performance Les Héros de la pensée massimo furlan & claire de ribaupierre 20 > 21 octobre 2012 Service de presse : Théâtre de la Cité internationale Philippe Boulet 06 82 28 00 47 [email protected] performance les héros de la pensée Un projet de massimo furlan et claire de ribaupierre Performeurs Marc Augé, Vinciane Despret Pierre-Olivier Dittmar, Daniel Fabre, Barbara Formis, Bastien Gallet, Emmanuel Giraud, Christine Lapostolle & Massimo Furlan Début de la performance samedi 20 octobre à 11 h, Fin de la performance dimanche 21 octobre à 13h, soit 26 heures non-stop. Théâtre de la Cité internationale 17 Bd. Jourdan, 75014 Paris Administration Tél. : 01 43 13 50 60 ........................................................................................................................... Tarifs Carte Forever Young : 20 €, quel que soit votre âge, tarif étudiant à 11 € Pass cité Intégral : 7 € le spectacle, soit 12 spectacles pour 84 € Groupe scolaire : 3 spectacles pour 25,50 € Tarifs individuels : de 7 € à 22 € Moins de 30 ans : 13 € ........................................................................................................................... Billetterie www.theatredelacite.com Tél. : 01 43 13 50 50 (13h/19h) Revendeurs : FNAC, Théâtre on line, billetreduc.com ........................................................................................................................... ........................................................................................................................... Le Théâtre de la Cité internationale / Cité internationale universitaire de Paris est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication – direction régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France et la Ville de Paris. Les Héros de la pensée 3 Au temps du Banquet de Platon, certains buvaient et pensaient ensemble pendant des heures. Les Héros de la pensée est un hommage à ces beuveries pensantes, à la philosophie en général et à L’Abécédaire de Gilles Deleuze en particulier. Pendant vingt-six heures, des penseurs et penseuses* tentent de prolonger la conversation la plus profonde possible, malgré la fatigue et l’ivresse. Le public peut entrer et sortir à tout moment, faire la performance de tenir les vingt-six heures. Il emporte alors avec lui son sac de couchage… Dans L’Invention de la littérature, l’historienne de l’antiquité Florence Dupont explique que pour comprendre ce qu’était un symposium (grec) ou une cena (romaine), bref un banquet, il ne fallait pas se tromper de modèle : plutôt que d’aller dans nos propres symposiums, il vaudrait mieux aller assister à un spectacle de flamenco. Barthes qui s’y connaissait en colloques et conférences serait probablement d’accord, lui qui disait éprouver dans tous ces colloques « un ennui panique, allant jusqu’à la détresse ». Le symposium ou la cena, au contraire, étaient des espaces joyeux, festifs, ludiques, d’une sociabilité chaleureuse. Il vaut la peine de citer Florence Dupont parce que sa description d’un banquet rend compte assez exactement de la performance folle que se veut Les Héros de la pensée, performance proposée par Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre. D’après Dupont, la morale du buveur dans le symposium est de « s’intégrer au flux du rituel, de se laisser envahir par l’amour ou le vin, de suivre ses compagnons dans le rituel de l’ivresse ». Les banqueteurs doivent « pousser le chanteur [le penseur] dans son improvisation vers une virtuosité plus grande, le soutenir et le guider, donner un contenu concret à ce qu’on appelle une création collective ». Les Héros de la pensée se donne vingt-six heures, et décline vingt-six lettres de l’alphabet, pour reconstituer l’atmosphère d’une pensée collective en état d’ébriété telle qu’ont pu la connaître les buveurs des banquets antiques. Bien sûr, il y a eu quelques changements – des femmes, par exemple, ont heureusement rejoint les rangs des penseurs – et vingt-six heures, c’est probablement beaucoup plus que ce que durait un symposium. Mais c’est pourtant une idée commune qui est à l’œuvre : sortir la pensée de ses cadres traditionnels, grâce à la fatigue, l’alcool, la durée, le groupe, pour tenter de la libérer et de la transformer en une expérience profonde, en une performance vivante. Stéphane Bouquet ........................................................................................................................... *Marc Augé (anthropologue et écrivain), Vinciane Despret (philosophe et psychologue), Pierre-Olivier Dittmar (historien du Moyen Âge), Daniel Fabre (anthropologue), Barbara Formis (philosophe), Bastien Gallet (philosophe, musicologue, écrivain), Emmanuel Giraud (ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome dans la discipline « Arts culinaires »), Claire de Ribaupierre (enseignante, chercheuse à la Haute École d’art et de design de Genève) et Massimo Furlan. Les Héros de la pensée 4 Déroulement • La performance dure vingt-six heures. Elle se déroule selon la structure suivante : vingt-six heures, vingt-six lettres. Seules les deux premières lettres sont connues par l’ensemble des participants et communiquées au public : A comme alcool, Z comme zoophilie. Les autres lettres sont déterminées à l’avance mais ne sont pas connues des performeurs qui les découvrent au fil des heures. Ils n’ont donc préparé aucun argument au préalable et ils doivent réagir en direct. • Après cinquante-cinq minutes, tous les participants disposent d’un instrument à vent, et ils créent, sous la direction de Massimo Furlan, une pièce musicale de cinq minutes. Ensuite, ils poursuivent la discussion. • La spécificité de ce symposium consiste en une autre règle parti-culière : les convives doivent boire régulièrement de l’alcool. • Le public peut entrer et sortir à tout moment, faire la performance de tenir les vingt-six heures. Il emporte alors avec lui son sac de couchage… Règles Chaque penseur, penseuse : • dispose de deux pauses de deux heures sur toute la durée de la performance. • doit être intervenu au moins une fois par heure et sur chaque concept, pour une durée de cinq minutes minimum. • ne peut pas monopoliser la parole plus de vingt minutes. • est invité à ne pas s’éloigner du concept proposé. • est tenu de boire régulièrement. Une personne avisée aura le rôle d’arbitrer la partie, veillant à ce que toutes les règles soient respectées. ........................................................................................................................... Apéro-philo En parallèle croisé au Héros de la pensée, Bernard Benattar propose un marathon philosophique. Pour créer une « communauté contagieuse de spectateurs », qui pour avoir pensé ensemble, douté et donné une vitalité nouvelle à quelques vieux concepts, auront échangé leur anonymat contre une connivence. Le groupe se formera à 10h30 au bar du théâtre et par un jeu d’aller-retour avec la salle de spectacle ponctuera le temps de la performance de discussions. ........................................................................................................................... Production Ville de Lausanne, Pro Helvetia-Fondation suisse pour la culture Remerciements : Centre d’art contemporain de Neuchâtel (CAN). Les Héros de la pensée 5 Rencontre avec Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre ­ laire de Ribaupierre, quel est votre C rôle dans le duo que vous formez depuis longtemps avec Massimo Furlan ? On a toujours travaillé ensemble, moi du côté de la recherche sur les idées parce que mon domaine, c’est plutôt les idées. J’enseigne l’anthropologie de la culture. J’essaie de relier la recherche que je mène et les projets avec Massimo. Je suis en charge, disons de cette partie réflexive qui apparaît de plus en plus à découvert dans les spectacles –comme dans 1973 où à la fin le spectacle adressait une sorte de convocation philosophique à des penseurs. Pourquoi avoir recours de plus en plus à la « présentation » sur scène de la pensée ? Notre question c’est un peu comment faire intervenir une parole d’un autre ordre que celle de la dramaturgie classique. C’est la parole vive qui nous intéresse. Les Héros de la pensée, par exemple, met en évidence la performativité de la pensée et de la parole. On voudrait que la parole devienne une action scénique – comme si on allait voir une parole qui devient une matière. On a fait une première expérience à Neufchâtel. On ne savait pas si on pourrait tenir vingt-six heures, si les penseurs allaient décrocher, se relancer, construire quelque chose ensemble, si les spectateurs allaient suivre. Et ça a marché : ils ont pensé ensemble, il s’est produit quelque chose d’inédit que seul ce dispositif pouvait autoriser. Parlons du dispositif justement, qui semble tenir en trois traits : d’abord un abécédaire qui organise la parole. Oui, c’est venu vite. L’abécédaire permet une dramaturgie simple de A à Z, il permet un rythme (une heure par lettre) et il permet aux spectateurs de savoir où ils arrivent et quand ils partent. C’est toujours le même ? Non, chaque fois nous créons un abécédaire différent qui corresponde à notre travail, qui soit en harmonie aussi avec les performeurs de l’équipe. Celui de Neuchâtel commençait comme ça : Alcool, Bâtard, Cannibale, Désordre, Echec, Fantôme, Gauche, Héros, Idiot, Joute. Les penseurs découvrent la lettre, ils ont cinq minutes pour se reposer, pour réfléchir, puis ça démarre pendant 50 minutes. Et à la fin ils sont interrompus par Massimo qui leur propose des instruments à vents, et pendant 5 minutes naît une composition musicale qui est une sorte de soupape de décontraction. Dans Les Héros de la Pensée, il y a aussi à boire et à manger. Oui, un des performeurs, Emmanuel Giraud, est œnologue. Il connaît l’abécédaire avant les autres et il a dressé une liste de vins en fonction des concepts et chaque heure il présente un vin et ses qualités, et puis il organise aussi quatre repas durant les vingt-six heures. C’est bien sûr un clin d’œil à la tradition du symposium (le banquet) dont on a perdu l’aspect amical, chaud. Il y avait à l’origine une importance de l’oralité et de l’échange qui passait par la communauté. L’idée ce n’est pas de faire débat, d’inventer une pensée contradictoire. En fait, chacun amène une pierre pour définir le mot de l’abécédaire : il n’y a pas de joute oratoire, mais la construction d’une image, ensemble. Les Héros de la pensée Le dernier trait distinctif des Héros de la Pensée est un étirement infini du temps. Le spectateur peut vivre la performance dans son intégralité – à Neufchâtel, Massimo et moi avons réussi à rester éveillés pendant toute la performance – mais on peut venir aussi juste pour un moment. Les performeurs, eux, ont le droit à deux fois deux heures de sommeil, donc c’est un véritable défi physique. La pensée est donc deux fois contrariée : par l’alcool et par la fatigue. Pourquoi avoir eu envie de cet excès ? 26 heures c’est vraiment beaucoup. Ce qui nous intéresse avec ce projet c’est de construire la possibilité d’une vraie expérience. Aller au-delà de 24h c’est une sorte d’étrange rapport au temps. En dépassant, même de très peu le cadre de la journée, on provoque une vraie rupture des cadres chronologiques et, du coup, on pose les conditions de possibilité d’une véritable expérience. 6 Comment choisissez-vous les performeurs ? Ce sont toujours les mêmes ? Non, ils changent. Comme on leur demande beaucoup, ça a été plus facile au début avec des amis. J’ai essayé de faire venir des gens que j’aimais beaucoup mais avec lesquels je n’avais jamais travaillé, mais ils ont eu un peu peur de la bizarrerie de cette expérience. Pour cette reprise du TCI, cependant, comme on l’avait déjà fait une fois, ça a été plus facile de convaincre les gens, et notamment les femmes. Je n’en citerai qu’une : Vinciane Despret, qui essaie de définir un propre de la pensée féminine. Selon elle, les femmes ne sont pas des héroïnes de la pensée mais plutôt des faiseuses d’histoire. Je pense qu’elle aura l’occasion de tester sa théorie grandeur nature. Propos recueillis par Stéphane Bouquet Les Héros de la pensée 7 massimo furlan est né en octobre 1965 à Lausanne, de parents italiens. Après une formation à l’Ecole des Beaux-Arts de Lausanne (1984-1988), il initie un cycle de travaux axés sur la thématique de la mémoire et de l’oubli et expose régulièrement depuis 1987. En 2003, il fonde Numero 23 Prod, mettant l’accent sur la performance et l’installation. Il est actuellement en résidence au Théâtre de la Cité internationale à Paris où il a présenté You can speak, you are an animal, It’s all forgotten, 1973, Madre, Fortuna. claire de ribaupierre mène des recherches dans les domaines de l’anthropologie, de l’image et de la littérature contemporaines. Elle a publié Le roman généalogique. Claude Simon et Georges Perec, Bruxelles, La Part de l’œil, 2002, et dirigé de nombreux ouvrages collectifs sur la question du deuil et du fantôme (Le corps évanoui, les images subites, Paris, Hazan, 1999), sur la figure de l’idiot (Paris, Léo Scheer, 2004) et sur l’anecdote (Zurich, JRP, 2007). Elle est enseignante d’anthropologie culturelle et chercheur à la HEAD (Haute Ecole d’art et de design, Genève), où elle poursuit ses recherches sur la question de la mémoire, de l’oralité, du corps et des archives limites. Elle est également dramaturge et interprète dans les créations de Massimo Furlan, depuis 2003. Anthropologue et écrivain, Marc Augé a été directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, qu’il a présidée de 1985 à 1995. Spécialiste de l’Afrique, il a effectué de nombreuses missions en Côte d’Ivoire et au Togo. Grand observateur et analyste du quotidien et des mondes contemporains, il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Non-Lieux (1992), Pour une anthropologie des mondes contemporains (1994), Le métro revisité (2008), Mais où est passé l’avenir (2010), Journal d’un SDF (2011). Marc Augé a été performeur dans les projets de Massimo Furlan : Chanteur plutôt qu’acteur (2008), 1973 (2010), Les Héros de la pensée I (2012), Schiller Thriller (2012). Philosophe et psychologue, Vinciane Despret est chef de travaux à l’université de Liège et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles. Elle travaille depuis de nombreuses années sur les relations que produisent les savoirs et qui produisent des savoirs, notamment entre les hommes et les animaux. Auteure, entre autres, de Être bête (avec Jocelyne Porcher) et de Quand le loup habitera avec l’agneau, et tout récemment, de l’abécédaire Que diraient les animaux, si… on leur posait les bonnes questions. Vinciane Despret est aussi l’auteure, avec Isabelle Stengers, d’un très bel ouvrage de réflexion sur la question de la femme et de la philosophie, paru en 2011, Les Faiseuses d’histoires, Que font les femmes à la pensée ? Historien du Moyen Âge, Pierre-Olivier Dittmar s’intéresse à la question des frontières entre l’homme et l’animal, dans la pensée et dans les textes médiévaux principalement. Il a écrit plusieurs ouvrages, avec un collectif interdisciplinaire de chercheurs et d’amis, Adam et l’astragale. Autour de l’anthropologie médiévale et Image et transgression au Moyen Âge. Il est également membre du comité de rédaction de la revue électronique Imagesrevues. Il travaille à l’École des hautes études en sciences sociales. Pierre-Olivier Dittmar a été performeur dans Chanteur plutôt qu’acteur, et dans Les Héros de la pensée I. Anthropologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, Daniel Fabre consacre ses recherches aux sociétés rurales, à la question du carnaval entre autres, et à la question de l’écriture, Écritures ordinaires (1993), Par écrit, ethnologie des écritures quotidiennes, (1997). Il est le fondateur et directeur du Laboratoire d’anthropologie et d’histoire sur l’institution de la culture. Il est également professeur invité aux universités de Rome. Daniel Fabre a été l’un des performeurs des Héros de la pensée I. Les Héros de la pensée 8 Philosophe, maître de conférences en esthétique et philosophie de l’art au département d’Arts plastiques et Sciences de l’art à Paris I, Barbara Formis a été responsable de séminaire extérieur au Collège international de philosophie et chercheuse au département de théorie de la Jan van Eyck Academie de Maastricht. Elle a dirigé les ouvrages Gestes à l’œuvre (2008), et Penser en corps (2009), ainsi que Esthétique de la vie ordinaire (2010). Barbara Formis a également pratiqué la danse. Philosophe, musicologue, écrivain, Bastien Gallet a été producteur à France Culture, rédacteur en chef de la revue Musica Falsa, directeur du festival Archipel (Genève), pensionnaire à l’Académie de France à Rome. Il s’occupe aujourd’hui de philosophie, d’art sonore et de littérature et enseigne à L’École nationale des beaux-arts de Lyon. Il a publié deux romans, dont Une longue forme complètement rouge ainsi que des essais sur la musique. Bastien Gallet a été performeur dans le projet 1973 (2010), et dans Les Héros de la pensée I. Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome dans la discipline « Arts culinaires », diplômé du Studio national des arts contemporains du Fresnoy, journaliste pour différents magazines de presse écrite, Emmanuel Giraud collabore à France Culture depuis 1998. Dans son travail artistique, il explore le thème du souvenir culinaire par le biais de performances, de vidéos et d’installations sonores. Journaliste, il collabore à différents magazines et publie des textes dans les revues Dorade et Edwarda. Emmanuel Giraud a été l’un des performeurs des Héros de la pensée I. Il est en charge, dans la performance, du choix des vins en relation avec les concepts de l’abécédaire, de l’établissement des menus et de leur réalisation. Christine Lapostolle est écrivain et vit dans le Finistère. Elle enseigne l’histoire de l’art et la littérature à l’École d’art de Quimper. Elle a écrit il y a longtemps une thèse sur la représentation du désert dans les images de la fin du Moyen Âge. Elle a publié cinq livres qualifiés de romans mais qui sont plutôt des essais romanesques (le dernier, Latham, est paru chez Flammarion en 2012). Elle essaie aussi, à travers certaines expériences, de mettre son écriture au diapason d’autres paroles que la sienne (un Almanach sous forme de blog en 2008 ; un site, Descriptions, ou depuis six ans elle recueille la parole de ceux qui acceptent de lui décrire leur travail). Elle a consacré l’été 2012 à parcourir l’Europe et les États-Unis pour voir toutes les peintures de Vermeer.