à mon « old brother », Tenzin Kalsang Lochen Tulku Rimpoche (XIX incarnation du Grand Traducteur Lotsawa Rinchen Zangpo) e Jean-Philippe BRÉBION LES QUATRE VÉRITÉS DE NOTRE NAISSANCE En lien avec les QUATRE NOBLES VÉRITÉS du BOUDDHISME Du même auteur L’Empreinte de naissance, Éditions Quintessence, 2004. L’Empreinte de l’âme, Éditions Quintessence, 2007. L’Evidence ou la Loi du Principe, Éditions du Dauphin Blanc, Québec, 2011. Réussir son enfant pour la vie, Éditions Jouvence, France, 2009 (en collaboration avec Marion Kaplan et Pr. Jean-Pierre Relier) Illustrations Bernard Deubelbeiss www.bernarddeubelbeiss.artblog.fr © 2015 - Éditions Quintessence Rue de la Bastidonne - 13678 Aubagne Cedex - France Tél. (+33) 04 42 18 90 94 - Fax (+33) 04 42 18 90 99 www.editions-quintessence.com Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays. ISBN 978-2-35805-163-7 L e s Q u at r e V é r i t é s de notre naissance Introduction I.Rencontre(s) avec le Bouddhisme tibétain II. L’Empreinte de naissance III.Les quatre Lois ontologiques issues de l’Empreinte de naissance IV.Les Quatre Nobles Vérités (texte traditionnel) V.Les Quatre Vérités de notre Naissance VI.9 façons de vivre les 4 Lois ontologiques VII. Bioanalogie et Tradition Bouddhiste VIII.Lire les Quatre Nobles Vérités avec la Clé de naissance IX.En pratique Conclusion 5 « Le Bouddha n’est pas une personne ou un individu. Il est une qualité de sagesse » S. S. XVII e Gyalwang Karmapa I n t ro d u ct i o n Il peut sembler étonnant qu’un Occidental de culture judéo-chrétienne signe un livre sur les Quatre Nobles Vérités, enseignement primordial du bouddhisme. Je pense véritablement que nous ne choisissons pas notre parcours de vie de façon consciente, mais que nous découvrons notre chemin au fur et à mesure que nous le parcourons comme étant celui qui est inscrit au fond de notre « âme ». Autrement dit, pour moi, la vie est une reconnaissance permanente de notre vérité profonde. Il en est ainsi de mon cheminement personnel et c’est ce que je souhaite partager avec vous dans cet ouvrage. 6 J’ai raconté dans les premiers chapitres de l’Évidence1 à quel point mon parcours scolaire et universitaire a été chaotique et de quelle façon ma quête permanente a été nourrie à chaque instant par l’apprentissage de ce que la vie me proposait. J’ai ainsi été amené à vivre régulièrement des rencontres et des expérimentations hors des normes habituelles d’un parcours convenant à un jeune homme issu d’une classique famille bourgeoise et donc qu’en apparence rien ne justifiait sur le plan de la raison ou des conventions de ce milieu. Cependant ce qui a toujours été constant dans mon parcours − et qui l’est encore − est l’accord total entre ce que je vis et ce que je suis. C’est pourquoi je ne regrette aucune des expériences que j’ai pu vivre, pas plus que je ne souhaiterais les avoir vécues autrement. Car c’est à travers ces diverses expérimentations que se sont révélées peu à peu les évidences que la vie me proposait de découvrir et que depuis quelques années j’ai entrepris de transmettre avec mes propres mots. 1. L’Evidence ou la Loi du Principe, Éditions du Dauphin Blanc, Québec, 2011. 7 Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous mes étonnantes rencontres avec le bouddhisme tibétain. Elles se sont en effet présentées à moi de façon récurrente sans que je sois converti à cette religion ni même que j’en connaisse réellement les enseignements. Ces rencontres furent tellement étranges que j’ai souvent dit sur le ton de la plaisanterie : « Je suis poursuivi par les bouddhistes ! » Ceci afin de vous faire part ensuite des multiples liens entre le bouddhisme et la Bioanalogie qu’elles m’ont amené à constater et ce qui en a découlé pour le développement et l’approfondissement de la Bioanalogie. 8 Rencontre(s) av e c l e b o u d d h i s m e t i b é ta i n Dès mon plus jeune âge, des aspirations mystiques ont éveillé en moi une recherche constante. D’abord au sein de mon milieu culturel chrétien : très jeune, je souhaitais rejoindre les ordres ecclésiastiques. Puis, à l’adolescence, mon aspiration spirituelle a pris une autre dimension et rapidement je me suis intéressé à d’autres voies, considérées comme « pas très orthodoxes » par mon environnement social et familial. Tout d’abord, même si leur vérité et leur authenticité furent longtemps discutées, les aventures de Lobsang Grampa m’ont réellement fasciné. La robe de sagesse, Le troisième œil ou La caverne des anciens me faisaient voyager dans un univers qu’il me semblait connaître depuis toujours. J’avais ainsi comme « élu domicile » dans le Potala1 qui n’avait plus de secrets pour moi ! 