devient I larnbo - Le Nouvel Observateur

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CORA CANNE-MEYER,
_ADRIAN -DE PEYER
•
ET JULIEN HAAS DANS
• a, LES IVIINEs DE SOUFRE ».
-
Pas besoin
'
.
de millinre
Musique
devient I larnbo
p
aris n'est plus dans _Paris
l'opéra n'est plus au palais
Garnier. C'est à Lyon qu'on
monte « Erwartung » de Schoenberg,
à Strasbourg qu'on prépare « le
Jeune Lord » de Henze, à Marseille
qu'on dorme a les Mines de soufre »
de Rodney Bennett. L'ingéniosité, le
goût, le talent y triomphent des insuffisances de budget et prouvent qu'il
n'est pas besoin de disposer de milliards pour faire vivre le théâtre
lyrique au rythme de notre temps.
L'ouvrage de Ro dney Bennett,
créé en 1965 par le Sadler's Wells,
avait fait sensation peu après au
Théâtre des Nations. Nous y avions
découvert un jeune compositeur
anglais réellement doué pour le drame
musical et parlant le langage le plus
contemporain avec un parfait naturel
et une absolue justesse expressive: A
Marseille, la sombre tragédie néoshakespearienne de Beverley Cross
n'a rien perdu de sa puissance dans
l'adaptation française de Michel
Ancey. Mieux : les costumes et les
décors, graves et dépouillés, de Pace
lui donnent un nouveau relief. Et la
direction musicale de Victor . Reinshagen, en restittiant très exactement
le climat- de passion jalouse (« se
consumant de l'intérieur comme les
mines de soufre ») et de folie meurtrière, ne néglige rien des détails
qui font la richesse de la partition. -
Une mort plagiée
Il faut dire que l'orchestre de
l'Opéra de Marseille s'affirme (Je plus
en plus comme un des meilleurs, des
plus souples, des plus disciplinés que
nous ayons en France. Et que les
chanteurs, portés par les beautés vocales de l'oeuvre, ont fait un travail
en tous points exemplaire. A noter
qu'aux côtés d'Andrée Esposito, de
Cora Canne-Meyer, de Jacques Doucet et de Julien Haas, le jeune ténor
Adrian de Peyer, dépêché par le
Sadler's Wells en dernière minute pour
remplacer Plantey défaillant, s'est
révélé comme un artiste exceptionnel
autant pour sa vaillance et son intelligence vocales que pour sa présence
scénique. C'était cependant la première fois qu'il jouait le rôle !
Marseille est donc en train de devenir notre Hambourg. Pendant ce
temps, à Paris, Georges Auric se
plaint de ne pas trouver d'opéra moderne digne d'être représenté au
palais Garnier et, pour se consoler,
commande l'excellent danseur-maison, Attilio Labis, une nouvelle chorégraphie pour le « Roméo et Juliette » de Prokofiev. Mais, on peut
être un interprète de qualité et ne
pas avoir une once d'imagination. Au
lieu du « western romantique » qu'il
nous avait promis, Labis nous donne
le plus plat, le plus vulgaire, le plus
ridicule mélodrame dansé qu'on, ait
osé montrer depuis longtemps..
Tous les poncifs du répertoire, à
peine transposés, s'y enchaînent d'un
bout à l'autre, au point que les derniers instants de Mercutio (au demeurant habilement incarné par Patrick
Frantz) sont impunément calqués sur
la mort de « Giselle ». Les décors
indigents zef pompiers de Michel Le
Corre sont dans le ton général. Et
Jacques—Bazire, au pupitre, ne fait
qu'ajouter aux complaisances et à la
lourdeur d'une partition interminable
qui est bien l'Une des moins réussies
de son auteur. Bilan : trente-deux
millions pour trois heures et demie
de banalité et d'ennui. C'est un peu
cher !
La vraie nouveauté C'est du côté de . ture est parvenu l'auteur de « Mana ».
la radio qu'on la trouvera cette fois.
