité variées. Le gouvernement a réagi à l’agitation par un mélange de répression et de légères concessions notamment l’abrogation de
la loi d’urgence, l’approbation de lois autorisant de nouveaux partis politiques et la libéralisation des élections
locales et nationales. Cependant, l’opposition n’a pas obtenu
la démission tant demandée de Bachar el-Assad. Ainsi, la
poursuite de la répression a débouché sur des affrontements de plus en plus violents entre les forces gouvernementales et les opposants. En novembre 2011, la pression
internationale sur le régime s’est intensifiée. Les 22 pays de
la Ligue arabe, ainsi que la Turquie, ont voté pour imposer
des sanctions économiques à la Syrie. L’ancien Secrétaire
général de l’ONU, Kofi Annan, mandaté conjointement par
les Nations unies et la Ligne arabe a rencontré le président
Assad en mars 2012 pour proposer un cessez-le-feu qui
comprenait le retrait des troupes gouvernementales des
régions insurgées. Mais en vain. Ainsi, en mars 2015, le
nombre de victimes du conflit était déjà estimé à 215 000, et
à 250 000 à l’automne de la même année.
Le pays s’est en effet enfoncé dans une guerre civile aux
multiples dimensions. Si au départ, en mars 2011, dans le
contexte du Printemps arabe la révolte était une insurrection populaire dans le but de renverser le pouvoir du
président Bachar el-Assad et d’instaurer une démocratie,
les enjeux ont changé. Peu à peu, voyant que l’armée réprime
durement les manifestants, quelques déserteurs de l’armée
régulière et des civils fondent l’Armée syrienne libre et des
combats commencent contre l’armée régulière aux ordres
de Bachar el-Assad. Puis, la guerre prend peu à peu une
tournure religieuse dans la mesure où le régime alaouite de
el-Assad est soutenu par l’Iran, l’Irak ou le parti politique
libanais du Hezbollah, tous trois chiites. D’un autre côté, les
rebelles comptent dans leur rang principalement des sunnites, soutenus par le Qatar, l’Arabie saoudite ou le groupe
terroriste Al-Qaida. D’ailleurs, un groupuscule considéré
comme terroriste s’est constitué au sein des rebelles, le
Front al-Nosra qui soutient la rébellion pour instaurer un
État islamique. Mais ce mouvement islamiste affilié à
Al-Qaida est rivalisé par une organisation terroriste, militaire et politique, d’idéologie salafiste djihadiste, nommée
EI ou Daesh, qui a proclamé le 29 juin 2014 l’instauration
d’un califat sur les territoires syrien et irakien qu’il contrôle.
Depuis 2014, il est considéré comme un proto-État de type
totalitaire. Son essor et ses succès sont notamment liés aux
déstabilisations géopolitiques causées par les guerres en
Irak et en Syrie. Enfin, la minorité kurde a profité de la
situation chaotique du pays pour constituer un Kurdistan
syrien de facto autonome dans le nord et le nord-est du
pays. Ainsi, en mars 2016, les Kurdes de Syrie ont proclamé
une entité « fédérale démocratique » dans les zones qu’ils
contrôlent depuis 2012 comprenant principalement les trois
« cantons » kurdes. Cette entité est également dénommée
Rojava-Syrie du Nord. En novembre 2013, des représentants
kurdes, arabes, assyriens et d’autres minorités plus petites
ont déclaré un gouvernement de facto dans la région.
La communauté internationale est en outre de plus en plus
impliquée dans le conflit : le régime syrien est soutenu militairement ou diplomatiquement par la Russie, la Chine ou
même le Venezuela et les rebelles sont soutenus par les
États-Unis, la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni et la
Turquie entre autres, mais avec des intérêts divergents.
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Replacer sur un axe du temps les principales dates de l’histoire de la Syrie citées dans le texte en indiquant à quoi
elles correspondent (correction).
© Patrice Raynaud/RéseauCanopé
Dates et événements à placer :
1. 333, avant J.-C., Alexandre le Grand traverse le pays et
chasse les Perses.
2. 191, Rome s’empare du pays qui devient une province
romaine.
3. 638, la Syrie devient une province arabo-musulmane puis
la capitale du califat omeyyade.
4. 726, nouveau califat. La capitale est déplacée vers Bagdad.
La Syrie retombe dans ses divisions.
5. 1291, les derniers Francs sont chassés de Syrie.
6. 1517, les Ottomans s’emparent de la Syrie.
7. 1860, massacre des Maronites par les Druzes et intervention française.
8. 1913, Congrès de Paris, début du nationalisme syrien.
9. 1919, la Syrie passe sous mandat français.
10. 1 946, La Syrie est indépendante après le départ des
Français.
11. 1967, Guerre israélo-arabe. La Syrie perd le Golan.
12. 1970, Hafez el-Assad s’empare du pouvoir.
13. 2000, Bachar el-Assad prend la tête du pays à la mort de
son père.
14. Mars 2011, début des manifestations contre le régime de
Bachar el-Assad puis extension à tout le pays et début de
la guerre civile.
15. Juin 2014, proclamation du califat sur les territoires
syriens et irakiens contrôlés par l’État islamique.
© Sybille Paumier/RéseauCanopé
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LEXIQUE
Abbasside : Famille califale arabe des Abbassides qui prend
le pouvoir en 750 dans le monde arabo-musulman, après
l’élimination quasi complète de la famille califale des
Omeyyades.
