Risque infectieux, antibioprophylaxie et bilan urodynamique chez le patient neurologique Dr Marianne de Sèze Cabinet de Neuro-Urologie, Pelvi-Périnéologie et Urodynamique Clinique Saint Augustin, Bordeaux, France L’auteure ne déclare pas de conflit d’intérêt pour cette présentation Bactériurie et infections urinaires chez le patient neurologique • Prédisposition des vessies neurologiques à la bactériurie et l’infection urinaire: • Diminution des mécanismes de résistance de l’hôte [Lapides 1974] • Altération de l’intégrité tissulaire secondaire aux anomalies pariétales • Altération de la micro-vascularisation et de l’immunité tissulaire par hautes pressions intra vésicales • Mesures instrumentales urinaires itératives • Facteurs de risque de bactériurie et d’infection urinaire chez le neurologique: • Majorité des données chez le blessé médullaire en sondages intermittents [Bakke 1997, Gallien 1998, Mac Guire 1983, Morita 1994, Perrouin-Verbe 1995, Perkash 1993] • Prévalence moyenne de bactériurie: 60% (41/90%) • Infection urinaires symptomatiques: 30% (28/83%) Facteurs de risque [NIDRR 1992] Hyperdistension vésicale/reflux vesico-uretéral/hautes pressions mictionnelles résidu de haut volume/lithiase/obstacle vidange vésicale + chez Patients hospitalisés [Escalarin de Ruz 2000] Lésion cervicale et dépendance fonctionnelle, procédures invasives urinaires sans antibioprophylaxie Bactériurie et infections urinaires chez le patient neurologique • Quelques unes dans la SEP: • Prévalence moyenne des infections urinaires base 30% (13/74%) Facteurs de risque [de Seze 2007, Gallien 1998] Résidu post mictionnel,>120 ml, femme pour IU base, homme pour IU haute, port de sonde à demeure, SEP depuis plus de 15 ans, hautes pressions permanentes du détrusor Et autres.. • Dromerick 2003 : AVC: RPM>150 ml favorise infections urinaires Risque d’infection urinaire induit par le bilan urodynamique chez le patient neurologique • 7 publications, 1 en cours, 1 communication récente Prévalence de la bactériurie avant bilan urodynamique chez le neurologique Auteurs Type d’étude Bohtig 2013 Prospective, cohorte, Non RCT Non interventionnelle (NP2) Population (total) (H/F) 133 116/17 Pathologie Lieu Mode mictionnel Seuil Médullaires Hospitalisation MPR AS, HS,MR,EP Pas de sondage permanent 105 UFC/ml Prévalence :30% Total AS : 33.3 % HS : 28.57 % MR :26.31% Panneck 2007 Prospective, cohorte, Non RCT 72 51/21 Médullaires Externes AS MR 105 UFC/ml (NP2) Total :26.38% AS :24.4% MR :30,43% MS, AS EP autres AS (83%), MS 105 UFC/ml Joseph 2004 (NP2) Prospective, interventionnelle Non RCT 626 (605/21) Divers, majorité médullaires Externes Shekarriz 1999 (NP2) Prospective Non RCT 69 Enfants Externes Darrouiche 1994 (NP1) RCT 40 Médullaires Hospitalisation AS, MS 105 UFC/ml Gellée 2013 (NP2) Prospective, RCT 42 Neurologiques NC AS, MS, autres 105 UFC/ml Weglinski 2015 Prospective, non RCT 86 Neurologiques BM, SEP,AVC, Queue cheval, MM AS, MR, MS, HS 105 UFC/ml 105 UFC/ml Total : 35.21% 66,66% Total : (dont 50% des patients sous ATB) 41.3% Total : 56.9% Total : Total :69.8% Risque d’infection urinaire induit par le bilan urodynamique chez le patient neurologique Prévalence de la bactériurie et des infections urinaires POST-BUD SANS antibioprophylaxie chez le neurologique Auteurs Population (total) (H/F) Pathologie Lieu Mode mictionnel Prophylaxie sondes Délai évaluation post bud Définition bacteriurie Définition infection Bohtig 2013 (NP2) 133 116/17 Médullaires Hospitalisation MPR AS, HS,MR,EP Pas de sondage permanent Non NC J 3 à J5 105 UFC/ml Bactériurie + Leucocyturie >100/µl Prévalence bactériurie Prévalence infection Total :24.06% Total :15.79% AS : 7.8 %; HS : 7.93 % MR :10.52% StérilesJ0:12.9% Bact J0:50% Panneck 2007 (NP2) 72 51/21 Médullaires Externes AS MR Non CH8 J5 105 UFC/ml Significative= Bactériurie + Leucocyturie >100/µl Symptomatique= Bactériurie +symptomes cli Mesnard Lecompte 2011 (NP3) Soler 2015 (NP3) 98 Neuro, majorité médullaires Hospitalisés 171 Neuro (BM, SEP,AVC AS,HS Non NC J8 (telephone) Non NC J7 Clinique +ECBU NC Total :24.06% AS : 7.8 % MR :10.52% StérilesJ0:26.4% Bact J0:100% AS : 13.72%; HS : 15.8 % Sur risque:MR :21.05% Stériles J0:8.6% Bact J0:32.5% Total :6.9% AS : 8,1% MR :4,3% Stériles J0:9.4% Bact J0:0% Symptômes cliniques NC Total:3% Bactériurie +symptomes cli 11% des patents stériles à J0 14.6% au total Bact J0:19% Sur risque