W2 VENDREDI 16 DÉCEMBRE 2016 METRO WEEKEND EDITO PORTRAIT DE NAVETTEUR PH. PEXELS MALAISE À TABLE N Mohamed Sultan 24 ans, étudiant en technique de scènes Laeken Saint-Gilles @mohamedsultan.be Texte et photo par Charlotte De Cort Lisez-en plus sur metrotime.be & ses six sens J’aimerais vraiment aller à Cuba: la nature y est splendide et il parait que les gens sont très sociables. De plus, Cuba est le pays d’origine de Che Guevara, un homme qui s’est battu de manière courageuse pour la liberté et l’égalité des droits. Les gens qui ont des propos racistes ne sont pas en soi stupides – ils se rendent stupides parce qu’ils ferment les yeux. J’aurais aimé avoir plus de deux oreilles car j’adore la musique. Mes goûts sont très disparates : le jazz sensible de Jef Neve, la musique mystérieuse du groupe palestinien Le Trio Joubran, les chansons de la célèbre chanteuse syrienne Lina Shamamian…Tout comme Stromae, elle nous transmet toujours un message dans ses textes. Avant j’étais un mangeur difficile mais depuis que j’ai fait de la prison en Syrie pour cause de manifestations contre le président Assad, je mange de tout. Dans ma cellule qui se trouvait deux étages sous terre, je devais manger avec des rats autour de moi. Les conditions étaient inhumaines : j’étais attaché nu et n’avait aucune notion du temps. Je suis quelqu’un qui aime toucher les choses et les essayer. Maintenant que je suis une formation à la Pianofabriek de Saint-Gilles, je veux connaitre tous les boutons d’une table de mixage. Je rêve de travailler dans le monde du théâtre. En Syrie, j’ai fait des études pour être acteur mais ça, je ne peux le prouver car je n’ai pas emporté mon diplôme avec moi en Belgique. J’aime les odeurs qui appellent la convivialité, comme le pain qui sort du four. C’est pourquoi j’allume toujours de l’encens chez moi. J’aime beaucoup l’odeur du jasmin. Bien souvent, j’allume quelques bougies afin de créer une atmosphère romantique. J’ai beaucoup d’imagination. Mon pays existe seulement dans mes rêves. J’ai quitté la Syrie lorsque j’avais dix-huit ans et depuis j’éprouve un sentiment d’incertitude quand je me promène dans la rue. Mais parfois, quand je vois sourire un enfant, j’éprouve le sentiment d’être chez moi, même si ça ne dure jamais longtemps. oël a pour réputation d’être une période pleine de chaleur et de convivialité. Mais la réalité peut se révéler très différente. Oncles saouls, tantes trop zélées et neveu grognon sont souvent les standards d’une famille normale. Tout comme les questions gênantes d’ailleurs, ainsi que les silences inconfortables et les commentaires déplacés. A priori, cette réunion annuelle semble toujours une bonne idée, mais après trois heures d’inaction autour d’un lourd banquet, il en est tout autre, et on se rend compte que l’on a plus rien en commun avec certains convives. Le pire, c’est de se dire que l’on pensait la même chose l’an dernier. Je préconise donc l’abandon des longues heures de dégustation pour un événement familial plus dynamique. Remplacer le menu cinq plats par, par exemple, un nombre d'entrées éclectiques que vous dégusterez debout. Vous pourrez non seulement choisir celui avec qui vous passerez votre temps, mais vous pourrez également changer facilement d’interlocuteur. Win-Win! Cela vous inspire? Vous retrouverez plus de conseils de ce type dans ce magazine. Mare, Journaliste Metro