Alaouites : Les Alaouites également appelés Nusayris forment un groupe ethnique et religieux issu du nord de la
Syrie. Pour la majorité des spécialistes les Alaouites appartiennent à une secte chiite hétérodoxe, qui est écartée de la
doctrine, la Sunna. « Secte » au sens où on l’entend pour
d’autres minorités religieuses assez fermées. Comme les
chiites, ses adeptes vouent un culte à la figure d’Ali, gendre
du prophète Mahomet. Au début du xxie siècle, ils forment
entre 10 % et 15 % de la population de la Syrie et sont au
pouvoir dans le pays.
Califat : Un calife est un souverain musulman qui gouverne
la communauté des croyants. Les califes sont les successeurs de Mahomet.
Cherif : La dynastie hachémite, ancienne dynastie des chérifs de La Mecque, gardienne des lieux saints de l’islam, est
l’ancienne dynastie régnante en Irak et en Syrie et actuelle
dynastie régnante en Jordanie.
Chiisme : Le chiisme est une branche de la religion musulmane ; ses adeptes sont les chiites. Elle s’oppose, souvent
violemment, à la branche majoritaire, le sunnisme. Le
chiisme est surtout établi en Iran, mais il y a une importante
minorité chiite en Irak, ainsi que dans bon nombre de pays
du Moyen-Orient dont le Liban. Le chiisme est apparu après
l’assassinat du quatrième calife Ali ibn Abi Taleb en 661.
Pour les chiites, le successeur légitime de Mahomet, donc le
chef de la communauté des croyants, ne peut être qu’une
personne de la famille proche du Prophète (Ali était son
cousin et son gendre) et non une personnalité élue par la
communauté. Pour les chiites, les califes omeyyades et
abbassides, qui gouvernèrent les pays devenus musulmans
comme la Syrie pendant plusieurs siècles après la mort de
Mahomet, ne sont donc pas légitimes.
Druzes : Population du Proche-Orient professant une religion musulmane hétérodoxe, non conforme à la tradition
(Sunna). Leur interprétation de l’islam est secrète et n’est
révélée aux fidèles qu’après divers degrés d’initiation. Elle
s’appuie notamment sur la croyance en la réincarnation.
Ils sont estimés à environ 1 million d’individus.
Kurdes : Ils forment le plus grand peuple apatride au monde
écartelé entre quatre pays : Turquie, Iran, Irak et Syrie. Une
importante diaspora kurde est également présente dans les
pays de l’ex-URSS, en Europe, aux États-Unis et en Australie.
Les estimations oscillent entre 20 et 40 millions, le chiffre
de 35 millions étant le plus souvent avancé dont 2 millions
en Syrie soit 9 % de la population. C’est un peuple indo-européen de la branche iranienne dont la grande majorité est
musulmane sunnite à 80 %. Le reste des Kurdes de confession musulmane pratiquent les différentes obédiences du
chiisme. Il y a aussi quelques Kurdes chrétiens en Irak principalement, 150 000 environ.
Maronite : Ce sont des chrétiens catholiques orientaux très
proches du Saint-Siège, c’est-à-dire du pape. Ils représentent la plus grande communauté catholique au ProcheOrient et sont, en fait, l’Église catholique au Liban, mais il
existe aussi des communautés maronites en Syrie, à Chypre
et en Turquie. Le nom maronite vient du saint éponyme,
saint Maron (ou Maroun) qui a vécu à Brad en Syrie où les
premières communautés maronites se sont formées au
début du ve siècle. Les maronites sont notamment descendants des Assyriens et des Phéniciens. Ils occupent une
place importante dans l’histoire, la politique, la culture ou
l’économie du Proche-Orient. Une importante diaspora
maronite a eu lieu au xxe siècle.
Omeyyade : Dans le monde arabo-musulman, la famille
califale arabe des Omeyyades prend le pouvoir en 661 après
l’assassinat du calife Ali, cousin et gendre de Mahomet. Elle
descend d’Umayya grand-oncle du prophète Mahomet. Les
Omeyyades installent leur capitale à Damas en Syrie et
imposent la transmission héréditaire du pouvoir califal.
Perses : Considérés, par leur origine et leur langue, comme
un peuple indo-européen. Perse est utilisé comme synonyme d’iranien. Les Perses ont fondé dans l’histoire de
nombreux empires.
Porte ou Sublime Porte : En 1536, l’ambassade envoyée par
le roi de France François Ier, passe sous une porte appelée
par les Ottomans « la porte élevée » ou « noble porte » du grand
vizir qui devient en français la Sublime Porte. Le français
étant alors la langue diplomatique internationale en
Europe, ce terme est repris tel quel dans sa forme française
par toutes les chancelleries et sera par la suite souvent utilisé en langage diplomatique et dans les traités pour désigner le gouvernement ottoman, mais aussi, par métonymie,
la ville de Constantinople et l’Empire ottoman lui-même en
tant qu’État.
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Bibliographie
Sitographie
Fabrice Balanche, La région alaouite et le pouvoir syrien,
Karthala, 2006.
http://la-story.over-blog.com/2015/09/la-crise-syrienne-par-lescartes.html
Xavier Baron, Histoire de la Syrie : 1918 à nos jours, Tallandier,
2014.
www.lemonde.fr/proche-orient/video/2015/10/27/comprendre-la-situation-en-syrie-en-5-minutes_4798012_3218.html
Jurgen Sorges, La Syrie antique, Place des Victoires, 2017.
www.lemondedesreligions.fr/actualite/etre-alaouite-dans-la-syriedes-al-assad-18-11-2011-2034_118.php
Zakaria Taha, Syrie, De Boeck, 2013, collection Monde arabe/
Monde musulman dirigée par Mathieu Guidère.
Crédits des photographies : @ Samuel Bollendorff
Henri de Wailly, Liban, Syrie : le mandat 1919-1940, Perrin,
2010.
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