1. Le palais du Potala est un palais du xvii e situé sur la colline de Marpari au centre de la vallée de Lhassa. Cet édifice incarne l’union du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel dans l’administration du Tibet. Construit par le cinquième Dalaï-lama, Lobsang Gyatso (1617-1682), le palais fut notamment le lieu de résidence principal des Dalaï-Lamas successifs, jusqu’à la fuite du quatorzième Dalaï-lama en Inde après le soulèvement tibétain de 1959. 9 Ensuite j’ai rencontré Guendune Rimpoche qui fait partie des grands lamas ayant fui l’invasion chinoise au Tibet. En 1984, il a créé un des plus grands centres européens d’enseignement et de pratique du bouddhisme tibétain dans mon Auvergne natale (Dhagpo Kundreul Ling). Ce centre a été bâti autour d’une maison nommée Le Bost, le lieu où auparavant Arnaud Desjardins donnait son enseignement. C’est en 1977 que Gwendun Rimpoche y est venu pour la première fois. Il se trouve que j’étais présent parce que je participais à une semaine de retraite pour suivre l’enseignement d’Arnaud Desjardins qui fait partie des idées majeures ayant nourri mon évolution. À l’époque, en France, Guendun Rimpoché n’avait pas la notoriété qu’il a acquise maintenant. Lorsqu’il est arrivé en voiture, j’étais seul sur le parking du Bost. Je ne sais s’il m’a pris pour le maître des lieux, mais comme j’étais le premier à l’accueillir lorsqu’il est sorti de la voiture, il m’a pris dans ses bras pour me donner une accolade dont chacune de mes cellules vibre encore ! Je ne savais pas que j’accueillais ce grand maître tibétain sur la terre où il allait construire un haut lieu spirituel dans lequel il a séjourné jusqu’à sa mort, vingt ans plus tard. 10 Pendant quelques années, j’ai exercé mon métier à Clermont-Ferrand dans un local profes­sionnel qui comportait une grande salle très lumineuse. J’y organisais mes séminaires, mais lorsque cette salle était libre, je la mettais à disposition de certains groupes choisis parce qu’ils proposaient des activités centrées sur l’éveil de conscience et la spiritualité. N’ayant pas pour vocation d’être loueur de salles, je faisais souvent verser la participation financière des usagers à une association qui parrainait des enfants tibétains. C’est ainsi que je me suis retrouvé parrain de certains de ces enfants. Et, chose remarquable, l’un d’eux a été reconnu Tulku, (Sopa Tulku Rimpoche) ce qui signifie qu’il était considéré dans la culture tibétaine comme la réincarnation d’un être « éveillé », un Précieux, un Rimpoche. Je me suis donc retrouvé, en toute « innocence », le parrain d’une personnalité religieuse reconnue comme réincarnation d’un maître disparu ! Ce fut ma deuxième rencontre avec de grands éveillés de la tradition bouddhiste. Le troisième événement majeur dans mon parcours a été la rencontre avec Lochen Tulku Rinpoché, en 1997. Celle-ci, tout à fait fortuite, a eu lieu grâce à André Walter, un ami habitant tout près de chez moi. Celui-ci m’a en effet invité à venir prendre un verre en l’honneur de la visite de Lochen Tulku Rinpoché qui venait à Clermont-Ferrand pour la première fois afin d’y rencontrer sa marraine. André avait fait sa connaissance quelques mois auparavant dans la vallée de Spiti où il était parti en tant que médecin d’une mission humanitaire. 11 Cette rencontre avec Lochen Tulku Rinpoché a été déterminante pour moi. En effet, en rencontrant cet homme d’un autre univers et d’une autre culture − où il est considéré comme la dix-neuvième réincarnation de Rinchen Zangpo, plus connu sous le nom du Grand Traducteur − j’ai eu le sentiment de retrouver mon « frère d’âme » : même si nos imprégnations socioculturelles étaient différentes, nos interrogations, notre quête étaient les mêmes. Aussi, apprenant qu’il n’était à Clermont que pour quelques jours et que rien n’était réellement organisé pour lui, j’ai rapidement pris la décision de décommander tous mes rendez-vous de la semaine afin de passer tout ce temps avec lui. C’est alors qu’a commencé notre grande aventure d’amitié fraternelle qui dure encore aujourd’hui. Comme il le dit souvent, je suis son « old brother » ! Nous avons eu d’interminables discussions sur les thèmes existentiels de la vie. Nous avons confronté nos regards. Lui, grand érudit, s’appuyant sur l’immense richesse des enseignements bouddhistes qu’il me faisait découvrir. Moi, prenant appui sur la rigueur et la cohérence de la Bioanalogie. Apparemment deux mondes à des années-lumière l’un de l’autre ! Or, dès que nous étions dans ces échanges, nous découvrions que nous parlions de la même chose, dans un accord complet dans l’essence. Ce sont ces échanges d’humain à humain en quête de divin qui ont révélé cette grande fraternité que nous avions au-delà de notre vie actuelle. 