BM spastiques: 18vs9% Sur risque tetra vs DL: 24 vs 9.5% Sur risque de bactériurie ou d’infection urinaire post BUD chez les patients bactériuriques pré BUD Risque d’infection urinaire induit par le bilan urodynamique chez le patient neurologique Prévalence de la bactériurie et des infections urinaires POST-BUD AVEC ou SANS antibioprophylaxie Auteurs Population (total) (H/F) Pathologie Lieu Mode mictionnel Prophylaxie sondes Délai évaluation post bud Définition bacteriurie Définition infection Prévalence bactériurie Prévalence infection Joseph 2004 Divers neuro externes AS, HS,MR,EP autres Oui Gentamycine ou FQ dose unique prebud NC J 1 à J5 105 UFC/ml Bactériurie + Symptomes cliniques Total :24.06% (NP2) 626 (605/21) Total :0.31% Shekarritz 1999 69 (4423) 96% neuro centraux AS,MS 26% sous ATB au long cours CH7 J7 105 UFC/ml 40 (40/0) Médullaires Hospitalisés AS,MS GT:Cifloxx2 GC:placebo NC J3 à J5 105 UFC/ml Gellée 2013 (NP2, non publié) 42 (21/21) Neuro NC AS, MS, autres NC J1 à J5 clinique J8 ECBU Weglinski 2015 56 Neuro AS, HS,MR, MS GT:cotrimaz le/cefixime, J-3 à J+2 GC:rien ATB adaptée Vsfosfomyccine J14 Symptômes cliniques 2 cas, chez des patients sans ATB phylaxie (1 stérile j0, 1 ?) NC Total: 0% Bactériurie + pyurie + symptomes NC 105 UFC/ml Symptômes cliniques Total :7.14% GT :5.5% GC :8.3% Total: 7.5% GT:0% GP:14% (NS ,P=0.24) Total :2,3% GT :0% GC :4.1% germe Bactériurie + Symptomes cliniques 68% (NP2) Darrouiche 1994 (NP1) Total 14% (72% bact JO) Ie 8.7% des stériles J0 Et 12.5% des bact J0 BM:10.8% SEP: 23% Sur risque non significatif SEP (92% en AS) Sur risque non significatif de bactériurie et d’infection urinaire post bud chez les patients sans ATBP versus ATBP, qu’il existe ou non une bactériurie pré BUD. Ecologie bactérienne post bud différente d’écologie pre BUD [Darrouiche 1994, Weglinski 2015]. Risque d’infection urinaire induit par le bilan urodynamique chez le patient neurologique Prévalence de la bactériurie et des infections urinaires POST-BUD AVEC ou SANS antibioprophylaxie • Les données actuelles ne permettent pas d’identifier de sur risque d’infection urinaire post BUD • dépendant du mode mictionnel (Mictions réflexes pour Bohtig, mais NS et non confirmé) • dépendant du niveau lésionnel (Tétra et BM spastique pour Soler, S, non retrouvé pour Bohtig et autres) . A confirmer. • dépendant du genre • de la pathologie (SEP pour Weglinski, mais NS et non confirmé) • Les données actuelles ne permettent pas d’évaluer le sur risque potentiel d’infection urinaire post BUD lié • au diamètre du cathéter de remplissage • au débit de remplissage • au caractère ambulatoire ou institutionnel de réalisation du BUD. Existe-t-il des groupes à risque d’infection urinaire POST BUD, justifiant la prescription d’une antibioprophylaxie? Les textes en vigueur • NIDRR 1992: • ATBP non recommandée chez le patient neurologique bactériurique en l’absence d’efficacité préventive et du sur-risque d’émergence de germes multi résistant, chez l’adulte et l’enfant, sauf avant geste invasif urologique n’incluant pas le BUD. • EAU 2015, AUA 2013: • Pas d’indication au traitement des bactériuries chez le patient neurologique • SPILF 2014: • La colonisation urinaire n’est pas l’indication d’un traitement systématique par les antibiotiques (A – I) • Les deux seules situations consensuelles pour le dépistage et le traitement des colonisations urinaires sont: • Avant une procédure urologique invasive programmée • Grossesse à partir du 4ème mois Risque infectieux, antibioprophylaxie et bilan urodynamique chez le patient neurologique Synthèse L’intérêt d’une antibioprophylaxie systématique avant réalisation du BUD ne fait pas l’objet de consensus. Les facteurs de sur-risque infectieux urinaire couramment admis sont le reflux vésico rénal, la distension vésicale, la présence de lithiases, le résidu post-mictionnel, les pressions intravésicales élevées et l’obstruction (grade B). Le sur risque d’infection urinaire post BUD chez ces patients neurologiques à risque est possible, mais mal évalué et non démontré. Les modifications de nature du germe pré et post BUD rendent peu pertinent le traitement antibiotique basé sur l’écologie bactérienne d’une colonisation urinaire pré urodynamique (grade C). Consensus d’avis d’expert non fondé sur les preuves, pour recommander le traitement des infections symptomatiques avant exploration urodynamique (Grade C).