Et Jolivet, sans trop s'abandonner 4
L'O.R.T.F., en effet, semble commenl'amertume de la caricature, -y reste
cer à prendre - conscience de son rôle
lui-même avec une aisance tout à
de « diffuseur » et de promoteur
fait déconcertante.
musical. Au moment même où une
Quant au « Tombeau de Julian
vivante et très éclectique « Semaine
Carillô »,, où deux pianos à 1/3 et
musicale O.R.T.F. » était organisée
1/2 ton dialoguent -avec une bande
à la maison de là Culture
de Bôurmagnétique . 4 basé de pianos à 1/5
,
ges,,la maison: de la Radio présentait,
et 1/6 de ton, c'est une Page de
sous le titre « Dix ans de création »;
haute éloquence qui transcende - avec.
* une série de concerts publies du plus
- beaucoup de bonheur le prOcédé:Ide
haut intérêt. Nous y avons entendu,
clusters » obtenu par les coups
entre autres, trois premières Mond'avant-bras et de tranchant de' la
diales sur lesquelles -il convient * de
main sur le clavier. Sa noble e gra.ve'
s'arrêter un peu.
poésie lui ouvrira certainement , les oreilles les moins faites atm: audaces
aCtuelles. Nous revienclrons• bientôt,
Tout par douze
ici même, sin' la singulière et attaTout d'abord « Ellipse »; un cycle
chante, personnalité ' deJean:Etienne
mélodique sur un poème de , « la
Marie.
Parolé en Archipel » - de René Char,
du jeune MiChel Découst disciple de
D'étranges libertés
Messiaen, Boulez of Stockhausen.
Cette oeuvre, excellernment chantée
Enfin, je dois, pour conclure - Ce
par Lise „Arseguet, a déjà trois ans- . bref tour d'horizon des nouveautés--deC'est une « apologie dù moment mnla semaine,-dire un mot du dernier
sical », d'une froide et impressionconcert du Domaine Musical à
nante violence et qui, en dépit d'une
l'Odéon.. Lè chef polonais Andrzej
évidente influence webernienne,' trahit
Markowski y a prisde bien étranges
un fort tempérament. On attend avec
libertés avec deux a Tône Roads
curiosité la grande pièce orchestrale
d'Ives et le concerto opus 24 de
que Decoust est en train d'écrire
Webern. On a l'impression qu'il. est
pour la -cathédrale de Royan et qui
plus attentif à se servir de la musique
sera créée au prochain festival. A
pour se mettre en valeur qu'à la sercôté* d'Eloy, Amy, Méfano et Guézec,
vir réellement. Dans ces conditions, il
une nouvelle personnalité de la jeune.
est bien difficile de juger de l'intérêt
musique française est en train-de
du concerto pour cinq instruments et
s'affirmer. Soyons attentifs.
quatuor à cordes de Gorecki, - de
Quelques heures plus tard, l'enl' a Action for six » de Rands et du
semble « Ars Nova », soui la direc« Radiant » de Kelenten qui étaient
tion scrupuleuse et inspirée de Diego
donnés en première française et où se
Masson, révélait les « Douze - invenretrouvent à des degrés divers les tics
tions pour douze instruments- d'Ancommunsà toute la jeune musique
dré Jolivet et le « Tombeau de luid'où qu'elle Soit. On peut seulement
han Carillo » de Jean-Etienne Marie. - affirmer sans .crainte que le « Récit 2 ,
La première partition, où tout maret la « Légende » pour soprano et sept
che par douze, est, bien évidemment,
instrtirnents, du Suisse -Pierre Mariéune coquetterie savoureuse de la part
tan, relèvent _ du post-webernisme le
du plus convaincu des adversaires de
plus académique et le plus desséché. la série. Mais c'est aussi une compo 7
Tout nouveau, Mais pas forcément
sition qui rappelle, s'il en était betout bean!,
soin, à quel degré de virtuosité d'écriMAURICE FLEURET
-
ALBERT
MEM
MI
nouveauté
la libération
du juif
Par I auteur de
portrait d'un juif
la statue de sel
roman
Nouvelle Édition avec une préface d'Albert Camus
GALLIMARD
Le Nouvel Observateur Page 39
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