12 Dès l’été suivant notre rencontre, Lochen m’a invité chez lui dans la vallée de Spiti. J’y suis donc parti avec mon épouse et mes deux filles. Nous avons été accueillis magnifiquement, avec tant d’attention et de présence que ce voyage a également été une étape très importante de mon parcours. J’ai découvert là-bas que cet homme très simple, parfaitement à l’aise dans n’importe quel milieu, était considéré par les gens de sa vallée comme un « dieu vivant ». Grâce à lui, nous avons pu visiter tous les monastères et accéder à des endroits où les profanes ne peuvent habituellement pas aller. Cependant, ce qui m’a le plus touché a été la richesse des rencontres avec la population locale. Depuis toujours, ma recherche professionnelle était axée sur la recherche de compréhension du sens de nos malaises et de nos maladies, fondée sur la conviction que, pour que la santé physique puisse évoluer grâce à un travail sur le sens de la maladie, il faut tout d’abord avoir la certitude absolue que la maladie a bien un sens et donc qu’elle n’est pas un « coup de malchance » comme on le pense trop souvent dans notre culture occidentale. (Cette optique étant selon moi une des grandes difficultés de notre culture.) Et j’ai eu la confirmation de cette conviction en découvrant lors de ce voyage que pour les habitants de Spiti, il était évident que la maladie avait un sens : lorsqu’on leur expose le sens de la maladie qui les touche, pour la plupart ils le reconnaissent 13 et l’intègrent immédiatement. On peut alors constater un réel changement dans leur état de santé. De fait, ces personnes ne sont pas dans un questionnement mental permanent comme nous le sommes trop souvent en Occident. Ils ne doutent pas de cette lecture qui leur est encore une fois évidente. Grâce à eux, je venais donc de découvrir que certaines personnes savent être malades, dans le sens où elles savent accueillir la maladie. Ce fut une véritable révélation ! J’ai également compris que si nous avions sans aucun doute quelque chose à leur apporter, nous avions surtout beaucoup à apprendre d’eux. Nous − les western people comme ils nous appellent − ne savons pas être malades parce que notre seul objectif est de nous débarrasser d’une manière ou d’une autre des symptômes de la maladie sans nous poser la question – essentielle − du pourquoi nous souffrons. Encore moins de penser que cette maladie est là pour quelque chose, en d’autres termes qu’elle est au service de notre conscience. À cette époque, la vallée de Spiti avait gardé sa culture d’origine. En effet, au moment de l’invasion du Tibet par les Chinois, cette région a été fermée au public et ce n’est qu’en 1995 que le tourisme a pu se développer réellement. On peut donc dire que la culture tibétaine n’était pas encore trop altérée par le monde matérialiste. Au retour de ce voyage, j’ai décidé de créer une association que j’ai appelée « 1 + 1 = 3 » parce que c’est l’équation biologique de toute vie. 14 Nous avons donc créé un Centre de partage des savoirs en favorisant dans le même temps la création d’une école1. Pendant plus de dix ans, cette association a œuvré pour entretenir ces échanges culturels en se basant sur la conviction qu’aucune vérité, aucune authenticité n’est supérieure à l’autre : chacune est une forme manifestée de la vie. En comprenant l’autre, nous pouvons aussi mieux nous comprendre. Je me rappelle qu’alors, Lochen Tulku m’a dit avec beaucoup d’espoir : « Si les gens de Spiti réalisent que les Occidentaux s’intéressent à notre culture, ils s’y intéresseront aussi. » C’est indéniablement ce qui s’est passé dans cette magnifique vallée. Un élément qui m’a beaucoup touché a été à la création du I.C.E. Groupe (Information-Communication-Éducation). Lors de cette initiative, huit personnes ont pris chacune la responsabilité d’un des thèmes majeurs de la vallée : Éducation, Jeunesse, Personnes âgées, Déchets, Santé, Folklore, Eau, Médecine Amshis. Le groupe responsable des déchets a alors décidé d’organiser une journée par an de nettoyage de la vallée. Pour rendre cette journée populaire, la date de ce jour a été fixée la veille de celui de la naissance de Bouddha. Soutenue et relayée par les différents monastères, cette manifestation se nomme Spiti Cleaning a Day et perdure actuellement dans la vallée. Un autre événement ayant contribué à mon implication relationnelle avec le boud­ dhisme tibétain a été ma rencontre avec Lama Kachen Dugyal, en 1998. J’étais allé rendre visite à ce vieux moine sur le toit de sa toute petite maison avec mon ami Lochen. Il était alors âgé de quatrevingt-dix-huit ans et était 1. La « Dumbo School », ce qui signifie l’ « École du bourgeon », accueille les jeunes enfants. 15